TflÜRNAL D'UHE StEllR iïYPBËS tenhrc 1314 a Mai 1915
F. LEPERCQ -VERSTRAETE
Théo
gebroeders deplancke
Nieuwe VELOS
Ziedaar het goede tijdstip...
Voila la bonne saison...
29
-12-28 liet Ypersche - 2e Bijvoegsel - La Ftégion d'lfpres N° 38
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Suite
8 Mars. - Rien de particulier cette nuit. Après la messe,
je vais m'assurer que nos jeunes filles ont de la besogne puis
qui désirent passer en
dois aller avertir quelques families
prance. Les vieillards, les enfants et les impotents seront con
duits Par les Quakers jusqu'a la première auberge de Vla-
jjertingke- ^ers J1 heures, chacun se trouve au rendez vous
dans notre rélectoire. Après que Soeur M. Berchmans a donné
k tous une konne tasse de soupe chaude, le départ commence,
j'accompagne les enfants en auto, car il faudra que, arrivés a
destination, ils soient remis a leurs parents qui, pour la plupart,
font le trajet a pied. Nous arrivons a Vlamertinghe. Ici le
tableau devient intéressant Les enfants tremblent de froid et
la neige tombe a gros llocons L un pleure 1 un autre perd sa
charge un autre encore a un paquet qui se défaitUn qua
trième enfin tombe dans la boue, en trébuchant. Nous avons a
faire dix minutes de marche jusqu'a la gare. Sur le bras droit,
je porte un bébé au bras gauche, je traine un vieillard de 86
ans I a mon tablief pend un des plus petits un autre a mon
chapelet, et un a ma corde. Une trentaine de jeunes enfants
marchent devant nous. Voyez-vous ce cortège
Et avec tout cela la route était encombrée d'automobiles
et de soldats. De temps a autre un des enfants faisait la cul-
bute... et la musique suivait, naturellement Heureusement, les
braves soldats nous aidaient de leur mieux. Enfin, après une
heure et demie de marche, nous arrivames a la station. La cui
sine automobile des Quakers servait aux fugitifs une bonne soupe
chaude, du pain, de la viande, du fromage et une orange. Le
chef de gare examine attentive ment la 1ste que je lui présente
et qui contient le nom de chaque familie avec le nombre de ses
membres. On veille a ce qu'une même familie soit logée dans
un même compartiment. Dans quelques instants, le train va
partir, mais chacun a encore une question ou une recommanda-
tion a faire... Ma Sceur, voulez vous prier pour moi
Ma Soeur, ma fille qui est encore a l'höpital, pourra t elle nous
rejoindre quand elle sera guérie Ma Sceur, mon hls,
de 17 ans, doit rester a Ypres pour soigner nos petites affaires
vous voudrez bien avoir un peu l'ceil sur lui, n'est ce-pas 1
Ma Sceur, oü done allons nous Ma Sceur, est ce pour
loogtemps qu'il nous faut partir Ce sont des scènes déchi-
rantesdes scènes a fendre l'ame. Pauvres gens Un coup
de sifflet et le train file Les voila partis... Oü je n'en sais
rien Et durant trois semaines, de jour a autre, le même
spectacle se reproduit. II est une heure et l'auto me recon-
duit au couvent pour y prendre mon repas. Vers 2 heures, il
faut guider la Search Party d'Ypres a Vlamertinghe, après
le goüter a l'höpital du Sacré-Coeur a 4 h. 1/2, on visite
les typhoïques, qu'on a laissé chez eux.
Dans la journée, un ministre américain, M. Terboyen,
désire voir M. le Curé Delaere, pour lui parler de l'assistance
aux nécessiteux. M. le Curé l'accompagne chez les families les
plus pauvres, qui regoivent chacune 5 francs.
Bien que tout soit assez tranquille aujourd'hui, un obus
tue net Henri Lemahieu, qui travaillait dans sa petite propriété.
9 Mars. Trois ou quatre obus vers les remparts. Je
fais quelques emplettes chez Breyne Devos, 3oo fr. de calicot
pour des chemises, puis chez Peekei pour 100 fr. et chez Gri-
monprez-Maillard pour 197 fr. Me,Ie Mathilde Maroy porte depuis
quelques jours la soupe aux pauvres et aux vieillards, le temps
me faisant absolument défaut. Aujourd'hui pcurtant, je trouve
quelques moments pour y aller moi même. Dans l'après-midi,
j'accompagne le docteur Thompson pour aller faire les injections
antityphiques. Au Tivoli chaussée de Lille, on nous apprit
qu'au Driekoningenhoekdeux réfugiés d'Hollebeke étaient
atteints du typhus. Les injections terminées, nous allames faire
une enquête. Dans une maisonnette sale et en désordre, presque
dépourvue de mobilier, nous trouvames quelques enfants dans
un état lamentable de pauvreté et de négligence. Combien
êtes-vous dans la familie demandai je a la mère. Père, mère
et huit enfants Montrez-nous les cartes, attestant que vous
avez été inject és Six cartes Et les autres Mon mari et
mon hls ainé travaillent chez les Anglais ma fille ainée est la,
elle a un gros froid et moi je me ferai vacciner lorsque les
autres seront guéris. Nous demandames a visiter la maison.
Pour toute literie, quelques sacs de paille, infects de la cham-
bre a coucher s'échappait une odeur nauséabonde. J'ouvris la
fenêtre et dis a la femme de laisser aérer la pièce. Nous des-
cendimes dans la cave, après avoir fait notre tournée dans la
maison, mais nulle part nous ne trouvames les deux typhoïques.
II fallut partir bredouille. Nous surprendrons la bonne femme
ce soir, me dit M. le docteur Thompson. Vers 8 heures done,
il arriva me chercher avec la voiture d'ambulance. En cours de
route, je lui recommandai de se faire un visage sévère, car avec
sa douceur accoutumée il ne gagnerait rien. Je lui fis remarquer
que lors de notre première visite, la femme s'était tenue ados-
sée contre un mur en bois et avait caché peut être une porte.
II fut done convenu qui sitöt entrés, on s'empresserait
vers l'endroit suspect et que, le cas échéant, la porte dissimu-
lée serait ouverte immédiatement. C'est ce que fit M. le docteur
Thompson, tandis que je notifiai a la femme que nous avions
regu l'ordre d'emmener tous les typhoïques qui, a cause de la
proximité des tranchées, mettaient nos soldats en péril. Nous
trouvames les deux malades a l'endroit soupqonré, couchés sur
des sacs. Ils avaient 40° et 41° de fièvre, et le fils délirait. M.
Thompson reprit sévèrement la femme en anglais et fit si bien
qu'elle fut saisie de frayeur. Je la calmai et nous les emmena-
mes a leur grand contentement, air si que la jt-une fille qui était
légèrement atteinte. En route, nous ne pümes nous empêcher
d'admirer le beau spectacle qu'offraient les fusées qui sillonr.aient
le ciel au-dessus de la ville. Dommage qu'il faille en user pour
une si triste cause A suivre.
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