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Mcrcrcdi 14 Janvier 1874.
9 ne année. Nrt 839.
AVIS.
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Le Journal parait lc Mercrcdi et le Samedi. Les insertions content lb centimes la ligne.Les réclames, dans le corps du journal, se paient 30 centimes la lignc.Un numéro du journal, pris an Bureau, lb centimes.
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ra pas éïépayé.
LE SERPENT ET LA LIME.
Tout Ie monde connait celte vieillc allégo
rie. Le serpent s'acharne a rnordre tine lime
qui lui est tombée sous la dent; il croit la
ronger et ronge toujonrs. La lime n'est point
enlamée et le serpent y use loutesses dents.
Nous sommes aujourd'hui témoins d'nne
reprise de cetessai, et cel te reprise se fait
avec un renouvellement d'obstinatión et de
rage. Faut-il le dire? Lc serpent c'esl le libé
ralisme, dans la peau duquel toules les sec-
tes ont réchauffé leur vie décrépile. Ellesse
dressent au nouveau souffle qui les traverse,
et se remettent a ronger avec fureur cetle
lime si dure de l'Eglise catholique, sur la-
quelle se sont usées toutes les denls qui
croyaient l'avoir enlamée.
Voyez d abord la béte. Y a-t-il quelqiie
chose de plus serpent que la secte libérale?
Son père est le vieux serpent, qui fut mon
teur dés le principe et qui n'a pu laisser a sa
vénérable engeance qu'tin heritage de men-
songes: ce maudit animal rampe sur son
venire et mange la terre. Sa progénilure ne
marebe point autrem'enl et pratique par le
monde entier Part de s'élever en rampant et
de faire prendre Passervissement pour de
l'indépendance. Sa nourriltire aussi est de la
boue terrestre dans laquelle Pimmonde rep
tile se vautre et se traine, sans jamais lever
son regard au dessus de la fange, ssnscon-
naitre ancun noble appélit, san?se douter
jamais que la vie vient d'en haul et que la
source de loul I)ien èlre se trouve au dessus
du liirion qu'il savouie.
Voyez-vons cetle gueule ploinede sang et
de boue? El le est large ouverlc et sa denture
acérée a saisi la lime sur laquelle depuis des
siècles el le ne s'interrompt que pour repren-
dresa morsure enragée.
Tous les serpenteatix regardenl et se ré-
jouissent. Jamais coups de dents ne furent
plus vigoureusement porlés. C'en sera fait
maintenant, la vieille lime n'y tiend ra plus,
la voila lisse, dèpoinlue, impuissanle.
Ainsi dit le serpent. Mais la lime? Elle res-
te ce qn'elle fut, plus dure, plus invulnera
ble dans son immobile resistance, que ne fut
jamais la plus opinialre machoire.
Nous avons quelquo plaisir nous aussi.
malgré les angoisses de Pheure présente, a
eontcmpler ce travail toujours rceommen-
cant, et aujourd'bni plus persistant el plus
acliarné que jamais.
Les gazeliers qui écrivent pour le serpent
prédisent qu'il iriomphera de la lime. Nous
lisons tous les jours de pareilles prophéties.
Les prophétes ont des tons divers. Les tins
prenncnt la note terrible et jeilent leurs ma
ledictions en accents furieux sur le cadavre
qu'ils croient aller mettre en lerre. Los au-
tres font l'élégic et ont ptesque I'air de pleu-
rer sur ce qu'ils croienl ètre le corcueil de la
grande Eglise de Rome. L'ultramonianisme
se meurt, écrivent-ils, el leur plume est
trempée dans leslarmesde leur hypocrisie.
Qu'ils attendent seulement qnelque pen.
nous lisions, il y a quelques jours, dans un
de ces admiralties discours que le Souverain-
Pontife prononce a toute occasion, une.nieil-
Icure prophetie que celles que propage par-
tout la presse serpentine. Le Pape contemple
avec tristesse, il est vrai, mais aussi avec une
sereine confiance, les perócntions qui se
mulliplient et s'enchainent et convergent
dans une redoutable unilé d'inspiration et
de but. Plus la rage des persécuteurs s'exal-
(e, plus Ie chef de l'Eglise y voit I'approche
de la fin et la certitude du triomphe. II ne
craint point de proclamer ses espérances
paree qu'il en sail i'mébranlable fondement.
Que le serpent ronge done en se démé-
nant et se tordant dans ses rnille replis. l.a
lime Ie laissera faire et cesera, cette foiSrci,
ce que ce fut toujours.
Bien des gens conlernplant la redoutable
fureur avec laquelle ie serpent se jette sur ce
qu'il croit ètre sa proie, ne doutent point
du triomphe de la bèle. Et e'est pourqnoi
I'ignoble reptile se fait craindre, se fail ado
rer.
Qui, nous en sommes la. Des gens qui ne
flécbissenl point le genou devant Dieu, ram- son, I exii, cl tout cela assaisonné de calom
pent a plat ventre devant le serpent liberal
qui les a pliés a ces accroupissements. Cetle
vile idole est devenue lout pour eux. L'or-
gueilleuse Europe, idolatre de ce fètiche, est
descendue au niveau de la Chine et du Japon.
La aussi It: sérpent est sacré, et les gens
éelairés, aussi stupides que la foule, se pres
sent dans les temples et les pagodes pour se
courber devant son image. C'est leur Dieu et
ils l'adorent. Les adorations sont plus plates
el plus fréquentes dans lc spectacle que nous
offre le monde moderne. Le serpent parait
redoutable; il léve sa tèle menacante; le
troupeau de ses dévots se prosterne dans la
poussière, et voyant comme il s'acharne sur
celte lime si dure, lont le chcenr fascinés'é-
crie a l'unisson: Qui est semblable a Ia béte?
Et la bèle s'anime de nou velles fureurs et
vent. malgré tout, achever de ronger Ia li
nie. Peiries inutiles, rages impuissantes.
Voyez comme les ultramontains sont dnrs
a enlamer. ils se raidissent dans une iné-
branlable resistance; c'est l'armure qui les
cuirasse et les rend impénétrables aux dents
les plus effilées et les plus dures. Ce clergé
dont les lyranrieaux suisses, dont le despoie
allemand croyaient avoir si facilement rai
son, le voila partout intrépide et invulnera
ble. Son attitude, sublime dans sa simplicity
et sa force, rappelle fes glorieuses bisloires
des catacornbes el vérïfie une fois de plus la
prophétie accomplie par les martyrs: Les
[irinces nous persécu tent en vain el nos
ceeurs ne craignent que la parole de
Dieu.Les prètres et les évèqoes, Bdèles
a leurfoi, subissent les traitements réservés
aux malfaileurs; pour etix l'amende, la pri-
nies et d'insultcs. lis n'ont opéré que le bien
el ne renconlrenl que la proscription, que
l'injustice, que la violence. Mais c'est en vain
que la persecution accumule ions ses efforts.
Ils ne eonnaissent qu'une seule crainte, c'est
cel le de manquer a leur Dieu el a leurs ser-
ments. Comme le dit un écrivain presque
contemporain des premiers martyrs, placez
ces hommes intrépides entre toules les me
naces d'une part, et leur devoir de l'autre;
vous verrez leur poitrine se soulever et leur
cceur saisi de crainte, mais la seule chose
qu'ils redoutent, la seule pensee qui les fassc
trembler, c'est de céder aux seductions pré-
sentes en y sacrifiant les recompenses étcr-
nelles. Et celte crainte est pleine de courage
et de constance el jamais elle ne forfait a sou
devoir.
C'est cette lime-la qui est si dure el qui
usera toujours les dents du serpent.
LES C1METIEBES.
Apropos des profanations que le libéra
lisme anu-chrélien recherche avec une con
cupiscence cbaqne jour plus ardente, nous
voulions éerirö quelques lignes qui eusseiQ,
redit nos sentiments d'indignalion contre les
croque-morts de la libre-pensee, paradant
sur une fosse, gcsticulant sur un cercueil,
insultant a la fois nos plus cbères croyances
et lc respect dont tons les peuples, dont
l'Eglise ehrélienne surlout, prolégent les
cendres des tnorls.
Nous avons trouvé mieux que tout ce que
nous pourrions écrire, dans un livro publié
ces jours-ci par Mgr Ganme et intitule Ie
eimetière au 19c siècle. L'éloquenl écrivain
tertnine cette publication tout-a-fait oppor-
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Poperinghe-Ypres, 8-13,*-2!5.9-30.1fl-58.2-18.S-Ó8,9-20' Ypres-Poperingke, 6-80,9-07,12-03,3-57,6 «0,8-4:1,9-30.
perinjme-Uazebrouck7 13, 12-25, 4-17, 7-13. liiizchronck Poperinghe-Ypres, 8-33, 10 00, 4 10, 8-*23.
Ypres-Houlers, 7-30, 1*2-23, 0-43. Roulers- Ypres, 9-23, 1-30, 7-30.
Po-
v.-Tflourout, 4-23 m.
8 49.
Bi uges-/io(</ers, 8-23,
Kouters-Bruges, 8-48,11-34.1-13, (L. 8 SO)-, 7-30, (9-58. Lichterv.) Lichter
12-30, 3-13, 0-42 Lichtervelde-Courtrai, 3-23 m. Zedelgliem Thourout12-00.
Ypres-ourtrai, 3-34,9-49,1 I-IS.*2 33,3-23. Cointrai- Ypres, 8-08.1 I-02.*2-30,3-40,8
Y P''es" 'I Mui'out, 7 13, 12 00, 0 20, (le Samodi a 3-30 du mali it ju.-n u'a Lunghemarck)
(le on tiled i 6-20 du matin de Lnng1mnfi)irck Ypres).
Comiites-Warnêiün Le Touquet-1 hm pi iites-ylrmenlióres, 0 00. 11-30, 3-33 (les Merer
nes Le Touquei-Warnéton-Corotwcs 7-40, 2-00, 4-43. (le Merer. 10 33 in'. 8 00 s.)
Lurtdi 0-30 s.) VJamèum-Comines 3-30, 11-10, (le Lundi 0-30 s.)
Courtrai Bruges, 8-03, 11-00, 12-33, (L. 3-13). 6-33. (9-00 s. (Licltierv.)Bruges-Courlrai, 8-23. 12-30, 3-13, 0-42.
Bruges Blankenlterghe, lley.st, (station) 7-30, II 04, 2-30, 7-33. - llevst, Blankenlterghe, B.uges, 3-43, 8,30 11-30, 3-30,
Blankenberghe, Bruges, 6-10 8 258. 12-06.
Ingelmunster Deynze Oand, 3-13, 9-41, 2-13. Ingelmnnster-Awze, 4 30
11-20,4-39. Deynze Ingelmunsler, 9-10 2r cl, 8-20 s.
Ingelmunsler-ztMsep/tewi. 0-03, 12-10, 6-13. Anseghem-Ingelmunsler, 7-42, 2-20, 7 4.3.
Lichiervelde-Dixn, jde Fumes el Dunkerke, 6-30, 9-10, 1-33, 7-34. Dankerke-Furnos-Dhmade el Lichtervelde, 6-33, 11-13,
3-43, 3-10.
Dixmude-iVj'eizpotl, 9-33, 2-*20, 8-40. Nieuport-Dixtnude7-40 10-43 12-00 4-23
Tliöurout-Oslent/é, 4-30, 9-13, 1-30, 8-03. Osicnde-Thourout, 7-33, 10-10, 1*2 23, 6-13.
Thourout-Ypres, 9-00, 1-18, 7 43,
8-40 m. G-30 s.) Armehiiêres-lloupli-
Coiuines- Warnéton 8 40, nt 9-30 s. (le
2" cl., 7-13. Gnnd-Deynzc-Ingelmimstbr6-38,
Selzaete-Ac/oo, 9-05, 1-25, 8-25. - Eecloo-SeJzaete, 3-33, 10 15,4-22. ftn ,n ,n
Gand-Terneuzen, (station) 8-17, 12-18. 7,23. (porte d'Anyers) 8-30, 12-40. 7 45. - I©rnenzen-<7«»i, 6 00,10-30, 4 40.
Selzaete-Lofteren, 9-04, 1-30, 8-30. (le Merer. 3-10 m.j Lokeren-Se/zuete, 0 00, 10-23, 4 4o. (le Maidt, 9,30.)
COURTRAI, DRUXEU.ES
c O H. B. ESPOISDAIfCES.
BRUXEU.ES,
COURTRAI.
Courlrai dep.
Bruietfcs arr.
0.40
9,20
10,35
1,33
12,33
2.23
COURTRAI, T0URNA1LILLE.
Courtrai dep.
Touvnai arr,
Lille.
7.00
7,31
8.33
10.30 2,34
11,47 3,48
11,38 4,00
COURTRM, GAND.
Courtrai dép.
Gand arr.
(i.42
8,01
12,31
1,8*2
3,45
0,00
5,31
0.29
0,32
3,47
5,03
0,38.
9,10.
8.47.
9,41.
9,35.
0.40.
7,30.
Bruxelles dép.
Courtrai arr.
3.22
8,00
8,28
10,43
1*2,21
2,41
3,33
7,33
0.47.
8,44.
LILLE, T0URNA1, COURTRAI.
Lille dép.
Tournai arr.
Courtrai
Gand dep.
Courlrai arr.
3,20
5.43
0,37
8.25
8,50
9.47
1 1.08
11,34
12,20
GAND, COURTRAI.
5,38 9,39
6,57 10,52
1,28
2,49
2,28
2,47
3,4*2
4,24
3,31
8,20.
8,39.
6,36.
7,21.
8,4*2.
BRUGES, GAND, BRUXELLES.
BRUXELLES, GAND, BRUGES.
Bruges dép.
Gand arr.
Bruxelles
0.49 exp. 12,39
7,34 1,84
8,50 4,03
3'34 exp. 6,43
4.19 7,38
5,20 9,31
Bruxelles dép. 8,14
Gand arr. 0,00 9,41
Bruges 7,15 10,34
11,83
I 23
2,38
3,1*2
4,20 exp.
3,11
6.37.
7,2*2.
CfUI.1
Suite. Voir le N* précédent.
Dans la soirée du sixième jour, un jeune
apprenti vint sonner a la maison de l'tin des nié-
decins les plus distingués que possédait alors la
villi; d'Anvers. La commission don! il était chargé
devait étre hien pressante, car pendant que de la
main gauche il lirait la sonnette a l'arracher, i|
donnail de l'autre de violents coup« de poingsur la
porte: Vile, Vile! cna-t-il au médecin qui
sctait empress© de venir lui ouviir; vile, vite'
niou mailt'© est sue Ie point de render Dime. Sa
femme m'envoie vers vons pour vous prier d'ac-
courir a I instant. Et le nom et la demrure de
voire maitre, mon garcon? Tiens! rst-ce que
vous ne connaitriez plus maitre Gérard Van Spiel,
dans la rue Haute? Génard Van Spiel! reprit
tout bas le docteur, le Ciel soit loué! Allez, mon
ami, allez dire a dame Marguerite que dans une
minute je serai au prés de son mart.
Le médecin rentra dans la maison, prit son
ehapeau et sa canne, et sorlit précipilamment en
se répétant mille fois en marchant: Dieu soit
loué! Uien soit loué!
Quelques instants après, il arriva ehez maitre
Van Spiel qu'il trou .a attaqué d'une fièvre bni-
lantc tellement intense qn'elle lui ótail enlièrement
l'usage de la raison.
Depuis nombre d'années Ie docteur connaissait
les deux cousins; il élail mêuic lié de l'amitié la
plus étroite a Vee Martin Valck. et malgiéles témoi-
gnages les plus désespéeants qui s'élevaienl contee
celui-ci, il persistait toujours ii le regarder comme
victime d une infame trahison adroitement cachée.
Si done i! remeiciait le Ciel.de I'incident qui I'aine-
nait aupiès de Van Spiel, cetait qu'il connaissait
Ie earaclère jaloux, haiueux et vindlcatif de ce
dernier; il le savait capable de tout dans un accès
de violence, dans 1111 désir de vengeance, t! faut
dire cependant que l'hunnéle disciple d'Hippocrate
daus la craintc de se rendre coupable d'un juge-
ment léméraire,- avail repoussé loin de lui tout
suupcon injurietix de maitre Gérard; ma is an
moment de se tronver face a face avee lui. ce
soupeon se montra a son esprit avec lanl de force
qu'ij crut y voir une inspiration du Ciel.
Après avoir administré au malade les premiers
soins que. réelamait sa situation, il III sorlir loul le
monde de la chambre et demeura seul an chevet
du lit. Vainement il adressa de lemjis en temps des
questions a Gérard; celui-ci ne parut pas mèine
les comprendre: son esprit était visihlement en
proie a une violente agitation; il mnrmnrait. mais
sans desserrer les dents, des paroles confuses dont
i! était impossible au docteur de dislinguer une
seule. Après une heure d'attente, ce dernier se
pencha sur le lit, et approchant sa bouche de
l'oreillede Gérard, il prononca lentement etd'une
voix sonrde le nom de Martin Valck. Ce nom pro-
duisit sur Van Spiel un effet électriqu©; i! se dressa
sur son séant. Martin Valck! Martin Valck!
s'écria-t-il avec furenr. Qui ose me pnrler de inon
cousin?... Tuis-tyi, fenune, je ne Veux j>us qu'on
xzzz: mm
me patle encore de lui. Pur nia harbè! je ne le
veux pas; entrnds-tu Marguerite?
En disant ces paroles, ses yeux étaient hagards,
sa bouche havail, ses mains se erispaient avec
rage. II demeura dans celte atlilnde éfTrayanle
pendant plusieurs instants, puis ses forces I'aban-
donnèrent; il fei ma les yeux. répara ses mains et
relomba dans son premier aecabb ment en disant
d'une voix étoulTéo: Qii iniporle?,.les morts
ne sortent pas du lomheau.... Dieu le permet
quelqiiefois. maitre Gérard. dit le docteur en se
penchant encore sur le malade.
Ceiui-ci honnit: une convulsion nerveuse s'cin-
paiade. iui; une sueur froitle I'inonda subilement.
II ne pouvait tenir otivert ses yelix, qu'agiiiiii un
clignoleineiil ffi ayant; de sa puitrinè sortaii un
rale semblable a celui d un honime qu'on étranj'le.
II paraissait faire de violents efforts pour se sou-
lever, pendant qii'une .main invisible semblajt
s'appesenlir sur lui. Les soiitTrances de Gérard en
ce terrible moment pouvaieut donner une idéé de
celles d'une ame damnée. En vain le docteur
essava-t-il encore a ditférentes reprises de le faire
parler; il ne put plus lui arracher une seufe pa
role.
CHAPITRE III.
Le lendemain, le malhenreux Martin Ya'ck.
déclaré conpable de faux en écriture, fut execute
sur la grande place de la ville. II marcha au sup-
plice accompagné de son ami le docteur, qui lui
répétail de temps en temps: Aie bon courage,
mon brave Martin, Dieu ne nous abandónnera
j)MS
Debout sur l'échafaud, lecotnlamné, conservanl
fout le calme de sou amr. uit a la foule qui cou-
vrait la place. Mes amis et vous tous bourgeois
d'Aqvers, je meurs innocent de Taction criminelle
dont je suis accusé. Vous devez me croire. car
vous savez que j'ai lotijniirs élé teop bon catho
lique pour oser meruit- au moment de cqmparaitre
devant lc tribunal de Dieu Que sa sainte volonté
s'accomplisse!... Priez tons pour mui
Cette fois, le peupie efn volontiers consen'i it se
voir pi tvé du dénoümeni de ce drame Ingubre en
voyant ia cordesc casser, accident qui. d après
les cöutumes de Tépoque. faisait gl are de la vie au
patient. La foule priail, pleurait, et le malhen
reux Valck fut pendn.
Pen d'instants après Texécution, le corps de
Martin fut détaché de la potence; mais au lieu
d'etre Iransporté au champ du gibel. oil Ton sus
pended ordinairement les cedavres des suppliciés
pour servir de pature aux eorheoux et de lecon de
morale en action pour Ips bons bourgeois, ii fut
remisau docteur, qui avail obtenu des magistrals
la faveur de rendre a son ami las honneurs de la
sépnlture. Le même soir une bière suivie d'un
petit nombre d'amis de Martin fut porlée au con
vent des pères récollets et enterré dans un coin
de 'enr eimetière.
CHAPITRE IV.
La fièvre et le délire avaient. il est vrai. <711 il Ié
Gérard Van Spie!; mais il était devenn si sombre,
ses gestes étaient si brusques, ses paroles si sacea-
dées, si incohérenlcs, que sa pauvre Marguerite
avail peine a croire qu'il exit eomplètemenl rccou-
vré la raison. II cherchait toujours Tisolement, et
paraissait vouloir s'arracher a lui-mème comme il
s'arrachait aux autrrs. Pendant des hemes entières
on le voyait assis. gardant ie silence et passant
sans cesse sa main sur son front pale et incline.
Msrguerile s'iinagiiiait que c était la mort tragtque
de son cousin qui frappait encore son esprit et Iui
donnait nne donletir incessanle que pent-être,
crovait-elle i! s'obstinait it renfermer en lui-mème.
Un soir que Gérard se tronvait sen! avec elle et
qu'il était plus sottcieux encore que d'habitude, il
se leva tout a coup et se plaganten face de Mar
guerite. Femme, lui dit-il, quand j'avais la
fièvre, il y a buit jours, tu m'as dit que les morts
poitvaienl sorlir d.; ieur tombean, qu'as tu vonltl
dire par ces mots? Sainte Vierge! répondit la
pauvre éponse toute tremblanle jamais semblables
paroles nesonl sorties de ma botichc. Sans doute,
mon cher Gérard, que c'est dans ton délire que tu
auras cru les entendre. Bien vrai, femme, que
tu ne me les as pas dites? Je vous le jure.
Maitre Gérard se rassit et parut un pen plus
calme; mais un instant après: Marguerite,
reprit il, m'as-til quitté 1111 seul moment, celte
noil-la? Pendant une demi heure environ, lo
docteur Ta exigéil vonlaitEt pourqnoi
Iui avoir obéi? inlerrompil Gérard d'un ton brus
que et plein d c déreDocteur de rien! con-
tinua-t-il cn se promenant a grands pas dans la
chambre, les bras croisés sur sa poitrine, pour
qnoi m'avoir dit cela? je veux le savoirJe nc