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ÉTRENNES AU ST-PÈRE.
9me année. N° 840.
Samedi 17 Janvier 1874.
AVIS.
LE PENDU.
Q.
n
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Le Journal paraitle Mercredi et le Samedi. Les insertions coülent 15 centimes la ligne.Les réclames, dans le corps du journal, se paient 30 centimes la lignc. In numéro du journal, pris a
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CHEMI3ÏS II S: FEB.
Po-
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ra pas éiépayé.
Troisicmc Eiste.
Total fr, 3 013-§0
AVIS.
L'AY'EU DUN LIBÉIUL.
Voici un aveu sorti de la plume d'un jour
nal libéral et qu'il est bon d'enregislrer. Le
Journal de Charleroi reconnait aujourd hui
que les catholiques onl raison dans la ques
tion des cimeliéres; il s'exprime comme suit:
o Que chaque culte ait un cimetière séparé
el qu'il y en ait un réservé pour ceux qui ne
sont d'aucune secte religieuse. C'est, selon
nous, ce qu'il y a de plus juste el de plus
logique.
Le coin des réprouvés, le trou des
chiens, etc., ce sont des phrases sans aucune
signification. En équité, un libre-penseur,
pas plus qu'un juif ou un protestant, ne
peul e.xiger d'étre enterrédans un cimetière
catholique. Au contraire, pour êlre logique
avec la conviction de toutesa vie, tl devrait
faire comme M. Noyen, rédacteur de la Ve-
detle du Luxembourg, qui, mort civile-
rnenl a voulu élre enterré hors du cime
tière catholique.
Les francs-macons, fibres penseurs, so-
Itdaires, rationalistes, etc., peuvent parfaile-
ment avoir leur cimetière a eux, qu'ils ar-
rangeront et distribueront a leur guise, avec
luxe ou avec simplicilé. Qu'on dise aprés
que c'est le coin des réprouvésou le trou
des chiens, qu'est-ce que cela peul leur faire?
Mais exiger, qtiand on a toujours vécu
en dehors d'une religion, d'étre enterré dans
tin cimetière bénit, c'est tout simplement
exercer une vexation odiense.
Tel a toujours été l'avis des journaux ca
tholiques, el lel a toujours été leurlangage.
11 serail trés - facile de parvenir a une solu
tion si les libres-penseurs du libéralisme
n'étaient animés, dans la question des cime
liéres comme dans beaucoup dautres,
de l'inlention perverse de persécuter la
Religion.
Ces acharnés n'écoutent que leur passion
et commettent ainsi une foule d'inconsé-
gendarme, du ministère public, de juge cl
d'exéculeur des haules oeuvres.
Si le prévenu appartient a l'opinion catho
lique, il est par la méme coupable, et la
presse libéralement dévergöndée impliqufi
dans l'arrèl de condamnation qu'elle pronon-
ce et la familie du prévenu, et ses amis, et
ses connaissances, voire méme l'élablisse-
ment ecclésiaslique oü il a fait ses études.
Cela s'est vu, cela se voil, cela se verra.
A cötè de ces extravagances, parties du
camp libéral, viennent se placer des bas-
sesses que signale aussi nolre confrère Lié-
geois: dés qu'un de nos adversaires, ayanl
quences plus absurdes les unes que les au- j certaine position, est judicia,rement
1 1 1 poursui vi, les rédacteurs des feutlles catho-
tres.
Autrefois les libéraux tenaient un tout
autre langage que celui qu'ils font entendre
aujourd'hui. Le décret du prairial, an XII,
élait, il y a vingt ans, appliqué et exécuté
sans opposition.
M. de Haussy, l'ancien sénateur de l'ar-
rondissement de Charleroi, reconnaissait,
lorsqu'il était ministre, conformément d'ail-
ieurs a la doctrine de tous ses prédécesseurs,
que l'on ne peul obliger les ministres du
culte catholique a admellre dans la parlie
bén i te du cimetière de ce culte, des personnes
qui ne professenl pas ce culte, ou qui, l'ayanl
professé, nesont pas mortes dans la commu
nion de l'Egiise catholique.
A cette époque cependant la police des
cimetières apparlenait comme aujourd'hui a
l'autorité civile. Or, la situation n'a pas
changé.
M0EURS DE LA PRESSE LIBÉRALE.
La Gazelle de Liége signale l'influence
illicite, inconvenante, scandaleuse méme
que la presse libérale prétend exercer dans
le domaine judieiaire, oü elle fait l'officede
liques voienl allluer dans leurs bureaux des
officieux venant solliciter le silence sur les
fails reprochés au prévenu. Souvent la com-
misération prévaul; mais elle ne sert a rien
et n'empèche de la part de nos adversaires
aucune injustice, aucune déloyaulé. Cest
pourquoi nous prenons, de lomps a autre,
le parti de répondre aux officieux par le mot
de M. Fiere: Failes laire diabord votre
presse. (Palrie.)
UN TESTAMENT.
Le Journal de Bruges vient de commeltre
une maladresse pommée.
Son prèlrophobe a rödé la semaine der
nière par les rues de la ville quwrens quem
devorei, et passant par la rue de l'Equerre,
il y a trouvé les Péres Jésuites convertissant
une vieille maison en chapelle.
La-dessus le prèlrophobe ouvre un large
bec et ressasse toutes les rengaines usées sur
les ordres religieus, leurs trésors, la main-
morte, le chevet des mourants, etc.
.Mais le hasard veut que juste la maison
dont il s'agit a élé récemmenl achetée, a
beaux deniers, par les Péres Jésuites aux
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Poperinghe-Ypres, 5-15,7-28,9-30,10-58,2-15,5-05,9-20. Ypres-Poperinghe, 6-50,9-07,12-08,3-57,0 50,8-45,9-50.
peringhe-llazebrouck, 7 13, 12-25, 4-17, 7-1 ft. Hazebrotick Poperinghe-Ypres, 8-35, 10- 00, 4-10, 8-25.
Ypres-Howlers, 7-50, 12-28, 0-45. Roulers-Ypres, 9-25, 1-50, 7-50.
Roulers-Bruges, 8-45,11-34,1-13, (L. 5 50), 7-30, (9-55. Lichterv.) Lichterv.-Thourout, 4-25 m. Bruges-Rowfers, 8-25,
12-50, 5-13, 0-42. Lichtervelc\g-Courlrai, 5-28 m. Zedelgliem Thourout, 12-00.
Ypres-Courtrai, 8-34,9-49,11-18,2-35,5-25. Courtrai-Ypres, 8-08,11-02,2-86,5-40,8-49..
Ypres-Thourout, 7-13, 12 00, 0 20, (le Samedi a 5-50 du malin jusqw'a Langhemarck). Thourout-Ypres, 9-00, 1-18, 7-45,
(le Samedi a 6-20 du malin de Langhemarck a Ypres).
Comines-Warnêlon Le Touquet-IIouplines-Armewtöres, 6-00, 11-50, 3-35, (les Merer. 8-40 m. 0-30 s.) Armenlières-IJoupli-
nes Le Touquet-Warnêtpn- Comixes 7-40, 2-00, 4-45. (le Merer. 10-35 m. 8-00 s.) Comines -Warnéton 8-40, m. 9-30 s. (le
Lundi 6-30 s.) Warnêton-C'owmeis 5-30, 11-10, (le Lundi 0-50 s.)
Courtrai Bruges, 8-05, 11-00, 12-35, (L. 5-15), 0-55. (9-00 s. (Lichterv.)B r u ges - Cour Ir ai8-28, 12-50, 5-13, 6-42.
Bruges, Blankenherghe, Heyst, (station) 7-30, 11 04, 2-50, 7-35. Ileyst, Blankenberghe, Biuges, 5-45, 8,30 11-30, 5-30,
Biankenberghe, Bruges, 6-10 8-55, 12-06.
Ingelmunster Deynze Gand, 5-15, 9-41, 2-15. Ingelmunsler-£%?i2e, 4 50 2" cl., 7-15. Gand-Gvjnie-lngelmunster6-58,
11-20, 4-39. Deynze Ingelniunsler, 9-10 2ccl, 8-20 s.
lnge\mansler-A ns'eghem,6-05, 12-10, 6-15. Anseghcm-Ingelmunster7-42, 2-20, 7-45.
Lichtervelde-Dixmude-Furnes el Dankerke, 6-30, 9-10, 1-35, 7-54. Z)«»4er4'e-Furnes-Dixmude et Lichtervelde, 6-55, 11-15,
3-45, 5-10.
Dixmude-A'ieMport, 9-55, 2-20, 8-40. Nieuport-Zfemwde, 7-40, 10-45, 12-00, 4-25.
Thourout-Ostende, 4-50, 9-15, 1-50, 8-05. Ostende-Thourout, 7-55, 10-10, 12 25, 6-15.
Selzaete Eecloo, 9-05, 1-25, 8-25. - Yedoo-Selsacte, 5-35, 10 15 4-22
Gand-Terneuzen, (station) 8-17, 12-15, 7,25. (porte d Anvers 8-30, 12-40 7^
Selzaete-LoAeren, 9-04, 1-30, 8-30. (Ie Merer. 5-10 m.) - Lokeren-Seteaete, 6-00,10-2o, 4 4o. (Ie Mardi, 3,5
1 No. Terneuzcn Gnnd, 6-00, 10-30, 4 40.
Courtrai dép.
Bruxelles arr.
COURTRAI, BRUXELLES.
6,40 10,55 12,33
9,20 1,35 2,25
COKBESPOWDAWCBS.
BRUXELI.ES, courtrai.
12,21
2,41
3,45
0,06
0,38.
9,16.
Bruxelles dép.
Courtrai arr.
5.22
8,00
8,28
10,43
5,35
7,83
6,47.
8,44.
COURTRAI, TOURNA), I.ILI.E.
Courtrai dép.
Tournai arr.
Lille
7,00
7,51
8.35
10,86
11,47
11,55
2,54
3,48
4,00
COURTRAI, OAND.
Courtrai dép.
Gand arr.
6,42
8,01
12,31
1,52
5,34
0,29
6,32
3,47
5,03
8,47.
9,41.
9,55.
6,40.
7,50.
Lille dép.
Tournai arr.
Courtrai
Gand dép.
Courtrai arr.
LILLE, TOURNAI, COURTRAI.
8,25 11,05 2,28
8,86 11,34 2,47
9.47 12,20 3,42
5,20
5.45
6,37
GAND, COURTRAI.
5,38
6,57
9,39
10,52
1,28
2,49
4,24
5,31
8,20.
5,39.
0,30.
7,21
8,42.
BRUGES, GANI1, BRUXELLES
Bruges dép.
Gand arr.
Bruxelles 8,50 4,05
DRUXELLES, GAND, BRUGES.
0,49 exp. 12.39 3'34 cxp. 6,43
7,34 1,54 4.19 7,58
9,31
,26
Bruxelles dép
Gand
Bruges
arr. 6,00
7,15
8,14
9,41
10,34
11,53
1 23
2,38
3,12
4,26 exp.
5,11
0,37.
7,22.
Montant des listes prccédentes, 2,440—50
PAROISSE DE ST-MARTIN (YPRES).
La familie V. D. M.
50-
-00
M. Van Ruymbeke, vicaire,
10-
-00
Mlle Adcle Maelstaf,
30-
-00
Une mère et ses enfants demandent la
bénédiclion du Saint-Père,
25-
-00
Anonyme,
20-
-00
M"' Dehaerne,
10-
-00
Anonyme,
6-
-00
Louise Pieters,
4-
-00
MIU Josephine Dewachler,
10-
-00
Deux servantes,
4-
-00
R. T.
2-
-00
Anonyme,
2-
-00
Trois filles de l'école de Marie deman
dent la benediction du Saint-Père,
2-
-50
A. C.
5-
-00
PAROISSE DE ST-PIERRE (YPRES).
M. Ch. Roets, curé, 40—00
M. A. Decu'ypere, vicaire, 1000
M. Th. Delie, vicaire, 1000
Mlle M. S. 10—00
M"« E. V. A. 5-00
Suite. Voir le N* précédent.
CHAPITRE V.
A la vue de l'honnête médecin, dont le regard
vif semblait lire dans le eoeur de ceux sur qui il le
fixait, Gérard sentit un frisson iiévreux parcourir
toules ses veines. II avait Fair d'tin coupable devant
son juge. Eh bien! maitre Gérard, nous nous
portons bien aiijourd'hui?... Que puis-je faire
pour votre service? Merci, docteur, merci,
lépandit Gérard en balbutiant; oui, très-bien....
sans doute.... plus de fièvre.... je suis gnéri....
K est-ce pas, ajouta-t-il en riant, mais d un rire
forcé et niais, n'est-ce pas, docteur. que c'est
singulier qu'un hommeen délire?... Tu m'asdit
bien des choses cette nuit-la, docteur.Eh! mais
sans doute, répliqua eelui-ci avec indifférence;
mais voiis ne pouviez me comprendre. Si, si,
dit Gérard, qui se tournait sur sa chaise, bour-
relée par ('impatience d'aborder l'objetsur lequel
il voulait s'cclaircret nesavait comment s'v pren
dre sans trahir le trouble qu'il s'efforcait de cacher,
jai très-bien eniendu ce que vous m'avez dit, et
si je suis venu vous trotiver ce soir, c'est pour
s?voir re que vous avez voulii signifier par cer-
taines paroles, J'écoule, maitre Gérard Van
Les Demoiselles V. D. B.
M"' Lenoir,
M. Billiel el sceur,
Un membre du Cercle catholique,
Un anonyme,
Un anonyme,
Une anonyme,
Thérèse Cools,
Marie Vanlerberghe,
Louise Minnekens,
Sophie GUesquière.
PAROISSE ST JACQUES (YPRES).
Fr. Dehouck,
De Eerw. Overste der Zusters van Liefde,
gezeid van den H. Joseph,
Les religicuses Carmélites,
Mm" veuve Domicent et sa familie,
Trois anonymes dévoués au Sl-Père.
PAROISSE ST-NICOLAS (YPRES).
M. Ampe, curé,
Reine Debouckelaere,
Mmt N.
Constance Vanhuffel,
LAN'GEMARCK.
Le Clergé,
M. Ileldenbergh, prévót de St Julien,
Une familie catholique,
Plusieurs anonymes,
Emile Bossaert.
ST-JEAN.
M. le Curé,
Qucjques paroissiens.
10—00
5—00
10—00
5—00
5—00
10—00
3-00
5—00
5—00
3—50
3—50
5—00
100-00
20-00
5-00
8—00
20-00
1—00
5—00
2-00
25—00
10-00
10—00
9—80
2-50
18—00
45—00
BRIELEN.
Anonyme,
Auonyme.
-00
-50
MM. les Ecclésiasliqües de 1'arrondissement
voiidront bien recevoir les souscriplions.
Toutes autres personnes de bonne volonté sont
également considérées comme parfaiterneut aptes
a recueillir, d recevoir el cl transniettre les ojfran-
des.
On les pe.rcoit également au BUREAU DU
Spiel, j'écoule. dit le médecin en fixant sur celui
qui portait un regard pergant. Vovez-vous,
docteur, ii y a de méchantes langues qui osent
attaquer les reputations les mieux établies: la
mienne est invulnerable, vous le savez?... Et
qui songe a y pot ter la moindre atteinle, maitre?
Personne ne l'oserait. je le sais; mais enfin,
doctenr, pourquoi m'avez-vons dit que les morts
peuvent sorlir de leurs tombeaux? Maitre
Gérard veut-il rire, ou la fièvre le reprend-elle?
Je n'ai nulle enviede plaisanter, el je me porie
très-bien, reprit celui-ci d'nn ton oh régnaieut en
méme temps la coière et lYITïoi. Ces paroles, les
avez-vous diles, oui on non? Ali! ah! maitre
Van Spiel, vous aviez bien raison de dire; il n'y a
qu un instant, que c'est bien singulier qu'un
homme en délire.
Gérard, prenant ces mots pour une réponse
négative donnéea sa dernière question, se pressa
le front de la main gauche, tandis que Uautre se
crispait convulsivement sur son genou: C'était
done une voix dn Ciel! se dil-il.
Un silence de quelques minutes s'établit entre
les deux interlocuteurs; Gérard le rompit le pre
mier: Mon cher docteur, reprit-il en se don-
uant une altitude en apparence plus aisée, croyez-
vous que les morts puissent en effet quitter leur
sombre demeure? Vous comprenez... ce nest
qu'nn enfantillage que cctte question.... Qnand on
vit honnêtement, on n'a rien a craindre des reve-
JOURNAL D'YPRES et du NIEUWSBLAD.
Pour permettre une exacte complubiUté:
i'Le donateur et son intermédiaire sont in-
slamment priés de re.me.ltre simallanément la
note de la souscription et l'qrgent qii'ellecom-
porte.
Les personnes qui seraient embarrasséespour
faire parvenir au centre de l oeuvre le montant de
leur souscription, peuvent l'envoyer en mandals
sur la poste u Mle Dogen d Ypres.
2° Nous ne pourrons publier cliaque semaine
que les souscriplions dont la note el lurgent se
ront parvenus au centre de l oeuvrecliez M. le
Dogen d'Ypres, avant le Jeudi midi.
nants, en siipposant qu'il puisse yen avoir....
Croyez-vous aux revenants, vous, doclaur?
Eb!.., jc ne dis pas oui, et je ne dis pas non,
répliqua celui-ci en dounant a sa figure une expres,
sion qui élait plulót celle de la croyance que celle.
du doute; cela s'est vu, maitre. cela s'est vu plus
d'une fois. On assure que des personnes enterrées
dcptiis plusieurs jours son! revenues a la vie. Dieu
est tout puissant! Mais comme vous dites, il n'v a
lil rien qui doive effraver celui qui n'a rien ii se
reprocjler.
Pendant re petit monologue du docteur. la phy
siononiuie de Gérard s était entièrrment dérompo-
sée: il ramenait ses pieds sous sa chaise, serrait
ses bras coulre son corps tremblanl; il ressemblait
au malheiireux qu'un horrible instrument de tor
ture va saisir de ses griffes de fer. Ah! ah! dil-il
en s'efforcant de rire pendant qu'une pensee terri
ble lui briilait la tête, tu crois done anssi aux reve
nants7Chimères que lont cela; conté de vieil-
les femmes. docteur, je ne te dis pas oui, je ne
te dis pas non, répondit une seconde fois celui-ci;
qui verra croira. Pour moi, je prie le bon Dieu de
ne pas permettre aux morts de venir troubler mon
sommetl.
Gérard sorlit de la maison du médecin, trayersa
les rues avec une agitation afiVeuse: il marchait
très-vite et tournait h chaque instant la tête comme
s'il eutcrainte qu'un spectre le suivaït pour l'arrêler;
'iC'était done une voix du Ciel!... .Qui verra croi-
ra!Cela s'est vu parfois!Dieu est tout-
puissant! se répétait-il mille fois. Rentré chez
lui, tremblant, défait, suant a grosses gouttes, i!
sejeta sur son lit sans vouloir répondre un settl
mot a le pauvre Marguerite, ni prendre aucune
nourriture. II passa unede ces nuils que ceux-la
seuls peuvent comprendre a qui la souffrance a
blanchi les cheveux en quelques heures.
CHAPITRE VI.
II venait a peine de se lever, qnand le jour fill
venu, que sa femme lui présenta une lettre qu'un
hotume inconnu lui avait remise a I'instanlméme.
Gérard I'ouvrit machinalenient ct manqua de torn-
lier a la renverse en v jetant les yeux. C'était
l'écriture de son cousin Valek, et, chose prodi-
gieuse! elle était toute fraiche encore, plusieurs
lettres même élaient encore mouillées: Ah!
c'est bien étonnant! s'écria-t-il et il se sentit
dans le gosier une sécheresse brulante; ses dents
claquaient, ses jambes flageolaient et ses yeux se
couvraienl d un cpais nuage: il se laissa lomber
sur son lit comme si une apoplexie foudroyanle
l'eüt frappé.
Ce ne fut que longtemps après qu'il revint a ui
el qu'il regarda de nouveau le fatal billet: Que
le Ciel me soit en aide! dit-il, c'est bien de la main
de Martin.... Comment cela se pcut-il?... Pen-
dul... enterré!,.. Scrait-il done sorti réellement
de la tombe! Voyons ce qu'il me veut.
Et il lut ce qui suit:
ic Mon cousin,
Vous savez qui de nous deux est coupable du
crime pour lequel j'ai élé pendu injustement le 9
de ce mois... Je ne veux pas votre perte, mais je
veux reparaitre au tnilieu de mes concitoyens et
jouir comme autrefois de leur cstime, de leur
aniitié. je ne veux pas que ma pauvre femme
metire de donleur. Dieu est juste et tout puissant,
mon cousin: il permei quëlqtiefois que les morts
ressuscilent.... Je vous livre a votre conscience:
écoutez sa voix!
ii Votre cousin,
n Martin VALCK.
ii 28 Oetobrc 1670.
LYffet que ces lignes produisirent sur Gérard
serait impossible a décrire: son sang s'étail figé
dans ses veines; les yeux cloués sur la foudroyan
le lettre qu'il avait a la main, il se tenail immobile
comme nne statue. Marguerite, revenue auprès de
lui, crul, et non sans raison, a le voir ainsi, qu'un
accès de délire l'avait repris. O mon pauvre
Gérard, qu'est-il done arrivé?... Est ce encore
la fièvre?... Ah! tu me crois done fou? s'écria-
t-il avec rage: tu le Irompes, femme, tl n'y a rien,
enlends-lti? qui doive m'iuquiéter. II n'y a rien,
te dis-je, j'ai toute ma raison, je suis malade,
voila lout; laisse-moi.
A CONTJNUER.