1
SUR TERRE ET SUR MER.
Mercredi 4 Février 1874.
9me année. Nn 84b.
z
,o
p,Gt A J\/£>
3 s
Le Journal parait le Mercredi et le Samedi. Les insertions content 15 centimes la ligne.Les réclames, dans le corps du journal, se paient 30 centimes la ligne.Un numéro du journal, pris an Bureau, 15 centimes.
Les numéros supplémentaires commandés pour articles, Réclames ou Annonces, content 20 fr. les 100 exemplaires.
Po-
CHEMIHTS WE F E IS.
ffiattSe&MS;JETlS* °4'2-30',-8"' -m»1-38, s-so. -
LES CIMETIÈRES.
Le cirneliére doit avoir tin caractére reli
gieux. Le grand rabbin, les pasteurs protes
tants sont d'accord sur ce point avec nos
évèques. Le decret de prairial a admis ce
principe, et la Constitution beige I'a recon-
nu par Ie fait mème de la proclamation de la
liberie des cultes. Or, se fondant sur une
confusion préinéditée des droits de police
avec les droits supérieurs du culte, les libé-
raux beiges prétendent sécu la riser les cime-
tières, e'est-a dire leur enlever ce caractére
religieux. lis donnenl pour motif un préten-
du respect pour la conscience individuelle.
Elrange respect, qui consislerait a froisser
les convictions les plus sacrées a mille calho-
liques, pour donner satisfaction aux exigen
ces d'un seul individu qui declare n'appar-
tenir a aticune religion! C'est done la mino-
rité la plus infime du people beige qui
voudrait troubler dans I'exercice d'un de ses
droits, garanlis par la Constitution, le culte
de l'immense majorité. Les catholiqnes, an
contraire, sont bien loin de vouloir léser les
libres-penseurs, et ils admettent, que dans
les cimetières commons, les compartiments
non bénits, réservés a ceux qui meurent en
dehors de l'Eglise, soient aussi convenables,
aussi décents, que la partie bénite du champ
de repos.
Si au lieu de chercher simplemenl a vexer
et a opprimer les catholiqnes, les libéraux
étaient de bonne foi, ils devraient se montrer
salisfaits d un état de choses qui sauvegarde
si bien loos les droits; et, en lont cas, ils
ne s'opposeraienl pas a priori a toute négo-
ciation sur les mesures de conciliation qn'on
leur propose. N'ont-ils pas déclaré qu'ils
repoussaient d'avance le systéme américain
ou hollandais qui donne a chaque confession
le droit de posséder son cirneliére et établil
un,cirneliére communal pour ceux qui meu
rent en dehors de tout culte? Ce qui déplait
aux libéraux dans ce systéme, c'cst prècisé-
LE FRANC ARCHER DU R01.
ntenl qu'il fail disparaitre tout prétexte a
conflils et a agitation. En outre, si les Bei
ges qui meurent en 11bres-pensenrs, setrou-
vaient enlerrés dans des cimeliéres distincis,
ils poin raiènt êlre trop facilement complés
el le libéralisme se sentirait écrasé de leur
petit nombre. Quoi qu'il en soit, si les libé
raux par la discussion qui vient de se termi
ner au Parlement, ont espéré agiter l'opinion
publique en leur faveur, ils se sont grave-
irtenl trompés. Le libéralisme n'a réussi
qu'a rendre plus évidente encore son insup
portable intolerance qui le rend si odieux a
nos catholiqnes populations.
L'ENSEIGNEMENT RELIGIEUX.
On dirait, a entendre les oraleurs libé
raux, que I école primaire telle que la loi de
1842 I'organise, nous menace d'un deluge
universel de bigoterie et de fanatisme
pour parler un instant Ie langage du libéra
lisme.
Que 1'on se tranquillise. Le danger n'est
point la. La loi de 1842 a voulu que le pro
gramme de l'enseiguemenl primaire cotn-
pril la religion et la morale, comme branche
obligatoire et comme base de tout I'ertsei-
gnement populaire. L'art. G de la loi est
forntel. L'autorité ecclésiaslique, d'accord
avec le gouvertiemenl, a prescril des mesu
res pratiques pour que I education religieuse
fut sérieusemenl et efficacement donnée
dans toules nos ecoles primaires. Ces écoles,
comme I'a très-bien dit Mgr de Haerne, sont
une annexe du foyer domeslique, et doivent
étre, par conséquent, des écoles religieuses.
Ainsi I enlcndent nos populations, ainsi I'exi-
gent tous les pères de familie dignes d'avoir
des enfants.
Or c'est justement cette éducation nous
employons le mot a desscinc'est cette
formation chrélicnne de l'enfance, que les
purs du libéralisme ne veulent point. On
admel je ne sais quel badigeon religieux
dont les murs de l'école peuvent ètre lessi-
vés; on veul consentir a la récitation de
quelques lecons de catéchisme; on accortle,
avec plus ou moins de latitude, quelques
heitres réglemcntaires pendanl lesquelles on
fera du catéchisme comme a d'autres beu-
res on fait de la géographie; mais ce que l'on
redoute, ce que l'on ne veut absolument
point, c'cst l'invasien de la vie religieuse
dans les écoles.
Que l'on se rassure. Le danger, nous le
répétons, n'est point la. L'échevin, chargé a
Bruxelles de la surveillanee de l'instruction
publique, peul s'apercevoir trés facilement
que les gamins de la Capitale ne pèchent
point par exeès de sentiments religieux.
Dans les aulres villes du pays, on peut, sans
auctin doute, conslater la mème situation.
Les écoliers sauront peut-èlre réciter parfai
tement les lecons de catéchisme, confiées a
leur jeune mémoire, les ntailres pourront les
faire dire avec une irréprochable correction;
tous les róglements seront plaloniquement
observés. les deux demi henres de catéchis
me seront chaque jour scrupuleusemcnt res-
peclées; mais croit on que cela suffise, que
le devoir de l'inslituteur cbrólien soit rem-
pli, el que l'ceuvre de l'éducation religieuse
soit faite?
Nous parions des villes lont d'abord, paree
que nous savons que la surtont, l'instruc
tion de l'enfance est si souvent confiéea de
bien tristes mains. Nous savons, pour l'avoir
enlendu de boucbes Irés-autorisées, que
parmi les instiluteurs, chargés de faire dire
le catéchisme et d'en faire comprendre le
texte, il s'en rencontre trop souvent qui,
sortis de l'école et quelquefois mème plus
tót, se moquent du catéchisme et de tout
l'enseignement qui s'y donne. Cette deplora
ble situation se rencontre mème a la cam
pagne, et déja notre pays connait des insti-
tuleurs, qui ne rougissent point de s'afficher
comme des espéces de libres-penseurs, se
souciant infinimenl pen que leurs élèves
soient chrétiens ou ne le soient guére.
Est-ceavec de tels mail res que l'on forme-
ra de fortes générations, dont l'avenir pour-
ra espèrer quelque chose? Est-ce en faisant
réciter correetement une page du manuel
religieux, que l'on aura formé l'adolescent a
la pratique des devoirs que la religion com-
mande? Et l'inslituteur connu pour s'ètre
affranchi Itii-mème de loule pratique pieuse
ou a peu prés, aura-t-il quelque autorité
pour enseigner la piélé a ses enfants? Ne
remplit-il point un röle odieusement hypo
crite, quand il a l'air d'exiger que l'on sache
ces lecons-la, et qu'on les récite aux demi
heures portées sur le tableau d'ordre?
Non, non! Ce n'est point de la sorle que
l'on forme la jeunesse. Bien souvent, les
curés se plaignent el avec raison de l'igno-
rance profonde avec laquclle les enfants,
tant de la ville que de la campagne, se pré
sentent a la préparation procbaine de la
première communion. Chaque année voit
augtnenler le nombre des retardalaires; cha
que année detnande des efforts plus généreux
que le clergé doit faire pour oblenirchez un
grand nombre d'enfants une instruction ri-
goureusement suffisanle. L'école settle n'en
fouruit point les moyens. S'il n'existait une
ressource supplementaire dans les écoles spé-
ciales de catéchisme, tenues dans toutes les
paroisses; si, dans les communes ruralcs
mème, les curés ne recouraient a des lecons
extraordinaires donrtées par des personnes
dévouées, bien souvent la première com
munion devrait étre différée a cause de
l'ignorance compléte des garcons surtout,
que l'école est loin d'avoir préparés comme
il le faul.
La settle chose nécessaire, la formation de
j'homme, dans la formation du chrétien, est
négligée.
Enseignez done, et laissez enseigner aux
enfants ce qu'il leur importe avant tout de
savoir, el n'avez point peur. Jamais ils n'en
sauront, jamais ils n'en pratiqueront trop,
ni a Bruxelles, ni a Ypres, ni dans le dernier
de nos villages.
Nous lisons dans la Revue Générale'.
L'ARRÉT DE LA COUR DE GAND CONTRE
LE BIEN PUBLIC.
Nos lecteurs savent que l'ex-commissaire
de police Segerselledocteur Vandermeersch,
médecin légiste, se soul iivrés récemment a
Gand a des visites corporelles qui ont vive-
menl alarmé l'opinion publique. A la suite
d'une de ces visites, la chambre roanifesta la
plus grande indignation. M. Anspach, après
M. Cruyt, fit entendre une prolestation émue,
a laquelle s'associèrent MM. Rara et Defuis-
seaux, et, a la suite d'une instruction impar-
tiale, le ministre de la justice deslitua M.
Segers; si M. Vandermeersch échappa a tout
chatiment, c'est que le ministre n'avait pas
d'action sur lui.
L'honneur de ce résultat revenait surtout
au Bien public qui, en révélant les visites,
en avail dénoncé l'immoralité et l'illégalité,
el il semblait que le seul róle qui convint
désormais au Dr Vandermeersch fut un röle
d'elïacement et de silence. Tout autre fut
son attitude. Conseiller communal, membre
de la loge, gendre d'un conseiller a la Cour
de Gand, M. Grandjean, il ne craignit pas de
faire appel a la justice pour le venger des
attaques donl il avail été l'objet. Le tribunal
de Gand reconntit la bonne foi dn journal,
mafs le condamna néanmoins a 2,000 fr. de
dommages-intéréts. Le docteur ne se con-
terila pas de cette consolation; il appela, et,
devant la Cour, il ent les deux bonheurs sur
lesqttels il complait: le premier, d'assister a
une charge a fond de l'avocat-général De
Paepe contre le journal qui venait de venger
w
z
z
O
ca
cn
■fej
<Zï
CZ>
O
Cs,
«5
Cs3
3
"3
O
O
t\iTrrrjv:-,j.
-*1
ys
13
m
Z -3
Cfc
G
S»
H
O
a
H
TJ
53
5*-
:2
O
CAJ
C*
rj
rn
c/s
53
ro
CA
as
- m
w
rc
s-
33
SS
YMWB.IMIWM 30,8-15,0 50.
T,0- ('r!' l^''1'rV 8f,)' (y"'i5- Licliterv.) Lichter v. - Thouroul, 4-25 m. Bruges-Holders, 8-25,
12-50, 0-13, 0-42. Lichtervelde-Courtrai, 5-25 m. Zedelgliem Thouroul, 12 00.
Yptes-CWrtrai, 5-34,9-49,1 1-18.2-35,5-25. Comtrai- Ypres, 8-08,1 1-02 2-50 5-40 8-49
°°r f! 2°',(le Sa1,e.dix? !5"W du malin Ju'q"'« Langhemarck)- Thouroul-Ypres, 9-00, 1-18, 7-45,
(le oamedi a 6-20 du matin de Langhemarck a Ypres).
|l.eSTVi,™|l°ur'Je 'jouquet-Houpiines-Amentóres, 6 00, 11-50, 3-35, (les Merer. 8-40 m. 6-30 s.) Armentières-lloupli-
I un,1i'q?i wrnel.°"-C°mmes 7 M> 2-°°- (|e Merer. 10-35 m. 8 00 s.) - Comïnes- Wamèlon 8 40, m 9-30 s. (le
Lun.1t n 30 s.) Warnelon-Cowmtes 5-30, 11-10, (le Lundi 0-50 s.)
R™«eT \K\TleS\8"°f' Vi"°0' ?"3S' (L" 3-1S).6-S3- (9 00 s. (Liclilerv.)-Bruges-CoMrtmt, 8-25, 12-50, 5-13, 6-42.
2- cl., 7-13. Ga,J-Doynie-lnye.»i„ns(er, 6-38,
IngelmunsteMMse^Aew, 6-05, 12-10, 6-15. Ansegliem-Ingelmunster7-42, 2-20, 7-45.
b lo ix,r e rnes el bunkerke, 6-30, 9-10, 1-35, 7-54. £)#ftAerAe-Furnes-Dixmude et Lichtervelde6-55, 11 15,
Dixmude-jViewpoT*, 9-55, 2-20, 8-40. Nieuport-Df.rwwefe, 7-40. 10-45, 12-00, 4-25.
lliourout-Ostercde, 4-50, 9-15, 1-50, 8-05. Ostende-Thouroul, 7-55, 10-10, 12 25, 6-15.
Selzaele Eecloo. 9-05, 1-25, 8-25. Eecloo-Se/zaete, 5-35, 10 15, 4-22.
Gand- Ter neuzen, (station) 8-17, 12 15. 7,25 (porte. d'Anvers) 8-30, 12-40. 7-45.
Selzaete-Lo/rere», 9-04, 1-30, 8 30. (le Merer. 5-10 tn.) Lokeren-Se/.-saete, 6 00
Terneuzen-Grind, 0-00, 10-30, 4 40.
10-25, 4 45. (le Mardi, 9,30.)
CORB.BSI»
COURTRAI, BRUXELLES.
Courtrai dep. 6,40 10,55 12,33 3,45 6,38.
Bruxelles arr. 9,20 1,35 2,25 6,06 9,16.
COURTRAI, T0URNA1LILLE.
Courtrai dep. 7.00 10,56 2,54 5,34 8,47.
Tournai arr. 7,51 11,47 3,48 6,29 9,41.
Lille 8.35 11,55 4,00 6,32 9,55.
COURTRAI, GARD.
Courtrai dép. 6,42 12,31 3,47 6,40.
Gand arr. 8,01 1,52 5,03 7,56.
BRUGES, GAND, BRUXELLES.
Bruges dép. 6,49 exp. 12,39 3'34 exp. 6,43
Gand arr. 7,34 1,54 4,19 7,58
Bruxelles 8,50 4,05 5,26 9,31
OWDAN C
Bruxelles dép.
Courtrai arr.
3Ë3 S
BRUXELLES, COURTRAI.
5 22 8,28 12,21 5,35 6,47.
1,00 10,43 2,41 7,53 8,44.
Lille dép.
Tournai arr.
Courtrai
Gand dép.
Courtrai arr.
Bruxelles dép
Gand arr.
Bruges
LILLE, TOURNAI, COURTRAI.
5,20 8,25 11,05 2,82 5.20.
5,45 8,56 11.34 2,47 5,39.
6.37 9.47 12,26 3,42 6,36.
GAND, COURTRAI.
5.38 9,39 1,28 4,24 7,21.
6,57 10,52 2,49 5,31 8,42.
BRUXELLES, GAND, BRUGES.
8,14 11,53 3,12
6,00 9,41 1 23 4,26 exp. 6,37.
7,15 10,34 2,38 5,11 7,22.
Suite. Voir le N* précédent.
Le vieux capitaine s'en apercol el s'approchant
il lui dit (ITi(i Ion brusque:
Pourquoi ris-ltt, vilain? Te crois-Iu done
plus habile que tons ceux-ci?
B ne fandratl pas pour cela l'être beaucoup,
Monseigneur, dit Gaulhier, avec resolution. Des
écoliers que vos archers. Franchement, ledernier
d'entre nous enverratl sa (lèche ii deux fois cette
portée et toucherait le but.
Tn mens, dröle!
Sacliez, Monseigneur, avec lont le respect
quejevous dois, qHe je ne mens jamais, car c'est
nn vilain vice au dire du bon Connélable; c'est nn
pêché grief et je tiens au salut de mon aine. Je
n'ai dil que la vérité.
Eh bien! nous allons voir. Qn'on lui donne
un are el des flèehes, et malheur a lui s'il ne
prottve pas qu'il a dit vrai!
Comment, s'écria Gaulhier, me prenez-vous
pour un lache? Mot, lirer sur les nólrcs, sur des
Iramjais, jamais!
Je ne t'oblige pas a cela. Choisis ton hut
ailletirs, si lu vt-ux.
Fort bien alors, dit Gaulhier, qui pril i'ar-
me; voyez vous, Monseigneur, ce point noir dans
le ciel, an dela dn camp!
Otti, c'èst tine corneille on qnelqu'autre
oiseau. El c'esl lit que tu vises, dit lecapilaine d'un
air Tailleur.
Gaulhier, saus répondre, avail levé l'arme; la
flèche siftlant dans l'air, et passant pas-dessus le
cam|i francais, a I la a une distance ineroyable
atteindre l'oiscau qn'on vit loinber en se débal-
lant.
Les archers anglais qui n'en croyaienl pas letirs
vetix baltirent des mains. Qiielqiies-uns pourtant
regardaient d'un air inqttiel !e brave archer com
me doutant qtt'il netail pas le diableen personne,
on du inoins I'tin de ses suppóts.
Le vieux capitaine, lui, dans tint" admiration
qu'il ne dissimulait pas, pi it Gauthiera part, et il
Ini offrit quatre fois, six fois, dix fois la valeur de
sa paye actuelle, c'esl-a-dire quarante francs par
mois au lieu de quatre, avec d'autres avanlages,
s'il voulait prendre du service dans la compagnie
anglaise.
Gauthier refusa avec une noble fermeté.
Non, Monseigneur, vous-même, le premier,
vous m'auriez a dédain sijc faisais ainsi. Mc rendre
coupable d une telle félonie! A Dien ne plaise que
je quitte le service dn bon roi Charles, mon
gracieux Seigneur! Quoique je ne sois qu'iin
paiivre archer, je ne lui ferai jamais telle Irahison
a lui comme a ee doux pays de France! oh! jamais,
quand je pourrais y gagner la couronne du roi
Henri
Jamais! dil le vieux capitaine avec colère!
prends garde, compagnon, eat si lu ne Ic fais
pas de gré. je satirai bien t'y forcer.
Monseigneur, vous n'y avez pensë, asstiré-
ment. Font il done, pour ce que vous désirez,
que je me rende infame et execrable, et que je
pelde mon ame.
Que in'iinporle ton ame! manant! Je tiens
le corps et si tu ne veux pas qu'il éprouve dur
meschief el déplaisir, avise a te montrer plus
obéissant.
En ce moment dans le camp francais on enlen-
dit tin bruit de fanfares, et de la plate-forme on
put dislingner Dunois qui, sorti de sa teute, et
la tête nue, se préparait a monter sur sou pale-
froi.
Le vieux capitaine le montra du doigt a Gau
lhier. et avec un regard et un accent sinislres:
Choisis, dil-il, ou de lui décocher ta flèche
ou d'etre pendu
Que jc tue notre général un si noble
priticr! Dieu me garde d'uiie telle méchanceté! Ja
mais Monseigneur, jamais.
Prends garde it s'agit pour toi de la vie; tu
seras pendu sans miséricorde ui délai!
Aurez-vous le courage, Monseigneur!...
Plus de discours, car l'oiseau peut s'euvoler
d'un instant a l'autie! Réponds par oui ou par
non!
Alors, c'cst non, non, dil d'une voix ferme
le brave Gau thier.
Qu'on apporte la corde, dit avec rage le
vieux chef de bande-! El tót que justice se fasse.
Un archer s'éloigna, et quelques instants après
reparut avec la cordc demaridée. Le capitaine la
fit at lacher d'un bout nu eréneau. laudis que l'au
tie bout lerminé par uil noeiid coulant, se balan-
<;ait dans le vide.
Gauthier. calme et intrépide, s'approcha du
rempart, et se laissa sans sourcil'er"passer la corde
autour du con. Puis, après avoir fait en bon chré
tien le signe de la croix cl fléchi le grnoti, il mon-
ta sur la muraille d'oü il fut lancé dans l'espace.
Mais par la violence de la secotisse, la corde déja
vicille sans dooie, et choisie lelie peut-être a des-
sein par le sergenl anglais plus bumain que son
chef, la corde se rompit, et Gaulhier, au lieu de
rester suspendu dans l'air, tomba dans Ie fossé.
L'eau donl celui-ci ëtait rempli amortit la chute, el
Ie brave archer, quoiqii'iin peu étourdi d'abord,
se mil h nager, avisanl a sortie de ce mauvais pas.
Tirez! lirez! qu'il n'échappe pas, dit le capi
taine ennrmi furieux ii ses archers qui ne sem-
blaienl prendre leurs armes qu'avec repugnance,
par une généreuse sympathie pour leur brave
confrère.
Mais dn camp francais on observait ce qni se
passait sur le rempart, et Gauthier avail été re-
connu. En voyant sa chute, d'un élan unanime
ses camarades et des hommes d armes en grand
nombre accoururent jusqii'aii bord du fossé, et
tin reut en échec les archers anglais, pendant qn'on
aidail Gauthier h remonter. Ainsi, sain el sauf, a
l'exceplion de quelques contusions et d'un torlico-
lis, il fut raniené en triomphe au camp et large-
nicut lécompdisé par Dunois, auquel pourtant le
braye franc archer ent la générosité de ne pas se
vanter de son courageux refus. Dunois n'apprit
qu'il lui devait la vie qu'après la prise du fort
a l'assaul duquel le vieux chef de bande avail été
tué.
Vous voyez mes amis, ajoula le père Lau-
noy que de tout temps le soldat francaiseut a coeur
cette noble devise si bien choisie pour l'Etoile des
braves: Honneur et 1'a.trie!