I 74. ^^/ÖUÉI^IiTA^ <^S^M£7y>, LA LIOMNE DE LA a GAI\/£> Mercredi 25 Février 18 9me année. N° 851. z O ca r*5 z O S3 Lc Journal parait le Mercredi et le Samedi.Les insertions content 15 centimes la ligne.Les réclames, dans le corps du journal, se paient 30 centimes la ligne.Un numéro du journal, pris au Bureau, 15 centimes. Les numéros supplémentaires commandés pour articles, Réclames ou Annonces, content 20 fr. les 100 exémplaires. C II E M 11\ S WE FE 15. LES LIBÉRAUX ET L'ENSEIGNEMENT. La discussion récente du budget de I'in- térieura mis de nouveau dans leur vrai jour les déplorables tendances du libéralisme beige en matiéred'enseignement. Une guerre systématique et achnrnée a été faite au cabi net conservaleur. Depuis les chefs du parti qui ergotaient a qui rnieux sur finspeclion ecclésiastique des écoles, jusqu'aux orateurs tout a fait suballernes qui éiaienl chargés de recueillir par lout le pays el d'amener devant Ja Chambre les motudres incidents suscepli- bles d'etre explodes, tons obéissaieot au dé- sir de faire échec a la religion dans l'éduca- tion de la jeunesse, el d'arriver lót ou tard a la réalisaiion du réve tantcaressé, l'avéne- nient de l'école purement laique. Est-il besoin de faire ressortir tout ce qu'il y a de coupablc imprudence dans une pa- reille attitude? La saine raison suffirait a nous faire com- prendre que, si vous n'élevez pas vers Dieu le coeur des générations naissantes, que si vous n'imposez pas a l'enfant ce frein reli- gieux qui seul plus tard empéchera l'homme de se livrer a la fougue de ses passions, vous préparez a 1'avenir des phalanges capables de lous les désordres et d'autant plus dange- reuses qu'elles auront leur instruction pour seguiderdans la pratique du mal. Ce que la raison nous dit les penseurs l'ont proclamé. Ce sont, en Belgique, les hommes d'Etat les plus marquants parmi ceux qui nous ont dolés de notre belle loi de 1842; puis, c'esl Guizot qui déelare que, pour quo t instruction populuire soil vraiiwnt. bonne el socialemenl utileil fuut quelle soil pro- fondement religieustc'est lord John Russell qui veut que la religion soit combiner, avec toute la matière de Cinstruction; ce sont des écrivains éminents repo.ussant a I'envi celle école sans prêtre et sans enseignement reli- gieux, qui serail une violation des droits de la conscienceau sentiment de sir Robert Peel, la réalisaiion (Tune itlée folie el duti- gereusesuivant ('expression de M. Cousin, une puissance pour te mal el non pour le biencomrne l'appelle M. Eugéne Rendu; e'est Portalis qui affirme sans détour, en présence d'une experience désastreuge, qu'il fuut prendre la religion pour base de Edu cation. II y a qiTelques jours a peine que M. Disraeli, parlant a ses élecleurs des résullats du récent scruiiri, insistait avec force sur la nécessité absolue de l'inslruciton religieuse. En pareille matières'écriait-il, itn'y apas de compromis possible. II riexists pas de mogen lerme. C'est la un fait bon a recueillir pour ceux qui invoquent volonliers I'exem- ple de l'Angleierre. Et ce que demandent les hommes d'Etat et les philospphes, les événements l'ensei- gnent, quand on a eu le malheur de l'ou- blier. Le monde se souviendra longlemps des désastres accumulés par les athées et les lettrés de la Commune. Eh bien, ni la voix de la raison, ni le lé- moignage unanime des bons esprits, ni les lecons de l'histoire ne parviennent a imposer silence a ces instincts de domination au pro- fit desquels le faux libéralisme espére assou- plir les masses en les privartl de leurs croyanees. On n'a pas encore onvertement avotié le but, si ce nest peui-être dans les rangs des avancés, plus lirutaux mais plus francs que les doctrinaires; on ns dit pas encore que c'esl l'école libre-penseuse qu'il faut pour le peuple; ma is les grands mots se niulliplient et cela est toujours mauvais si- gne: il y a, par exemple, la liberie de con science, les droits de la raison humaine, l'école neutre, renseignement laïque, l'indé- [lendatice du pouvoir civil, la science et sur- tout Ie progrés. En attendant le moment propice, les habiles s'appliquent avec ardeur a renforcer Paction de l'Elat au détriment de celle de la liberlé, a faire la pari aussi petite que possible a la religion dans I'ceuvre de lenseigneineiit, a disputer au prètre non- seulemeut sa légilime influence mais encore sa position légale dans l'école, en un mot a miner sourdement et avec persistanee celle salulaire loi de 1842, que nos bbéraux vo- latenl jadis tons ensemble et qui leur eat devenue si odteuse depuis lors. Si ces grands amis des Inmiéres et de la civilisation voulaient sincéremenl la large diffusion de Pinstruction populaire, ils béni- raientet seconderaienl l'initiative du dévoue- ment chrélien qui a couvert le pays de tanl destitutions vouées a la bonne et saine éducation et qui, préoccupédu pauvre avant tout, prodigue la gratuité sous mille formes diverses. Or ce dévouemenl n'oblienl de leur part que le mépris el la liame, la persécution souvent pour ceux qu'il inspire, el la ferme résolution de ruiner ses ceuvres, s'il est pos sible, par la concurrence la moins avouuble, celle qui est dirigée conlre quelques-uns el payée des deniers de lous. Dans la défense de ce grave intérct de l'enseignement la vigilance ne fut jamais plus nécessaire qu'anjourd'hui. Le libéralisme n'attend que le pouvoir pour jeler bas le masque; le pouvoir entre ses mains c'est Pécole sécularisée, et l'école c'est l'avenir. Ne l'oublions pas: l'ennemi menace un bien précieux entre lous; il n'y a pas deux voies a suivre: il faut envisager la situation en face et, chacun a son poste, accepter résolüment le devoir de la little. LES ELECTIONS DE 1874. Le 9 Juin prochain aura lieu le renouvel- lement par moilië de nos Chambres législa- tives. Quatre provinces sont appelées a parliciper a ces élections, a savoir: La Flandre oriëntale, Le Hainant, La province de Liége, Le Limbourg. 30 sénaleurs sont sujets a réélection, sur 62 membres que eompte celte assemblée. Des 30 membres dont le mandat expire, 16 apparliennenl a l'opinion conservatrice, 14aux diverses nuances du libéralisme. La Flandre oriëntale et le Limbourg sont représentés au Sénat par des deputations exclusivement catholiques. La province de Liége, au contraire, n'a que des sénateurs doctrinaires. Quant au Hainaut, il fournit sept membres a la gauche et quatre a la droite: ces derniers sont les sénaleurs de Charleroi et de Tbuin. 61 représentants sont soumis a rééleclion sur 124 membres que compte l'assemblée. De ces 61 représentants, 30 apparliennenl a la inajoritè calholique et 29 a ('opposition. II en est 2 qui sont entrés a la Chambre comrne indépendants. La Flandre Oriëntale et le Limbourg s'ho- riorent de n'envoyer a la Chambre des repré sentants, comme au Sénat que des mandatai- res catholiques. Le Hainaut fournit actuellement a l'oppo- sition 18 voix, mais un desesarrondissements, celui de Charleroi, a déja secoué en partie le jong doctrinaire: c'est l'arrondissemenl de Charleroi, représenté a la Chambre par trois catholiques, un indépendant (M. Balisaux) et un doctrinaire. Dans la province de Liége, il y a uu indé pendant a Htty (M. de Lhoneux) et deux catholiques a Verviers. Les 11 aulres députés de la province sont libéraux ou plutót fri- risles. On voit que dans la série de provinces ap pelées a renouveler leur députation, les man- dats parletnenlaires des deux partis se font équilibre ou a peu prés. 11 h'en est pas de mème de l'autre série, celle qui volera en 1876, et qui comprend les provinces d'An vers, de Brabant, de la Flandre occidentale, de Narnur el de Luxembourg. Cette seconde série fournit a la droite beaucoup plus de voix qu'a la gauche; car, on le sait, la majo- rité en faveur des catholiques est actuelle ment de: 14 voix au Sénat; 22 voix a la Chambre des représentants. Maintenant que nous avons décrit, pour ainsi parler, l'échiquier électoral, on lira avec plus d'inlérêt les détails suivants qu'un correspondant bien informé adresse a la Gazelle de Liége Au fond, les doctrinaires ont une peur terrible des élections du 9 Juin et ils sont des premiers a convenir dons leurs conciliabules familliers que loin d'avoir regagné du ter rain depuis les trots grands désastresessuyés par eux dans les cornices généraux, ils en ont perdu encore et conlinueronl a en perdre, même darts l'imporlanle province oü ils se co O e-H to o S 9 CO fcS> TJ "O O OS Z 21 -* CO "O O- >- C3~ CO ffl 1—5 s 33 a 33 CO 2^. rn CO >H CO TO H O G H -a o- TJ CO 5*- 2 O CO C# O n to Z *-3 to CO H3 >- CO Poperinghe-Fpres, 8-1»,7-28,9-30,10-08,2-15,5-05,9-20 Y p res - Poperinghe6-50,9-07,12-05, 3-57,6 80,8-45,9 80. Po- peringhe-IIazebrouck, 7 13, 12-25, 4-17, 7-13. Hazebrouck Poperinghe-Ypies, 8-35, 10- 00, 4-10, 8-25. Ypres-Routers, 7-50, 12-25, 6-45. Routers-Ypres, 9-25, 1-50, 7-50. Roulers-Z?r«je*, 8-45,11-34,1-13, (L. 5 56), 7-36, (9-55. Lishterv.) Lichterv.-Thourout, 4-25 m. Bruges-Routers, 8-28, 12-50, 8-13,6-42. Lichtervelde-CWrtrat, 8-25 m. Zedelghem Thourout, 12-00. Ypres-Courtrai, 5-34.9-49,11-18,2-35,5-25. Courtrai-Ypres, 8-08,11 -02,2-56,5-40,8-49. Ypres-Thourout, 7-13, 12 06, 6 20, (le Samedi a 5-50 du matin jusqu'a Langliemarck). Thourout-1 pres, 9-00, 1-18, 7 48, (le Samedi a 6-20 du matin de Langliemarck a Ypres). Oomines-Warnêion Le To'uquei-Houplines-rlrwentöres, 6 00, 11-50, 3-35, (les Merer. 8-40 m. 6-30 s.) Armentières-Houpli- ties Le To u <pi e t - \V a r nè t n - C[o min es 7-40, 2-00, 4-45. (le Merer. 10-35 tn. 8 00 s.) Comities- Warnêton 8-40, m 9-30s. (le Lutidi 6 30 s.) Warnêlon-C'ommes 5-30, 11-10, (le Lundi 6-50 s.) Cotfrtrai-Brwjtés, 8-08, 11-00, 12-35, (L. 5-15), 6-55. (9-00 s. (Lichterv.)— Bruges-CW/m, 8-28, 12-50, 5-13, 6-42. Bruges, Blankenherghe, Heyst, (station) 7-30, 11 04, 2-50, 7-35. Heyst, Blankenherghe, Biuges, 5-45, 8.30 11-30, 5-30, Blankenherghe, Bruges, 6-10 8 85. 12-06. lngelmunstèr Deynzé Gand5-15, 9-412-15. Ingelmunster-Dej/Mtse, 4-50 2' cl., 7-15. Gand-Deynze-Ingelmunster6-58, 11-20, 4-39. Deynze Ingelmunster, 9-10 2C cl, 8-20 s. Ingelmunster-Anseghem, 6-05, 12-10, 6-15. Anseghem-Ingel/munster7-42, 2-20, 7-45. Lichtervelde-Dixtr,ade Furnes el Dunkerke, 6-30, 9-10, 1-35, 7-54. ÜMftferfo-Furnes-Pixmude el Lichtervelde, 6-55, 11-15, 3-45, 5-10. Dixmude-M'e»zpo»<, 9-58. 2 20, 8-40. Nieuport-/Kz;m?«fe, 7-40. 10-45, 12-00, 4-28. Thouroiit-Ostendc4-60, 9-15, 1-80, 8-08. Oslende-Thourout, 7-55, 10-10, 12 25, 6-15. Selzaete Eeeloo. 9-05, 1-25, 8-25. Eecloo-Selzaete, 8-35, 10 15, 4-22. Gand-Terneuzen, (station) 8-17, 12-15. 7,25 (porie d'Anvers) 8-30, 12-40. 7-45. Selzaele-LoAerera, 9 04, 1-30, 8 30. (Ie Merer. 5-10 m.) Lokeren-Setoetó, 6 00, OOB.B.B: BRUXELLES. 1POWDANC Courtrai dép. Bruxelles arr. 6,40 9,20 10,55 1,35 12,33 2,28 3,48 6,06 6,38. 9,16. COURTRAI, TOURNAILILLE. Courtrai dép. 7.00 10,56 2,54 Tournai arr. 7.81 11,47 3,48 Lille 8.35 11,55 4,00 5,34 8,47. COURTRAI, GAND. Courtrai dép. Gand arr. 6,42 8,01 12,31 1,52 6,29 6,32 3,47 8,03 9,41. 9,58. 6,40. 7,56. BRUGES, GAND, BRUXEULES. Bruges dép. 6,49 exp. 12,39 3'34 exp. 6,43 Gand arr. 7.34 1,84 4,19 7,58 Bruxelles 8,50 4,05 5,26 9,31 Bruxelles dép. Courtrai arr. Lille dép. Tournai arr. Courtrai Gand dép. Courtrai arr. Bruxelles dép. Gand arr. Bruges Terneuzen-Gand, 6-00, 10-30, 4 40. 10-25, 4-45. (Ie Mardi, 9,30.) TP. S BRUXELLES, COURTRAI. 5,22 8,28 12,21 5,35 6,47. 8,00 10,43 2,41 7,83 8,44. LILLE, TOURNAI, COURTRAI. 5,20 8,25 11,05 2,82 8,20. 5 45 8,50 11,34 2,47 5,39. 6.37 9.47 12/26 3,42 0,36. GAND, COURTRAI. 5.38 9,39 1,28 4,24 7,2t. 6,57 10,52 2,49 5,81 8,42. BRUXELLES, GAND, BRUGES. 8,14 „,00 9,41 7,15 10,34 8,14 11,53 3,12 6 00 9,41 1.23 4,26 exp. 6,37. !4 2,38 5,11 7,22. m J'élais un jotir chez <1cs amis avec lesqnels mes relations, depuis longues années, sunt des plus cordiales. Venez après demain passer la soiree avec nous, me dit la mailresse de la maison, je vous proinets un spectacle intéressant. Qnoi done? Un phéuomène. -Quelle e-pèce de phénomène? Un phénomène. Madame X..., mon amie intime. nous amènera sa Lionne de la Mitidja. Une lionne apprivoisée! Tout ce qu'il v a de plus apprivoisé, une brebis, un agneau pour la douceur. Hum! douceur a laquelle je ne me lie guère, pas plus qu'a celle de voire gentil Minel, qui a des regards si bénins, vous séduit par ses genlillesses et ses mines caressantes, et au moment qu'on y pense le moins laisse passer la griffe. Quand on me parle d aimables bêles du genre de celles que vous me vantez, tout d'abord me revient a l'espril l'aventure tragique de l'Anglais. Quelle aventure? Celle du gentleman, qui, lui aussi, avail fait sa société d'uri lionceau d'Afrique. L'animal folA- trait en toute liberie dans son salon, et la unit couchait sur le tapis de sa chambre tout comrne s'tl n'cüt été qu'un king's Charles. Or, un matin on enlendil duns cutle chambre un bruit singulier cutnme celui d mie bottle roulant sur le parquet ébranlé en niême tainps par les bonds de l'animal. Les domestiques, moins conti,mts tjite leur inaitre, entr ouvrirent la porie avec precaution et ils vi- rent le lionceau qui, les babines toiiles sanglantes. jouait avec la tète de l'Anglais dout Ie corps gisail par trongons sur le lil. Oh! l'atTreuse histoire! Mais e'est une calom- nie. et je ne crois pas le brave lion capable d'une telle noircetir. Quoi qu'il en soit. vous n'avez iei rien it cratndte de pa rei Iel ma lionne je vous en l eponds. est la plus genlille el la plus inoffensive créature qu'on puisse voir. Elle n'a lué ni mangé personne encore, je le veux bien; mais e'est tine fantaisie qui peul lui ventr d un instant a l'autre, et je n'aunerais pas que l'expérience se fit a mes dépens. Pültron! Non, prudent. Vous vous tiendrez a distance, encore qu'il ny ait pas le moindre danger. Ma lionne ne montre ni griffes, ni dents, et on ne l'a vu qu'nne fois irritéeet terrible, mais c'élaitdaris le cas de legitime défense. Je ne puis vous dlssimuler même, ajouta la dame avec un malicieux sourire, que, dans cette cireonslanee, elle a lué quelques hommes, a la vcrité des Bédonins. N'importe. Voila qui n'esl pas fait pour rassurer, mais dti tout. Vous ne viendrez pas alors? Ju viendrai paree que ju suis fils d'Èvu, mais je viendrai, prenez y garde, armé de toutus pie ces, avec casque et cuirasse, et ayant dans ma poche tout un arsenal. Libre it vutis. Justement nous sommes en carnaval, le travestissemeni ne semblera pas extravagant. J'aurai quelque plaisir a vous voir costume en Don Quichotle. Je vous promets en récompense dn thé el des sandvvichs. Est ce que voire lionne pn nd du thé? -- Assnrément, et avec une grace tuute pari- sienne. Oh! alors cela me decide complétemene. Et vous pouvez, après-demain. compter sur moi. Une lionne qtti prend du thé! On peut bien s'ex- poser a êlre un peu croqué pour voir de prés celle curiosilé. Le snrlendemuin, eneffet, exact au rendez-vous, dès huil heures je sonnais chez mes amis, bien entendu dans mon costume ordinaire, en frac et paletot, mais, s'il faut l'avouer, dissimulant dans la poche de mon liabit deux pistolets mignons cha rgés el amorcés. Prudence est mère de stireté, pensais-je avec le Bonhomme. En entrant dans le salon, je parcourus la pièce d un rapide coup d'oeil, mais nulle partje n'apercus la béte en ques tion. Elle n'était poiut encore arrivée, sans doute. Dans le salon rien d'alarmant, et au contraire. Prés de la cheminée, mon ami causait avec un monsieur it moi inconnu, mais qua sa moustache grisonnante, a sa redingote noire fermée exacte- ment et orhée du rnban ronge, je jttgeai devoir êlre un militaire. A quelques pas, aulour d'un gnéridon, la dame de la maison, son amie et une autre personne, demoiselle on dame, étaient assi ses examinant des broderies. Après I'échange ordinaire des polilesses, mon ami cl son interlocutoir s'élanl remis a causer d'affaires, je m'assis prés du cercle féminin, et alors j'examinai plus atlenliveineiit l'étrangère. La présentation officielle m'avait apprjs qu'elle s'appelait mademoiselle Marie, et qu'elle ctait fille de monsieur avec lequel s'cntrelenait mon ami. Elle me parut toute jeune encore, presqn'une enfant, peui-être a cause de sa tiinidité pleine de grace el de sa figure candide. Je le lui donnais dix-huil ans a peine. Sa taille mince et un peu aii-dessous de la moyenne, ses mains blanches et mignonnes. ses traits délicats mais des plus agréa- bles, annongaient une organisation frêle. Ses yettx intelligents et doux reflétaienl toute la pureté d'une ame angélique; le sourire qui semblait se plaire sur ses lèvres vermeilles avait l'ingcnuité de la première enfance. Nulle pretention, nulle co- quellerie, point de mignardise ni d'afféterie, et un cosiuiue dont j'adniirai l'élégante simplicité. C'était en un mol un lyjie charmant de jeune fille, modeste, réservée, naïve, et aussi soigneuse de cachet' ses mérites, que d'autres sont empresses a les étaler. Elle prit sur la table une broderie pour /examiner de plus prés, mais tout "a coup poussa un cri en montrant son doigl oü la pointe d'une aiguille avait fait une blessure presque impercep tible. Vraiment, dit avec un sourire un peu mo- queur la dame qui l'aceompagnait. votre eri m'a fait craindre quelque malheur. Vousêtes douilieltc aujourd'hui, mignonne. La jeune fille rougit et, d'un air d'aimable re- proche, montra son mouchoir oü se voyaient, a deux oit trois places, de petites laches roses de la lai'geur d'une lenlille. Cependant la soirée s'avancait et la lionne n'ap- paraissail point; plusieiirs fois j'interrogeai du regard la maitresse de la maison, qui n'avait pas Fair de comprendre, ou me répondail avec un certain sourire narqnois qui me fit penser que j'étais mystifié. On servit le thé et mademoiselle Marie ne se fit pas prier pour en prendre plusieiirs tasses, sucrées it la parisienne, et croquet', en nous montrant ses blanches dents, de vraies perles, croquet-quel ques petits-fours et madeleines. Mais j'eusse pré- fét'é voir a sa place la lionne promise, je l'avoue au risque de passer pour plus curieux que galant. Onze heures sont èrenl. Le militaire et sa fille se Ievèrent et tous deux sortirent, bien entendu après que les dames se fnreut etnhrassées avec mille gracieux compliments et la promesse dc se revoir. A CONTINUER.

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1874 | | pagina 1