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INNE DE LA Ml
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Mercredi 4 Mars 1874.
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9me année. N° 853.
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Le Journal parait le Mercredi el le Samedi. Les insertions coiitent 13 centimes la ligne.Les réclames, dans le corps du journal, se paient 30 centimes la ligne. Un numéro du journal, pi is au Buieau, 15 centimes.
Les numéros supplémentairés commandés pour articles, Réclames on Annonces, coiitent 20 fr. les 100 exemplaires.
c; ii e m a n e e is.
La Listc pour los Étrenncs
sera clolurée Samedi proohain.
OBSERVATION
SUR LA LECTURE DES MAUV'AIS JOURNAUX
ET DES MAUVA1S LIVRES.
Lc Mandemenl de Carcme do Mgr EEvcqne
de Tournai a pour objf'I, de prémunir les
fidcles cönlre les mauvais écrils el les mau
vais journaux. Le journal isme irréligieux et
immoral est la grande ealamilé, le grand
scandale de nol-re lemps, le moyen le plus
perfide et le plus cfficaee pour faire périétrer
dans Ie cceur des fidèles le venin de j'incré-
dulité. E'Evéque clierche surlout a prémunir
ses otiailles contre ces journaux moins im-
pies, moins immoraux en apparence, mais
au fond plus dangerenx qui, grace a tine
taclique insidieuse, parviennont a s'insinuer
pnrlout. II les compare a ces faux prophetes
qui viennenl ct nous couverts de ta peau des
brebis et qui, en réulité, sont des loups
ravissants.
Voici un passage de ce mandemenl:
Si voos vQulez raster chréliens sincères
el vrais catholiques, pouvez vous vous dis
penser de croire ce que l'Eglise croit, de
condamner ce qu'elle cotidamne, d eviler ce
qti'elleinterdi1d'observer re qu'elle ordonifèf!
Son autorité esl cellé mème de Jésus-Clirist:
Celui qui vous ëcoutemécoule, a dit le
divin Maitre, et celui qui vous mépriseme
méprise. Son autorité est cello de la mere dc
vos ames.
Or, l'Eglise vous inierdit dc lire les mau
vais journaux, a plus furie raisoti de vous y
abonner ou de les pntroner do quelque ma-
nière que ce soil; el cette defense est des
plus graves. El Ic est bien plus grave que
cellede Eabstieence, que vous vous gardoz
d'enfreindre. Cclle-ci n'a pour raison directe
que d'affliger le corps pour l'assujettir a la
raison, tandis que Tantra a pour bul de pré
munir votre ame conlre la contagion de
Timpiélé et des vices, et de conserver on
elle les dons précieu.x de la foi ct de Tadop-
tion divine qu'elle a recus dans le baplème.
Quand les lois de l'Eglise sont violées
avec eclat et scandale par des catholiques in-
dignes de ce nom, vous vous récriez et vous
ètes oulrés de douleur: ces hommes, diles-
vous, ne sont plus ehrétierjs; ce.ne sont que
des enfants dégénérés et rebelles; ils bra-
vent Tautorité de leur Mère et foulent aux
pieds ses ordonnances les plus sacrées. Mais
si vous-mêmes, contra la defense formelle,
rigoureuse, souvent el solennellement répé-
tée de l'Eglise, vous vous attachez a un mau
vais journal, si vous le lisez, si vous vous
y abonnez, n'avez vous pas prononcé votre
propre condemnation? Vous vous appelez
enfants de l'Eglise. et vous refusez de lui
obéir. Vous fuiies plus, c'est-a-dire, vous
faites plus mal encore: ce mauvais journal
jet te sans cesse Tinjure el Toulruge a voire
Mere, et vous le lisez de sang froid, vous le
souffrez cbez vous, que dis-je? vous l'accueil-
lez avec faveur, il fait Ie charme de vos loi-
sirs, vous le soudoyez, vous le payez, vous
Tencquragez: pouvez-vous vous appeler
réellemcnl les enfants de l'Eglise? Et si vous
nc le pouvez, quel sera voire sort? Pensez-y
bien, N. T.-C. F. et vous serez frappé:; de
cette première et odieuse inconsequence.»
DECLAMATIONS ElRfRALES ET
DEVOURMENT CATI10LIQUE.
Le fait de Tapprobalion donnée par le
Saint Pére a la conduiledu respectable doyen
de Péruwelz, qui a mieux aimé se rendre
passible d'une condamnation judiciaire que
de Irahir son devoir de prètre, a révolté M.
Rara. Le tribun de la libre-pensée en a fait
le thème d'une de ses declamations les plus
passionnéesa la Chanibre.
Cela n'esl.pas étonnant. Les attaques con
tre Tautorité religieuse sont la specialité de
cct énergumène iibéral.
II exisle dans les campagnes nne absurde
croyanee, d'après laquetle nti.l n'oserait tou
cher au cadavre d un pendu. sans Tinteryen-
tion de Tautorité civile. Le malheureux aurait
beau respirer encore et supplier lui-méme
par des signes qu'on Ie rende a Texislcnce,
on se garderail bien de couper la corde qui
lui serre le cou en l'absencedu garde-cbam-
pètre, dans la persuasion que cela esl défen-
du par une loi.
Supposons que pareille loi exisle on en
a vu de plus monslrneuses M. Rara ose-
rait-il désavouer tin brave bommequi. sans
en lenir comjile, aurait rendu la vie au pen
du?
Evidemment non; s'i! est prêtropliobe, il
n'est ni barbare, ni fou.
Eli bien! voici un prètre qui se trouve au
lil d'tm rnoribond hors d'éial de se présenter
devanl Tofficier d'E'at Civil pour se marier
civilement, el qui, se repentant d'avoir vécu
dans le désordre, sollicite la légilimité reli
gieuse de liens illiciles. Sa conscience el les
devoirs de son ministère lui ordonnent de
répondre aux voeux du rnoribond.
Ne faudrait-jl pas le considérer comme un
lache, si infidèle a sa ruible mission, par
crainle d une pénalité judiciaire, il répondait
a sa demande par un miserable refus? Ne
doit-on pas le louer au contraire, d'avoir
encouru la prison ou Tarnende pour lesalut
d'une ame?
II est vrai que M. Rara, qui croit au pres
tige des formalités civiles, si insignifianles
qu'elles soient, n'atiache aucun prix aux sa-
crements tie l'Eglise.
Mais peut-il exigcr qó'un prètre, dont la
mission est de ramenor les hommes a Dieu,
soit comme lui un incrédule, un voltairien!
Allons done, une lelie prélenlion serait
plus qu'absurde.
Que cohclure de la?
Que le langage tenu dcrniéremenl a Ia
Cbambre par M. Rara n'est pas raisonna-
ble.
Quant a la loi qui defend de procéder au
mariage religieux avant que les formalités
dc mariage civil soient accomplies, pourquoi
ne se bate-t-on pas de determiner les cas
d'exception que Ic législateur lui-méme a
prév'us, sans les indiquer, paree que sans
doufc il comprenail lui-méme la dcfectuosité
de son.oeuvre?
UNE NOUVELLE ASSOCIATION CATilOLIQUE
D'ANCIENS ÉTUD1ANTS.
A Texemple des anciens éléves de TUniver-
sité calliolique de Louvain, plusieurs anciens
étudiants de Ylnst'Uul Saint-Louisa Bru
xelles, viennent de fonder une Association
pour propager l'instruction en fondant des
bourses d'études.
Nous ne pouvons qu'applaudir de tont
coeur a cette excellente iffstitution. C'est dc
la liberlé, de Tinitialive privée des catholi
ques que nous devons attendee de sérieux
efforts pour contrebalancer les ten la l i ves
persévérantos faites par le liberalisme afin de
pervertir l'enseignernent officiel. Le bul de
Association des anciens étudiants de l lu-
stitui Saint.Louis répoud a la Ibis aux né-
cessités modernes el aux sentiments de
reconnaissance que les catholiques bruxellois
éprotivent pour un établissement digne a
tous égards des sympathies et de la-con fiance
des families chrétiennes.
L'instruction eet art d'élever, decon-
struire pour ainsi dire. (mslruere) les carae-
téres, de leur donner des fondements solidec,
des principes et des lutniéres nécessaires a la
vie publiquo et privée Uinstruction est
anjourd'hui la question vitale ct dominante.
Mais pour laisser a l'enseignernent sa féconde
influence, il importe de lui imprimer un
caraclére profondément moral et religieux;
en cessant dc s'mspirer des vrais principes il
faillirait a sa mission et n'engendrerait que
des mécomptes.
Enlrelenir les liens d'amitié et conserver
la communauté de principes enlre les anciens
étudiants; rëndre a Tinsfitut tons les servi
ces qui tendraienl a son développement, et
spécialement créer des bourses destinées a
permetlre la fréquentation des cours aux
jeunes gons peu favorisés de la fortune, lelie
est la mission que l'Associalion s'esl imposée.
Notre concours ne lui fera pas défaut.
L'Association se compose de tous les pro-
fesseurs anciens et aetuels et de tous les
anciens éléves de Tlnstitut Saint-Louis qui
adherent aux statuts. La colisalion annuclle
des membres effectifs est de cinq francs au
minimum.
.Pourront ètre admis comme membres ho-
noraires, tousceux qui, sans avoir fréquente
Tlnstitut, s'engageron! a payer unecotisation
annuelle de dix francs.
Jusqu'a la reunion de la première assem
blee générale, qui aura lieu en Janvier 1875,
le bureau de TAssocialion est composé de
MM. Gust. Stinglhanber, président, juge au
tribunal dc 'lr0 instance, a Bruxelles; J.
Devolder,avocat, vice-présidenl: J. Godinne,
avocat a la cour d'appel, secrétaire; F. Gillis,
consul, Irésorier; Ch. Gampioni, avocat,
secrétaire-adjoint.
{Courr'ter de Bruxelles
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Poperinghe-Yprés, 5-15,V-25.9-30,10-58,2-15,5-05,9-20. Ypres-Poperinghe, 6-80,9-07,12-05,§-87;'6 50,8-45,9-50.
periughe-Hazebrouck, 7 13, 12-25, 4-17, 7-13. {J§zebrouck Pnperinghe-Ypres,"8-35, 10 00, 4 10, 8-28.
Ypres-Holders, 7-50, 12-25, 6-48. Itoulers- Ypres, 9-25, 1-50, 7-50.
Koulers-iirajres, 8-45,11 -34,1-13, (L. 5 56), 7-3G, (9-55. Lichterv.) Lichterv.-Thourout, 4-25 m. Bruges-Bottlers, 8-28,
12-50, 5-13,6-42. Li eh te r ve I d e - Courtrai5-25 m. Zedetghem Thourout, 12-00.
Ypres-Courtrai, 5-34,9-49,11-18,2-35,5-28. Courtrai--Ypres, 8-08,11 -.02 2-56,5-40,8-49.
Ypres-Thourout, 7-13, 12 06, 6 20, (le Samedi a 5-50 du matin jusqu'a Langhcmarck). Tliourout- Ypres, 9 00, 1 -187 45,
(le Samedi a 6-20 du matin de Langhemarck a Ypres).
Comines-Warnêton Le Touquel-Houplines-zlrwie»tö?res, 6 00, 11-50, 3-35, (les Merer. 8-40 m. 6-30 s.) Armantièros-lloupli-
nes Le Touquet-Wa'rnéion-Comines 7 -40,2-00, 4-45. (le Merer. 10 35 m. 8 00 s.) Comines- Warnêton 8 40, m 9-3o s. (Ic
Lundi 6 30 s.) Warnêton-Comines 5-30, 11-10, (le Lundi 0-50 s.)
Courtrailiruges, 8-08, 11-00, 12-35, (L. 5-15), 6-53.. (9-00 s. (Licbterv.)— Bruges-Co/trtrat, 8-25, 12-50, 5-13, 6-42.
Bruges, Blarikenberghe, Ilcysl,, (station) 7-30, 11 04, 2-50, 7-35. Heyst, Blankenberghe, Binges, 5-45, 8,30 11-30, 5-30,
Blankenberglle-, Bruges, 6-10 8 55. 12-00.
ingelmunster Deynze Gand,.5-15, 9-412-15. Ingelmunster-öet/wse, 4 80 2" cl., 7-15. Gand-Deynio-Inyelmimster, 6-58,
11-20, 4 39. Deynze Intjehnunslcr9-10 2C cl, 8-20 s.
I ngel in unster -Anseghem, 6-05, 12-10, 6-18. Anseghem-Ing el munster, 7-42, 2-20, 7-45.
Lichtervelde-Dixir. ade Furnes et Dunkcrke0-30, 9-10, 1-35, 7-54. D«»iAerAe-Furnes-Dixmude et Lichter velde, 6-55, 11 15,
3-45, 5-10.
Dixmude-AYewport, 9-55, 2-20, 8-40. Nieuport-Diaimwde, 7-40. 10-45, 12-00. 4-28.
Thourout-Oslendc, 4-sO, 9-15, 1-50, 8-05. Oslende-TTiowowt, 7-55, 10-10, 12 25, 6-15.
Gand-Terneuzet}, (station) 8-17, 12 15. 7,25 (porte d;Anvérê):8-3o' 12-40. 7-45 -J^netiion-ffand, 0-00 10-30, 4 40.
Merer. 5-10 tn.) Lokercn-SeLïffiefó, 6 00,10-25, 4 4o. (le Mardi, 9,30.)
Selzaete-Eecloo, 9-05, 1-25, 8-25. Eecloo-Se/^aete, 5-38, 10 15,4-22
Gand-Terneuzen, (station) 8
Se\iaeie-Lokere/i, 9 04, 1-30, 8-30. (le
c O It Tï. ESPONDAW CBS.
COURTRAI, BRUXELLES
BRUXELLES, COURTRAt,
Courtrai dep. 6,40 10,55 12,33
Bruxelles arr. 9,20 1,35 2,25
CjOURTRAI, TOURNAlLII.LE.
3,45 6,38.
6,06 9,16.
Bruxelles dep.
Courtrai arr.
5,22 8,28
8,00 10,43
12,21
2,-41
5,35
7,53
0,47.
8,44.
LILLE, T0URNAI, COURTRAI.
Courtrai dep.
Tdtirnai arr.
Lille
7.00
7,51
8.35
10,56
11,47
11,55
2,54
3,48
4,00
COURTRAI, GAND.
Courtrai dep. 6.42 12,31
Gand arr. 8,01 1,52
BRUGES, GAND, BRUXELLES.
5,34
0,29
0,32
3,47
5,03
8,47.
9,41.
9,55.
6,40.
7,56.
Lille dep.
Tournai arr.
Courtrai
5,20
5,45
6,37
8,25
8,50
9.47
11,05 2,82 5,20.
11,34 2,47 5,39.
12,26 3,42 6,36.
GAND, COURTRAt.
5,38 9,39 1,28 4,24
Gand dep.
Courtrai arr. 6,57 10,52 2,49 5,31
BRUXELLES, GAND, BRUGES.
7,21.
8,42.
Bruges dép. 6,49 exp. 12,39 t3'34 exp. 0,43
Garni arr. 7,34 1,84 4,19 7,58
Bruxelles 8,50 4,05 5,26 9,31
Bruxelles dep. - 8,14
Gand arr. 6,00 9,41
Bruges 7,15 10,34
11,53 3,12
1 23 4,26 exp.
2,38 5,11
6,37.
7,22.
Suite. Voir Ie N." précédent.
La porie a peine refrnnér. je me touroai vers
Madame 1)..avec l'air de reproche.
Vous vous êles agréabh ment moquée de
moi, lui dis je avec vivacilé, il e>l vrai qnej'ai
donné dans !e plégc en vraTnigaiid M.iis'jéne
vous crovais pas, belle d iine, tanl de inalicé et.
d'aplomb.
Comment cela?
Et voire lionne?
Vons l'avez vue.
Comment, je Eai vue? Voitii qui est forf, et
ce qu a coup sur vous lie me persuadiTez pas.
Vous l'avez vue, crpendanl, de vos yéux
vue, j'en appelle a mon ainie.
Assurément, dit cclle-ci.
Décidémcnt, Mesdames, m'écr iai-je un peu
piqué, c'est un complot, unparli prisde persiiïlage
et de taquincrie.
Mais nullemenl, nullemént, dit madame
DQuoi done! n'avez vous pas compris que la
lionne de la Mitidja; c'est mademoiselle Marie,
Taimabie enfant qui vient de nous quitter?
Mademoiselle Marie, cette jolie et candide
personne, la lionne en question. Mainlenant vous
parlez en énigmes. Mais, vous Ie savez, je ne suis
pas OEdipe, cl a sa place, certainement j'aurais
fait friste figure devanl le sphinx qui m'rut infail-
liblement tordn le rou. Pour que je drvine un
logogriplie, il faul qu'on m'en rlise Ie mol.
Mon amir sVn charge pour celui ri, altendu
qu'elle commit I'histpire dan- ses raoindres details.
Madam» Xfit un signc d'asscnlimcnt, et
voici cc qu'elle nous raconla:
Lc licuteiiiinl Pellclicr. Ic monsieur que vous
vencz de voir, conlrainl. jeune encore, a prendre
sa relrailr par suite de blessures qui lui rendaient
le service aclrf Irop pénible. se décida a rester en
Afriqtie, Ic climat paraissant convcnir a son tem
pérament. Mais pour oecuper scs loisirs forces
autrcment qu'avec le billaid, Ie jeu de boules on
Ie jeu de carles, il résolut d'uliliser des connais-
sances spéciales, fruit de ses études, dans one
exploitation agricole. Une petite ferine, dont le
propriétairé venait de mourir. se trouvait précisé-
ment a vendre dans la plaine de la Milidja, .i quel
que distance de BoulTarick. Les condilions sem-
bjaient des plus avanlageuses, et Ic licutanant.
aprcs avoir visité la propriété, n'hésita pas a les
accepter. L'habitalion se trouvait bien tin pen isolée
et éloighée de la ville, mais la paix signée avec les
Arabes rassurait 'Ie nouveau colon, qui d'aiileurs
P'it soin de faire créngjer ct fortifier la maison,
déja solidement construite, de fagon a ce qu'elle
put soutenir au besoin un siége de qtielqnes In u
res. Puis il s'v install» avec sa filie (le lieutenant
était vcuf) ct quelques domcsliques, la plupart
anciens mililaires, sur la bravoure et Thunnêtelé
(Icsqucls il pouvail ëampler. Pendant que son
père diiigeail les travaux dn dehors, Marie s'oc-
ctipaH a la maison dc petits ouviagesa l'aigirille,
tont en surveillant le ménage contié aux soins
d Ursule, grande et robusle alsaciennc, une brave
tide, mais nou pas une filie brave. Arrivée récent-
ment de son village, la têle pleine des récits
elTrayanls qui prolongent la veillée, et d'aiileurs
un pen sotle, elle v i va it fii dans des trances conli-
nuetles. A peine osait-clle s'avcnttuer dehors a
quelques pas sénlcmcnt dc la maison; car derrière
chaque huisson elle soupcönnail un animal féroce,
dans chaque toniïc d'herbe un serpent. Les Ara
bes qui passaient all loin dans la plaine avec letirs
grands burnous blancs lui seinblaicni autanl de
revenants, et si pcu qu'elle les til ajuproclier, elle
rcntrait au plus viie en proie a des fray eurs mor
telles. Marie, (oute jeune fi lie encore cl pen aguer-
rie elle-méme, devait séputseren longs discours
pour la rassurer; encore n'y parvcnait-ellc pas
ton jours.
L'ancien lieutenant, moins charitable, s'égayait
de la pollronncrie d'ürsnle, d'atitanl plus volon-
tiers qu'il ne vovait, hiide'danger hulle'part, ct
brave par tempérament comme par habitude, il
poussait le courage parfois jusqu'a Timpriidence.
Sa rémérité de jenne homme lui valut a celte épo
que une lecou sévère, et qui etil pu ètre plus terri
ble encore. Dans un dc ses défrichements, il était
gêné par mi énorme roclur qu'il voulul faire
satiler avec la mine. Le fourneau (lisposé, toiis
s'éloignc'rent et le feu fut mis a la trainéé; cêpeii-
danl, par suite d'une solution de con tin u té on de
quelque autre circonstanee, l'explosi-on n'eul pas
lieu immédiatement. Lc lieutenant, impatient du
retard, voulut en connaii.-e la cause, et, malgré
les observations de ses onvriers, il quilta sou abri
souterrain ponr aller dc plus prés examiner la
trainee. II en était,a quelques pas senlemcnt quand
lout a coup l'explosion cut lieu avec un fracas
épouvantable, el un éclat de roclie lancé avec
violence, vinl le frapper la jambe droite, qui fut
cassée en deu\ cudroits.
Itelevé par ses doBiestiqiiés; le lieutenant fut
rapportéa la ferme, et je u'ai pas besoin de dire la
douleur tl les larmes de Marie. Mais Tangoisse de
sou coeur nc lm Olail ni la presence d'esprit ni la
piévoyance. Elle s'occupa immédialement des
premiers soins a donnet- au blessé, en attendant
Tarrivée du chirtirgïeft qu'elle ovait énvoyé cher-
cher a 8ouffarick. Le lieutenant a demi évanoui
fut por té dans la cbambre qu'il occtipait au pre
mier, el placé sur sou lil oit les soins empresses de
sa fiIIc lc rappelèrcnl b la vie. II avait repris lout :t
fait ses esprits quand arriva Ir docteur. Celui-ci
cónslala la double fracture, el, nprès avoir rap-
proché les os, il fit les ligatures el disposa les
appareils en ordonnanl, bien enleliduI'imn'tóbil'i-
lé la plus compléte, surtout a l'égard de la jambe.
I a floulctir, au reste, avertissait Ie lieiitenjnt au
inoihdie mouvement de la nècessilé dc se confor-
iTit-r b Tordonnance, et malgré la fotigïie et les
Impatiences de son caraclére, il dut se rési'gner.
Marie d'aiileurs ne le quittait pas d un instant; et
la presence de cetle chére enfant, et les mille
touchaoles inventions de sa lendresse ingéniense
faisaient que le blessé ne se plaignait pas trop haut
de la longueur des journées. Puis, il savait ses
domesliqiies et ses onvriers tous égalemênt dé-
voués, sans qu'il fut besoin de l'ceil du maitre pour
slimiitèé leur zéle.
L'ex-lieutenant était depois quelques jours déja
élendil sur son lit lorsqii'nh de-ses amis, habitant
iioiiffarick, viut lui rendre visite et favertir de se
lenir sur .srs gardes, car de sotirdes rumeurs
circiilaient dans ia vjijle, et Ton pouvait craindre
de la part des Arabes une nouvelle levée de bou-
cliers. 1
Balh! balbj. dit le blessé, voila tout i\ l'heure
six mois qiTóri dit cela et personne n'a bougé. A
quoi bon jeter ainsi Talarme? Les Arabes n'ont
point envie de recommencer une guerre que rios
razzias leur rendent si funeste, et comme nous
mainlenant ils ne pensent qu a letirs troupeaux et
a leurs moissóns. Merci pouriant de l'averlisse-
rr.ent, j'en tiendrai có'mpté, bien que je ne croie
gtière au danger. J'invilerai mes hommes a la
vigilance, et dèmain Tun d'eux ira a Boiififarick
cliercher des munitions. A continuer.