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Mercredi 11 Mars 1874.
9nie année. N° 855.
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Le Journal parail le Mercredi et Ie Samedi.
Les insertions coutent lo centimes la ligne.Les réclames, dans le corps du journal, se paient 30 centimes la ligne. Un numéro du journal, piis au Bureau, 15 centimes.
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C HEMS 3¥ S EB E F F ES.
arr.
LA FRANCE.
HISTOIRE DES QU.ATRE DERNIÈRES
ANXI-ES.
Le Monde poblie tin bon article rélrospec-
tif sur le chemin parcouru par la Droite de
l'Assèmblée nationale de Versailles; nous
reproduisons cel article:
II y a qualreans, la Chambre se réu-
nissant a Bordeaux éiait pleine d'espérance.
Ses reprèsenlanls. presque tong monarchis-
tes et lous conser.vaieurs, serraicnl. avec
orgueil leurs rangs compacies et se considé-
raienl enmme nruiires des desiinées de la
France. Personne ne serail assez fort pour
les arrèter. assez fin pour les diviser. IIs
élaient la majorilé, ilsélaienl presque l'una-
nimilé. Les boiiaparlistes, encore écrasés
sous de poignanls souvenirs, n'osaienl pas
élever la voix. Les républicaihs venaient de
dortner la preuve de leur parfaile incapncilé,
soil a conduire la guerre, soil mèine a nétro-
cirr la paix. Le pays étail alterré el prèl a
accenler loul ce qu'on lui proposerail; ilavait
dans ses depuiés une confiance illimilée, et
il leur avail .dunne un mandal sans condi
tions. On ferail la monarchie quand on
voudrait.
Dés lors, poorquoi se pressor? Ne valait-il
pas mieux réörganiser la France, reconstrui-
re pierre a pierre l'édifice politique et social;
puis, quand il serail terminé, rappeler le
roi comme l'höted'un palais bati lout expres
pour le recevoir?
Quelques mois s'éeoulèrent. La Commune
éclata; elle acheva d'aecable'r de ses ruines
sanglanles le parti républicain, comme Sedan
avail élouffé l'empire.
La Majorilé sentii ses forces s'accroitre;
c'était liien a elle, et a elle seule, qu'il appar-
tenait de sauver le pays. Dés lors elle pouvail
y travailler avec muturilé, avec Icnleur. II
fallail reviser loutes les lois 1'une aprés I'au
tre. On commenca par les plus petiles, afin
de se faire la main, ajournanl les lois de
principes a nnc époque plus loinlaine, et
réservant la forme du gouvernement pour la
fin. On avail des siédes devant soi.
Devant cette politique inattendue.'lcs par
tis vaincus setatérenl. Ilsélaienl bien mala
des, mais ils respiraieni encore et on neson-
geait pas a les achever. Dés lors ils avaient
espoir, non plus de régner, mais dc vivre.
Leurs vainqueurs, dédaignanl la vengean
ce, ne s'occupaient plus d'eux. Alors, avec
une patience, une adivilé, une énergie qui
donnent aux conservateurs une lecon. ils se
réorganisèrent ee se remirent an travail, lis
avaient enlre les mains leur arme favorite,
le suffrage universel, qui venail de les bles-
ser, mais par accident. Car ils savaienl par
expérience que jamais, en temps ordinaire,
les conservateurs ne sauraient s'en servir.
Ceux-ci auraient done dii la briser. lis ne
daignérent point. La loi electorale devait
ètre comme lesaulres, réfléchie, ciselée, par-
faite, et par conséquent faite avec lemps et
mesure; et d'ailleurs un vieux préjugé par
lementaire est que toule Cbatnbre qui fait
une loi éleclorale doit tool d'abord s'y sou -
meltre. Par conséquent celle-ci, qui se trou-
vait bonne, non sans raison, ne voulut pas
se presser.
Lesjournanx recommencérent a attoquer
les partis monarchiques; les comités refor-
merent leur organisation occulte el icnouè-
rent les mailles de leurs réseanx. Les mois
s'écoulèrent. Une Chambre nornbreuse o IT ra i t
aux coups de la mort une large surface. Des
vides s'y firent. Les démocrales, les radicaux
parvinrent, par d'habiles mancé'uvrés, a
faire nommer quelques uns des leurs, tanlót
l'un, tantót Pautré.
Les atomes de la première heure reformé-
rent un noyaii qui grossit peu a pcu et finit
parétre un parti. La Majorilé regardait; elle
s'étonnail, mais sans s'effrayer de cel enne
mi naissant qu'elle pourrait toujours anéan-
tir d'un vote, s'il devenait irop hardi.
Des mois s'écouléreut encore. Le mécanis-
me électoral se perfection!)». Le parti répu
blicain vit grossir le nombre de ses adbé-
renls.
Le part: boriapariistc lui-même avail repris
courage. Il avail suivi les meines errements
ei etail dovenu un groupe impuissanl par
lui méme, mais qui pouvait, par des ma
noeuvres habiles, se porter tanlöl d'un cölé,
lanlöt de l'a ut re, el determiner des coups
inaltendus d'équilibre.
La Majorilé commenca a comprendre que
Ic temps pressail. Elle ne se décida pas. Pour
mille raisons, elle ne nous donna ni gou
vernement. ni lois.
Elle avait pourtant entre les mains un
moyen efiicace de désarmcr ses adversaires.
La lumiére s'etail faite sur leur passé. On
avait enlre les mains loutes sortes de docu
ments qu'on pouvait publier pour démontrer
au public leur incapacité, leur faiblesse, et
briser par la deconsidération loutes leurs
prélentions politiques. Quelques hommes
d'entre eux, d'ailleurs, éiaient tombés sous
la rigueur des lois. Ou pouvait les poursui-
vre soit devant des tribunaux criminels ponr
crimes ou debts, soil devant les tribunaux
civils pour reparation du domtiiage qu'ils
avaient causé. Les jngemenis rendus, quels
qu'ils fussent, seraient une flélrissure qui
expulserait pour lougiemps de la vie poliii-
que une foule d'tt id bi t.iotix reduuiabjes. Les.
noloriétés seraient dépouillées de leur pres
tige, et pour quelque temps le parti radical
n'aurait plus dc chefs.
On recula devant ce moven. Le Gouverne
ment avait a sa tète M. Thiers, qui prali-
quait la maxime de diviser pour régner. II
paralysait la Droite, reconsiituait la Gauche,
se tenait entre les deux, faisail de la clémen-
ce au risque dos honrièles gens, recueillait
de la popularité de carrefour, lemporisait,
intriguait, si bien que, quand il lornba, la
Majorilé, parses soins, était disloquée.
Sa chute, cependant, était une victoire; on
n'en profita point. Ou se félicita, on s'em-
brassa, mais on ne fit rien; les partis se
secouérent comme s'ïls avaient recu une
averse. Puis ils se sécbérent et reprirent
leur manoeuvre. AujourdTiui, oii en sonnnes-
nous?
Les itïipercepiibles noyaux d'il y a quatre
ans, la mmorité de l'année dernière repré-
senlent la moitiè de la Chambre. Isolés, ils
sonl égattx it l'ancienne majorilé; groupés,
ils sonl plus forts. Les votes dependent d'un
hasard, d'un déptilé malude, de quelques
absences.
Eu restera-t on la? Non: les deux plateaux
sonl en équilibrc; mais le suffrage universel
ne cesse de verser du cólé gauche des unités
successives quidéplacent peu a peu le niveau.
L'équilibre durera encore un mois, deux
mots; dans peu de temps, il sera définitive
men t rompu et ne pourra plus se rétablir,
a moins que des événemeuts imjirévus- ne
joltcnt a terre et les poids, et les plateaux,
et la balance elle méme, et nous avec.
A qtioi sert il dés lors de faire une loi
éleclorale? L'essentiel était de faire vile.
Celan une lot de combat,nul ne s'en cachait.
Quand elle sera bien préparée, bien rédigée,
la Majorilé ne sera plus en nombre pour la
voter. Armand havecet.
LA PERSECUTION.
Onenvoiede Munster, en Westphalie, les
détails suivants sur 1'enob.ère des meubles de
Pévéque de eet lo vil le, opérée le 23 Février
derniei
Ou savait dés le malin que la police de
vait, dans le courant de la journée, procéder
a la vente des meubles saisis. Vers neuf
heures, le commissaire pnsetir. un officier
de police et deux agents se rendirent au
palais épiscopal pour chereher les meubles et
les transporter sur la place siluée devant le
tribunal d appel ou I'epchere devait avoir
lieu. Ce n'esl qu'a gratid'peine qu'on avait
pti engager ces deux agents a se prèter a
cette opéralion; tons lés antres avaient pre-
texté de pressantes occupations ailleurs. On
se hate aussitöt de déscendre des fauteuils,
des chaises, des sophas, etc., sur la place
publique. Sur ces entrelaites, la foule s'était
amassèe; elle grandissait de minute en minn-
le, de sor'e qu'en moins d'un quart d heure
la placode la Calhédrale était couverte litlé-
ralement de speclaleurs. 11 va sans dire que
de tous cötés pariaicnt descrisd'indignation,
quand tout ii coup on entendit de l'endroit
ou se trouvaient les meubles les cris de:
Hurrah! bravos! des centames jde fois répé-
tés. Que s'était il passé? La femme d'un des
agents avait pu pénétrer jusqu'auprès de son
mari, et après lui avoir vivement reproché
son action, elle le prit par le bras el l'entrai-
na après elle. Ce fait fournira évidemment
aux libéraux une nouvelle occasion de dire
que les maris vivent sous la domination de
leurs femmes dans les questions politiques.
Quoi qu'il en soit, les cris de bravo! se mè-
lerenl a un cri formidable de: Ytve Monsei
gneur! sorti a la fois de plusieurs milliers de
poitrines. Ces cris décontenancèrent le com
missaire priseur el l'offieier de police, d'au-
tant plus qu'une vmglaine de jeunes gens,
tous élèves du Gymnasc, s'étaient déja em-
parés de quelques meubles et les avaient ren-
trés au palais. L'offieier déclara alors qu'il ne
procéderait pas it la vente ce jour la, et il s'en
alia. Les cris de: Vive l'Evèq-ue! redoublè-
rent, et a peine la police eiit elle Ie dos
lourné, que les meubles furent reporlés en
un élin d'ceil au palais. L'offieier de police
avait voulu engager un juif qui étail présent
a lui prèter main-forte: Que Dieu m'en pré
serve. répondit-il, et il disparut de la foule.
La place de la Cathédraleétait encore encom-
brée a six heures du soir, quand le clergé
de la ville se ren dit en corps auprès de l'évè-
qtie pour lui exprimer ses doléances. Dans
la prévision d'un conflit, les postes mililaires
avaient été triples. Le méme jour, Mgr l'Evè-
que de Munster venait encore d'ètre condam-
né a 610 thalers (2,400 francs) d'amende.
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Popëringhe- Ypres, 5-13,7-25.9-30,10-88.2-13,5-05,9-20 Y p res - Poperinghe6-30,9-07,12-05,3-57,6 50,8-43,9-80. Po
peringhe-llazebrouck, 7 13, 12 28, 4-17, 7-13. Ibizebroock P«rpt>ringlie- Ypres, 8-33, 10-00, 4-10, 8-28.
Ypres-Jioulers, 7-80, 12-28, 0-48. Kouters- Vpres, 9-23, 1-80, 7-80.
Roulérs-Zfrujes, 8-48,11-34,1-13, (L. 8 86), 7-30, (9-88. Lichterv.Lichlorv.. Tliouroul, 4-23 m. Brages-Boiders8-28,
12r80, 8-13, 6-42.Lichtërvelde-Courtrdi, 8-28 m. ZeHelghem Tlipupnut. 12 00,
Ypres -Courlrai, 8-34.9-49,11-18,2-38,8-28. Couitrai- Ypres, 8-08,11-02.2-86,8-40,8 49.
Ypres-77totmm(, 7-13, 12 00, 0 20, (Ie Samedi a 8-80 dn malin jusqu'a Langhemarck)Tliouroiit-Ypres, 9-00, 1-18, 7 48,
(le Samedi a 0-20 du ma tin" dé Langhemarck a Ypres).
Comines-VVari)êton l.e Touquel-Itouplines-zlrwiewtórés, 0 00. 11-80, 3-38, (les Merer. 8-40 m. 0-30 s.) Armenlières-lloupli-
nes Le Touqiiet-Wn.rnéton-Comines 7 -40, 2-00, 4-48. (lo Merer. 10 38 in. 8 00 s.) Cominës--Wartiêlon 8 40, in 9-30 s. (le
Lüridi 0 30 s.) Warriëton-Cóinïwes 8-30, 1 1-10, (le Lundi 0-80 s.)
Courtrki lirages, 8-08, 11-00, 12-38, (L. 8-18), 0-88. (9-00 s. (Lichterv.)Bruges-Courlrai, 8-28, 12-80, 8-13, 6-42,
Bruges, ftlaiikeuherglie, Ilevs-t, (stalion) 7-30,1104,2-80,7-38. lleysl, lilaiikenherglie, Biuges, 8-48, 8,30 I 1-30, 8-30,
Blnnkenherjthe, Bruges. 6-10 8 88. 12-06.
lugeltnunster Deynze Gand. 8-18, 9-41, 2-13. Ingel munster-Deynze.4 30 2' cl., 7- 18. Ga nd- Deyiizöringelmunster6-88,
11-20,4-39. .Devnze Inge!munster9-10 2' cl, 8-20 s.
Ingelmunster-Anseghem, 0-08, 12-10, 0-18. Ansegliem-Ingelmunstèr, 7-42, 2-20. 7-48.
Lichtervelde-Dixnr. jde Furnes el üankerke6-30, 9-10, 1-33, 7-34. Zlit/iAerAe-Furlies-Dixmude el Lichlervelde, 0-38, II 15.
3-45, 5-10.
Dixmude-AYeupor/, 9-35, 2-20, 8-40. Nieuport-Df.rwMde, 7-40. 10-43, 12-00, 4-25.
Thourout-Osle/ide 4-HO, 9-18, 1-50, 8-03. Ostende-Thouroul, 7-83, 10-10, 12 25, 6-15.
Selzaeie Kecloo. 9-05, 1-25, 8-28. Eecloo-Selzaele, 8-38, 10 15,4-22.
Gaud-Terneazen, (station) 8-17, 12-18 7,23 (porie d'Anvers) 8-30, 12-40. 7-43.
Selzaete-LoAemt, 9 04, 1-30, 8 30. (le Merer. 3-11) m.) Lokeren,Selzaeie, 6 00
- Terneuzen-Gand, 6-00, 10-30, 4 40.
10-25, 4 43. (Ie Mardi, 0,30.)
O O R. R E sr* o N D -A. C
C0URTRAI, BRUXELLES
Courlrai dép. 0.40 10,53 12,33 3,43 0,38.
Bruxelles arr. 0,20 1,33 2 23 0,00 9,10.
Bruxelles dép
Courlrai
3D S
BRUXELLES, C0URTRAI.
5,22 8,28 12,21 5,33 6,47.
8,00 10,43 2,41 7,83 8,44.
CUURTRAl, TOURiXAl, LII.LE.
Courtrai vlép.
Tonmat arr.
Lil lu
7.00
7,81
8.33
10.86
11,47
I 1,85
2,34
3,48
4,00
3,34
0,29
6,32
8.47.
9,41.
9,53.
COURTR VI, GAND
Courlrai dép.
Gand arr.
6,42
8,01
1-2,31
1,32
3,47 6,40.
8,03 7,50.
BRUGES, GANO, BRUXELLES.
Bruges dép.
Gand arr.
Bruxelles
0,49 exp. 12.39
7,34 1,54
8,50 4,03
3'34 exp. 0,43
4.19 7,88
5,26 9,31
LILLE, T0URNA1COURTRAI.
Lille dép. 5,20 8,28 11,05 2,82 5,20.
Tournai arr. 5.48 8,86 11,34 2,47 5,39,
Courlrai 6,37 9.47 12,20 3,42 6,36.
GAND, CüURTRAl.
Gand dép. 5,38 9,39 1,28 4,24 7,21.
Courlrai arr. 6,37 10,82 2,49 5,31 8,1-2.
BRUXELLES, GAXD, BRUGES.
Bruxelles dép. 8,14 11,33 3,12
Gand arr. 6,00 9,41 1 23 4,26 exp. 0,37.
Brimes 7,15 10,34 2,38 5,1 1 /,22.
Suile. Voir Ir N° précédent.
Marie regard» par une rtillrr ouverture et elle
apercut a qiiehjue distance les Ar ihrs qui sein
blo ion I se coiisuller el qui. pn mini eusiiite leurs
fusils, se mireiit a lire»- dans la mnrailleen visiuil
aux meuririères. Marie de plus en plus inirépide,
saisit de nouveau l'arme que son père venait de
recharger et fit feu, mais avrc moins de succes,
sans doule a cause de la distance.
Conlinue. continue, dil son père en lui ten-
dant un nure fusil. cela su(Tit ponr lénir éloigpés
ces coquins qui tirent. eux. leur poudre aux moi-
neaux, car la muraille fe protege. Cependant
prends garde, car ils visent bien sur aux ouver
tures.
La fusillade dura ainsi une d.-mi-heure; notre
amazone, plus d une fois, tonehant le but, vit un
ennemi rouler a terre ou le burnous se lacher de
sang. Les Arabes semblaient presque découragés
et ralentissaient leur feu. Mais tout a coup le lieu
tenant dit a Marie:
Est-ce que dans l'armoire il n'v pas d'autres
rartoiichus!
Nun. pè,re.
Dunne-mol la poire a poudre!
Elle est vide.
Vide, secria le père avec un gesle énergique
dedénégalion. vide. inaisc'est iinpussible.
lu oublies, père, que Ie jour du falal acci
dent, comme vous vous trouviez ii court pour la
mine, on a pris parloul. Ce qui est arrivé ensuile
ne l'a gnère permis d'y songer.
Plus de poudre. plus de miiniljons. miirmn-
ra le lieutenant avec désespoir. II est dil que ces
brigands en viendroqt a leurs (ins. A présent nul
moven de les en empecher. Dunne moi du moins
moil sabre et mes pistolels, quejesalue les deux
premiers qui se présenteront. Ah! ma pauvre fille.
ma pauvre fille! ajouta-t-il avec douleur en lirant
Ie sabre du fóurreaü. je te prolégérai jusqu'a nio'n
dernier souffle, mais après. après
Père, j'ai la-haul une protectrice sur qui
Ton peut compter, et je le l'ai dit: Sois Iranquille,
ils ne me prendronl pas vivanle. Qu'ils viennent,
moi aussi je les attends, dit la jeune fille en décro-
chant one lourde hache d'abordage que. dans tont
aulre temps, elle eüt pu soulever a peine, et que
ill o i 11 te ti ant elle brand issa it entre ses nuiins déli-
cales comme un joujou. Son père lu conleinplait
avec stupeur et admiration.
Les Arabes cependant, voyant que de l'irilé-
rieur on ne tirait plus, s'éiaienl rappi'oehés, et
rassiirés par Ie silence dc l'assiégé, de nouveau, a
l'aide d'une énorme pierre dunt ils firent une sorle
de bélier, ils vinrent choquer contre la porie.
Celle-ci, après one longue resistance qui protivait
sa solidilé, céda néanmoins. et on l'entendil d't n
haul lumber avec fracas, ainsi que les iriiposies.
Un cri sauvage de triomphe accompagna sa rhtile,
et hienlót après, dans l'escalier, des voix reien li -
rent, el Pion vit enfin, an-dessns de la rampe. plu-
sieurs lètes encadrées du burnous surgiravee des
yetix élineelanls et d'affleux sourires ijui mon-
Iraienl des dents blanches, des dents de bêles
féroces. C'étaient les Arabes, menacanls. furietix,
inipfacabjes, et qui pourtant hésiièrent d'abord
devant le speclacïe inatlendu qui s'ofTrait a leurs
yeux. Le lieutenant, tenant de chiique main un
pistolet, fixait sur ies arrivants de flamboyants
regards. Et la jeune fille, armée de sa hache, se
dressait auprès de lui pareille a la lionne acculée
par les chasseurs. Son ceil lancait des éclairs, sa
figure oidinairemenl si tlouce. transfiginée par
une héroique colère, avait line expression inonïe,
ii la fois terrible et sublime. Après qiielque hesita
tion. les assailUintss'eneonrageant l'un l'autre,
franchirent la dernière iiiarebe le lieutenant fit feu
et deux cadavres ronlèrenl oir Ie planeher. Mais
d aiitres snrgirent soudaiu, el l'un d'eux, espèce
de géanl aux regards d'oiseaii de proie, se prèri-
pila vers Marie les- mams élrndiirs pour la saisir.
Un coup de hache, asséné conune par la main la
pins virile. I'élendit rAlanI aux pieds de la jeune
fille. Mais de oouveaux ennemis arrivaient plus
nombreux et furieux de celie atidscieuse defense.
Courage, enfant, courage! criait a Marie son
père en se souleyant ponr la protég.r autant qti'il
pouvait. Meurs: en héroïne! meurs en marlyre!
Tont a coup les Arabes tressaillirent Au dehors
résonnait le beiliqueux clairon des chasseurs de
Vincennes. Puis des coups de feu relentirent dans
la pièce d en bas en mêuie temps qii'ttne voix male
faisait tonner ces mois: En avant! en avant! a ia
Waïorinétte! lue:r-moi cez chacals! sabrez celte
canaille!
Les Francais! !es Francais! crièrent les
Arabes éperdus en se précipitant vers l'escalier;
mais la soudaiu l'on vit apparailre les baïonneUes
ensanglaiitées et les képis de nos braves chasseurs
qui. avertis par la fusillade, étaient venus de liouf-
farickau pas de course. En na clin d'ceil les Ara
bes fureut tous tués ou faits prisonniers, et le
lieutenant n'aperQtit plus autour de lui que des
libéraletirs et des amis.
Sauvée, Marie! lu es sauvée! dit le père avec
tin cri dans leqnel débordait ton te la joie de son
coeur.
Mon Dieu! mon Diett! pour mön père et
ponr moi, je vöils remercie, Ni erge sainle, sovez
bënie! dit Marie, qui, jetant sa hache, élait tombée
i) génotix.
Puis, comme si. pour la première fois. l'horri-
ble spectacle du sang el des cadavres frappait ses
regards, elle se couvrit les yeux de ses deux
mains avec un gesle d'épouvanle et toinba éva-
nouie. Lepéril passé, Théroïne redevenait femme.
Depuis ce jour, dans loute la plaine, comme it
BoufTarick, on ri'appela plus la jeune fille que
la Lionne de la Mitidja.