m LE p.GA N£- Mcrcrcdi 8 Avril 1874. XX§UQUt 9me année. N° 863. I 5 z >- £0 Le Journal parait le Mercredi et le Samedi. Les insertions content 15 centimes la ligne Les réclames, dans Ie corps du journal, se paient 30 centimes la ligne.- Un numéro du journal, pris au Bureau, 15 centimes. Les numéros supplémentaires cooïmandés pour articles, Réclames ou Annonces, content 20 Ir. les 100 exemplaires. C H E M 11\ S 1® E V E GS. Po- ETATS DE L'EGLISE. On écrit de Rome, 23 Mars, a fUnivcrs L'llalie est Ie pays de la declamation; aussi les sauvages do la presse y abusentils étrangeincnt el plus qu'ailleurs des vulgari- tés a la mode,sur le progrès de la civilisation, lis mettent leur progrès a loute sauce et le veulent introd lire coüle que coüle aux champs comme a la ville. Et pourtanl nihil nooi suh sole. On n'a- boulit qu'a changer le nom des choses, les choses restenl; settlement si elles étaient bel les on les enlaidit, si elles étaient mauvaises on les empire. Un exemple: jadis, il élait d'usage que les rois eussenl a leur cour un bondon usage médiocrement louable et raremerit utile. Le bondon jouissait, il est vrui, d'une sorte d'impunité, corrigeait les courlisans et le roi lui-mème, mais il fallait qu'il eüt de l'espril. Eh bien, aujourd'hui, la cour, je pariede la cour du Qmrinal, a pour bondon un jour nal qti'on appelle Funfu/la. Funfulludans Ia langue ilalienne, né veut rien direqu'une chose bodffonne, et c'est un nom approprié au journal de la cour, encore que Fanfulla se pique de porter deux livrées. Tune bouf- fonne, l'autre sérieuse. Ses articles boudons, qui occupeut les deux premières pages, sonl écrits a balons rompiis. Des aslérisques cou- pent les phrases et donneol au style failure de la fausse liltéraIure. C'est signé, tanlót Io Funfullu (moi Fanfulla), avec un paraphe et une éclaboussure d'encre; tanlót Don Pep pino (Don Joseph); lanlöl 11 signor tutti (Monsieur tont le monde); quant aux articles sérieux el aux informations qui out dus sen - teurs odicielles, ce n'est pas sigué. On n'a pas assez remarquéTélrangcté de ce fait, que les jotiruaux ófficieux du gouver nement fOpinione et la Liberia sont rédigés par des israéliles et que le journal dit de la fQTP cour est rétligé par des boudes. I! y a mieux, le chef de ces boudes est en uiême lemps le directeur de la feuille ofiicielle, feuille grave, pesanle, qu'on ne lit pas. C'est pourtanl un trail de inoeursa la fois st-claires et macaro- niques appliqué a la politique el trés-digne d'aitenlion. Fanfulla célèbre done aujourd'hui le 2bc anniversaire de l'avénement de Viclor-Em- mannel a la royauté. C'est son droit, son devoir, el je n'en dirais rien si je ne trouvais pas que, abusant de l'ancien privilege des bondons, il insulle le roi de la facon la plus triviale. Fanfulla commence par donner fetal de service df un su/dut. Le soldat est Viclor-Em- manuel-Marie-Alberl-Eugène Ferdinand-Tho mas de Savoie, fils de Cbarles-Albert et de Marie-Thérése de Toscane, né le 14 Mars 1820. Dans cel élal de service, on voit que le soldat était capiiaine a 11 ans, major a 14 ans. lieutenant colonel a 16 ans, colonel a 19 ans, major general a 22 ans, lieutenant géné- ral a 20 ans el roi de Safdaigne a 29 ans. En note sonl marquees Ids campagnes, bles sures, actions de mérité, decorations, mis sions spéciales et autres variations. Et lout cela est bien. Mais Funfullu se lance aprés cela sur un autre terrain, et vons allez juger de son esprit: Victor-Emmanuel n'est pas senlement un bon soldat, un bon politique, un bou chas seur dc chamois, C'est aussi un parfait gentillioinnie, Ie plus genlilliomine de .celte vi,eilie Europe. Qui le dirail a le voir avec ses deux mous taches"? Ne le connaissant pas, on Ie prendrait pour un troupier (ini, pour un caporal a trois chevrons, Mais qu'il porie la (unique: ou la veste de chasse, ou qu'il fasse de la politique, il n'ou- blie jamais d'etre le descendant d'une des plus antiques families d'Europe. exeniple! L'empereur Francois Joseph, qui s'y en tend, quand il eüt vu son ancien adversaire, l'automne dernier, a Vienne, el qu'il eüt cause un peu avec lui, dit a ses courlisans: il n'est pas beau, maïs II, est ClllCJ Ce jugement est hïstorique. Et si Francois- Joseph ne l'eüt pas prononcé, Ions ceux qui onl parléavecVictor-Emmanuel font proféré avant lui. Je traduts tillérulemenl.) Ah! si vous saviez que de conversions a opérées ce caractére chevaleresque de Viclor- Emmanuel! Demandez le a Pie IX, qui, au fin fond, a un faible pour lui. Olt! écottlez, si on nous l'avait fait exprés, on ne l'aurait pas mieux réussi. II fallait celte citation ponr perinettre aux lecleurs de fUnivers d'apprécier le mélange d'impudence et de grossiéreté du journal boulïon de la Cour, qui croit flatter Victor- Etnmanuel en l'appelant le roi ctttc, et qui croit plaire peut-él re a l'empereur d'Au tri - che en lui ptèlanl un propos d'estanvnet, un propos qu'auraient lenu tons les person- rtages en rapport avec ce souverain. Faire du roi d'ltalie un roi chic, un roi de la facon des operettes d Offenbach, et lui jeter cette impertinence a la lète le jour anniversaire de sonavénementau tróne, caractérise Fanfulla, boulïon ctttc. Mais que dire de ces autres grossiéretés qui atleignent bien plus Viclor-Emmanuel que le Vicaire de Jésus-CItristVoyez comme il traite le'Pope'. Dcmandez-le a Pie IX! Comme il traite le Pape? Vive Dien! nous le savons, et il n'est nullement besoin de le demander a Pie IX, qui l'a suflïsamment dit et répété. Et ntainlenant, laissons les llaliens parler du progrès de leur civilisation. L'anniversaire a été fêté modestement c'est la Liberie qui le dit. Une plu ie fine n a cessé de tomber. Le roi a recu les deputes, les sénaleurs, les officiers, la municipalité et des députations des diverses villes d'ltalie. Mais tout cela manquait d'animation. On attribue au roi diverses réponses, entre autres a la Chambre: Qu'il n'avait pas été mü par fambition de s'agrandir en entrepre- nant la rédemption de f Italië, mais par le désir de raclieter la patrie el diaccomplir ie vaiu de son père. Que la réalisation de !'en- treprise n'était pas son oeuvre a lui seul, mais que c'élait une oeuvre collective a la- quelle on était arrivé grace aux sacrifices et a fabnégation de l'armée, a la sagessedu Parlement et a Ia foi du peuple ilalien lout entier. Victor-Emmanuel aurait pu ajouter; grace a la politique de Bonaparte, grace a la com- plieiléde la Prusse enoemie de f Eglise, etc. Mais les rois sont ingrats! II aurait pu dire encore: grace a la permis sion de Dieu, qui veut rajeunir el relremper la foi de ce peuple italien tout enlier et don ner a son Eglise des splendeurs nouvelles a pi és la persecution, etc. Mais les rois ont des horizons bornés. FORTUNES DIVERSES DU LIBÉRALISME. II n'est, dans ce bas monde, rien de plus envahissanl de sa nature, de plus audacieux et de plus outreciiidant, disons le mot, que Ie faux libéralisme. Son doutaine a lui se compose, non pas de la part, trop modeste pour ses appétits, que des citoyens pen vent légitimement re- vendiquer dans f Eta I, mais d'une fottle d'ac- cessoires conquis sur la pari des autres et libéralement annexes. Franchises, faveurs bndgétaires, positions hautes et basses, hon neurs, populations et territoires, tout lui convient pour son fantastique pandemonium. Que si vous lui demandez la raison de eet accaparement universe!, il vous répondra par la théorie en honneur chez nous et ou- vertement professée de|iuis quelque trenle ans, a savoir que le liberal est né pour le pouvoir, que c'est affaire d'aptitude exclu sive et de droit, et que le clérical avisé fera bieo d'ètre philosophe, de se résignerala vie plus bumble des iniuorités, trop heu- rettx qu'on le traite avec une bienveillance relative. II n'est vraiment pas très-maladroit d'éléver a la hanteur d'un principe cette ca- ractérislique du libéralisme de tous lestemps, f insatiable soif de dominer et de jouir. De celte manière on évite, a la fois, fodieux de fempiétement et la peine de prouver qu'il est legitime. A cette raison on en a jou le beauconp d'au tres a l'usage du vulgaire, qu'il s'agit d'é- tourdir, de fanatiser ou de flatter suivant les cas et les temperaments. Que d'iniquités en politique derrière ces grands mots de droit des nalionalitésde non-intervention et de raison diEtat. que de dupes abusées ou d'instincts pervers surexcités par Ie progrèsfindépendance de la raison humai- ne et la morale indépendanle! Que de gens tout prèts a se nier conlre fullramonlanis- rne et la domination cléricaleet qui seraient désolés de ne pas avoir a défendre en leur petite persotme les prerogatives maliênables du. pouvoir civil et les immunilés de la con science! Quond on y réfléebit bien, toute cette re- tentissante terminologieapparail précisément comme le contre-pied de la vérité des cho ses, et il se trouve que le libéralisme n'est, en fin de compte; que 1'injustice défendue par l'erreur, ÜJ Z Z O ft, C/3 Z O y, O O O CS ca -c; G 7= H O G H P3 tn •—3 £0 m o c/j O- O O rri rq CZ) 2 I r. I l 1I Cllt fn I AC O liaCl UUIIO WUtOWi- ooin.miOi) i« "^uu. »^v-> r J 1 I Poperinghe-Ypres, 5-13,'7-28,9-30,10-58,2-15,3-05,9-20 Ypres-Poperinghe, 0-30,9-07,12-01!,3-57,6 oO,6-45,9-50. peringhe-1lazebrouck7 13, 12-23, 4-17, 7 13. Hmebroock Poperinghe-Ypres, 8-33, 10 00, 4 10, 8-2o. Ypres-Routers, 7-30, 12-23, 0-43. Roulérs- Ypres, 9-23, 1-30, 7-30 Rou\ers-Bruges, 8-45,11-34,1-13, (L. 3 36), 7-36, (9-38. Liciuerv.) Lichlerv.-Thourout, 4-23 m. Bruges-Roulers, 8-23, 12-30, 3-13,6-42. Licluervelde-Courtrai, 3-23 m. Zédelgliem Thourout, 12 00. Ypres-Cour Ir ai, 8-34,9-49,11-18,2-33,3-23. Courtrai-Ypres, 8-08,11-02,2-36,3-40,8-49. Ypres-Thourout, 7-13, 12 06, 6 20, (le Samedi a 3-80 du maiin jusqu u Langhemarck). lhouroui- ïpres, 9-00, 18, 7 4o, (Ie Sam'edi a 6-'20 du matin de Lanyhemarck a Ypres). CominesrWarnêton Le Touquei-Houplines-Armentöres, 0 00 11-30, 3-33, (les Merer. 8-40 m. 0-£0 s.) - •\r,"«nt'eres-|'0UP1 nes Le Touquel-Waiiiêton-Commes 7-40, 2-00, 4-43. (Ie Merer. 10-38 in. 8-00 s.) Comtnes- Wamcton 8-40, m 9-30s.(le Lundi 6 30 s.) Warnêton-ComMiés 5-30, 11-10, (Ie Lundi 6-3Ó S.) Courtrai Bruges, 8-03, 11-00, 12-35, (L. 5-15), 6-55. (9-00 s. (L.chterv,)- Bruges-CoHrtrtri, 8-23, 12-30 3-13 6-42 Bruges, Blankeidierglie, Heysl, (station) 7-30, 11 04, 2-80, 7-38. Heyst, Blaukenberghe, Biuges, 3-43, 8,30 11-30, b-30, 1 n gel m unster' Dey n!ze "(Zand5-15, 9-41, 2-18. Ingelmnnsler-Det/ttze, 4 50 2" cl., 7-13. Ga till )<:y ir/.e- Ingelm unster6-38, 11-20 4-39. Deynze Inge/munster, 9-10 2C cl, 8-20 s. Ingelmunster-Anseghem,, 6-05, 12-10, 6-15. Xns^hem-Ingel.munster7-42, 2-20, 7-43. ;,,,lor^i,u 6 kk n 1R Lichtervelde-Dixtr.ude Furnes et Dunkerke, 6-30, 9-10, 1-33, 7-54. Dmka-kehurnes-Dixmudc et Lichlervelde6-55, 1115, Di*mude-iVïett»or<, 9-88, 2-20, 8-40. - Nieuport-Etemwde, 7-40. 10-48, *2-00.4-25. liourout-Ostende, 4-50, 9-13, 1-50, 8-05. Ostende-Thourout, 7-55, 10-10, 12 25, 6-13. Selzaeie-£ec(oo, 9-05, 1-28, 8-28. - Eecloo-Sé/zaète, 5-35, 10 15, 4-22 Garid-Terneuzen, (station) 8-17, 12-18. 7,23. (purte d Anvers) 8-30, 1 -v Mardi 9 30 Selzaete-Loto-e», 9-04, 1-30, 8-30. (Ie Merer. 3-10 m.) - Lokeren-Se/ztóe, 6 00,10-23, 4 4... (le Matdt, J,30.) Terneuzen-Gand, 6 00, 10-30, 4 40. COURTRAI, BRUXELLES. Courtrai dép. Bruxelles arr. 6,40 9,20 10,55 1,38 COURTRAI, TOURNAI, LILLE. COB.RESI'OIÏDATfCBS. BRUXELLES, COURTRAI. Bruxelles dép. 5,22 8,28 12,21 Courtrai arr. 8,00 10,43 2,41 LILLE, TOURNAI. COURTRAI. 12,33 2,25 3,48 6,06 6,38. 9,16. 8,38 7,3.3 6,47. 8,44. Courtrai dép. 7,00 10,56 Tournai arr. 7,81 11,47 Lille 8.33 11,88 2,54 3,48 4,00 COURTRAI, GAND. Courtrai dép. Gand arr. 6,42 8,01 12,31 1,32 5,34 6,29 6,32 3,47 5,03 8,47. 9,41. 9,83. 6,40. 7,36. Lille dép. Tournai arr. Courtrai Gand dép. Courtrai arr. 8,25 8,80 9.47 11,03 1 1,34 12,26 2,82 2,47 3,42 BRUGES, GAND, BRUXELLES. Rruges dép. 6,49 exp. 12,39 3'34 exp. 0,43 Gand' arr. 7,34 1,84 4.19 7,58 Bruxelles 8,50 4,03 5,26 9,31 5,20 5.43 0,37 GAND, COURTRAI. 8,38 9,39 1,28 4,24 0,57 10,32 2,49 3,31 BRUXELLES, GAND, BRUGES. 5,20. 5,39. 6,36. 7,21. 8,42. Bruxelles dép. 8,14 Gand arr. 6,00 9,41 Bruges 7,18 10,34 11,33 1.23 2,38 3,12 4,26 exp. 8,11 6,37. 7,22. eaaBrmiraBBöaraiBBBiaBSBiie iuli. Suite. Voir le IN" précédent. La messe terminéé, il parlit co mine un trait, arriva tout courant ii la basiide, et sa lettre remise, revint avec la léponse sans prendre haleine. La sueur perlait li grosses goiittcs sur son front qnand il se préseula devnnt le lietilonant. Midi uil quart, dit celui-ci en montrant fhorl-oge. Et cependant. halelantessotifïlé. vous avez dit coorir. Neles-vmis point allé alleurs qu'ott je vous avais envové 7 Si, niüii jieulenant, je suis eulré ii leglise pour la messe. Alt! Aon point pour vous braver, mon lieute nant, ni pour le plaisir de vous désobéir, mais pour accomplir un' devoir sacré. Mon officier, vous ne pouvez me blamer d'avoir obéi a ma cons cience, d'au'tant que le service n'eri a point soiifFert. Du reste, si vousjugez que j'ai mal fait, pronon- cez. je me soumettrai saus murmiire ii la punilion. Le bon Dien. j'espère, m en sanra gré. Cela fut dit avec un tel accent a la fois si don- cement résolu et si noblement résigné que, pour la première fois, le lieutenant se sent it éinu;celte héroïque perseverance Ie touclia, il eul comme un remol ds de ses procédés. J'.ii puul-êlre été trop sévère, miii-miir.i-t-il Vu, mon gargon, je léve la consigne, t-1 je le dun ne congé pour loute la jouniée; donne-toi de In messe cl du sermon il tcéiir joie. ComiMent, mon lieulenant, c'est bjen vrai, vous me rendez ma iilierlé? s'écria Joseph stupé- fail el n'en crovunl pas ses oreilles. Puis, tonl joveiix, il ajoiila: Merci, mon lieutenant, merci de la permission, allez. je prierai bien pour vous. Quant a cela. je t'en dispense, dil follicier avec son air rogue qu'adoucissail cependaiH un dcrni-soiirire. Joseph sortit en se prometlant bien, dans la générosité de son eceur, de ne pas lenic compte du refus. Le lieutenant, en lui faisant grilce, avail cédé a un premier bon mouvement; le eoeur l'avait en- trainé. Mais, comme tons ceux qui ne se gouver- nent pas par des principes fixes, mais suivent le caprice et l'humeur du moment, dés le lendemain le euractère tracassier reprenajt le dessus, et de nouveaux ennuis prouvaient a Joseph qu'il s'était trop hdté de se réjouir. Succes enlrefaites, la compagnie recut i'ordre de s'embarquec pour aller a la Martinique relever une parliq de la garnison. Officiers et soldats pri- rent passage ii bord du navire de l'Élat qui devait les transporter a leur destination. Le bailment tenait la nier depuis une quinzaine, el nul incident VOYEZ COMME II, TRAITE EE PAPE, par n'avliil marqué le voyage que tuut arinongait de voir, êlre lienreux. quand looi a coup une épidé mie de variole se déelara ii bord el bieiilól l'iulir- merie fut eucouilirée, Le fléau sévissail plus parli- ciiliqiement sur les soldats de marine enlassés dans t'enlre-pont. Le lieutenant, dai)s celte ciicou- slance, montra que sous,sa rude écorce il y avail nu eceur d'hoinme; ,i| veilla avec soi.iicitudc a ce que ses soidats lussent convenableineut soignés, t-t, bravant la contagion, il lie.craignait pas de les visiter, l'oulefois, par boutades, ehez lui, le vieil homilie reparaissait, B n'avail pu surloiit triompher de sou antipa tl)ie pour Joseph. Celui-ci, appreiiant que les infir mity's se plaignaient de ne pouvoir snffire; ii leur taclie, se présenla devant le lieutenant pour offrir ses services. On n'a pas besoin de vous, dit le lieutenant, s'il faut des aides, on en trouvera. Pardon, excuse, mon lieutenant, murmura le pauvre gargon tout confus je croyais.... on m'avait ditMais je ne pensais pas vous facher en proposant cela. lie I vous ne me fSchez pas, répondit l'offi- eier que la conscience picotait intéru-uremeiit. Mais je n'aime pas qu'on se mette ainsi toujours en avant. I,e lendemain, Ie lieutenant était dans son ha- mac, malade de la contagion qui se déelara tout d'iiboid eliez lui avec une grande viuience. Mal- gré les invitations du capiiaine, nul des soldats ne s'empressait |iour lui servir de garde malade, les uns par ciainle du fléau, les autres par rancune des duretés de leur chef. Mon capiiaine, dit alors Joseph, si je ne craignais pas que ma préserice fut désagréalile au lieutenant j'irais vploniiers pour. i.e soigner. Toi, mon ami, dit Ie capiiaine qui n'igno- rait pas complétemciil les procédés du lieutenant euvels son subordouiié, et plus d'une fois niéme avail du lui faire des observations a ce sujet, toi, mon brave, Ui te sens ce courage? Avec l'aide. de Dien, eei'tainement, mon ca piiaine. Alors, va; !c pauvre lieutenant n'a guère la tête a lui avec cette fièvre de cheval, et je doute qu'il,.le reconnaisse. Dans tons les cas, s'il prend mal la chose, nous verrons. Pen d"instants après, Joseph s'installait au che- vet du lieulenant délirant en effet par la fièvre. Muis pourlant celle-ci par degrés se calma, et le malade, rcvettanl a lui, ouvrit les yeux, et recon- nut le soldat qui shipprochait une potion a la main. Comment, c'est vous? dil-il avec fair de l'étonnement. C'est moi, moil lieutenant. C'est vous qui me soignez? Dame, mon lieutenant, a défaul d'autres, et Et la raison, C'est que je m'appelle lion. personne ne réponchmt a l'appelDien sur qu'u- ne soeur de charité vaudrait mieux. Je tacherai.... j'espère.... Si toutefois ma presence.... Vous ne m'en voulez done pas? murmura Ie lieutenant qui avait peine a comprendre un tel dévouement. Quoi! vous ne megardez pas rancu ne de mesde mes. A cause du passé. Mon lieutenant, ne parlons pas de cela. en ce moment surtout, et ne songeons qu'a vous guérir. Ponrtant, si vous avez besoin de cette assurance pour êlre plus tranqtiil- le non, je ne vous en veux pas. La religion ne me le permellrait pas, ne me fa jamais permis. Et alors même que j'aurais pu avoir dans le cceur quelque chose conlre vous, en vous voyant dans eet état, et malade et seul, il faudrait que jc fusse méchant, barbare pour in'en souvenir. Cette fois, le lieutenant était vaincu. De grosses larmes con lérent le long de ses joiies, et mouillè- rent la main de Joseph qui solitenait Ie verre. Mon ami, mon pauvre soldat, dit il après avoir pris la potion, je te reniercte pour cela et pour tout le reste. Je Ie vois maintenant, j'ai mal -agi envers toi, bien mal. Je t'ai fait tant souffrir, et toi, tu fans pour moi ce qu'a peine ei*lt fait un frère. Mon ami, je te demande excuse, je te de- mande pardon. Laissez done, mon lieutenant, dit Joseph dont les larmes coulaient aussi, assez, assez!....

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1874 | | pagina 1