D'UN ENFANT DE CKOEUR
Samedi 11 Avril 1874
9me année. N° 804.
r3
Le Journal parait le Mercredi et lc Samedi. Les insertions coütent 15 centimes la ligne.Les réclames, dans le corps dti journal, se paient 30 centimes la ligne.— On numéro du journal, pris au Bureau, 13 centimes.
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CHEMISTS HE FE 16.
AFFAIRE DU SLM IA AIRE DE FL0REFFE.
La Cour d'appel de Liége, i,c Chambre, a
rendu son arréldans le procés intenlé au
Séminaire de Namur par les -membres de la
familie de Beltr et consorls, relativement a
la propriélé de l'abbaye de FlorelTe.
Voici les conclusions de cct important
arrél:
La Cour, enlcndu M. Faidcr, avocal-
général, el son avis conforme.
o Donne défant conire les hériliers et re-
préscnlants de l'inlervenant Clément-Joseph
de Simony, non comparanls, qiioique dü-
meul assignés en reprise d'inslance;
Pour le profil, declare que l'instance est
tenue pour reprise;
Et staluant au fond entre toutes les par
ties par tin seul et méme arrét réformant le
jugement a quo;
Déclare Faclion éteinte par prescription
en ce qui conccrne les bériliers et représen-
tanls de Fintervenant Clémenl-Josepb de
Simony;
Rejelle la fin de non-recevoir tiréede ce
que les biens acquis par Louis de Fromen-
teau le 15 germinal an V n'auraienl jamais
fail parliedesou palrimoine;
Dit, au contraire, que cetle venle a vala-
blement transmis les biens a l'ajcquéretir;
Déclare nul ei de nul effel le testament
olograpbe dc Louis de Fromenleau, ancien
ahbé de Florclfe, portant daiedti 15 Mars
1802;
Dit que la demande n'est pas recevable
en ce qui concerne la ferme deThiinéon:
Réserve deslaiuer ullérieurement sur la
quóle-parl en laq nel le les appelanis onl qua-
lité pour révendiquer l'hérédilé ub inleslal
de Louis de Fromenleau; dil néanmoins que,
quelle que soil la pari a allouer définitive-
ment au.\ appelanis, ceux ci n'auront droit
aux fruits qu'a pariir de I'exploit introduclif
de la présente instance;
Réserve des droits, elc.
Du 25 Mars 1874. Plaidaht: Mc E. Du-
pont pour les bériliers de Fromenleau, el M°
Fabri pour Ie Séminaire de Namur.
II est superfin, crovons nous, dil le Bien
publicd'aitirer Fatleniion de nos lecleurs et
surtoul des conimunaulés rcligieuses sur
cetle jurisprudence qui pourrait, en s'accré-
ditant, rendre fori précaire Fexistence et la
perpétuilé des fondations les plus utiles et
les plus respectables.
Le motif principal de eet arrél est, en effet,
une sorle d'incapacilé donl serail frappé,
dans certains cas, un rcbgieux. disposanl
leslamentairemeni deson palrimoine.
Elanl donné Ie régime révoluiionnaire qui
régil aiijourd'bui les corporations religieu-
ses, il est impossible d'admeltre logiquement
la raison de ceite incapacité.
En effet, aux yeux de la loi moderne, les
vceux inonastiques n'exislenl pas, la profes
sion rebgieuse n'existe pas el un religieux
est tout simplement un citoyen comme un
autre, capable de Iransmeltre ses biens
comme yous ou moi, capable aussi de rece-
voir, comme vous ou moi, par donation
ou par testament.
C'est cc point fondamcntal que l'arrêl de
Liége nous semble méconnailre.sousprélexle
que l'exercicedu droit de tester par un reli
gieux au profit d'aulres religieux, a pour
effet d'éluder la loi civile sur la transmission
des biens,
Dans l'espèce, c'est au profit de Pordre des
Prémontrés que la loi aurail été éludée. Mais,
nous le demandons, comment cela pourrait-
il se faire, si, aux yeux de la loi, I'ordredes
Prémontés n'existe pas?... On concoit qii'on
puisse disposer au profit d'un incapable mais
on ne concoit pas qu'on puisse disposer au
profil du néant. L'abbé Fromenteau. alors
mème qu'il aurait voulu disposer en faveur
de l'ordre des Prémonlrés, ne Faura.it pas pu
et dés lors sa disposition, faite d'ailleurs en
faveur de personnes physiques, doit èlre
logiquement acquisea ces personnes.
Nous aurons a revenir sur ces considéra-
tions qui nous paraissent décisives.
Quant a la moralité de Paction en reven-
dication exercée par certains hériliers de
l'abbé Fromenleau, nous laissons a I'opinion
publique le soin de I'apprccier. Lc sens du
juste n'est pas, Dieu merci, suffisamment
QUI DEVIST GENERAL.
obliléré dans noire pays pour qu'on puisse
faire passer I'iuiquite pour le droil et s'abri-
ter sous une légalité douteuse conire la loi
èternelle et supérieure donl Dieu lui-mème
est I'auteur et donl la conscience humame
esl I'incorruplible témoin.
Nons lisons dans la Patrie:
La Chambre des représefilants vient enfin
de voter, a la grande satisfaction de la ville
d Anvers, l'approbaiion des convenlions rela
tives a la transformation des terrains de la
ciladelle du Sud. Cetle affaire me suggére
quelques reflexions que je crois utile de vous
transmetlre paree que l'evidencé des tails qui
les provoquent me semble un argument pé-
reinploire de nature a éc airer ceux que les
discussions passionnèes qui viennent de se
terminer aurout pu troublcr. Les voici:
Dans ces discussions il a surtoul été ques
tion des bénéfices énormes, exorbitauls,
illiciles, clc., etc., que M Malou abandonne
a la Compagnie lnimobihére de Relgique
dont il a ele jadis Faduiiuislraleur.
D aprés M. Fiére, on fail a cette Société
un cadeau de 5 millions. Ainsi done la Com
pagnie Imuiobibére encaissera graiuilemenl
3 millions, et ce, en sus des benefices legiti
mes quelle pourra faire sur l'ensemblede
l'opération.
Quant a M. Joltrand. il se conlenterait,
lui, pour loute fortune, de la difference entre
les benefices reels que l limnobiliére relirera
de celle affaire el ceux calculés par M. Malou,
et il n'hesite pas a evuluur ces bénéfices a 25
millions. Ei, partant de ces données, tous
ces lionorables tnembres, et avec eux, les
jouniaux bberaux de toute nuance, crieul
au vol, a la spoliation des deniers publics;
ils deploreui lous, en lermes indignès ou
hypocrites, l'abaisseineru de la moralitéfinan-
cióre des chefs du gouvernement....
Nous ne répéierons pas tout ce qui s'est
dit sur ce Ihéme: cola serail trop long.
Passons seulement a quelques calculs bien
simples:
II y a, dans rimmobdiére, 50,000 actions
de 500 francs, (dont 200 francs seulement
sont versés.) Le capital total est done de 25
millions (dont 10 millions verses.)
Le cadeau de 3 millions représente done
une plus-value de 00 francs par action.
Les bénéfices, d aprés M. Joltrand, repré-
sentent 500 francs par chaque action.
Eb bien, chose étrange, aprés ie vole défi-
nilif de la Chambre, les actions de la Compa
gnie Immobiliérede Belgique, qui se cotaient
a la Bourse 509 et 570 sontmonlées seule
ment de... 2 francs 50 centimes en moins!
La cote est descendue a '500. A qui faut-il
croire? aux affirmations éleelorales de M.
Frére el Ce, ou a la cote de la Bourse, qui
représenle I'opinion intéressée, et par con
séquent i'opinion convaincue el payanle du
public financier? Poser la question, c'est la
résotidre. Si les opposants, si ceux qui out
débité lant d'indignités sur la convention
étaiunt bien convaincus, il est évident que
leur premier soin eüt été d'acquérir a tout
prix, depuis le vote de la loi, des actions de
l'lmmobiliére. En agissant ainsi, ils faisaient
doublement une excellente affaire! Ils colo-
raient d'abord leurs assertions, el en second
lieu ils prenaient part a une opération excel
lente en elle-mème.
Al Ions, Messieurs les financiers libéraux,
un peu de hardiesse et allez a vos poches.
Quoi! II s'agit d'obtenir pour 500 fr. des
titres qui en valenl mille, d'aprés votre dé-
claration,évideinmenthonnète el impartiale,
et vous ne vous précipitez pas sur cette va-
leur magnifique?
Ou si voire dignité vous défend dc pren
dre ainsi part, mème indireciement, a la
eurée du budget, lachez au moins de con-
vaincre le public de la Bourse que votre
indignation esl réelle et que vos arguments
sont basés sur Ia vérité et sur la justice: car
vous risquez fort, autremcnl, de les voir
qualifier comme ils le méritenl, d'argumenls
politiques et électoraux.
II nous le signifiait, il y a deux jours, le
terrible correspondant bruxellois de la
Me use:
Quand on verra la majorité réduite a
la Chambre el réduite au Sénat, il n'y aura
pas d'autre issue qn'une dissolution oubien
une administration extra-parlementaire
avec la dissolution comme suite fatale et
inévilable.
C'esl que ca ne badine pas.
El vous tomberez de l'apepsie dans
la dispepsie, dc la dispepsie dans la lian-
thérie, de la lianlhérie dans Fhydropisie,
de Fhydropisie dans la privation de la vie
oü vous aura conduit votre folie.... voire
folie.
Miséricorde!.... Mais cc n'est pas tout.
Voila mainlenani que les Purgons de
YEloile relévenl les Dioforius de la Meuse, el
c'esl a qui des deux nous euierrera le plus
irrémissiblement.
Nous mon trant M. Frére dans le loinlain,
lout bardè de discussion politique: «La
majorité en entendra de belles, s'écrie
ï'Etotie.
Passe encore pour la menace. La vantardc-
rie est l'apanage des Faibles. Au besoin, cela
amuse. Mais l'insolence se met de la partie:
M. Frère-Orban. pour sa part, a long-
temps ménagé M. Malou; il a mème recon-
nu qu'il s'étail montré trés-indulgent pour
la politique du gouvernement?
All! e'en est trop. Vcnir nous dire, venir
dire a la majorité, au ministère, qu'il fut le
protégé de M. Frére!II y a une compen
sation heureusement: c'est la profonde bouf-
fonnerie du propos.
Voulüt-elle a l'avance, tuer par le ridicule
les poses exterminatrices de M. Frére, ÏE-
loile ne saurail mieux s'y prendre.
(Ami dc l'Or dre.)
Comme la ville d'Anvers doit s'eslimcr
heureuse d'etre soumise au régime de la
gueuserie! On assassineel on vole dans cetle
cité comme si elle était une vaste forêt de
Bondy. Tous les jours, Ia presse localesignale
de uouveaux méfaits commis avec une auda-
ce incroyable au beau centre de la ville, et
si on y trouve des cadavres et des geus
dévalisés, la police des gueux ne rencontre
jamais attcun coupable: le crime commis,
I'auteur s'évanouit.
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Ypres-Poperinghe, 6-30,9-07,12-05,3-57,6 30,8-43,9-50.
ck Poperinghe-Ypres, 8-33, 10 00, 4 10, 8-23.
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Poperinghe- Ypres5-15,"7-23,9-30,10-38,2-13,6-03,9-20
peringhe-Hazebrouck, 7 13, 12-25, 4-17, 7-13. Hazehrouck
Ypres-Houlers, 7-30, 12-25, 6-43. Roulers- Ypres, 9-25, 1-30. 7-50.
ltoulers-/Jr«</es, 8-45,11-34,1-13, (L. 5 56), 7-36, (9-55. Lichlerv:) Lichlerv.-Thouroul, 4-25 m. Bruges-/(o«ters, 8-23,
12-30, 5-13,6-42. Lichtorvelde-Courtm», 5-23 m. Zedelgliem Thouroul, 12-00.
Ypres-Courlrai, 5-34,9-49,11-18,2-35,5-28: Courlrai- Ypres, 8-M8.11-02,2-36,5-40.8-49.
Ypres-Thouroul, 7-13, 12 06, 6 20, (le Samedi a 5-50 du maiin jusqu'a Langhemarck). Thouroul-}pres, 9-00, 1-18, 7-45,
(le Samedi a 6-20 du malin de Langhemarck a Ypres).
Comines-Warnêlon Le Touquet-Houplines-Arwewtóères, 6 00, 11-50, 3-35, (les Merer. 8-40 m. 6-30 s.) Armentieres-Houpli-
nesLe Touquet-Warnêton-Cowiiwes 7-40,2-00, 4-45. (le Merer. 10-35 m. 8-00s.)Comines -Warnêlon 8 40, m 9-30 s. (le
Lundi 6 30 s.) Warnêlon-Comines 5-30, 11-10, (le Lundi 6-50 s.)
Courlrai Bruges, 8-05, 11-00, 12-35, (L. 3-13), 6-53. (9-00 s. (Lichlerv.)— Bruges-Courlrai, 8-25,12-30, 5-13, 6-42.
Bruges, Blankenberghe, Heysl, (station) 7-30, 11-04, 2-50, 7-33. ileyst, Blankenberghe, Biuges, 5-45, 8,30 11-30, 3-30,
Blankenherghe, Bruges. 6-10 8 53. 12-06.
Ingelmunster Deynze Gand. 3-15, 9-41, 2-15. Ingelmunsler-Z)ey«ze, 4 50 2' cl., 7-15. Gand Deyme-Ingelmunsler, 6-58,
11-20, 4-39. Deynze Ingelmunster, 9-10 2" cl, 8-20 s.
Ingelmunsler-.dzweg/iew, 6-03, 12-10, 6-15. Anseg11em-Ingelmunster7-42, 2-20, 7-43.
Lichtervelde-Dixmade Furnes el Dunkerke, 6-30, 9-10, 1-33, 7-54. Dunkerke-hurnes-Dixmude et Liehlervelde, 6-55, 11 15,
3-45, 5-10.
Di x n i ud e - Nie<upoi t9-35, 2-20, 8-40. Nieuport-Dixwiwde, 7-40. 10-45, 12-00, 4-25.
Thourout-OsteMi/e, 4-50, 9-15, 1-50, 8-05. Ostende-Thouroul, 7-33, 10-10, 12 23, 6-15.
Selzaete Eecloo. 9-05, 1-25, 8-23. Eecloo-Se/zoefe, 5-35, 10 15,4-22.
Gand- Ter neuzen, (station) 8-17, 12-13. 7,23. (porie tl Anvers) 8-30, 12-40. 7-45.
Sefcaete-Lokèren, 9 04, 1-30, 8 30. (Ie Merer. 5-10 m.) Lokeren-.Se/zaete, 6 00
Terneuzen Gand, 6 00, 10-30, 4 40.
10-23, 4 43. (le Mardi, 0,30.)
o o ir b. EaPOND a iï c
COURTRAI, BRUXELLES.
Courlrai dép.
Bruxelles arr.
6.40
9,20
10,53
1,36
12.33
2,25
3,43
6,06
6.38.
9,16.
Bruxelles dép.
Courlrai arr.
J-: s
BRUXELLES, COURTRAI.
5,22 8,28 12.21 3,33 6,47.
8,00 10,43 2,41 7,53 8,44.
C0URTRA1, T0URNA1LILLE.
Courlrai dép. 7.00 10,56 2,54 5,34 8.47.
Tournai arr. 7,51 11,47 3,48 6,29 9.41.
Lille 8.33 11,35 4,00 0,32 9,53.
COURTRAI, GAND.
Courlrai dép.
Gand arr.
6,42
8,01
12,31
1,52
3,47
5,03
6,40.
7,56.
BRUGES, GAND, BRUXELLES.
Bruges dép. 6,49 exp. 12.39 3'34 exp. 6,43
Gand arr. 7,34 1,34 4,19 7,38
Bruxelles 8,50 4,03 5,26 9,31
LILLE, TOURNAI. COURTRAI.
Lille dép. 5,20 8.23 11.05 2,82 5,20.
Tournai arr. 5.43 8.56 11\34 2,47 5,39.
Courlrai 6,37 9.47 12,26 3,42 6,36.
GAND, COURTRAI.
Gand dép. 5,38 9,39 1,28 4,24 7,21.
Courlrai arr. 6,37 10,52 2,49 5,31 8,42.
BRUXELLES, GAND, BRUGES.
Bruxelles dep. 8.14 11,53 3,12
Gand arr. 0,00 9,41 1 23 4,26 exp. 6.37.
Bruges 7,15 10,34 2,38 3,11 7,22.
Entre ics braves restés sur le champ de lialaille
de Waterloo, enlre tons ceux ik- la France a
pleurés, se Irouvail le general Lelorl, simple
soldal a son rnlrée dans la carrière el donl I hts—
loire a enregislré les fails héroïqnes. Mais, dans
celte noble vie, il esl un trait resté longlemps
ignore et qu'on ne lira pas sans atlendrisseinent.
C'est une si belle vertu que la reconnaissance!
Le jeune Retort, destine d'aliord an sacerdoee,
s'v préparait pieiisenient el sludieuseinenl sous la
direclion d'un venerable prêtre, l'abbé Bermont,
cure de Nogent-le -Roirou. Mais la conscription,
frappant soudain a la porte du presbylère, vint
arratber Ie jeune boniine i) la scrénilé de eelle
paisible existence pour le jeter brusquemeul dans
le. tMmulte des camps, et du sémiuarisle lit un
conserit. Incorporé hon gré mal gié dans le régi
ment. Letort prit gout néanmoins ii son nouvel
ctat. Ses qualites brillantes et sérieuses a la fois,
sa bravoure unit" ii une instruction plus rare allies
qii'aujourd'hui, sa severe exaetiiude dans I'ac-
complisseineut de ses devoirs, sa conduite irrrpro-
ebaltle el la génévosilé de ses sentiineiils le brent
dlslmguer, el en queiqm-s nnnées, par son nié-
rile sen I. il s'élevait aux premiers grades de I'ar-
mée.
General en 1808. après la guerre d'Allemagne,
il reent l'ordre de se rendre en Kspagne. Nogent-
le-Rolrou se irouvait précisément sur sa route.
Cetle ville lui rappelail ces doux souvenirs d'en-
fancé, loujoiirs vivants dans un noble coeur. A
peine arrivé a Nogent, le general s'inlorme du
digne abhé Bermont, et il est heureux d'appren-
dre que celui-ci n'a pas quitté la paroisse. II le
fait prier de se rendre ii I'hólcl du Dauphin oil
lui-même était descendu.
Se doulant pen de la surprise qu'on lui ména-
gu.iit, et pensum peut-être qn'il s'agissait dequelqne
nmlaile li visiter, l ecclésiaslique s'einpresse d ac-
uuiirir. A peine arrivé, on le fail enlret dans une
salie a manger splendidrment éelairée el il n'est
pas pen intimidé de se voir seul en face d'une
table magniliqoeinenl servie. aiilour de laquelle
se pressent de nomina ux officiers aux uniformes
élincelaols d or cl de broderies, tont uil état-
major.
Je ine suis trompc sansdoute. murmure-t-
il, confus et faisanl un pas en arrière, le regard
lourné vers la porie.
Non pas, non pas, s'écrie one voix male
partie de la table, c'est bien vous que nous alten-
dons.
Eu méme temps un officier general, assis ii la
place d'honneiir, se léve avec vivacilé, et courant
a l'abbé liei'mont, il l'anèle et le presse affeclueu-
semènl dans ses bras.
Vous ne me remeltez pas, mon cher mon
sieur Pennont, dit il, en voyant la stupéfaction de
celui-ci?
Pas précisément. et mème pas du tout!
J'avoue que je ne me rappelle pas... a quelle épo
que... dans quelle eirconstance!... Vos traits
poiivtant ne me semblent pas absölument incon-
nus.
Je crois bien, je suis Letort, lebnmbin qui
vous a servi la messe pendant cinq ou six années;
Letort auqtiel vous avez fait décliner musa, la
muse, rosa, la rose, et traduire les Commpntaires
de César. Ce pauvre latin, je ne m'en souviens
giière. Mais ce que je n'ai pas oublié, mon digne
niaitre, ce sont vos excellents conseils, ce sont vos
mille bontés, c'est la sollicitude plcine d'uiïeciion
dont vous avez cnlouré ma jeuncsse, c'est
votre coeur pour moi lont paternel.
A présent, je mc rappelle dit le bon abbé;
avec de grosses larmesdans les yeux.
Une place était réservée avec inienlion aupres
du générat. II y fit asseoir le vieillard avec une
emotion loute filiale en lui servant de nouveau
cludeureusement les mains a piusiciirs reprises.
Puis, la figure radieuse, s'adressant aux officiers
qui I'entouraient et contemplaient avec intérêl et
curiosité cette touehanle scène:
Messieurs, leur dit-il, je vous présente
l'homme respectable qui m a appris a conuailre,
aimer et servii Dien, comme a marcher d un pas
ferme dans le sentier de l'honneur. Si je suis
quelque chose atijourd hui, je me plais a le du e,
c'est au digne abbé Bermont quejeledois. Mes
sieurs, ajoula t-rl en éievant son verre, a la santé
du meilleur des prêlres.
Ce toast fut aceueilli par un tonnerre de bravos,
et il n'y ent pas nn seul des officiers présenis ijui
ne s'empressat pour choquer son verre conire
celui du curé. Quand vinl le moment de se séparer,
le general, après avoir einbrassé les larmes aux
yeux le bon vieillard non moins ému, vida sa
bourse dans les mains du prêtre, en disant.
Mon clier abbé, il faut que les pauvres se
resssentent du bonhcur que j'ai eu a vous revoir et
a vous eiubrassei".