génie pour luer ou pour brüler, mais il en
faut pour brüler ce qui doit vivre ou pour
rendre Ia yigueur a ce qui va mourir, et ia
Révolution n"a rien fondé et chacune de ses
ceuvres s'est changée en ruine. Or, Ia Fran
ce veut exister et retrouver ses grandeurs
pcrdues; elle sail comment on meurt, elle
apprend en ce moment comment on revient
a la vie; elle l'avait oublié! et cette lecon
qu'elle se donne a elle-mème lui rendra son
immortalité nationale.
Que de choses de l'heure présente parais-
?ent petites a cóté de ce travail de renovation
etdc reparation! Y a-l-il proportion entre
ces aspirations immenses et les courtes et
fragiles combinaisons dont on veut compo
ser nos destinées? On nous traite toujours
com me une caravane dans Ie désert a laquel-
le il lie faut que des lialtes sous un peu d'om-
bre; nous demandons un solide abri; les
campcinents ne sont pas fails pour les na
tions. La foi religicuse raménea la foi poli
tique; les principes vrais se louchent et sont
de la méme familie. Avec la difference des
choses du lemps el des choses éternelles, il y
a des biens qui font parlie essentielle de l'ex-
istence des sociétés: quand chez nous les
croyances seront relrouvées, plus rieïi ne
nous manquera.
Nous lisons dans la Pulrie en dale du 20
Avril;
Nous apprenons que la prochaine Assem
blee générale annuelle de la Federation des
Cercles catholiques n'aura, a aucune époque,
été aussi nombreuse: a l'heure qu'il est, le
nombre de membres inscrits dépasse les
(jualre cants, et plusieurs Cercles n'ont pas
encore renvoyé leur listede souseription.
Une quarantaine de Représentanls et de
Sénateurs assisleront a l'Assemblée et au
banquet dont elJe.sera suivie.
PRÖSPÉR1T DU GEUZENIIOF.
Parmi les griefs qui rendent a Gand le
hourgmestre si impopulaire, se Irouve celui-
ci resultant de Fukase municipal relatif aux
inhumations. II a eu la mesure de ce qu'il
vaut Jeudi dernier; les cbiffres du scrutin
l ont conslatéa lonte evidence; en voici d'au-
tres non moins sigmficatifs:
Pendant le premier trimestre de cette
année, de 22!) adulles décédés dans six pa-
roissesde la ville et dans plusieurs élablisse-
ments, Ui seulemcnt ont été enlcrrés au
Geuzenhofles 214 aulres ont recu l'inhu-
mationdans Ie cimetiére bén it de Mariakerke.
De 195 enfanls décédés pendant le méme
laps de temps dans les paroisses de St-Micbel,
Si-Nicolas, Sl-Marlin, Sl Jean-Llaptisle, St-
Josepli et St-Eliennc, le Geuzen/tof iPen a eu
que 37; les 158 aulres ont été enterrés dans
ledit cimetiére bénit.
Ces chiffres ont une éloquence incontes
table.
LA MORALE INDÉPENDANTE, EN ACTION
A LÉCOLE DES F1LLES.
Un incident scandaleux qui a fait éclater
dans lout sort relief les splendours de l'ensei-
gnement officiel et la beauté de la morale
indépendante, vient de se produire a Bru-
xelles.
Nous recevons a ce sujet, dit le Beige de
la capitale, les lignes suivantes:
Le petit Fontainas. ecbevin, est parti
avec une ioslihitriee de Pécofe ofTicielle Gatti
de Gamond.
Le hourgmestre a couru après lui pour
Pengagcr a revenir a de... meilleurs senti
ments.
Les exhortations de ce berger, premier
gardion des inceurs bruxelloises, furent vai-
nes. Fontainas, son petit tnouton, court
encore.
Le conseil écbevinal est endeuil et aux
abois. Qu'en dira-l-on? Que va t on dire de
nous el de nos écoles"? Quelle affaire! L'ensei-
gnement obligatoire est dé Vuur hél La Loge
elle-mème est consternée!
Le beau-péredu petit Fontainas, M. Emé-
rique, homme trés-honorable. Président de
I Union du Crédit, est inconsolable; il pleure
avec sa fille les égarements de sou gendre.
Nos confrères de la capitale parient de
eet incident. Voici cc que nous lisons dans
le Courrter de Bruxelles
II se passe d élranges choses au pays
liberal, et Pinslruction des petites sansDieu
système Gatti produit des fruits, non
pas inaftendus, muis au contraire parfaite-
ment logiqties.
On raconte done qu'un tres-illuslre et très-
vénérable F.*., grand-surveillanl de la prin
cipale loge de Bruxelles, non moins grand el
il lustre surveillant de Pinslruction publique
pour la commune de Bruxelles, a mis en
pratique les lecons de morale indépendante
qui s'enseigncni dans les écoles dc la libre-
pensée. ce de concert avec une jeune et jolie
instilutrice de Pinslitul Gatti.
II nous répngne de reproduire lout ce qui
se dit sur eet exeuiple éclatant de morale
libre-penseuse en action. L'arbrea portéses
fruits naturels, et si le scandale est rebulanl,
le fait n'en est pas moins la conséquence
parfaiternent logique des doctrines de la
iibre-pensée.
Le trés-illustre F.', demeure done sans
tache aux yeux de ses Yén.\ F.*., et si ceux-
ci le blament du bout des lévres, e'est par
respect humain. Au fond, ils sont absolument
hors d'état de cniiquer les actes que sa
raison souveraine el findependence de sa
morale individuelle Pont autorisé a se per-
mettre.
Cependont sa femme et son beau-père, pen
familiarisés encore, sinon avec les principes
libéraux, du moins avec leurs applications
logiques,n'ont pas cru devoir respecter la
souveraine independence du irésillustreF.'.,
et se sont mis a sa poursuile; ils Pont dit-
on aiteint a Lyon.
C'est de la que, conlraint et force, notre
volage échevin aurait envoyé sa démission
au Roi.
Nous ignorons si MUe S... a envoyé la
sienne a Mmc Gatti.
Quanta la presse libérale, il va sans dire
qu'elle ne desserre pas les dents. Aii! s'il
s'agissait d'un prètre, ou du moindre reli-
gieux, comrne elle serail loquace!
Et voila pourquoi il faut émanciper les
fllles!
MISERABLE TACTIQUE!
D'après les calculs de PEcho, le trésor
beige est en déficit, et il v a cette année un
écarl de 7 millons entre les recettes et les
dépenses ordinaires. La faute en est tout
naturellement a M. Malou et a ses collégues
qui ont gaspillé les magnifiques ressources
créées par M. Frère el, les siens. Tons ces
cbiffres sont fijux, l'Ec/io le:pait bien puis-
qu'ils sont de sa fabrique, mais fussenl-ils
vrais, ce journal et ses patrons n'auraient
pas Ie droit de s'en plaindre par la raison
simple el decisive que la gauche a approuvé
sans réserve toules les dépenses qui, dit-elle,
ont rompu l'équilibre du trésor.
On embarrasserait fort M. Frère si on lui
demandail a quelle categorie de dépenses il a
fait opposition depuis sa chute, et sur quel
chapitre du budget il s'appuie pour justifier
le blame dont il frappe la gestion denos
amis. A cette question precise il n'aurait
garde de répondre autrement que par des
phrases en Pair, car lui et ses moutons lié-
geois et aulres ont fait plus que donner un
vole affirmatif a toutes les propositions de
dépenses, ils en ont formulé de nouvelles
d'une portee considérable, et aujourd'hui
encore ils excitent toutes les classes de fonc-
tiónnaires a harcèler le gouvernement afin
d'inscrireau budget un supplément de char
ges d'une douzaine de millions par an! A la
méme heure ils crient au prodigue, adres
sant ainsi a M. Malou des reproches conlra-
dictoires et déloyaux.
DESPOTISME.
La conversion du libéralisme au despotis
me est deja si tnarqnée qu'elle embarrasse
cruellement les rares libéraux qui osent ou
savent raisonner encore. DaBS lous les pays
ou il domine on le voit supprimer chaque
jour davantage la plus importante des liber
ies, le premier des droits de I'homme, la
tolerance religieuse, et Pon peul aflirmer
que bien tót les catholiques auront a essuyer,
de la part des libres-penseurs. des persecu
tions cent fois plus dures que toutes celles
qu'on accuse PEglise d'avoir permises dans
les siécles de foi. En Suisse les prètres sont
mis hors la loi, hors le droit commun, tant
vanlé et réclamé par les révolutionnaires im-
pies. En Allemagnedes pouvoirs protestants
se constituent les juges, les directeurs, les
protecteurs et défenseurs des doctrines
et du clergé romain, el frappentet proscri-
vent les évèques et leurs collaborateurs com
rne des ennemis implncables de la socièlé.
En Italië et en Espagne la confiscation est
devenue la principale ressource du trésor
public. Au Brésil un évèqne vient d'ètre
condamné au carcereduro pour avoir défini,
selon sa conscience, les régies de la confré
rie du Saint Sacremenl. Dans ces pays et
dans bien d'aulres, PElat, cette forme hypo
crite et souverainement dangereuse de la
tyrannic, cette invention toute moderne re-
nouvelèe des plus mauvais temps du paga
nisme el d'aillenrs contraire aux immörtels
principes de 1789 basés sur les droits de
l'individu, l'Etat s'arroge une omnipoten
ce illimilée sur les personnes, sur les famil
ies, sur les associations, sur les corps, sur
les ames, sur tout ce que les législaleurs
sophistcs out la pretention d'asservir.
Ce spectacle est effrayant el trisle, mais
instructif et nous en suivons les développe-
nxenls avec un douloureux inlérèt. Nous y
trouvons I'explication suflisante de ce que
nos adverrsaires nomment le phénomène de
la reaction générale qui se manifeste dans le
monde entier conlre les théories libérales.
Cette reaction est évidente, fatale, necessaire,
louable, et elle se forlifiera a mesure que s'é-
tendront les empiétements du libéralisme
sur la liberlé. Le temps est proche oü les
esprits jusles qui s'étaient généreusemenl
laissés séduire par les programmes philoso
phises el politiques des partis soi-disant
libéraux, rougiront de cette erreur et se
ferout gloire de s'en ètre repen lis a lemps.
La Chambre des Représentanls a repris
Mardi, a deux heures, le cours de ses travaux
qui ont été interrompus par les vacances de
Piques. Le premier objet a son ordre du jour
est la discussion du projet de loi relatif a la
caisse générale de prévoyance en faveur des
insliluleurs primajres.
Les seuls objets qui restent a l'ordre du'
jour aprés eet important projet, sont le bud
get des travaux publics et les modifications
proposées a la loi du 25 venlöse an XI rela
tive au notarial, la prorogation de la loi sur
les étrangers, et quelques pel its projets d'in-
térèt secondaireauxquels viendra se joindre
la rémunêralion immédiale du service de la
milice.
OU SONT LES MILITARISTES?
Nos adversaires. cherchenl partout des
griefs centre le ministère catholique. S'il est
un reproche singulier, c'est celui qui a trait
aux charges militaires.
Pendant longtemps, un grand nombre de
nos amis ont demandé une réduction de
cclles-ci,qui étaienl réellement considérables
pour une nation neutre, pour un petit pays
qui ne peut aspirer a briller que sur le terrain
de l'activilé industrielle et commerciale.
Mais, par une coincidence fatale, l'année
oü les catholiques sont arrivés .au pouvoir,
l'indépendance de la Belgique a couru le
plus grand danger peul-êlre qu'elle eüt
jamais couru. Les deux plus redoulables
puissances de l'Europe centrale se sont livré
une guerre terrible, longue et sanglante. Le
plus souvent-, le champ de bataille était silué
Ie long de nos i'rontières, et plus d'une fois,
des corps d'arméeont fait irruption sur notre
territóire.
La guerre finie, on apprit que M. de Bis-
mark el Napoléon III a va jent engage des ne
gotiations relatives a la cession de la Belgi
que a la France.
La mobilisation de l'armée avail mis a nu
tons les vices, toute l'msuflisanee de notre
organisation militaire.
Le parti militaire, qui est tout puissant a
la Cour, prufila de toutes ces circopstances.
S'appuyant sur d'augustes influences, il
réclama de nombreux millions, l'augmenla-
tion du contingent, l'abolition du remplace
ment et le service personnel de tous les mili
ciens désignés par le sort. Tous nos milita-
risles déclaraient la Belgique perdue si on ne
leur accordait tout cequ'ils exigeaient.
Le ministère catholique résisla a ces pré-
tentions éxhorbitanles; il fut, méme sur le
point de donner sa démission. Mais personne
n'cüt osé proposer aux Chamhres d'accorder,
entre aulres, aux militaristes le service per
sonnel, et M. Guillaume, le ministro de la
guerre qui avail travailléa l'adoption de ce
système, fit place a un minislre beaucoup
plus conciliant.
Néanmoins les réformes préconisées par
M. Thiebauld étaient encore exagérées. No-
tamment il demanda a la Chambre de decider
qu'a l'avenir tout volontaire qui lirerait un
bas numéro ne serail pas compté dans le
contingent. Ce mini'stre fit lout cé qu'il pul
pour faire voter cette proposition, mais la
Chambre tint bon et M. Thiebauld dut y
renoncer.
Ce fut la un grand bienfait obtenu par la
courageuse résistance des catholiques aux
exigences du parti militaire.
II est presque certain que si les libéraux
avaienl été au pouvoir, ils auraient cédé dans
la crainte qu'on ne leur reprit les portefeuil
les. Sans cesse, en elTet, ils ont concédé aux
militaristes lout ce qu'ilsréclamaient. C'est
M. Frère qui a fait voter les fortifications
d'Anvers, qui ont coüté au pays plus dc 100
millions et qui ont rendu nécessaire I aug
mentation du contingent et de toutes les
dépenses. Anvers élant une vaste place forte,
il a fallu pour la défendre de nombreux
soldats, de coüteuses pièees d'arlillerie. Que
de bien on aurait pu faire avec les millions
enfouis dans ces inuiiles lo'rtifications.
C'est M. Frère encore qui, appuyé par sa
majorité a fait porter le contingent annnel de
10 a 12 mille hommes.
La presse doctrinaire ose rcprochcr aux
catholiques de ne pas avoir tenu les promes
ses faites par divers carididats. Elle oublie
que M. Frère, pour eoncourir el garder les
fauteuils ministériels, avail promis de réduire
le budget de la guerre a 25 millions et qu'au
lieu de réduction, chaque année ce budget
ne fit que croitre et embellir, comprenaht
37 millions au lieu des 25 promis.
LA GARDE CIVIQUE A LA CAMPAGNE.
II n'y a pas a en douler, les Annates par-
lementaires sont la, Ie libéralisme veut trans
former la garde civique en une véritable
armée. Et pour y parvenir il propose deux
choses: L'envoi des gardes au camp de Be-
verloo; I'introduclion par force des fermiers
et antres habitants de la campagne dans la
garde.
Le libéralisme, étanl dans I'opposition,
a posé ces principes, exposé ces idéés, pré
paré l'avenir.
Que le libéralisme revienne au potft'oir, et
de,main la Belgique est dotée d'une seconde
armée, d'une garde civique perfect ion née, et
mise a la bauteurdes institution prussiennés.
Voila ce qui a tiendrail. la Belgique si, dans
un moment d'égarement, elle allait rendre
vie et force a un parti qui est tombé pour le
plus grand soulagemenl du pays.
Voil-on d'ici les chefs d'exploilalion agri-
coles, nos fermiers, obligés de quitter leurs
travaux au mois de Juin ou de Juillet, pour
porter le moüsqueton et endosser la tunique
guerrière!
Aprés les fortifications d'Anvers, la reorga
nisation de la garde civique c'est dans
l'ordre.
Vraiment, nosjournaux libéraux ontgran-
dement raison de crier que les catholiques
sont des militaristes! C'est le cas de dire que
c'est parler de corde dans la maison d'un
pendu.
Les mèmes feuilles voudraient faire accroi-
re que le ministère se propose de réorganiser
la garde civique. Le gouvernement a solen-
nellcment déclaré ce qu'il ne voulait pas et
ce qu'il voulait.
IL NE VEUT: ni du projet de MM. Frère
cl Pirmez qui allait êire présenté aux Cham
hres lorsque les elections de Juin 1870 ont
heureusemenl ba layet le ministère, et Ie
libéralisme et le projel, qui consislail dans
la creation d une véritable seconde armée
formée du premier banc de la garde civique;
ni du projet de la Commission spéciale.
Cette commission, sans aller aussi loin,
proposaitcependanl toute une série de me
sures graves.
Mais le gouvernement cornple armer la
garde civique dc fusils sérieux el convena-
bles, il ne se refuse pas a modifier les réale-
ments intérieurs de la garde civique. Aller
plus loin, il ne le veut pas. il ne le fera pus.
TOLERANCE UNIYERSELLE.
Nous lisons dans YEtoile que si la presse
libérale se prononce unanimemenl en faveur
de Serrano, c'est paree que ce dernier rc-
présenle, a ses yeux. la cause de la tole
rance universelle.
Cette tolerance univorselle du libéra
lisme est, com me l'ohservc la Gazette dc
Liegc, un de ces pompèux incnsonges a l'ai-
dedesquels on conduit les masses crédulcs.
Le libéralisme est, certcs, fort tolérant a
l'égard de ses amis auxquels il permet de
répandre impunément les doctrines les plus
subversives et les plus immorales; mais il
n'en est pas de méme a l'égard de ses adver
saires, a l'égard des catholiques. Ceux-ci
sont soigneusement exclus de cette prélen-
due lolérance universelle: ct, dés qu'ils sont
en cause, leseul programme que connaisse
le libéralisme, c'est celui de la persécution
universelle.
Voyez ce que fait aujourd'hui le libéralis
me en Suisse, en Allemagne, dans Ie lointain
empire du Brésil, et cela aux applaudisse-
ments unanimes des libéraux de lous pays
et de toutes nuances?
BIOGRAPIIIE DU MARÉCIIAL SERRANO.
Né en 1810, dans l'ile de Léon, de pa
rents forts pauvres, Serrano (Francois) ne
tarda pas a considérer comme plus qu'insuf-
fisant le patrimoine qui lui était réservé;
comme beaucoup de déshérités de la fortu
ne, c'est a la carrière des armes qu'il voulut
s'adresser pour redresser les torts qu'en
naissant elle lui avait légués. II complait,
pour y réussir, sur son esprit d'inlrigue, sa
souplesse a toute épreuve, sou énergie peu
commune, et aussi, le dirons-nous, sur les
faveurs et les dons qu'il avait recus de la
mère nature.
II n'a que trop réussi dans ses aspira
tions; et s'il est une figure au monde qui
rèpréserite l'astuce, les paimodies, les trahi
sons.c'est sans contrcdit celledc notre héros
Sous-lieutenant des gnrdes cótes doua
niers, en 1830 (il avait dix-sept ans), au
temps de Ferdinand VII. c'est lui qui enlra a
Madrid, au cri de: Vive lo roi! porleurde la
nouvelle de l'exéculion militaire de Malaga
oü le malheureux general Torrigos et'ses
qu'aranle-trois compagnons trouvèrent la
mort. Peu de lemps après, il faisait ses pre
mières armes conlre les Carlisles, en qualité
d'aide de camp de Espo y Mina.
Son rapide avancement, qu'on expliqne
difficdement, lm fut acquis moins par ses
qualilés militaires que par certains services
politiques qu'il put (grace a son esprit délié)
rendre a ses chefs.
Aide de camp d'Esparlero pendant la
guerre civile dite de sept arts, il rentrait a
Madrid, après Ie traité de Vergara, avec le
grade de général de brigade, et, ce qui ne
gatait ricn a une époque ou l Espagneétait
gouvernée par deux femmes, avec la réputa-
lion d'ètre le plus joli général de l'armée
royale (c est - a - d i re const i l u lionnel le).
Sa bonne mine lui donna accés a la Cour.
Dés ce moment, le general Bartito trouvait
dans le cceur de sa souveraine qu'il devait
plus tard renverser d'inépuisables trésors
d'indulgence pour sa conduite a venir.
M En 1839, il fut fait marocha! decamp
et l'année snivante il entra aux Cortes com
me dépulé de Malaga. Espartero était afors
lout-puissant; il vota pour Espartero; mais le
vent ayant lourné, et le due de la Vicloire
ayant vu palir son éloile, Serrano tourna
avec le vent, el on Ie vit chassant de I'Espa-
gne son chef, son ami. son prolecleur, celui
qui lui avail frayé la voie des honneurs.
Ministro universel aprés ce beau sneeés
(1843), sénateur en 1845, capitaine général
de Grenade (1847), il se maintint toujours
au premier rang.
On le voit dans cet intervalle conspirer
sans relache, Irahir ses amis, moyennant
grosses finances, et rester iranquiHemënt a
Madrid, quand ceux-ci traqués et chases
étaient obligés de reprendre Ie chemin dè
l'exil.
II fut disgracié et dégradé deses emplois
en 1854, pour avoir accompagnè Ie maré-
clial O Donnell dans le soulévemeril de Vi-
calvaro, destiné a sauver l'Espa'gne en
renversant Ie comte de Sairil-Lnis. Mais la
révolution triomphante lui permit de re
prendre son épée.
En recompense de son épopee, Serrano
reent quelques années plus tard (lSGO)la
capitainerie générale dc Cuba. Comment il
secomporta dans ce pachalick, quelleséco-
noniies il sul réaliser sur son traitement,
sont choses que nous ne rechercherons pas;
toujours est-il au'il revint au bout de quel
ques mois avec une immense fortune, ct
ramenant avec lui une des plus belles créoles
des Antilles.
Aussi nul en diplomatie qu'en science
militaire, il voulut négocier l'annexion a
'spasiie e I ile de Saini-Domingue, et ne
reuss11 qu a donner des prétextes pour uue
malhetireuse guerre qui n'aboutit a aucun
résullul.
Pour prix de sa maladresse, il rccevait
a souhail les honneurs. Successivement ma-
réchal, minislre d'Etat, due de la Torre
grand d'Espagne de lr« classe, chevalier dè
la loison d Or, etc., il ne lui manquail plus
qu une occasion pour franchirle Rubicon
qui Ie séparail de la souveraine puissance!
il cut soin de la faire naitre.
11 trouvait 1 occasion dc sauvcr encore
IIISTOIHE ÉDIFIANTE.