Samedi 2 Mai 187-4
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LA BALLE
qGlAN^-
Le Journal paraitle Mercredi et le Samedi. Les insertions coiilenl 15 centimes la ligne.Les réclames, dans le corps du journal, se paient 30 centimes la ligne.Un numéro du journal, pris au Bureau, 15 centimes.
Les numéros süpplémentaires commandés pour articles, Réclames ou Annonces, coütent 20 fr. les 100 exemplaires.
II K M I N S 15 E W K BS.
EFFRAYANTES CONSTATATIONS.
Nous appelons 1'atlenTion de nos lccleurs
sur la slalislique stiivanle, que nous einprun-
toiis a Pexcellcnl journal la Decentralisation
de Lyon:
La decadence de la France ne tient point
imiquemenl a des causes poliliques; o!le est
due plus encore a ties causes morales. La
restauration de la monarchie Iraditionnelle
ne suffirait point a redresser noire pays, ce
serail seulemenl un immense levier pour
relever l'édifice do la grandeur nationale, el
nous aurions liesoin de faire revivre (Pan I res
tradilions pour renirer dans la plenitude de
noire force vitale. Nous sommes un people
mal éduqué; noire éducalion est a reprendre
par la base.
La base d'un people, c'esl sa population.
jQu'importe le sol, si la popolalion fait défaut
s'aèatardit ou s'épuise? Or, nous en sommes,
en France, a Pépuisemenl de la population,
et si la dégénérescence devaii conl inner dans
les proporlions que I'oneonslaleaiijourd'htii,
il serail facile de calculer malhémaliquement
la dale oii la race I'rancaise sera réduite, en
Europe, a des proporlions infinitésimales.
Les recensemenls de 1856, 1861 el 1866
uvaienl déja démonlré que Paccroissement
de la populalion se ralenlissait sensihlemenl
en France, que la proporlion de cel accrois
semenl, compare avec celui desaulrcs pays
d'Europe, accusail nolre infériorité, ei enfin
oue les campagnes se dépeuplaient pour les
villes. C'élait, dés celle époque, un sujet de
sèrieuses inquietudes.
Plus alarmant encore esl le recensement
de 1872. II ne s'agit plu» d'un ralcniisse-
inent dans Paccroissemenl de la population,
eet accroissemenl a compléfement cessé, et
qui pis est, lc chiffre de la population a di-
minué.
Défalcalion faile dc I'Alsace el de la Lor
raine. il y a, pendant ces six annéësde 1866
a 1872, un déficit de prés de quaire cent
mille dines.
Voila le fait grave, Ie fait inouï.
Autre fail deplorable: pendant que le lota 1
de la populalion diminue ainsi de 400,000
ames, les villes acquiérent un accroissemenl
de prés de 800,000 habitants. Les campa
gnes se sonl done dépeuplées, en six ans de
700,000 habitants.
Ou rejellera peul-êlre sur la guerre el sur
['invasion la décroissance de la populalion.
Ce serail une erreor; celle cause a pen con-
Iribué a eet efi'et. L'excédanl des femmessur
les hommes ne dépasse, en 1872, que de
100,000 le chiffre d'excédant de 1866; ces
100,000 representee,!, a pen prés toutes les
portes de la guerre. Ce qui prouve hienqu'on
ne peut impuler a la guerre la diminution
totale conslalée, e'est que les déparlemenls
envahis out moms perdu que les déparle
menls non oecupés, el que l'Allemagne, pen
dant la même période, voyait, malgré la
guerre qu'clle supportnit comme nous, sa
population angmener de plus d'un million
dames.
La slalislique révéle ces autres fails dou
loureux: les naissanees diminueni, el les
décés augmenteni. Qiiélques chiffres sonl a
citer ici. En 1867, on coinptail 1.007,515
naissanees; en 1868, il n'y en avail plus que
984,140; en 1869. 948.526; en 1S70!
943.515; en 1871,821,121. La progression
descend;)rite des naissanees esl, comme on
le voil. réguliere. La progression ascendanle
des décès n'est pas moins clairemeni élahlie;
en 1867, 886.887 décés; en 1868. 922.038;
en 1869, 944,553; en 1870, 1,046,909; en
1871, 1,2?1,010.
Fail particulier a noter: la Nortnandie, Ie
pays le plus riche de France, habitée par la
race la plus robuste des provinces francaises,
donne au recensement de 1872,un déficit de
populalion,comparativemeiit au recensement
tie 1866,et ceia au moment même oüd'aulrés
Nörmands,ceux du Canada,augmentent dans
des proportions sansexemplé. En effet, il y a
un siècle, le Canada nerenfermait que 63,000
habitants de population francai.se, en trés-
grande parlie normande, el, en 1871, le
même pays porie 1,806,000 fruueo-cana-
dions.
Hélas! on voil trop bien qu'en France l'im-
moralilé est la cause principale de cclte in
duction de population. Déja, en 1866, sur
dix-sept Flats européens, la France élait
celui ou il naissait le moins d'enfants. Et ce
n'est pas tont. On constalait a la même épo
que que la France élait le pays.ou le mariage
donnait le moins d'enfants.'Depuis lors, le
mal s'cst corisidérablement aggravé: la Fran
ce, qui se Iron vail au-dessous de lous les
Fiats de I'Europe, est maintenanl beaucoup
au-dessous d'elle-mème.
El pendant que la population francaise
s'affaisse de la sorte, la population russe
s'accroil de plus de 500.000 ames par an, la
population italienne de 179.000 paranja
populalion auiricliienne de 278,000, el la
population allemande, malgré les émigra-
lions, par le snul execdant des naissanees sur
les décés. de 250,000.
M. Raudot détruit, dans son ét tide, le pré-
jugé que la moyenne de la vie humaine se
soit élev'ée en France*; el il prouve que le
nombre des hommes valides capables de
porter les armes s'esl abaissé.
Que conclure?
Que de telles statistiques fournisssent de
trop plausibles arguments a ceux gui croient
que la France ne saurait plus remonter la
pente de la décadence el que sa mission est
linie;
Que la France est placée dans l'alternalive
foreée de revenir a l'observation de la loi de
Dieu ou de s'éleindre par anémie.
LA PERSECUTION EN ALLEMAGNE
ET EN SUISSE.
Les ennemis dc la vérité ontobtenude
grands succés ces derniers jours.
Le Reichstag a discuté el adoplé le projel
de loi ayant pour objet de fournir au gouver
nement de nouveaux moyens coërciiifs con-
ire les ecclésiasliques qui, préférant obéii a
Dieu qua l'empereur Guillaume, ne veulenl
pas se soumeltre aux lois dues de Mai.
Ces moyens sonl au nombre de deux.
L'un, le plus doux, pour emprunter
les expressions de M. le commissaire federal
Fcerster consiste a transplanter d'un
ressort administratif dans un aulre ressort
administralif les ecclésiasliques deslitnés qui
persistcraient a vouloir exercer leurs func
tions et Iroubler les esprits c'est l'inlerne-
ment; I'autre, le plus énergique, nous
continuous a citer M. Foerster consiste a
exclure de l'empire les ecclésiasliques re
belles c'est le bannissemenl. L'applicalion
de ce double moyen est déléguèe non
pas aux tribunaux, mais aux autorités admi-
nistratives. II convient d'ajouter qu'aux ter
mes d'une disposition addilionnelle a Parti
cle lr, et qui a élé également adoplée, les
ecclésiasliques frappês par l'Eial pourronl en
appelera la justice pour decider de I'exisien-
ce des fails qui auronl motivé la mesure
prise contre eux. Nous n'avons pas besoin
de faire remarquer que cette concession illu
soire n'enlève rien au caractère exorbitant
d'tine loi qui porle notamment l'aIteinte la
plus grave au seul droit que les auteurs de
la Constitution de l'empire eussent reconnu
d'une facon absolue aux Allemands au droit
d'indigénat.
Aux oraleurs catholiques du Centre qui
ont mis en évidence cette violation, le gou
vernement n'a rien trouvé de mieux a
répondre Si ce n'est qu'au nouveau dogme
de l'infaillibililé, l'Etat devait opposer une
législalion nouvelle, comme si, paree que le
Pape est pape, les Allemands ne pouvaient
ètre Allemands. Mais quand ces mèmes ora
leurs ont dit que les nouvelles rigueurs de la
perséculion ne feraienl qu'affermir le clergé
cl les fidéles dans leur obéissancea l'Eglise,
Ie gouvernement n'a su répliquer que par le
silence.
Les centralisateurs et francs-macons suis
ses ont également triomphé. La nouvelle
Constitutioii fédérale qu'ils ont présentée au
vole populaire a élé acceptée par 335,000
voix contre 200,000 et par 14 cantons et
demi contre 7 canions et demi. Cc résullal,
qui met les catholiques au ban de la répu-
blique helvétique, puisque la nouvelle Cons-
stitution substitue Is suprematie de l'Etat et
la souverainelé du nomhre a la lihcrlé re I i -
gieuse, a élé accueillie avec une vive joie cn
Allemagne. La Gazelle de Spenerorgane
officieiix de l'empire, se faisant l'organe de
celle allégresse, adresse aux tévisionnïstes
les felicitations suivanlês:
Nous félicilons sincèrement la Suisse
d'avoir fait ce pas décisif dans Ia voie de
l'unité et du libéralisme. Puissenl les deux
Et;»ts fédéraux voisins, la Suisse et l'Allema
gne, conlinuer a rivaliser l'un avec I'autre
sur le terrain de la liberté et de la paix! Puis-
se, en particulier, le sombre couple de l'ul-
tr&montanisme el de la gallomanie devenir
de plus en plus impuissanl eu Suisse! L'ami-
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Poperinghe- Y-pres, K-15,7-28,9-30,10-58,2-18,8-05,9-20 Ypres-Poperinghe, 6-80,9-07,12-05,3-57,6 80,8-46,9-80. Po
peringhe-Ilazebrouck, 7 13, 12 23, 4-17, 7 13. Uazebrouek Poperinghe- li pres, 8-33, 10 00, 4 10, 8-28.
Ypres-liotders, 7-80, 12-28, 6-48. Kouiers-Ypres,;9-28, 1-80, 7-80,
Haulers-Brug es, 8-48,11-34,1-13, (L. 8 86), 7-36, (9-88. Lijhieiv.) Liclitèrv.-Thouroul, 4-25'in. Bruges-Roulers, 8-28,
12-80, 8-13, 6-42 Liehiervelde-Courtrai, 8-23 m. Zedelgbem Thouroul, 12 00.
Ypres-Courtrai, 8-34,9-49,1 1-18,2 33,8-23. Com trui- Ypres, 8-08.1 1-02,2-86,8-40,8 49.
Ypres-Thouroul, 7 13, 12 00, 0 20, (le Samedi a 8-80 du maliu jusqu'a Langhemarek). Thouroul-Ypres, 9-00, 1-18, 7-43,
(le Samedi a 6-20 du matin de Langhemarek a Ypres).
Coiniries-Warnêton Le Touquet-lIouplincs-iAmentóém, 6 00, 11-80, 3-38, (les Merer. 8-40 m. 6-30 s.) Armentières-Houpli-
«es Le Touqnet-Warnêion-Cpmines 7-40,2-00, 4-48. (le Merer. 10 38 in. 8 00 s.) Comines- Warnélon 8-40, in 9-30 s. (le
Lundi 6 3o s.) Wariiêton-Con/ytes 8-3o, 11-10, (le Lundi 6-80 s.)
Courtrai Bruges, 8-0811-00, 12-33, (L. 8-18), 6-83. (9,-.00 s. (Liclitery.)Hru^es- Courtrai8-23, 12-80, 3-13, 6-42.
Bruges, Blankenberghe, Ucyst, (slation) 7-30, II 04, 2-80, 7-38. iléysl, Blankenberghe, Biuges, 8-48, 8,30 11-28, 3-30,
Blankenberghe, Bruges, 6-10 8 88, 12-06,
ïngelmunster Deyir/.e Gand. 8-18,9-41, 2-18. I ngo I m n nster-Deynze4 80 2" cl., 7-18. GnnA-De'jme-Inget,munster6-38,
11-20, 4-39. Deynze Ïngelmunster, 9-10 2" cl, 8-20 s.
Ingelmunsler-/!nseghem, 6-03, 12-10, 6-18. Anseghem-ïngelmunster7-42, 2-20, 7-43.
Lichtervelde-Dixir. jde Funics et Dunkerke, 6-30, 9-10, 1-33, 7-84. D ankerke-Furnes-üixmude el Liehiervelde, 6-88, 11-18,
3-48, 8-10.
Dixinmle-A7eu/)0?L 9 83, 2-20, 8-40. Nieuport-Dhrmwefe, 7-40. 10-43, 12-00, 4-28.
Thourout-Ostende, 4-KO, 9-18, 1-80, 8-08. Qslende-Thouroul, 7-33, 10.-10, 12 23, 6-18.
Selzaeie Eecloo, 9-08, 1-28, 8-28. üec\oo-Selzaete, 3-33, 10 18, 4-22.
(land-Termazen, (slation) 8-17, 12-13. 7,23. (porte d'Anvers) 8-30, 12-40. 7-48. - rerneuzen-Gand, 6-00, 10-30, 4 40.
Selzaetu-Lokeren, 9-04, 1-30, 8-30. (ie Merer. 8-10 m.) hokeren-Selzaete, 6-00,10-23, 4 48. (le Mardi, 9,30.)
CO R. Et B i
COURTRAI, BRUXELLF.S.
IPOWOJViJfCBS.
BRUXELLES, COURTRAI.
Courtrai dép.
Bruxelles arr.
6,40
9,20
10,38
1,33
12,33
2,23
3,43 6,38.
0,06 9,16.
Bruxelles dép.
Courtrai arr.
8,22
8,00
8,2S
10,43
12(21
2,41
8,33
7,33
6,47.
8,44.
COURTRAI, TOURNAI, LII.LE.
Courtrai dép.
Tournai arr.
Li He
7.00
7,81
8.33
10,36
11,47
2,34
3,48
8,34
6,29
11,33 4,00 0,32
COURTRAI, GAND.
8,47.
9,41.
9,33.
Courtrai dép. 6,42 12,31 3,47 6,40.
Gand arr. 8,01 1,82 8,03 7,56.
BRUGES, GAND, BRUXELLES.
Bruges dép. 6,49 exp. 12,39 3'34 exp. 6,43
Gand arr. 7,34 1,54 4,19 7,58
Bruxelles 8,50 4,08 5,26 9,31
Li I le dép.
Tournai arr.
Courtrai
Gand dép.
Courtrai arr.
LILLE, TOURNAI, COURTRAI.
5,20 8,25 11,05 2,82
8,43 8,56 11,34 2,47
6,37 9.47 12,26 3,42
8,38
6,37
GAND, COURTRAI.
9,39 1,28
10,52 2,49
4,24
5,31
8,20.
5,39.
0,36.
7,21.
8,42.
BRUXELLES, GAND, BRUGES.
Bruxelles dép.
Gand
Bruges
8,14-
arr. 6,00 9,41
7,13 10,34
11,83 3,12
1 23 4,26 exp.
2,38 5,11
0,37.
7,22.
ry-' -
Suite. Voir le N» précédent.
III
Un muis après cettc conversation, inon ami
recevait, avec quelle joie. vous pouvez Pimaginer,
son brevet de sous-lieutenant; m us en niéme temps
arrivait pour le régiment l'oidre de se joint!re a
!a petite arinee qui se dirigeait sur Constantine
dont, pour la seconde fois, on allait leuter le
siége (1837).
Tant rnieux (lil ga ie men I André, c'rst nne
heureiise chance de plus! Peul-êlre avec l'épau-
lelleje ponrrai meltre la croix dans la corbeille
de noces.
Nous arrivames devant C.onstanline. Je ne vous
raconterai pas les détails du siége, non plus que
ceux de Passant que vous avez pu connaitre par
lesjournaux. Je vous dirai seulemenl que la, plus
que jamais, André paya bravemenl de sa person-
ne, el même avant Passant, sa bravoure intelli
gente, son sang-froid imperturbable aux posies les
plus périlleiix, Pavaient fait remarquer par le
général en chef et par le prince qui, comme on
sail, accompagnail I expedition. L'aussaut com-
mandé, mon brave ami. dormant l'exeniple a sa
compagnie,! s'élanga des pri miers sur la brèchea
travers nne giêle de halles: son audace étonnait
les piiis inli'épidcs et il sembiait comme invulné-
rabie; ear hieri qne sou uniforme fut perré en
maint endroit. son sang n'avait point con IéLa
lrrèrhe en noire pouvoir, il fallut emporter d'as-
saut la plupart des rues voisines barrieanées pmrr
la defense, el dans lesquelles les assiégés ié-islèrcnI
avec l'énergie du désespoir. André coniinua de se
signaler comme l'un des plus ha.rdis el des plus
heureux dans eelte guerre d'cmhüches plus dau-
gereuse, ccrles, que la première escalade. Mais
enfin l'ennemi céiiait parlont el la fusillade, de
moins en moins vive. ne sVntendait plus que sur
quelques points isolés. Le sous-lieutenant vcnail,
avec sa compagnie, les Maures de l'une des mes
quils occnpaient encore, lorsqu'il apereul un de
ses soldals, trop ardent a la poursuite, lutlant
seul contre plusieurs Arabes, et prés de succom-
ber sous le nomhre.
N'écoutanl que son coeur, André s'élance suivi
de quelques braves pour dégager Ie soldal; et,
en effet, a l'approche des noti es, les ennemis pren-
nenl la fnile, mais au même instant, d'une m.iison
voisine, plusieurs coups de h u parleul a la fois,
el deux balles atteignenl le sous-lieulcnanl, l'une
a l'épaule. I'autre dans la poilriue. Je le reeois
dans mes bi as el Temportc, aide de quelques sol-
dais, sur un brancard improvise avec des naties
posécs en leavers des fusils. Dans l'une des rues
que nous Iraversion», nous renconlrêmes le géné
ral i n chef et le prince qui rceonniil le hlessé dont
plus d'une lois l'inlrépidilé i'avail frappé; il s'ap-
proclia avec bieriveillante, cl. délaeli.inl sa croix.
ii dit co la dounanl au sous-lieulenu.nl:
-- Voila qui, j'espère, sera un baume pour vos
blessures.
Merci, Monseigneur, murmora le hlessé
avec wn lriste sourire, rnais on ne guéril pas les
morls.
Cepiuidant nous arrivons a I une des niaisons
transfoi inées après le combat en ambulance. An
dré ful placé par nous dans une des chanibres
réservées pour les officiers et dont aucun lil n'élait
occupé encore. Je ni'installaia son chevet comme
garde malade avec Hocdic, Ie soldat auquel il avail
sauvé la vie, conscrit dn Morbihan. Peu d'instants
après, arriva le chirurgien, un jeiine.homme que
rhabitude n'avait point blasé encore sur ce navrant
spectacle de la sonffrance hutnairie. II examina les
blessures, celle de l'épaule d'abord, et un sourire
de satisfaction lémoigna qu'il la jngeail pen grave.
II n'en ful pas me même pour celle de la poitrine,
el je vis, a mesure qu'il sondait la plaie, le sourire
s'eflacer dc ses lèvres et son visage redevenir
sérieiix. Ce ne ful qu'après de longs efforls qu'il
parvinl 'a exlraire la balie (celle que vous lenez)
de Ir ciivitê profonde ofi el le s'élail logée. Après
avoir mis les premiers apparcils. il nous quilta ii la
hale, sachailt qu'ailleurs l'aüendaient d'aulres
inlortunés; ma is. eu parlant. il pril la main du
blessé et ia serra avec un air de compassion qui
trahissait pour moi sa pensee inlirne et n'échappa
point au pauvre ami. Je sort is avec Ie docleur et
j'allais l'interroger. quand i! me prévint.
Que voulez vous? me dil-il. la science n'y
peul l ien, la mort esl la. On ne guéril pas d'une
blessure, et, avanj quelques heines, le brave jeune
homine sera oil sonl tanl de pauvre? diables cou
ches sur les reinparts et dans les rues. S'il a une
inère, la pauvre femme je ia plains.
Je rentrai Ie coeur navré, et je m'approehai du
blessé que je vis les yeiix fixés sur le médaillon
que vous savez, et sur un portrait celui dc
sa mère, qii'il possédait également; ii considé-
rait cesde.ux chers ohjets avec une expression que
je ne puis vons Vendre. tandis que de grosses
larmes coulaient le long de ses joues pa lies.
'I n souffi es bien? lui dis-je.
Qui, me répondit-il, jesouffre. mais ce n'est
pas oh tu crois, ce n'esl point la surtout (et il
louchail sa blessure) mais ici. ici (et il appuyait la
main sur son coeur). Je puis tele dire a loi, car
In sais, sur le champ de halaille, si ia mort me
faisail peur... mainl'enant, en la sachanl p'rès de
moi! Ob! ne secoue pas la tcte; jc ne mc fais point
illusionvois-tu, en seutant que tout est tini, que
la vie m'échappe, qu'il faut muiirir, qu'il fa ut
quitter el pour toujours des êires si' chers, la
nieilleure des mères el celle angéiupte enfant que
j'aime de tonics les forces de mon ame, saus
couqUer la carrière qui pour moi s'ouvrait si belle!
oh! mon ami, mon ami. j'éprouve au coeur un
déchirement, une angoisse, une torture, vots-lu,
cclu ne peut se dire. Quoi! devant moi tant de
bouheiir, un si bel avenir! etrien, plus rien!...
Au moment pil je vais l'atleindre, ia vision d:s|>a-
rait. parelt le au mirage du désert. Amour, gloire,
amitié, fortune, je perils tout a la fois, lout s'en-
gloutit avec moi dans la tombe. Mon ami, mon
ami! c'est horrible'
El. après de vains efforts pour secontenir,
l'inforluné éciaiait en sanglols.
Le roeiir brisé, moi aussi. la figure baignée de
larmes. jelui pris les mains que je serial avec mie
tendre affection, mais je ne troiivais rien a lui dire,
auciine parole de consolation pour une,douicur
que je irouvais trop molivée.
Je me taisais done, silencieiix el accablé, ou
murmurant par iulervalle: Mou ami, mon pauvre
camarade, mon frère! je l'en prie. pour loi-même,
il ne faut pas ainsi désespérer. aggraver ton ma|
peul-êlre... II sourit amèrement.
A CONTINUER,