LA BALLE TACHÉE DE SANO.
K
Mercredi 6 Mai 1874.
9me année. N° 871.
SS
a Gt A N £-
<}y «Iir
>-
00
Le Journal parait Ie Mercredi et le Samedi.
Les insertions content 15 centimes Ia ligne.Les réclames, dans le corps du journal, se paient 30 centimes !a ligne.Un numéro du journal, pris au Bureau, 15 centimes.
Les numéros supplémentaires commandés pour articles, Réclames ou Annonces, coutent 20 fr. les 100 exemplaires.
CHEMIJÏ S li SC F E IS.
C'EST LA FAUTE DU SYLLABUS ET DU
DOGME DE L'INFAILLIBILITÉ.
U Eglise, depuis le Syllabus et la definition
do dogme de l'infaillibilité, a jnslifié lont ce
que Ion peut faire contre el Ie; justice, liber-
té, droit, tout cela n'existe plus pour l'Egli-
se! On peut dépouiller,i emprisonner, desti-
tuer, bannir scs membres les plus clevés;
eest regrettable, mais le Syllabus est la qui
ne permet plus de se plaindre! Viennent les
bètes du cirque, les büchers, la hache, lont
Ie cortege du vieux césarisme païen; com
ment s'y prendrait-on pour condamner 1'ère
sanglante des persecutions? Ce serail bien
difficile. Vous diriez: Le sang des innocents
ruisselle, on vous répoudrait: C'est vrai,
belas! mais le Syllabus!!
Si nous pressions nos conlradicteurs, nous
les forcerions d'avouer qu'ils n'ont pas lu le
Syllabus, ou qui Is n'en onl pas compris le
premier mot, et nous leur prouverions que
les doctrines qti'il renferme sont aiissi an
ciennes que le calholicisme, qu'elles n'em-
péchent aucune civilisation de s'épanouir,
qu'elles n'atleignent les droits légilimes de
porsonne, et que tons les gouverneinents
lionnètes peuvent s'en accommoder. Mais on
aime mieux, a la faveur de IT'gnorance pu-
blique, nous monlrer le Syllabus cömme
line monstrueuse nouveauté. II ne serait pas
Jacile de dire tant de mal de l'Eglise catholi-
que, on est plus a son aise én agilant je ne
sais qnel étendard que Ton nonime Ie Sylla
bus. C'est ainsi qu'en Allemagne les persécu-
teurs ne parient pas de calholicismemais
iYullrammtanisinèon poiirsuit lés évêqués,
non pas comme représentants de TEiglisë qui
couvre la terre, et qui, depuis longtemps, a
conquis le respect des pet)files, mais on les
poursuil sous la désignation hypocrite èul-
tramonlainsla persecution se fait menteuse
et déloyale dans l'espoir d'égarer le senti
ment public. Les pén pies, n'entendant par-
ler que tfullramontanisme, peuvent croire
qti'il s'agit de qtielque nouvelle secte qt
menace la' paix des Elats.
La cour de Rome, dit le Journal des Dé-
bals, s'est nqise en hostflité avec tous les
pouvoirs civils par \e-Syllabus el par le dog-
me de l'mfailjjbiltlé: papale. El le recueille
aujourd'hni l'indiiTérence de tons les souve-
rains. II n'en est pas un setil qui voulüt ris-
quer sa populo rité pour soutenir les droits ou
les prétentions du Saint-Siége.
La conclusion de ces lignes, c'est que les
gouvernements aujourd'hni sont populaires
en raison de leur hostilité conire l'Eglise ou
de leur indifference. Esl-ce que Viclor Em
manuel est populaire au temps ou nous som
mes? Est-ce que son norn el ses oeuvres ne
sont pas condamnés dans les profondeurs de
la conscience humaine parlont ou s'élévent
des autels calholiques? Est-ce que M. de Bis-
mark est populaire! N'a-l-il pas dit lui-mème
non peut êlre sans qtielque orgueil, qti'il
était l'homme du monde le plus haï
Quand il a vouln provoquer les adhesions
britanniques a son entreprise contre l'Eglise,
n'a-t-il pas rectieilli la plus compléte repro-
bation? Je ne sache pas qti'il soit populaire
en Allemagne; il n'a plus rien a apprendre
sur les sentiments des calholiques du nouvel
empire germanique, el ce n'est pas sans pei
ne el sans pression qti'il oblienl dn Parle-
ment ce qu'il veul. Les puissances indifferen
ces, en face de la situation présenle de l'Egli
se, ou sont-elles? Les tines sonl passagére-
menl engagées, les auires passagèremenl
impuissantes.
Quelle erreur que d'allribuer a la défini-
tion du dogme de l'infaillibilité rentreprise
du gouvernemenl prussien contre l'Eglise
catholique! C'est un prétexte, ce n'est pas
une cause. M. de Bisrnark a repris contre
l'Eglise toutes les vieilles traditions du césa-
risme germanique; y avail-il des definitions
du dogme de l'infaillibilité poniificaje au
tenips des Otbon et des Henri? La prétention
païenne d'etre Cesar et Pontife date l-elle de
1870? Avant le Cuneile du Vatican, les empe-
reurs d'Allemague n'avaient-ils pas.essayé de
mellre la main sur les droits les plus esseu-
t iels tie l'Eglise, el les Pa pos qui eureut l'bon-
ueur de leur rësister victorieuseinent n.esau-
vérenl-ils pas a cette époque riii'depend'ance,
la verilé de la foi en rnèine temps que la
dignité humaine et lTuuepeiidaucè des na
tions?
Ne laissons pas la politique, prendre tout a
sou aise les erreurs a son service. L'iniquite
pense pouvoir rester en paix dans les ruses
au milieu desquelles el les el le s'enveloppe;
arrachöns-lui ses voiles el monlrons la
dans la laideur de ses acles. Nous I'avons dit
cent fuis, le's questions religieuses dbminent
lout aujourd'hni dans la direction des affai
res bumaines; vei lions-y, prenons garde
aux méprises, süivons de prè» tout ce qui se
passe, et resions, dans la mesure de nos
forces, les gardiens inflexibles de la vérilé.
JOSEPH DE MA 1ST RE ET NOTRE TEMPS.
Le eonite de Maistre est sans conlredit de
tous les éerivains celui qui a le plus exa'cte-
ment prévu les evenements dont nous som
mes les témoins. Nous voulons, pwur l'cdifi-
caiion de nos lecteurs, citer quelques exiraiis
de ses livres. Théologiquement parlant, M.
de Maistre n'a pas voulu faire de propliólies,
mais ce qu'il dit est la prévision d'un esprit
clairvoyant et douè d'nne prodigieuse péne
tratiou. La viyacité de sa foi, la droiture de
sa conscience, son amour parfait de la vérilé
out puissamment contribué a aiguiser son
instinct naturel a pressenlir l'aveoir. Les vi
sions les plus frappantes se trouvent dans ses
Lettres, dans son livre Du Pape et dans ses
Süirées de Saint-Pétersbourg. M. de Mais
tre dit:
L'Eglise catliolique,elconséquemment la
verilé dans le monde, ne vivent que par la
Papaulè, qui en est la representation éier-
nelleet qui vil de la Parole vraie. L'Eglise
et la vérilé ne triompheront sur la lerre
que lorsque la Papaulésera Iriomphan'e.
Mais Ia Papaulè a trois ennemis formida-
bles: le Gulhcanisme, la Réiw/ulion et le
Protestantisme, dont procèdent les deux
premiers. Atlendez encore un pen, et vous
verrez la Papaulè iriompber de ceile hydre
a trois tètes. Ne nous faisons pas illusion:
la Revolution, c'e.st l'erreur, el l'erreiir est,
de sa nature, diabolique. E!le ne pourra
êlre bannie du monde que par la Papaulè,
qui est la vérilé, paree qu'ellc esl Jèsus-
Christ sur la. lerre. La Papaulè vaincra la
Revolution. Au pomi de vue doginalique,
il n'y a plus de protestantisme. Les princes
out iidoptè cette forme de Terreur au XVD
siècle pour pouvoir spolier l'Eglise. Au
XIXe siècle ils relourneront a l'Eglise et se
soumetlronl a la Papaulè pour consolider
leurs trönes, que les principes du prules-
(autisme auroul minés.
L'époque du triomphe dé la Papaulè pré-
vue par le comle de Ma ist ro pourra.it iTéire
pas éloignée. Le Concile du Vatican, rétiui el
dirigé par Pie IX. a renversé le gallicanism'e,
le pfemièr des trois ennemis du Christ sur
la terre. La papaulè se ir'duvé momenlané-
n'iènt engagée dans une lutle terrible avec le
second adversaire, avec la Revolution. Qui
pourrait douter du Iriotfiphe de l'Eglise?
cetix-la seuls qui ne sa vent pas que pour la
papaulè, luiter, c'est vaincre. Au sujet des
grands changements poliliquè's qui se sont
opérés par la France a la fin du siècle der
nier et au commencement du siècle aeluel,
M. de Maistre écrivait:
Malgré tout, la Revolution francaise ne
sera pas le plus grand événement du siè-
cle nouveau. Le plus grand événement ne
sera pas une révolution politique, mais unc
révolution morale, dont la nation francaise
sera ['instrument. Selon l'opinion des théo-
logiens el des savants, TApocalypse eon-
lient la description d'événenienls dont
nous sommes trés-rapproehés.Noüsdevons
done, plus que jamais, scruler les propbé-
>i lies, paree que nous avons a nous tenir
prèls pour unqprodigieuse venue de Por-
Ure divin. Nous allous au devant d'elle
avec une rapidité qui donne lè verligë a
(ons ceux qui y preunent garde.
Or, qu'elle sera cette prodigieuse venue
de l'ordre divin? L'écrivaiu le dit, ce sera;
Le triomphe da calholicisme ou, ce q/i
revient au mé me, de la vérilé divine sw
loute la lerre, par le mutjen de lu Papaulè.
LES FRUITS DE L'ARBRE.
Sous ce litre, nous lisous dans la Voixda
Luxembourg-.
L'affaire Fontainas continue de defrayer
la presse. Les journaux libéraux, ne pouvatit
pas mème plaidér les circonslauces atlénuan-
tes en faveur du coupable, le renieiit cyni-
qtiement el s'évertuenl a répéter qu'il n'est
point des leurs.
Si Tilfusiré'M. Fontainas n'est pas libéral,
qu'est-il' done? Le fleuron d'adultére qu'd
vient d'ajouterasacouronnedelibre penseur,
loin de brisër les liens qui l'utiachent au li
béralisme, ne fait que les resserrer davanta-
ge. L'adultére est leJfruit Ie plus commun
<]iie produise Tarbre de la libre-pensée. S'il
nous était donné de soulever le voile qui
cache les turpitudes des contempteurs de la
religion, il nous serail facile de montrer
qu'il en est peu qui respectent les lois du
mariage, el que la plu part considèrent l'a
dultére comme un péclié mignon el aima-
ble, du moment qu'il reste caché et qu'il ne
va pas s'asseoir sur les bancs de la cour
d'assises ou de la police cbrreclionnellë.
O
co
Gr;
co
O
co
Cb
CC
O
O
w
O)
ü*s»r~i: ---
ra
03
'JC
O
CT3
X
"V
•H
oo
ra
co
—3
oo
ra
G
73
H
O
G
-3
-1
ra
oo
ra
co
os
o
ra
ra
ra
co
ra
oo
>-
2
Ypres-Poperinghe,6-50,9.-07,12-05,3-57,6 00,8-45,9-80. Po-
peripghe-iiazebrouck. 7 13, 12-25, 4-17, 7-13. Hazéb'róuck' Proper j nghë- pres3-35, 10 00, 4 10, 8-25.
9-25, 1-50, 7-50.
Poperinghe- Ypres, 3-15,7-23.9-30,10-38.2-15,3-05,9-20
peringhe-iiazebrouck, 7 13, 12-25, 4-17, 7 13.
Y pres-Roulers, 7-50, 12-28., 6-48. Kou Iers- Ypres,
Hou I ers- Bruges8-4511 -34,1-13, (Ij. 5 56), 7-36, (9-55. Lichtei.v.) Licbterv.-Thourouty 4-25 m. Bruges-Roulers, 8-25,
12-50, 5-13,6-42. Lichiervelde- Cour tv ui, 5-25 mZêdelghem Thourout, 12-00.
Ypres-yburtrai5-34,9-49,11-18,2-35,5-25. Courtrai- Ypres, 8-08,11-02,2-86,5-4o,8-49.
i pres - fhouvoul, 7-13, 12 06, 6 20, (Ie Samedi a 5-50 du maiin iusqufa Langhemarck).
(Ie Samedi ii 0-20 du maun de Langhemarck a Ypres).
Comines-Warnêton-Le Touq ne t-Hou pl ines-.-l'rntentttres, 6 00, 11-M),' 3-38'
pes Le Iouquei-\Y arnêtpn-Cpimwes 7 -40,'2-00, 4-48. (le Merer. 10-38 m. 8-üü s.)Comines- Warnêton 8 40, in 9-30 s. (Je
cis). Thourout-Ypres, 9 00, 1-18, 7 43,
(les Merer. 8-40 m. 0-30 s.) Ariiièntières-lloupli
Lundi 0 30 s.) Warnêton-Commes 3-30, 1 1-10, (le Lundi ti-30 s.)
Courtrai-ffrwpes, 8-05, 11-00, 12-38, (L. 3-13), 6-83. (9-00 s. (Lichle.'rv.j Bruges-Cour/rot', 8-23. l'2-30, H 13, 6-4-2.
Bruges, Blankenberg, Ueysi, (slation) 7-30, 11-04, 2-30, 7-33. Hevst, Blankeiiherbhe, Btuges, 3-43, 8,30 11-28, 3-30,
Blankenberghe, Bruges, 6-10 8 33, 12-06.
Ingelmunster Deynza-Gand. 3-13, 9-41, 2-13. Ingelmunster-Demze, 4 30 2' cl., 7 ld! G.und Deyrwi-InqeUn anker, 6-38,
11-20, 4-39. Devnze Ingelmunster, 9-10 2C cl, 8-20 s.
Ingelmunster-^nseghem, 6-03, 12-10, 6-13. Anseghem-Ingelmunster, 7-42, 2-20. 7 ,43:
Lichtervelde-Djxmude-Furnes et Uunkerke, 6-30, 9-10, 1-33, 7-34. /)«-/ike/l-«-Furiios-üixinude et Lichtervelde, 0-33, 11-13,
3-43, 8-10.
Dixmucle-Nieupoi2,9-38, 2-20, 8-40. Nieuport-FtowMofe, 7-40. 10-43, 12-00, 4-28.
Tliourout-Ostem/e, 4-30, 9-13, 1-50, 8-03. Ostende-JWq^, 7-33, 10-10, 12 23, 6,-18.
Selzaete-AY'c/oo. 9-08, 1-28, 8-23. Eedoo-i'eteaöte, 8-33, 10 18, 4-22.
Gaud-7^erneuzen, (suuion) 8-17, 12-15, 7,25. (porie d'Anvers) 8-30, 12-40. 7 45. lerneuieu (rltud, 6 00, 10-30, 4 40.
Selzaete Lokeren9 04, 1-30, 8 30. (Ie Merer. 3-10 tn.) Lokeren-Sëteoete, 6-00, 10-28, 4 43. (le Mardi, 9,30.)
C O 1.1 JEV B 8 I" O W D -TV NOES.
COURTRAI, BRUXELLES.
Courtrai dép. 6.40 10,83 12,33
Bruxelles arr. 9,20 1,33 2,23
COURTRAI, TOURNA!LII.LE.
BRUXELLESCOURTRAI.
3,43
0,06
6,38.
9,16.
Bruxelles dép.
Courtrai arr.
8,22 8,28
8,00 10,43
12.21
2,41
8,38 6,47.
7,83 8,44.
LILLE, TG0RNAI. COURTRAI.
Courtrai dép.
Tóurnai arr.
Lille
7.00 10,36 2,-84 8,34 8,47.
7,81 11,47 3,48 ff,29 9.41.
8.38 11,38 4,00 6,32 9,33.
COURTiUI, GANO.
Lille dép. 3,20 8,28 11)03
ToÜrnai arr. 8.43 8,86 11,34
6,37 9.47 12,26
Courtrai
2,82
2,47
3,42
GAND, COURTRAI.
Courtrai dép. 6,42
Gand arr. 8,01
12,31 3,47 6,40.
1,32 5,03 7,56.
Gand dép.
Courtrai arr.
BRUGES, GAND, BRUXELLES.
Bruges dép. 0,49 exp. 12,39 3"34 exp. 6,43
Gand arr. 7,34 1,84 4.19 7,88
Bruxelles 8,50 4,03 5,26 9,31
5,38 9,39 1,28 4,24
0,57 10,52 2,49 3,31
BRUXELLES, GAND, BRUGES.
5,20.
5.39.
6,36.
7,21.
8,42.
Bruxe'lles dép. 8,14 11,33 3,12
Gin-l arr. 6,00 9.41 1 23 4,26 exp. 6,37.
Bruges 7,15 10,34 2,38 5,11 '7,22.
Suite. Voir le N" préeéilent.
Eri ce moment. Hoédic. notre jeune soldat. qni.
lui aussi, (ileurait, sapprocha, et essuvant les
veux dn revers de la main, il dit an blessé:
Mon lieutenant, mon lieutenant, oh! tenez,
je men veux d'êtrè la debout sur mes jambes,
pendant que vous.... et a cause de moi! Jion. ga
ine fait tine peine!... Iiien sur. a présent j'aime-
rais mieux avoir élé écliarpé par ces Bédouins.
Brave garcon! dit le hlessé en lui tendant la
main
-L'est vrai. ce que je vous dis. Mais faites
excuse, mon lieutenant, avec lont Ie respect et
1 amitié (jne je vous dois. il me semble q|ie vous ne
voyez pas lout a fait les choses comme il faot Jes
voir. Aon, lout n'est pas perdu pour vous....
Vous parlez de la mort. mon omeier. comme si Ja
mort était la fin des fins. et qirunéfois Ie corps
dans la fosse, il n'y bót plus d hotiuné! Grace a
Dien. il n'en est point ainsi.
Que veux-lti dire, demanda le blessé, non
sans qiielqtie élonnement?
Mon lieutenant unc question d'abord. Vous
avez fait votre première communion?
Saus dottle, mats il y a bien des annéës de
cela. j'élais au collége, et bambin. Tun (les plus
étourdis!Je crois pourlant que je fis de mon
niiegx.
Trés bien! mais pour faire votre première
communion il a faljn apprendre le caléchistne?
Oui, mais cotnme apprend l écolier, pour
oiiblier bien vite, sutlout quand on ferme le livre
pour s'occnper uniqiiemrnt d'autres études que
les parents et les m oires jugent tont autrement
importanles. Du catécliisme je ne me souviens
gnère.
Mais pourlant vous vous rappelez bien en
gros ce qo'il opus euseigne, qu'apres cette vie si
courle il y a qne autrg... et celle-la qui ne finira
point... q'u'il v a on Dien a la fois noire père et
notre juge, qui nom. promei recompense oii cM-
trnfent suivant (file nous au'róns praliqiié ou dé-
daigoé sa lol sainte.tout cela, mon lieutenant,
vous ue t'igiiprez pas,..
Pas loot a fait, peut êlre F.nfinG. j'ai prié
Jésus el la bonne Vier ge. mais jeune homilie bien-
tót j'ai fait comme tant d'autres, lont aux piaisirs
et aux preoccupations de la vie présente. S'il est
line loi et des devoirs que Dien nous ail imposes,
hélas! depuis longtemps je ne m en inquiélais guè-
re! il s'il y a la-bas un jugemcnl, des chalimcnls,je
l'OUJOCLAT.
dois craindrc...
Non mon lieutenant, non, car vous n'étiez
au fond ni impie ni méebant, au contraire,
je n'en veux pour preuve que ce que vous avez
risqué pour moi. Or, l'ampur de nos semblables
c'e.st devant Dien une grande verlu; el d'un pa
red sacrifice bien sur il vous tiend.ra comple. Vous
l'avez bien oublié peut êlre, ce Dien bon, mais
pas tiniqiieiiien't par voire faule. OfiVez-lui, mon
lieutenant, voire peine en expiation du bien que
avek omis, demandez-lui pardon du fond dn édeur,
et allez, il nê vous refuscra pas.
Tu crois mon ami.
Si je le crois, mais. mon lieutenant, j'en
suis sur, paree que ÜEgjise me l'aflirnie el que
l'Bglise en sail plus long que moi et que tout le
monde. Je ne suis qii'un ignorant villageois, et
je séns bien que je ne sais pas tout ce q'u'il faudrait
dire en ce moment. Que n avons nous ici qtiel
que bon prêlre ou (pielque pieuse scenr de la
cbarilé! Mais il nous f.nit .mpfirir, nons aiitres
cbrétiens. comme des niécréants. II y a pour Ie
corps, el je ne m en plains pas. cer.tes. force mé-
decins el chirugiens, et pour l'ame pas un seul...
Un n'y a pas pensé! Mais, mon lieutenant, a vous
n'est pas la faule el avec le bon Dien I'mlen/ion
suflit. Priez-le sincèrenient, dites lui que vous avez
regret du passé stirloul paree que vous i'aiuicz
comme un fils faché d'avoir offensé son père a cau
se de sa lendre botué, et ne craigncz l ien, il y au
ra pour vous une place dans sou paradis qui vaut
bien l'aulre, c'esl-a-dire qui vaut heaucoup, infini.
ment mieux; car celui la' mie fois qu'oti le lient,
pei'sonhé qui ptiisse vons Töler.
Ah! niurmnra le blessé avec un soupir.
Moil ofliicier, je suis bien jeune encore et je
n'ai pas une longye experience; mais j'en ai asscz
pour êlre certain que dans ce monde, au milieu
des plus grands boiibetirs mème, il y a bien de la
misère. Dans le ménage par exemple, combien
d'époiix n'ai-je pas vus, amoureux, dans les pre
miers temps, a en per.dre la lète, el qni plus tnrd
étaient Tun pour i'aiitre comme le Bédouin pour le
Francais. Ou bien si Ia lune de miel continue, ce
sont d'autres fracas qui lombentdruscommegrêle,
des maladies, des chömages! les ehfanls qti'on
n'élève pas on qui tonrnent mal, et un tas d'autres
bistoires. Ainsi, mon officier, a mon idéé, el je nt-
crois pas que j'ai tori, motirir jeune, a condition
bien cnlendu qu'on men re enjchrétien etréconcilié
avec Dieu, c'est une béuédiction, c'est une grace.
Pendant que le naïf soldat parlait ainsi et avec
un accent profoudément ému. je vovais sur la
figure d A'iidré Texpression donlouréuse et déses-
pérée seffacer par degrés. retuplacée par un air
de sérénité ineffable. Bientöt mème le sourire
I'eparut sur ses lèvres, et j'apercus dans ses yeux
ce soudain rayonnement qut trahit le ealme de
Tame revenue a l'espéranee. Après les dernièrés
pèroies d'Hoëdic, le blessé joiguit les mains en
iriclinanl la tête. et au mouveuient de ses lèvres
comme a Texpression de ses traits, on ne pouvait
(louter qu'il priat.
II se recueillit ainsi qtielque temps, puis se
lournaiit vers nous avec un dou.x sourire et uil
plus doux accént:
Je puis mourir maintenant. Grace a flieti,
je n'avais point lout a fait oublié nos saintes prtè-
res! Du moins, par une miséricorde du ciet. après
tant d'années, je les ai relrouvées lont d'abord
dans mon cocur cl sur mes lèvres! Je suis tranqujl-
le et je n'ai plus tant dé regret a qiiitler la vié,
sac'hant que je vais la-haul pil mattend un non
Père. J'espéi'e en lui pai'cé que j'ai du passé t/n
regret immense et que si j'avais a revivre, oh! non,
je ne vivrais pas comme j'ai vécu! Le Seigneur
aura pitié de moi, comme il a eu pitié du pativre
larron. Oh! si aujoiird'bui mème moi aussi j'en-
trais dans la joie du paradis! Mais puisque la
force me semble revenue avec le courage, j'en
veux profiler par les derniers adieux. J'aurai le
temps, j'espère, d'écrire a ma chère mère et a
cette autre infortunée.
A CONTINUE?,.