V^^/düE^-liL* Ag£ LE CHAPELET D'üN ÉLÉVE mk a A N 'WÊÊÊÊm Mercredi 3 Juin 1874. 9me année. N° 879. ■n* r° >- ra n z Le Journal parait le Mercredi et le Samcdi. Les insertions content 15 centimes la ligne.Les réclames, dans le corps du journal, se paient 30 centimes la ligne.Un numéro du journal, pris au Bureau, 15 centimes. Les numéros supplémentaires commandés pour articles, Réclames ou Annonces, content 20 fr. les 100 exemplaires. t' If li Tl I S l> K F K II. LA QUESTION RELIGIEUSE. Sans amoindrir en quoi que ce soit les queslions d'fntérét materiel, nous faisons a ceux qui nous lisent riiunneur de croireque la tpieslion religieuse el la queslion sociale liennenl dans leurs préoccupations la pre nnère place. II esl des gens, nous le savons, qui n'ai- rnent pas a parlor de ce qui touche la reli gion. Sur toules les aulres maticres, iIs con- sentent a dire ce qu'ils pensenl, ilsaiment a allaquer lopiruor. d'autrui et a venger la leur. Mais tl n'en va pas ainsi au sujet de la religion. Ou la considére volontiers, dans tiu cerlaiu monde, couime n'étant qu'une relation de rindividu avec Dieu, coniine un fail purement iuierne. Ce fail, unesorte de pudeur seinhle engager a le cacher en soi- inème el a respecter discréiemcnt son exis tence chez les aulres. Avons-nous besoin de le dire? Nous ne saurions admeilre et nous n'admettous pas ce point de vue étroit, ces litnilesabstirdes tracées par rignorance, la pusillanimité el le respect humain. Le catliolicisine est, a nos yeux, la loi universelle, et voila pourquoi son influence est appeléc a s'élendre, dans la inesure indiquée par les circonstances, sur la société Ionl entiére. Nous nionsque l'Eglisc nesoit qu'une «ab straction, et nous professons que lous ceux qui croient en Ellc ont pour premier devoir de défendre son autorité comine de sauve- garder son indépendance. Nous afflrmons que le cntholicisme est non-seulement la vérité religieuse, mais qu'il est aussi la vérité sociale: par conséquent, nous croyons que Ie progrès social esl inié- ressé a son li Ine épanouissement, a la libre L'ÉCOLE POLYTECHNIQUE. Le diner du Chirurgien. diffusion de sa doctrine, au pacifique rayon- nement de son influence. Sur ce point, il n'esl pas de dissidences possibles entre calholiques. Ledrapeao que nous arborons est celui qui doit les rallier tons: il est celui de Tunionparee qu'il est celui de Vunité. Faisons mnintenant une reconnaissance sur le terrain ennemi. Quedécouvrons nous? 1° Tous les liberaux sont d'accord pour combattre 1'influence sociale du catholi- cisme. 2° Les libéraux imbeciles on hypocrites protestent que, dans l'intimité de la conscien ce, ils respeclenl la religion de leurs péres. 3° Les libéraux sincéres et logiques disent avec le Jour/uil de Guild: le libéralisme est la libre-pensée ou il n'est rien. C'est a ces derniers qu'appartient aujour d'hui la conduite du parti. Le libéralisme dit tnodéré est absorbé, efface, annihilé par l'es- pril anti-cbrélien qui caraelérise l'ensemble de la secte. Aussi n'esl-ce plus pour défendre contre de préleudus empiétements l'indépendance du pounoir civil que les libéraux descen dent aiijourd'bui dans Parêne de nos lillies publiques, c'est pour aflinner la suprematie de. PElut sur PEglisec'est pour fray er les voies, a l'odieuse politique qui aboutil sous nos yeux, en Alleinagne et en Suisse, a l'in- terdiction du culie catholique, et l'oppression des consciences, a la proscription des ordres rebgieux, a l'exil et a reniprisonnement de l'épiscopat et du clergé. Ou parle a la Ch,ambre cl dans la presse du Syllabus el de LEucyclique de 18G4. Cotnme si la proclamation des droits de Dieu pouvail jamais amoindrir les véritables droits de l'homme! Mais qui ne voil aujourd'hui, ntèrne parmi les libéraux qui savenl réfléchir et juger, que la tjueslion n'esl pas de savoir ce que PEglise luissera de liberie a PEtat. elle est toule de savoir ce que PEtul luissera d in dépendance d PEglise? C'est dans ces conditions que se formulera, sur le terrain religieox, le verdict que les électeurs auront a rendre, le 9 Juin. Nous defions nos adversaires de le conlesler de bonne fot et nous engageons nos amis a y réfléchir devant leur conscience et devant Dieu. Si la vie du chrétien est un combat, s'il doil aflirmer sa foi devant les hommes, peut-il laisser la vérité sans defense ei Ie droit sans témoins?... (Bienpublic.) LA QUESTION SOCIALE. La question sociale est inlimemcnl liée a la queslion religieuse. A vrai dire, elles n'en font qu'une, car la religion est la seule ga rantie eflicace de la paix sociale, en dehors de la contrainle maiérielle qui peut, a un moment donné, saucer une situationmais qui, elle seule, sera toujours iinpuissante a protéger l'ordre. A ce point de vue, la révision de la loi de 1842 sur ['enseignemenl primaire, inscrite, cetie fois, en téte du programme liberal; acquiert une importance capiiale et sur laquelle nous appclons toule ralleitlion du lecteur. On a souvent répélé ce mot si vrai de Porta lisun doctrinaire s'il en fut!... Point d'inslruclion sans education, point d'éducalion sans religion. L'expérience vérifie, lous les jours, la sa- gesse de celte maxime. Que de jeunes gens dévoyés. que de families malheureuses, que de palrimoines dissipés par la prodigalité et par la débauche, paree que 1'édiication el la religion ne sont pas venues faire un homme de celui dont l'inslriiclion n'a pu faire qu'un coupable ou qu'un fou! Mais eet aveuglement qui, dans lessphéics supérieures de la sociélé, n'aboutit qu'a des catastro|)lics privées, doil néccssairentent aboutir a une catastrophe sociale, lorsqu'il préside au dévcloppemenl intellect nel et moral de ce grand enfant qu'on appclle le peuple. L'education populaire est aujourd'hui, el a bon droit, la preoccupation de lous ceux qui s'intéressent a l'avenir de la société. De la, ces éeoles sans nombié, ces palro- nages, ces associations ouvrières que mulli- plie autour de nous la charilé catholique. De la aussi les contrcl'aeons bbérales de ces eeuvres Et de la la fertnenlalion d'une démocratie atnbilieuse qui réclame sa place au suleil de la vie moderne. Que sorti ra - l-il de ce mou vement? Nous ne saurions le dire. Le fait esl qu'il exisle, qu'il se propage, qu'il grandil, qu'il deborde de tonics paris par dessus les cadres et les bar rières olïicielles de nos sociclés bourgeoises. Ce que nous savons, c'est que la religion seule esl capable d'imprimer a ces flols qui iiionieiit une direction réguliere el un cours pacifique. Ce que nous savons encore, c'est que l'in- striiclion sans religion, lom de drtourncr un denouement révoluiionnairc, ne fera que Ie j précipiler et en aggravcr les consequences, au point peut-ètre de les rendre irrémédia- bles. Pour bien apprécier cede question, il n'esl pas néceèeaire d'avoir fait de profondes études: il suflit d'interroger la situation ct les fails. Pourquoi la Belgiqtte sTest-clle Ironvcc jusqu'a présent bcureusemént ahriiée contic les convulsions socia,les qui on! produit, dans les pays voisins, do si profonds ravages? Pourquoi pouvons-neus cspé'rer qu'une Commune serail impossible dans nolre pays, ou fout au moins qu'elie serail bientót élouf- fée sous l'énergique reprobation de la nation entiére? Nons le der/tandons a lont homme de bon ne foi: n'est-cc point paree que la religion a conserve parmi nos populations un salulai e empire; n'esl cc poini paree que la voix'du prètre est écoutée el que l'enseignement du caiéchisme tncl la barrière des commande- menls de Dieu enlre ceux qui couvoilcnt et ceux qui possédenl? II n'est point deux maniéres de répondre a cetie question: il est Irop évident que le catbolicisine esl, dans l'ordre moral, la seule barrière qui s'opposc encore au débordement du socialisme et de Ia Révolution. Or, e'est en présence de celte situation, c'est lorsque M. Frère-Orban lui inême, est obligé de reconnaitrc qne la société est malade, que Ie libéralisme vient inscrire en téte de son programme ia secularisation absolute de Penseignemenl primaire! Le moment est bien choisi, n'est-ce pas, pour dire au peuple: Lisez, calculez, écri- U3 Z SZ O ca CA; CO O fe. CO 5© CO Ci 5 >4? ■vj rrj -3 -H 50 n C« —3 50 H O C2 T) 50 O C/a C3C O C*J C*3 W ^5 50 Poperinghe- Ypres, tl -1 ,"7-2t59-30,10-58,2-13,5-05, 9-20. Ypres-Poperinghe, 0-90,9-07,12-03,3-57,0 50,8-45,9-50. Po pe ring lie-llazebrouck, 7 13, 12-25, 4-17, 7 13. 1 l.izebrouck Poperinghe Ypres, 8-35, 10 00, 4 10, 8-25. Ypves-Boulcrs, 7-50, 12-25, 0-45. Rooiers-1 pres, 9-25, 1-50, 7-50. Rooiers-/O'«</es, 8-45,11-34,1-13, (L. 5 56), 7-30, (9-55. Liehterv.j LiclUet-v.-Tliourout, 4-25'm. Bruges-Haulers, 8-25, 12-50, 5-13, 0-42. LielueivekleCourtrai, 5-25 m. Zedelgliem Tliourout12 (10 Ypres-Courlrai, 5-34,9-49,11-18,2 35,5-25. Courtrai- Ypres, 8-08,11-02,2-50,5-40,8-49. Ypres-Tkouroul, 7 13, 12 00, 0 20, (le Samedi a 5-50 du matin jusqu'a Langbèmarck). Tliourout-Ypres, 9-00, 1-18, 7-45, (Ie Samedi a 6-20 du mann de Langliemurek a Ypres). Comines-\Vuruê|ou l.e Touqoel-lloupline.s-Ti'»i.e/t<«ere.s, G 00, 11-50, 3-35, (les Merer. 8-40 m. 0-30 s.) Armentières-Houpli- nes Le Tooquet- Wartiêton- Comines 7-40, 2-00, 4-43. (le Merer. 10-35 m. 8 00 s.) Comines- Warnèlon 8-40, m 9-30s. (le Lundi 0 3(1 s.) Wiirnêlon-Comines 5-30, 1 1-10, (le Lundi 0-50 s.) Courtrai Bruges, 8-05, 11-00, 12-35, (L. 5-15), 6-55. (9-00 s. (Lichlerv.)Brnges-CWrtmt, 8-25, 12-50, 5-13, 6-42. Bruges, Blankenberghe, Heyst, (station) 7-30, II 04, 2-50, 7-35. Beyst, Blankenherghe, Biuges,-5-43, 8,30 11-25, 5-30, Blankenbernhe, Bruges, 6-10 8 55. 12-06. Ingelmunster Deynze Claiiil5-15,9-41, 2-15. lngelmunsler-/>!/!ise, 4 50 2" cl., 7-15. Gand-Deynze-Ingelmunster, 6-58, 11-20, 4-39. Deynze Ingelmunster, 9-10 2rcl, 8-20 s. Ingelmunster-Anse.ghem, 6-05, 12-10, 6-15. Anseghem-Ingelmunster7-42, 2-20, 7 45. Lichtervelile-pixrr;ade Furnes el Dunkerke, 6-30, 9-10, 1-35, 7-54. -Dunkerke-Fornes-Dixmude et Lichtervelde6-55, 11 15, 3 45, 5 10. Dixmude-AYewpor/, 9 55,2 20, 8-40. Nieuport-DLcrwiwde, 7-40. 10-45, 12-00, 4 25. Tliourout-Ostew.de, 4-50, 9-15, 1-50, 8-05. Oslende-Tliourout, 7-55, 10-10, 12 25, 6-15. Selzaeie-iiecfoo, 9-05, 1-25, 8-29. Eecloo-Setzaete, 5-35, 10 15,4-22. Gand Terneuzen, (station) 8-17, 12-13, 7,25. (porie d'Anvers) 8-30, 12-40. 7-43. lerneuzen (rand, 6 00, 10-30, 4 40. Selzaete-Lökeren, 9 04, 1-30, 8 30. (Ie Merer. 5-10 m.) Lokeren-Splzaele, 6 00, 10-25, 4 43. (le Mardi, 9,30.) <J O 11 11 ESPOIfDAirCES. COURTRAI, BRUXELLES. BKUXEI.IES, COURTRAI. Courtrai dep. Bruxelles arr. 6,40 9,20 10,53 1,35 12,33 2,23' COURTRAI,. T0URNA1, LILLE. Courlrai dep. 7,01) 10,56 2,34 Tournai arr. 7,31 11,47 3,48 Lil ie 8.33 11,53 4,00 COURTRU, GANl). Courtrai dep. Gand arr. 6,42 8,01 12,31 1,52 3,45 6,06 5,34 6,29 6,32 3,47 5,03 6,38. 9,16. 8,47. 9,41 9,53. 6,40. 7,36. Bruxelles dep. Courtrai arr. 5,22 8,00 8,28 10,43 1-2.21 2,41 5,33 7,53 6,47. 8,44. LILLE, TOURNAI, COURTRAI. Lilie dep. Tournai arr. Courtrai Gand dop. Courlrai arr. 5,20 5.49 6,37 8,23 8,56 9.47 1 1,05 11,34 12,-26 2,82 2,47 3,4-2 GAND, COURTRAI. 5,38 6,37 9.39 10,5-2 1,28 4,24 2,49 3,31 5,20. 5,39 6,36. 7.21. 8,42. BRUGSS, GAND, BRUXELLES. BRUXELLESGAND, BRUGES. Bruges dép. 6,49 exp. 12,39 3'34 exp. 6,43 Gand arr. 7,34 1,54 4.19 7,38 Bruxelles 8,50 4,03 3,-26 9,31 Bruxelles dép. 8 14 G in I arr. 6,00 9 41 Bruges 7,13 10,34 11,3.3 3.1 '2 1 23 4,26 exp. 6.37. 2,38 3,11 7,22. DE Suite. Voir lc N° précédent. Lu ice moment, Henri qui c'élail avancé ii leavers le cercle des curieux. tendit la main, et d'un air tranquille, avec un ferme accent, saus rongeur ui faiblesse, au millieu d'un immense élonnement, il dil: Ce chapelet est a moi, un lel veuillcz me Ie rendre. A loi, ii loi! par exempie! A lui! ailous done! Cela ne se peut pas! lion, il continue la plaisanterie, Notre hom- mc sérieux est homme d'esprit, on le sail. Je ne plaisante pas, sur de pa roils stijels surtout, dit Henri qui ne se déconcerta point du sourite railleur de quelques-iins et de l'air dolent de plusieurs qui semblaienl le plaindre: otii, messieurs, ce chapelet m'appartienl el je Ie réclame! II me vient de ma mère mouranle, mou- rante, entcndez-voiisa laquelle j'ai promis de le garder toujours en restant lidèle a mes convictions. Messieurs, lout it l'heure ii i j'enleu- dais parler des ehoses les plus sairites avec une légèrelé qui ne s'cxplique que par la piofonde ignorance Irop eommiine, hélas! sur ses matières, les stilles qu'on dédaigue d enidier. J'entendais demander avec l'aceeni de la dérision si qtielqu'un de nous allail a la messe Je ne sais pas ce que font les aulres, mais pour moei comple. Dieu me garde d'y manquer. et ma première visile, le Di- manehe. est pour l'église. Je ne m en liens pas la- Oni, messieurs, je suis religicux ii l'excmple de Vauban, nolre illuslre mailie, a l'exempie de Tiirenne, de Condé, de Villars, ces vaillants! ii 1'exeuiple de Fénélon, de liossiiel et de lant d au lres grands bomines Je ni'eslime la en assez bonne et glorieuse compagnie pour en lirer lion- iieur, bien loin d'avnir il en rotigir. Cede ferme declaration de principes si solidc- menl motivée lit impression, l'lilsieurs qui tlot- taient hésitanls ne sachanl s'ils devaient approuver ou se moquer, d'autres qui déja comméncaient a ricaner, reculèrenl devant ce hanii jouieur. La plupart, jeunesse intelligente et généreuse, dans l'admiration du courage de Heni-i, applaudirent el lendirent la main en signe d estirne au vaillant athlete chrétien. Celui qui avait trouvé le cbapelet, un des pre miers s'avanca: Ne m'en venx-ti) pas? dit-il il Henri. A Dieu ne plaise, mon ami; sculemenl je ne puis m'empêcher de Irouver que lu as agi la un pen.... En franc élom di, en écorvclé, ne rrains pas de dire le mot; carjevois bien mauitenant que j'ai en tort: les paroles m'onl fait refléebir et j'ai grand regret inaintenant de cede esclandre el des sollises que j'ai dites. Par I énergie de son aliitude. non-seulement Henri avait conquis pour lui uiême la iberté. mais plus d'un, pen - ét requi jiisqii'alors laible et timide avait dissimulé ses Véritables senliuieiils. profila de la circonslance pour s'émanciper et, chrétien an fond du coeur, il ne prit plus, par une autre espèce d'bypocrisie. le masque de l'impiéié. Le respect humain est une insigne lacheté el une impardoiinable faiblesse. Dans le monde on n'a point assiz de blame pour le fils ingrat qui. rougissant d'une origine obscure, reine sou père artisan ou laboureur. Ou le condanine, mais on ne s en éloune pas, le fait ii'élaul inalheiireuse- ment pas rare. Mais comprendrail-on le (ils d'un homme illuslre, l'orgueil et rbonneur de la palrie, qui aurail bonte de la gloire de sou père et se croirait ridicule et déshonoré, si, pour ce père dunt il doil êlre fier, il témoignait devant tons de sou respect el de sou affection. Le monde, témoin de ce bizarre scandale, crierait a la sotlise a l'inep- lie, a Ij démence! Mais le lache chrétien fait-il au tre chose? II fait pis encore, lui qui craint d'avouer son respect pour le Père céleste. de proclanier sou obéissance filiale pour le Hoi des rois. Sot calcul d'ailleurs! line lovale declaration de principes, avec une ferme altilude que n'étonnent pas les tnoqueries, presqtie toujours déconctrle. les mauvais plaisanls et leur clöt la bouche. Ils pren- nent le parti de se taire, voyant qu'ils perdent leur temps. En voici encore un exempie. LI. Le chirurgien d'un régiment, excellent homme que nous avons coniiu, M. Gde Cos.iit êlre flanchcnunl chrétien a tine époque éioignée déja, Dieu merci, oit, dans l'armée, et parmi les oflicicrs de santé sin tontla profession onvei le du Christianisme semhlait une énormilé. II allait bravement ii la messe, se eonfessait el communiait voire en uniforme, el fais'ail légulièreincnt maigie au\ joins prcscrils. Pendant que les aulres con vives, officiers, ehii urgiens et niédecins dégus- laient le roti sueeu leut, le pon lel du Mans ou d ailleurs, el la dinilc plus,ou mollis truffée, lui se contentail d un oeuf sur le plat et de pommes de lerri: en robe de i liambie ou d épiiiards quel- conques. Et ce qu'il v avail de plaisant. c'est que le plus taquiné, le plus contrarié des dineurs. ce n'élafl point le eourageux chrétien, mais les cama- rades dont la tolerance s'exaspërail de lui voir faire maigre il leur nez, en dépil des quolibets, el se vexait de eette legon indirecte qu'il leur donnait par i'exemple. Unjour, ils imaginèrent de luijouer ce qu'ils croyaient, dans la candeur de leur igno rance, un excellent tour, et qui ne pouvail man quer de le chagriner irifiniment. On donna le mot d'ordre au cuisinier, qui se fit, par malice ou par cupidité, Ie complice de l'espiégleric complo- tée. Le Vendredi, an diner, on servit, commed'ha- bitude, au chirurgien Gun potage maigre, julienne ou purée; ses voisins. eux, savouraient une soupe grassedts plusappétissanlesque cbacun m vanlciil a l'envi en expriuiant hypocritement au camarade son regret de le voir, par un scrupule de bonne femme, se priver d'une chose si déli- cieusé. Mon potage n'est pas moins bon, dit-il, et même je ne l'ai jamais trouvé meilleur. Et lous les convives de sourire en échangcant entre eux de singuliers regards. Le docleur vit ensiiile placer devant lui une sole au gr'atin, et, pour légumes, lc plat d'Esaii dont il mangca d'un franc appétit. A ceux qui lui mofllraient d'un air de condoléance un magnilique gigot de pré salé d'ofi s'exhalait lc plus odorant fiunet, II répondil gaiement qu'il trouvail son pois- son et ses leutilles un régal exquis. Le dessert apporlé, l'un des convives, en se froltanl les mains, prit la parole, et, d'un air narquois, dit au dÖeteur: Docleur c'est aujourd'hui Vendredi. Vous en avez eu, je crois la preuve. Illusion, docteur! Vous avez commis, mon cher, un gros, grospéché. Aujourd'hui Vendredi, et un Vendredi de carême encore, vous avec' fait gras. Comment cela, il me semble, au contraire... II vous semble mal, bon docteur! Ah! vous en avez lourd sur la conscience; digérez, si vous pouvez. Ecoulez done vous voulïcz nous vexer en vous acharnanl a faire maigre et nous avons pris nolre revanche. Ce délicieux potage, cc délicat poisson, ces eavoureusés lentiles, tont cela était accomodé avec du bon jus de viande. Comme nous, picux docteur, vous irez.... en enfer.

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1874 | | pagina 1