ft
aï$
ép
1
i
ti
<^S£'*i£/V*
Mercredi 10 Juin 1874.
9me année. N° 881
o
ca
5
ttïpjHiiï
r°
>-
rd
Le Journal parail Ie Mercredi et le Samedi. Les insertions content lo centimes la ligne.Les réclames, dans le corps du journal, se paient 30 centimes la ligne.Un numéro du journal, pris au Bureau, 13 centimes.
Les numéros supplémentaires commandés pour articles, Réclames ou Annonces, content 20 fr. les 100 exemplaires.
IS E Jfï I 1) E W E H.
CAUSES DE LA CHERTÉ DES REMPLACANTS.
En cherle des rernplacants existait. avant
Ia loi de Nóvembre 1873. et ses causes sont
■ninliiples, comme le démonlre clairemenl
M. Denoël.
Depuis qoelques années, dit-il, tout
hnussf de prix, les sa la ires comme le resle.
On a dil a la Charnbrte que le sa la i re des
journnfiers du Limbonrg s'élail élevé de un
a Irois francs. Le rerriplacnni met naturelle-
menl ses services au niveau de la cherté des
vivres et des saiaires.
On doil payer les domesliqoes el les ou -
vriers plus chers aujonrd'bui qu'aulrefois.
Tout est augmenté. II fait cber, Irés-cher
vivre. C est Ie mol de lom Ie monde.
Celle cherté n'esl pas l'céuvre de Ia loi ni
d'un parti.
II en esl aulrement de la seconde cause:
la rurale relativele besom plus grand que
Ton a des rernplacants. Cette cause de cher
té est le fail du parti doctrinaire. Ceux qui
out augmenté le contingent annuel de 2,000
hom mes n on l pas fait sortir de leur poche
ou d ailleurs, par compensation, un nombre
correspoodant de rernplacants. Ee nombre
des rernplacants reslant le méme, el 360 a
400 miliciens de plus cbaque année se pré-
scnianl pour surencbérir sur les rernplacants
disponibles, le prix doit nécessairement
hausser et de beauconp.
L abolition de la SxiS>s<Êfïst5oïi, qui
esl I oeuvie des doclrinaires, est une des plus
lourdes aggravations des charges de la mili-
ce et Enne des causes qui conlribnenl le plus
nu rencbérissernenl des remplacants.En effel,
avant la loi doctrinaire, cbaque substiluant
lenait lieu d'un remplacant. II fallait moins
de rernplacants! lis étaient par conséquent a
plus lias prix. Celle cause de cherté qui agit
énèrgiquement, est Poeuvre de la Iqi 'de
1868, de la loi de 1870, deux lois doclrinai-
res, et nullement de la loi de Novembie
1873, la seule qui ait été fade par les catho-
liques el qui ne ntodifie ni Peffectif du con
tingent, ni la durée du service.
Une Iroisiëme cause est celle qui empêche
les amateurs de remplacer, ou qui écarté du
marché un certain uombrede rernplacants,
qu'on rend uivendables (excusez le mot) ou
qu on déclare impfopres an service.
Or, la loi doctrinaire a déclaré impropres
au service les sjiSistHuanfs. Grave in
novation de la loi de 1870! Les subsiiiuants
ne coiilaient que moitié prix, ils étaient done
relativement nombreux. C'étaient surtoul
des soldals ayant déja servi et qui se reen-
gageaint.
Le nombre des rernplacants est encore di-
minué par l'incapacité qui alteint les hom-
nies mariés, incapacilé absolue, par celle qui
atieint les condamnés pour vol a un an de
prison ou a deux aris pour lout autre debt,
'etc.
Ce son! les doclrinaires qui onl ci ces
inca paci lés.
Une qualriétne cause do la cherté, est la
speculation sur Ie remplacement. La nou
velle loi dc 1873 supprime de fait les sociétés
de remplacement. El le frappe leurs opera
tions de stérilite pendant les 9 premiers mois
de I'année, période que le gouvernement se
réserve pour chercher ses hommes. Menaeées
dans leur existence, el les out, avant que la
loi ne lilt en vjgueur, agi avee Pénergie
d'un bomme qui delend sa vie ou sa bourse,
el pour ne pas penr, elles oul lulie avec la
rage du désespoir centre la loi ei essaye d'un
accaparement general et antieipé des rem
placanls; elles uni naturellemenl joué a la
hausse en se donnaut lo mot, pour ne plus
fournir des hommes au-dessous de certains
prix et pour èlre en mesure de payer les
frais de la guerre terrible et ruiueuse qu'elles
Ohdn I .uuis, comme lu Irailes aiijour-
d'hui Ion Benjamin. Tu le frappes el vraiuieiH
saus inolif.
i allaient soutenir conlre le gouvernement en
1874.
Celle cause, les partis n'en sonl pas direc-
lement responsables, mais la poiémique doc
trinaire a sa part de responsabilité dans cette
cause de renchérissement du remplacement,
en répétant sur lous les tons que les rernpla
cants sont et seront d'une cherté excessive.
La droile et la gauche agissent tuut diffé-
remment en celle circonslaoce: la première
s'ingéniea dommer le mal, la seconde a l'ac-
croitre.
Voila des fails incontestables et indénia-
bles: ils prouvent éloquemment que l'état
des choses donl on se plaint, est l'ceuvre des
lib raux qui ne trouveni ricn de mieux qu a
rejeter leurs propres faules sur le dos dc
leurs adversaires.
LA REMUNERATION EN MATIERE DE M1LICE.
Les libéraux out inventé et fait voler en
1870 une des lois les plus comiques qu'en
aucun temps et aucun pays on ail décretées.
lis prennent aux families leurs enfants
pour le service militaire ct promeltent, pour
récompenser ce service, de payer une pen
sion aux miliciens qui auront le bonheur
d'atteindre Page de 56 ans.
II y a un dominage causé actuellemenl.
On Ie réparera dans Irenle-cinq ans; au siè
cle procbain, vers 1906, cette réparation
commenccra.
Cesl une detle d'humaoilé et de justice.
On la paiera dans trenle-cinq ans, a quel-
ques- uris. mais pas a tons.
N'esl-ce pas une mauvaise plaisanterie? El
pourtanl les anciens minislres libéraux y
Lennent et ne vculent jju.-, en démoidre.
Le ministère catholique a présenté aux
Chambres une loi d'aprés laquelle la'familie
du milicien recevra, pour chaque mois de
service, une indemnité immédiale de dix
francs: ainsi Ie pére ou la mère du milicien
toucbera par an cent vingl francs.
Les libéraux ne veulen! pas que les famil
ies obliennent celle juste compensation: ils
onl déja atlaqué le projet sur lequel un rap
por! favorable a élé fait et qui sera voté avant
la fin de cette année, si les catholiques Pem-
porlenl aux èlections de Juin.
II est cerlain au contraire, si les libéraux
l'emporlent, qu'on ne donnera pas d'indcin-
nité immédiale aux families, qui souffrent
des charges militaires.
LA GARDE CIVIQUE.
Parmi les douceurs que les libéraux réser-
venl a noire paye, s'ils reviennent au pou-
voir, il ne faut pas oublier la garde civique.
Plusieurs libéraux, on le sail, ont soutenu
publiquement Ie projet formulé en dernier
lieu par une Commission spéciale.
II est bon de faire connailre a lous les
électeurs le régime intolérable, auquel ils
seront soumis d'aprés ce projet.
La garde civique sera organisée duns Uni
tes les communes.
Les hommes de 20 a 40 ans seront lous
gardes civiqnes.
La garde civique se divise en deux bans:
Le premier se compose des céiibalaires ou
veufs sans enfarils, agés de 20 a 32 ans; le
deuxième coniprend lous les aulres.
Chaque ban se divise en parlie active et
en reserve. Chaque parlie doil èlre au moins
d'un pour cent de la population de la com
mune. Ainsi un aura plus decent mille gar
des civiques.
Ni les volontaires, ni les exemplés, soil a
raisou de leurs functions, soil a cause d'm-
linnités ne sont comptés en deduction du
contingent. Les exemptions pour cause de
maladie ou d'infirmiiés ne sont accordées
que pour un an. Le bossu, par exemple,
devra exhiber sa bosse, chaque année, au
conseil de recensemeni.
Sunt gardes actifs lous ceux qui peuvent
s'habiller a leurs frais; au besoin la commu
ne doit payer pour parfaire le nombre.
Le garde act if, qui se marie, doitsubirun
examen pour passer au second ban.
Celui qui se fait remplacer dans l'armëe
doit payer en argent, pour la garde civique,
et de plus il est incorporé comme garde ae-
tif.
Les families aisées sont soumises a une
contribution spéciale si aucun dc leurs mem
bres n'esl garde civique.
II y a par an douze exercicaschacundc
Irois heuresnon compris les revues et les
inspections, pour les gardes de première
classe, e'est-a-dire pour ceux qui connais-
sent pratiquement l'école et les devoirs du
soldat ainsi que les principes du tir.
Les aulres sonl astreinls a des exereices
chaque sernuine jusqn'a ce qu'ils soienl dc
première classe.
Les gardes du premier ban petivenl ètre
réunis six fois, pour di.x jours cbaque fois,
dans un camp ou dans une ville de garni-
son.
Les Conscils dc discipline peuvent con-
damner les gardes, méme a Pemprisonne-'
ment de buit jours a Irois mois, et au dou
ble en cas de recidive.
Tons les gardes, 'saus distinction, devront
subir les douze exereices de Irois heures
chacun ou les exereices hehdomadaires, dont
la durée n'esl pas lixée ct de plus les revues,
et le nombre n'est pas fixé.
Le projet porie hypoeritemènl que la ré-
.'ervc devra aussi èlre instriiile, mais sans
quitler sa circonscripiion. Cela signifie: lu
que le gouvernement lui imposera les cor-
vées, qu'il votidra; 2" que la plupart des ha
bitants des campagnes devront aller faire
l'exercice le Dimanche au chef-lieu du can
ton.
Tel est ce projet, (rès-libéralde vexa
tions'. Les minislres actuels ont formellement
refusé de le présente. Les anciens minislres,
co
y.
Co
O
co
"-i
O
O
"»=ife=F
ts>
ro
y.
'ji
-3
O
o
n
fSl
m
za
oc
H
O
O
cz
O
-J
H
m
CAJ
C/3
m
—3
Crj
Po-
Poperinghe- Ypres, 8-18,*-25,9-30,10-88.2-1S,8-«iti,»-2Ó Yprex-Poperinghe, 6-80,0-07,12-03,3-87,6 80,8-43,9-30.
peiinghe - llazebrouck7 13, 12 23, 4-17. 7 13. lb>zehroi)ck Poperinghé Ypres, 8-38, 10 00, 4 10, 8-23.
ipres-ttoalers7-80, 12-25, 6-45. Honlers- )pres, 0-25, 1-30, 7-30.
lioulers -Urntjes, 8-45,11 -34.1 13, (L. 5 56), 7-36, (9-55. Licliuuv.) Licliterv. Thouroul, 4-23 m. Bruges-Holders, 8-25
I 2-;i0, 5-1 3, li-42 Liolitcrveide-CóUHrUi, 5-25 ni. Zedelgiiem Thouroul, 12-00.
Vpres-CoMrtm», 8-34.0-49,1 1-18.2 33,5-25. Comtrai-Ypres. 8-08,11-02,2-36,3-40,8 49.
1 pres- i hour out, 7 13, 12 Of). 6 ,20,. (Ie Samedi a 3r50 du maiin jusqit'a Langheniarck). Thouroul- Ypres, 9-00, 1-18, 7 48,
(leSamedi a 6-20 du matin de Langhemarck a Ypres).
Comiues-Waiiiêton Te Toiiq nel-llouplint-s Armeuti.éres6 00. 11-50, 3-35, (les Merer. 8 40 m. 6-30 s.) Armentières-Moupli-
nes Le I ouquel-Wanieion-CoHtmtw 7-40, 2-00, 4-45(le Merer. 10-38 in. 8-00 s.) Coinines- Warnélon 8-40, m 9-30 s. (le
Lnndi 6 30 s.) Wnrnêton-Gomines 5-30, 11-10, (le Lundi 6-50 s.)
Courlrai hruges, 8-03, 1l-()0, 12-33, (L. 5-15), 6-55. (9-00 s. (Licliterv.)Bruges-Courlrai, 8-25. 12-50, 3-13, 6-42.
Bruges Blankenberghe, lleyst, (station) 7-30, 11 04, 2-30, 7-35. Heysi, Blankenberghe, Biuges, 5-43, 8,30 11-23, 5-30,
Blankenberghe, Bruges, 0-10 8 55, 12-06.
Ingelmunster Dcynze Gand. 5-15. 9-41, 2-15. Ingelmunster-Z)ey«?re, 4-50 2" cl., 7-15. -Gand-Deynze-/wi/etoiMWSter, 6-58,
11-20, 4-39. Deynze Ingeimuvsler, 9-10 2C cl, 8-20 s.
Jiigelinunsler-/!nseghem, 6-05, 12-10, 6-13. Ansen,Uem-Ingehhnns'ter7-42, 2-20, 7-43.
Lichte rvelde-Dixiri ode Furnes ei Dunkerke, 6-30, 9-10, 1-33, 7-54. DanAerAe-Furnes-Dixmudc el Lichte roeide, 0-55, 1115,
3-4-Ö. ö-lö.
Dixmude-A'ieupoit, 9 55, 2-20, 8-40. Nieuport-£WaM»«de, 7-40. 10-45, 12-00. 4-25.
I houroui-Ostende, 4-50, 9-15, 1-50, 8-05. Ostende-Thouroul, 7-33, 10-10, 12 25, 6-13.
Selzaeie Eecloo. 9-03. 1-25, 8-25. Eecloo-&>(sa«fó, 3-35, 10-15,4-22.
Gand-Terneuzen, (station) 8-I7, l*2 15. 7.23 (porie d'Anvers) 8-30, 12-40. 7-45.
Selzaete-Lokeren, 9-04, l 30, 8 30. (le Merer. 5 10 in.) Lokeren-Selzaele^ 0 00,
- Terneuzen Gand, 6 00, 10-30, 4 40.
10-23, 4 45. (le Mardi, 9,30.)
C O B. B E S
COURTRAI, BIIUXSLI.ES.
BO WD AN C
Courlrai dep. 6.40 10,58 12,33 3,45 6,38.
Bruxelles arr. 9,20 1,35 2,23 0,06 9,16.
COURTRAI, TOURNAl, LII.LE.
Courlrai dép. 7.00 10,86 2.84 5,34 8,47.
Touruai arr. 7,81 11,47 3,48 6,29 9,41.
Lil le 8.35 11,53 4,00 6,32 9,53.
Bruxelles dép.
Courlrai arr.
Li lie dép.
Touruai arr.
Courlrai
COURTRU, GAND.
ES.
BRUXELLES, COURTRAI.
5,22 8,28 12,21 3,35 6,47.
8,00 10,43 2,41 7,33 8,44.
LILLEj T0URNAICOURTRAI.
5,20 8,23 11,05 2,82 5,20.
5.48 8,36 11.34 2,47 5,39.
6,37 9.47 12,26 3,42 6,36.
GAND, COURTRAI.
Courlrai dép.
Gand arr.
6,42
8,01
12,31
1,52
3,47
3,03
6,40.
7,36.
BRUGES, GAN0, BRUXELLES,
Bruges dép. 6,49 exp. 12,39 3'34 exp. 6,43
Gand arr. 7,34 1,54 4,19 7,38
Bruxelles 8,30 4,03 5,26 9,31
Gand dép.
Courlrai arr.
Bruxelles dép.
Gand arr.
Bruges
5,38 9,39 1,-28 4,24 7,21.
6,57 10,32 2,49 5,31 8,42.
BRUXELLES, GAND, BRUGES.
8,14 11,83 3,12
0,00 9,41
7,18 10,34
I 23 4,26 exp. 6,37.
2,38 3,1 1 7,2-2.
©aoe*;
Suite. Voir le N'° précédent.
Lu i:e inomcnl. en fcffet, un fermier ilu voisina-
0('i arn' de la f.iuiiIle, enlra; II venait pour Lérnoi-
gner de sa sympathie, el serrer en passant la inaiu
au consent. Aprè.s quelques paroles cordiales, li se
leva pour sortir. Le père l'arrêla
Non, voisin, voos ne partireZ pas ainsi.
Voyez, la table est nuse, vous dirierez avee nous.
On pril place a la lalde. Victor venail de s'as-
seoir qua lid un doiiiesliqiie de la ferme arriva
suivi d un magnifique cliien de cliasse que Ie jeune
bomme aflt-clionnail comme son habile cl infali-
gable auxiliairc dans les courses qu'il faisait, le
fusil en main, a travers la plaine.
L animal s'approcha, l'air joveiix, de son jeune
maitre pour solliciler uue caresse qu'on ne lui re
fusail pas d'habitüde.
A bas, Diane, a bas s'écria Viclor en repous-
sant rudement du pied, pour la première fois
peut-êlre, son favori. A lionsdehors! dehors!
Le pauvre chien, peu accoutumé a pareil alga-
rade, regarda son niailre comme loul surpris,
mais rencontrant un ceil menacanl et un geste im
périeux, il seloigna I'ortille basse.
- C'esl par amilié.
Par amilié, la preuve esl singulière. El
pour un chasseur
Je ne chasserai plus, du moms le méme
gibier.
Ticns
Voisiu, dil Viclor. vous avez plus d'une fois
lorgnó mon fusil d'un ceil dé dotivoilisé, el il n'y
a pas longteidps encore vous voiiliez avec ohsliria-
lion me I acheler Ce o élail pas mon idéé alors;
inais aujoui d hui, si vous êles dans les mêmes
intentions, vous pouvez le prendre au prix que
vous savez.
Toils les convives regardaient Victor en ayant
I air de chercher le mol de l'énigme.
Est ce sérieux ce que vous diles? demanda
le fermier.
Fori sérieux; celle arme no me servira plus.
Très-bienen ce cas, c'est cent-einquanie
francs que j'aurai a vous donner.
Pas a nioi, mais a ma nière. Oui, chère me
re, ajoula le jeune homilie en s'adressam ii celle-
ci, tu pour ras ainsi remplacer les modestes bijoux,
la croix d or et la chaine, je puis I» dire aujour-
il hui, que lu vend is uaguère pour lépaier une de
mes sotlises.
On inarchail de surprise en surprise. Le père
tendit d'uu air cordial la main il sou fiIs en disaut
A la bonne heure voilii qui me reconeilie
nil peu avec loi. maiivais sujel.
Merci, mon ami. miirmura la mère, merci,
tu mat legem iss'il élail possible, le poids que j'ai
sur le coeiiv en pensant que le pauvre Lou is va
parlir pour l'armée.
II ne partira pas, mère, je vous le promels,
Toujoiirs celle illusion dil Ie père. I on
frère, cela n'est que trop certain, partira, puis-
qu'il n'a lo y a le men t aucun cas dc réforme; et
quanl a un remplacant. ce n est pas loi, je suppo
se, qui, sur tes économies, en fera les frais.
Louis ne partira pas, j'en donne ma parole,
el puisqu'il vous faut des preuves, en voila.
Et Victor lira desa poche un papier eonslatant
qu'il venail de s'eogager. d oil résullail jiour son
frère une exemplion de droit.
Et 111 as fail cela loi. Victor, dit Ic père, pen
dant que deux grosses larmes coiilaient le long de
ses joues halées. Allons. mon brave garcon. j'avais
mal jugé Ion coeur, et je le pardonne tout, je le
rends toule mon amilié.
La mère s'était levée. El courant ii son fils elle i
l'einhrassa ii plusieurs reprises, avec les exclama
tions les plus leudres el cu l'inondanl de ses lar
mes, larmes de bouheiir.
Mon cher enfant, mon bon VictorC'est
bien loi tn unienant, je leeoimais l'enfant de mon
iceur, Oh! lu me recompenses de tout ce que j'ai
soulfert; merci, mon Dien, soyez liéni, dc ce que
j'ai trouve mon Ills
Hélas! uière, pas pour longtemps, car la
feuilie de route ue se fera pas allendre.
Mais en effet, reprit la mère dont la figure
qui s'élait cumnie Iransligurée par la joie, rede-
vint sombre, je n y pensais pas, c'est loi qui mam-
tenant vas nous quitter au lieu de ce bon Louis
Mais moi je ne i'uime pas moins que ton frère
Chère mère dit Louis, en serrant la main de
sou frère, Victor ne vous quittera pas. Je parlirai,
c'est inon droit comme mon devoir piiisqu'enfin...
et quoi qu'il eu coiite...
Par exemple, reprit Victor avec impétuosité,
tu resteras quand je devrais t'altacher. Mais
voyons, un peil de réflexion ct raisonnons. Le
métier de soldat ne te sourit guère, ou le sait du
reste; tu te sens d'ailleurs trop utile iei, tandis
que moi, au contraire, a quoi suis-je bon, depuis
si longtemps quej'ni perdu la bonne habitude du
travail? En face d'une charme a conduite, ne
m'as-lu pasvu l'autre jour presque aussi emliar-
rassé qu'un Parisien de la rue Saint-Denis, qui
passe sa vie a auner dc la toile? En partant dune
je vous rends tin double sernice: prijio, je vous
débarrasse de mon individu inutile et méme gê
nant; SEcnxno, j'assure ta libération a loi qui es
lout Ie contraire. D ime pierre deux coups, vrai
carambolage! 1'uis, comment me dépêtrer autre-
menl qu'eri m'éloiguant des facheitses connaissan -
ces, de tons les garnements dont j'ai fail, en be-
nêt. mes camarades, et qui me tiennent connne
dans un lilet. J'ai besoin de me dépayser, el pour
cela rien de uiieux qu'un voyage a Sébastapol, le
sac sur le dosQui sait? dans ce sac il y a peut-
ctre le baton de maréchal. En tout cas, si je re-
virns Gros-Jean comme devant, je n'aurai pas
perdu mon temps. Etenlin, voici qui coupe court
a lont: Mon engagement esl signé, il n'y a plus a
s'en dédire. Père, n'ai-je pas ratson
Sans doute, inou ami, je ne puis pas répon-
dre non; et cependautTims, ce matin on
m'aurait annoncé ton depart qu'en me frottant les
mains, jc le Favotie francheuienl, j'aurais dit:
Enfin, bravo! bon voyage! Et ii I'heure qu'il est
je dotinerais beauc-nip pour tc voir rester.
Tant mieux. père, vous aurez plus de plaisir
a me revoir I.... sije reviens.