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LA RENCONTRE.
p,Gt.A IV
annee. N° 886
Samedi 27 Juin 1874.
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Le Journal paraitle Mercredi et le Samedi. Les insertions coülent 15 centimes la ligne.Les réclames, dans le corps dn journal, se paient 30 centimes la ligne.- Un numero du journal, pris au Bureau, lo centimes.
Les nuinéros supplémentaires commandés pour* articles, Réclames ou Annonces, content 20 fr. les 100 exemplaires.
C1IEJIIYS DE FElt.
(le
ST AMBROISE ET LE CÉSARIS.ME.
Monseigneur Dechamps, archevèque de
Malines, vienl de publier une Lettre pasto
rale relative a la découverle du lombeau de
Saint-Ambroise a Milan. Nous attirons Pat-
tention de nos lecteurs sur ce document oü
le Primat de Belgique fait entendre la voix
du graad docteur du qualriéme siècle au
Césarisme autocralique ou démocratique du
dix-neuviéme. Nous en citons un fragment:
«Pendant que Théodose était a Milan, il
arriva qu'a Tbessalouique, l'une des villes
principales de l'einpire d'Orient plusieurs
fonclionnaires publics furent massacrés dans
une érneute. L'Empereur irrilé, et poussé a
la vengeance par Pun de ces courtisans,
expédia immédiatement a Thessalonique des
ordres sanguinaires. II s'en repentil, mais
trop lard. Quand le contre-ordre parvinl a
Thessalonique, le cruel chatiment élait con
sommé. Le peuple ayant été traitreusement
invité a se rendre au cirque pour assisler a
un spectacle, sept mille personnes s'y rendi-
rent. Mais au moment ou le spectacle devail
commencer, une multimde de soldals enva-
hirent le cirque, et massacrérent saus pitié
tous ceux qui s'y trouvaient. Cette horrible
vengeance dura troi's heures. Dés que la
nouvelle en parvinl a Milan, saint-Ambroise
supplia par écrit PEmpereur d'expier un
pared crime par une pénitence publique.
Mais PEmpereur, entouré de flalteurs qui
rèvaient une rupture entre le sacerdoce el
Pempire, garda le silence, et saisil la premié
re occasion de venir assisler au service divin
dans la basilique (1).
A peine avail-il franchi le vestibule ou
priaienl les penitents el les catéchumènes,
qu il trouva en face de lui l'intrépide Ponli-
fe; Ambroisse l'attendait sur le seuil. La
flam me des prophëles était dans son regard,
et l'inspirat ion dans sa voix (2). D'un gesle
arrèlanl Ie Prince:
Empereur, lui dit-il, vous ignorez, je le
vois, la gravilé du meurlre accompli par
Vous- Voire fureur, mème après sou pre-
mier emporlemem, ne vous laisse pas
assez de calme pour compreudre la gran-
deur de voire crime. C'est peut-être la
puissance suprème qui vous aveugle; et la
liberie absolue de tout faire obscurcit vo-
tre raison. Cependant oubliez-vous que
vous ètes homme, et que la nature humai-
ne est caduque et mortelle? Ne vous rap-
pelez-vous pas la poussiére commune d'oü
nous sommes tirés, et dans laquelle il faut
que nous retournions un jour? Prenez
garde que la pourpre ne vous fasse trop
perdrede vue l'infirmité qu'elle recouvre.
Ceux a qui vous commandez sont des
hqmmes, vos fréres; ce sont des compa-
gnons d'une servitude commune: car il
n'y a pour tous qu'un seul Empereur, et
el c'est le Créaleur de toutes choses. Or,
de quels yeux pourriez-vous soulenir l'as-
peet du temple ou reside ce Maiire univer-
sel? Comment vos pieds oseront-ils fouler
son sancluaire, el vos mains s'élever vers
lui encore teintes du sang injustement ver-
sé? Comment recevrez-vous le corps sacré
de Jésus-Christ? Comment porlerez-vous
son sang a vos lévresqui, d'un mot, ont
prononcé l'arrèl de mort de tanl d'inno-
cents? Retirez-vous, el craignez d'ajouter
a voire crime celui du sacrilege (3).
Cependant, reprit timidement l'Em-
pereur, David a pêché, et Dieu lui a par-
douné. Eb bien! reprit Ambroise, vous
avez imilé David dans sa faule, imilez-le
dans sa peniience (4).
L'Empereur, profoudément ému, se sou-
mil a la pénitence publique, et lorsque arri-
vérent les l'èles de Noël, il se prosterna de-
vant la porie de la basilique, s'écriant
comme le Hoi penitent: Adhwsü paeimvn-
to anima mea, vivi/ica me secundum ver-
bum luum: Mon ame, Seigneur, s'altache
a la poussiére, rendez-lui la vieseion voire
parole.
Ei le peuple fondait en larmes en presen
ce de l'Empereur humilié devanl. Dieu, rele-
vé par la justice, et plus grand que jamnis
par la vicloire qu'il rumportait sur lui-uiè-
me.
Quelle scène, N. T. C. F.Le glaive du
maitre du monde, dans la main de Théodose,
s'inclinait devant le glaive de la parole, dans
la bouche d'Ambroise; la puissance armée
de l'empire reconnaissait la puissance désar-
mée de la verité.
C'est que la société païenne s'en allait
alors, pour faire place a la société chrélienne,
tandis que,-de nos jours, c'est la paganisme
qui veut revenir, revétu de nou velles for
mes, it est vrai, mais mamfestement le mème
au fond, puisqu'il ne confesse loujours d'au-
tre dieu vivunt que César, d'aulre empire
que celui de la force sans contre-poids! Aussi,
serait-ce en vain que Ton rechercherait, a
cette heure, des Théodose sur la terre. Mais
si la race des Théodose semble s'éteindre,
celle des Ambroise ne s'eleint pas, el elle
suflit a l'avenir. Les empires passent, l'Eglise
ne change pas. Pie IX la console aujourd'nui
par son invincible courage, el les évèques,
a son exemple, parient toujours comme le
grand évèque de Milan.
Leur l\on possumus n'est-il pas le sien?
Ne disenl-ils pas aux nouveaux tnaitres du
monde ce qu'ils disaienl aux mailres du
monde romain: «II apparlient au pouvoir
civil de gouverner l'Etat, mais il ne lui
apparlient pas de gouverner l'Eglise; deux
puissances sont établies de Dieu: l'une est
lemporelle, nationale, armee du glaive,
l'autre est spirituelle, uuiverselle, désar-
mée; et si la puissance armée pretend ré-
gier les choses de Dieu, elle décinre rEvan-
gile, elle s'etïorce debranler la base de la
civilisation ehrelienne, elle altenle a la
liberlé des ames.
La liberie des ames, ne sonl-ce pas les
imitaleurs d'Ambroise qui sont aujourd'hui
seuls a la délendre? Ëvidemment, lus par
te urs de liberie religie use ne se cornpren-
nenl urdinuiremenlpus eux-mëmescar cet
te liberle-la, comme les aulres liberies, pour
ne pas dégénérer en licence et en anarchie,
doii reconnaitre une lot et une autorité. A
coté de la liberté civile, n'y a t-il pas la loi
el l'aulorité civiles? A coté de la liberlé poli
tique, n'y a-l-il pas la loi et Paulorilé politi
que? A coté de la liberie religujuse, il y a
done la loi et l'autorilé religieuses, a moins
que l'anarchie dom ou ne veut mille pari,
on ne la vcuille ici sous le voile hypocrite
de la liberlé. Que ceux qui parleut de liberté
religieuse, nous montrent done la loi reli-
gieuse qui relie les hommes a Dieu; qu'ils
nous montrent l'aulorité religieuse divine-
men i élablie;qu'i!snousla montrent la mème
parloul, une comme Dieu est un et comme
i'amehumaine est une;qu'ils nous la montrent
universale, spirituelle, désarrnée, ne com
mandant que par la parole aux hommes et
auxsocièlés, aux peuples et aux rois, afin que
leur soumission soit libre et méritoire, com
me le fut celle de Théodose; qu'ils nous la
montrent cette autorité spirituelle, ou qu'ils
aient du moins la pudeur de ne plus parler
de liberté de conscience, quand ils ne rèvent
pour ceux qui lui restent fidèles, que la pri
son, la confiscation, le bannissement.
Cerles, l'Eglise enseigne que, fate d'hom-
mes, la société n'est pas faite autrement, que
l'homme, et qu'elle doit, aussi bien que
l'homme, reconnailre l'aulorité divine et la
suivre; l'Eglise enseigne doncaussi quel'har-
monie des deux puissances est nécessaire;
qu'eu matière de religion, la puissance tem
porede doit ét re soumise a l'aulorité que la
première condition de la lotc'est d'etre
juste et que la force tïexisle que pour ser-
vir te droit: Non enim sine causa gladium
portal-, mais l'Eglise a-t-elle des armées pour
faire accepter son enseignement? Si les em
pires et les emperenrs confessent la vérité
chrétienne. s'il se conferment a l'ordre de la
civilisation chrélienne, n'est-ce pas qu'ils le
veulent bien? Ils Ie doi vent sans aucun doute,
pmsque la raisou mème les oblige a la foi,
mais ne sont-its pas libres d'accomplir ce
devoir ou de le méconnaitre, a charge de
rendre compie a Dieu des ames qu'ils trom-
pcnl, et des peuples qu'ils iroublent? II n'en
est pas de mème, il le faut bien comprendre,
il n'en est pas de mème sous le nouveau pa
ganisme. N'exige-t-il pas, comme l'exigeait
i'ancien, que l'on sacrifie sa foi aux lois de
l'empire? Ces lois ne règlent-elles pas, de
nouveau, les choses de la religion, au nom
des divins emperenrs redevertus ponlifes?
Ces ponlifes nesont-iis pas armés du glaive?
Et. pour parler le langage de notre temps, le
Syllabus de ces pontifes n'est-il pas sanc-
tionné par les gendarmes
Mais grace a Dieu, encore une fois la race
d'Ambroise n'est pas éteinte, et partout oü
l'Etat veut gouverner l'Eglise, les évèques du
XIXe siècle parlcnt comme les évèques des
premiers siècles.
Dieu, nous en avons la confiance, si l'é-
preuve nous touche comme elle a touché
déja bien de nos Fréres, Dieu nous fera la
grace de parler comme eux, d'agir comme
eux, de souffrir comme onx pour Ia liberté
des ames et de l'Eglise de Jésus-Christ.
O grand et saint modèle de fidélité, de
force et de patience, saint Ambroise, souve-
nez-vous qu'aux jours de notre jeunesse sa-
cerdotale, nous avons voulu gravir a genoux,
dans votre chore basilique de Milan, les mar
ches de la tribune d'oü voire parole tombnit
dans l'ame d'Angustin, et obtenez a no're
vieillesse de ressembler a la voire, afin qu'a
l'heure de notre mort, nous puissions étre
consolé comme vous, par ccs paroles de
saint Paul: bonutn eer/amen certain, cur sum
consummavi/idem servantj'ai combat!it
le bon combat, j'ai achevé ma course, j'ai
gardé la foi. Mais en priant pour nous, priez
aussi pour les ames qui nous sont confiées,
afin qu'a l'heure de l'épreuve toutes reslent
fidèles a l'Eglise qu'il a fondéesur P'erre, et
dont vous avez dn vous-mème: elle ne peul
faire naufrage la barque conduite par celui
dont le Christ a garnnti la foi, la sagesse et
l'inébranlable ferinelé: Non turbatur illa na
vis in qua prudenlia navtgal, abest. perfidia.
fides spiral. Quemadmodum enim turbari
puleril ilia cut prceesl is in quo Ecclesia
jinnamenlum est Oblenez nous done, a
tous, de ne jamais abandonner cette barque
de Pierre, puisque c'est par elle que Dieu
veut nous conduirc au port.
L'IDÉA L LIB ÉR AL.
Le PrécurseurIc Jonrnat de Gand et
plusieurs aulres organes de la presse doctri
naire signalenl a ('attention de nos hom
mes d'Eiat européensla solution que fa
question des couvenls vienl de recevoir a
Vénézuela.
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Poperinghe- Ypres, S-1S,7-28,9-30,10-88,2-18,R-OS,9-20 Y pres-Papering he, 6-80,9-07,12-08,3-87,6 80,8-48,9-80
peringhe-Hazebrouck, 7 13, 12-23, 4-17, 7-13. Hazebrouck-Poperinghe-Ypres, 8-35, 10 00, 4-10, 8-23.
Ypres-Holders, 7-80, 12-28, 6-48. Routers- Ypres, 9-23, 1-80, 7-80.
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Po-
Bruges-Holders, 8-28,
Roulers-Zèi-w/es, 8-43,11-34,1-13, (L. 8 86), 7-36, (9-88. Lichterv.) Lichterv.-Thourout, 4
12-80, 8-13,6-42. Lielitervelde-Courtrai, 8-28 m. Zede\gUem Thouroul, 12-00.
Ypres-Courtrai, 8-34,9-49,11-18,2-38,8-28. Courtrai-Ypres, 8-08,11-02,2-86,8-40,8-49.
Ypres-Thourout, 7-13, 12 06, 6 20, (le Samedi a 8-80 du matin jusqti'a Langhemarck). Thourout- Ypres, 9-00, 1-18, 7-
(le Samedi a 6-20 du matin de Langhemarck a Ypres).
Comines-Warnéton-Le Touquet-HoupIines-dmetilfdr'es, 6-00, 11-80, 3-38, (les Merer. 8-40 m. 6-30 s.) Armentières-IJou
nes Le Touquet- Warnéton-Comines 7 -40, 2-00, 4-48. (le Merer. 10-33 m. 8-00 s.) Comines- Warnéton 8-40, m 9-30 s.
Lundi 6 30 s.) Warnéton-Comines 8-30, 11-10, (le Lundi 6-30 s.)
Courtrai Bruges, 8-08, 11-00, 12-38, (L. 8-18), 6-83. (9-00 s. (Lichterv.)Bruges-Courtrai, 8-28, 12-80, 8-13, 6-42.
Bruges, Blankenberghe, Heyst, (station) 7-30, 11-04, 2-80, 7-38. Heyst, Blankenberghe, Bruges, 8-43, 8,30 11-28, 8-30,
Blankenberghe, Bruges, 6-10 8 88, 12-06.
lngelmunster Deynze-&<md, 8-18, 9-41, 2-18. lngelmunster-Z%»ze, 4-80 2* el., 7-18. Gand-Deyme-Ingelmimster, 6
11-20, 4-39. Deynze lngelmunster, 9-10 2' el, 8-20 s.
Ingelmunxler-Anseghem, 6-03, 12-10, 6-18. Anseghem-lngelmunster, 7-42, 2-20, 7-48.
Lichtervelde-Dixmade-Furnes et Dunkerke, 6-30, 9-10, 1-33, 7-84. ZhzwAer/ie-Funies-Dixinude et Lichtervelde, 6-83, 11
3-48, 5-10.
Dixmude-Nieuport, 9-58, 2-20, 8-40. Nieuport-ZXarzwde, 7-40, 10-43, 12-00, 4-25.
Thourout-Ostewde, 4-80, 9-15, 1-50, 8-03. Ostende-Thourout, 7-85, 10-10, 12 25, 6-15.
48
pli-
58,
18,
Sülzaete Eecloo. 9-03, 1-28, 8-23. Eecloo-Selzaete, 5-35, 10-15,4-22.
GmdTcrneuzen, (station) 8-17, 12 15. 7,28. (pone d'Anvers) 8-30, 12-40. 7-43.- Terneuzen-Gtwid, 6-00,10-30,4-40.
Selzaete-Lolceren, 9 04, 1-30, 8 30. (le Merer. 3-10 m.) Lokeren-SeAzaete, 6-00,10-26, 4-4o. (le Mardi, 9,30.)
C O B. B E I
COURTRAI, BRUXELLES.
IBOTTDAWCES.
BRUXEI.I.ES,
Courtrai dep. 6,40 10,83 12,33 3,48 6,38.
Bruxelles are. 9,20 1,35 2,25 6,06 9,10.
COURTRAI, T0URNAI, LILLE.
Courtrai dép.
Tournai arr.
Lille i>
7.00 10,56 2,34 8,34 8,47.
7,51 11,47 3,48 6,29 9,41.
8.33 11,58 4,00 0,32 9,53.
COURTRAI, GAND.
Courtrai dep. 6,42 12,31 3,47 6,40.
Gand arr. 8,01 1,32 5,03 7,30.
BRUGES, GANDBRUXELLES..
Bruges dép. 6,49 exp. 12,39 3'34 exp. 6,43
Gand arr. 7,34 1,84 4,19 7,58
Bruxelles 8,50 4,08 5,26 9,31
Bruxelles dep. 8,22 8,28 12,21 8,33 6,47.
Courtrai arr. 8,00 10,43 2,41 7,83 8,44.
LILLE, TOURNAI, COURTRAI.
Lille dép. 5,20 8,23 11,03 2,82 5,20.
Tournai arr. 5,45 8,56 11,34 2,47 5,39.
Courtrai 6,37 9.47 12,26 3,42 6,36.
GAND, COURTRAI.
Gand dep. 5,38 9,39 1,28 4,24 7,21.
Courtrai arr. 6,57 10,82 2,49 5,31 8,42.
BRUXELLES, GAND, BRUGES.
Bruxelles dep. 8,14 11,83 3,12
Gand arr. 0,00 9,41 1.23 4,26 exp. 6,37.
Bruges 7,15 10,34 2,38 3,11 7,22.
Suite. Voir Ie iN° précédent.
Eugène, le plus ancien de nos conscrils, le
regardait avec nn élonnement qui (enail de la
slupijur. Le vieiilard s'en apereut, el sans doute il
avail vu sou premier geste, car, s'approchant, il
lui dil
V ons me regardez, jeune homme, el cela
vous surprend. n'estèe pas' qn'un vieux de la
vieille, coinme ils diseni, ne craigne pas d'attester
publiqnemeiH sa foi de chréiien. Malgré l'exemple
de voire camarade, vous n'étes pas de mon avis a
ce que je pms croire. Comme bien d'autres, vous
ctdez au respect ouinain, au piéjugé! oui. jeune
homme, au préjugé! J'ai a qualifier amsi le send,
ment aujourd'hui trop common qui fait qu'on a
peur de montrer sou épauletie dans une église et
qu on se croirait déshonoré si qiielqu'un vous sur-
prenait a prier Dien. Cela passera, car il n'en fut
pas loujoursainsi. Dans les temps les plus glorieux
de not re histoire, de vaillanls soldats, des chefs
héroiqnes auraient rougi de ne pas dunner l'exem.
ple du dévouenient a la religion comme a la palrie.
Saus remontrer au siècle, des cioisades-, el même
jusqua Davard el Duguesclin. nous voyons un
Faberi muurir sou livre de messe a la main, Vau-
ban expirer comme un «aint, Turcnne commiinicr
le matin même du jout oü le bon lel devait l'élen-
dre sur le champ de haiaille; Villars, encore, ce
Villars qui sauva la France, blessé inorlellement,
croyail il, au sein de la vicloire, se confesser aux
yeux de l'armée loot enlière, afin que ses soldats
possent le voir moiirir en clirélien,s'il ne mourait
pas en guerrierje'est ainsi qn'ont fait presque tons
nos grands hommes. Et grace li Dieu. de nos
jours même. d'illustres exeinples prouvent que
cette tradition glorieuse et sainte n'est pas tout a
fait perdue.
Ooi, oui, balbutiait Eugène tont confus et
tournant dans ses mains son képi qu'il avait ólé
pour saluer le vieiilard et qu'il u'osail remettre. II
baissiat les yeux sous le regard de l'éliqinger,
comme sous celui du general quand il passait
1 inspection. Dans cette parole accentuée, malgré
le sourire paternel qui en atténuait la sévérité, il
sentait I autorité du commandement. Le vieiilard
reprit:
Je pourrais vous citer plus d'un fait, récent
mais je craindrais d'inlerrompe trop longtemps
votre promenade. Pourtant je me rapelle un mol
de l'empereur, mot admirable dont je fus touché
dans le temps jusqu'aux larmes. et que je livre a
vos reflexions.C'était aux Tuileries, dans les beaux
jours, Napoléon ravonnait dans lonte sa gloire,
entouré de la foule des rois, des princes, des ma
réchmix; la reception ofïicielle lerminée. l'Empe
reur avait permis la causerie familière. Un des
maréchaiix. je ne sais leqtiel, ent l'idée tout a
coup de lui demander quel avait élé le plus beau
jour de sa vie. Un ne doiilail pas qu'il ne répnn-
dit: Aiislerlitz ou Marengo! ou bien le jour du
sacre ou celui de la naissanee du roi de Rome.
Point! L'Empereur parut se recueillir qiielques
instants, puis, prenant nil air grave, et avec cette
voix dont l'aecent vibrait au fond des coeurs. il
dit: ii Ee plus beau jour de ma vie, Messieurs, ce
fut le jour de m'a première communion
Les maréehaux et les officiers conlemplaieiU
l'empereur avec slnpeiii' et comme s'ils eussenl
mal entendtiSeul, un d"entre eiix, visibleinent
attendri, semblalt avoir peine a maitriser son éino-
tion el lil un geste comine pour s'élancer vers le
souverain; Ie respect le relint. Mais sou mouve
ment n'échappa point au grand homme. qui, tra-
versant le cercle. vinl droit a lui. el lui serra la
la main en inunniiraiH: Merel, general, vous êtes
le seul ici qui m'aycz coinpris.
Après cela. jeune lioinine, vous vovez qu'il n'y
a pas a rougir de se declarer chréiien. Et croycz-
cn l'expérieiice d'un soldat qui s'est agenouillé sur
presque tons les champs de bataille de l'Eiirope; la
religion, pour qui I eltidie aver sinrérité apparait
de plus en plus mei veilleuse el divine; comme le
soleil elle éblouit a ors, mais e'est par Fecial donl
(1) Vie de S. Ambroise, par Alban Stolz.
(2) fhst. de' S Ambroise. par l'abbé Baunard.
(3) Tliéodoret, liv. V, c. XVlil.
(4)Ibid
CONSEQUENCES LOG1QUES.
ellt: rayonne, c'est par trop de clarté. Au revoir
el vous, mon brave, priez pour voire camarade et
potir Ie vieux sold.it.
Puis, leur faisaut de la main un geste amical en
signe d'ailieu il s'éloigna; mais les deux jeunes
geus le snivirent longtemps des yeux, regrettant
que personue ne se tronvat la qui put leur dire le
nom du personnagr dont la parole avait fait sur
eux une impression si profonde, telle, en effet,
(|ne, deux ou trois jours après, Eugène se laissail
concluire a l'èglise par son camarade pour y enten
dre la messe du dimanche.
Or, a cette messe précisément assistait le vieii
lard qui, dans l'attitude dn recueillement, sem-
blait lont entier a la meditation de l'aiiguste my-
slère. A la communion, Eugène qui l'observait, Ie
vil se relrver, puis, les mains jointes, se diriger,
vers l';i ii telet s'age nouiller entre one pau-
vre femme et un enfant. Aqrès avoir regu des
mains du prêtre la sainte hostie, la figure radieusc,
il vint reprendre sa place. II n'avait pas quitté sa
pieuse attitude quand, la messe finie, nos deux
soldats sortirent de I'église. Un jeune homme les
suivait qui, d'un air de triomjilie, leur dit:
- Et bien! vous l'avez vu? C'est cela nu hom
me.
Qui. lui! demanda Eugène.
Comment, voos ne le connaissez pas?
Nous sommes a Nancv depuis qiielques jours
settlement; mais sans doute vous voulez parler du
monsieur décoré qu'on a vu coinmunter, d'un air
si dévot
Oui.
Nous l'avons rencontré dans une promenade
hors des mtirs, et même il nous a fait l'honneur
d'un moment d'entrelien. Aussi nousavions grand
désir de savoir son nom.
Son nom, reprit le jeune homme, vous Ie
snvez eerlainement; qui ne le sail pas en France,
surtout par mi eeux qui portent l'umforine
C'est done un ancien militaire, un vieux de
fa vieille, un brave?
Brave entre les braves, et au (lire de l'Empe
reur, le plus honnête homme de l'armée,C'est celui
qui seul, dans cette lamentable retraite de Russie,
ent la gloire de ramener intact son corps d armée
sans avoir laissé sur la route un seul de ses cais
sons, une seule de ses piècescelui quia Waterloo
commandait l'artillerie, et dans ce néfaste jour,
sur ce terrible champ de bataille, tira le dernier
coup de canon. C'est le sage de la grande ar
mée, comme l'appelait le grand homme, c'est le
général Drouot
II n'élait pas brsoin de nous dire son nom,
s'écrièrent a la fois les deux soldats en porlant la
main au képi, nous l'avions deviné.