oP^ANe OWÉSIME JOUILLET. Samedi 4 Juillet 1874 ^t/QUE^ année. N° 888. c it i; ii l v s ii k v u. Le Journal parail le Mercredi el le Samedi. Les insertions content 15 centimes la ligne.Les réclames, dans le corps du journal, se paient 30 centimes la lignc. Uu numéro du journal, pfis au Bureau, 15 centimes. Les numéros supplémenlaires commandos pour articles, Réclames on Annonces, content 20 Ir. les 100 e.\emplaires. LE SYLLABUS, L'INFAILLIBILITÉ DU NOMBRE ET LA CONSERVATION SOCIALE. Si les libérau.x intelligents ct de bonne foi le nombre en devient chaque jour plus restreint an lien de se griser des ba- nales declamations de leur presse contre I'En- cyclique et le Syllabus, se donnaient la pei ne dc lire ces deux documents pontificaux, peut-étre verraient-ils s'évanouir beaucoup de leurs préjtigés et rcconnaitraienl- ils que le Pipe, par ses enseignements, sauvegardc autant les traditions du sens commun que le dépot sacré de la foi. Qu'y a-t-il, par exernple, de plus élémen taire que cetle proposition: le nombre ne fait pas le droit, ni la justice, ni la vérité? Et cepcndant, pour lavoir proclamée, de con cert avee la raison et la conscience du genre immain, de quelles améres et violentes re criminations Pie IX n'a-t-il pas été assailli! Chez soi et pour soi, chacun pense et parle comme Ie Souverain-Ponlife; mais Ie libéra lisme trouvait la une trop belle occasion d'atlaqucr I'Egliseet de I'accuser d'etre hos tile a la liberie! Si dix mille on dix millions de voix décla- raicnt que vous n'étes pas propriétaire du champ ou dc la maison que vous possédez légitimement et régulièrement, vous incli- neriez-vous devant ce verdict? Le nombre ne fait done pas le droit. Si dix mille ou dix millions de suffrages proclamaient fausse la religion que vous croyez, que vous savez divinemeot révélée au monde, renonceriez-vous a vos convic tions? Le nombre tie fail done pas la vé rité. El le Syllabus, encore une fois, s'esl borné a traduire les convictions dc tous les siéoles. Cependant le libéralisme proclame l'in- faillibililé du nombre. Voyons un peu oü conduit cc monslrueux sysléme et quelles conséquences en découlent logiquement. Dés qu'une proposition legislative réunit la majorilé, elle est, selon nos adversaires, infailliblement vraie et nécessaireinenl con forme a la justice et a la raison. Or, aux premiers ages du chrislianisme, les deux tiers au moins du peuple remain approuvaient les perséculions dont les chré- liens élaient victimes. Les perséculions se trouvaient done conformes a la justice et a la raison? En ce moment, dans les canlons de Berne et de Genéve, la majorité fait subir d'indi- gnes violences aux calholiques. On confisque les églises qui sont leurs propriétés; on chas- se leurs prètres; on leur defend méme dc se réunir pour se fortifier et se consoler entre eux. Ces infamies sont-elles conformes a la raison et a la justice? Si un de ces jours le parti librc-pcnseur triomphait chez nous, il chasserait la reli gion et le prétre de l'école; supprimerait la liberté d'enseigner, peul-ctre la liberie de prier, el inlroduirail en Belgique Ie régime inique et oppresseur qui sévit en Suisse et ailleurs. Agira it-il conformément a la justice et a la raison? On ne saurait done trop vivement proles ter contre la doctrine de finfaillibililé légale, préconisée aujourd hui par toutes les nuan ces du libéralisme, méme par celles qui se génent fc moins pour violer les lois peu en harmonie avec leurs aspirations progressi ves. Non, le nombre ne révèle pas la vérilé, non plus qn il no la crée. Mais alors, dira-t-on, l'humanilé est acculée dans une impasse. Si la majorité n'esl pas souveraine, la minorité Test encore moins. Qui done fera les lois? N'exagérons pas, puisque nous comballons précisémenl les exagéralions. Personne ne conteste a la majorité Ie droit de gouverner et de légiférer. Ce qu'on lui conteste, ce qu'il faut absolument lui contesler dans Pin lérèt de la dignité et de la liberté humaines, c'est le pouvoir de légiférer et de gouverner selon son bon plaisir. Au-dessus d'elle, il y a des principes, des droits, des vérités, qu 'elle ne peut ni méconnaitre, ni violer. Une assemblee décrète que les églises se- ront fermées;que les parents devront con- fier leurs enfants a des maitres irréligieux; que le manage religieux est inlerdil; que l'Etat nornme el institue les évèques el les prètres; que les propriétés seront confisquées pour étre réparlies d'une autre facon; que l'héritage est aboli, etc., etc. Tous ces décrets sont autanl d'abus de pouvoir; et fusscnl-ils, par impossible, ren- dus a l'unanimité, ils n'en rcslenl pas moins frappés de nullité radicale. La force n'y pent rien. La force, inise au service de Uiniquito, fait des martyrs ou des esclaves; jamais elle tie devient la vérité. Une decision n'esl pas présninée vraic on juste parce qu'elle a été prise par la majorité; elle est vraie el juste si elle dóeouie de prin cipes antéri.eitrs el supérieurs. Elle est accep table si elle tie coiHrcdil eu rien ces princi pes. Le nombre ne neut.rien coutrc la loi na turelle, rien contro la loi divine. Voila le cn- tériuin qu'il imporle de ue jamais perdre de vue el que I'Euoycliquq do i L»(>4 a rappellé au mondc avee une opporluniic que les evene- inents ont belas! trop bien mise en luiniére. Le grand malheur de noire époque, c'est que jamais le champ n'a été défini, dans le quel le législaleur, Boi ou Assemblée, peut légitimement se tnouvoir. On a dit au peuple qu'il était Souverain; Ic peuple a pris ses tlat- leurs au mot el se croil tout permis. Eb bien! non; tout n'est pas plus permis au peuple qu'au simple individu. La morale oblige les nations et les particuliere; et les commandemenls dc Dien sont fails pour les uns el pour les autres. Cette fausse cl libérale nolion de la sauve- raioelé que nous nc cessons de combaltre, pourrail entraincr, un jour, a des exlrémités déplorables, si, par exemple, la tyrannic légale veriait a prévaloir.Des milliers de pcr- sonncs existent qui se fcraient un scrupule de prendre tin centime a leur voisin, ma'S qui lui prendraient tonte sa fortune si une loi les y aulorisail. De se demander si la loi serail jusle ou non, eltcs n'y penseraient seulement pas. Du moment que Ie peuple est Souverain et a délégué ses pouvoirsa unc Assemblée quelconquc, celle-ci n est-elle pas omnipolcnlc?.,. Non pas! Malbcurciisemcnt, ccttcgros- sièrc erreur est facilemenl propagéedans les peoples qui onl perdu toulo croyancc reli- gieuse. Qu'cst-ce qu'un Souverain lunitc dans sa puissance? PuisqiTon lui répètc qu'il n'y a point dc Dien, Ie pcuplo se fait dieu lui- mèinc, et agit en consequence. Ses volontés el ses caprices lui liennenl lieu de raison. II élèvc el renversc les gouvernemenls a son gré; a son gré, égalemenl, d entendra régir les fortunes. C'csl la posilivcment Ic dernier tcrmeel Ic dernier mol dc la souverainete illimitée du peuple. Est cc que de sinistres menaces nc l'ont pas déja laissé suflisammcnl entendre? La souveraineté politique, prêchéo dans le sens absolu, conduit inévilablemcnl les mul titudes athécs a revendiquer la souveraineté dans le domaine social. Au fond, la première n'cst qnc Ic moyen d'arrivcr a la seconde. On vent él re maitre incontcsté du gouvernement pour èlre mai tre inconteslé de la propriélé. C'est ie syslé me avoué dc VInternationale qui compte des millions d'adbérenls. Sans le vouloir ct sans le savoir, beaucoup de naïfs libéruux poussenl a ces conséquen ces, en prèchanl romni|>otence du nombre. O ca C/~; O ^3 O O Lj es. y V ^rrrr'\\\ms.v ITT MmniiBo j\ -n H O ss: 23 ra- "T1 20 O C/3 oc O n c*i >5 H 35 rn c/i ^o p- 23 IV Poperinghe-Ypres, 3-15,7-25,9-30,10-58,2-15,5-03,9-20. Ypres-Poperinyhe, 0-30,9-07,12-08,3-87,6 00,8-43,9-30 peringlie-Hazebrouck, 7 13, 12-25, 4-17, 7-13. Hazebrouck-Popéringlie- Ypres, 8-30, 10 00, 4 10, 8-20. Ypres-Routers, 7-50, 12-23, 6-45. Rooiers- Ypres, 9-23, 1-30, 7-50. Roulers-önzpes, 8-43,11-34,1-13, (L. 5 56), 7-36, (9-53. Lichterv.) Lichterv.-Thourout, 4-23 in. Bragas-fioalers, 8-25, 12-50, 5-13, 6-42. Lichtervelde1Courlrai, 3-25 in. ZedelghemThourout, 12-00. Ypres-Courtrai, 5-34,9-49,11-18,2-3.5,5-23. Courlrai-Ypres, 8-08,11-02,2-56,5-40,8-49. Ypres-Thourout, 7-13, 12 00, 6 20, (le Samedi a 5-50 du matin jusqu'u Langbemarck). Tliourout- Ypres, 9-00, I-1S, 7 43, (le Samedi a 6-20 du matin de Langbemarck a Ypres). Comines-Warnêton-Le Toiiqucl-Houplines-A»ww<icVes, 0-00, 11-50, 3-35, (les Merer. 8-40 m. 6-30 s.) Armentières-iloupli- nes-Le To u q u e i - W a r n to n - Co im'njw 7-40, 2-00, 4-45. (le Merer. 10-33 in. 8 00 s.)Comities- Warnëton 8-40, m 9-30s.(le Lundi 6 30 s.) VVarnêton-Coffiïnes 5-30, 11-10, (le Lundi ti-50 s.) CourlraiBruges, 8-03, 11-00, 12-33, (L. 3-18), 6-53. (9-00 s. (Lichterv.)— Bruges-CWlroi, 8-23, 12-80, 3-13, 6-42. Bruges, Blankenberglie, Heyst, (station) 7-30, 11 04, 2-50, 7-33. ileyst, Blankenberglie, Biuges, 5-45, 8,30 11-25, 8-30, Blankenberglie, Bruges, 6-10 8 58, 12-00. Ingelmunsier Deynze- Guild, 5-15, 9-41, 2-13. Ingelmunster-Dej/nze, 4-50 2' el., 7-15. GandiDeynze-Ingelmunster, 6-38, 11-20, 4-39. Deynze Ingelmunsier, 9-10 2C el, 8-20 s. Ingel mu nsior-d nsegkem, 6-05, 12-10, 0-15. A n seghem - Ingelmunster7-42, 2-20, 7-43. Liclitervelde-Dixmude Furnes et Dunkerke, 6-30, 9-10, 1-33, 7-54. DitwA-erAe-Furnes-Dixmude et Lichtervelde, 6-58, 11 15, 3-43, 5-10. Dixmude-Meizport, 9-55, 2-20, 8-40. Nieuport-Di.rwnde, 7-40. 10-48, 12-00, 4-25. Tlwurout-Osterade, 4-50, 9-15, 1-50, 8-05. Ostende-thourout, 7-55, 10-10, 12 25, 6-15. SrlzaeleEccloo9-05, 1-25, 8-23. Eeclod-Selzaete, 5-38, 10 15, 4-22. Gaud-'/'erneuzen, (station) 8-17, |2 16. 7,28 (purie it Anvers) 8-30, 12-40. 7 48. Selzaete-Lo'AereM, 9 04, I 30, 8 30. (le Merer. 8 10 in.) Lukereu-St'/joete, 6 01), COBHE8POKDAWC COURTRAI, BftUXKU.ES. - Terneuzen-Cn.nd, 6 00, (0-30,4 40. 10-25, 4 43. (le Mardi, 9,30.) J-J - BftUXEU.ES, f.OIJRTRAI. Courlrai dep. 6,40 10,55 12,33 3,43 6,38. Bruxelles urr. 9,20 1,38 2,25 6,06 9,16. COURTRAI, tournai, lii.le. Bruxelles dép. Courlrai urr. 5,22 8,28 8,00 10,43 12,21 2,41 3 33 6,47. 7,33 8,44. Courlrai dép. Tournai urr. Ldle 7,00 10,80 2,54 3,34 8,47. 7,51 11,47 3,48 0,29 9,41. 8.33 11,83 4,00 6,32 9,33. COURTRAI, GA.NI). Courlrai dép. 6,42 12,31 3,47 6,40. Gaud urr. 8,01 1,52 5,03 7,30. BRUGES, GAXD, BRUXELLES. Bruges dép. 6,49 exp. 12,39 3"H exp. 6,43 Gaud urr. 7.34 1,34 4,19 7,88 Bruxelles 8,80 4,03 8,26 9,31 Lille dép. Tournni urr. Courlrai Gin,I dép. Courlrai urr. Bruxelles dép. Guil urr. Bruges LILLE, TOURNAICOURTRAI. 5,20 8,25 11,05 2,82 5,20. 3,45 8-,50 11,34 2,47 5,39. 6.37 9.47 12,26 3,42 0,36. G.VNDCOUIITRAr. 5.38 !)i,30 1,28 4,24 7,21. 6,57 10,32 2,49 5,31 8,42. BRUXELLES, GANO, BRUGES. 8,1.4 11,83 3,12 6,00 9,41 1 25 4,26 exp. 6,37. 7,13 10,34 2,33 3,11 7,22. Suite. Voir le N° précédent. On Ie mil en apprentissage, suivant son désir, cbez un peiulre en leltes et orncments; il en sorlit au bout de quinze jours,sous prclexte que la cou leur lui donnail des coliqiies.Entré chez un ébénis- tc, il le quilta après huil jours en se pleignant que les bras lui faisaient mal a force de frotter les vieux meubles. Un horloger eonsenlit a le recevoir comme apprenti, mais une semaine nes'étail pas écoulée, que l'enfant gité, de retour au logis, montrait ses yeux rouges, disail-il, paree qu'il lui fallait, chaque soir, veiller trop tard. On plan- ta la I horloger. Onésime lala du palissier, pour los brioches duquel il avail toujours eu cerlain faible. Mais bienlót, eonvaineu que le patron ne nourrissait pas son monde avee gateau, et au contraire, il s'enfuil du laboraloire en s'excusant aupres des parents sur ce que. dans eclte cave, on viva it comme la taupe, sans jamais voir le soleil, sans respirer son content, et grille par la vapcur qui s'échappait incessament de la gueule du four; adieu done le patissier. Après maint ct maint cssai tout aussi malencontreux, on en vint au perru- quier-eoiffeur, chez lequel le nomade apprenti dut rester enfin,paree que son père,a bout de pa tience, avail declare que, pour cette fois, on nc tenterait pas une nouvelle experience, et qu'il tint ferine a sa resolution. Onésime appril done, bon gré mal gré, tant mal que bien a rejeunir le men ton de la pratique sans y faire trop d'entailles, a toudre fa erinière du forgeron, comme aussi a eou. per plus artistement la chevelnrc prétentieuse du coniuiis faraud ou de l'employé petit-maitre, et encore a friser la perruque du rentier et les tours de sa respectable épouse. Dire que ce travail ré- ciéait l'apprenli, a sou air morose, a sa mine al- longée, a son nez qui, suivant ('expression d'un poële, aspirait, sinon vers la tombe, du moins vers |e parquet, on pouvail étre assure du contraire; ej sans doute il rcgrctlait, a part lui, leteinpsoii l'ou eourait après les criscris, empalait des mou- ches el costumait les hannetons. Enfin il fallait bien se résigner, au moins tant qu'on ne fut qu'adolescent. Mais a peine le dróle ent atteint ses dix-huit ans, qu'il s'évertua pour quitter la bouti que du coiffeur. Le peigne l'ennuyait et le plat ii barbe humiliait son amour-propre. Un matin, il arriva chez les auteurs deses jours, pour leur annoncer qu'il quittait définitivement la coiffure. Un sous-chef de la sons-préfeclure, qu'il avail l'honneur de raser. ayant vu son écriture par hasard, lui proposait une place d'expéditionnaire vacante dans son bureau, et il serail bien sot de ne pas accepter. Le père voulut hasarder quelques observations: qu il n'était pas sage de quitter un bon état pour une position précaire, et complétemenl a la merci du caprice de l'employé stipérieurjOnésime haussa les épaules et répondit avec humeur Uu bel élat, eniiuyeux ct inalpropre,toujours le rasoir ou le peigne ii la main! Moisir dans une baraque oil, du matin au soir, on leste a l'altache. Ah! bien non, par exemple; je me l'étais promis, a la première occasionca me déplait, d'ail- leurs, qu'on m'appelle meri.ax. Iléfléchis au moins; tu sais qu'a cause de nous Ie patron te veut du bien. II comptait plus tard te céder son établissement qni certes en vaut un autre. Ce sera la dot de sa fille. Moi quej'épotise Olymjie, un laideron avec la bouche de travers, le nez idem, et qui louche bien oblige, rester plutól gari;oii. C'est pourtant une excellente personne, ob- serva la mère, ayant de l'ordreel travailleuse. Aussi, pour elle, on n'ent fait jamais assez; merci d'uuc femme qui ine ferait triiner comme un elle val dominbiis. L'épouse qni voudra; je n'en suis pas jaloux. Va, va comme toujours suis ta manie, jetlc a tes pieds ce que tu tiens dans la main. Je te le prédis, toute la vie tu feras ainsi la navette, car partout tu trouveras le revers de la médaille. II faut travailler, même dans les bureaux, et je ne te donne pas six mois pour avoir de la plume par dessus les oreiiles. Le bonhomme de tailleur ne se trompait pas, el Onésime se hala de lui prouver qu'il avail été prophéte. Au bout de trois mois seulement. l'em ployé ne larissait pas sur les désagtément du mé tier. Le chef de bureau, comme l'aneien maitre d'école, s'émerveillait du talant caligraphiqne de son expeditionnaire, il n'avail pas assez d'éloges pour l'éléganee de cette écriture singiilièrcmenl rëgulière et déliée, inais il ne se montrait pas in dulgent pour les fautcs que par distraction ou par ignorance multipliait son nouveau scribe. II lui faisait, la grammaire en main, une guerre impla cable. Et il fallut bien qu'Onésime, pour évilcr la destitution, se décidét a plus ample connaissancc avec feu Ehomond ou ses suceesseurs. De la grand déboire, sans compter qu'on ne pouvait, comme s'en flattait Onésime, passer les six on sept lieures du bureau seulement a gazouiller, tailler sa plume, lire le journal, ou se chauffer les orteils en gri- gnotant le pain de gruau et la tablette de chocolat, collation habiluelle de l'employé. De temps en temps il fallait s'exereer les doigts, s'escrimer de la pluine plusieurs Iieui osou inèine toute la séance. Cela devenait fastidieux. Vraimcnt, disait mi soir Onésime, depitis Iiuit jours, on nous aeeablc. Les minutes s'accu- miilent sur le bureau saus nous laisser le temps de respirer, au point que les doigts in'cn font mal Ou se tue a travailler, et quel travail? le plus ingr.it el le pluis béte! foujoiirs faire la même cho se, dans le même endroil el aux meines heitres Eire comme ("horloge qu'on inonte el qu'on n'es- tirne que pour son -exactitude; c'est absurde! -Allons, déj'.i que in le plains, répondit Ie pè re ne l'avais je pas bien dit? Tache pourtant de nous épargner de nouvelles sot 1 ises et de garder la place; car je ne sais trop cc que lu pourrais faire ensuite. Je le sais bien moi. Ab vraiment! et quelle nouvelle idéé t'a mis la cervelle a I'envers. -r- Je vcux m'cngagcr. T'engager. Te faire soldat, s'écria la mère, toi, paitvrc garqon Eh bien oni, m'engager; quoi d'étonnant a cela? J'y ai bien réOéchi, et pour qui veut faire son ehemin, sans trop d'ennOis, c'est encore la meil- leurc carrière. Benêt, dit le père! Ah! tu crois que la enco re tu n'aura qu'a le croiser les bras bailler an vt-nt et que les cailles vont tombrr ton tes róties dès qu'il te plaira d'ouvrir la bouche. JYstimr l'élal militaire assurément et les Ironpiers sont di mrs amis; ear. dans mon jeune temps, j'ai porté Utini- fottne! C'est uu glorieus métier, mais rude, vois- lu par instants, et, avec ton tempérament et ton caractère... Ab bien! freluquel, tie serais sur le liane avarit une quiuzaine, ou tu preiidvais la pou- dre d'escampetle, ce qui serail ptre. I'our le soldat, non plus, tont n'est pas rose. Sans doute! sans doute! quelques petits dés- agréments Parfois grands, et trés-grands! sans comp ter a l'occasion le saerificede sa vie. Qu'est-ce que cela? Ou est Erangais. Peste, je ne te croyais pos tant brave. II n'y a pas si longleiups déja que lu ei aignais de mou ter l'escalier sans lumière, et que lu- regardais en te couehant sous le lit on derrière les rideanx. Je l'ai vu, mon gaillard. Enfanlillage, reprit Onésime rottgissanf, c'est la jeunesse, et puis l'imaginatoin écliauffée par qiielque lecture. Je suis bien sur que devant une ba I ter ic je feravs comme les autres, rnieiix que les autres, peut-èire, dims l'esjioir de la croix. En fin c'est résolu. Allc'est résoh» saus nous demander eou- seil Et, dit ta mère, au risque de faire ton mal heur et aussi Ic nótre; car enfin uous ne sommes plus jeunes. l'ou père, lu le vois de reste, scnl sa vue qui s'alfaiblil tous les jours et ses doigts fali- guent a tin r l'aigtiille. A'ous ti'avons pas de ren tes; avanl peu, qui sail! ion travail uous sera né- cessaiie. El tu yenx nous quiller pour courir les avenlures, aller te faire tuer par les Bedouins ou par la fièvrr! Encore si c'était line vocation s«- rieiise, pour aceomplir un devoir, on saurait se résigner. Je l'en pric, mon enfant, cette fois pas dc coup de léte, pas d'étourderie! A COMI.NfER.

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1874 | | pagina 1