I ssEMEft> ik^rt^ d'inkeioiann causant au bord de l'eau. LES TROIS INVALIDES. 1 a^AIVr Mercredi IK Juillet 1874. /QUE* 9me annee. N° 891. a ss O ca a >- 51 5s Le Journal parait le Mercredi et le Samedi. Les insertions coütent lo centimes ia Iigne.Les réclames, dans le corps du journal, rSe paient 30 centimes la ligne.Un numéro du journal, pris au Bureau, 15 centimes. Les numéros supplémentaires commandés pour articles, Reclames ou Annonces, content 20 fr. les 100 exemplaires. »E W K IS. LES PRINCIPES. Nous disions, peu de jours avant les elec tions, qu il n'y avail pas que des intéréts matériels dans le monde, et que les intéréts moraux élaient de beaucoup les plus impor tants, qu'ils dominaient Ia vie publiqueet Ia vie privée, la vie individuelle et Ia vie socia le; c'était aborder la question des principes. Les principes soul aux intéréts ce que Ie roc est au sable mouvant. Un coup de vent survient, cl déja il a emporlé au loin le sable, la tcmpète a passé sur le rocbcr el il esl toujours la. La connaissance des princi pes fait les ciloyens énergiques, les patriotes convaincus et généreux, et pour tout dire les catholiques ardents. Les principes re- connus, proelamés et aimes, la sociélé n'a rien a craindre et un pays peut attendre avec calme les événemenls et les complica tions. Mais belas! celte vérité est aujourd'hui méconnue, tout au moins oubliee et il en est parmi nous qui ont besoin de se le rappeler. Touchons done d'un peu plus prés cette question de principes. L'bomme partage son existence pour ainsi dire en trois parts: il y a la vie individuelle, la vie de familie et la vie sociale. Ces trois vies doivent. ét re comme imprégnées, disons mieux, vivifiées par la religion. L'bomme ric vit pas senlentent de pain, mais de vérités, et les vérités morales ct rc- ligieuses, les vérilés de l'ordrc surnalurel la religion les lui donne. II a done comme indi vidu des devoirs a rcmplir envers Dieu qui Ea créé cl a qui il devra rendre comple de scs acles. L'liomme est placé dans ia familie, cetle petite ct admirable société, la base, la force de la grande société. Père de familie, il doit ascsenfants l'éducalion, et nous prenons cc mot dans le sens le plus large. La familie a son lour a des devoirs religieux a remplir comme corps. Elle émanede Dieu aussi bicn que l'individu: elle a contracté des detles envers Dieu. Dieu aussi a créé la société. La société sortant des mains divines ne peut pas faire fi de Dieu et lui dire: Nous nc vous connais- sons pas, vous etes pour nous comme si vous n'éliez pas. En un mot la société ne peut pas reposer sur une idéé malérialiste; faire ab straction de la religion, comme le veut le libéralisme. La sociélé doit croire, ellc doit connaitre, aimer et servir Dieu. Ainsi que le dit le catéchisme a propos de l'homme. Com me Dieu auteur de la société a élabli l'Eglise catholique, la sociélé doit la reconnailre, la protégcr. Tel est son devoir, la od l'unité des esprits a maintenu ou rétabli l'unité reli- gieuse. La od cette unilé est brisée la sociélé doit laisser l'Eglise libre d'accomplir son rouvre et se garder d'empiéler sur son do- maine. NOS DEVOIRS. Dans les pays a institutions représentati- ves partoul ou I Eglise a exercé une puis- sante influence, elle a travaillé a élablir des gouvernements populaires, les citoyens jouent un róle politique important, notam- ment dans les élections. Eb bien! lecitoyen dans les élections a des devoirs religieux a remplir aussi bien que comme individu, ou comme membre de la familie. II ne lui est absolument pas permis de voter pour les candidats d'un parti irréligieux, pour les hommes du libéralisme, qui veulenl l'Etat saus Dieu, la société sans religion, l'liomme libre-penseur. Si I bomme est catholique dans la vie privée, comment pourrait-il élre libéral dans la vie politique. Quoi, je crois en Dieu, j'estime la religion indispensable a la vie, et je vole pour des hommes qui constiluerout des écolcs athccs, qui élévcront la jeunesse en dehors de l'idée de Dieu. N'est ee pas la Iccomble de la contradiction, el disons - le. de la folie? Oh! nous le savons, cette vérité simple et élémentaire est niée. Nous connaissons des personnes qui se croient religieuses, qui le seraient si on devait les juger par les prati ques religieuses, et nous les voyons voter, travailler pour les libéraux. Sous quel pré- texte? Sous le prétexte que la religion n'a rien a voir dans ia politique. La religion n'a rien a voir dans la politi que pure, c'esl incontestable. S'agira t-il d'un traité de commerce, d'une législation sur les routes, les canaux, Ia police, etc., évidemmenl rien de cela ne concerne ia religion. Mais la religion n'est-elle pas inlé- ressée a ce que l'instruction ne soit pas athée, a ce que les institutions religieuses soient libres de vivre et de se développer. Or, les lois sur Fenseignement, la liberté religieuse, le temporel du culte, ne sont-ce pas des lois que la politique porie? Et la religion ne serail pas intéressée dans la poli tique et partout dans les élections qui règle- mentent la politique, qui sont comme leba- lancier de la politique. Al Ions done, il faudraït ètre absurde pour le nier, aprés y avoir réfléehi. Proudhon, un socialiste, le proclamait un jour: tout au fond, est question de religion, et cela aujourd hui plus que jamais. Com ment en serait-il autrement, puisque la reli gion et la société sorlanldes mains de Dieu, s'appliquant aux mèmes hommes, doivent nécessairetnent sc renconlrer. Les devoirs religieux de la vie politique sont nombreux. lis ne consistent pas seule- ment a voter pour les candidats les meil- leurs, pour ceux qui prolégeronl l'Eglise, ils consistent aussi a user de ses influences pour faire triomplier la cause catholique dans la politique. Ainsi celui qui est placé dans une position importante doit faire rayonner autour de lui son activité pour amener les autres a remplir leurs devoirs. Ainsi encore, non-sculement comme homme et afin de conserver la foi et les mceurs, il n'est pas permis, en principe, de recevoir des journatix impies et irréligieux, mais mème au point de vue des devoirs politi- ques, la mème interdiction existe. La presse libérale est une conspiration contre Dieu, contre l'Eglise, et on irait la soulcnir, la pro- pager! Nous avons toujours remarqué cetle con tradiction: en verlu de leurs principes, les libéraux ne devraient avoir aucune répu- gnance a lire les jouruaux callioliques. Au- cun précepte de la libre-penséc ne le leur interdit. Et cependant les libéraux ne recoi- vent pas dc journatix calholiques. lis se gardenl bien, sous prétexte de connaitre Ic pour ct le contre, dc lire la presse opposée a leurs idéés. Beaucoup de calholiques, au contraire, sous toute espécede prétexles, et alors qu'a moins de raisons graves, il leur est interdit par l'Eglise de lire la presse liberale, qui est la presse impie el immoraie dont nous par- lions tantót, beaucoup de calholiques ne se font aucun scrupule de lire les feuilles libé- rales, dc s'y abonuer. II est vrui qu'ils onl un terrible argument a nous opposer: il faut être do son temps. Et certes, il faut ètre do son temps et on est nécessairetnent dc sou temps puisque l'on ne chuisil pus le siècle ou Ion vil, mais dans tous los temps les vé rilés sont les memos, les devoirs aussi. Dans tous les temps il est oraonné de remplir ses devoirs onvers Dieu et quand on a Ic bou- heur d'etre catholique, dc les remplir envers l'Eglise, son oeuvre. Ces vérilés pénélretil cepcudant de plus en plus el nous croyous que dans peu elles seront admises par tous los calholiques. La ou elles ne sont plus coiitestées les calholi ques sont forts et nous dirions volonlicrs presque invincibles. On lo sent, d'ailleurs, le moment oü nous vivons esl décisif: iious assistons a des évé- nemenls immenses qui laisseront un sillon profond dans l'hisloire. On l'a dit avec rai- son, les demi-teintes s'effacent, les confu sions disparaissent, les separations s'accom- plissent. Lo calbolicisme est en face dc l'anti- christianisme. Tout ce t|ui croit en Jésus-Christ, tout ce qui adore Dieu est avec Ie Pape, e'est-a dire avec l'Eglise. Mais aussi lout ce qui est at- leintdu naturalisme duns l'ordre scientifique ou du libéralisme dans l'ordre politique, se range sous le drapeau du césarisme contre l'idée chrétienne. II faudra bien que l'on se decide a ètre d un cölé ou de l'autre et a tie pas avoir une jambe dans un camp el une autre jambe dans l'autre. INSTRUCTIE ET ÉDIFIANT. M. Hymans a eu un aecès de libéralisme lorsque, a l'exemple dc la presse catboli(|ue, il refusa de subir la mereuriale ronllante et vide du procureur du Roi lleyvaert; mais eet aceés n'a guére duro: né avce l'aurore, il s'est elfondré aux [ireniiéres lueurs du cré- puscule; ['Echo da I'arlemenl l'avait vu pa- railro eoniine la Muuse l'a vu mounr dans un dislinyuo doctrinaire. Non pas quoM. Hymans absolve entiére- ment Ai. le procureur du Roi dc Bruxelles, non: il continue a niédire de sou eloquen ce lerblautiérc; et il pretend que de l'avis de la magistrature, du barreau et du pu blic M. lleyvaert a fait des phrases creu- ses et reteniissanles qui ont irnté les honnè- tes geus sans servir la morale. Toutefois, le rédacteur dc FAc/iod un Parlement, qui ex- isle peul-cire en Prusse, indique le inoyeu dont le ministère public eüt dü se servir pour recueillir les applaudissemenls de toute la presse libérale: c'était de dauber le clérical, de le rendre responsable et dc la seduction de Mllc Lehembre, et de la lugue du sénnl- iant ex-écbcviu et do la mort de l'inforluné co co S po M Z O Q 3 c ea tfl M o 02 u. Cm 3 -ö <D CO O uT cc CC O LU CQ O 3 CC O rtfXThïl m ^3 —3 ro rn CO ■H ro C*3 O <3 P3 H O <3 H "*3 50 C3* r> P* HI tn CO "O 5*- 50 5- 2 Poperinghe-Ypres, 5-lïi,7-25,9-30,10-58,2-15,«-08,9-20. - Ypres-Poperinghe, 6-00,9-07., 12-05,3-07,6 50,8-45,9-50. - Po- peringho-IIazebrouck, 7 13, 12-23, 4-17, 7-13. Hazebrouck-Poperinghe-Ypres, 8-33, 10-00, 4 10, 8-25. Ypres-Botzfers, 7-50, 12-25, 6-43. Kou Iers- Ypres, 9-23, 1-30, 7-30. Boulers-Lteuzjes, 8-45,11-34,1-13, (L. 3 56), 7-36, (9-53. Lichierv.) Licliterv.-Thouroul, 4-23 m. Bruges-Routers, 8-25, 12-30, 5-13,6-42. Lichtervelde-Courtrai, 3-25 m. Zedelgliem-77iOMrate, 12-00. Ypres-CWfrai, 3-34,9-49,11-18,2-35,5-23. - Courtrai-Ypres, 8-08,11-02,2-36,5-40,8-49. Ypres- Thourout, 7-13, 12 06, 6 20, (le Samedi a 3-50 du matin jusqu'a Langbemarck). Thouroul- Ypres, 9-00, 1-18, 7-45, (le Samedi a 6-20 du matin de Lnnghemarck a Ypres). Co a r nêto n ^Le To u q u et - Ho u p lin us-A rmenlières, 6-00, 11-30, 3-33, (les Merer. 8-40 m. 6-30 s.) Armenlières lloupli- .-v..,.vviii;v,. iiOJO I., VC Blankenberghe, Bruges, 6-10 8 55, 12-06. lngelmunsler-Deynze-Gtewti, 5-15, 9-412-15. lngelmunster-Z)et/»c:e, 4-50 2' cl., 7-15. Gaiid-Deynze-/M</eh»i{«s'ter, 6-58, 11-20, 4-39. Deynze Ingelmunster, 9-10 2= cl, 8-20 s. Ingelmunster-Attse<//iem, 6-05, 12-10, 6-15. A.nseghem-Ingelmunster, 7-42, 2-20, 7-43. Lichtervelde-Dixmude Furnes et Dunkerke6 -30, 9-10, 1-33, 7-54. Z)uuAerAe-Furnes-Dixmude et Lichtcrvcldc, 6 53, II 13, 3-45, 3-10. Dixmude-Mettport, 9-35, 2-20, 8-40. Nicuport-Dmmzcte, 7-40, 10-45, 12-00, 4-25. 1 hourout-Ostewrte, 4-50, 9-15, 1-50, 8-03. Ostende-Thouroul, 7-55, 10-10, 12 25, 6-15. Selzaeie-jEecteo, 9-05, 1-25, 8-23. Eecloo-Se/cnete, 5-35, 10 15,4-22. Gaud-Terneuzen, (station) 8-17, 12-15, 7,23. (porte d'Anvers) 8-30, 12-40. 7-43. Tcrneuzen-GawrZ 6 00, 10-30, 4-40. Selzaele-LoAemj, 9-04, 1-30, 8 30. (le Merer. 5-10 m.) .Lokeren-SeZ-ZCteZe, 6 00,10-25, 4 43. (le Mardi, 9,30.) O O R R XS !3 I- COURTRAI, BRUXELLES. OHRA w;c Courtrai dép. 6,40 10,53 12,33 3,45 6,38. Bruxelles arr. 9,20 1,33 2,25 6,06 9,16. COURTRAI, TOURNAt, LILLE. Courtrai dép. 7,00 10,56 2,54 5,34 8,47. Tournai arr. 7,51 11,47 3,48 6,29 9,41. Lille 8.33 11,55 4,00 6,32 9,33. Conrlrai dép. Gand arr. COURTRAI, GAND. 12,31 3,47 1,52 6,42 8,01 3,03 6,40. 7,36. Bruxelles dép. Courtrai arr. Lille dép. Tournai arr. Courtrai Gand dép. Courtrai arr. 5,33 6,47. 7,53 8,44. BRUGES, GAND, BRUXELLES. Bruges dep. 6,49 exp. 12,39 3'34 exp. 6,43 Gand arr. 7,34 1,34 4,19 7,38 Bruxeiles 8,50 4,05 5,26 9,31 Jt-J M BRUXELLES, COURTRAI. 5,22 8,28 12,21 8,00 10,43 2,41 LILLE, TOURNAI, COURTRAI. 5,20 8,23 11,03 2,82 5,20. 5,45 8,56 11,34 2,47 5,39. 6.37 9.47 12,26 3,42 0,36. GAND, COURTRAI. 5.38 9,39 1,28 4,24 7,21. 6,57 10,1)2 2,49 5,31 8,42. BRUXELLES, GAND, BRUGES. Bruxelles dép. 8,11 11,53 3,12 Gaud arr. 6,00 9,41 1.23 4,26 exp. 6,37. Bruges 7,13 10,34 2,38 5,11 7,22. CHAPITRE I. d'un VIEUX DE I.A V1E1LLE QUI n'AVAIT QU UNE JAMUE, d'un AFHIGAIN MANCI10T ET u'lJN BLES.SE A quclque distance dc Fonlaincbleati, sur la rivu droite de la Seine, s'élève en nmphijhéatre, devanl la forêt, le joli village de Thomery, cclè- bre a Paris par ses raisins, et qui potirrail élre connu par d'autres produits; car an prinlemps. si prinlemps il y a mainlenanl, pendant que les collines d'alcntour se couronnent de la verdure des pampres, l'oeil au dessous est récréé par les Beurs blanches des abricotiers qui pavoisenl ton ics les maisons dc leurs rameaux en espalier. Lt 1»and vientle inois d'Aoüt. cn place dc eelle vir- ü'iale parure, en I re les fouilles d un veil lustre, b'illent des niilliers dc fruits qui,'par leur cou- 'appellent les pomnies d or foisonnanl sur a|l"e -fabulcux du iardin des Hcspérides. Par mall,, 1 flcurs umicua uu jaruin ues iienp*-! iu^. -■ malheur, I fop souvent un souflle glacé fléti it les 111 s quand les boutons a peine coinmcncenl a l'"', et, ik uf fois sur dix, les pauvres s enii villi oil VII *-■ 1 vy I Scuis, affriandés par la plus belle espéruiice a la vue de leurs espaliers tont blancs, n'ont guère a, récolter que.... des feuilles! Les marmots se passent de hoyaux el de confitures. Au milieu de la principale rue du village, rue qui n'a qu'iio cölé, le flt'uve coulant dc l'autre, on voit une petite plate-forme planlée de grands arbres, onnes ou marroutiiers, il n'importe. L est le rendez-vous, pendant le jour. de quelques rares oisifs qui s'y dounent le passe-temps de voir l'eau courir et aussi les bateaux el batelets qui n'ont pas de jambes, quoi qu'cn dise la eliauson- nelle. Le soir il y a foule, et, aprés leur jouinée faile, vigneroos el pèeheurs, hilés par le soleil, viennenl la pour ouïr, en facon de délassement, la lecture du journal et se chain .tiller sur la poli tique. Hou re ux quand la discussion, qui s'exas- père, ne supplce point a la pénurie des argu ments par les coups de poing et les horions! Or, (lans le courant de I été dernier, une après- dinée, sous ces oinbrages, trois huinnies élaient assis, qui, par le contraste de leurs nobles figures, admirablement éelaiiées des rayons du soleil dé cliuant a I horizon, eussent tenté les pinceaux d'un artiste, s'il s'en fut trouvé la d'avénture. Nos trois militaires devisaient saus doutesur quelque sujet fort intéressant, car deux d'entre enx qui fuinaient, pour palier plus librement avaient óté la pipe de leurs lèvres. J'ai dit mili taires, on ne pouvail s'y iromper au premier coup d'ueil, bien que l'un deux ne portal point l'unifornie. Sur la poitrine de tous brillait le sigue de l'hunneur: ileux avaient la croix et le troisième la médaille, maintenant sacrée par la gloire el digne de sa socur aiuée. Le premier des causeurs était un homilie iigé déja mais qui, malgré ses cheveux blancs, dans sti verte vieillesse gardait I air de la vigueur. Sa figure, aux traits fortement acceiitués, bienveillanle d'ailleurs, plaisait quoi- qu'e le ne fut point belle, du moins de cette beau té vulgaire dont le type admirable, pour la plu part des geus, est une ronde pleine lune colorée riehement du vermilion de la santé. Le profil du vétéran était mcdiocrement plein et plutöt maigre, légèrement teiuté de bistre. Ce qui nuisait, pour cerlaines personnes, a l'agrérnent desa physiono- mie, c était une large baiafre qui. partant du front, deieenilail en diagonale ju-qu'a la moilié de la joue droite, en y cretisant, eoniine a travers Ic uez, une superbe enlailtc, superbe pour les gens de eoeur. Un autre désagrément, suite de la guerre, qui gênait un peu davantage le vétéran, et dont il se fut bien passé (it le disaait lout fran- chement), c'était une jambeen buis de cliéne ou d'orme, avue laquelle il avait bien fallu remplacer l'autre einpurtée par unbouluta Monlnnrail. In valide dés tors, il avail quitté le service et s'ctail rétii'é, content dune irès-modiquc pension, a Thomery, chez sa soeur, mariée ii un honnéte pèeheui-.Le jardinage et quelquefois la pêclie occu- paient les ioisirs du vieux soldat. Le second des causeurs, en visite settlement a 'thomery cliez des amis, porta il la capote des invalides de Paris; une des manches llotlait vide; le bras, abaltu par ie yalagan d'un Marocain, avait élé enterré dans la plaiue d'lsly. On voyait, au pfemier coup d'ceil que la figure énergique du soldat s'élait bronzée longtemps sous le soleil d'Afrique; ellc respirait uue fiére resolution et un pen le sans gene et l'audace. Ces regards-la sem- blaient accoiilumés a nc se baisser devaut person- ne; le zouave (Pierre DunVoiit sortait de ce corps d elite), sous ce rapport, poussait la liberie jus qu'a t'indiscrétioii, trop eonfiant dans qe principe que les yeux sunt fails pour en servir. Le troisièiuc soldal, presque adolescent encore, faisait contraste par le caractèrc modeste et doux de sa physionoinie. Ses regards s'inlitiiidaient vite, et l'on seulait qu a ee front pali par la soaffrance, les nobles rougeurs montaient faeilemeiit encore. A peine agé de vingt-deux ans, Gabriel Aubin, soldal dans un régiment de ligne et déeoré ii lu- kermann, mais blessé gnévcmcnl, était revenu eu France avec un congé 6e convalescence. De retour settlement tlepuis quelques jours cliez ses parents, il se sentait déja tie la salulaire influence de Fair natal, el plus encore de ee remède souverain, la joie de se retrouver au milieu d'une chère familie, entre un'bon père el une lendre inère qu'il avait craint de ne plus revoir. De (juoi eausaient nos soldats? II n'est pas be soin de le du e; uu journal ou plutót des journatix sur lesquels on lisait: Sébaslopol, Guerre d'Oricnt, etc., places sur un banc voisui ou lombés'a terre, disaient assez qu'on parlait de la guerre, dc la guerre, ct puis encore de la guerre. Le moyen de s'en lasser, l'uis, pour le vétéran et le zouave, quelle bonne fortune que d entendre un ténioiu oculaire, un acteur dans ses scènes héroïques, un blessé d liikarmahn! Aussi, depuis l'arnvée dc celui-ci, on ne se quillail plus, et les trois braves, devenus les inseparables, passaient ensemble les meillcurcs hrnres delajouniée, soit a a I'ombrc dc la forêt, soil sous his lillruls (car je crois main, tenant que ce soul des lilleuls) du bord de l'eau. A CONTINUER.

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1874 | | pagina 1