m m LES TROIS INVALIDES. Mercredi 22 Juillet 1874. annee. N° 893. z O Wym\ - *n r° z >- >- z Le Journal pa rait le Mercredi et le Samedi. Les insertions content la centimes la ligne.Les réclames, dans le corps du journal, se paient 30 centimes la ligne. In numéro du journal, piis au Bureau, 15 centimes. Les numéros supplémentaire's commandés pour articles, Réclames ou Annonces, coütent 20 fr. les 100 exemplaires. C 11 E tl I V S 1>G F G H. LA LECTURE DES MAUVAIS J0URNAUX Suite. II. Voici maintenantla grande question: Peut- on lire en süreté de conscience un mauvais journal? Non: c'est un pêché grave. Car un mauvais journal est un mauvais livre, et la lecture en est defend tie: 1° par la loi naturelle, qui nous prescrit d'éviter tout ce qui est un obstacle au sa 1 nt de noire ame, tout ce qui nuil en quelque maniére que ce soit a noire bien spiriluel; 2" par le droit divin posilif, promulgué par saint Paul, qui fit bruler a Ephése les Iivres d tin art super- slitieux; 3° par le droit ecc.le.siusliqne c est-a dire par les décrets des anciens con- ciles de l'Eglise, renouvelés parordredu concile de Trenle dans les Regies de fin- dex. Celle décision est des évèques de Bruges et de Liége (Inslruclio practica pro con/essariis circa obligationem et rnodum extirpandi leclionem pravorum librorum et diariorurn.) Ces feuilles impies, dit le cardinal vicai- y> re do Rome, sont lues des fidëles par curio- silé; el les s'introduiserit dans les families chrétiennes sans qu'on réfléebisse au trés- grave danger qui en résulle surtout pour les ames et les cceurs des jeunes gens, qui >i boivenl ainsi Ie poison de l'incrédulilé avanl d avoir goülé peul-èlre le lait de la religion. II fa ut done que les RR. curés prennent soin de declarer que le droit na- turel lui mème défend au.x calboliqnes la lecture de pareils journaux, a cause du danger Irés-prochain oü eux calholiques se trouvent de perdre la foi; et que, com- me il s'agit d'un préceple en matiére gra- ve, 1'infraction rend les transgresseurs coupables non d'une faute legére, mais d'un péché grave Circulaire aux curés de Rome). Lire un mauvais journal est done une faute grave, s'y abonner est un péché plus grave encore. II faul entendre icUes sévéres avertissemenls des évèques de Suisse: Com- ment un père chrétien pourrail il souffrir un semblable journal dans sa maison?Cet- te feuille n'apporterait-elle le scandale dans sa familie qu'une fois par semaine, com- ment oserait-i 1 encore la conserver? Non! non! nons-écrions-nous avec Saint. Jean: Ne Cadmetlez pas dans voire maison. Si un impie ou un séducleur s'introduisait chez vous, esl-ce que vous n'auriez pas soin de prémunir contre lui toule voire familie? Comment, dés-lors. laissez-vous ce corrupleur silencieux enlrer chez vous? Ne poursuil-il pas ses mauvais desseins avec plus d'assiduilé, plus de secret et plus de perseverance? Le scandale est le scan- dale, et la responsabilité en relombe sur quiconque s'en rend coupable. Fermez done a tout mauvais journal l'entrée de voire demeure, autrement sur vous aussi retombera dans tonte sa rigueur l'arrèl redouialile deja prononcé par l'apólre: Si quelqu'un n'a pas soin des siens, etsur- tout de ceux de sa maison. il a renié la foi, et il est pi re qu'un infidéle (1 Tim., v, 8). Mais ce n'est pas seulernent de vos enfanls et de vos inférieurs que saint Jean exige que vous eloigniez quiconque ne professe pas la docirine de Jésus-Christ. Le préceple qu'il impose est d'une acceplion universelIe: Si quelqu'un vierita vous qui ne vous apporte point celte doctrine, gar- dez-vous de le recevoir dans votre mai- son, et ne lui diles pas mème salut, car celui qui le salue communique a ses oeu- vres mauvaises. Done, quiconque recoil un journal hostile a l'Eglise participe par cela mème aux oeuvres mauvaises de ce journal. Oui, l'argent de votre abonne- ment est un soutien que vous fouruissez, une contribution de guerre que vous sol- dez aux enuetnis de la religiou el de 1'EgJj- se. Et dans quel but? C'est afin que ce jour- nal poursuive son oeuvre avec plus de succès. Par la, vous l'aidez indireclement a combatlre l'Eglise, notre mére; tandis que la bonne presse, qui se devotie a la defense de celle mème Eglise, vous l'a- bandonnez a son dénuement; vous allez mème jusqu'a lui refuser une mesquine auinóne, el souvent, au lieu de voire obole, vous ne rougissez pas de lui jeler l'insulte du dédain. Toutefois, cette cooperation matérielle ne rend pas, n'épuise pas toute la pensée de l'apólre. Ne dit il pas en termes for- mels: «Celui qui le salue participe a ses oeuvres mauvaises?» Sans aucun douleet avec raison vous metlriez a la porte un élrangcr qui viendrait chaquejour dans votre maison insulier votre vieille mére. Or, voila un journal qui se présente chez vous, et qui, chaque semaine, pour ne pas dire chaque jour, outrage et diffame votre sairite el vénérable mére, l'Eglise catholi- t|ue. Non seulernent vous lui prètez l'oreil- le, mais, ce qui est pis encore, vous osez lui payer son effronlerie argent comptant. Agir de la sorie, u'est-cc done pas vous rendre complices de ses oeuvres mauvaises? N'est-ce pas une conduite déplorable? ill. A ces décisions magistrales on oppose qnelques objections dont il fant examiner la valeur. i° L'Eglise, dit-on, a condamné des li vres, mais les journaux ne sont pas des livres. Distinction futile, répondent les évèques de Bruges et de Liége. Ce que l'Eglise pré- tend, c'est de préserver les ames d'un dom- mage que les journaux aujourd'hui leur causent encore plus que les livres. Qu'im- porte que le poison soit offert dans une cou pe d'airain ou de verre, s'il donne la mort (Inslruclio practica, etc.)? D'ailleurs, on a vu plus haul que les lectures qui meitent en péril la foi ou les mceurs sont inlerdiles par la loi naturelle. 2" L'Eglise ne peul pas juger d'avance et condamner les journaux avant qu'ils aient parit. Vaine sublilité, répondent encore mérnes évèques. Les journaux sont eonnus a l'avance par le but que se proposent les ré dacteurs, par leur programme, par les arti cles precedents, par les vues el lesespéran- ces de ceux qui les propagent. Ou prévoit avec .certitude ce que les feuilles contien- dront dans leurs colonnes; ni ami, ni enne mi, personne ne s'y Iroinpe. Et l'Eglise n'au- rait pas le droit de prévenir par une prohi- bilion un mal que lout le monde voil venir! 3° Mais, reprend-on, il n'est question dans ces journaux que de politique, et l'Eglse n'a pas a s'en mèler. C'est une erreur. L'E glise est juge des doctrines qui loucheut a sa constitution et a ses droits, qui conlribuenl au progrés on a la corruption des mceurs, qui défendent ou s'efforcent de renverser la loi de Dieu. Or, de nos jours, attaquer l'E glise, calomnier le clergé, couvrir do mépris ou ébranler les institutions religieuses, ra- baisser les calholiques, vanter les ennemis de la foi, lacher la bride aux vices, repous- ser les bonnes oeuvres, encourager le mal, enlraver le bien, c'est toute la politique de bon nombre de journalistes. Celte politique- la regarde la religion, puisqu'elle Fattaque en face; done l'Eglise a Ie droil de la juger et de la condamner. En 1832, qnelques faux politiques de Suisse soumireni au Sainl-Siége ces trots questions: 1° les journaux sonl-ils soumis a la censure de l'Ordinaire, mème en ce qui regarde les opinions politiques? 2° Cetle censure peut-elle atleindre les articles oü sont. raconiès des événements histori- ques? 3° s'étend-elle a toute espèce d'écrits, qu'elle qu'en soit la forme et la teneur? La réponseii ces trois questions fut affirmative. Et, en effet, les pasteers ne pourraient pas juger des palurages qu'ils doivent offrir ou interdirea leur troupeau. si leur autorité ne s'étendait pas sur tons les écrits qui s atla- quenl a la foi el aux mceurs. (Méme docu ment). 4° On dil encore: II faut bien savoir ce que disent el objectent nos adversaires. lei, répondent les évèques de Suisse, nous dé- elarons que ceux-la seuls qui. par elal ou par devoir, sont appélés a défendre la vé- rité et la justice, com re le mensonge et Terreur, out besom de savoir ce que nos adversaires disent el objeclenl. A cela prés, celle proposition est faus<e en lout point. Ou bien faiidra-l il admetire qu'Eve, a qui le coiiirnandement de Dieu élait connu, avail raison d'inlerroger le serpent pour savoir ce qu'il pensail?... Jésus-Chrisl ne vous a-l-il pas appris it répéter dans vos prioresNe nous induisez pas en tenta- tion (Math, vi, 13)? Ne soyez done pas téméraires au point de vous exposer vous- mérites a la tentalion. Mais je connais ma religion et je sais a quoi rn'en lenir sur les questions débaUties dans les journaux. Eli bien! c'est deja un trisle intlice lorsqu'on ose sexprimer avec une lelie confianee dans ses propres forces; ce n'est pas le langage (Tune ame pure et craignant Dien. Trop souvent une triste expérience vient le démentir. Vous aurez beau dire, un journal impie est tou- jours un tentaleur et un séducleur. Et ce- lui qui chaque jour le recoil chez lui et s'entretient avec lui, expose ainsi sa foi et w K 55 O ca on *q en O Et. 50 Q m ■^i as O rn G 53 •H H rn C/2 •H S3 52 O C/3 at o o rt •H m C/3 Poperinghe- Ypres, S-1!>,7-23, 9-30, t0-58,2-13,8-05, 9-20. Y pres-Papering he, (5-50,9-07,12-03,3-57,6 50,8-45,9-50. IV peringhe-Ilazebrouck, 7 t3, 1*2-"25, 4-17, 7-13. Hazebrouck Poperinghe Ypres, 8-35, 10 00, 4 10, 8-'25. Ypres-Roiilers, 7-50, 1*2-25, 0-45. Kouters- Ypres, 9-25, 1-50, 7-50. Roulers-tfrwjes, 8-45,11-34,1-13, (L. 5 56), 7-36, (9-55. Lichterv.) Lichterv. Thourout, 4-25 m. Bruges-Routers, 8-25, 12-50, 5-13,6-42. Lichter velde-Courtrai, 5-25 m. Zedelgliem-Thourout, 12-00. Ypres-Courtrai, 5-34,9-49,11-18,2-35,5-25. Coiirtrai- Ypres, 8-08,11-02,2-56,5-40,8-49. Ypres-Thourout, 7-13, 12 06, 6 20, (le Samedi a b-50 du malin jusqu'è Langhemarck). Thourout-Ypres, 9-00, 1-18, 7-45, (le Samedi a 6-20 du malin de Langhemarck a Ypres). Comines-Warnêtoii I.e Touquei-llouplincs-Amewtières, 6 00, 11-80, 3-35, (les Merer. 8-40 m. 6-30 s.) Armentières-Houpli- nes-Le Touquei-Warnêion-Comiwes 7 -40, 2-00, 4-45. (le Merer. 10-35 m. 8-00 s.) Comines- Warnêton 8-40, m 9-30 s. (le Luridi 6 30 s.) Warnêlon-CWimes 5-30, 11-10, (le Lundi 6-50 s.) Courtrai /trages, 8-05, 1 1-00, 12-35, (L. 5-15), 6-55. (9-00 s. (Lichterv.)— Bruges-CowO*ai, 8-25, 12-50, 5-13, 6-42. Bruges, Blankenberghe, Heyst, (Elal) 6-50,7-30,9-45,11 04,2 23,2-50,5 20(exp.) (S 5-50)7-38 (exp.)8-43. (bassin) 7 00.7-36, 9-51,11-10 2-31,2 36,5 26(exp.)(S 3-36)7-41 (exp.) 8 31.Heyst, Blankenberghe, Bruges, 5-43,(L. 7-20) 8,30,11-23.1 23,2-43 (exp.)4-10.5- 30,(D. 6 13)7-28. Blankenberg, Bruges, 6-10,(L. 7-42)8-35,11-55,1-45,3 05(exp.)4-30,6 00(1). 6 35)7 48,9-00. lngelmunster Deynze Gand3-15, 9-41, 2-18. Ingelmunster-flei/rrse, 4-30 2' cl., 7-18. Gand-Deynze-/»</elmims(er, 6-58, 11-20, 4-39. Deynze Inge/munster, 9-10 2ccl, 8-20 s. Ingelmunster-.1ws«//te»i, 6-03, 12-10, 6-15. Anseghem-lngelmunster7-42, 2-20, 7-45. Lichtervelde-Dixmade-Furnes et Dunkerke, 6-30, 9-10, 1-33, 7-54. ZViAerAe-Furnes-Dixmude et Lichlervelde, 6-58, 11 13, 3-45, 5-10. Dixmude-iWewporl, 9-58, 2-20, 8-40. Nieuport-Dfrwmcfe, 7-40. 10-48, 12-00, 4-23. Thourout-Ostordc, 4-50, 9-15, 1-50, 8-03. Osteiide-Thouroul, 7-55, 10-10, 12 23, 6-15. p dzaete-iiec/oü, 9-08, 1-^5, 8-28. Eecloo-Selzaete, 5-38, 10-15,4-22. Gand-Terneuzen, (station) 8-17, 12-18, 7,25 (porie d'Anvers) 8-30, 1*2-40. 7-43. Terneuzen-Gawf, 6-00, 10-30, 4-40. Selzaele-Lofterew, 9 04, 1-30, 8-30. (Ie Merer. 3 10 m.) LokerenSelzaete, 6-00,10-25, 4-45. (le Mardi, 9,30.) C O I COURTRAI,. BRUXELLES. Courtrai dep. 6,40 10,55 12,33 firuxelles arr. 9,20 1,35 2,25 COURTRAI, TOURNAlI.ILLE. Courtrai dép. 7.00 10,86 '2,84 Tournai arr. 7,51 11,47 3,48 Lille 8.33 11,55 4,00 COURTRAI, GAND. Courtrai dép. 6,42 12,31 Gand arr. 8,01 1,32 aasPonrriAirciis. BRUXELLES, COURTRAI. 3,45 0,06 6.38. 9,16. Bruxelles dép. Courtrai arr. 5,22 8,00 8,28 10,43 12,21 2,41 5,33 7,53 6,47. 8,44. LILLE, TOURNAl, COURTRAI. 5,34 8.47. 6,29 9,41. 0,32 9,83. 3,47 5,03 6,40. 7,36. Lille dép. 5,20 8,28 11,03 2,82 5,20. Tournai arr. 5,48 8,56 11,34 2,47 8,39. Courtrai 6,37 9.47 12,26 3,4*2 6,36. GAND, COUllTRAl. Gand dép. 5,38 9,39 1,28 4,24 7,21. Courtrai arr. 6,87 10,52 2,49 3,31 8,42. BRUGES, GAND, BRUXELLES. Bruges dép. Gand arr. Bruxelles 0.49 exj)12,39 7,34 1,84 8,30 4,03 3'34 exp. 6.43 4.19 7,38 3,*26 9,31 BRUXELLES, GAND, BRUGES. Bruxelles dép. -7- 8,14 11,53 3,12 Gand arr. 6,00 9,41 I 23 4,26 exp. Bruges 7,18 10,34 2,38 3,11 6,37. 7,22. ET LES PROHIBITIONS ÉPISCOPALES. Suite. Voir le N° précédent. CH A PIT RE IV. Ou LE VETERAN CONTINUE SON REGIT. ÉpiSO- SODF.S DU SlF.e.E DE DaNTZICK. L.V COMl'A- CN1E INFERNALE ET SES AUDACES. l) N E KOUVELI,E AIAN1ÈRE DE POSTE AUX LETTRES. Ecoutez un atiIre récit, jeunes gens, ce sera le deruier. A une époque plus rapprochée, je me trouvais a Danlzick, pendant le fameux siége de 1813. J'v fus iénioin des ineroyables fails d'armes accom"- plis par celle Compagnie Franehe que les rnne- mis. dool elle étail la terreur, avaienl baplisér: Compagnie Infernale. l)rs diables en effet, que ces braves, mats de bons diables, pour leurs amis s entend. Les exploits de celle poignée de héros semhlenl labulrux el rempliraieni des volumes: je ne veux eiler qu'un on deux fails cependanl. Ala faveur dun incendie considérable qui se déclara dans la ville. I ennemi s'empara de la ledoute Frioul, poinl d'une grande importance. Le commandant de la compagnie Tranche, M. de Chambure, l'ame de ces vaillants, en est avci li et il sélance a la têle de ses braves pour recon- ipiérir la position. Mais Ie comte Rapp. gouver neur de la ville qui le rencontre, infornié de son dessein, l'arrête. II est li-op lard, dit le général, les Itiisscs ont pu s étabhr dans la redoute; il fautlrail sacri- fier beaucoup de monde pour la reprendie avec la certitude, malheureusement, de ne pouvoirs'y main tenii'. Mon général, si vous le permettez, mes braves aiirout cel honneiir apres avoir vengé leurs camarades. Ooi, secricnl a l'ruvi les soldals, a la baïon- nelte! rn avanl! sans hnijer mie eartouche! Mais, mes enfanls, reprend Rapp, ils sont qua!re eorilre un Tanl iiiieux. général! Et retranchés! Bon moven pour qu'ils n'éehappenl pas, on les prendra la coirime dans une sonricière. Rapp n insist,i plus el laissa ces inlrépides fibres de risquer 1'aveiilure; mais il lil quelqiies disposi tions pour couvrir au besoin leur relraite. Allons. camarades, dit AI. de Chambure, maintenant il ne faul pas en avoir le démenti. Au pas de course d'aliord. et puis, en approchant de la bicoque. Iont le monde sur le ventre el qu'on fasse la cotilcuvre jiisqn'au pied de la palissade. Alarehe! On sélance. La nnit obscure d'nn eöté. en mème temps que la reverberation des Dammes de l'autre, protégeaient les assaillants qui bientót arrivenl en rampant jusqu'aux palissades. Les escalader et enfoneer les portes est pour eux l'affai- re d'un instant. Les Russes, surpris par l'aiidace de celle attaque imprévue, après avoir eu quatre- vingts hommes tnés, (rente laits prisonniers, s'é- ponvanlent el prennent la fuite, entrainant avec eux les quatre cents Iravailleurs oecupés a la Iran- chée. La compagnie franehe n'avait a regreller que six tnés et sepl blessés. La redoute est a nous, fail dire Al. de Cham bure au comte Rapp; la compagnie réclame de nouveau Ihonneur de la garder. On ne songea pas a le lui refuser. Le lendemain,'Rapp vint rendre visite a ces braves, et devanl eux deinanda a leur chef de lui designer ceux qui méritaient plus parliculière- ment une compense. Alais tons d'un élan unaoiine de s'écrier: Pour toute recompense, nous de- mandoiis i|ue la compagnie franehe porie le nom de son capitaine. Qu'admirer le plus de ce sublime désinléresscment, on de eet indomptable courage? Je penche pour le désintéressement, mur. mura le jeune soldat. Aloi, moi, je ne sais pas trop, dit naïvement le zouave. Alais comme on aurait done voulu être lii pour taper avec eux sur messieurs les cosaques! -- Voici, reprit Ie véléran, qui semble plus étonnant encore. Les Russes, au nombre de deux mille, occupaient en face de Danlizck, le village de Bonsac, d'oii Al. de Chambure résolut de les débiisquer. A miniiit. la compagnie franehe s'em- barque sur des hatelrts et trarersanl la Vislule, aborde ii pen de disl.inee du village. Les Russes dormaient conlianls dans leurs seiitineiles; mais celles-ei surprises tornbent sous la baïonnette. Aos braves alors, se precipitant dans le village, égorgent les ennemis qui l'un après l'autre sortenl eirarés des maisons el veutent en vain arrëter ce torrent. Les magasins sont la proie des Dammes qui dévorent les affi'its des canons encloués, puis nos inlrépides, ehargés de butin. regagnent le rivage. 0 malheur! les barques, mal amarrées lors de la descenle. Ooltenl au loin emportées par le courant, et les Russes, de plusieurs éólés ii la fois. arrivenl en criant: Vengeance! Alais quel peril peut élonner nos braves? Formés en colonne, ils s'élancent a travers les balaillons ennemis, écra'sent tout ce qm leur fait obstacle en laissant derrière eux une longue trainee de sang et de cadavres, puis gravissant les cótes escarpées et passant ii la nage lac, rivière ou fleuve, ils rentrent le lendemain matin inoniphanls dans la ville ou la garnison, qui les rroyait perdus, salue leur retour des plus chaleureuses acclamations. IJne hisloire encore sur ees vaillants. Celle-la, vous la connaissez peul-èlre, car elle a inspire les faisenrs d'images; mais n'importe. c'est trop beau pour s'en laire (|uand on par Ie du siége. Une nuit, Al. de Chambure dormait par hasard car il n'en faisait guèrc une habilude. II dormait tout habillé quand une bombe vient tomber au milieu de sa chambre oil elle éclate. Imaginez le tapage, et si les porcelaioes, pendules el meubles se trouvèrenl bien des éciaboussures. Le fracas de l'explosion réveille en sul-sant le capilaine; on s'éveillerait a moms. II saute en bas du lit non sans quelque humeur: C'est VVnrlemberg qui m'envoie ce bouquet; a la bonne heiire! mais il ne fallail pas détériorer ie mobilier el Iroubler mon somme. Excellence, on vous rendra la politesse... et la bombe. Alors ramassant une plume lombée avec la table, il écrit sur un chiffon de papier ce billet dont Al. de YViirlemberg eul la sotlise de ren- voyer l'original au lieu de le faire encadrer pour le suspendre dans son salon comme son plus bel ornement. Jugez-en: e Prince, vos bombesont trouble mon sommeil; j'ai résolu de faire une sortie avec mes braves pour cnclouer les mortiers qui les ont lancées. L'ex- périence vous prouvera. Monseigneur, qu'il ne faut jamais réveillt-r le lion qui dort. •i Danlzick. 13 Novembre 1813, un quart d'heurc avant ma sortie. C'est crane! exclama le zouave. Fameux style, en effet' D'autant que ce n'était point une fanfaronnade. AIde Chambure descend de sa chambre; les bonimes, endonnis encoic en dcpil tic l'explosion par ('habitude de celle musique, s'éveillent au roulement du tam. bour. Rienlót tons sont sur pied. Al. dc Chambure leur lit sa letlre, en ajoutant: Ales amis, il s'agil maintcnant de porter le billet ii sou adresse. Vous savez, comme moi, d'oii nous toinbent avanl le chant du coq ees réveillc-matin: ertte maudile redoute, si gênante ponr les aiilres comme pour nous, il ne tient qu a vous d'cn débarrasser les camarades. Voulez-vous me suivrc? je réponds du succès. Alarebez, capitaine, avec vous n'irait-on pas au bont de monde! Ce fut le err unanime. En avanl done pour la France, et vive l'Em- pereur! Vive TEmpereur! répondent les braves. Par les ordres du capilaine. on se niunil d é- ebelles, puis on sortit de la ville en se dirigeant vers la redoute. En un clin d'oeil le rempart est escalade. Les Russes éperdus courent a leurs piè- ces, mais nos Francais les devancent el s'en em- parent avant eux. Les ennemis culbntés, tués ou forces de prendre la fuite, ont encloué les canons et obusiers; el dans l'un decesderniersSl.de Chambure depose le billet en question, que Al. de YViirlemberg reent a son premier déjeuner! Un plat aiiquel il ne s'attendait pas. dit le zouave, et qu'il a du troiiver de digestion difficile. Alais, Tancien, permettez qu'a mon tour je dise qnelques mots encore de ces eonscrits d'Afrique, comme vous les appelez (j'ai le mot sur le coeur). Voici par exemple un petit episode qui a bien son mérite, racunisè devanl moi par un dc nos ofiiciers les plus distingués. A CONTINUER.

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1874 | | pagina 1