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Suite nu président. Un épisode de la
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La conversation tourne décidément au sé-
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LES TRÖIS INVALIDES.
Samedi 8 Aoüt 1874.
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année.Nos 807cG808.
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I.e Journal parail 1c Mercredi el le Samedi. Les insertions content 15 centimes la ligne.Les réclames, dans le corps do journal, se paient 30 centimes la ligno. Uil numéro du journal, pris att Bureau, 15 centimes.
Les numéros supplérnentaires cotnmandés pour articles, Réclames ou Annonces, coütent 20 Ir. les 100 exeinplaires.
C II I H 1 S l> E I E It.
UNE LETTRE DE JULES JANIN.
La Semaine religieusedc Clermont, ex
hume une fort curieuse leltre que Jules Janin
adressait, le 9 Aoiit 1841, a un jeune sémi-
nariste d'Evreux qui, se Irouvait porler le
méme nom que lui, avait imagine de iui en-
voyer quelques lignes de prose fort laudali-
ves et trés enthousiastes.
Eludiant en philosophic au grand
séminaire d'Evreux.
LES PROCÉDÉS DE M. VRAMBOUT.
La session du Conseil provincial de la
Flandre occidentale a été close dans de trisles
circonstances, produites par la conduite blit-
mahle de M. Vramboul, qui veut couvrir
des faules évidentes, des irrégn la rités graves
par une arrogance sans pareille, par des
grossiérelés inqualifiables. De l'audace, de
1'audace et encore de l'audace, disait un
personnage célébre; et M. Vramboul semble
avoir pris ces mots pour devise; mais si la
mise en pratique de ce diclon pouvait conve-
nir a un révolutionnaire, el le ne devrait pas
étre adoptée par le premier magistral d'une
province, par celui qui porte le litre de
commissaire du Roi. Les positions offi-
cielles obligent, cedont M. Ie gouverneur ne
parait pas se soucier le moins du monde. Au
droit de controle de la Dépulation permanen
te et du Conseil provincial, il oppose I'injure;
aux fails il répond par des expressions qu'on
ne tolérerait dans aucune société honnète; et
lorsqu'on le trouve en llagrante comradic-
tion avec lui mème, il a recours aux gros
mots, aux expressions les plus blessanles.
Samedi, le vase a débordé, Ie gouverneur
étant allé jusqu'a imputer a la majorité du
Conseil et a tons les membres de la Dépula
tion des fails que punit le code pénal: il les
a traités de dénonciateurs calomnieux. Vai-
nement a-t il essayé Lundi d'atténuer ses
grossiérelés: la sonographic élail la, el elle
condamncM. Vramboul.
Ce qui le condamnait aussi, ce sont ses
trisles antécédants.
Le 8 Juiilet 1873, M. Ie gouverneur, vi-
sant un rapport de la Deputation permanen
te, que venail de lire M. Soudan, disait (nous
cilons le comple-rendu officiel):
C'est alors mèrne que le recours est
pendant devant le gouvernement qu'un
membre de la Dépulation donne lecture
ici deson rapport et des conclusions adop-
tées par la Deputation, lesquels sont sou-
mis au juge d'appel par un recours en
régie.
Je vous laisse apprécier cette conduite
el je dis que tout ce que I'on vous dira
au-dcla est calomnie et chantage. Inter-
ruption.)
Je le repète, tout ce qui vous sera dit
au dela, n'est que calomnie et chantage,
Interruption
Je me réserve de répondre a cescalom-
nies. (Nouvelle interruption.)
Un honorable conseiller, A|. Van Dale-
Crombet, ayant dit qu'il était lom de s'alten-
drea la fin de non-receyoir qu'oppose M. le
gouverneur, celui recourl a I'inlimidation:
Prenez garde!s'écrie-t-il. El M. Van
Dale de répondre: Oh! vos menaces ne
m'intimideront pas. Jedirai tout ce que je
pense; vous pouvez prendre note de lou-
tes les paroles que je prononcerai. J'en
assume loute la responsabililé.
Dans la méme séance, on délibére sur
une proposition signée par plusieurs mem
bres, enlre autres par I'honorable M. Van
Hue et lendunl a approuver les mesures pri-
ses par la Dépulation permanente en vue tie
sauvegartler les intéréts tie la province: M.
Vramboul reprocbe a M. Van Hoe de n'avoir
pas discuté la question de droit et ajoute:
Je suis étonné de voir que M. Van Hoe, en
w sa qtialilé d'avocal, n'ait pas compris que
lelie étant la portéc dc cette proposition,
de l'illégal au RIDICULE. (Page 162 tlu
compte-rendu pfficiel).
Ce langage n'est-il pas souveraineinenl in-
convenantet injurieux?
Cct oubli de loutes les formes parlementai-
res va si loin que, dans la séance do 19
Juillel 1873, le Conseil, par I'organe tie son
honorable président, ne peut obtenir de M.
Vramboul une prolongation tie session, quoi-
que le budget ne flit pas vole. Cetie aulori-
sation, exigée par la loi provinciale, ne s'est
jamais refusée nulle part, MM. les gouver
neurs allant partout ailleurs qu'a Bruges au-
devanl des désirs des Conseils, parce qu'ils
ont souci des intéréts d'une bonne el róguliè-
re administration.
Partout ailleurs aussi, les commaissaires
du Roi respectent l'aulorité des presidents
des conseils provinciaux; M. Vramboul, lui,
ne s'en préoecupe guère, témoin l'incident
que voici de la science du 22 juiilet 1873:
on disentail avec calme la question tie savoir
si la dépulation avail été saisie de la defense
dn gouverneur. M. Soudan aflirme, M.
Vrambout nie
M. Soudan-Bottlez. On est vraiement
stupéfait, MM., d'entendre une affirmation
aussi audacieuse...
id. Ie président. M. Soudan..
M. le gouverneurM. Ie président, vous
ÉTES RESPONSABLG DE CE SCA.NDALE, COl' VOUS
pouvez rempècher de so produire.
Cette grossiéretó, cc langage inconvenanl,
M. Vramboul les jetail a la face de ffiiono-
rable président, paree que celui ei n'étouf-
fait pas lu discussion, paree qu'il no prenait
pas sur lui de declarer rinoompélence du
cunsell!
Plus d'une fois M. le président s'cfforca de
reprimer i'intempérance de langage du gou
verneur, et, dans la séance du 22 juillet
1873, en réponse it M. De Cock, qui le
pruni d'empècher les interruptions conli-
nuelles de M. Vrambout, il se vit oblige de
dire: Je l'ui fail a diiïérentes reprises deja,
loujours sans sueeés.
Le chef de la province alia plus loin enco
re: dans la séance du 25 juillel 1873, il
voulut empècher le conseil de remercier
I'lionorablc présideut jiour la manière digne
el ferme avec laijuelle celui-ci avail dirigé
les dèbals: sans égard pour M. Van den
Abeele qui avail demande la parole a cet
effet, il prononca la cloture de la session;
un violent luinulte aceueillil co procédé
inouï, qui nc put alleindrc Ic but deson
auteur, car 1c conseil resla en séance et M.
Van den Abeele fut mis a méme de remplir
la mission donl il avail été chargé par ses
collégues. Irrilé du nouveau léinoignage
d'estime et dc sytnpuilue que M. d'Ydewalle
venail de recevoir, M. Vrambout dcclara
eyniquciHcnl ne pas vouloir s'associor a celte
manifestation.
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IV
Poperinghe- Ypres, 1J5,7-25,9-30,10-98,2-1,5-00,9-20. Ypres-Popeiinghe, 0-50,9-07, 12-08,3-57,6 50,8-45,9-50.
peringhe-llazebrouck, 7 13, 12-25, 4-17, 7-13. Hazebrouck-Poperinghe-Ypres, 8-35, 10 00, 4-10, 8-25.
Ypres-Holders, 7-50, 12-25, 6-45. Koulers- Ypres, 9-25, 1-50, 7-50.
Itoulers-ZJrMjes, 8-45,11-34,1-13, (L. 5 56), 7-36, (9-55. Licliterv.) Lichterv.-Thouroul, 4-25 m. Bruges-ZIow/ers, 8-25,
12-30, 3-13, 6-42. Lichtervelde-Courtrai, 3-25 m. 9 01, 1,30, 3 45 7,21 Zedelgliem Thouroul, 8-40. 1,03,5,26, 6,38.
Ypres-Courtrai, 5-34,9-49,11-18,2-33,5-23. Courtrai-Ypres, 8-08,11-02,2-56,5-40,8 49.
Ypres-7hourout, 7-13, t2 00, 6 20, (le Samedi a 3-30 du matin jusqu'a Langhemarck). Thouroul- \pres, 9 00, 1-18, 7 48,
(le Samedi a 0-20 du matin de Langhemarck a Ypres).
Comines-Warnêton-Le Touquet-Houplines-.4r?«ewt(eres, 6 00, 10,15, 12-00, 6-40,Armentières-ilouplines Le Touquel-VVar-
nêton-Comines 7-23, 10,50, 4-10, 8 -40. Comities- Warnéton 8 40, m 9-3U s. Wamelon-Comities 3-30, 9-50,
Courtrai öntjes, 8-03, 11-00, 12-35, (L. 3-15), 0-5-3. (9-00 s.'(Lichterv.)— Bruges-CWrtrai, 8-23, 12-30, 3-13, 6-42.
Bruges, Blankènberghe, Heyst, (Elat) 6-30,7-30,9 43,11 04,1,20,2 25,2-50,3 20(exp.) (S 5-30)7-33 (exp )8 45. (bassin) 7-00,
7-36,9-31,11-10,2-31,2-36,5-26(exp.)(S.3-56)7-4l(exp.)8-5lHeyst, Blankenberglie, Biuges, 5-45,(L. 7-20) 8,30,11-25,1 25,
2-43,(exp.)4-10,5-30,(D. 6- 15)7-25. Blankenberg, Bruges, 6-10,(L. 7-42)8-55,11 53,1-45,3 05(exp.)4-30,0 00(L) 0 3b) 7,00
7 48, 9-00.
I nge I mil nste r - Dey nze- Gund5-13, 9-41, 2-13. Ingelmunsler-Deynze, 4-30 2'' cl., 7-13. Gond-Dcy i\ie- Inge/munster6-58,
11-20, 4-46. Deynze Ingeknunster, 7,31 9-10 2«cl, 11,54 5,19, 8-20 s.
I ngel mu nsler-Anseghem, 0-03, 12-10, 6-13. Ansegiiein-Ingelmunster, 7-42, 2-20, 7-43.
Lichtervelde-Dixmude-Fuines et Dtuikerke, 6-30, 9-08, 1-33, 7-53. DioiAerAe-Furnes-Dixmude et Lichtervelde6 43, 11 13,
3-45, 5-03.
Dixmude-iW</K>rt,9-88,l0,38,2-20,5,10 8-40.(10,10 D) Nieup-Dta;>»,(ville)7-40,12-00,4-24,5,56,9,30,(bains)7,30,11,30,4,13,
5,50, 9,20.
Thourout-Ortmfe, 4-80, 9-13, 12,05, 1-50, 8 03. 10,13-
Selzaete Eecloo. 9-03, 1-23, 8 25. Ercloo-S'eAzin
Oslende-Thourotyl, 7 53, 10-10, 12 23, 4,43. 0-15. 9,13.
raete, 3-35, 10 13, 4-22.
Gnad-Tertieuzen., (station) 8-17, 12-I5 7,23 (porto d'Anvers) 8-30, 12 40. 7-45. - - [erneuzen Gund, 6 00, 10-30, 4 40.
Selzaete-LoAerert, 9 04, 1-30, 8 30. (le Merer. 3 10 in.) Lqkeren Set-zoete, 6 00, 10-25, 4 43. (le Mardi, 9,30.)
COHRBSPOIfDANOBS.
COURTRAI, BRUXSLLES.
DKUXELLgS, COURTRAI.
Courtrai dép.
Druxelles tirr.
6,37
9,20
10,53
1,35
12,33
2,23
COURTRAI, TOURNAI, LII.LE.
Courtrai dép.
Tournai are.
Lille
6.37
7,28
7,37
10,56
11,47
1-2,05
2,54
3,48
4,00
COURTRU, GAND.
Courlrai dép.
Gand arr.
6,42
8,01
1-2,31
1,51
3,47
0,14
3,34
0,29
6,32
3,44
5,0 4-
6,33.
8,38.
8,47.
9,41
9,53.
6,40.
■7,30.
Bruxclles dép.
Courtrai arr.
5.2-2
8,00
8,28
10,46
1-2,-21
•2,44
5,35
7,56
6.17.
8,44.
LILI.E, TOURNAI, COURTRAI.
Lille
Tournai
Coui Irui
dép.
arr.
.20
8,25
8,56
9.47
11,03
11,34
12,26
0,34
GAND, COURTRAI.
Gand dép
Courtrai arr.
5,13
6,34
9,38
10,51
1,28
2,49
2,18
2,40
3,38
4,-24
3,31
3,-20.
3,39.
6,33.
7,21
8,42.
BRUGES, GAND, URUXEI.LES.
BRUXKLLES, GAND, BRUGES.
Bruges dép.
Gaud arr.
Bruxelles
6.49 exp. 12 34
7,34 1,49
8.50 4,00
3,52 exp. 6,43
4,42 7,38
3,30 9,31
8,19 exp.
10,-26.
Bruxelles dép. 8,14 11,33
Gand arr. 6,00 9,41 '1.23
Bruges 7,20 10,34 2,38
3,12
4,26 exp. 6,37
5, II 7,22
3,33.
7,22.
8,38.
A M. CONSTANT JANIN.
Mon clier cousin, puisque vous ie voulez, je
nc demande pas mieux, que va dire monsieur
voire régent, s'il vient a savoir que vous vous dies
mis en correspondance avee un faiseur de romans
comrae moi? Vous aurez beau Iui dire que je ne
suis pas aussi noir que j'en ai I'air, vous verrez que
l'excellcnt homme aura bien peur. Quoi! 1'auleur
de tant d'oeuvres linceneieuses, lui dcrire du fond
d'un séminaire! C'est un grand péebé, peut-dire!
Eli! bien, non, ce n'esl point un pêché; car un écri-
vain de romans vous donnera les meilleurs eonseils
tout fraternels. Je veux dire que la vie est chose
grave et sérieuse, que la jeunesse passe vite et
qu'il la faut employer, non pas a admirer des éeri-
vains inutiles eomme moi, mais a éludier les mai-
tres de la pensee el de la conscience, les grands
orateurs de I'Orient et de I'Occidcnt, saint Auguslin
ct saint Jerome, saint Grégoire et saint Ambroise,
saint Jean Chrysostöme surtout, de Maistre ct L'os-
suet.
Lisez Bossuet. Voila un mailre, voila un bomme
qui a créé la langue francaise; il appariient Homè-
re aussi bien qu'a Louis XIV. Lisez le. Ses ser
mons sont peut-étre le chef d'oeuvre dc l'éloquence
bumaine. Son Histoire des Variolous a rendu au-
tant de services a la religion catholique que les
épitres de saint Paul, le grand organisateur. Je ne
connais rien de plus touchanl, dans auc.un livre,
que les Oraisons fanêbres de Bossuet. Avez-vous
lu ses lettres? Tout I'ensemble du catholicisme se
Suite. Voir le N° précédent,
CHAPITRE IX.
GUERRE d'EsPAGNE. ÜN RRIGANDACE SA
CRILEGE.
Assurément, car cela est rare, dit le vete
ran, et pen d'armées out pu mcriter pareil éloge.
II nu: faut I'avotier; plus d'une fois, quand la for
tune des armes mettait les villes et les campagnes
a noire discretion, j'ai en sous les yeux de lamen-
tables spectacles: en Espagne, par cxemple, oil j'ai
servi plusieurs années.
On traitait Irop parfois en pays conquis la pro-
priété privet-des vaincus. y compris Icnrs filles ct
leurs femmes. Dc la, des resscnliinenls fcroces.
Puis I'Espagnol par-dessus tout est devot, et beau-
coup d'entre nous dataient de cette époque on,
sous prétexte de liberie, on transformait, après les
avoir pillces et dévastées, les églises en usines,
magasins, fabriques de salpétre, sallcs de bal mê-
me; dc cette époque oil I'on chassait, traqiiait,
emprisonnait et giullotinait, par philantropie,
les prétres et leurs adhérents. Ces mauvais lemps
avaient déposé, mèrne dans les années, certain
levaiu qui, il I'oceasion remontail ii la surface. Je
me rappclle la stupefaction et un pen I'luimeur des
soldats quand le general Bonaparte, arrivanl a
Parmée d'ltalie, dans un ordre du jour énergique
comnianda de respecter les prètrcs, les églises,
les convents, elc. Quelques uns murmurèrent,
mais ee qu'il voulait celui-lii, il le voulait bien;
trouve dans ces papiers detaches, adressés au basard
a quiconquo avail besoin do cello fécondc et ner-
veuse parole.
puis quand il se fill fait connaitre a nous par deux
on trois victoires, nous I'aimions trop pour son-
ger a le comrat ier.
En Espagne, il avait donné des ordres sévères;
ma is loin des regards du mailre, on n'en leuait
pas loujours comple. llu fail enlre mille. Certain
jour nous arrivons dans un village au milieu du-
quel s'élevait line église. La porte en était ouverle;
plusieurs soldats, j'étais du nombre, entrent dans
Ie sancluaire. L'un d'eux, le pirc soldat de la
compagnie du resle, va droit au Tabernacle: de sa
crossc il erifonee la porte, prend audaeieusemcnl
le saint Ciboire, puis jetant avec I'air du mépris les
hosties ii terre, il nu t Ie précieux vase dans son
havre-sac. J'avoue que moi, pen dévot, j eprouvai
de eet acte brutal une impression change, quelque
ctiQsequi ressemblail ii de la terreur.
Le chatimcnl ne se (it pas attendee; ii pen de
distance du village, le general commando halte,
ordonnant en méme lemps la visite des sacs. Deux
soldats, v compris celui donl j'ai parlé, dans les
sacs desquels on trouva les preuves d un vol sacri
lege, furent immédialement fusillcs. Rude lecon
mais Ie malheur, c'est que lei general, qui faisait
exécuter cette terrible consigne, n'en mettait pas
moins, Iui, la main sur les mndones en or et en
argent, trésors des églises, dénrochait les tableaux
précieux, et faisait filer vers la France des four-
gons chargés des richesscs de l'Espagne. Imagine/
l'effet de ces profanations sur uu peuple catholique
dans la moelle des os, ct quel texte aux ardentcs
predications des moines II est sür que loutes ces
brutales facons d'agir n'ont pas peu contribué a
gatcr nos affaires en Espagnè, et une discipline
plus sévère ent empéché bieu des catastrophes.
CHAPITRE X.
Rii'.ux. Houmiakenérisoue uAfrkjle.
Yoiia ipn est singuiicr, dit ('Afncain, mals
les méeomples qui nous out fail payer si clier la
conquête algéneiine seiiibienl mi pen teuir aux
mt-mes causes, l-a aussi. au debut, nous Iraitous
un peu hop en nègres, Arahes et Jlaiires, cl par-
tout il leur failait céder le haul du pavé; ee qui
ii'einpéchail j>us de temps eu temps les hourrades
el les horions, histoire de se dégourdir la main.
II y ent méme, s'il faut lavoiier, de pires méfaits,
commis dans i'emporlement des représailles pro-
voquées par la sauvage guerre que nous faisaient
ees coqiiius d'Arahes, res brigands de Kabvles.
J'ai vu, a la suite d'une rude affaire, plusieurs
des uOtres revenir avec des teles sanglantes, lii-
dctix tropbers! accrochés a I'arcou dc la selle,
suivant la mode des Bedouins Par honiieur, cela
n'a pas dure, grace a nos braves généraux qui sil-
rent forcer les Arabes eux mémes a une guerre
plus humaine. M ais i y avait autre chose qui in -
disposait contre nous les indigènes et qui a dure
davantage: c'était noire manière d'agir au point
de vue religieux, non point parce que nous étions
chrétiens, tnais parce que nous avions I'air, et pas
I'air settlement, de ne croire ni a Dieti ni au dia-
ble. Les Arabes, qui jamais ne nous voyaient
pl'icr, nous jugaieut aulant d'impies forcénés.
Vous n'imaginez pas l'horreur et Ie mépris de ees
barbares pour nous et par cette seule cause.
Unjour, des Arabes, qui travaillaient prés du
camp, s'étant arrêtés au signal de la cebahh ou
prière du matin pour remplir ce devoir, nous les
regardions, moi conirne les autres, d'uu air bête-
IL NE POUVAIT PAS LA SIGNER A MOINS I)E PASSER
m
ment gogtn nard, avec force ricanemcnls. Quand
its se relevèrenl, nous les enieudimes causer enlre
eux dans leur baragouin inmlelligible. Mais tin
(ril observatcur devinail saus peine qu'ils parlaicnt
de nous el point du lout stir It: ton de l'éloge.
L'un deux, dont je m'approcbai, viel arabe ii la
mine renfrognée, me loisant d un air assez peu
courlois, me salua ii deux ou trois reprises d un
roumiaken, roumiaken, mot dont je connaissais
la siguilicalion et qui. dans le mauvais langage du
pen pie indigene, veut dire chien.
Uróle Iui dis-je d'un air inenacant, pour-
quoi m-appelles tu ainsi?
Or, nolle Arabe se Irouvait savoir noire lan
gue, qu'il avait apprise au service d'un consul.
Sans s'étonner, il me regarda résoliunenl en face,
tout en jouant avec sa pioche, qui, dans ses mains,
pouvait devenir une arme redotilahle, et répondil:
Si nous t'appelons rtyimiaken, c'est que
vous vivez comme ces béles immondes, indifférents
ii la loi de Jésus comme a cellc du Prophéte. Et
dis-moi, Francais, sans la religion, vois-lu pas
que 1'homme et I'animal sont scmblables?
Surpris de I'argnment, qui me paraissait pé-
remptoire, je ne trouvai pour I'instant rien a ré
pondre; mais ne voulant pas en avoir le démenti,
et vexé d'avoir tort, je tournai Ie dos au Bedouin
en grommelanl: Brute Depnis, j'y ai réflechi, et
je me suis mis ii penser que, de nous deux, la
brute peut-èlre ce n'était point le musulman.
CHAPITRE XI.
Ou LE BLESSÉ d'I.NKERMANN PARLE COTIMK UN
PRÉD1CATEUR, ET COMME QUOI IL N'EN FUT
PAS TOUT A FAIT TOUR SO-N LATIN. Du LA
GRANDE JOIE QUI TERMINA POUR TOUS CETIE
JOURREE.
Le mot est dm-, interrompit le soldat d'O-
rient. Mais l'Arabe avait i-aisoii, sauf l'impolitesse.
El pom taiil sa religion esl une parodie de religion
qui lie doit, a havers ses grossiérelés et ses infa
mies, quelques lueurs de vérité qu it !a uólre, si
admirablemenl sainle et sublime. Le malheur,
pour celle-ci, ou plulót pour nous, c est qu'on ne
la commit pas, soil mauvais vouloir, soil néjli-
gence et insouciance.
Qa, c'est un peu vrai, dit Ie vétéran, et moi,
lout le premier, a eet égard j'avoue mon tort.
Eli! mes amis, mes bons et clicrs amis,
franchement, est-ce raisonliable? II ne faut pas
grande réllrxion pour eomprendre que la vie est
com le, courle; qu'on est ici ii peu prés comme
i'oiseau sur la branche. Et pom taut, dans cette
vie si breve que d'ennuis, que de misères méme
pourceux que la fortune semble favoriser davan
tage! En Itéro'iqiie soldal, arrivé des derniers
rangs aux premiers grades, Ie marécha! Ney disait
la veille de sa mort: «Je u'ai jamais été lieureux.»
Et combien pcuvent en dire aulantmarque évi
dente que le bonliem- ici-bas n'est point noire but,
et qu'il faut regardcr plus haut. Napoléon 1'avait
bien compris, et ii Saiute-Hélène, dans le recueil-
lemeiU de son douloureux exil. souvent occupé de
pensees religiettscs, il n'hésil.nt pas a se proclamer
franchement chrétien. Uu jour, cnlre autres,
après avoir élabli par uue argumentation invin
cible la divinilc de Jésus-ülirist, il terminait par
cette énergique apostrophe au général Bel trand:
8i vous nc comprenez pas cela, Beltrand, j'ai
eu lort de vous faire général. On sail asstz que