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De ea rencontre que fit ee Chenapardeur
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LES TROIS INVALIDES.
De PLUS1EURS rencontres faciieuses que fit i,e
fr(xA N£
Samedi 22 Aout 1874. VV^/QUELD-
9me annec. Nos 902.
iiiifflsais
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Le Journal parail le Mercredi el le Samedi. Les insertions coütenl 15 centimes la ligne.Les réclames, dans le corps du journal, se paienl 30 centimes la ligne.Un numéro du journal, pris au Bureau, 13 centimes.
Les numéros supplémentaires commandés pour articles, Réclames ou Annonces, coütent 20 fr. les 100 exemplaires.
C II E II I N II E I E 15.
LA LUTTIÏ.
En Belgique comme aillcurs, la Inlle so
ciale et nous entendons par la cel le dont
la sociélé est Tenjeu a revétu un caraclére
d'inlensilé extréme.
D'une part l'Eglise avec sa vérilé immua-
ble, la magnifique fécondilé de ses oeuvres
et les dévouemenls qu'elle inspire, de Faulre
le libéralisme cosmopolite, la Revolution,
unissanl pour le combat lentes les forces de
la démagogie, dn despotisme cl de Tincrédu-
lilé, el remontant jusqu'au vieux paganisme
pour mieux puiser aux sources de la corrup
tion morale.
L'issue n'esl pas douleuse: le chrélien croil
au divin non prcevalebunl et c'esl, avec une
invincible confiance qu'il accomplit son de
voir; mais combien la mélée est ardenle el
terrible!
On peut dire, sans exagéralion, que loules
les bases de l'édifice social onl élé entamées.
Depuis le prolélaire jusqu'aux classes les plus
élevées, depuis le berceau jusqu'a la tombe,
l'homme est soilicilé sans relache par une
propagande qui se mulliplie sous loules les
formes el qui lui prêche l'oubli de Dieu l'a-
doralion de lui-même et la jouissance malé-
rielle. L'ennemi sail [tien ce qu'il fail quand
il vent baltreen mine, avant lout la religion
el ses enseignements.
Le mauvais livre, Ie journalisme cynique,
le Ihéalre, Timmoralilé dans les arts vont
trouver el corrompre le pauvre commc le
riche, e! pour les déshérilés de la fortune
les prédications démagogiques feront le res-
te
L'école prend Penfant du premier age et
fait de lui un athée précoce, sous prélexle
de neutralité. Le voila tont préparé pour eet
abominable carnaval des passions qui s'ap-
pelle la morale indépendanleet ou le lien,
l'obóissance, ie bien, le mal, le juge dispa-
raissent a la fois dans la monstrueuse ab-
surdité de la créature se faisanl sa loi a
elle-mème. Privée du sentiment de devoir ct
de foi qui la vivifie comme un air rrourricier,
la familie ne peul plus ètre qu'une pénible
juxtaposition d'individus prêle a se désagré-
ger au premier cboc; el la tombe métne ne
sera plus sainte, car toutes les phrases du
monde ne créeront pas le respect du néanl.
Comment vouiez-vous que l'homme ainsi
fait reste un bon citoyen, que le théorieien
de l'égoïsme comprenne le sacrifice et le dé-
vouemenl? Ne chercliez pas d'autre explica
tion aux revolutions et aux bouleversemenls
qui vous effraient; le mal est la lout enlier.
Dansce fanatique partisan de l'indépendance
du pouvoir civil, dans eet esclave si hum-
blemenl prosterné aux pieds d'un despote,
vous relrouvercz les haines el la violence du
communard. Le méme poison vicia Ie lait qui
les a nourris tous les deux.
Et comme si Taction de Iant de ferments
de dissolution n'était pas assez puissante, on
a essayé de Torganiser en quelque sorle par
le moyen de Tenseignement gratuit, laïque
el obligatoire.
Ce qu'il y a de désolant, c'esl que Texploi-
talion est aux fond de tout ce malheur, c'est
qu'une impulsion systématique est donnée a
cel te immense demoralisation.
Le mal sans doute est grave, la guerre vio
lente et universelle; mais au moins nous pou-
vons rendre grace a Dieu d'avoir conservé
dans notre pays, avec le sentiment rcligieux»
lanl ct de si puissanls moyens de défense,
Pendant que l'Eglise, partout attaquée,
fait face a l'ennemi sur tous les points a la
fois, el lui oppose, en métne temps que ses
doctrines, la science, les vernis, Tinébranla-
ble fermeté de son sacerdoce.aux détracleurs,
la charité répond par des miracles d'abnéga-
lion, Tenseignement libre el chrélien par une
diffusion ciiaque jour plus large de la saine
instruction, et par des preuves de supériori-
lé que mulliplienl comme a Tcnvi ses hum
bles ignorutius, ses communautés de lout
ordre, ses colléges, sou admirable univ-ersi-
té catholique. Car c'esl un des earaclères
particuliers des dévouemenls suscilés par la
Religion, qu'a mesure que ses phalangessont
plus calomniées dans leur foi el dans leur
honneur, olies se montrent plus ardenles a
consoler, a san ver ces classes laborietises que
Ton ameute centre elles ei les generations
menacces de la barbarie par les promoleurs
de l'école sans Dieu.
Et a il leti rs, quelle généreuse émulalion!
Des milliers de champions dévoués se tron-
vent sur la brèche prodiguant au service de
la cause taut aimée loules les forces de Tas-
sociation, de la presse, de la vie publique
sont toules ses formes. Derrière eux nous
voyons les rasstiranles légions du peuple
chrélien, plus fermes que jamais dans leurs
croyances ct dans Ia resolution de les prati-
quer, de les affirmer publiquement. Le pays
n'a pas de meilleures espérances, s'il est vrai
que Tliomme est citoyen surlout par la con
science et par le cceur.
Rien des fois le libéralisme corrupteur a
cru I oeuvre accomplie et jelé le cri de vic-
loirc. II peul voir aujourd'hui si le lemps est
venu oü la proie lui sera livrée. Nulle part
peut-êlre il n'a rencontré autant qu'en Bel-
I gique des résistanees énergiques ct souvent
victorieuses. C'esl nol re honneur de catholi-
ques et un puissant encouragement: quel
ques péripélies que Tavenir nous réserve,
nous n'oublierens pas que, pour ètre un jour
a Thonneur, il faul observer sans faibiir la
fidélilé au devoir et la conslance dans la lut-
le.
UN ABUS.
Le Journul de Bruxelles signale tin fail
judiciairc qui intéresse toute la presse, el
sur lequel nous croyons devoir altirer l'al-
tenlion de tous nos confrères, dans un temps
ou les procés civils en matièrc de presse sonl
si fréquents et ou il est rare que le journal
attaqué ne soil pas, au móins, condamné a
des frais d'insertion.
M. Isidore Ritte, ex-redacteur en chef de
ia Vórité, de Tournai, est, depuis deux ou
trois ans, rédacteur en chef de 1'Union libé
rale, de Verviers. En cetlc qualitó il eut une
polémique avec le IS'oüveltisIe de Verviers
el lui intenla, en 1873, un procés, paree que
celui-ci lui avait reprocbé d'avoir fail, au
trefois, dans la Vérilé de Tournai, Vapologie
politique d'un voleur noioiremenl connu
comme lel. Oscar Spreuretc.
Le Nouvelhsle déniail a I'Union le droit
de se poser en organe exclusif du parti des
honnètcs gens ct de la morn I i té publique.
Le tribunal civil dc Verviers, dont le ju-
gemenl fut confinné par la Cour d'appel,
condomna le rédacteur en chef du lYouocl-
lisle. aux dépens pour tous donimagcs inté
réts cnvers Al. Rille el aux frais d'insertion
du jugement dans dètix journaux, au choix
de ee dernier.
Le tribunal n'avait pas fixé le chiffre de
ces frais d'insertion.
AI. Rille, connnc c'était son droit, choisit
pour faire les insertions, Ie journal dont il
est Ie rédacteur en chef,!' Union libérale,
el un journal licbdomadaire, 1 'Organe, sor
tant des mèmes presses que Minion. La
méme composition pul ainsi servir aux qua-
tre publicaiionsordonnées.
Arriva le quart d'heure de Rabelais; la
note présentée au rédacteur du Nouvellisle
s'élevait a la bagatelle de neuf cent soixaxïe
ïiuiT francs, soit 50 centimes la ligne.
Le Nouvellisle offrit 20 centimes pnr ligne
pour I'Organe et 40 centimes pour TUnion
prix maximum du tarif des insertions pu-
blié en lèle des colonnes de ces deux jour
naux.
Le tribunal de Verviers, saisi du différent!,
a admis commc rée! le payernent des 968
francs fait par le rédacteur en chef du
Nouvellisle a Téditeur de TUnion et de I'Or
gane. L'offre fait, conformément au tarif
indiqué cu lèle des journaux a été repoussée.
C'est la un précédent judictaire qui peut
avoir pour la presse de graves couséquences.
Si une pa rei lie jurisprudence pon va i t préva-
loir, les journaux seraicnl exposés aètre
minés, non par les donimagcs intéréts
piiisqu'on n'en accordail pas dansl'espèce
mais par de simples insertions. Si Ton
nc snit pas le tarif annoncé pour la fixation
de ces frais, tl n'y a plus d'auire liinite que
Tarbitraire des édileurs, el les journalistes
seronl ainsi exposés a passer par toutes les
exigences de lours rivaux ou concurrents.
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Pojteringhe-Vprcs, 3-1»,7-25,9-30,10-58,2-13,5-03,9-20. - Ypres-Poperinyhe, 0-81),9-07,12-03,3-87,6 30,8-43,0 30. Po-
janmy hc-llazubrouek7 13, 12-23, 4 17, 7-13. ILizelJrouck Popefingiie- Vpres, 8-33, 10 00, 4-10, 8-23.
i liuis-1,outers, 7-30, 12-23, 0-43. lioulurs- Ypres, 0-23, 1-30, 7-30.
ltoulers-Bruges, 8-43,1 I-34,1-13, (L. 3 30)7-30, (0-33. Licluerv.) Liehtorv.- Thoaroul, 4-23 in. Bruges-Roielers. 8-23,
12-30, 3-13, 0-42. Lichtervulde-Courlrai, 3-23 m. 0 01, 1,30, 3 43 7,21 Zedeljjliem Thouruul, 8-40. 1,03, 3,20, 0,38.
A pres-Courlrai, 3-34,9-40,11-18,2-33.,3-23. Couiirai- Ypres, 8-08,1 l-o2,2-303>-4t»,8 40.
i pres- IhourotU, 7-13, 12 00,0 20, (Ie Saniédi a 3-30 du maiin jusqu'a Langbemarck). Thourout- Ypres, 9-00, 1-18, 7 48,
(Ie b.iinedi a 0-20 du maiin de Langhemarck a Ypres).'
Comines- Warnêlon Le Touquet-liouplinus-zliwew/te/'es, 0 00, 10,13, 12-00, 0-40, Ar menticrcs-1lou|>lines Le Touquel-War-
nettiii-Comines 7-23, 10,30, 4-10, 8 -40. Confines- Waméton 8 40, m 9-8n s. Warnêlon-dommes ü-3u, 9 30,
Court ra i -{{rages8-08, 11-00, 12-33, (L. 3-13), 0-33. (0-00 s. (Lichte.rv.) Bruges-Cwrtml, 8-23, 12-30, 3-13, 0-42.
Bruges, lllankenliergiie, Uevsi, (Elal) 0 30,7-30.0 43,1 I 04,1.20 2 23,2-30.3 20(ëxp.j (S 3-30)7-33 (exp.)8 48. (bassin)7-00,
30,0 3|,|i 10.2-31,2-öó,3- 2fi(exp.)(S 3 30)7 4l(exp.)8 al.- Iloyst, Bla nl< ti h<-.-y Br mms. 3-43,(L. 7-20) 8,30,1 1-23,1 23,
2-4-i,(uxp.;4-m,3-30,(D. 0-13)7-23. -
7 48, 9-00.
Blankenberg, Bruges, 0-10,(L. 7-42)8-58,1 1-33,1-43,3 03(exp.)4-30,6 U0(D. 0 33) 7,00
Ingelmun.sier Deynze-(7im/, 3-13, 9-412-13. - Ingclmunster-Df^nse, 4-30 2" cl., 7-13. Gand-Deynze-Ingelmunster, 0-38,
11-20, 4-40. Üeyuu-Inge/munster, 7,31 9-10 2C cl, 11,84 8,19, 8-20 s.
Iegelruu-A nsegliem, 6-03, 12-10, 6-13. Anseghem-hu/elmunster, 7-42, 2-20, 7-43.
L-icntervelde-Dixirisde-Furnos el Duitkerke, 6-30, 9-08, 1-33, 7-33. Z)(f«AerAe-Furnes-Dixmude et Lichlerveldc6-43, 11 13,
3 45, 3-03.
Üixmude-A'iö^o7<,9-33,10,35,2-20,5,10 8-40.(10,10 D) Nieup-Ztam,(ville)7-40,12-00,4-24,3,30,9,30,(hains)7,30,11,30,4,13,
'JU j J, 4U
Thourout-Ostem/e, 4-,;0, 9-13, 12,03, 1-30, 8-03. 10,13— Oslonde-Thouroul, 7 33, 10-10, 12 23, 4,43. 0 13. 9,13.
Selzaeic Eecluo. 0-03, 1-23, 8-23. I'.eeluo-Selzaete, 8-38, 10 13, 4-22.
G uid Temeazen, (sialion) 8-17, 12 13. 7,23 (porie d'Anvers) .8-30, 12-40. 7-43. - Ternenzon-GdZirf, 0-00, 10-30, 4 40.
Selzaelü-Lukeren, 9 04, 1-30, 8 30. (Ie Merer. 8-10 m.) Pokeren Sdzaetc, 6 00, 10-23, 4 43. (le Mardi, 0,30.)
COHKESPOWDAWCHS.
COURTRAIBIIUXÉRLES. BU0XLU6S, COURTRAI.
Courlrai dép.
Bruxelles arr.
0,37
9/20
10,33
1,33
12,33
2,23
COURTRAI, TOURNA 1LII.LE.
Courlrai dep.
Tour» arr.
Lil lo
0.37
7.'28
7,37
10,36 2,34
11,47 3,48
12,03 4,00
COURTR VI, GAND.
Courlrai dép.
Gand arr.
0,42
8,01
12,31
1,81
3,47
0,14
3,34
6,29
6,32
3,44
3,04
0,33.
8,38.
8,47.
0,41
0,33.
0,40.
7,30.
Bruxelles dép.
Courlrai arr.
3/2-2
8,00
8,28
10,40
1-2/21
2,44
5,33
7,30
6.47.
8,44.
LILLli, TOURNAICOURTRAI.
Lille dép.
Tournai arr.
Courlrai
Gand dép.
Courlrai arr.
3,20
3,42
0,34
8,23
8,36
9.47
I 1,03 2,18
11,34 2,40
12/26 3,38
GAND, COURTRAI.
8,18
6,34
0,38
10,31
1,28
2,49
4/24
8,31
8,20.
5,39'.
0,3o.
7,21.
8,42.
BRUGES, GAND, BRUXELLES.
BRUXELLES, GAND, BRUGES.
Binges dép. 0,49 exp. 12,34 3,82 exp. 0,43 8,19 exp.
Gand arr. 7,34 1,49 4,42 7,38
Bruxelles 8,50 4,00 3,30 9,31 10,26.
Bruxelles dep. - 8,14
Gand arr. 6,00 9,41
Bruges 7/20 10,34
11,33
1.23
2,38
3,12
4/26 exp.
3.1 I
6.37
7/2-2
5,88.
7,22.
8,38:
Suite. Voir Ie N» précédent.
CIIAPITItE XIV.
Chenapardecr, et comme qcoi ie tomba du
GRIL DANS EA POEEE.
Pendant eet aparlé, qni Iraliissait ses indeci
sions, Ie soldat regardait vagucmenl devant lui,
quand lout a coup, sous le couvert du hois, 111cI -
que chose qu il n'avait pas apereu jusqu'alors alli-
ra vivement son attention. A travers le feuillage,
ce quelque chose, creature vivante, lui semblail
roux, et dans ces quadrupèdes au nombre de
liois, daprès le poil el la couleur, il crut recon-
naitre de jeunes veaux.
A la bonne heure. dit-il, lout regaillardi,
xoici du solide. Justement depuis longtemps les
camarades se plaignent que je ne leur fais pas
manger de fricandeau. lis en auront demain a lous
les services, sans compter la blanquelte el leriz...
de veati. Fameux le calembour! lit il riait lout
seul avec satisfaction. Pourtant ils disent qu'on
na pas d'esprit. Mais avisons.
Aloi s il se mil, en suivant le cours du ruisseau,
a chercher un gucpour Ie traverser. N'en trou-
vant point:
Bah! dit il, voila bicn des fagons! Est-ce
qn oil a peur d un bain dans ce pays de la canicu-
!e? Eu dix minutes ct aulaul de secondes je serai
séché. Allons, saute Pierrot!
Ft il fit le plongcon en élevant son sabre et son
fusil au-dessus de l'eau, pendant qu'il nageait de
la main eroite.
Arrivé de 1'autre cóté, mouillé jusqu'aux oreil-
les, après s'être second a la facon d'un barbel, il
se disposait a escalader le talus pour manoeuvrer
ensuite du cóté du bois, quand soudain trois ru-
gissements formidables éclalèrent a l'endroil oü
il supposait les jeunes veaux endormis ou occu-
pés a ruminer leur déjeuner. Ses oreilles tiniè-
rent.
Ah bien! dit-il, je me suis fotirré la dans un
beau guêpier. Ah bien! et moi qui voulais mettre
dans la casserole ces intéressants aniinanx; ce
sonl eux peut-êlre qui vont souper de inon indi
vidu. Poui vu qu'ils ne se doutent pas que je
suis la. Décidément, mon gareon, lés camarades
n'ont pas lort de te qualifier, Jocrisse, Panais, et
le reste; c'est le cas de dire que In n'y vois pas
plus loin que le bout du nez.
Tout en faisant ces inflexions, il s'était laissé
couler jusqu'au bord du ruisseau qu'il repassa,
nageant avec rapidité. A peine sur 1'autre bord,
le soldat, après s'èlrc assure que ses redoulables
voisins, reslés sous la feuillée, ne semnlaient pas
avoir senti la chair fraiehc, ra in pa douerment,
doucement pendant quelques instants parmi les
bnissons tont constellés des lletirs splendides des
cactus, qu'il ne songeait guère a admirer. Quand
il jngea que les inégalilés du terrain le dérobaient
suffisamment aux regards des ternbles bétes, il
pi it sa course avec la légèreté de quelqu'un qui
aurait cu des ailes aux talons.
Le Parisien faisait des enjambées que l'ogre
aux fameuses bolles ent admirées, tellement, qu'en
peu d'instanls la chaleur, provoquée par la trans
piration, suite de celte course désordonnée, eut
séché son costume.
A quelque chose malheur est bou, pensa-t-
il.
Mais dans la precipitation de sa fuite il ne sou.
gea plus a s'orienter, el s'apercut. un pen lard,
qu'il avail du beaucoup s'éloigner du camp, dont
il ne savait plus que vaguement la direction. Tout
essoidllé, et se ju getint mainienant en siireté, il
sarrèla:
Ouf! dil-il, que je respire. En voila une de
voltige! Le sorcicr qui me joue ces tours a dü
bien i ire dans sa barbe en me voyant arpenler le
terrain. Un lièvre m'eut rendu des points. Mais
quand on est faiigué el essoutllé, ce qu'on a de
mieux a faire c'est de se reposer.
Et avisant, l'ombro d un chêne vert, une belle
pierre blanche:
Bon, dit-il, un siége, je nc me ferai pas prier
pouren profiler.
Et il s'assit en effet.
II savourait, depuis un quart d'heure, eette su
prème douceur du repos qui succède a une vio
lente fatigue, lorsque, par basard, en abaissant
les yeux, tl apercut, sörtant de dessous la pierre,
a deux ou trois pouces de ces talons, les pinces
d'un scorpion montrueux, qui bientót se découvrit
tout enlier, velu, hideux, sinistre. Or, c'était dans
la saison oit la piqitre de Tinsecle est vsnimeuse,
mortelle méme. Le Parisien se dressa instantané-
ment, comme ces figures qui vous sautent au nez
en sortant de cerlaines malicieuscs boiles. D'un
bond il mil cnlrc le monstrc et lui une distance
de quinze pieds.
Bien sur. quelqu'un tn'en vent, s'écria-t-il,
je tombe d Epicharis en Svlla, comme dit Télcma.
que. .1 ai de la chance tout dc méme dans mes
guignons; si je n'avais pas regardé a mes pieds,
je n'a u ra is pas vu ce que j'y ai vu; el, dit on, il
sutlil d one piipire de la héle pour vous faire en-
fler lanl qu'enfin, bonsoir! Crsl une mort dés,i-
giéable! Avec cela que je courais risque detre
mangé par les ehacals saus avoir la satisfaction
du moindre enterrement. Pas un aint a son con-
voi, c'est (riste! ftlais, mon bonhomme, je crois
finalement qu'aiijounTluii le plus sage serail de
relourner au camp et par leehemmie moins long.
Le tont eest de savoir Ie clieniin, et je ne Ie sais
pas. Allons ipujouis selon mon idée.
C1IAPITRE XV.
D UN TROUPEAU DE MOUrONS GRAS ET d'U-NE
bande d'oies.
Et il se remit a marcher, hatant le pas. II avait
fait tin on deux kilometres encore quand, au dé-
tour d'un laillis, lolita coup une verdoyante clai-
nère s'offrit a ses yeux. Mais ee qui lechanna, te
fut moins la verdure éniailléc de flours qu'un
troupeau de moulons au fin I,linage, qui paissateni
la tranquillement l'herbe tendre, sans personne
en apparence pour les gardcr, Le uiaraudeur se
frotta les mains, et, croyant n'avoir plus que Tcm-
barras du choix, II promena dc l'un a 1'autre ses
regards altenlifs pour ne pas jelet- au lui sa v tl sou
dévolu.
En voila des gignnts, pcnsa-t-il, mais devi-
ner lequel est le plus tendre, ce n'est pas facile.
Au petit bonheur!
Et quittaut pour un moment son fusil, tl se dis
posait a charger Tun des quadrupèdes sur ses é-
paules, quand de dessous un olivier, dont le lionc
caverneux se dérobait derrière dc hauls bnissons,
il vil sorlir une sorle de grand fantóme blanc,
qu'il reconnut pour un Arabe entortillé dans soil
burnous. C'était le niatire ou le burger de ce super
be tropeau. En guise dc houlclle il tcnaita la main
line canardière dc sept a buil pieds dc long, tandis
qu'a sa ceinlure, en facon dc pipeaux champètrcs,
on voyail pendus deux ou trois pistolets, avec un
poignard dont la lamc aiguë avait percé Ie four-
reau. A peine il eut fait quelques pas hors de sa
retraite, el je pourrais dire son chenil, que dn
méme endroit s'élancèrent, le )>oil hérissé et mon-
trant leurs dents blanches, tine demi-douzaine
d'énormes chicns, dont les aboiements éclalèrent
en im nacant charivari.
Gareu nos mollels, pensa Ie soldat. Ee mon
sieur n'a pas Ie mine aimable, ct, s'il s'est méfié de
quclque4chose ct qu'il lat hc sa meute, j'aurai de la
peine it m'en dépètrer. Faisons le gracicux, et
lachons de Tamadouer; il faul prendre ces gerrs-lii
par la douceur, quand on ne peut pas faire autre-
ment. Mieux vaut cujoler la panthère que d'etre
mangé par elle. a continuer.