l
èv
oSSAWc
LES TROIS INVALIDES.
"%Q
Nos 903.
9me année.
5
AtfxNX
(£v J—S
Mfi
MÉMSMi,
Le Journal parail le
Mercredi et le Samedi. - Les insertions content 15 centimes la lïgne.Les réclames dans le corps du iournn|'seP^^t f^^^ioo ewotplair^s.""™6™ i0Urnal'
Les numéros supplémentaires commandés pour art.cles, Reclames ou Annonces, coutent 20 li. les ïuu exemj
pris au Bureau, 15 eemiines.
C H JE ?1 1 M DE
E K.
UN DISCOURS DE MGR NAMËCHE.
Mgr Namèche, recteur inagnifique de i'U-
niversité catholique, a honoré, celle année,
de sa présence la distribution des prix faite
aux éléves du collége de la Stc Trinité,
dirigé par la Congrégation des Joséphites a
Louvain.
Le savant prélat a prononcé, a l'occasion
de cette féte scolaire, une courte allocution
pleine de bonnes vérités et qu'a ce titre nous
jugeons utile de reproduire. La voici:
Je ne veux pas faire un discours; je
demande simplement la permission de dire
quclques mots pour répondre a un désir de
M. Ie Supérieur. Je suis bien aise, je l'avoue,
en eette belle féte, au milieu de cetle floris
sante jeunesse, devant lant de parents res
pectables, je suis bien aised'avoir l'occasion
d'exprimer publiquement le vif intérèl que je
porte au Collége de la Très-Sainte-Trinité; de
manifester tout le bonheur que je ressens a
la vue de ses progrés de chaque année et de
ses succes. Tout en rendanl pleine justice
aux soins éclairés et incessants qu'apportent
Messieurs les Joséphites a Tinslruction de
leurs éléves, ce qui rn'a toujours particulicre-
ment louché chez eux, ce donl je ne saurais
assez les féliciter, c'esl leur sollicitude pour
Téducation de ces chers enfunts, trésor pré-
cieux conlié a leur dévouemenl. J'ai toujours
admiré la tendresse avec laquelle ils conti-
nuent l'ceuvre de la familie et cultivent ces
jet"1 es plantes, qui en sont toute l'espérance,
Tart inspiré par le cceur avec lequel ils
savent, en se faisant aimer, entretenir, for
tifier ces liens d'altachemenl, d'affection
réciproque, qui rendent mille fois plus fruo-
tueux les labeurs de l'enseignement.
J'ai prononcé le mot d'education. Ce mot
el la chose qu'il représenle sont souvent
aujourd'hui obliges de faire place a un aulre
mol, a une autre chose, respectables aussi,
mais moins complétement el a un moindre
degré. instruction scmble, de nos jours,
avoir détróné téducation. On dirait qu'on
s'attache aujourd'hui presque exclusivement
a enseigner; on élèvc trop peu. Qu est-ce
done que Téducation? C'est, a dit un prélat
il lustre, cultiver, exercer, développer, forti
fier el polir toules les facullés physiques, in-
tellectuelles, morales et religieuses qui con
stituent dans Tenfant la nature et la dignilé
humaine; donner a ces facullés leur parfaite
intégrité; les établir dans la plenitude de leur
puissance et de leur action; par ia former
i'homme et le preparer a servir sa pairie
dans lesdiverses fonclions sociales qu'il sera
appeléun jour a remplir, pendant sa vie sur
la terre; et ainsi, dans une pensee plus
haute, préparer Célernelle vie, en élevanl la
vie présente.
Construction est un moyen d'éducation, ce
n'est pas Téducation elle-même. Trop sou
vent aujourd'hui, nous le répétons, on se
borne a enseigner. On fait, selon Texpression
vulgaire, du grec, du latin, des malhémati-
ques; on ne fait pas assez des hommes et des
Chretiens. On ne forme pas les esprits,
encore moins les cceurs; on netravaille pas
assez a diriger les penchanls et la volonté.
La science, sans doute, est chose précieuse,
mais a la condition d'etre au service d'une
intelligence saine et d'une volonté droite.
En possession d'un esprit mal fait et d'un
coeur pervers, elle peut devenir, elle devient
Irop souvent hélas! la source féconde des
plus tristes aberrations et des plusfunestes
calamités.
Le grand moyen, le moyen par excellence
d'éducalion, il faut le proclamer haulement,
c'est la religion. Sous ses auspices, le coeur
plus pur rend Tesprit plus altent if aux ensei-
gnements du vrai, plus sensible aux impres
sions du beau. A sa lumiére, que rien ne
remplacera jamais, on apprend tout le prix
de la subordination, lout le respect dü a
Tautorilé;et non seulement Ton s'accoutume,
mais l'on aime a obéir. En conservant les
moeurs, la religion conserve les forces et la
santé de Tenfant. C'est Tarome, a-t-on dit,
qui empéche la science de se corrompre;
c'est aussi le haume divin qui empéche le
cceur de se flélrir, et qui entretient. dans les
corps conirne dans les ames, la fraicheur el
la vie.
L'Eglise catholique, calomniée aujourd hui
par tant de prétendus amis de Tinslruction
et des lumières, a toujours attaché une im
portance extréme a Téducation de l enfance
et de la jetmesse. J'ai lu récemment sur ce
sujet des observations singulièreinent remar-
qtiables d'un des savants les plus jnstement
renommés de noire temps, et vous me per-
mettrez de vous en citer quelques lignes:
L'Eglise catholique, c'est Biol qui parle,
a toujours considéré les écoles comme l'es
pérance, et, si l'on peut dire, le séminaire de
la religion, des bonnes doctrines el du bon
gouvernement des Elats. Ce sont les termes
de ses conciles. L'application de ce principe
la portail done a favoriser la multiplication
de ces établissemenls, sous sa direction pieu-
se el intelligente, d'abord pour faire pénélrer
Tinslruction morale dans les masses popti-
I,aires, et ensuite pour en extraire les snjels
d'élite, que leur supériorilé relative d'intel-
ligence lui rendait desirable de s'approprier.
Ne voyant, parmi les ames, d'autres distinc
tions que celles que Dieu y a mises, elle
pouvait, quand on la laissail libre, placer
aux mains des plus dignes sa puissance et
ses honneurs. Par cetle voie, Pbumble enfant
du peuple pouvait devenir l'égal des nobles,
des princes et des rois. C'est en cela que le
clergé a été, au moyen-age. une inslituiion
éminemment populaire, agissanl, comme
pouvoir modéraleur, entre les puissanls du
monde et les classes inférieures, dont il
recélait, dans son sein, les elements épurés.
Cetle institution élait composèe d'hommes
faillibles; el qui ne Taurail pas élé dans ces
temps de harbarie! Mais elle a mainlenu la
sociélé européenne qui élait meuacée de dis
solution, et elley a du moins conservé pure
la notion du bien et du mal, que lout conspi-
rait a détruire. On peul méconnailre ces
choses la aujourd'hui, et rappeler bien haut
les faules, sans lenir compte des services.
Nous vivons dans un temjis oü Ton est si
vertueux, oü il y a si pen d'abus, dedésor-
dres et de crimes, que notre sagesse a tout
lieu de regarder le passé avec mépris (1).
Ainsi parlait Biot, il y a une vingtaine
d'années, en se placant au point de vue pu-
rement humain de I'llisloire. L'ironie amére,
par laquelle il finii, est certes tout aussi
applicable au moment ou nous sommes.
Quand on cocsidére la situation religieuse
et polilicyue du monde, les maux du présent,
les craintes de Tavenir, on saisit toute la
vérité du tableau qu'en tracait naguère une
plume éloquente dans une page immortel
le. II y a des temps pleins d'alarme, oü les
nations les plus puissanles se troiiblenl lout a
coup et semblent, selon Texpression de
TEcriture, marcher étourdies el chancelantcs
dans leurs votes, conturbalw sunt gentes;
des temps pleins de douleur, oü lesrovaumes
inclinent a leur ruine, inclinata sunt regna;
oü les mains tombent a tous les habitants de
la lerre par l'abaltement et Teffroi, manus
populi terrw conturbabuntur; oü, enfin, les
ames les plus fermes, frappées du spectacle
aceablant des maux publies et privés, on!
peine a se défendre des plus sinistres pres-
sentiments.
Fuisse notre belle, notre religieuse Belgi-
qne, trouver dans sa foi, dans son atiacbe-
mentases vieilles moeurs, uile route a tra
vers les écueils, des ancres prolectiices
contre les dangers du naufrage! Puisse-t-elle
ne pas détourner ses yeux do ce phare
indefectible du Vatican, d'oü un pontile
iinmortel, gardien infaillible de la vérité et
du droilrépand a flots les lumièresd©ses
enseignements et de ses exemples sur un
monde que les ténébres de Terreur et de
Timpiélé cherchent a envahir dc plus en plus!
S'il est un spectacle propre a nous rassurer,
a raviver nos plus don ces es pérances, c'est
celui de cette jeunesse si riehe d'avenir, si
généreuse, si chrétienne, qui peuple aujour-
d'hui plus que jamais, nos établissemenls
religieux. Ah! croissez, multipliez-yous,
chers jeunes gens; monlrez-vous tie plus eu
plus dignes de Téducation qni vousesl don-
née par des maitres si dignes de votre eon-
lionce et de voire respect. Que chaque jour
vous voie plus necessities a loutes les pensees
élevées, a tous les nohles dévouements! Que
toules ces choses sublimes, religion, pairie,
familie, amour désinléressé des lettres ei des
arts, émeuvent de plus en plus vos teeurs,
les transportent, alluinent des désirs louables
dans vos ames! Devenez tons de grands
chrétiens el de grands citoyeos, c'est-a-dire,
des hommes vertueux, intelligents, s'hono-
rant de servir Dieu, leurs fréres et leur pays.
Soyez purs, soyez lahorieux. soyez charita-
bles. Chassez loin de vous lout elroil égoïs
me: donnez el Ton vous donnera. Le meil-
leur secret pour ètre heureux, eroyez-le bien,
c'est de se devoucr chrétienuement au
bonheur commun.
Nous lisons dans VEtudianl catholique
I DE L'IMPUISSANCE DE L'ÉTAT EN MATIÉRE
D ENSEIGNE.MENT.
Pris dans son sens le plus général, l'en-
seignement se subdivrse en deux parties
bien dislincles, l'éducalion et Tinslruction:
L'éducation qui forme I'homme moral, qui
développe chez lui les qualités du cceur, les
notions de vérité et de justice, e'cst Ia pari ie
essentiellc de Tenseignement, cclle qui doit
dominer dans toules les institutions, qui a
surtout pour but de développer Tesprit dans
une direction détermiuée, de faire en sort e
que I'homme s'assimile Ia plus grande som-
me de connaissances possibles. De nos jours,
elle est presque exclusivement malérielle.
Nous avons déja souvent démontré Tim
puissance absolue de l'Elat pour tout ee qui
coucerne Téducation. En vertu même des
to
O
ca
O
CZ-
O
Éi.
S
3
O
<x>
CS
L_>
Ld
V ^-^vyaji i.s
iöliM
Poperinghe-Ypres, 5-15,7-25,9-3010-5&2-l5,5-05,9-20Ypres-Poperinghe. 6-80,9-07,12-05,3-57,6 50,8-4o,J-o o-
peringlie-IIazebrouek, 7 13, 12-23, 4-17, 713. Hazebrouck-Poperinghe-Ypres, 8-38, 10 00, 4-10, s-2u.
Ypres-Apttfer*, 7-30, 12-23, 0-45.lioulers- Ypres, 9-2Ö/1 -50, 7-30. w
KoaW.vs-ltruges, 8-48,11-34,1-13, (L. 5 56), 7-36, (9-55. Lichterv.) Lichterv.-Thouroul, 4-23 m. ^Brtiges-/iotMfia, »-
12-80, 8-13,6-42. Lichtervelde-Courtrai, 8-28 m. 9 01, 1,30, 8,43 7,21 Zrtjelgliem 'liwuroal, 8-40. 1,0», j,20, o,oö.
\>res-Courtrai, 8-34,9-49,11-18,2 38,8-26. -- Coürïrai-Ypres, 8-08,11-02,2-86,3-40,8-49.
Ypres -Thouroul, 7-13, 12 06, 6 20, (le Samedi a 8-80 du matin jusqu'a Langbemarck). thouroul- Ypres, »-uu, i-iö, -
(Ie Samedi a 6-20 du raaiin de Langhemai'ck a Ypres). \\j..r
Coiuines-Warnêloij -LeTouquei-lloupliiies-.drwietóëte, 0 00, 10,18, 12 00, 6-40, Aniientieres-llouplii.eSLe l o upicl-n di
lution -Comines 7-28, 10,30, 4-10, 8 -40. Comines- Warnêton 8-40, m 9-30 s. Warneten-*dunnes .>-30. j a
Ingelinunster-Deynze-Crattd, 8-18, 9-41, 2-18. Ingelmunsler-Ööjoiïe, 4-80 2' cl., 7-18. Gand-Deynze-7ngelmmsler, 6-88,
11-20, 4-46. Deynze-Ingelmumter, 7,31 9-10 2C cl, 11,84 8,19, 8-20 s.
Ingelmunster-dwseo/iew, 6-05, 12-10, 6-18. Anseghem-/»oeZ»iM»s/er, 7-42, 2-20, 7-45.
Lichtervelde-Dixirjude-Furnes et Dunkerke, 6-30, 9-08, 1-33, 7-85. Dunkerke-Furnes-Dixmude et Liehtervelde, b-4o, 11-13,
Dixmude-AT'ew/wf,9-85,10,33,2-20,5,10 8-40.(10,10 D) Nieup-ZMa?/»,(ville)7-40,12-00,4-24,5,56,9,30, (batns)7,30,11,30,4,15,
5,80, 9,20.
Thourout-Ostende4-80, 9-15, 12,05, 1-50, 8-08. 10,18- Oslende-Thouroul, 7-53, 10-10, 12 25, 4,43. 6-13. 9,15.
Selzaete Eectoo, 9-03, 1-23, 8-28. - Eecloo-Srfaaete, 8-35, 10-13, 4-22
Gand-Terneuzm, (station) 8-17, 12-13, 7,28. (porie d Anvers) 8-30 12-40 7-4o
Selzaete-Lokeren, 9-04, 1-30, 8 30. (le Merer. 5 10 m.) Lokuren-Se/saele, 6-00,10-25, 4 43. (le Mduli
c o n ti. i; s i» o kt d a. ncks
Terneuzen-Gawi, 0-00, 10-30, 4
9,30.)
40.
Courtrai dép.
Bruxelles arr.
COURTRAI., BRUXELLES.
6,37 10,83 12,33
9,20 1,38 2,25
COURTRAIT0URNA1, LILLE.
Courtrai dép.
Tournai arr.
Lille
6,37
7,28
7,37
10,36 2,54
11,47 3,48
12,05 4,00
COURTRAI, GAND.
Bruges
Gand
Bruxelles
dép.
arr.
Courtrai dép.
Gand arr.
BRUGES, GAND,
6.49 exp. 12,34
7,34 1,49
8.50 4,00
6,42
8,01
12,31
1,51
3,47
0,14
5,34
6,29
6,32
3,44
3,04
6,33.
8,38.
8,47.
9,41.
9,55.
6,40.
7,56.
Bruxelles dép.
Courtrai arr.
BRUXELLES, COURTRAI.
12,21
2,44
5,22
8,00
8,28
10,46
5,33
7,56
0.47.
8,44.
LILLE, TOURNAI. COURTRAI.
Li lie dép.
TuuiSiai arr.
Courtrai
Gand dép.
Courtrai arr.
5,20
5,42
6,34
8,25
8,56
9.47
11,08
11,34
12,26
5,18
6,34
GAN0, COURTRAI.
1,28
2,49
9,38
10,31
2,18
2,40
3,38
4,24
5,31
3,20.
3,39.
0,33.
7,21.
8,42.
BRUXELLES.
BRUXELLES, GAND, BRUGES.
Suite. Voir le N° précédent.
L'Arabe cependant, par tut geste itnpérieux,
forcant les chiens a modérer leur concert, s'avan-
ca vers l'élranger en homme que rien ne presse,
ses liargneux gardes-du-corps grondanl sur ses
talons. II regardait le nouveau venu d un air qui
n'était pas précisénient ceiui de la bienveillance,
mais nou pourtant tout a fait celui de l'liostililé.
laclions, pensa le soldat, de me remémo-
rer quclques rnols de sou baragouin; c'est une
politesse ii lui faire. D'ailletirs, s'il ne sait pas le
francais, il ne le comprendrail pas. En avanl le
dictionnaire indigene. Bonjour, camarade, dil-il
ii l'Arabe, qui répondit silencieusement par un
signe de tête.
Les dróles dc particuliers, murmura en
aparté le Parisien; on dirait que pour eux les
paroles c'est de la monnaie, tant ils s'en montrent
économes. Pms, s'adressanl de nouveau ii I'indi-
gène: Voilit de beaux moulons, et qui se réga-
lenl.
L A ra be fit 1111 gesle qui voulait dire: Pos
sible! et il l'accompagna d'un certain sourite
que le chenapardeur, saus doute paree que sa
conscience n'était pas pure, se traduisit par cetle
phrase: Et avec lesquels 011 voudrait bien se
régaler, mais les cötelettes ne sont pas sur le
gril. 1.
Décidcmnit, il boude, murmura le soldat,
el je ferais nitetix de déguerpir. Pourvii que eet
escogrifife vetiille le permettre et qu'il continue a
relenir ses caniches!Ont-ils des dents, les scélérats,
de vrais crocodiles, quoi! Adieu, dit il it l'Arabe,
adieu rami.
L'aulre fit de la téle et de la main un petit
signe assez dédaigneux et regagna son observa-
toire.
Quel mal appris! grommela le soldat, pas tin
mot de politesse, et il rentre dans son poulailler.
Chat-hnant, va!
Le maraudeur reprit sa marche, de plus en
plus soucieux. car il ignorait ot'i il se Irouvait et il
voy,iit avep inquiétude approcher la unit, avec la
perspective de la passer ii la belle étoile, sans
compter que son estomac criail famine.
Aprés avoir cheminé qnelqiie temps encore, il
arriva au pied d'une petilè colllne ofi des arbres
d'une belle venue jetaienl leur ombre épaisse.
Devant se trouvatl une espèce de mare. dans
laquelle il fut tout réjoui de voir barboter une
noinbreuse bande de voiatiles aqnaliques, oies,
cercelles, canards 011 quelque autre espèce.
Tout de même, dit le Parisien j'ai de la
chaDce dans mon mauvais soit; et s'il est quelque
diablotm qui s'est mis a mes tiou>ses, pour me
faire cndêver, il est un génie bon enfant qui me
vent du bien el empéche l'aulre de réussir dans
ses malices. Je finirai peut-étre par diner. La
volatile est plus facile a emporter que le mouton.
Mais elle a des ailes, et je n'en ai point. Ne lui
laissons pas le temps de s'en apercevoir!
Et s'avancant brusquement au bord de la mare,
il tenia de saisir un des plus gros oiseanx qui se
trouvaita sa porlée. Mais celui ei, en vrai descen
dant de ces fametix jars qui sanvèrent le Capilole,
au lieu de se laisser prendre bonnenaent, mordit
le chenapardeur jusqii'au sang, après quoi il se
mit en défense d'un air brave, battanl de l'aile
comme s'il appelait les autres a son aide. I.l de
fail, les intrépides voiatiles au lien de s'elTarouclier
coniine eussent fait les nötres peut-étre, accourant
de tons les eötés, fondirent sur le Iroupier, étotir-
di de leurs oris, en le mordant a l'endroil sensible
de leurs becs denlelés, déehiranl son pantalon, lui
foiiettani les oreilles de leurs ailes stridenles et
faisant au loin voler sou képi.
CH A PIT RE XVI.
Comme quoi Rem Pierrot, resté maitre nu
CH AM R I)E RATAlt.I.E, R VMASSAIT SON RUTIN
Qt.VND II. FUT 1NTERROMPU PAR QUEI.OUUN"
yu'lL N ATTEND A IT PAS.
Ah! ellcs sont enragées, les maudiles bêtes,
murmura le soltlat qui, dégainant, se mit a flap
per ii droife et a gauche et si vigoureiisement,
qu'nne dotizaine des ennemis bientot jonchèrent
le sol; les aulres, plus ou moins hors de combat,
songèrent a la retraite, et le vainqueur dédaigna
de les pourstiivre. II avail assez a faire avec ce qui
restait sur le champ de bataille.
Enfin, voila qui me récompense, se dil-il,
et je suis désensorcelé. Comptons les morts. Un,
deux, trois, treize en toutUn joli totalle difficile
est de tout emporter, j'en aurai ma charge,
3,52 exp. 6,43
4,42 7,88
5,50 9,31
8,19 exp.
10,20.
Bruxelles dép. 8,14 11,53 3,12
Gand arr. 6,00 9,41 1.23 4,20 exp. 6,37
Bruges 7,20 10,34 2,38 5,11 7,22
5,53.
7,22.
8,38.
(1) Journul des Savanlsannée 1881, page 596.
essayons toujours. Mais le fusil uie gêne cl le
sabre aussi. Pourquoi ne pas me nvettrc a Eaise?
Puisqu'il n'cst venu personne malgré le ramage
que faisaient toutal'beure les palmipedes, c'est
qu'il n'y a personne dans le voisinage.
II déposa ses amies, et ramassant Tuné après
l aulre les viclimes sanglanles, il s'oecupa de les
atlacher ensemble pour diminuer autanl que pos
sible le volume du fardeau. Cette besogne l'ab-
sorbail tellement, qu'il n'entendit pas le craque-
ment des branches a quelques pas derrière lui,
Bicntöt Ie femllagé en s'ouvrant donna passage a
un Arabe, vieillard d'une soixantaine d'années,
donl les regards étincclants, fixés sur lc Francais,
n'annoncaient pas précisénient la bienveillance.
Bampanl avec precaution, la main droite appuyée
sur l'un des pistolets auxquels sa ceinliire servait
dc fourreau, il put arriver sans que le maraudeur
sonpgonnat sa présence, jusquli l'arbre au pied
duquel gisaient les armes du soldat. II les avait
saisies avant que celui-ci, relevant la tête au bruit
de ses pas, eüt pu le prévenir.
Celte fois je suis flambé, pensa le chenapar
deur, et voila le bouquet. Le sournois, bien stir,
n'a mis la main sur ma clarinetle que pour me
jouer tin air de sa facon, avec cela que je suis
dans mon tort. Fichtre! s'il m'envoyait subito a
lous les diables! J'aurais plus d'un comple il ren-
dre, car j'entends bien la-dedans de fois a
autre une voix qui murmure ct me chagrine.
Tont de même, la conscience rst la conscience...
A la mine de I'homme au burnous, je juge qu'il
n'est point en belle humeur: que faire? Laissons-le
ventr.
L' Arabe vcnail en effet armé du ftisil et du sabre
saus compter ses propres armes; il s'approebn du
Francais, ct se posant devant lui, en le doiuinant
de loutc sa Ivantcur, l'air grave,, il lui dit:
Ee que lu as fait la, n'est mal: »»ire a un
pauvre Ar,ii«:, tl dans nut tribu amie. La loi des
chrétiens ne pentiel pas cela, mais vous ne l'ub-
sci'vez pas; ct comme les pirts d'enlrc nous, vous
vous failes voleiirs. Suis-uioè. ajouta-t-il. L'injone-
tion élait faite d'un. ton ct avec des arguments it
l'appat qui u'adineUaiuat pas la répliqtie.
Le ParFsiew, un pen inquict, se leva conduit
par TArabc qui se dirigea vers le-bois, ii travers
Ictpiel ils taarclièrent quelque temps assez périi-
bletnenl; twais liicutiit ils trouvèrent 1111 scnlier
frayé qu'tls suivircnt eu inontant la collinc. Ee
chetnin aboulissait a une êclaircie parmi des
rochers. Bans un angle, une espèce dc gourbis
s'élcvait forti ié d'une lente en lambeaux ct de
brancbages qui, tant bien que mal, bouchaient les
trotis.
A Tenlrée de la elairière, sous l'ombre d'un
figuier, lc Francais apercut «n petit monticule
qui semblait indiquer une sépulture devant la
quelle on dut passer pour arriver jusqu'a la ca-
banc.
L'Arabe du doigt tntuil ra la terre cn disant:
Lai est mon fils. un brave tué én combattant avec
les Francais contre des tribus insoumises. Moi
aussi, je comballais parmi les Douaires, car j avais
promts d'etre fidéle.
A COXTIN'UER.