ft EN CRIfVIÉE. (^h^- Mercrccli 16Septemb. 1874 an nee. Nos 909. V r° >- Le Journal parait Ie Mercredi et le Sametli. Les réclames, dans le corps du journal, se paient 30 centimes la ligne.Un numéro du journal, pris au Bureau, lo centimes. Les numéros supplémentaires commandos pour articles, Réclames ou Annonces, coütent 20 fr. les 100 exemplaires. Les insertions coütent 15 centimes la ligne V II K .11 I Y ft 8) K F E II. LA GUEHRE AU PRÈTRE. La traqueau prèlre et au religieux consti- tuc un des trails dominants do la politique de nos jours, parlout ou elle se dégage des principes d un ordre supérieur qui devraient la pénétrer. Le prétexle, véritablement absurde, est toujours la nécessité de conserver une indé- pendance qui n'est, bien enlendu, menacée d'aucune facon. Et suivant que Ie gouvernement est puis sant, personnellement résolu a agir on com plice, suivant que les institutions ou Popinion publique imposent plus ou moinsdeména- gements, on applique des syslêmes qui varient depuis la suspicion et la vexation simple jusqu'a'la confiscation, I'expulsion et 1 emprisonnement sur la plus grande échelle, sans préjudice de la Terreur qui peut sortir des événements. Tout ceci est, a vrai dire, la logique dans 1c mal. Le despotisme et la Révolution, qui out méme origine, oublient la loi de Dieu pour substituer I'individu a la société, l'é- goïsme a Pinlérêt général, Ia licence au de voir. Le but est coupablé et les moyens sont nccessairement en rapport avec le but. Or la religion condamne impitoyablement et sans consideration de personnes, tout ce qui blesse la loi divine, et le prètre est le minis- tre de la religion; done le prètre est un ob stacle importun et il faut se débarrasser de lui. Sans doute, pour en arriver la, le persé- cuteur a besoin de briser avec la raison, la vérilé et la morale. Mais s'esl-on jamais arrè- té pour si peu? Le prètre, c'csl la "domination, l'absorp- tion, Penvahissemenl, dit-on; le prètre me- Anecdotes et episodes. nace la sécurité des empires. Chose élrange. les dominafeurs sont en prison ou sur la roule de Pexil; les vampires de Pabsorplion se voienl dópouiIlés de leur bien legitime, les enyahisseurs n'ont pas oü reposer leur lèle! Ei pendant ce temps les frayeurs feinles et les précautions aussi sérieuses que les fray eurs vont toujours leur train. On se defend par unc formidable police conlrc le moine qui enseigne ou la religieuse qui prie, par des baïonnctles contre la proclamation d'une vérité. Les motifs ne manqueront d'ailleurs jamais: une loi sera édiclée qui imposera au clergé des obligations conlraires a sa con science et aux droits de PEglise, et si le prè tre refuse d'obéir, il sera proclamé infidèle a la loi, voire ennerni de PElat; on aura Pair de se défendre contre lui et il sera rendu responsable de tout Podieux de la persecu tion. A la pression oflicielle vient sc joindre une propagande infatigable entretenue sur tons les points du globe par les loges ma- conniques. Et Pon ne se contente point de pousser a la corruption du peuple; il faut encore que Ie siècle sc drape dans sa vertu et mette ses propres vices sur le compte de ceux qui onl Paudace de les flageller. Pendant que des sacrislains civils s'impro- visent les arbilres des choses de PEglise et que dims les temples profanes les apostals s'entourent d'un auditoire de seclaires de lout pelage qui n'ont de commun que leur méprisable incrèdulité, on appelle supersti tion rornaine la sainte foi du Christ, ullra- monlains ses minislres et ses disciples fldé- ies. L'enseignement libre et religieux lutte victorieuseinenl contre les legions que le dieu-Etat organise avec l'argent des catholi- ques, et en presence de triomphes que nul homme de bonne foi ne contests plus, les vaincus de la libre-pensée osent jeter au prètre les mots d'obseurantisme et d'étei- gnóir. Inspiraleur el généreux coopéraleur de toutes les bonnes ceovres, le prètre se pro- digoe dans la charitè, el tandis qu'il soulage des misères et des douleurs trop souvent créées par ses ennëmis, les ingrats lui crient qu'il est un homme d'argent et réclament au nom de la justice le droit de Ie spolier. S'il llétrit et combat le débordement des mauvaises mceurs, s'il est conslammenl sur la brèche pour la sainletè du mariage et pour j'honneur du foyer domeslique, com ment le récompense-l-on? N'est-ce pas en s'efforcant de ternir par le soupcon et par la calomnie mème l'admirable pureté de sa vie, par l'outrage de son glorieux cèlibat? II y a quelque chose cependant que le monde ne sait ou plulót ne veut pas s'expli- quer. A mesure que la main de l'oppression se fait sentir plus durement, la parole du prètre est mieux éeoutée, la foi el l'amour grandissent dans les ames l'auréole de l'Egli- se est plus resplendissante. Ce serait bien le cas aussi d'user d'un peu de logique et de se dire: de siècle en siècle nous nous heurtons a une puissance invisible; il y a un roe contre lequel vont se briser tous nos efforts; ceci n'a rien d'humain, le doigt de la Providence est ici, done.... mais la conclusion nécessai re serait la condamnalion de l'orgueil el de ses criminelles entreprises. Alors on ferme les'yeux el ia folie tentative se poursuitavec un nouvel acharnement. a Si nous conti nuous ainsi,... disait un homme d'Etat au Parlement prussien, ja ne désespèrcpas de voir le nuvire des fous de noire temps se briser conlre le roe de CEtjlise ehré- lienne, car la foi en la parole réeélée de üieu est plus 'enne el pins vioace encore r> au eoiur du peuple'/ue sa foi dans la vertu sanelifianle de >i imporle quel arli- ete de la constitution. Le croirait-on? Celui qui tenait ce langage le lti Novembre 1849, c'était ce mème M. de Bisinark qui de- vait un quart de siècle plus lard, devenu prince grand chaneelier dc l'Ernpire, prési- der a la plus cruelle des persecutions. Le roc a vu bien d'autres allaques el il tient toujours. C'csl la mam de Dieu qui l'a placé la et une parole divine lui a premis que jamais on ne fébraulerait. TRAVAIL DU PARLEMENTARISME EN FRANCE. Nous empruntons a 1'Union de Paris Par tiele suivant, dü a la plume du vaillanl doyen de la presse, M. Laurenlie, et dans lequel nos lecteurs trouveronl les considera tions les plus élevées el les plus justes contre le parlementarisme el sur la marchedela politique en Europe. Nous appetous dc rechef l'atlention des poliliques de France sur nos correspondants d'Allemagnc. lis s'aecoulumeront peul-èlre it sorlir de leurs routines de parlementarisme, en étudianl la manche de l'Europe, cl les cau ses qui ia poussent a des crises nouvelles d'anarchie et de guerre. Nous avons dit ici dès longtemps que toute la politique lendait a se résoudre en questions d'Eglise. Quelles ironies a celte propositien clé- ricale! Elledevienl éclatante eomme le soleil. L'ltalie, l'Allemagne, PEspagne sont tra- vaillées par des luttes dont le lerme est la liberie ou l'asservissement de fame humaine. Qu'est-ce que se propose M. de Bismarken embrassant dans son action politique los pays oil sévil la révolution cosmopolite, si- non d'y frapper I'Eglise catbolique de cello loi d'ETAT qui est la sujétion de I'homme en ce qu'il a de plus vivant et de plus libre? C'est toule la lutte moderne. Elle va a uu élat dc révolution sociale qui dépasse de beaueoup ce qu'ont pu concevoir depuis cin- quanle ans les rèveurs de socialisme. Proud- hon était un pygmée visionuaire a cöté du prince de Bismark. Voici done la merveille! C'est que le par lementarisme francais, lout absorbé en lui- mème, ne se doute pas de celte situation du monde et de cette marche vers des revolu tions ou s'abimerail la liberté humaine. Le parlementarisme est tout entier a un travail d'organisation arlificielle de gouver nement sans gouvernement. Quelle entreprisesix ou sept cents fai- seurs de lois se divisent en groupes de cher- cheurs dc constitutions ou d'institulions, les uncs monarchiques ou pseudo-monarchiques les aulres républicaines ou impériales, avec des subdivisions infioies d'appliealions, cha- cunese subdivisant encore au gré de chaque nature d'esprit, de chaque passion, de cha que predilection, de chaque antipathie; et chaque invenleur apportant sa découverle avec le cri fameux: Eureka! j'ai trouvé! De telle sorte que chacun étant assuré de son génie, la grande affaire c'est d'arriver a un choix final, devant qui doivenl s'incliner toutes les inventions et toutes les fanlaisies. Est-ce que ce n'est pas la le parlementa risme, tel qu'il tleurit, en noire France de puis Février 1871? Et quelle en sera la fin? Le parlementarisme est le doute conti nu; appliqué au gouvernement d'un Etat bZ O cd co CO O co zD ZD V. ■JZ -3 O O r* in rn 33 H O O ei O -D -i r^i y pi 'JJ m cn rn T5 ro SO Poperjnghe- Ypres, 5-13,7-25,9-30,10-^8,2-1 S.K-OS,9-20 Ypres-Poperinghe, 6-00,9-07,12-03,3-37,0-50,8-45,9-50. Po- peringlie-IIazebrouck, 7 13, 12-25, 4-17, 7-13. llazebrouck-Pnperibghe-Ypres, 8-33, 10 OU, 4-10, 8-23. ■*Pi'®s-Houlers, 7-50, 12-26, 6-43. Roulers- Ypres, 9-25, 1-30, 7-50. Kou Iers- Jiruges, 8-45,11-34,1-13, (L. 3 50), 7-36, (9-35. Lichierv.) Lichierv.-Thourout, 4-25 m. Bruges-Roulers, 8-23, 12 50, 5-13,6-42.— Lichlervelde-Courtrai, 3-23 m. 9 011,30,3.43 7,21 Zédelgliem-Thourotd, 8-40. 1,03,5,20,6,58. Ypres-Courlrai, 5-34,9-49,11-18,2-33,3-23. - Courtrai -Ypres, 8-08,11-02,2-36,3-40,8-49. I pres-1 hour out, 7-13, 12 06, 6 20, (le Sametli a 6-30 du maliii jusqu'a Langhemarck). Thouroul- Ypres, 9-00, 1-18, 7-48, (le Scimedi a 0-20 du matin de Langhemarck a Ypres). Comines-Warnêion Le Touquet-ilouplines-Armentóères, 6 00, 10,15, 12-00, 6-40,Armentières-Houplines Le Touqucl-War- nêton-Comities 7 -23, 10,30, 4-10, 8-40. Comities- Warnêlori 8 4o, m. 9-30 s. Warnêton-Comities 5-30, 9-50, Courtrai Bruges, 8-05, 11-00, 12-33, (L. 3-13), 6-53. (9-00 s. (Lichierv.)Bruges-Courlrai, 8-25,12-30, 3-13, 6-42. Bruges, Blankenherglie, Heysl, (Etal) 7-30,9 43,1 1 04,1,20,2 23,2-50,5 20(exp.) (S.5-80)7-35 (exp.)8-43. (bassin)7-00,7-36, 9-.> 111 -10,2-312-36.5-26(exp.)(S.3 36)7-41(exp )S 31Heyst, Blankenherglie, Biuges, 3-43,(L. 7-20) 8,30,1 1-23,1 23,2 45, (exp ,4-10,5-30,(D. 0^ 15)7-25. Blankenberg, Bruges, 6-10,(L. 7-42)8-35,11-55,1-45,3 05(exp.)4-30,6-00(D. 6 35) 7,007 48. Ingelmunster-Deynze-Gand, 3-15, 9-41, 2-13. Ingelmunsier-Drj/Bze,- 4-50 2" cl., 7-13. -Gand-Deynie-lngelmunsler, 6-38, 11-20, 4-46. Deynze-Ingelmunster, 7,31 9-10 2C el, 11,34 5,19, 8-20 s. ngelmunsier-dwset^ew, 6-03, 12-10, 6-13. Ingelmunster, 7-42, 2-20, 7-43. Licliiervelde-Dixmade-Furnes el Dunkerke, 6-30, 9-08, 1-33, 7-55. DwAerAe-Furnes-Dixmude et Lichlervelde, 6-45, 11-15, 3-45, 5-05. Dixmude-Me«poz2,9-55,10,35,2-20,5,10 8-40. Nienp-Dutw,(ville)7-40.12-00,4-24,5,56,9,30,(bains)7,30,11,30.4,15,5,30. I nou mnt-Ostende, 4-50, 9-13, 12,05, 1-50, 8-03. 10,13- (Uonde-Thourout, 7-55, 10-10, 12 25, 4,43. 6-15. 9,13. Selzaeie-Aecfoo, 9-05, 1-23, 8-23. Eecloo-Se/ztzete, 5 35, 10 15, 4-22. Gand-*Temeuzen, (siaiion) 8-17, 12-15, 7,25. (porie d'Anvors) 8-30, 12-40. 7-4.5lerneuzen (rand, 6-00, 10-30,4 40. Selzaete-LoAerat, 9 04, I 30, 8 30. (le Merer. 3-10 m.) Lu keren Selpdete, 6 00, 10-25, 4 45. (le Mardi, 9,30.) COURTRAI, BRUXSU.ES. Courtrai dep. 6,37 10,33 12,33 3,47 6,33. Bruxelles arr. 9,20 1,35 2,23 6,14 8,38. COURTRAI, T0URNA1, LILLE. Courtrai dep. 6,37 10,56 2,34 3,34 8,47. Tournai arr. 7,28 11,47 3,48 6,29 9,41. Lille 7,37 12,03 4,00 6,32 9,53. COURTRAI, GAND. Courtrai dep. 6,42 12,31 3,44 6,40. Gand arr. 8,01 1,51 3,04 7,36. BnUGES, GAND, BRUXELLES. Bruges dép. 6,49 exp. 12.34 3,52 exp. 6,43 8,19 exp. Gand arr. 7,34 1,49 4,42 7,38 Bruxelles 8,30 4,00 3,30 9,31 10,26. COBKB9PONDASCBS. BRUXELLES, COURTRAI. Bruxelles dep. Courtrai arr. 5,22 8,00 8,28 10,46 12,21 2,44 5,33 6,47. 7,36 8,44. Lille LILLE, TOURNAI, COURTRAI. dep. 3,20 8,23 11,03 2,18 5,20. Tournai arr. 5,42 8,56 11,34 2,40 5,39. Courtrai 6,34 9.47 12,26 3,58 6,33. GAND, COURTRAI. Gand Courtrai dép. 5,15 9,38 1,28 4,24 7,21. i arr. 6,34 10,51 2,49 5,31 8,42. BRUXELLES, GAND, BRUGES. BruxellestZcp. Gand arr. 6,00 Bruges 7,20 8,14- 9,41 10,34 11,53 3,12 1.23 4,26 exp. 6,37 2,38 5,11 7,22 5,55. 7,22. 8,38. Dans un® affaire, Ic brave capilaine de Vandré, mort depuis, avail en son caban percé de dix bal les, donl nne seule avait elllenré la petin. Le géné ral Lahrobert, en le félicilanl d'avoir échappé an danger, lui dit: Capilaine, qne voulez-vptis? Ln caban neuf, si eest possible, mon géné ral, répondit M. de Vandré avec nne héroïqtie simplicilé. Bean mot que Bayard ent envié. A Inkermann, un éclat d'obns fracasse la jam be dn général anglais Strangways; elle ne tenait plus que par un lambeau de chair. La figure du vieux général resta impassible, il dit settlement k voix basse et d'ttn ton calme: Qui est-ce qui sera assez bon pour m'aider a descend re de clieval? On lui re«dit ce service. Portéa l'ambttlance, il exptra après Popération en munnurant: Je meurs au rnoins de la mort d un soldat, Un sergent du 33* ou du 30° anglais étail res- tc seul en avant pendant un instant. Attaqué par cinq Russes, il en tue un d'ttn coup de feu, un autre avec sa baïonnetle, et Guit par succomber sons les efforts des mitres, percé d'autant de bles sures qu il avait eu d'adversaires a combattre. Ce- pendant, il se relcve en sentant prés de sa tête le sabot d un cheval. Les Rnsses avaient foi ail mo ment oil Ie blessé se dégageait en chancelant; il se sent en levé par un cavalier et porté a deux cents pas en arrière. Lorsqu'il fut en süreté, i'officier général francais qui l'avait sauvé retourna au fell. Quoi d'étonnant, après de pareils traits, que les soldats anglais soient enthousiastes des Francais? Au moment oil I'tin de nos sous-intendants mili- taires veillait en personne stir le champ de bata il le an milieu de la plus affreuse mêlée, it l'enlèvement des blessés, un colonel anglais, ému de ceite sol- licitude pour les soldats, se jeta dans ses bras en s'écriant: Je ne sais ce que I'avenir nous réserve, mais je jure que personnellement je ne lirerai jamais Pépée contre la France. La guerre d'Orient n'aurait d'autre résultat que de délruire complélement ces traditions de haine absurde perpétuées depuis des siècles, que ce serait déj'a immense au point de vue de Phumanité Dans un des mille, combats qui furent livrés sous les murs de Sébaslopol, uri lieutenant fran cais, emporté par son courage, est fait prisonnier par les Russes. Un caporal s'en aperi;oit: Camarades, s'écrie-t-il, laisserons-nous emmener le lieutenant? Ce serait une houte pour la compagnie. Fm avant ceux qui ont du ccein Et croisant la baïonnetle, il s'élance lèle bais- sée, siiivi de quelques braves, dans les rangs en- nemis, culbute tout ce qui veut lui faire obstacle, et arrive jusqu'au lieutenant bienlöt libre. Mais il en coutait la vie a l'intrépide caporal, atteint d'une balie dans la poitrine. Le lieutenant, qui le voit tomber, revint aussi- tót sur ces pas et, avec un accent d'énergique -douleur, il s'écrie: Celui qui m'a sauvé ne doit pas rester au pouvoirdes Russes: vivant oil mort, je l'aurai! F.t se précipitant au milieu des ennemis, il se fraye avec le stdtre un sanglant passage, arrive jusqu'au cadavre du caporal qu'il charge sur ses épaules et le rapportc au camp a travers une grêle de balles. Le pauvre caporal eut du moins les honneurs de la sepulture. Quel plus toucbant ex- cinple de ses sentiments de dévouement mutuel et d'affection qui lie entre eux les chefs et les soldats, et fait la gloire cornnie la force dc notie armée. Un officier russe est blessé et fait prisonnier par un soldat auquel d'un coup de sabre il avait erjlevé trois doigts. Aussilöt le soldal s'empresse de con- duirc it l'ambulence voisine son prisonnier atteint au ventre d'un coup de baïonnelte. Hé! la dedans, dit-il en entrant, y a-t-il moven de se faire panser? Qu'avez-vous, mon gar^on, demanda ie ehirurgieu? Ob! moi, mujor, pas grand'chose, et je ne suis pas le plus pressé. Failes panser d'abord Ic Muscovite ici présent, avec lequel j'ai fait échange de polilesse; un brave, et qui mérite bien un tour de faveur. Ou les pansa tous deux: le blessé russe est pla cé dans tin lit, et le Francais s'installe a eóté pour Ilii servir au besoin d'infirinier. Deveous les meil- amisdu monde, iis se prodiguent l'un l'autre des soins tout fraternels. Pendant que nous retournions au camp, dit un témoin oculaire, nous rencoiitraines deux zouaves qui venaient de ramasser parmi les morts un jeune officier russe, un enfant agé de quinze on seize ans au plus. Frappé a la lète d'un coup de baïonnetle, il était tombé; ses géinissemenls avaient altiré les deux soldats qui le transportaient a l'ambulance. L'adolescent avait les bras passés autour dn cou de ses deux ennemis. Je soutins sa tête vacillante d'oii le sang coulait sur ses ha-kils. II était trés-pale, mais cette paleur toucliante don- nait une grace nouvelle il sa charmante figure. Pauvre enfant! il murmurait quelques mots que nous ne comprenions pas. mais son regard y sup. pléait. Sa blessure heureusemenl n'était pas mor- telle: je le revis le lendemain, et le chirurgïen assurait qu'il serait guéri avant quinze jours. >i J'ai vu un volligeur qui rapportait sur ses épaules un Russe a qu'il il avait logé uue balie clans la cuisse; j'ai vu aussi un chasseur d'Afriquc déchircr sa chemise et bander le bras d'un officier enneini percé d'un coup de baïonnelte. Braves geus! On aime cette noble parole d'un jeune sous- lieutenanl: Nous sommes les fils des Croisés, mais nous n'en aurons pas les défauts. Un autre disait a M. de Damas: La présence d'un prètre nous fait du bien! Oui, l'on a dit bien vrai lorsqu'on a proclamé ('alliance intime de la croix et de l'épée. Les ye'ux du soldat ont besoin de rencontrer souvent la croix, cal' LA CROIX c'kt l'espér ance. Lt le zouave dans son style énergique: Vous verrez, Monsieur l'abbéqu'a la fin de la guerre, il n'y anra pas lant de respect bumain dans I'ar mée. Quoi done! les Russes sont plus chrétiens que nous!. C'est vrai, dit na autre, je les ai vus blessés a cöté de moi a l'ambulance; ils faisaient le signe de la eroix sans rough1; nous n'osons pas toujours en faire autant. 11 faut que eela cesse, reprit le zouave, car c'est de la laehelé. Nous croyons a Dieu et a la religion; nous ne devons pas avoir honte de nos croyaoces.

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1874 | | pagina 1