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LA CROIX D'OR.
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Samedi 7 Novemb. 1874.
9me année. Nos 924.
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Le Journal parail le Mercredi et le Samedi.
Les insertions coütent 15 centimes la ligne.Les réclames, dans le corps du journal, se paient 30 centimes la ligne.Un numéro du journal, pris au Bureau, 15 centimes.
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CHEMIHIS DE VE K.
BREF DIJ PAPE A LÉYÈQüE D'ORLÉANS.
Mgr Pévêqne d'Orléans a recti do Saint-
Pére le bref suivant, a l'occasion de sa leltre
a M. Minghetti, dont il avait fait hommage a
Sa Saintelé:
PIE IX, PONTIFE.
lénérable Trère, salut et.bénêdiction
aposlolique.
k Bien que l'extrème impudence avec la-
quelle les engagements les plus sacrés sont
cnaque jour plus audacieusement violés par
les hommes qui gouvernenl l'Italie, ait ca et
m soulevé le blame et les plaintes de tous les
honnèles gens, et parfois des joornaux mè-
nies qui se montrent hosliles a la religion,
néainnoins, vénérable frère, nous pensons
que vous venez de faire l'oeuvre la plus op-
porlunp et et la plus utile, en dévoilant loute
la série des solennelles promesses failes par
les rrièmes hommes, pour abuser le peuple
et contenir l'indignalion des puissances, et
en leur opposanl les fails qui démoritrenl la
violation flagrante de toules ces promesses.
Sans doute, comme vous l'avez votis-
même bien dit, ce n'est pas cela qui pourra
arrèler laudacede ces hommes sansfoi. et
tirer de leur torpeur ceux qui, laissant s'ac-
complir impunément ces iniquités, se prépa-
rent a eux-mémes leur perte; néanmoins,
rassemblès, coordonnés et mis en regard les
nns des autres, comme ils le sont dans voire
écrit, il est impossible que ces fails ne saisis-
senl ceux qui vous lironi, et ne sotdèvenl en
eux, s'ils ri'ont point perdu lout sens moral,
l'exécralion de laril d'igriominie et d'audace.
Nous vous felicitous done d'avoir em
ployé les dons éclatants que Dieu vous a
déparlis de talent, dactivité laborieuse et
d'éloquence, a arracber du front de ces
hommes le masque de léguliiê dont ils s'ef-
forcent de se couvrir tontes les fois qu'ils
trament quelque nouvelle injustice et quel-
que nouvelle iniquilé.
Ce n'est pas, en effel, infliger une bles
sure légere au mal que d'en metlrea nu au
grand jour l'ignominie.
Quoi qu'il arrive, sans aucun doule,
voire écrit est de nature, en affermissant les
honnèles gens, a ouvrir les yeux a beaucoup
de ceux qui sont trompés, et peut-él re a fai
re naitre une honte sa I u la i re cbez plusd'un
de nos ennemis, et a les relirerde la voie
fausse et coupable oü ils se sont engages.
Nous detnandons instammenl a Dieu que
voire écrit oblienne un tel résultat, et, com
me gage de la faveur céleste et de not re
parlioulière affection, nous vous donnons,
du fond de notre ccéur, vénérable frère, a
vous et a voire diocese, notre bénédictioii
apostolique.
Donné a Saint-Pierre de Rome, le 19
Octobre 1874; de notre Pontifical le vingt-
neuvième.
PIE IX, PxrE.
PERSECUTIONS ET CONVERSIONS.
La perséculion contre les calholiques se
généralise dans le monde.
M. deBismarken Allemagne, Viclor-Em-
manuel en Italië, les lioinines qui gouver-
neut en Aulriche, Serrano en Espagne, Pe
dro II au Brésil, font de leur mieux; et enfin,
il vient d'etre fait en Turquie une veritable
et sanglante hécatotnbede calholiques.
Voici les lignes que nous trouvons dans
une corresponds nee d'Athênes:
Des lettres arrivées de Brousse bier soir
disent qu'euviron 200 soldals tures, conduits
par un aide de-camp du gouverneur el par
des membres musulmans du conseil, ont
envahi avant-hier, non-seulement l'église,
mais aussi 1'évèché arménien-catholique
qu'ils ont escaladé.
Ils ont trainédans lesescaliers l'évéque
revèlu de ses habits pontificaux, enfoncé les
porles de l'église, profane les objeis sacrés,
frappé avec des sabres des prélres, des hom
mes el des femmes, dont plusieurs furent
blessés. La foule était immense. Les calholi
ques grecs arinéniens et les calholiques
élrangers criaient et protestaient contre ce
sacrilege.
C'est la vóritablement un speeiacle lamen
table. Les puissances calholiques réclame-
ronl, si même el les récla inent, el lout reste
ra dans le même état, jusqu'a ce que les
assassins recoiverit tin chaliment exemplaire.
Eu regard de ces douloureuses nouvelles,
nous pottvons, heureusement, montrer
s'augmentant tous les jours la Ijste des per-
sohnes qui se convertissent au catholicisme.
Le Fremlernbladl de Vienne annonce dans
son numéro du 18 la conversion au catholi
cisme d'une des plus notables individuailités
de la Hongrie, de la fille du célèbre général
Goergey, chef des Honveds de 1848.
Aprés la Reine-Mère, c'est le chef des pro
testants de Bavière, M. Harless, qui vient
aussi de se convertir; et l'on parle enfin de
la prochaine abjuration de la propre fille de
M. de Bismark.
Quoi que fassent les lyrans, toutes les
perséculions dont il est l'objel procurer)t au
catholicisine de nouvèaux adèples, en lui
donnant aussi des martyrs, et cest une pi eu-
ve evidente que c'est la une croyance sur-
huniaine.
Aprés la tourmenl, lecaline; espéronsque
les perséculions prendront bieniót fin, el
que sans larder commencera le tnomphe de
l'Eglise militante.
juelque utiliié. Maintenant, va-
LES MODÉKÉS.
Un homme, dontoii nu.saurail contestcr
l'autoriié et) pareille matiére, M. le vicomte
de Bonald s'exprimait ainsi en parlanl des
modérés et des opinions modérées:
Les opinions qu'on décore dn nom de
modérées sont commodes, paree qu'elles
sont toutes fades, et que, pour trouver le
point oü il faut s'anèter, il suffit de se tenir
a égale distance des deux autres points.
Les opinions modérées et qui tie sont que
miloyennes, s'accomodent d'elles-mèmes
aux esprits moijens el médiocres, comme
les partis moyens aux caraclères faiblos.
Les bons esprits savent que la vérilé est
absolue, qu'eile n'est pas comme une quan-
tité susceptible de plus ou de moins,
qu'eile est ou qu'eile n'est point, et qu'eile
redoute moins lesennemis que les neutres.»
Soyons modérés dans l'usage des riches-
ses, modérés dans la joie, dans les plaisirs,
dansles choses que nous possédons en abon
dance et dont l'excèspourraitêtredangereux.
Cela est bien.
Mais lorsqu'il s'agit de la vérité, de la jus
tice, des fortes croyance, qui nourrissent les
ames, et sans lesquelles celles-ci tornhout en
defaillance et tneurent, de grace ne prèchez
point cetle moderation, fille du scepticisme
qui nous perd el qui nous ronge.
La moderation est une bonne chose, mais
il faut la mettre a sa place. La foi, la fidélilé,
I'honneur passent avant el le; ces belles ver
lus sont mèmes exclusives de la modération.
On mail d'un homme qui se flatterait d'etre
modéré dans la fidélilé, dans Ia va leur, dans
Ie dévouetnenl, et ce rire n'exprimerail que
le mépris.
Toutes les nations, au contraire, ont dé-
cerné des couronnes a ceux qui par la force
de leur ame se sont dévoues jusqu'au saug,
jusqu'au martyre, au triomphe de ces verlus.
La langue n'a qu'un inot pour caracteriser
leurs ceuvres, l'héroïsme.
Ce ne sont pas les modérés qui manquent
a notre époque, ce sont les héros. Ceux-ci se
formenta l'écóle du respect qui n'admet pas
de milieu, et la revolution leur fait I'honneur
de les haïr et de les redouler.
Pour tenir têle a la puissance revolution-
naire de plus en plus formidable el satani-
que, il faut, armé de toutes pieces, com-
battre vaillamment. Sans doute l'effort est
terrible; c'est a peine si toutes les forces de
Fame y suffisent; elle est encoreobligée d'ap-
peler Dieu a son aide, el si Dieu combat
avec nous, qui sera contre nous? mais a
une condition, c'est que nous ferons le sacri
fice de nos vues pariiculières a sa loi qui est
inflexible et imtnuable.
Dieu a prononeé cette terrible sentence
qui fera l'éternel désespoir des modérés;
Qui n'est pas avec moi est contre moi. Le
Dieu vivant est le premier des intransi-
geanls. Court ier de l'Escaut.)
SOYONS DES HOMMES D'ACTION.
Une polémique s'est élevée récemment sur
i question de savoir si les calholiques de
France peuvent s'abslenir de prendre part
aux luttes politiques. Lc Monde donne a ce
sujet d'excelients conseils et il recommande
I 'action. Comme lc fait observer judicieuse-
ment la feuille francaise, c'est a I'action
c'est a noire attitude de combat que nous
devons, en Belgique, d'avoir pu retrouver
une majorité conservatrice. Ne l'oublions
jamais et surtout ne négligeons aucun moyen
d accentuer le role militant qui nous incom-
be dans les circonstnnces actuelles. C'est a ce
prix que nous mainliendrons la situation.
Dounutis maintenant la parole au Monde:
Que les calholiques, dil-il, ne se relirent
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Poperinghe- Fpreff, S-1ïi,7-2S,9-30,10-88,2-1S,S-05,9-20. Ypres-Poperinghe6-80,9-07,12-0o,3-57,6 50,8-49,9-90.
iek -Poperingtie-Ypres,8-38, 10 00,4-10,8-29.
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Bruges-flow/ere, 8-23,
3,29, 0,38.
peringhe-Hazebrou^k, 7 13, 12-23, 4-17, 7-13. Ilazebrouck-Pop
Ypres-Haulers, 7-30, 12-23, 0-43. Itoulers- l'pres, 9-23, 1-30, 7-30.
Kou Iers- Bruges, 8-43,11-34,1-13, (L. 3 56), 7-30, (9-33. Lichterv.) Liclilerv.- Thourout, 4-23 in. Brug.
12-30, 5-13, 6-42. Lichtervelde-CWlrai, 5-25 m. 9 01, 1,30, 5,45 7,21 Zedelgliem T/toitreml, 8-40. 1,03
Ypres-Courtrai, 5-34,9-49,11-18,2-35,5-25. Courtrai-Y/tres, 8-08,11-02,2-50,5-40,8-49.
Ypres-'/hourout. 7-13, (2 06, 6 20, (le Samedi a 5-39 du malin jusqiia Langhemarck). Thourout-Ypres, 9-00, 1-18, 7 48
(Ie Samedi a 6-20 du malin de Langhemarck a Ypres).
Comines-Warnèton Le louquei-Houplines-An»e»fiëres, 6 00, 10,15,12-00, 6-40,Armentières-Houplines Le Touqael-War-
neten-Comines 7-23, 10,30, 4-10, 8 -40. «"Comines-Waméton 8 40, m 9-30s. Warnêton-Comines 3-30, 9 30,
Courtrai Bruges, 8,08, l j-00, 12-33, jL. 5-13), 6-33. (9-00 s. (Lichterv.)Bruges-Cowrfnt», 8-23, 12-30, 3-13, 6-42.
j--, i... o-i.i), ip-u.>. u'-uu 5. luicuierv.)oruges-c. uurirui, ö-zo, Iz-ou, ;>-u, o-»z.
Bruges, Blankenberghe, Hevst, (Etai) 7-30.9 43,11 04,1.20,2 25,2-50,5 20(exp.) (S 5-50)7-35 (exp.)8-45. (bassin)7-00,7-36,
p.)(S.5-56)7-41 (exp.')8 51.— Ileyst, Blankenberghe, Bruges, 5-45,(1,. 7-20j' 8,30,11-23,1 -23,2-43,
I 41 ;l 11 L' ia n f in r 'T ki-nuue ft. la /f T./OxQ «K 1 A «K A i K O f. Oil ft ftft/M ft Old\ H i\i\1 Q
9-31,11-10.2-31.2-56,5-26(exp.M„.uiuges,
(exp.)4-10,5-30,(D. 6 15)7-25. Blankenberg, Bruges,.6-10,(L. 7-42)3-55,11 55,1-43,3 05(exp.)4-30,6 U0(D. 6 35) 7,007 48.
Jngelmunster Deynze Gand, 5-13, 9-41, 2-15. Inge 11nunsie.r-Deynze4-50 2' cl., 7-13. Gand-Deynze-7/i^e(/«<i?isler, 6-58,
11-20, 4-46. Deynze Ingelmunster, 7,31 9-10 2ccl, 11,543,19, 8-20 s.
in£elmunster-i4nseghem, 6-0o, 12-10, 6-15. XusexUnm-Inye/munster, 7-42, 2-20, 7-45.
Lichtervelde-Dixmade-Furnes et Dunkerke, 6 30, 9-08, I-35, 7-55. Z)««A:erAe-Furnes-Dixmude et Livhlervelde, 6-45, 11-13,
3-45, 5-03.
L)ixmude-A*?'ei<pot 1,9-55,10,33,2 20.5,10 8-40. Nieup-Dwim,(ville)7-40,12-00,4-24,5,56,9,30,(bains)7,30,11,50,4,15,5,50.
I hou rout-Ostewde, 4-50, 9-15, 12,05, 1-50, 8-05, 10,15— Ogende-Tlwurout, 7-55, 10-10, 12 25, 4,43. 6-15. 9,15.
Selzaete Lecloo, 9-03, 1-25, 8-23. Eecloo-SYlsoele, 3 33, 10 15,4-22.
Gand- Ter neuzen, (station) 8-17, 12-15, 7,23. (porte d'Anvers) 8-30, 12-40. 7 45. Terneuzen- Gand, 6-00, 10-30,4-40.
SeliMe-Lokeren, 9-04, 1-30, 8-30. (le Merer. 5-10 m.) Lokeren-Se/zaete, 6 00, 10-25, 4 45. (Ie Mardi, 9,30.)
CORHBSrOKDAIfCES.
COURTRAI, BRUXELIES.
Courtrai dep. 6,37 10,53 12,33 3,47 6,35.
Bruxelles arr. 9,20 1,35 2/25 6,14 8,58.
COURTRAI, T0URNAI, LILLE.
Courtrai dep. 6,37 10,56 2,34 5,34 8,47.
Tournai arr. 7/28 11,47 3,48 6,29 9,41.
Lille 7,37 12,05 4,00 0,32 9,53.
courtrai, gand.
Courlrai dép. 6,42 12,31 3,44 6,40.
Gand arr. 8,01 1,31 5,04 7,36.
BRUGES, GAND, BRUXELLES.
Bruges dép. 6,49 exp. 12,34 3,52 exp. 6.43 8,19 exp.
Gand arr. 7.34 1,49 4,42 7,58
Bruxelles 8,50 4,00 5,30 9,31 10,20.
BRUXELLES, COURTRAI.
Bruxelles dép.
Courtrai arr.
3,22
8,00
8,28
10,40
12,21
2,44
5,33
7,56
6,47.
8,44.
LILLE, TOURNAI. COURTRAI.
Lille dép. 5/20 S/25 11,03 2,18 5/20.
Tournai arr. 5,42 8,56 11.34 2,40 3,39.
Courtrai 6,34 9.47 12,26 3,38 6,33.
GAND, COURTRAI.
Gand dép. 5,13 9,38 1,28 4,24 7,21.
Courtrai arr. 6,34 10,31 2,49 3,31 8,42.
BRUXELLES, GAND, BRUGES.
Bruxelles dép. 8,14 11,33 3,12 5,35.
Gand arr. 6,00 9,41 1 23 4/20 exp. 6.37 7,22.
Bruges 7/20 10,34 2,38 3,11 7,22 8,38.
Suite. - Voir le N° precedent.
6 Juillet, neuf heures.
Le éapilaine jouc du vinion.
Dix helices.
Le ca pita ine continue de joucr du violon.
Onze heures.
Le capilaine n'a pas cessé de jouer du violon.
Midi.
Continuation du même exercice.
7 Juillet.
II s'est passé hier une scène terrible a hord.
Xous venions de nous nieltre a table avec le
capitaine qui s'élail enfin séparé de sou insépa-
rahle violon, lorsqn'on s'apercoit que le sel niao-
<|"e au service. Le capilaine appelle d'une voix
oi midable le jeune mousse chargé de nous servir
pendant Ie diner.
Arrive ici. mauvais nioussaillon, el dis-nous
11 Pe" c« (pie In as fait de nos salières.
f mousse haisse la têle en tremhlant, el nous
°"S ''^Posons a imploier sa arace, lorsque le
Capiiajn#, 1
Hfprtnd, avec la niênitt voix: In
merites iin «i
ciiaiunenl irès-grave, maïs je le par-
dunne ceite fi-ic
je ls"c', paree qu'en oubliant de meltre
Sl" 'a l,1ble, tu as aussi oublié d'y racllre
lu potvre, rhuiie i i
fourehett'- vinatgre, les couleaux, les
tl généralemenl tout ce qui pourrait
"üUS Ctiv Hu 11
t'en valser.
Quelle férocilé, bon Dieu! que cel le des marins!
II est arrivé pen après une aulre histoire au
jeune mousse. Le capilaine descend dans I endroil
oil eouehent les malelots. II y a des miasmes
ici. dit-jl, mousse, ouvre la fenêlre!
Le mousse ohéit.
Un instant après, le second arrive.
Qui a ouvéri cetle fenêlre? demande t-il.
Moi. mon lieutenant.
Et pourquoi?
Par ordre du capitaine qui a dit qu'il y avait
z'un miasme ici.
Eh bien! dit le second, ferme la fenêlre, et
qu'on le prenne, ce miasme!
P.S. C'est Georges qui m'a conté cetle histoire;
mais on préleud quelle count dans les almanachs.
Depuis noire depart, le lion Georges s'exerce a
se rendre a liii-niême le lenips le uioins long possi
ble^ il a même iuventé un inoyen assez adroit,
dit-il, pour v parvenir. Ce moyen consisle it chan
ger de gilet sept fois par jour.
Nous avons essavé, ce malia, nos fusils et nos
pistolels: nos detonations ont atliré une foule
d'oiseaux de mer qui voltigeaient aulotir du navi-
re en poussant des cris aigus; Ie -capilaine Burn
en a abntlu plusieurs a coups de pistolet.
Le bruit a elfrayé les dames, qui sont toutes
descendues sous Ie pont, exceplé la femme du
Monsieur aux oiseaux.
Je me suis rappelé I'avoir vue cliez M. et Mme
X... a Talis; nous avons renoué connaissance.
C'est une f. mme très-picuse: Mens blanda in cor-
pore blando.
Aux armes! anx arines! lout Ie monde sur le
pout! branie-lias parlout1 Voici tin pirate!
Un vrai pirate leslé de boiilels, bourré de ca
nons, monté par deux cents forhans, veins d une
facon bizarre, avec des visages bales et des armes
no ires.
Voyez-le venir a nous, cet odieux navire de
forme élégante ii la carène légere et dégagée, qui
bondit sitr les vagues eomine nu requin, el ai bore
a l'un de ses méts un pavilion de toules couleurs.
II arrive, il arrive! la brise se joue follement
dans ses voiles et nous l'amène ii coutrethord.
II laut se battre, enfants, et sebattre hardiment,
a i'abordage, corps a corps, les pistolets ii la main,
le puignard aux dents et la hache au poing.
L'éqtiip^ge se range avec calme sur le pont;
chaciin écoute el regarde dans un profond silence.
Les pirates cbantent en chceur une horrible
chanson, une chanson de sang et de carnage, dont
le vent nous jette le refrain a travers le bruit des
flots:
Vovez a l'horizon,
Surgir comme un fantöme,
Ce brick sans pavilion
Avec sa iungue bautne.
Largue la toile,
Force de voile,
Car il court l'enfer,
Ce rot de la mer.
Grand Dieu! c'est la chanson de ce Capitaine
noir si redoute sur les mers!
II n'y a pas a en rlouier. nous voila cn butte au
capitaine noir. Qui est-ce qui ne ronnait pas le
capitaine noir et son bl iek, sinistre comme un
fanlóme?
Peut-êlre cependant cel audacieux forban n'est-
il autre chose que le fameus corsaire rouge, oil le
pirate Argofen persoune.
Pirate maiidit! te voila déjii dans nos eaux. Que
lout le monde se couclie a plat ventre sur le pont.
pour éviter sa première bordée! Ensiiite avons
cpnliance en notre bon droit. Chacun pour soi
et Dieu pour lous!
Itegardez d'ici le pont du brick de l'enfer; qna-
tre hommes seiilement se montrent et font sem-
blunt de s'oceuper de la manoeuvre; ils portent la
ceinture rouge et le ch.ipeau noir a larges bords.
Quelle horrible vue! le réste de l'ëqtiipagc se
cache probablemenl. enfin de ne pas nouseffrayer.
et de nous surprendre saus defense.
Voici le plus effrayant des pirates qui prend son
porte-voix. Ce doil êlre le capitaine noir en per-
sonne. Bouchons-nous les oreilles pour ne pas en
tendre ce que nous crie sa voix maudite.
Oh! du navire! oh!
Paroles de damné qui nous plongenl dans la
consternation. Quel est l'audacieux qui se eharge-
ra de répondre convenablement a ce terrible capi
taine?
Matons nniis; le temps presse; il ne faut point
irriter eet homme.
Enfin qnelqn'uo se hasardea lui crier ceci:
Oh! du brick! oh! que voulcz-vous?
Les quatre hommes se concei ient. Toujoiu s
quatre hommes sur le pont! Le reste continue sans
doute a se tenir cache! lis délibèrent proba
blemenl ponr savoir s'ils doivent nous couler de
suite ou se borner ii nous prendre vivants, et nous
manger plus lard ii diverses sauces.
La discussion est terininée, et le capitaine noir
reprend son porte-voix.
Oh! du navire! voulez-vous acheler des ci -
gares?
Amèrc dérision! II se moque de nous et ne dai-
gne pas même nous craindre. II nous oiïi e des
cigares, a nous! a des homines qui ne tarderont
pas ii ét re égo r gés!...
Cruelle plaisanterie de forban! Mais peut-ëtre
avons-nous mal enlendu?
Mon Dieu! non. C'est bien véritablement des
cigares qu'il vienl de nous oflYir.
Eh bien! nchelons-lui ses cigares, a cet honime,
ne I'irritons pas.
Voici. en elTet, deux des quatre pirates qui nous
abordent dans un canol. Nous allons done laisser
monter a bord ces niisérabies? Comment! nous ne
ferons pas feu sur eux de Unites nos armes? Nous
ne ferons pas saltier la cerveille du premier qui
osej-a toucher le pout de noire navire? Ne voyez-
vous pas que ces paquets, qui font semblant de
contenir des cigares, renfermenl réellement des
fusées, des serpeiilaiix, du feux grégeois et autres
inventions de l'enfer destiueeS a nous faire santer?
Tl fan! avouer cependant que voila 'quelque cho
se qui ressemble nil pen a des cigares. Prenez
garde qu'ils ne brülent vos lèvres.