I» LA CR0IX D'OR. K<kAN£ 9me année. Nos 931. Morcrcdi 2 Dee&mb. 1874. .45 z z p >- z >- Le Journal parait Ie Mercredi et le Sanicdi. Les insertions coiUent 1 ïi centimes la ligne.Les réclames, dans le corps du journal, se paient 30 centimes la ligne. Un numéio du journal, piis au Bureau, ld centimes. Les numéros supplémentaires comrnandés pour articles, Réclames ou Annonces, coütent 20 Ir. les 100 exemplaires. 1 II li H I S DE FE 1*. LA PERSECUTION ET LE PAPE. S. G. Mgr Lachat, évèqtie de Bale, a été recu récemment, en audience privée par le Sainl-Pére. Lorsque Pie IX a vu entrer dans son cabinet particulier Eillustre corifesseur de la foi, il s'est levé de son siége et s'avan- cant vers lui, les bras ouverts. il l'a pressé sur son cceur. Pendant quelques instants le prisonnier apostoliqne el Pévèque exilé sont ainsi reslés dans celte étreinle de la charité que la coinmunauté des souffrances, les dif- ficoltés d'un même combat rendaient plus cordiale et plus expansive. Puis faisant asseoir Pévèque a son cólé, le Saint-Pére s'est enquis avec le plus vif intérêi de la situation du diocèse de Rale, inlerrogeant Mgr Lachat sur les moindres détails, el cela pendant plus d'une heure. Le Père commun des fidèles a suivi avec une profonde douleur le récil des maux qui affligenl les catholiques du Jura: leurs égli- ses envahies et profanées, leurs curés légili- mes traqués comme des malfaileurs et en- voyés en exil pour laisser toute licence a de malheureux aposlats; ceux-ci imposes a une population qui les abhorre; ceux-la réduilsa pénélrer pendant la nuit et travestis au milten de leurs paroissiens pour leur appor- ter, au risque d'etre surpris el emprisonnés, les secotirs de la religion: Voila les cruel les épreuves que le Saint-Pére a ressenties en lui-mème et qui sonl vennes s'ajouter une fois encore a ses propres amertumes. Sur la demande de Mgr Lachat, Ie Sairi.l- Père a daigné ensuite adtneitre en sa pré- sence des ecclésiasliques du diocèse de Bale qui ont accompagné Sa Grandeur dans sa visite ad limina. «Vous avez a souffrir, mes enfants, leur a dit le Pape, vous souffrez, et nous souffrons tous; mais c'est comme il est écrit: Quos amo perculio, quos amo casliqo. Je frappe et je chatie ceux que j'aime. Vous savez d'ail- leurs que partoul on fail la guerre a l'Eglise. Voyez en Prusse, en Allemagne, et iet; et au Brésil. Oui, tl n'est pas jttsqu'aux Républi- quesde l'Amérique ou l'Eglise ne soit persé- cutée, et dans voire Suisse, dans votre Répti- blique helvétique aussi, il y a la persécution. En Allemagne vous savez mieux que moi ce qui s'y passé; cependant je recois moi-mème chaque jour des leltlres decetle contrée qui m'apporlenl en mème temps le récit de nouvelles tribulations et de nouveaux et magnartimes exemples de constance de la part de ces catholiques. II y a encore la Russie oit l'on vent délruire entiérement la religion calholique. On y va lentement mais sans relache. Quoi d'étonnant d'ailleurs dans lout cela! L'Eglise a loujours été persécutée, et quand on a plus de 80 ans comme moi, on ne s'étonne guére des tribulations de ce monde ni des attaques des méebants. Le Saint-Pére levant alors lesyeuxetles bras au ciel, a ajouté: Dieu aura cerlaine- ment pitié de nous. Omnia in palientiu; puis étendant les mains sur ses visiteurs, il les a bénis, les encourageant a demeurer fermes dans la lutte, et il ne les a pas laissés sorlir sans les inviter a revenir auprès de lui avant leur depart, ne fül-ce qu'a l'heure de sa promenade, pour l'entrelenir encore de la Suisse et des fervents catholiques qui y soutiennent si vaillamment la lutte contre les sectaires. Journal de Florence.) DON CARLOS ET LES CARLISTES. M. F. Du Tetnple. député d'Ille-et-Vilaïne, vieut d'adresser a VUnivers la lettre suivante: li Saini Malo, le 17 Novembre 1874. Monsieur le rédacteur, Je viens de voir don Carlos, une petite partie de son armée et un peu de son peu- ple. Je pourrais ainsi parler des carlistes avec beaucoup d'assurance, mais je pourrai le fai re avec plus d'exactitude que ceux qui n'ont rien vu, et c'est Ie plus grand nombre. Rien de charmant comme ce jeune roi de vingt-sept ans, grand, trés-grand mème, fort élégant, a la tète de ces braves Espagnols qui ne peuverit encore, par manque de ca valerie, par manque de munitions, enlre- prendre de grandes choses, mais dont le cceur suffita tout. Et) compagnie du jeune lord Beaumont, venu avec le major Havil- laud, comme moi, pour le voir, j'ai eu l'hon- neur d'éeouler a Puente de la Ret/nade sa propre bouche, le récil plein de bonne humeur de ce souverain d'unautreage. Done d'une fermeté el d'une lénacilé singulières, il fait bien au milieu de ce peuple navarrais calme et résolu, au milieu de ces villes et villages porlant sur leurs vieilles ntaisons les larges écussons des héros contemporains des Cid et des Cortez. On dit que les carlistes n'avancent pas, c'est vrai; les movens leur manquent; mais nous, que faisons-nous? El les pères de ces hommes nons out fait perdreen Espagne, sous le premier empire. 300,000 hommes de nos meilieures troupes. De plus, la involu tion, veritable poison pour ces peuples pleins de foi, est a la tète de tous les gouverne- ments de I'Europe et hurle autour d'eux. Don Carlos est entré en Espagne avec 18 hommes comptanl Irouver 18 fusils quelque part, lis ne trouvèrent qu'tine baionnelle oubliée. Aujourd'hui il a 80.000 volontaires, dont BO,000 bien armés; volontaires, enten- dcz bien, pen payés. mal vêltts. Le roi pos séde en outre BO canons bien montés. Les tins Wilworth, les aulres Krupp; le plus grand nontbre fondus en Navarre et parfailement exécutés. A l'honneur du gouvernement francais, il y en a sans doute, maisje n'ai vu nulle part d'armes francaises. Le roi est plein de gaieté, sans forfanterie, et, chose extraordinaire, ne parait pas crain- dre M. de Bismark. Devant moi, il a recu avec affection le commandant de ses troupes, un noble vieiilard, Ie maréchal Elio, qui lui parlait avec la plus profonde déférence. II avail prés de lui deux jeunes gensdislingttés, deux Bourbons, les comtes de Bari el de Bardi, I'un son beau-frère. I'autre frére du roi de Naples. Les officiers pleins dezéle pour leur service, paraissent pleins d'aménité entre eux. Les soldats manceuvrent sérieuse- ment avee ensemble et entrain. La discipline est parfaite et le vol inconnu dans la Navar re. Les requisitions se font sans violence et sont accepiées, avec patience et dévouement. Comme tous les hommes sont partis, dans ce pays ou la religion et par conséquent les bonnes mceurs sont en honneur, les jeunes femmcs et les jeunes filles conduisenl sans erairite et gaiement les mules réqtiisitionnées dont on rencontre les longues files stir les ehemins. Les vieiilards font ce qu'ils penvent a la maison el aux champs. La récolte a été bonne, les vivres sonl abundants el a bon comple. Si les carlistes ne vont pas vile, ils vont bien s'organisent et trouvenl. mème le temps de faire revivre une Académie délruile par les libéraux. Dieu est avec eux: ils vain- cront. En finissant, j'éprouve une emotion poi- gnante. Je viens de voir ce qu'un peuple qui a la foi peul faire, et je songe a ce que nous faisons. Catholiques et monarchistes, non libéraux, bien eptendu, qui n'osez soulemr ouverte- mpnt votre religion ni votre roi, envoyez au moms votre obole a ces hommes qui se sont levés la bas a la voix de leur roi et avec le signe du Sacré-Coeur sur la poitrine. lis ne demandent qu'un peu de votre argent, et ils olfrent leur sang pour la grande cause de la religion et de la société. lis seront un jour le rempart contre lequel vous pourrez vous adosser pour résisler a l'ennemi. L'ITALIË SE DÉTRAQUE. L'unité italienne se dissout. Le Nord et Ie Midi sont en lutte ouverle et générale: et ceci n'est pas un propos de cléricul. Jetez les yeux sur le petit tableau suivant, tracé par la Gazetlu d'ItaliaI'un des journaux les plus importants de la consorteria. Au reste, cette feuille avail déja signalé, dés le mois d'Octobre, l'csprit de separatisme qui tra- vaille et agite le royaume de Naples. Guerre aux réijionalislesl s'écrie-t-elle. C'est le nom que l'on donne aux ltaliens qui veulent rompre l'unité. Voici le morceau: C'est en vain qu'on s'illusionne. L'oppo- silion a la vietoire dans les provinces méri- dionaies. Les elements impurs d'une marée de lange sonl remontes a la surtace; on les croyait noyés dans le mépris universel. Dans le Midi, une presse perverse a inlinudé cha que jour, avec un cynisme inouï, les fonc- tionnaires et lescitoyens. Les autorités poh- O ca -< cc O *3 CT; te O co CC Q O O w 02 fig L3 u 02 Kv TT? 33 Pr O -3 O .O G C/2 09 VJ rrj ^-1 V cz. zr H O ct> G O XJl rD H rri v" (T* m 09 C3 9 C/> Lfd m C/2 30 33 I'operingtie- Ypres, 5-13,7-25,9-30,10-58,<2-15,3-05,9-20 Ypres-Poperinghe, 6-50,9-07,12-03,3-57,6 50,8-45,9-50. Po- peririglie-llazebrouck, 7 13, 12-25, 4-17, 7-13. ilazebrpuck-Poperinghe-Ypres, 8-35, 10 -00, 4-10, 8-25. Ypres-Roiders, 7-30, 12-25, 0-45. lioulcrs- Ypres, 9-25, 1-50, 7-50. Kouiers-liruges, 8-45,11-34,1-13, (L. 5 50), 7-30, (9-55. Lichierv.) Lichlerv.-Thourout, 4-23 m. Bruges-Routers, 8-25, 12-50, 5-13, 0-42. Lióhtervelde-Courlrai, 5-25 m. 9 01, 1,30, 5,43 7,21 Zedelgliem Tliourout, 8-40. 1,05, 5,20, 0,58. Ypres-Courlrai, 5-34,9-49,11-18,2-35,3-25. Courlrai-Ypres, 8-08,11-02,2-50,5-4o,8-49. Ypres-Thourout, 7-13, 12 00, 0 20, (le Samedi a 3-50 du matin jusqua Langbemarck). Thouroul- Ypres, 9-00, 1-18, 7-48, (le Samedi a 0-20 du malin de Langbemarck a Ypres). Comines-Wamêlon Le'rouqmu-llouplines-Arwenlières, 6 00, 10,15, 12-00, 6-40,Armenlières-Houplines Le Touquel-War- nêlon-Comities 7-25, 10,50, 4-10, 8 -40. Com i nes- Wnrnéton 8-40, in 9-30 s. Wa rsêlo n - Commas 5-30, 9-50, Courtrai liruges, 8-05, 11-00, 12-35, (L. 5-15), 6-55. (9-00 s. (Lichlerv.)Bruges-Courtrai, 8-25, 12-50, 5-13, 6-42. Bruges, Blankenherghe, Heysl, (Etal) 7-30,9 45,11 04,1,20,2 25,2-50,5 20(exp.) (S 5-50)7-35 (exp.)8-45. (bassin)7-00,7-36, 9-51,11-10,2-31,2-36,3-26(exp.}(S.5-56)7-4l(exp.)8 51.— Heysl, Blankenbergbe, Binges, 5-45,(L. 7-20) 8,30,11-25,1-25,2 45, (exp.)4-10,3-30,(D. 6 15)7-25. Blankenberg, Bruges, 6-10,(L. 7-42)8-55,11-55,1-45,3 05(exp.)4-30,6 00(D. 6-35) 7,007 48. Ingelmnnsler-Deynze-Gand, 5-15,9-41, 2-15. Ingelmunsier-idei/Mcie, 4-50 2''cl., 7-15. Gand-Deymv-lngelmunsler6-58, 11-20, 4-46. Dey nze-Ini/elmunster, 7,31 9-10 2C cl, 11.34 5,19, 8-20 s. Ingelmuns ter-Anseghem, 6-05, 12-10, 6-15. Ansegbem - Inge/munster7-42, 2-20, 7-43. Lichtervelde-Dixrriude Furnes et"Dunkerke, 6-30, 9-08, 1-35,7-35. DizwAerAe-Furnes-Dixmude et Liclitervelde6-43, 11-15, 3-45, 5-05. Dixmude-AYewport,9-55,10,35,2-20,5,10 8-40. Niei)p-Di.»m,(ville)7-40.12-00,4-24,5,b6,9,30,(bains)7,30,H,50,4,l5,5,ö0. Thourout-Oslende, 4-50, 9-15, 12,05, 1-50, 8-05. 10,15Oslende-Thourout, 7-55, 10-10, 12 25, 4,45. 6-15. 9,15. Selzaele-./fee/ou, 9-05, 1-25, 8-23. Eecloo-8e(£ffle1e, 5-35, 10-15,4-22. I Gand-Terneuzen, (station) 8-17, 12-13, 7,25 (porie d Anvcrs) 8- Selzaete-LoAereu, 9 04, 1-30, 8-30. (Ie Merer. 5-10 m.) Loker -30, 12-40. 7-43. Terneuzen-Gand, 6-00, 10-30, 4-40. en Setzaete, 6 00,10-25, 4-45. (Ie Mardi, 9,30.) c O B. B E H B O iv X> A. IV C E S COURTRAI, BRUXKLLKS. Courtrai dép. 6,37 10,53 12,33 3,47 6,33. Bruxelles arr. 9,20 1,35 2,25 6,14 8,38. COURTRAI, TOURNA ILI1.LE. Courtrai dep. 6,37 10,56 2,54 5,34 8,47. Tourtmi arr. 7,28 11,47 3,48 6,29 9,41. Lille a 7,37 12,05 4,00 6,32 9,55. COURTRAI, GANI). Courtrai dép6,42 12,31 3,44 6,40. Gand arr. 8,01 1,31 5,04 7,36. BRUGES, GAND, BRUXELLES. Bruges dép. 6,49 exp. 12,34 3,32 exp. 6,43 8,19 exp. Gand arr. 7,34 1,49 4,42 7,58 Bruxelles 8,50 4,00 5,50 9,31 10,20. BRUXELLES, COURTRAI. Bruxelles dép. 5,22 8,28 12,21 5,33 6,47. Courtrai arr. 8,00 10,40 2,44 7,50 8,44. LILLE, T0URNAICOURTRAI. Lillc dép. 5,20 8,23 11,05 2,18 5,20. Tournai arr. 5,42 8,50 11,34 2,40 5,39. Courlrai 6,34 9.47 12,26 3,38 6,33. GAND, COURTRAI. Gand dép. 5,15 9,38 1,28 4,24 7,2t. Courlrai arr. 6,34 10,51 2,49 5,31 8,42. BRUXELLES, GAND, BRUGES. Bruxelles dép. 8,14 11,33 3,12 5,55. Gand arr. 0,00 9,41 1.23 4,20 exp. 6,37 7,22. Bruges 7,20 10,34 2,38 5,11 7,22 8,38. mirinsQear-^ Suite. Voir le N» précédent. La chose la plus remarquable qui me soil arri- vée durant les quelques heitres que nous sommes regies li Londres. e est le vol de ma montre qui me fut adroitemenl soustraite dans un concerl. par un de ces hommes qui rasent les eau.v de la justice et qui. a Londres, échappent si facilement aux reqttins de la police. Voici ce qu'on m'apprit sur ces liardis coqttins: Les filous de Londres ne sont pos des geus gros siers et insoeiables, comme les stupides voleurs de nos cours d'assises; ce sonl des voleurs de nié- lodrame. Lii, Ie vol est un métier tont comme tin autre, le setil qui puisse convenir a des industi-iels saus capiiatix. !.e volettr anglais n'éprouve pas plus de remolds que certains avocats, certains niareliands, certains banquiers. fripons légaux. n en éprouvenl a sucer le sang de leurs clients ou de leurs pratiques. Le kuitlanger qui vend it faux poids aux pattvres qui mentent de faim esl pent-étre plus coupable, cn bonne morale el en bonne justice, que le vo lettr qui ne s'adresse jamais qu'a ceux qui sont riches ou qui en out lair. El puis ceux qui se laissenl voler pèchent par la prud eoce; car les jottrtiaux qui s'itnpriment sur les bords de la Tamise consacrent. tons les jours, plusiettrs de leurs hautes colonnes au récit des tours d'adresse de ces iugénieux et criminels pres- tidigitateors. Lts voleurs de Londres out leur argot aussi bien que eeux de Paris, mais il est nioins ignoble, moins dégoutant; ee n'est pas un langaga dtir et plat comme un biscuit de nier, c'est une expres sion pittoresque. Dans leur dictionnaire, voler, c'est nettoyer les poches; é'tre pendu, c'est avoir mal a la gorge; assassiner, c'est envover chcrcher le Mcssie des Juifs. Un déporlé, ii Botany-Bey, esl un ton riste. Les voleurs de Londres ne tueut pas, comme la plupart de ceux de Paris; leur politesse est deve- iiue proverbiale. On m'assure qu'ils font des chan sons et des calembours comme M. Viennet, el qu'ils savent, pour la plupart, beaucoiip mieux leur laugue que M. Viennet ne sail la sienne. Celte dernière chose ne doit pas vous parailre bien difTicile. lis oni des manières très-éléganles, savent boxer, monter a cheval et faire des armes, lis ont une grande recherche dans leur uiise. lis ressein- blent, en cela, a presque tous nos modernes che valiers d'indnstrie. lis jouent très-bien au billard et gagnent avec line grace parfaite. Lu formant des parties eiilre eux, ils engagent la galerie a faire des paris, el se laissenl battrc lour a lour, selon que leurs com plices ont parié one plus forte somme. Celte industrie est de celles qui rapporlent les plusjolis revenus. Ces hommes qui trichent au jeu s'ap- pellenl grecs a Londres comme a Paris. Vous voyez bien, nous dit notre cicerone, un journaliste de Londres, ami de Georges, vous voyez bien ce petit jeuue homme qui passe la-bas sur tin beau cheval... Dernièremmt, il entra dans un des cafés de Regent street; il coinmenca par jouer au billard avec le gargon et il (it preuve d'une grande maladresse. Un des siens vinten- suite Ie défier; toils les pnris furent pour celui-ci qui, avee tons, paria pour lui-méme. II arriva jusqu'a la tin de la partie ne faisanl que trés-peu de points. La, il feignil d'etre irrité. se plaignit du peu d'cucouragcment qu'il trouvail parnii les speetateurs, ruit du bleu a sa queue d'nn air inélo. dratnalique, et offril étoiirdintent de parier lui- inêtne une plus forte somme. On s'empressa de cuurrir son pari; mais bientói l'éqiiilibre se réta- blit, les adversaires du jeune voleur palirent... et linirenl par payer, car il gagna la partie. Le soir, les profits sont pariagés entre les ftlous et les recéleurs, industriels pa ten lés. Devenns riches, les voleurs de Londres se ré- forment: ils quittent celte profession pour devenir d honnéles négocianls ou de vertneux rentiers qui condamnent aux galères. devenues jnrés. eeux qui ont été moins adroits et plus prodigues tpi'eux. De tont ceci découle. pour le public, celte mo- ralilé, qu il est trés- dillirilc d'etre honnête saus d'honnêles movens d'existenee; el ponr le legis latuur eette iiulre nioralilé, que c'est inoins des lois pénales que des lois preventives qu'il faul faire. L'estomac et les passions parient souvent plus ha ut que la conscience chez upe foule d'hommes qui, mieux dirigés, protégés, moralises, auraient suivi la route du bien. Rade de Falmouth, a hord de la Maria, 18 Juillet. Tout le monde est rentré a bord. Les ma- rins ont eu beaucoup de peine a s'ai racher it la terre, pour laquelle ils out un amour cosmopolite, qui commence en Europe, se noue aux Antilles et se dénoue dans les mers de I'lnde. Le capitaine fait bisser le pavilion; le pilote motile a Lordnous levous I'anere el nous par- tons de la baie. Le vent du nord gonfle nos voiles et nous pottS- se loin de terrcnous apereevotis a tribord les feux de l.ézaid. De grandes mauves grises volligeiit aiitourdu navire el fouellent la nier de leurs ailes noires avee des cris aigus. 19 Juillet. Nous venous de démancher, c'est-ii-dire de sorlir de la Manche. La nier a tout a fait change de couleur; ii mesu. re que uous uous éloigiions des lerres, elle devient plus claire et plus limpide; la surfaces des eaux esl bleue comme un lae de la Suisse; nous voyons ii tine profondeur de dix pieds flutter des tonlfes d'algues vertes parmi lesquelles se jouent des poissons argentés; a cette profondeur les cou ches d'eau prennent une teinte mélangée de bleu et de verl. oit cependant le vert domine. L'haleiné du vent est douce; le ciel ruisselant. La cóte de France se montre a babord, sous le vent, eomme uii point blanchatre. Comme ton- tes ces imposanles beautés offreiU un sujet grave et religieux a la meditation humaine!.... 22 Juillet. II s'est passé beaucoup de choses ces jours-ci. Notts avons eu assez beau temps pendant la journée du 19; le ciel était serein et la mer tran- quille; peu a peu le vent d'ouest, contraire a noire direction, s'est élevé avec force; la pluie est lombée par torrent el la mer est devetme trés-grosse. Les vagues, blondes et vertes tour a tour, tan- tót hautes comme des inonlagjies. tanlót profondes comme des vallées, uous accablaienl, uous inon daieul, et faisaient crier noire pauvrc navire, F. DU TEMPLE. sifiler nos coidages, courbei' nos mais et nos vergues. Notre trois-mats souffi'ail beaucoup du roulis; il était asscz difficile (le le gouverner. Les alcyons, que les tnarins consiilèrent comme des oiseaux préciirseurs de la tempête, planaient sur l'ücéan et se posaient sur la cime des uials. Le mauvais temps a dure jusqu'aiijourd'bui. Le capitaine et ses matelots ont loujours gardé leur sang-lroid au milieu du danger, mais les pas sagers étaienl encore plus effrayés qu'a noire pre mière bourrasque; ils faisaient leur possible pour s'encourager el se rassurer les uns les aulres. Les plus hardis pariaieivl de démarrer la chaloupe el de la meltre a ta mer pour regagner Falmouth, que nous avious laissé déjii loin derrière nous. Fe capitaine Born se vil même dans la nécessité de recourir a des movens de violence pour les em- pècher de réatiser leur dessein. Fes Alleinands s'arraeliaient les cbeveux et criaienl en langue tudesque. Les autres passagers s'agenouillaient sur le pont; mais les eoups de uier, qui embarquaient avec force, les mouillaieul jusqii'aux os, et les contrai- gnaien! bientót de se rcfugier dans l'entre-pont. Le capitaine, qui méditaii déji» un moyen de les séquestrer, ordonna de suite de fermer les pan- neaux sur leurs lêles pour les empêcher de remon- ter. Au milieu de l'obscuriié profonde oii ils étaient piongés, ils secroyaiyiU perdus a chaque coup de tanguge du navire. Ou les enteiidait criailler, prier Dieu, et se confesstr entre eux, tous en même temps. A COXTI.NLEK.

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1874 | | pagina 1