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LA CROIX D'OR.
Mercredi 9 Décemb. 1874.
9me an nee.
Nns 933.
c u 15 hk i ar s d e f f 11.
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Le Journal parail le Mercredi et le Samedi. Les insertions content IS centimes
la ligne.-
Les réclames, dans le corps du journal, se paient 30 centimes la ligne.Un numéro du journal, pris au Bureau, 15 centimes.
Les numéros supplériienlaires commandos pour articles, Réclames on Annonces, coütent 20 IV. les 100 exemplaires.
FËCONDITÉ DE L'ÉGLISE,
SES DÉVOUEMENTS ADMIRABLEES
On accuse parfois I'Eglise denourrirdes
ambitions lerrestres et davoir perdu I'esprit
de son divin fondateur; on la reprcsente
comme ayant oublié la charilé évangélique
des premiers siècles, alors qu'elle travaillait
a la conversion du monde paien. Qu'on
ouvre les Annates de la Propagation de la
Foi, et Ton verra s'épanouir la séve abon-
danle qui circule toujours dans le corps
mystique de l'-Epouse de Jésus Chrisl!
La dernicre livraison de cel te intéressante
publication conslale en effet, que, durant le
cours de cclle année, la Congregation des
Lazarisies a envoyé au.x Missions élrangères
cimpiante-six de ses membres.
Le 5 Juillet, douze missionnaires de la
Congregation des missions élrangères (de
Paris), se sont embarqués pour la Cochin
ch me el Ic Cainboge.
Le 19 Juillet, douze aulres missionnaires
de la mème Congregation son I partis pour
li Malaisie, la Mandcbotirie, la Chine, le
Tong King el I'llindouslan.
Le 2 Aoüi suivant, encore Ireize mission
naires de la mème Congregaiion partaienl
pour la Clone. Enfin, qualre missionnaires
drs Ublals de .Marie el six Péres Dommicains
sunt aussi parlis pour des destmalions <iiHe-
rentes.
Voila cent missionnaires dont on signale
1c depart dans un scul numéro des Annates!
Et Ton dira que I'Eglise est morte!... Que
Ton compare cede féconddé a la stérilité des
missions prolestantes ot atix départs des mis
sionnaires mariés de I'anglicanisme qui, sous
la protection puissantc du pavilion anglais,
vont debitor des Bibles et de l'opium cgalc-
menl frelatés!
UN GRAND EXEMPLE ET UNE BELLE
LECON.
A I'occasion du jour d'actions dc graces
aux Elals-Unis.a étó publiée la proclamation
suivante qui fixe, suivant I'usage annuel, la
date de celle fete nationale et religieus?.
Transcrivons ici cc document qui lionore
un people. C'est tin prolesiant qui parle,
dans un pays en grande parlie protestant.
Son langage élevé sera la lecon des peuples
ei des gouvernements catholiques, ou pré-
domine trop le lache respect humain, quand
ce n'esl pas Ie fanatisme de la separation du
lemporel et du spiriiuel.
Voici cclle proclamation:
Le changement de saison nous rappelle
qu'il est tempsde suspendre nos occupations
quotidiennes pour olf'rir nos remerciments
an Dieu tout-puissant des graces et de Pahon-
dancede l'année qui approclie de sa fin.
Les bienfails d'un gouvernement 1 ilire
continuent a nous èlre accordés; la terre a
répondu au travail du cultivaleur; le pays
a éle exempt de peste; l'ordre intérieur est
maintenu et la paix avec les puissances
élrangères a prévalu. II convient qu'a des
périodes déterminées nous cessions nos
Iravaux habitnels el I'agitation de noire
existence de cliaque jour, pour offrir en
connnun nos remerciments des bénédiclions
du passé el pour culli ver de bons sentiments
les uns envers les aulres.
En consequence, reconnaissant ces consi
derations, moi, Ulysse S. Grant, president
des Etats Un is, je recoin uiaiido a lous les
citoyens de s'assembler dans leurs lieux
respeclifs de culte le Jeudi 26 Novcmbrc
prochain, et d'exprimcr lours remerciments
pour la grace et la faveur du Dieu loul-puis-
sant, et, metianl de cóté toutes disputes
politiques et toutes Occupations séciilières,
observer ce jour comme un jour d'actions de
graces.
Et foi de quoi elc.
UN CAS DE CONSCIENCE.
Plusicurs fois déja les catholiques alle-
mandss'élaienl demandè s'ils est permis a un
fonclionnaire ou a un magistral deconcourir
a Eapplication des lois de Mai. Mgr Conrad
Martin, le savant cvéqiie de Paderborn,
actiiellnnenl en prison, avait émis l'opinion
que, tlans certains cas, un catholique poti-
vait concourir a l'exécution de cette loi.
Cede opinion a été condamnée a Rome et
vient d'etre expressément rélractée par Mgr
Martin. II est clair que ce sera le devoir des
magistrals et fonctionnaires catholiques do
refuser leur concours, quand on le leur
demandera, pour appliquer des lois injustes
et condanuiées par I'Eglise. Si la loi iniste,
ils devront doniier leur demission, qtielque
périible que puisse ètre le sacrifice. Un géné-
reux exemple de ce genre vient d'etre donné
par Ic baron de Thimtis, dépulé de la
fraction du Centre, qui vient de résigner
ses functions dc conseiller a la cour d'appei
de Cologne. II étail deptiis trente ans dans la
magistralure; et l'on n'a pas jugé a propos,
a Berlin, de lui conférer a celle occasion la
irioindre distinction bonorifiqtie. On n accep-
tc sa demission, purement et simplcmenl.
A BAS LE DUEL.
Les jotirnaux catholiques s'occupenl beau-
coup ct ils ont raison du duel sanglant
qui vient d'avoir lieu enire les capilaines
Crousse et Lahure et ils se plaignent
toujours avec raison de la violation per
manente de la loi probibant le duel. Dc
deux choses l'une: ou la loi doit ètre obser-
vée, ou il faut l'abroger. Mille fois vaudrait
miciix celle abrogation que le mépris con-
slant dont la loi est l'objot.
II parait que, dans la circonstance qui nous
occupe, les condilions du duel élaienl d'une
veritable sauvageric; Le combat, d t VF-
Idle, devait avoir lieu au sabre. Tout étail
j) permis coups de lèle. de pointe et de
«"taille. Unesetile réserve avail élé adinisc
entre les témoins: on tie devait pas trapper
l'adversaire désarmé.
Ou cescandale cessera, ou a I'occasion de
la discussion de son budget, M. Ie ministre
de la guerre sera vigoureusemenl interpellé
ei la question sera posée en ces tormes: Rejct
de l'art. 1, fivant le traitemenl du ministre;
ou respect de la loi probibant Ie duel. Plu.
sieurs députés de la droite ont résolu, nous
dil-on, de faire tine proposition dans ce sens.
Patrie
DEUX POIDS ET DEUX MESURES.
Les journaux el pamphlets doctrinaires dc
Bruges sorit extrèment laconiqucsen presen
ce dc la discussion qui a eu lieu au Conseil
communal relativeincnt aux placements de
fonds fails par le Bureau de bienfaisance
chez MM. Dujardin.
Ces partisans a lout erin du libre examen
el do la luinière résument lesdébalsde lelie
facon que le plus clairvoyant n'y voit goutle.
Ils n'enlendeni pas que l'on disc publiqre-
ment la vérité au sujet des placements illé-
gaux de fonds apparienanl a des élablisse-
nienls charitables ou des détournemeiils de
fonds dans la perception de la laxc des bas-
tringues.
Ce bon M. Boyaval! Quel cccur d'or! N'est-
ce pas le plus compalissaiil des hommes?
II ne faut pas elïrayer, dit-il, des personnes
qui s'acquittent gratuitement et volontaire-
ment d'une charge parfois assez pénible...
J'éprouverais un sentiment de repulsion si
on voulait rendre responsables les membres
du Bureau de bienfaisance. Voila ce que
disait le 28 Novembre ce bourgmestre plein
de mansuétude, mais lisons son écrit du 11
du mème mois adressè aux fabriques d'égli-
se:
Bruges 11 Novembre 1874.
Messieurs,
En suite d'une interpellation faite par un
membre du conseil le 17 Octobre dernier ct
sur laquellc le conseil tout entier s'est mon-
tré d'accord, nous avons l'honneur dc vous
recommander de no point déposer de fonds
chez des particuliers, banquiers ou aulres.
A cette occasion nouscroyons devoir vous
rappeler la lettrc que nous avons adressce
sous la date du 11 Mai 1861, numéro en
marge, en suite de la circulaire de M. le
gouverneur de la province du 21 Avril de
la mème année, n° 51494, insérée au Memo
rial administralifpage 602.
Dans celle circulaire sont rappelées les
instructions données par ce haut fonclion
naire par ces circulaires du 4 Novembre
1847, Mém. adm. page 190, et 2 Seplembre
1858, Mém. adm. page 1261, pour le
placement en rentes sur l'Etat des capi-
iaux dispombles des établissements publics.
Vous voudrez bien vous pénélrer, MM., de
ces instructions et ne pas perdre de vueque
la loi du 21 Aoül 1816, mainlentie par l'art.
25 de celle du 21 Mai 1824, defend de placer
dcscapitaux en fonds ou emprunts étrangers.
IS in fraction d cette defense engagerait la
responsa/'i/ilé personnelle des membres dc
l'établissement intéressé.
Les bourgmeslres el éehevins
Par ordonnance: J. Boyavai,.
Le secrétaire,
Tiioonis.
Ainsi done les fabriciens d'une église
engagent leur responsabililé personnelle en
faisant des placements en violation de la
loi; mais des membres du bureau dc bien
faisance, les rendro responsables! Fi done!
arriérc, gens sans enirailles! II ne faut pas
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Poperinghe- Yprcs, 5-15,7-29,9-30,10-88,2-13,8-08,9-20. Ypres-Poperinghe, 0-50,9-07,12-05,3-57,6 50,8-45,9-50. Po-
peringlie-Ilazebrouck, 7 13, 12-25, 4-17, 713. Hazebrouck-Poperinghe-Yprcs, 8-38, 10 00, 4-10, 8-28.
Ypres-Routers, 7-50, 12-25, 6-45. Kuulers- Yprcs, 9-25, 1-50, 7-50.
Koulers-Z7f«g,es, 8-45,11-34,1-13, (L. 5 86), 7-36, (9-55. Lichterv.) Lichterv.-Tlwuroitl, 4-25 111. - Bruges-Haulers, 8-25,
12-50, 5-13, 6-42. Lichlervelile-Courtrai, 5-28 m. 9 01, 1,30, 5,45 7,21 Zedelghem Thourout8 40. 1,05, 5,26, 0,58.
Ypres-Courlrai, 5-34,9-49,11-fS,2-35,5-25. Courtrai-Ypres, 8-08,11-02,2-56,5-40,8 49.
Ypres-Thourout, 7-13, 12 06, 6 20, (le Samedi a 5-50 du matin jusqu'a Langbemarek). Tliouroul-Ypres, 9-00, 1-18, 7-48,
(le Samedi a 6-20 du matin de Langbemarek a Ypres).
Comines-Warnêton Le Touquet-Houplines-Amercto'dm, 6-00, 10,15,12-00, 6-40,Armenlières-Houplines Le Touquel-War-
ntion-Comines 7 -25, 10,50, 4-10, 8-40. Comines- Warnêton 8-40, m. 9-30 s. Warnêton-Comities 5-30, 9 50,
Courtrai-Br ages, 8-08, 11-00, 12-38, (L. 8-15), 6-55. (9-00 s. (Lichterv.)Bruges-ConnUvu, 8-28, 12-50, 5-13, 6-42.
Bruges, Blankenberghe, Heyst, (Elat) 7-30,9-45,11-04,1,20,2 25,2-50,8 20(exp.) (S 5-50)7-35 (<*xii )8-49. - (bassin)7 00,7-36,
9-51,11-10,2-31,2-56,5-26(exp.)(S.8-56)7-41 (exp.)8-51Heyst, Blankenberghe, Binges, 5-48,(L. 7-20) 8.30,11-28,1 25,2 45,
(exp.)4-10,5-30,(D. 6-18)7-28. Blankenberg, Bruges, 6-10,(L. 7-42)8-55,11 85,1-48,3 05(exp.)4-30,0 00(1). 6 35) 7,007 48
lngelmunster-Deynze-GYtMrf, 5-15, 9-41, 2-15. Ingolmurister-/%wse, 4-50 2' cl., 7-18. (jaiid-L)eyn/.e-V/»pe//«(t«»te/", 6-8»,
11-20, 4-46. DeyrizeIngelmunster, 7,31 9-10 2° cl, 11,54 5,19, 8-20 s.
Ingelmunster-.dnsc.yh.cm, 6-05, 12-10, 6-15. Ansegliem-Ingelmunster, 7-42, 2-20, 7-48.
Lichtervelde-Dixiriude-Furnes et Dunkerke6-30, 9-08, 1-38, 7-85. DtzwfcerAe-Furnes-Dixmude el Lichtervelde, 6-45, 11 15,
3-45, 5-05.
Dixmude-Ariet<por<,9-55,10,38,2-20,5,10 8-40. Nieup-Diaw»,(ville)7-40,12-00,4-24,5,56,9,30,(hain«)7,30,11,50,4,15,5,50.
Thourout-Ostende, 4-50, 9-15, 12,05, 1-50, 8-05. 10,15Ostende-Tliouroul7-55, 10-10, 12 28, 4,4b. 6-15. 9,15.
Sclzaete Eecloo, 9-05, 1-25, 8-28. Eecloo-S'etoiete, 5-35, 10-15, 4-22.
Gand-Terneuzen, (station) 8-17, 12-15. 7.25 (porte d'Anvors) 8-30, 12-40. 7-45. lerneuzon-Gnnui, 6-00, 10-30, 4-40.
Selzaete-Lokeren, 9 04, 1-30, 8 30. (le Merer. 5-10 m.) Lokeren--Sclsaete, 6 00, 10-25, 4 45. (le Mardi, 9,30.)
COHBB8POWDAWCES.
COURTRAI, BRUXELLES.
Courtrai dép. 6,37 10,53 1'2,33 3,47 6,35.
Bruxelles arr. 9,20 1,35 2,25 6,14 8,88.
COURTRAI, T0ÜRNA1, LILLE.
Courtrai dép. 6,37 10,86 2,54 5,34 8,47.
Tournui arr. 7,28 It,47 3,48 6,29 9,41.
Lille 7,37 12,05 4,00 6,32 9,55.
BnUXEI.I.ES, COURTRAI.
Bruxelles dép.
Courlrai arr.
5,22
8,00
8,28
10,40
12,21
2,44
5,35
7,56
6,47.
8,44.
COURTRAI, GAND.
Courtrai dép. 6,42 12,31
G.uid arr. 8,01 1,51
BnUGES, GANG, BRUXELLES.
3,44
5,04
6,40.
7,56.
LILLE, TOIJRNAICOURTRAI.
Lille dép. 8,20 8,25 11,08 2,18 8,20.
Tonrnai arr. 5,42 8,86 11,34 2,40 5,39.
Courlrai 6,34 9.47 12,26 3,38 6,33.
GAND, COURTRAI.
Gand dep. 5,18 9,38 1,28 4,24 7,21.
Courlrai ore. 0,34 10,51 2,49 5,31 8,42.
BRUXELLES, GAND, BRUGES.
Bruges dép. 6,49 exp. 12,34 3,5*2 exp. 6,43 8,19 exp.
Gand arr. 7,34 1,49 4,4*2 7,58
Bruxelles 8,50 4,00 5,50 9,31 10,26.
Bruxelles dép.
Gand arr.
Bruges
6,00
7,20
8.14
9,41
10,34
11,83
1.23
2,38
3,12
4,26 exp. 6,37
5,11 7,2*2
5,55.
7,22.
8,38.
Suite. Voir le N° précédent.
Encore un mot sur noire capilaine:
La nalure lui a doiine un pel it organe fli'ilé,
pen convcnable pour un marin dont la voix doit
couvrir cclle des elements; a force delude et
d'excrcice, il est parvenu a s'en crécr line seconde
d'un timbre susceptible d'elTrayer les pelits enfants
au-dessons deseptans.
Jc snp|iosc ipie, pour obtenir cc résullal, il se
sera cxercé, comme Démoslhènes, a mdelier des
cnilloux en commandant la manoeuvre.
I.c fait est qu'il a maihlcnanl deux voix bien
dislincles.
La première lui sert a causer fainilièreinent a
table on ailleurs avec les dames, les passagcrs, et
(jcncraleiurut avec ses amis el eonnaissances. C'est
aussi avec cclle-lii qu'il eliaule ses romances, en
s accompaguunl de la guilarc.
Quand on le prie de chanter le Klephte on I'in-
vocation de Robert: Nonues. qui repose/,, c'est
a sa seconde voix qu'il a recours, c'est de la mêuic
voix qui cominande le quart et la manoeuvre.
Elje est encore pour lui la source d'une foule
d amusements qui lui servenl a charner les ennuis
do la Iraversce.
Ainsi if i)L. se passe point du jour que ses eclats
nmnodëiés no plongenl dans t'epouvauic les male-
lots ut |iarticulièmnen( Ic mousse.
De eetle mauière. le capilaine est peul ètre
riiouiine qui s'amuse le plus il bord.
liirr inalin, les homilies qui devaient relever le
quart tardaient a monter sur le pool; le capilaine
est arrivé el s'est eerie avec sa voix nc 2:
Allons, enfants, les pulles en bas. la lèle en
I'air! allons, babordais, tribordais, an ijoart!
Les matelots arrivenl précipitammenl. se glis-
sent le long des baslingages et des plals-boi (L; ils
commenccnl par jaser, allumenl leurs pipes el se
racontent des histoires.
Au bout d'un certain temps, on s'aperijoit qu'iiii
des matelots manque il son poule
Le capilaine appelle le maitre d'éipiipagc et lui
ordonne d'aller chercher le relardataire.
L'est bon. lépond le inailre. jr me charge de
lui tracer un pen son sillage; laissez moi seuleinent
gouverner el mcltre ma harre au vent.
II descend sans bruit el trouve le coupable en.
dornii dans son hamac.
Vous savez qu'un hamac est un lit de toile, re-
tenu a ehaque hout par des cordes attachées au
planeher.
I.c inailre coupa les cordes, et le hamac tomba
avec le dornieur au milieu de l'enlre-pont.
Le matelot s'éveilla hrusqiiemrnl. et jura, par la
poope et la caréne. qu'il s'était cogné le coude
contre des poulies; après quoi, il ajouta sériense-
ment:
S'il v avait eu des caliornes dans le cie'
pour me haler, je ne serais pas loinhé.
Quand le maitre et le matelot relaadataire fu-
rent monies sur le pont el rendus a leur poste, le
capilaine s'écria, toujours avec la voix u° 2:
Tiinonier, la barre au venl!plein les voiles,
liinonier, plein!
Puis il disparut le long du rouf, en fredonnant
avec la voix n° 1:
J'irai revoir ma Normandie,
C'est le pays qui m a douné le jour.
I' Aoilt.
Nous n'avons pas encore fail quatre cents lieue»
depuis nolre déjiart du Havre.
Depuis un niois que nous sommes parlis, iioui
avons élé conslammcnt contraries par le man va is
trinps, les vents contraires ou les calrnes. II ne
sesl presque pas passé de jour que nous n ayons
eu des avaries a réparer.
II n'y a l ien de nouveau a bord depuis quelque
temps. Toul le monde est aguerri conlre le mal de
nier, exceplé M. de ilolteiilerre, et le jeune enfant,
dont la muludie s'aggrave de jour en jour.
3 Aout.
Ce matin, le venl était frais, le soleil ruisselant
de luinière, la uier calme rt bleue. Jelaisau gou-
vernail; ce qui m'arrive quelquefois, car je
commence quelque peu a apprendre le métier de
marin.
Les hommes du quart de six heures du matin
venaient de monter sur le pont.
Après avoir bil le petit verre d'euu de-vie que le
capilaine ik nranipie pas de leur douner, ehaque
matiiiils se mirciit en devoir de laver le pont.
En piiisant de l'eau dans la nier avec nn seau,
nu matelot, jeune homilie de viugl ans environ,
ayanl mal pris son élan, s.niia par-dessus les bas.
tmgage el disparut entre deux lames. Le voyant
lumber, je in'cmprcssai de inetlre la harre au vent,
maiioeuvie qui avail pour but de faire incliner le
navire ii tribord alin qu'il ne passat pas sur le
corps du pauvrc matelot
Timonicr, la barre au vent! cria le cupitaine,
qui était monté tout ii coup sur le pont ti ce cri
siuislre: Lu liomine a la nier!
Et le capilaine ajouta:
Le canot! le canot! et la bouée de sauvclage!
Les matelots s'empressèreiil d'exécuter ces ma
noeuvres, taiidis que,'de inon cóté, je gouvernais
de facoji a éloigner le navire le inoius possible du
jeune matelot. Celui-ci nageait bravement,
quoiqu'il fut lout habillé. Chose elonuaiite! la plu
part des matelots ne savent pas nager.
La nier n'était point funeuse, il fut aisé de le
repêcher.
Tout cela avait duré quelques minutes, après
lesquelles les matelots elIccanot renlrèrent ii bord.
Le matelot auquel 1'accident était arrivé, monla en
riant il hord el se secona sur le pont comme un
caniehe.
Les passagers s'informèrent avec le plus tou-
chant inlérét de l'état du noyé, noiu qui lui
i'usta; après qnoi le capilaine, remisdesa paniquu^
me vinl félieiter pour la presence d'espril que,
selon lui, j'avais inanifestée en cette occasion.
Ccux qui ont la moiiidrc nolion sur la molière,
verront comhien je mérilais peu ees éloges, ri'ayant
fait que la chose la plus simple du monde.
Ces sortes d'aceidenls arrivent quelquefois h la
mer. Quand le temps est trop mauvais pour
inettrc un canot a la mer ct que le malheureux
qui est tombé (lans le gouffrc ne peut saisir la
bouée de sauvelage. il est perdu.
Le capilaine écrit alors sur son livre de quart
qu'en passant par tel endroit, h lelie heure, tel
jour on telle unit, un homme est tombé a la mer
et qu'on n'a pu le sanver. El tont est dit. Voila un
homme de moins; la mer s'est refermée sur lui.
Hélas! qu'il s'abatle sur terre ou sur mer, lepau-
vre u'a-t-il pas toujours le mêine sort?Est-ce pour
lui que se tressent les couronnes d'immortelles? La
fosse commune, voila son dernier asile. On cher-
cherait aussi vainemcnl la place oü git un pauvre
dans un cimetière que sur les flols la trace d'un
matelot englouti. Dans les pays non vraiment
catholiques, il n'y a pasdejoie, il n'y a pas d'in-
struction, il n'y a pas de honheur, il n'y a pas de
tombe pour ceux qui ne possèdent pas!... Aux
vrais chréliens, celle vérité douloureuse n'a pas
échappé.
A CONTINUER.