I m LA CROIX D'OR. ft <^5t.lw£"/y^ K&ANC Mercredi IC Décemb. 1874. 9me année. Nos 935. ii Mfevéé mMöBm Q gj^i: -n z Le Journal parait Ie Mercredi el le Samedi. Les insertions coütenl IS centimes la ligne.Les réclames, dans le corps du journal, se paient 30 centimes la ligne.Un numéro du journal, pris au Bureau, 15 centimes. Les numéros supplémenlaires commandés pour articles, Réclames on Annonces, content 20 fr. les 100 exemplaires. C II E WE E E K. AYIS. Les persotmes qui prendront un ABONNEMENT D UN AN pour 1875 recevront notrc journal gratis jusquau premier Janvier prochain. L'IMMACULÉE CONCEPTION ET L'INFAILLIBILITÉ DU PAPE. La definition dogmatique dc ces deux croyances tie l'Eglise universellc marque le pontifical de Pie IX d'un caractére de force, de grandeur et de majeslé incomparables, el nous sommes convaincus que, dans lel plan de la Providence, les vicissitudes qui out aecompagné ce pontTicat sonl. comme des ombres destinées a lui douner plus d'é- clal. Dien se sert de la tnéchanceté des hom mes pour faire ressortir davanlage les pro- diges de sa misèricorde, et le soin qu'il prend de nos destinées immortelles. Les deux dogmes de rimmaculée-Concep- tion el de rinfaillibllilé pontificale proclatnés, le premier, le 8 Décembre 1854, le second le 18 Juillet 1870, sont liés l'un a l'aulrc divinenieiil et atissi, qo'on nous permeltc de le dire, politiquement. Divincment Ia definition do dogme do ritnmaculée Conception a attiré des graces singulières sur la personne do Pic IX dans lequcl vit l'apótre Pierre: c'est Ie sentiment dc PEglise qu'exprimait tiés-noblement le 30 Juin dernier, a l'occasion du 29c ju hi Ié de Sa Sainlelé, au nom de lous les chefs d'ordres rcligieux, le R. P. abbé général des moines de Citeaux, dans une adresse restée inédite. Aprés avoir parlé du prodige du denier de St Pierre, dn prodige de la longévité du Pape, du prodige de Pun ion de l'épiscopal au Sainl-Siége pour les droits duquel les évèques soulfrent la spoliation, l'exil, la cap- livité el-des perséculions égales au manly re, Padresse disnit: All! oui, Sainl-Père: omnia habemus per Murium. Marie Immaculée vous a ramené hetireu- sement sur votre Iróne; Marie vous a reliré sain et sauf du désaslre de sainte Agnés; Marie vous defend dans la lulte que soulient l'Eglise qu'elle veul purifier; Marie est la dé- positaire de nos es pé ran ces pour le triomphe de la paix et de la justice; Marie, qui est ter rible comme une phalange invincible au milieu des combats, obtiendra que les Absa- lons el les Acbilophefs dressés conlre la len- dressedu Pére el la magnanimité du monar- que, soient humiliés el frappés par la colére du Seigneur; mais nous ne cesserons de prier les apólres Pierre et Paul pour leur conversion. Oui, Saint Pére, en ce jour de joie uni- verselle, nouspotivons dire dans Pexpansion de noire coeur, et nous devons graver en lettres d'or ces paroles, que dans la longue suite du ponlificat roniain inter lotlantusqiie ponlific.cs usque adhuc non surrexil lonyce- vior l'io IX Pontifice oplimo maxima, afin que les généraiions piésentes runnoncent aux générations futures. El le Pape rcpondil: «Vous avez trés bien parlé, encore que vous ayez exagéré cc qui regarde ma per sonne. Divinemenl ledosme de ITmmaculée Con- ceplion a, pour ainsi dire, engendré le dog mede rinfaillibilité pa pa le; el divinement ce second dogme, comme le premier, avail élé préparé par les siécles el élait devcnu la né- cessité rigoureuse du siècle présent. Politiquement l'Eglise avail bosoin d'etre épurée ei d'etre préservée dans ses membres des atlemies de l'Esprit du mal pérsonnifié dans la sccte, et la Vietge Marie exaliée par Pie IX,dans la definition de rimmaculée Con ception, pourvoit a ce besoin et fail servir les scandales, les révoltes, les apostasies, les perséculions, a la résipiscence des tins, a l'épuration des a ut res, a la séparation com pléte des deux camps du Christ et de Satan. Politiquement le dogmede ITofaillibilité papale pourvoit a la situation nouvelle que le monde entend faire au Vicaire de Jésus- Christ. Expliquons-tious: les royautés el les Pouvoirs civils modernes ont déclaré soit de mauvaise foi, soit par erreur, que la défini- lion dogmalique de la croyance universelle et dix-neuf fois séculaire de l'Eglise dans l'lnfaillibilité du Ponlife rotnain, constituait une ambition nou velle et une menace directe au détriment de la civilisation, du progrés el de l'autorité des Elats. On pourrait voir dans cette calomnie au- jourd'hui accréditoe parmi les Elats une dé- claration d'impuissance. Les monarchies et les rcpubliques moder nes ont pour ellcs la force inatérielle en la- quclleseule cl les alfcclcnt de croire. A l'aide de ccllc force, elles ont délróné le Pape, spolié l'Eglise, perséculé l'épiscopal, et cour- bé les populations chrétiennes sons le jong de la tyrannic insupportable qu'on a décoré du nom de liberie. Que craignenl-elles? 15 Aoüt. Le Ponlife est abandonné. Peua pen tou- tes les puissances se retireni, et les organcs de la revolution officiellect avancée n'alien- dent, disent-ils, que ia mort de Pie IX pour achever ce qui reste du calltolicismc el de la Papaulé. Or, en présencc de cette vaste conjuration des pouvoirs civils devenus les instruments de la secte anti-chrétienne, Dieu a du pour- voir au salul des nations qu'il a données en hérilage a son Fils, et dont il a confté la garde au Vicaire de son Fils. II a snscilé dans l'Eglise ce mouvement sublime qui a produit les deux définitions dogmaliqnes. Par Marie Immaculée Dieu a accordé a ces nations un surcroil de protection; par l'ln faillibilité pontificale il les a forlifiées conlre les tyrannies modernes de Terreur et de l'a- poslasie. Nous ne savons ce que deviendront les monarchies, si elles conlinueront a vivre ou si elles seront, soil pour un temps soit défini- livement, emportées pour faire place a un César universal, a l'Antechrist. Dieu seul connait les témps qu'il a marqués pour l'ac- complissement de sa parole. Mais de deux choses l'une, ou les monar chies survivrotil a la lempéle que leur fai- blcsse ou leur iniquité ont déchainée, ou elles passeront. Dans Ie premier cas, elles devront se sou- mettre vololairement au Vicaire de Jésus- Clirist, Boi des rois, et lui demander comme autrefois la consécration de leur aulorilé. Dans le second cas, ellcs subiront Ic sort qu'ellesont mérité, et il y aura des l'ouvoirs qtielconqties qui senlironl la nécessité dc s'appuyer sur la vérilé pour èlre reconnus et respeclés par les nations. Ces nations sont au Christ: tl est mort pour elles sur la Croix, et il ne permellra pas qu'on les lui vole. Par son Esprit il inspirera a son Vicaire, en ma- tière do foi et de morale, les enseignemenls dont les Pouvoirs et les nations auront be soin el ces enseignemenls seront recus avec la soumission due a l'lnfaillibilité pontilicalc. On rcconnaitra alors que la nuit que nous traversons a élé permise pour donner plus de splendeur au jour nouveau Le Iccteur nous pardonnera ces réflexions: elles nous oni paru opportunesan lendcmain d'une fcle dont nous eclebrons le XXP anni- versaire. (Journal de Florence.) ÉTATS DE L ÉGLISE. Qunnd, il y a qualre ans, les cinq provin- ces de Rome, de Civita-Vecehia, de Frosino- ne et de Velletri, qni formaient alors encore les Elats de l'Eglise, furent annexées a l'lfa- lie-une, et que les nouveaux dominatcurs parurent a Rome, ccux-ci n'etirent rien de plus pressé, ricn de plus grave a annonccr par les organes de leur presse, que d'assurer que le gouvernement des prèlres ne s'était jamais occnpé du bien-ètre maléciel de ceux qui appurtenaient aux Elals pontificaux, et que les Papos n'avaient jamais non plus témoigné la moindre sollicitude pour la san- lé de leurs stijets. C'est pourquoi ils n'avaient en aucune circonstance, pris la moindre mesure pour proléger Rome et ses environs conlre la malaria. Ils eurent méine l'outre- cuidance de prctendre que Rome avait, dans l'antiquité, joui du climat le plus sain et le ui O ca -< Cf) X O *3 csj co O O O -rr^ U •_- -O TJ po VI •JC O 22 *0 20 •H 20 ro Ti •H r3 20 O CAI CJC O O pi 22 •H feS m 73 Poperinghe- Ypres, 5-15,7-25,9-30,10-58,2-13,5-05,9-20. Ypres-Poperinghe, 0-00,9-07,12-03,3-57,6 50,8-43,9-50: Po- peringhe-Hazebrouck, 7 13, 12-25, 4 17, 7-13. Hazebrouck-Poperinghe-Ypres, 8-35, 10-00, 4 10, 8-20. Y pi'es-Roulers, 7-50, 12-25, 0-43. Kuulers- Ypres, 9-20, 1-30, 7-50. Rooiers-Urugcs, 8-45,11-34,1-13, (L. 5 50], 7-30, (0-35. Lichterv.) Lichtprv 77mimm(,-4-as-m. Bni-wa Konfof*,-8-25, 12-30, 5-13, 0-42. Licfitervelde-Courtrai, 3-23 m. 9 01, 1,30, 5,45 7,21 Zedelghem Thouroul, 8 40. 1,03, 5,20, 0,58. Ypres-Courtrai, 5-34.9-49,11-18,2-33,5-25. Courtrai-Ypres, 8-08,11-02,2-30,3-40,8 49. Ypres- Thouroul, 7-13, 12 06, 6 20, (le Samedi a 5-30 du matin jusqu'a Langhemarck), Thouroul- Ypres, 9 00, 1 18, 7 48, (le Samedi a 0-20 du matin de Langhemarctt a Ypres). Comines-Warnêton Le Touquet-Houplines-.Ametóères, 0 00, 10,15,12-00, 6-40,Armentières-Houplines Le Touquel-YVar- nêton-Comines 7 -23, 10,30, 4-10, 8 -40. Coinines- Warnêton 8-40, m 9-30 s. Warnêton-C'omiwe.s' 5-30, 0 30, Courtrai Bruges, 8-03, 11-00, 12-33, (L. 5-13), 6-55. (9-00 s. (Lichiérv.)— Bruges-CWrtmt, 8-23, 12-30, 5-13, 6-42. Bruges, Blankenberghe, Ileyst, (Etat) 7-30,9 45,11 04,1,20,2 25,2-50,5 20(exp.) (S 8-50)7-33 (exp.)8-45. (hassin)7-00,7-30, 9-31,11-10.2-31,2-56,5-26(exp.)(S.5-56)7-4l(exp.)8 51lleyst, Blankenberghe, Bruges, 5-43,(L. 7-20) 8,30,11-25,1 23,2 45, (exp.)4-10,5-30,(D. 6-15)7-25. Blankenberg, Bruges, 6-10,(L. 7-42)8-35,11 53,1-45,3 (>'5(exp.)4-30,6 00(1). 0 35) 7,007 48. Ingelmunsler-Deynze-Gand, 5-15, 9-41, 2-13. Ingelmunster-öisynze, 4 50 2" cl., 7-13. Gand Ovyitm-Ingelmuusler, 6-38, 11-20, 4-40. Deynze Ingelmunster, 7,31 9-10 2e cl, 11,54 5,19, 8-20 s. Ingelmunster-ArasejAem, 6-05, 12-10, 6-15. Anseghetn-Ingelmunster, 7-42, 2-20, 7-43. Lichtervelde-Dixmude-Furnes et Üunkerke, 6-30, 9-08, 1-35, 7-53. DuwAerAe-Furnes-Dixmude et Lichtervelde6-43, II 15, 3-43, 3-05. Dixmude-Aften/iorl,9-55,10,35,2-20,5,10 8-40. Nieup-Dw:m,(ville)7-40.12-00,4-24,5,36,9,30,(bains)7,30,11,50,4,13,5,50. Thouroul-Oslende, 4-50, 9-13, 12,03, 1-50, 8-05. 10,15— Oslende-Thourout, 7-55, 10-10, 12 23, 4,45. 6-15. 9,13. Selzaete-.Ziecfoo, 9-05, 1-23, 8-25. Eecloo-é>e/;ae1e, »-35, 10-15, 4-22. Gand Terneuzen, (station) 8-17, 12-13. 7,23 (porie d'Anvers) 8-30, 12-40. 7-43. Terneuzen- Gaml, 1 Selzaete-Lokeren, 9 04, 1-30, 8 30. (le Merer. 5-10 m.) Lokeren Selzaele, 6 00, 10-25, 4 43. (le Mar 12-40. 7-45. Terneuzen-Gand, 6 00, 10-30, 4 40. f,30.) COURTRAIBRUXELLES c O vt ir ïi S P O IV D A N C B S BRÜXELI.ES, COtTRTRAI Courtrai dép. Bruxellos arr. 0,37 9,20 10,53 1,33 12,33 2,23 COURTRAI, TOURNA!LII.LE. Courtrai dép. 6,37 Tournai arr. 7,28 Lille 7,37 10,50 11,47 12,05 2,54 3,48 4,00 COURTRAI, CAN0. Courtrai dép. Gand arr. 0,42 8,01 12,31 1,51 3,47 0,14 5,34 6,29 6,32 3,44 5,04 6,35. 8,58. 8,47. 9,41. 9,33. 6,40. 7,36. Bruxellos dép. Courtrai arr. 5,22 8,00 8,28 10,40 12,21 2,44 5,35 7,56 0,47. 8,44. LILLE, TOURNAI. COURTRAI. Lille dép. Tournai arr. Courtrai Gand dép. Courtrai arr. 5,20 5,42 6,34 8.23 8,30 9.47 11,03 11,34 12/26 GAND, COURTRAI. 3,15 0,34 0,38 10,51 1,28 2,49 2,18 2,40 3,38 4,24 5,31 5,20. 5,39. 0,33. 7,21. 8,42. Binges Gand Brüxcllc: dép. arr. BRUGES, GAND, BRUXELLES. 6.49 exp. 12.34 3,52 exp. 6,43 8,19 exp. 7,34 1,49 4,42 7,58 8.50 4,00 5,50 9,31 10,20. BRUXELLES, GAND, BRUGES. Bruxcltes dép. Gand arr. Bruges 0,00 7,20 8,14 9,41 10,34 11,53 1 23 2,38 3,12 4,26 exp. 5,11 6,37 7,22 o,!>3. 7/22. 8,38. Suite. Voir le N° précédent. Tiens! c'est vrai. dit l'Envergiié é'égain- menl; nous ne sommes qu'onzc! II parait qu'il y en a z'un qui a sombre délinilivenient sur le grand cllemin de la route. Ce serail pas le Dcmalé. nar hasard, qit'aurail perdu son mat d artimou? Présent saus avaries majeures! répond le Démêlé. n Alors celui qui manque a l'appel n'a qu'a parler, dit Dur-a CuirPersonne ne répond? Alors il est sur et certain qu'il v a un matelot qui a fail naufrage; c'est funeste! Madame son épott- sée va lout de iiiême s'aUendrir et lui ap'puyer tine légère chasse au retour. Après canos hommes reportent Ie cap en route, loujours vent au plus prés. II avail élé sigui- fié a Pavilion d'avoir ii faire des signaiix. pour le matelot qui s'était laissé égarer, tont le loogde la route. Voiis eroyez peut-êlre, agréable audiloire. dom j'ai l'honnur «Ie lui óter mon bonnet, qu'ils elaient arrivés au bout d un mois? Alt hen non! II est noté dans l'hisloire qu'ils out navigiié pendant un mois el un jour, en louvoyan! il tribord et ii babord pour cviter les langues de terre qui leur venaient en poupé ou a conlre-bord. Le unième jour, v'la mon la Choloupe qui hela de l'avant: rimonier, lofe en douceur! attention a gou- vcnier! rclevé le roi sous le vent! Bon! pour lots sa Majeslé mei en panne, vii quelle avail aussi rclevé nos Brestois el qu'elfe les prenail pour des mioislres anglais. i Sa Majeslé est assez aimable, dit Dur-a- Cnir. I' Ca ne cotile l ien d'avoir Pair bon enfant, innrmiira Ponton, qu élatl loujours de I opposi- lion. C'le Majeslé notisallend, reprit Dura Cuir, voila qui me plait; faul laisser arriver en grand stir elle. Voici I'instant et le moment oil Cabestan, qui n'ctait pas nianchot, jugea prudent de leur com- muiiiqiler ceci: i) C'est pas tout, faut d'abord surveiller un pen la latitude; qui s'a chargé des maqiiereaux? ii Moussaillou vit bien qu'il fallail répondre: C'est loujours pas moi. ii Ni moi iioii plus, da tout tin chaeuu. C'est bien, leur sou(11a le liequiuet, il pa- raitrait que Ie maquereau s'est géiiéralentenl ab sente. Faut que (a soil Ie matelot égaré qti'aura en I'indclicalesse d'emporter avec soi la soute aux poissons. ii Alors Dur-a-Ctiir, qu'étail le chef, se conseil- la cetle idéé: C'est bien, mais je vais pas chez le roi; je suis pas d'avis de faire des avanies ii sa Majeslé. ii Ca yesl, dit Pilolin-Néyé, pas de maque reau, pas de Pdolin, je file au large. ii Je m'éclisse aussi, ajoula l'Envergué, je tiens pas ii t ien embarquer dans la soute aux ca lottes; j'ai peur des sergents de vil le. n V'la tout de suite nies judicieux Brestois qui s'cxpriment tous ainsi généralemenl pa riant; at- teiiilu que si on n avail aceosté une Majeslé, c'est-a-dire un hommequi est plus que les au tres hommes, après loi avoir fruslré sa part de poisson, elle aurait pu en concevoii du chagrin, et y faut pas atlligcr le roi. C'est pour vous dire que, depuis cejoiir-la, mes aimables Brestois filenl par-ci. filenl par-la; ils ont coiiru, ils ont coiirn, ils conrent encore, its courront longlemps, vent arrière et vent debont; on dit qu'ils reviendront, on Hit ipi ils ne revien- dront pas; quel est voire avis?.Je n'en sais ricn au juste, mais ea pourrait bien être a pen prés ga. ii L'lustoirc afllrme qii'un voyageur qui croisait tont seul daus les mers de Va-l'en voir s'ils vien- nenl el u'esl jamais reveuu, les a rencontrés par la latitude des iles Chassienscs, la ousque les lott- voyrurs de l'endroit naviguent dans un verre d ean douce. Beau pays, je m en fiehe! sans comp ter qu'on est oblige d'y envoyer saus eesse qual.-e mousses tl un matelot pour faire lever le soleil a coups d aviron. i> Voilit longlemps que nous avons passé par le travels des Ayores. Le beau temps est revenu, nous faisons assez bonne route. Nous tiuvi- guons grand largue, loutes les voiles portent, la brise est carabiuée. La nuit est liède el sereioe, de grands nuagej giis courent rapidement dans le ciel, la lune trace de longs sillons dargent sur la nier, qui se couvre d'uiie écume phosphorescente dans le sil- lage du navire. II doit être maintenant plus de minuit, tont le monde repose h bord de la Maria, excepté les hommes de quart. Les lumières sonl éleintes partont, une lueur tremblante se rellète cependant sur la fenètre de la chambre de Iliérèse, qui veille jusqu'ii demain auprès de son fils, mort dans la journée. Pauvre enfant! et pauvre femme. 10 AoAt. On a enterré le mort ce matin. Aujourd'bui tont le moude est triste a bord. C'est bien malheureux epie nous n'ayons pas de prètre parmi nons: Sur les dix heitres, tout le monde s'est réuni sur le pont, quelques passagers et plusieurs mate lots ont psalmodié l'ofBce des morts. Ces chants, graves el tristes, rnppclant l'apparcil vénérable dn catliolicisme, se mèlaient d'une manière solennelle aux harmonies loinlaines de I Océan. II régnail dans cette scène un sentiment pro- fondémenl religieux et tnélancolique. Bien de plus touchant, de plus poétique. La bière de sapin, qui renfermail les restes du pauvre enfant, élait di po éc an milieu du pont. II n'y avail point d'eatt bénile, aucun cierge ne britlail dc chaque cólé. 'I liérèse élait agenouillée prés de la bière et priail, les mains jointes. les veux ar dents et le visage ravage par la douletir. Le père du mort, accroupi sur le pont et enve loppé dans sou manteau, poussait des gémisse- ments étouiïés. Les passagers et les marins pleuritient. C'élait triste a fendre le eoeur. La mer mugissait a it ton r des tlancs du naviie, comme impaliente de reccvoir sa proie. Gioi geset moi nous nous serrions la main, a genottx. le deuil dans I ame, la prière aux lèvres. Lorsquc les cliants el les pi ières ont été lermi- nés, deux matelots ont passé une corde k chaque bout de la bière et l ont ainsi descendue douce- ment jusqu'a la met1. Lc cercueil a bondi un instant a la surface de l'eau, puis il s'est enfoncé en lournoyant, a nne profondeur de quelques pieds. Pauvre enfant!... Pauvre enfant, qui, la veille "encore, jouait sur le pont au milieu dc nous, et que nous aimions tant déja! le voila morl sur les genonx de sa mère! Cette dotice et blonde tète s'est fiélrie, ces yeux charmants se sont éteints avant qu'il ait en le temps de vivre, d'aimer et dc sottffrir! L'Océan le bereera éternellemenl au milieu de ses solitudes sans fond; dans sou cercueil mouvant, il dormira pour jamais au murmure des vagues, comme ces enfants indiens dont les restes, suspen- dtrs par letirs mères aux arbres des forêls du Nouveau-Monde, se balancent au souffle des vents dans leur sepulture embaumée. Les marins sont pénétrés dc cette idee, que, lorsqu'il meurt quelqti'un ii bord d'un navire, le plus proche parent on ami du mort parmi les gens de cc navire porte bouheur pendant la traversce; aussi. depuis la scène que je viens de de raconler, inanifestent ils une sorte dc venera tion pour madame Thérèse Juan. Dès qu'elle parait, loutes les tètes se découvrent; nos matelots se tangent sur un passage et la sut-

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