LA CROIX D'OR.
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Mcrcrcdi 23 Dccemb. 1874
annee.
Nos 937.
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Lc Journal parail 1c Mercredi ct 1c Samedi. Los insertions content lb centimes la lignc.Les reclames, dans le corps du journal, se paient 30 centimes la ligne. Un numéro du journal, pris au Bureau, 13 centimes.
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prochain.
LES FARCEURS.
S'il n'yavait, pourceux qui vont au fond
des ehoses, de si grandes questions engagóes
dans la lulte quo nous soutcnons contrc les
libéraux; si lo libéralisme n'était point, avant
lout, rennemi juré et irréconciliable de PE-
glise calholique, nous ne le combattrions
que par un vaste haussement d'épaules, avec
accompagnement du cri: Tas de farceurs!
Tons, il est vrci, no le sont point. Les
mcncurs suprémes, cenx qui, commc on
dit vtilgairemenl, liennent la queue de la
poéle, connaissent parfailement le chemin
qu'ils suivenl. Ccux-la, pour le fond de
leurs menées, sont infiniment sérieux, et
concoivent les plus terribles projets. En efTel,
toutes les hostililés qui, d'un bout du mon
de, a l'autre s'enrégimcntent contre Dieu et
son Christ,recoivenl du libéralisme moderne,
leur norn, leur uniforme, leur consigne, leur
complet équipement.
L'élat major de celte innombrable armée
siége, en conseil de guerre, dans les anlres
de la maconnerie; e'est la que les plans de
bataille sont arrélés et loutes les évolutions
déterminées. La on sait ce qu'on vent
commc un des chefs Ie disait jadis et on
veut ce qu'on sail. Tons les projets de bou-
leversement, tous les édils de persécution
se déroulenl et s'écrivent dans Ie myslére de
ces conciliabules; mais pour i'exécution de
tous les plans et projets, on compte sur
rimbécilité de la foule, on met en avant les 1
comédiens qui figurent sur les tréleaux, et
grace a ces farceurs, on compte sur le succés
dc la pièce.
Sous la reslauralion en France, depuis
1815 jusqu'a 1830, tons les caudalaires du
Jacobinisme, tous les dégommés de l'Empire,
tous les méconlents et les ambilieux, tons
les Irainards de l'écolc vollairienne, lous les
crevés et les roués dc n'imporle quelle co-
carde, se réunirent en balaillons serrés et
s'appelèrent libéraux. I,curs intrigues et leurs
violences réussirenl a culbuler la royaulé
legitime. Quand ce but do leurs efforts cut
été alleint, ceux qui sc Irouvérent exclus du
bénéfiee de la victoire reprocbérenl anx re-
pus dc la conquèle commune, que pendant
quinzc ans, tous ensemble, iis avaienl joué
la comédie.
Cette méme comédie serépéte pnrmi nous.
Dcpms 1840 elle a eu mille variantes, mais
le fond est loujours resté, et c'est toujours
pour les meines badauds que se fait la
reprise du spectacle. Viennet, dans son
lemps, a fail la dessus une jolic fable, que
nous citerions si nous la savions encore.
Deux gros chiens qui, se prenant de querelle,
ont enlrainé une foule de roquets dans une
mèlée furieuse, disparaissent eux-mèmesdu
champ de bataille, au plus chaud de Faction,
et pendant que l'air relentit d'aboiements ra
gen x,
II y a si souvent encore au bout de lout
ce vacarme un os a ronger, pour cenx qui
ont suscilé ces bruynntes querelles. Les an
lres verront faire. Enletemps, on leur dit
d'aboyer el de rager, cl ils le font avec furie.
Mais ce ne sont que des figurants et des far
ceurs. Laissez lomber le rideau, ils seront
les premiers a le ilire, derrière la coulisse.
Que de farces nous pourrions rclever iei,
pour en avoir élè les spcctatcurs plus ou
moins rapproehés. Mais ca se repéle a cha-
qneéleclion! Quand il s'agit dc satisfaire les
appélits des candidals, que de décliirements,
que de I it t los, que de menaces, que d'exécu-
lions sommaires en perspective, que de
glaives snspendus sur des lètes coupables!
Farce que lout cela, laissez passer vingt-
quntrc heures, et lout sera renlré dans le
calme et vous verrez les fréres-ennemis se
donner le baiser Lamourelle, et marcher la
main dans la main, pour renverser l'ennemi
commun.
Nous avottons loutefois que la farce la plus
giganlesque qui ait jamais élé jouée, vient
tic l'êtrc a Bruxelles et que I'hnpressario
nommé Vran llumbceck, en a recueilli tons
les honneurs. Président éniérile d'nn jury
quelconque, il s'est rappelé sans doute sa
vieille rhétorique, et dans l'association pro-
gressiste dout il est le chef-homme, il a fait
dtvs périotles creuses s'engrenant l'une dans
l'autre pour avouer que lout le libéralisme
sc résumé dans le cri: A bas la calotte!
Voila oü en sont ces farceurs. C'est la va
riante d'un autre mot d'ordre qui (it jadis
grand bruit dans le parterre, alors qu'on
parlait avec effroi de l'influence occulte,
qu'il fallait a tout prix neulraliser dans son
action sinistra. Inilupnce occulte el a bas la
ca lotte, l'un est un pen mieux yètii que l'au-
Ire, mais les deux font la paire et se valent
de ridicule et de béiise. C'est de l'opéra-
boufïe.
Malhenreusement, ces farceurs ont leur
public et ce public trop souvent les prend au
sérieux; el les populations grisécs par les
enchanteurs dot)l elles fréquenlent les bara-
ques, sont descentlus a un tlegré de slupidilé
délirante, oü des mots sculs suSisent pour
leur donner le pruril.
Voila ce qui s'accomplit sous nos yetix, a
Bruxelles, a Gand, dans lontos nos puissanles
cités liberates, oü lous les arlequins du
libéralisme sont a lirer des grimaces l'un
conire l'autre. A Bruxelles, on alleint l'apo-
gée de la chose. Au milieu de ces puritains
de la seele, on lire la grimace de la moralilé
publique, et un pelit sale personnage, dans
l'égout de son journal, laisse cooler la lessive
de ses protestations pudibondes, paree que
le volage Fonlainas a été maintenu dans le
comité directeur des progressistes. Et c'est
au noni de l'association dont l'immaculé M.
Oris est président, que ces incorruptibles
donnent leurs stoïques avertissemenls. Et
quand ils affichent des farces pareilles, ils
votulraiont encore qu'on les regarde comme
des personnagesgraves, commodes hommes
de principes, comme les représenlants d'une
grande opinion Allez done! Farceurs
est voire nom ct jamais vous ne serez aulre
chose. Franc de Bruges.)
LA MORALE INDÉPENDANTE.
II y a qnelque lemps, un misérable, nom
mé Pierre Monlaut, assassinait son frére, sa
belle-socur ct leur petile Lil le, agée dc cinq
ans, pour s'approprier un hérilage. Aprés le
crime, il s'enfuyait, donnant dc l'argent a
un prètre en Ic prianl de tlire des messes
pour des personnes dc sa familie qui venactJ
de mourir, puis alia irouver un autre prèlrc
pour se confesser...
M. Sarccy raconte celte lugubi e hisloirc
et ajoule:
Mesera-t-il permis do demander au jour
naliste qtii meltait au compte des enseigne-
mcnls de la morale indépendantc lous les
crimes jugés a celte session des assises du
Rhone ce qu'il pense do cel incident?
J'itnagine qu'il lui sera malaisé de faire
dc ce Pierre Montaut un adepte de la morale
indépendante! Rien, au contraire, ne me
serait plus facile que de me prévaloir de ces
avcux pour monlrer combien peu de force
out les lecons dc la morale religieuse pour
retenir unc ame que la passion emporte au
crime.
Après avoir écrit ces lignes, M. Sarccy en
a quelque honte, el cela fait son éloge.
«Cette facon d'argumenter, dil-il, me
déplait trop pour que je m'en serve jamais
conire tin adversaire.
La béte brute, qui apres avoir assassiné
son frére et sa belle-sceur, s'esl ruée sur une
enfant de neuf ans un couteau a la main, n'é
tait aucunemenl capable de comprendrc les
enseignemenls de son curé; et de lout co
qu'on lui avail dit de Dieu, il n'a /ail relenu
que quclqucs grossières praliquos, qui lui
sont, on ne sail trop pourqnoi, revenues cn
mémoirea ce moment terrible.
Ce n'est assurément pas la faule duca-
léchisme si ce fou furieux, avetiglé par unc
cupidilé effroyable, a violé si cruellement
toutes les lois divines et humaines. Lc prèire
qui lui a fait faire sa première communion,
lui avail dit lout simplement, comme aux
aulres: Non occides, tu ne tueras point.
Mais ce précepte n'est point particulier
au cutholicismc. Les professeurs de morale
indépendante le donnent égale ment. Est-cc
a eux que Hon doit s'en prendres ils ne
sont pas toujours écoutés
Avec la permission de M. Sarcey, oui!
c'est a enx ou du moins a leurs doctrines
qu'il faut s'en prendre.
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Poperinghe- Ypres, 5-13,7-28,9-30,10-88,2-15,9-05,9-20. Ypres-Poperinghe, (5-30,9-07, 12-03,3-37,6 30,8-43,9 30. I'o-
peringlie-Flazebrouck7 13, 12 -23, 4 17, 7 13. HazebrouckPoperinghe-ï'pres, 8-38, 10 00, 4 tü, 8-*23.
Y pres-Roulers7-30, 12-23, (5-49. Rjaulers- Ypres, 9-23, t-30, 7-30.
Roulërs-örejes, 8-43,11-34,1-13, (L. 5 56), 7-36, (9-53. Lichterv.) Lichterv.-TlmuroiU, 4-23 m. Brugus-/iW,/er.s, 8-23,
12-30, 3-13, 0-42. Liclilervelde-Courtrai, 3-23 m. 9 01, l ,303,49 7,21 Zudulghem Thouroul, 8 40. 1,03, 3,20, 0,98.
Ypres-Courtrai, 8-34,9-49,11-18,2-33,3-23. Courtrai- Ypres, 8-08,11-02,*2-80,3-40.H 4y.
Ypres-Tliourout, 7-13, 12 00, 0 20, (le Samedi a 3-30 du matin jusqu'a Langhemurck). Tliourout- Ypres, 9 00, l 18, 7 48,
(le Samedi a 0-20 du matin de Lnnghumnrck a Ypres).
Comines-Warnëton Le Touquet-Ilouplines-Armenn'ères, 0 00, 10,13, 12-00, 6-40,Armenlières-llouplinus Le Touquel-War-
nêlon-Comines 7 -23, 10,30, 4-10, 8-40. Comines- Warnèton 8 40, in 9-30 s. Warneten Comines 3-30, 9-80,
Courtrai Bruges, 8-09, 11-00, 12-33, (L. 9-19), 0-33. (9-00 s. (Licliterv.)Brugus-CWr'wi, 8-23. 12-80, 9-13, 0-42.
Bruges, Blankenberghe, Heyst, (Elat) 7-30,9 43,11 04,1,20,2 23,2-90,3 20(exp.) (S 8-90)7-39. (ex|).)8-49. (bassin)7 00,7-30,
9-9111-10,2-31,2 86,8-28(exp.)(S.5-50)7-41 (cxp.)8 51llcyst, Blankenberghe, Binges, 8-49.(L. 7-20) 8,30,11-29,1 23,2 48,
(exp.)4-l0,3-30,(D. 0 13)7-28. Blankenberg, Bruges, 0-10,(L. 7-42)8-89,1 1 38,1-48,3 03(exp.j4-30.0 00(D. 0 39) 7,007 48.
Ingelmunster-Deyn/e Gand, 3-19, 9-41, 2-19. Ingelmunsier-ZVyMïé, 4-30 2'' cl., 719. Gand Ueynze-IngelmuHsler, 0-98,
11-20,4-40. Deynze Inge/munster, 7,31 9-10 2C cl, 11,84 5,19, 8-20 s.
Ingejmunster-Anseghem, 6-09,' 12-10, 6-13. Ansegliein-Ingelmunsler, 7-42, 2-20, 7-49.
LichtferVelde-Dixir/jde Furnes et Üunkerke, 0-30, 9-08, 1-33, 7-83. Dtinkerke-Funies-Dixmude et Liclilervelde, 0-48, 11 19,
3-43, 3-03.
Dixmude-Nieuport,9-33, 10,33,2-20,3,10 8-40. Nieup-Dr.xm,(ville)7-40,l2-00,4-24,3,36,9,30,(bains)7,30,11,90,4,19,8,50.
Tltouroul-Ostende, 4-90, 9-18, 12,03, 1-30, 8-08. 10,19(Blonde-Thouroul, 7-39, 10-10, 12 29, 4,43. 0-13. 9,13.
Selzaela-Eecloo, 9-09, 1-23, 8-23. Eucloo-S'e/craete, 9-38, 10 18, 4-22.
Gnnd- Terneuzen, (station) 8-17, 12 18, 7,23 (porie d'Anvers) 8-30, 12-40. 7 43. Tornenzeu- (huid, 0 00, 10-30, 4 40.
SeliMie-Luke ren, 9 04, 1-30, 8 30. (Ie Merer. 3 10 m.) Lokeren Selzaelc, 6 00, 10-28, 4 48. (Ie Mardi, 9,30.)
c o r i 5 v it s i* o ur r» rv nces.
Bruges dep.
Gand arr.
Bruxelles
COURTRAI, BRUXRLI.ES.
Court rai dép. 0,37 10,93 12.33 3,47 -0,38.
Bruxelles arr. 9,20 1,39 2,29 0,14 8,88.
COURTRAI, T0URNA1LII.LE.
Courtrai dép. 6,37 10,86 2,84 3,34 8,47.
Tournai arr. 7,28 11,47 3,48 6,29 9,41.
Lille 7,37 12,03 4,00 6,32 9,93.
COURTItVIGAND.
Courtrai dép6,42 12,31 3,44 6,40.
Gand arr. S,01 1,51 8,04 7,36.
BRUGES, GAND, BRUXELLES.
6,49 exp. 12,34 3,32 exp. 0,43 8,19 exp.
7.34 1,49 4,42 7,83
8,90 4,00 8,30 9,31 10,26.
BRUXELLES, COURTRAI.
Bruxelles dép.
Courtrai arr.
9,22
8,00
8,28
10,40
12,21
2,44
9,39
7,90
6,47.
3,44.
LILLE, TOURNAI, COURTRAI.
Lille dép. 9,20 8,29 11,03 2,18 9,20.
Tournai arr. 9,42 8,3(5 11,34 2,40 5,39.
Courtrai 6,34 9.47 12,20 3,38 6,33.
GAND, COURTRAI.
Gand dép. 9,13 9,38 1,28 4,24 7,21.
Courtrai arr. 0,34 10,91 2,49 8,31 8,42.
BRUXELLES, GAND, BRUGES.
Bruxelles dep. 8,14
Gand arr. 6,00 9,41
Bruges 7,20 10,34
11,83 3,12
1,23 4,26 exp. 6,37
2,38 3,11 7,22
5,83.
7,22.
8,38.
Suile. Voir le N° précédent.
Nous avions h bord de la Maria un vieux el
brave matelot qui avail été corsaire. C'était un
hommede coeur, plein de courage et de palrio-
tisme; nous avions tons pour lui la plus grande
veneration. Pendant louie cette scène, il dor-
mait dans son hamac. Réveille en sursaiii, et ap-
prenant ce qui se passait, il saula a bas de son
hamac, et accourul armé d'une hachc d'abordage
qu'il avail religieusement eonsrrvée.
Voos êles de (ières buses, vous antres! se-
cria-l-il en s'adressanl aux emigrants jui iTavaienl
pas hougé pendant tont ce débat.
Puis, se lournanl vers nous: Rravo, Mes
sieurs! nous dit-il.nous allows si voos yonlez hien,
jeter loute celte belle canaille a la mer... Vive la
France!
Le noble vieillard, après avoir fait entendre ce
beau cri, s'avanga vers les Anglais en brandissant
sa vicille bache qu'il avail si liien maiiiée pour la
palrie dans un lemps oii le gouvernement de la
France ne se laissail pas outrager par l'Angfelerre.
Le capitaine Corn intervint, tacbant a la fois d a-
paiser notre juste indignation el de ne pas irriler
nos amis les Anglais.
Cependant nous ne lachames pas nos armes et
surveillümes de prés ces enfan(s de la perfide
Des restesd'un festin (aisaient ripaillc ensemble.
Albion.
Ils descendirent dans la cabine, jelant brtisqne-
menl ii Ier re ce qui se houvast stir leur passage,
enfin se conduisanl com me des gens grossiers et
iüi hes, ear il est certain qn'ils n'eussent point osé
agir ainsi avec un de nos navires de gnerre.
II se firent inontrer les papiers de bord, qn'ils
lacéièrent méchamment en plnsietirs endi oits.
Le capitaine Horn leur ayanl offert de se refrai-
rhir, ce que je ti'eusse cel les pas fait a sa place,
ils burenl du rhum it pleins verres, comme des
sauvages, et en répandirent sur Ie planeber avec
intention, enfin abusant de notre infériorilé nu-
mérique qui ne nous permetlait pasdechatier
leur orgucil.
Le droit de visite confère h la Brandt' Rrelagne
un droit de tyrannic et d'espionnage. Uien de plus
odieux. rien de plus funeste. Ou a vu des navires
marebands él re saisis commc pirates; on a vu des
capilaines mis aux fers el maltraités, ainsi que
leur équipage, par des vaisseaux anglais.
Des scènes semblables a celle qui vient de se
passer il bord de la Maria ne soul pas rares sur les
navires marebands, au rapport de lous les marins.
II n est pas jusqiic dans nos ports on les Anglais
ne vietinenl uous mallrailer el nous outrager. II
est vra'i que la ils sont moins bardis. se sentant les
moins forts, car le courage des méehanls se coin-
pose de béaucoup de lacheté. La fatite de ces dé-
sordres, souvent sanguinaires, de ces rixes hi-
deitses de violence, est moins imputable aux
matelots anglais qti'au.v officiers, dont plusieurs
donnent le délestable exemple de routreeuidance,
mus pat- un sentiment bas de l ivalité. II y a
de nobles exceptions.
C'est trop vrai, la domination de la Grande-
lii etagne s'étend sur loutes les mers.
La France, elle, est deseendtte an dernier rang;
elle n'a pas de marine de gnerre! A peine trotive-
t on dettx ou trois frégates, un brick, tin mauvais
bateau ii vapeur qui ne marchc plus, une ou deux
canonnières, dans chacnn de ses ports. Dernière-
ment, de Dunkerque it Bayonne, nous n'avions
pas un seul vaisse.au de ligne ii (lol! Si nous avions
demain la gnerre avec les Anglais, ils bloqueraient
nos ports de gnerre avec quelqties bateaux a
vapeur!
C'est vraiment une bonte! La marine de la
Grande- Hrctagne et celle des Etats-Unis soul aussi
lloi issaules que la nóire est misérable. Si encore
la France n'était pas, par sa position géographi
que, une puissance essentiellement maritime, Fin -
sulfisance de ses forces navales serail assez indiffé
rente. Mais, tout au contraire, la France peut-èlre
une puissance maritime, tl elle le duit; ce n est pas
en vain qu'clle possède prés de sept cents lieues
de cötes. land is qu elle a li peine cinq cents lieues
de front ières. Un bon ministre de la marine, un
administrateur intelligent et national encourage-
rail la population si brave et si intelligente de nos
villes maritimes, celte population du sein de la-
quelle sont sortisnos intrépidesmarins d'autrefois.
Un grand bommed'E(at,sacbantprofiterdeslecons
de l'hisloire et avant au coeur le sentiment de la
patrie, créurait dus ports du gnerre dans la Man-
cbe, atigmenlerait lu nomhru du nos navires du
guerre, serait lu prolccleur dus pêuhuries et du
cabotage, qui peuvent nous préparer d'exccllenls
marins. Comme, pour créer ttnc marine redoula-
ble, il faut beau roup de temps, bcaiicotip du pur-
sévérance el béaucoup d'argrnt, cc n'cst pas quand
la guerre nous sera déclarée qu'il sera convenable
du faire ces choses. Cu n'ust pas lorsqu'on est
attaqué qu'il est bon du uhuruher lus moyuns du su
défendru: on doit ètru conslamment prut.
La France peut faire concurrence it toutes les
nations sur la mer; avec une bonne marine, la
France est invincible; sans une bonne marine, il
n'est permis de répondre du rien. Que l'exemple de
Napoléon soil unc Iccon qui profile. Malgté tout
son génie, il ne put avoir une rnaiine, paree que
c'est chose qui ne s'improvise pas, ut il fut eon-
traint d'y renoncer. Or, que fill il advrnu si la
France avail en une m; rine qui répundit it son
armée de terre?....
Eb bien, celte paix dont notts jonissons, humi-
liés el courbés, celte paix acqttise par tant de
bonleitses concessions, on anraitpiil'utiliserpour,
je nu dirai pas fortifier notre marine, pnisqu ii
vrai dire nous n'avons pas de marine, mais pour
nous en faire une.
On parle de fortifier Paris: lus millions qu'on
dépensera la st-raiunl buaifonp mieux placés dans
les chanliurs de nos ports du gnerre.
La France peut ètru l'appui dus marines secon-
daires, qui ont tant soiiffei t dus violences de l'Ao-
gleterre ct qui ont tant a crainclru encore de sa
part. Voila assuz longtem'ps que les puissances ma
ritimes de l'Europe sont dépouillées et trompers
par la Grande-Rrulagne!
Au lieu d'untretunir tine armée de terre qui
coüte un million par jour, on ferail mieux, en
vérité, de donner de l'exlension ii notre marine.
Unc guerre sur mer est possible; ne pas prévoir
celte éventualité, ne pas travailleren vuu dus perils
que nous pouvons courir, e'est nianquer de pru
dence. Avec sa marine actuelle, la France ne peut
soutenir aucune lutte; c'est honteux ut deplorable.
Lu diru ct le redire sans cesse, c'est faire acte de
bon citoyen. On improvise des armées de terre,
paree que la le dévouement, le patriotisme sufifi-
sent; il n'en est pas de méme d'une armée de mer.
11 faut des années pour faire des marins et con-
struire des vaisseaux. S'il avait eu une marine,
Napoléon I" eüt vainru l'Angleterre. Nous ne
pouvons protéger nos navires marchands, de
mander la satisfaction d'une injure; nous ne pour
rions résisler sur l'Océan ni aux Etats-Unis, ni a
l'Angleterre, a peine a la Uiissie! La pensée d'une
guurre marilitnu duvrait préoccuper sans cesse Ie
département de la marine. C'est la surlout que
devraient porter les soucis des hommes d Etat.
A COXTIXÜER.