ÉTRENNES AU ST-PÊRE.
l'Evangile; l'aulre, perdu pour ce monde,
n'aura plus d'autre caresseaux lèvres que la
prièro.
Par ce lemps d'enlerremenls civils et cello
épidémie de suicides d.uii les colonnes des
journaux sonl assomhncs; dans nos jours
d'anarcltie morale, politique, sociale; au mi
lieu de nos luimes vivaces el de nos agita
tions slériles, rimpnssion d'tin pieux spec
tacle comme celui qui nous a elé offerl liter
se grave plus profoinhuneul dans lecceur
par Ie conlrasle de sa serenilé infinie el de
Hè v res vaines.
La nature elle-même avnit nssorti son dé
cor a cette lecon: nous quillions cequon
appel Ie Ie cceur de Paris. Ie quartier des
affaires cl des plaisirs, lout noir de boue
amoncclée sous Ie "roulement des voilureset
Ie va-eJ vienl incessant des piélons. Nous
pénélrions dans los regions solitaires ou Ie
convent de la Visitation abrile son recneille-
menl; ia. lont est Liane de neige immacutée,
tout est pur comme l'ame des vierges, el. la
terre même est eandide comme Ie voile de
leurs fronts. On dirait que t liomme en en
trant dans cel quartier Ie profane.
A plus forte raison la pulilicilé doil-elle
pónélrer d un pied discret dans ce sancluai-
re. Voila pourquoi nous n'avons voulu
relracer qu a demi vuix les emotions de ce
pèlerinage si en dehors de nos occupations
accoutumécs. Nous avons d ordinaire affaire
an mal sous toutes Lts formes, a I impiété, a
l'immoralitc, a l'anareliie. II nous a été don-
né, par co m po u sat ton, d'entrevoir un sacri
fice qui fait a la fois le deuil el la gloire
fPnne familie chrclicnne, donl Ie chefse
dresse comme uri proplièle parmi les jour
nalistes de cc torrips-ci. H. de Péne, ré
dacteur cji chef du Paris-Journal.
assez c.urieuse. I, Ie produit en 1815, 54
millions; en 1830 (>7 tiiillions; en 1849. 9;>
millions; en 1850. 1 "22 millions; en 1800,
193 millions, et cette aunée olie figure au
budget pour la somme dc 287 millions.
Le Précurseur ne parle plus du denoue
ment de fhornble complot tramé contre la
vie du prince de Bismark par l'affreux
Duchesne (de Seraing.)
Cette aventure, dit une feuille conserva
trice, a sa place marquee parmi les puffs cé-
lèbros du xtxe siècle, Elle prêteraiL a un
poème hèroï comique si nous n'avions trop
déchii de la franche gaité de nos pères.
II nous semble que ce serail faire trop
d'lionncur a celte mystification que de la
prendre pour sujet d'un poème liéoï-comi-
que. IJne chanson destinee a devenir
legenda ire, comme MalbroekLu Pahsse,
Cadet Ihussel, nous le disions, il y a
quejques jours, voila la seule page
hislonque due nu terrible complot donl le
précurseur a retrace les moindres détails
sous ce litre qui donnail la cbaiir de poule
aux badauds, lecleurs de ce journal: les
ASSASSINS DU PHINO.E DE BISMARK.
Quel malheur pour le prussnphile organs
de l'esclayagisicde Riode n'avo'ir lev'é qu'un
liévre empaillé! (CEscaul.)
SUISSE.
On écrit du canton du Valais que de mé-
moire d'homme ori u'a vu dans les hautes
vallées de pnreilles accumulations de neige.
C'est seulement mamtenanl qu'arrivent de
tous cötés des nouvelles de la situation qu'on
peut s'en faire une idéé générale. C'est natu-
rellement dans les localités élevéés qu'il y en
a le plus. Ainsi, on mande de Uliötel de
1'EggiSbörn, que le gardien utilise réguliè-
rement une des fenètres du quatrième étage
comme porte de maison
Dans mainles communes de la montagne,
la neige avail atteint dix pieds cl plus de
hauteur. Elle est encore trop tendre pour
que Pon puisse marcher sans enfoncer trop
profond. Avec un tel élat de choses, les pro
visions se consomrnent cl finirönl par man-
qtier. La pénurie de sol pour le bétail et le
manque d'eau se font déja vivement sen.tir
dans plus d'une commune. Le gibier de tou-
tesorte. chassé des hauteurs, se réfugié jus-
quedans les villages, ou il devient une proie
trop facile pour les chasseurs et les bracon-
niers.
LES TABACS EN FRANCE.
Un pen de statislique pour les membres
de la Société contre Pabus du tabic.
D'aprés le rapporteur, M. Block, il se con-
somme annuellemenl cn France douze mil
lions do kilogrammes de labac.
Ces tabacs sont achetés directement aux
pianteurs par Padministration, ou bien par
Pentremise des consuls a Pétranger.
D'aprés la statislique officielle, les achats
se. sont èlevés a la somme de 83,950,000
francs, représentant environ 31,700,000 ki-
Un journal, analysant YAnnuaire stulisli-
de la llclgif/i/c pour 1874, en déduil
ainsi les consequences en cc qui conccrne
['augmentation du nombre des représentanls
ct des sénateurs:
Nous avons sous les yeux le tableau qui
a servi a la repartition de 1876; il en résulte
qu'on a recherché d'abord les provinces qui
avaient. un excédant de population au-dela
du nombre des deputes él us, e'est-a-dire un
excédant a raison de 40,000 habitants pour
un nouveau député. En suivant la même
regie, nous trouvons que:
La province d'Anvers aura un député de
plus pour un excédant de 33,543 habitants;
Brabant, un député pour un excédant de
42,468 id.;
Flandreoccidentale, id. id., 42.921 id.;
Flandre oriëntale, id. id., 54,366 id.;
Hainaut, id. id.. 52,036 id.;
Liége, id. id., 63,165 id.
La province de Limbourg n'a qu'un excé
dant de 2,922 et cel le de Luxembourg de
6,069, et quant a la province de Namur, au
|ieu d'un excédant, sa population est de
3,669 habitants en dessous de la proportion
nécessaire pour avoir droit d'élire les 8 dé-
pulés qui lui sont atlribués.
En second lieu, il faut rechercher les pro
vinces qui onl un excédant a raison de
80,000 habitants pour un sénateur. Ce sera:
La Flandre oriëntale a laquelle sera allri-
buée l'éleclion d'un sénateur de plus, paree
qu'elle a un excédant de population de
54,366 habitants,
Le Hainaut idem pour un excédant de
52,036;
Liége pour un excédant de 63,165.
La répartition des six nouveaux députés
et des trois nouveaux sénateurs élant faite
enlre les provinces, il faut les répartir par
arrondissement, en suivant encore la marche
adoptée en 1866.
L'éleclion du nouveau député atlribué a la
province d'Anvers appartiendra a l'arron-
dissement d'Anvers, dont la population excè-
de de 22,914 habitants le total de 240,000
qu'il lui faut pour avoir droit a élire les six
députés actuels. Cel arrondissement devra
done élire sept députés.
Dans le Brabant, ce député appartiendra a
l'arrondisscment de Bru.xelles, qui a un ex
cédant de 56,433 habitants, Bru.xelles aura
done 14 députés.
Dans la Flandre occidentale, cc député
appartiendra a I'arrondissemenl de Courlrai,
qui a nn excédant de 63,523 habitants et
élira 4 députés.
Dans; la Flandre oriëntale, a I'arrondisse
menl d'Alost, qui a uri excédant de 29,404
habitants el élira 4 députés.
Nota. L'cxcédanl de I'arrondissemenl de
Gaud n'esl que de 29,072 habitants.
Dans le Hainaut, a l'arrondissement de
Charleroi, qui a un excédant de 57,082 ha
bitants él élira 6 députés.
Dans la province de Liége, a l'arrondisse
ment de Verviers, qui a un excédant de
37,276 habitants et élira 4 députés.
Vienl enfin la repartition des trois nou
veaux sénateurs qui doivent être atlribués
aux provinces de la Flandre oriëntale, du
Hainaut et de Liége; ce sera, pour la pre
mière, l'arrondissement de Gand, qui, a rai
son d'une population de 309,072 habitants,
ri'élit acluellement que 3 sénateurs, cc qui
fait qu'il a un excédant de 69,072 habitants;
il élira 4 sénateurs.
Pour le Hainaut, a l'arrondissement de
Soignies, qui a un excédant de 34,758 ha
bitants et élira 2 sénateurs.
Nola. L'cxcédanl de l'arrondissement de
Charleroi n'est que de 17,022 habitants.
Pour Liége, l'arrondissement de Verviers,
qui a un excédant de 71,276 habitauls, élira
deux sénateurs.
Première place de vicaire de l'église de
Saint Francois, a Menin;
Tróisième place de vicairc de l'église de
Lich ter velde, cl de l'église de Mouscron.
Par arretroyal du 30 Décemhre, I é-
glise de Saint Jean ter-Biezen, a Walou, est
crigée en succursale.
Elle aura pour circnnscription une parties
du terr.oire des communes de Watou et de
Poperinghe.
Ct Sa bi i «se 1 ae«Ie.
PrcBiiière ïiiste.
du nouveau bourgmestre, M. A. Luyben, au
sujet de cette prohibition.
Le Courrier de lu Meuse annonce que M.
Luyben vienl de formeler une réponse qui
lui faittont honnenr. Celui-ci mainlient avanl
tout la competence du bourgmestre en matiè-
re de prohibition des representations lliéa-
i ra les. Quant a l'opportnnité d'en faire usage
il partage pieinement l'opinion de son anté-
.cesseur, d'abord paree que personne ne nie
que cette pièce n'ait une tendance immorale,
ce qui ne saurail éire mis en doute, quoi-
qu'ailletirs on en ail permis la representation,
et encore, farce qó'a bois-i.e-duc, or des re-
Voila un langage nel el franc qui vaudra
a M. Luyben les felicitations de tous les hon-
nêtes gens.
B. Six,
de M. le
Total ft*. »«!-«»
M. Monlhaye, chef de division au gouver
nement provincial de la Flandre occidentale,
vienl de rendre un nouveau service a la cause
de 1'cnseignemenl cn faisanl pour l'enseigne-
ment moyen ce que, dans deux publications
précédenles, il avait fail pour l'enseignement
primaire, c'est-a-dire cn rcunissant dans un
cadre méthodique, avec les lextes législatifs,
les éléments dc la jurisprudence administra
tive disséminés dans de nombreux et volu-
rnineux rapports. Code de Censeignemenl
moyentel est le litre de cel ouvrage, d'une
utiiilé incontestable pour quiconque s'occnpe
de cette matière.pour le professeur l'adminis-
trateur, le publiciste et l'homme d'Etat.
C'est un livre de bibliothèque qui a toute
l'impartialilé d'un document. L'ouvrage est
précédé d'un exposé historique de ['organi
sation de l'enseignement moven depuis la
loi fondamentale des Pays-Bas jusqu'a la loi
organique de 1850, et suivi d'un apereu de
ja législation des bourses d'éludes.
LE MOT D'ORDRE.
Nous sommes menaces, parait-il, d'une
campagne doctrino-libérale d un nouveau
genre. On prépare, dit-on, dans le camp de
nos adversaires un nouvelle edition revue et
corrigée des emotions communales de 184/
d.e 1857 et de 1864. Déja des conseils coin-
munaux, sorlant manifestemenl de leurs
attributions exclusivement administratives,
s'arrogent en queique sorte le droit do pren
dre part a la confection des luis. Cessatrapes
au petit pied campent, lc deti dans l'ceil el la
menace dans le geste, en face du Pouvoir
léutslatif. La Loge dicle a cerlaines édililes
des manifestes poïitiques dont le hut n'échap-
pe a personne; ils sont destinés a jeter la
déconsidération sur les travaux de la Legis
lature. Ainsi, nous voyons leconseil commu
nal d'Anvers donner le jour a une longue
pancarte demandant l'ioslruction obligatoi
re. On n'a joule pas: laïque el gratuite.
Si, queique jour, les frères cl amis rcussis-
saient a ressaistr les porlefeuiliesministériels,
onaurail tout le temps de 1'ajouter.
Nous ne prétendons pas que l'on doive
attacher une grande importance a cessimu-
lacres de manifestations, mais encore ne
faut-il pas trop les dédnigner. Du conseil
communal, l'agitation pourrail descend re
dans la rue el y faire retenlir ca cri popu
laire qui charme si délicieusemenl les
oreilles maconnico-libérales de M. Van-
humbeeck. Ou voudrait nous faire vivre
sous le régime? de l'ttnarchie moralet nous
avons assez de. confiance dans Pénergieet
dans la.fenneté de la majorilé parlurneptaire
pont' espérer qu'elle ne se Iaissera pas forcer
la main par une poignée de turbulents ci
d'hommes passjpnnés avides de brun ct
d'e.xcitalion.
L'enseignement obligatoire est déja le mol
d'ordre d'onné par le Progrès aux membres
de ['Association libérale d'Ypres.
ACTES OFFICIALS.
Par arr.èlé royal du 28 Déccmbre, la dé-
mitsion de M. G. De Brouwer, do ses fonc-
tions de substitut de procureur du Roi prés
le tribunal de première instance séant a Bru-
xelles, est acecptée.
Par arrèté royal du 30 üécembre, a
compter du premier jour du mois qui suivra
la publication du présent arrèté, un traite-
ment de 600 francs est attaché aux places de
logrammes de labac
La progression des veilles du labac est I vicaire ci-dussous designees:
U.N EXEMPLE. A SUIVRE.
Le Courrier de la M'use journal catho-
lique de Maestrïelil, annoncnit récemmenl
que le bourgmestre de Bois-'e-Duc, M.
Luyckx, avail dèlendu la reprèsëntalióii ori
cette ville de la Vie Parisienneexhibition
hideuse et rancie des mceurs du demi-monde
avec accompagnement de deint-musique.
Un nouveau bourgmestre ayant succédé a
M. Luyckx. des membres d'un Casino quel-
conque, habitants de Bois-le-Duc, crurent
pouvoir faire lomber la prohibition et ils
s'adressèrent pour cela au ministre de Finlé-
rieur de Hollande. Avant de répondre a
l'adresse des membres du Casino de Bois-le-
Duc, M. le ministre a voulu demander l'uvis
Variétés.
CHRON1QUE SCIENTIF1QUE.
Exlrail du Monde.)
ÊöearfaiscügiaiSiswsaifflfe.'c'
jESMsasE«gasg«X5i
PAROISSE DE ST-MARTIN (VPKES).
M. le clianoine Boone,. Curó-Doyen, '100
M",e la douairière de Patin ol M"e Ilólène
de Patin,
Mllc S. Gisquière,
Mllc Henrietta Boone,
M. le curó SSIiecniafter,
Mlio J. Dewachter,
Ee'nè zieke...vraegt Z0Sen van
Heiligheid,
PAROISSE DE ST-JACQUES (YPRES).
Les soeur'S de chai'it:'de St-Josep 11100 00
Le cujéde St-Japques, 20—00
MM. Alois, Eugène él Mlu Ztié Siruye, 300
PAROISSE DE ST-NICOLAS (vt'RES).
M. Vanderghinste Fossé,édiieur du Jour
nal d'Ypres et dn Nieuwsblad,
PROVEN.
M. B. Lnnduyl, curó,
M. A. Delancker, vicaire,
Ange Vandenbussclie,
Vv0 Pierre Vandénbusscbe,
Eugénie Vandenliende,
Sopbie Lermylte,
Fidelis Claeys en binders,
LOCRE.
coadjuteur
00
200—00
80—00
23—00
•13 00
B— 00
B00
00
10-00
20-00
10—00
10-00
10-00
1 - 00
10—00
5-00
PBÉSENTATIONS PABEILLES NE SONT PAS DE MISE,
I.'ON n'a PAS BESOIN DE TOLÉRER CE QUE I.'ON TO-
LÈRE EN DE PLUS GRANDES VILLES; que, paf
conséquent, il ne saurail être question de
rèvoquer l'arrél de son antécesseur.
M. l'abbé Sausen,
curó,
10-00
8—00
SOMMAlilE.
La Manche et le Pas de-Calais. Leur faible pro-
fondeur. Les bancs de Varne ei de Colbart.
.•Les empióteménts de la Manche sur ses
rivages. Possibility d'un pont sur le Pas-da-
Calais. Les deux projets de M. Boutet, et
celui dc M. Vérard de Saime Anne. Un isth
me au lieu d'un pont, proposé par M. Buret.
La grande question de la reunion do la France a
l'Anglbtérre par une ligno ferrée sans interruption
próoccupe assez en cc moment l'opinion publique,
pour que nos lecleurs nous sachent gre de leur
fournir a ce sujet queiques renscignemenls néces
saires pour comprendre la possihilité des divers
projets et so rendre eompte de tours clianees de
réussite.
La Manche n'est pas une mer comme une autre,
el no peut pas se comparer, par cxemple, a la mer
de Gascogne ou a la Mëditerranée, dont les profon-
deurs atteignent rapidemenl, queique distance de
leurs bords, plusieurs mil tiers de metres. La Man
che, comme son prolongement le Pas de Calais et
sa voi.-ine la mer du Nord, est une immense plaine
envahie par les Hots et les courants de la marée,
mais dont lc fond plat est resté a la portee du tra
vail humain, a une distance de son niveau tout a
fail insignifiante par rapport a sa largeur.
La profondeur de la Manche, cn effet, resle en
général au-dessous de CO metres même trés-loin au
largo, et sur lu plus grande partie de sa surface, on
trouve le fond avanl 40 metres sur la rive francaise,
avanl 20 metres sur la live anglaise.
Si done queique main giganlesque pouvail y pro-
mener, en le p'osant au fond a certains endroits, un
do nos monuments pensions, la tour Saint-Jacques,
p;u- exeinple, le sonrnret de la tour reslerait lou-
jours visible.; el dans la majorilé des points, le
somrrret dc la colonne Vendóme, et même, sur de
ia i ges ba mies. le loog des livages, surlout du cólé
anglais, le toil d'une de nos hautes muisons pari-
sienncs.
Presque au milieu du dètroit, un peu au sud-
ouest de sa ligne de moindre largeur, se trouvent
deux bancs de sable allongés dans le sens parallèle
au rivage, sur 10 a 12 kilometres de longueur et 1
a 2 kilometres de largeur. On les nomine le Varne
et le Colbart. En certains points, un homroe, a ina-
rée bassé, y tiouvcrait le lond. En töut lemps, les
gros navires- les évitent. Une passé de 3 kilometres
environ les sépare.
K
La geologie nous apprend que la Manche est la
plus léceminenl formóe de nos mers, tellemenl qu'il
n'est pas impossible que l'espèce humaine ait vu le
lomps oü les lorres britannique et gauloise n'en
faisaient qu'une, ou au moins celui oü le dètroit qu'
les séparait élait celte passé de 3 kilometres enlre
les bancs de Varne et de Colbart.
Tous les jours la surface de la Manche empièle
sur les terres rivcraines, en emportant pièce it pièce
ies tranches éboulées de ses falaises, les puivérisant
el donnant le produit aux bancs de sable de la mer
du Nord.
En ce moment, on évalue a un mètre lous les
trois ans, en moyenne, le reculement de la rive
francaise. Mais, de temps autre, sur les points
avancés,des tranches de dix ct quinze mètres d'épnis-
seur s'effondrenl pendant une tempêle. Le phare de
Dieppe, lesphares de la llève et d'autres, constiuits
il y a moins de soixanle aris a une distance de la
mer que l'on pensait suffirepoui des siècles, seroiq
emportés par la nier avant vingt ans d'ici. Les
fameux rochers du Calvados, aujourd'hui a prés de
deux lieux en mer, élaienl le rivage de Normandie
au Moyen age. L'abbaye du Mout Saint Michel a
été bade cn terre ferme; et les ties normandes,
aujourd'hui angtaises, dc Jeisey de Gueinesey et
d'Aurignv, fuisruont peul cifg cdcoig puiiio (Ju
continent au lenrps de César. La fureur des vagues
se brisant sur des bas-fonds et des courants de
marée plus rapides que les steamers nous en sépa
re» t aujourd'hui, el la coiniminauté de langue et
d'origine lend a s'effaeer devant la diffioulté des
communications.
Mais si queique lent exhausseriient du sol venait
faire disparaitre seulement une couche d'eau d'une
cinquantaine de mètres, ce qui nu serait rien par
rapport a la saillie des continents et de leurs mas
sifs montagneux, la Manche, le Bas-de Calais, la
mer du Nord, duns toute sa largeur enlre la Hollan
de et l'Angletöfre, disparailrait.nl presque entière-
mentet serajent remplacés par des plaines analogues
a nos Pays-Bas actuels.
Pour se faire une idéé de la faible profondeur de
ces mers par rapport a leur largeur, qu'on se les
figure réduites au millième de leur dimension: la
Manche se trouveru representee par une de nos
grandes places publiques en forme de triangle allon
ge, le carrefour de l'Observatoire, par exemple; sa
profondeur ne représenterail alors que deux, qualre
ou six cenlimètres d'eau, ce qu'un moineau sautil-
lant pourrait traverser sans mouiller ses plumes.
Voila l'espace que le tunnel sous-marin va avoir
a traverser: on voil que c'est la longueur seulement
qui est a considérer, et non pas sa profondeur. Mais
on voit cn même temps qu'il pouvait y avoir d'au
tres solutions qu'un tunnel, et que par exemple la
construction d'nn pont n'offrail rien d'invraisembla-
ble.
II existe maintenant prés d'une cenlairie de ponts,
en Europe et en Amérique, dont les culéös attei
gnent depuis 20 jusqu'a 60 mètres de hauteur et
dont la construction n'a effrayé oi nos ingénieurs.ui
nos compagnies de chemins de fer. Lours longueurs
mises bout a hout représcr.teraient certainemcn
plusieurs fois la largeur du Pas-de Calais.
La compagnie du tunnel anglo francais se fa'q
peut-être illusion, en s'imaginant que tous les
voyageurs consentiront, pour éviter le mal de nier
ou gagner üoux heu'res, a s'engouffrer pour une
heure au moins dans ce irou noircieusé sous la mer.
Pendant loogtemps on frissonnera a l'idéeque la mer
pourrait, par une fissure sou-dainement produi.te,
faire irruption avec une pression de plus de dix
atmospheres dans le tunnel, oü seraieril aspkixiés,
noyés etenterrés en un clin d'oeil tousles voyageurs.
Les gens moins presses que la malle des ludes
préféreront voir le soleil, au risque d'une heure de
de mal au cceur, et laisser le tunnel aux merchan
dises,
Même après la construction du tunnel, les projets
de ponts seront bienver.us du public. Voyez ce
qu'il y a de Piirisicns accourus so faire mouiller sur
les jeiées du Havre, les jours de grosse mer ou de
grande marée.
il y a queique dix ans, un projet queique peu
fantastique fit a ce sujet grand Druil a Paris et en
Angleterro. Un ingénieur hardiM. Boutet, inven-
teur d'un système de ponts a grande portee, avait
proposé très-sórieusement, je vous l'affirmc, do
franchir le dètroit au moyen d'un pont de son systè
me, d'une seule arche de trente kilomètres, s'élan-
Qant du sommet du cap Blanc-Nez et se perdaut
au loin dans les nuages; pour aller retomber, au-
dela de l'horizon visible, sur le haul des falaises
de la pointe Eastware.
En voila au moins qui n'aurait pas gêné la
navigation! Son soul inconvenient, disait un plai-
sant, cüt été que les marins passant sous lui, et
l'apercevant se profiler sur le ciel, auraient pu le
prendre pour la ligne équinoxiale, ce qui cut causé
dos erreui'S do latitude.
Le projet fut présenté a l'Académie des sciences,
qui se contente-, tout en le proclamant ingénieux. de
Ie trouver un peu clier. Dans un second projet (fut-
co par égard pour l'Académie ou pour les peintres
de marine, qui n'auraient pas su meitre cn pers
pective ce tablier aéricn sans support visible?)
I'auteur se raballit sur un pont a neuf pelües arches
de 3,300 de portée, Le modèle en miniature dc ce
dernier pont était encore au l.ouvre avant la guerre.
Un projet un peu plus modeste fut présenté a
l'Académie queiques mois avant la guerre. C'est
celui de M. Vérard de Sainte-Anne, qui pa ruit avoir
été occupé du désir de plaire a tout le monde, aux
amateurs do petiies arches, de moyennes, de gtau-
des, de ponts suspendus, de digues et d'enrociie-
ments.
II trouve l'ceuvre simple, el il est frappé...
de la facile execution. On no peul pas être plus
accominodant.
II met dans son pont de petités arches, pour la
navigation do tróisième orilre, c'est-iVdire des ba-
taux pêebeurs; puis de grandes aiclies en lor forge,
pour laisser un libro cours a la navigation dc
deuxième ordre,c'est-a-dire auxpnquebolsa vapour;
enfin un pont tubulaire comme celui de Menai,
sous lequel naviguerotit facilement les vaisseaux do
liaut bord du plus fort tonnage.
Ne trouvez-vous pas que eela rappelle eet acadé-
micien qui, construisant une ferme, fit faire a la
porte do la grange un trou suflisant pour donner
passage a la mère chatte, et a cólé un trou moindrö
pour donner passage a ses perils chats?
C'est aussi d'immédialement avant la guerre que
date un projet d'execution ep apparence plus Ion-