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LA CROIX D OR.
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Mercrëdi 13 Janvier 1875.
10me annéé. Nos 943.
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Le Journal parait le Mercredi et le Samedi. Les insertions content lo centimes la ligne.Los reclames, dans le corps du journal, se paient 30 centimes la ligne.Un numéro du journal, pris au Bureau, 15 centimes.
Les numéros supplémentaires commandos pour articles, Réclames uu Annonces, content 20 fr. les 100 exemplaires.
S( B M IJV S 1» K F JK IS.
COUP D'GUIL
SUR LE CHAMP DE BATAILLE.
Au commencement de I'annce il serait
doux de s'oublier dans les gaités que les
bonnes et aimables coutumes des nations
cbréliennes répandent, au souvenir de la
naissance du Christ, sur ce crépuscule et
cede aurore; mais ni Noel rii le jour de Pan
ne comrnuniquent cetteannée leur hilariléa
la politique.
Nous ouvrons le nouvel an cornme nous
finissons l'ancien: dans le trouble moral et
la confusion politique.
Aujourd'hui tous doivent se recueillir,
Ions doivent se demander le sort que de-
main nous réserve.
Quel sera ce sort?
Uu fail immense domine toule l'année
1874.
La persecution déclarée contre I'Eglise a
redouble de violence et d'acharnemtnl. Elle
e.si en Prusse, elle est eri Suisse, en Russie,
en lurqtiie, elle a passé les mers, elle éclale
dans l'Amérique.
II y a quaranle ans, doux penseurs pro-
fonds out crié a leur temps de dctix camps
opposes cede meme parole: la grande ques
tion est. la question reiigieuse.
Donozo Corlez et Proud lion se rencon-
traieul. L'humanilé est avec I'Eglise et con
tre I Eglise. II u'y a plus de tiers parti, de
tonnes moyens. Qu'on nous permetle cettc
comparaison: I'Eglise et Pimpiété rcssem-
bleni a deux waggons marcbarH a la ren
contre Pun de I'aulre avec une vitesse tou-
jours plus grande, ies tampons sonl enlevés,
le choc va se produire
Tons voieot cette situation. L'heure de la
catastrophe ne peut guére tarder. La baine
est trop violente dans 1'anti-christianisme et
I'amour trop puissant dans le camp Chre
tien.
"I y a vingt ans, celui qui aurait annoncé
les événements qui se poursuivenl aurait
peut-êlre élé pris pour tin insensé. Le libera
lisme s'écriait alors partout ct sur lous !es
tons qu'il nc s'occupait pas de I'Eglise, qu'il
n'avait rien de common avec la religion,
qu il ne faisait que de la politique.
Et aujourd'hui il s'en va s'écriant que
I Etat doit s'omparer de la religion, qu'il
doit avoir la main sur I'Eglise.
Alors aussi il ne voulail pas de PEtat tout
puissant, de i'Eial-Dieu. II acclamail les the
ories des économisles qui voulaientque PEtat
laissal la liberté résoudrelous les problèmes
et ne s'occupal que de maintenir l'ordre.
Aujourd'hui PEtat doit ètre lout et l'indi-
vidu, les families, les sociélés particulières,
les communes, les provinces, I'Eglise doi
vent n'ètre que des rouages du grand corps
appelé l'Etai.
La grande luite est done aujourd'hui en-
tre I Eglise et la Revolution. Nous, eatholi-
<|ues, nous savons que I'Eglise Iriomphera
finaiernent et notre espérance est une certi
tude, mais nous savons que la lutte peut ètre
longue et terrible, que Pépreuve peut ètre
sanglanle. Armous-nous done de courage el
de loi. Formons nos caracléres, trempons
cios ames pour qu'ölles deviennenl ferines el
puissantes comme l'acier. Pensons au com
bat et prions Dieu de ne pas faihlir a l'heure
du danger,
Le libéralisme fait faillite et faillite fraudn-
leuse:
Comment se posait-il?
En défenseur de la liberté de lous. C'était
la liberté pour lui-mème qu'il voulail, polit
ies eatholiques comme pour ses adherents.
Et qu'est-il arrivé? C'est qu'il veut que les
eatholiques soieul mis hors la loi, c'est qu'il
pretend que les eatholiques doivent être
traités en ennemis! Voila le libéralisme ami
de la liberie de lous.
II voulail, disait-il la liberté d'enseigne-
ment! Et en Belgique mème ses adeptes dé-
clarent que les membres du Congrès de
1831 commirenl une faule immense en don-
nanl aux Beiges la liberté d'enseignement,
car seuls les eatholiques en profiient et I'E
glise a l'aide de cette liberté est invincible.
Voila, soit dit en passant, le respect du
libéralisme pour la Constitution.
II voulail encore la liberté de la presse. Et
furieux des progrës de la presse catholique,
furieux de voir les eatholiques obéira leurs
pasteurs qui leur représentenl la presse libé
rale comme un poison, il veut accabler la
presse qui Ie combat sous les condemnations.
En Ailemagne, le libéralisme jette les jour
nalistes eatholiques en prison; en Belgique
il órige les procés de presse en système.
La Meusc le declare neltement, le libéra
lisme n'aura raison des eatholiques et de
leurs organes que si ces derniers disparais-
sent sous les condamnations. Voila le culte
pour la libre discussion, voila Ies partisans
des lumiéres pris la main dans le sac.
Mais c'est surtotit de la liberté de conscience
et des cultes qu'il faut parlor, car e'est en
cetle malière surlout que nos adversaires
manifestent leur amour de la liberté.
Qu'avons-nous vu? En Allemegnedes lois
odieuses dignes de la convention de Julien
I'Apostal donnenl a l'Etat le pouvoir légal de
nommer et de destituer les évêques el les
prêtres: elles lui donnent le pouvoir légal
d'imposer aux aspirants au sacerdoce une
éducalion déterminée. C'était nier I'Eglise,
son autonomie, sa liberté. C'était proclamer
que I Elat veut être tout et veut imposer des
dogmes.
Et ces lois recoivent l'approbalion unani-
me de tous les libéraux, pourainsi diresans
exception.
Ces lois sont exécutées et les évêques et les
prétres en défendant les droits de la con
science humaine, les droits imprescrïplibles
de I'Eglise de Dieu, sont jetés en prison et
dépouillés de leur patrimoine. Que font les
libéraux? lis applaudissent, c'est bien fait.
II faut forcer lous les citoyens a l'obéissance
aux lois mème les plus injusles, mème les
plus barbares. II n'y a pas de loi injuste,
s'écrient les libéraux, Ja loi est la volonté
nationale et la loi est ie droit.
La persecution s'élend a Genève, a Berne.
Les prêtres sont exilés, et lorsque la nuit ils
reviennenl sous des déguisements pour ad-
ministrer un rnalade a l'agonie, on les épie,
on les traque, on tire sur eux comme sur
sur des cbiens. Les populations doivent en
tendre furiivcm'ent les saints offices dans des
granges ou passer les frontières. Lesenfants
arrivés a l'age de la première communion
sont conduits de cinq, six ct huil lieuesa la
ronde, stir Ie lerriloire francais. Ces scènes
rappellent les catacombcs et la Terreur,
Henri VIII ct Calvin. Et cependant la prcsse
libérale approuve et envieces mesures, elle
voudrait Ies voir realiseren Belgique. Com
me aux temps des perséculeurs païens, le
chétien est uu monstre el il doit ètre mis
hors la loi.
Ah! si la Revolution triomphait jamais, si
I'Eglise n'élait pas la, l'humanité retomberait
dans les honles païennes el plus has encore,
car elle tomberait de plus haul. Corruptio
oplimi pessima. Bénissons la sainte Eglise et
soyons fiers de lui appartenir. Tenons Ies
ffonls hauls, car nous, eatholiques, nous
défendons, en défendant I'Eglise, lout ce
qu'il y a de plus noble, de plus élevé dans le
monde.
Signalons encore lesatleinles portéesa la
liberie d'association.
Les ordres religieux ont leur bonne part
dans la persecution générale. L'expulsion
des Jésuites el des ordres apparenlés s'est
poursuivie et s'est exécutée avec l'approba
lion des libéraux du monde enticr, Singulier
moyen d'avoir raison. On chasse sos adver
saires ou on les tue, puis on crie sur les
toils: Nous avons raison, car personne ne
nous conlredit.
La campagne ouverte précédemment par
les libéraux beiges contre la Constitution
s'est poursuivie. Des lévres elle s'est portée
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Poper ingh c - Ypres5-15,'7-25,9-30,10-58,2-15,8-08,9-20, Ypres-Poperinghe, 6-50,9-07,12-05,3-57,0-50,8-45,9-50. Po-
peitnghe-IiazebVouck7 13, 12-23, 4 17, 7 13. Hazebrouck Poperinghe-Ypres, 8-35, 10 00, 4-10, 8-25.
Y\>re.s-Haiders, 7-30,12-25, 0-45. Itoulers-Fpes, 9-25, 1-50, 7-50.
(L. 5 50), 7-3G, (9-53. Lichterv.) Lichterv.-Thourout, 4-28 m. Brugos-/?Oi;/ers, 8-28,
v„ n T Licluervelde*Courtrai, 5-25 m. 9 01, 1,30, 5,45 7,21 Zedelgliem Thburoul, 8-40. 1,05, 5,20, 6,58.
YpiesrCowrtr<w, b-34,9-49,11-18,2-35,5-23, Courtrai-Ypres, 8-08,11-02,2-80,5-40,8 49.
l pros- Ihourout, 7-13, 12 00, 0 20, (le Samedi a 5-50 du matin jusqu'a Langhemarck). Thourout- Ypres, 9-00, 1-18, 7 48,
(le Samedi a 6-20'du matin do Langliorriarck a Ypres).
Comines-Warnèton-LeTouquet-[IouplinesUr»ié»tóere«, 6-00, 10,15, 12-00, 0-40,— Armenlières-lIouplines-Le Touquet-War-
neton Comines 7 -23, 10,50, 4-10, 8 -40. Comines- Waraéton 8 40, m. 9-30 s. Warnêton-Comines 5-30, 9-50,
Courtrai Bruges, 8-05, 11-00, 12-38, (1,. 3-15), 6-53. (9-00 s. (Lichterv.)- Bruges-Cowrtrai, 8-23, 12-50, 5-13, 6-42.
tingesBlankenberghe, Heyst, (Elat) 7-30,9 45,11 04,1,20,2 25,2-50,5 20(exp.) (S.5-50)7-35 (exp.)8-48. (bassin)7 00,7-36,
\V IA o31 >?-,y6.'S-,2öCexp(SS-50)7" d-1 (exp.)S 31.— Heyst, Blankenbergbe, Bi uges, 5-43,(L. 7-20) 8,30,11-25,1 25,2 45,
(exp.,*-10,5-30,(D. 0-15)7-26. Blankenberg, Bruges, 6-10,(L. 7-42)8-55,11-58,1-45,3 05(exp.)4-80,6-00(D. 0 35) 7,007 48.
Ingelmunster-Deynze 6and, 5-15, 9-412-13. Ingelmurisler-ZV/Mjre, 4 50 2" cl7-13. Gand-Dayuie-Ingelmünster, 6-58,
11-20, 4 46. Deynze Ingelmunsler7,31 9-10 2° cl, 11,54 5,19, 8-20 s.
Ingelmunster-^nseghem, 6-05, 12-10, 6-15. \n§egho,tx\-Ingelmun§ter, 7-42, 2-20, 7-45.
'V/I.'-V I ixmude Furnes et D tinker ke6-30, 9-08, 1-35, 7-55. Dim/cer/ce-Furnes-Dixmude et Lichterv elde6-45, 11-15,
5-45, 5-05.
Dixmude-AYez()9or<,9-b5,10,35,2-20,b,10 8-40. —Nieup-Dte»»1(vilIe)7-40,12-00,4-24,5,56,9,30,(bains)7,30,11,50,4,15,5,80.
iliourout-Ostemie, 4-50, 9-15, 12,05, 1-50, 8-05. 10,15- Ostende-77»o«- - - -
Sn uioaIo LT A ai» a rxn r\ i
Selzaele Eecloo, 9-05, 1-25, 8-25.'
- -Thourout, 7-55, 10-10, 12 25, 4,43. 6-15. 9-,15.
Eecloo-Selzaele, 8-35, 10-15, 4-22.
Gand-Temeuzen, (station) 8-17, 12-15, 7,25. (porte d'Anvers) 8-30, 12-40. 7-45. Terneuzen-GVid, 6-00, 10-30, 4 40.
Selzaeta-Lokeren, 9 04, 1-30, 8-30. (le Merer. 5-10 m.) Lokerën-Setettetè, 0 00, 10-25, 4-45. (le Mardi, 9,30.)
COHRESrOWDAWrCBS.
COURTRAI, BRUXELI.ES.
Bruges
Gand
Bruxelles
Courtrai dép. 6,37
Bruxelles arr. 9,20
10,53
1,35
12,33
2,25
3,47
0,14
0,35.
8,88.
COURTRAI, T0URNA1,
LILI.E.
Courtrai dép. 6.37
Tournai arr. 7,28
Lille 7,37
10,«6
11,47
12,05
2,54
3,48
4,00
5,34
6,29
6,32
8,47.
9,41.
9,55.
COURTRAI,
GAND.
Courtrai dép.
Gand arr.
6,42
8,01
12,31
1,51
3,44
5,04
6,40.
7,50.
BRUGES, GAND,
BRUXELLES.
dép. 6,49 exp. 12,34
arr. 7,34 1,49
3,52
4,42
-xp. 6,43 8,
7,58
19 exp.
8,50
'4,00 5,30
9,31 10,20.
BRUXELLES, COURTRAI.
Bruxelles ddp. 5,22 8,28 12,21 5,35 6,47.
Courtrai arr. 8,00 10,46 2,44 7,56 8,44.
LILLE, TOURNA!. COURTRAI.
Lille dép. 3,20 8,25 11,03 2,18 5,20.
Tournai arr. 5,42 8,86 11,34 2,40 8,39.
Courtrai 6,34 9.47 12,26 3,38 6,33.
GAND, COURTRAI.
Gand dep. 3,15 9,38 1,28 4,24 7,21.
Coifrlrai arr. 6,34 10,51 2,49 8,31 8,42.
BRUXELLES, GAND, BRUGES.
Bruxelles dép. 8,14 11,53 3,12
Gand arr. 6,00 9,41 1,23 4,26 exp. 6,37
Bruges 7,20 10,34 2,38 3,II 7,22
5,55.
7,22.
8,38.
Suite. Voir lc N° precedent.
4, o, 6 et 7 Septembre.
Rien n'est change depuis quatre jours. L'équi
page profile de ce repos force pour rcparer Ies
avariesdu navire el raccommoder Ies voiles.
On dimiiuie encore Ies rations; il n'est pins ac-
cordé a chaqite homme, matelol on passager,
qu'un verre d'eau et six onces de biscuit par jour.
Les esprits sont aigris par Ie malheur et les
privations: Ies emigrants murmnrenl enlre eux;
lis font de sonnies menaces contre le capilainc et
I'aceusent, avec une fnrenr avengle, de tout ce
qui nous arrive.
Ce dernier se mm tee plus aftlige que peesotinc
de noire posiliou critiqiie; il vieul de nous eonvo-
quer en eouseil extraordinaire daris sa chambre,
pour délibérer sur ce quïl v a a faire.
Res emigrants rodent a I'entoiii' avec une in
quietude et une meliance qui uc font qu'ajouter
an danger commun.
Nous avons decide qu'au retour du vent, nous
tenteeions de relachee au port le plus voisin,
qui doit élre Halifax, ville auglaise, dans I'Acadie
on Nouvelle Ecosse, que nous pouvous atteindre
en quelques jours.
II nous reste encore Pespoir de rencontrer un
navire sur la route.
8 Seotembre.
Mèiuc temps. Un broüillard épais s'élèvc de
u
la mer el nous couvre cntièToment. Des cris cl des
lamentations Tclenliss.ent a bord: l'exaspération
esl a son comble. -Les émigrants montenl sur
le pont, annés de lout ce qui leur est tombé sous
la main; qiielqiies-uns ont des fusils et des pisto
lels. Le capitaine se repent, mais trop tard, de ne
sêlre pas fait remellre toutes les amies au com
mencement de la traversée, comme c'est l'usage
sur les navires marchands.
L'équipage et les passagers de la chambre s'ar-
ment de leur cólé, avec le capitaine, pour main
tenir l'ordre
Les méconlents hésitent; cnpendanl un des mii
tins s avance vers Ie capitaine et lui dit avec un
accent qui déchirc l'arae, car s'il peint la fureur,
il révèle aussi la sonlFrance:
Nous mourons de faim; donnez-noiis des
vivrr.-. Nous mourons de faim, et la cambuse est
picnic d'eau de vie.
Le capitaine ayaul fail un gesle qui fut mal
pris, l'ém.grant eoucli.i Ie capitaine en joue avec
nu pistolet, au moment oil j'allais ni'intei poser
en coucilialeiir et conjurer le capitaine, déjii tont
disposé ii la patience, de raisonner patcrnellement
ces pauvres hommes el de faire pour eux loot ce
qui était en son pouvoir. Ce coup de pistolet a
tool gate,
Uil mate lol s'esl jelé sur l'émigranl ct l'a ter-
rasse. Cetle aeiion a intimidé les émigrants, qui
se soiit éioignés pen ii pen.
lis out nos sympathies, piiisqn'ils sont pauvres,
puisqti'ils sou (Trent, puisqu'ils sont nos frères;
nialbeureusernenl nous ne pouvons rien pour eux.
Je laeherai de rësoudre le capitaine a ne pas faire l
passer en jugement le malheureux qui a tire sur
lui
L'insurgé est mis aux fers.
Le capitaine s'avance, avec sa petite troupe, et
declare aux émigrants qu'aucune distribution de
vivres ne sera laite avant qu'ils n'aient déposé
leurs armes.
lis o bé is sént en mnrmurant, et se dispersent
par gr on pés sur le pont.
Nuit du 8 au 9 Septembre.
La nuit est très-agitée; nous sommes lous dans
une grande inquietude au sujet des malheureux
émigrants; le quart est doublé. L'équipage el les
passagers de la chambre sont en armes.
Le broiiiiiard s épaissit de plus en plus; si le
ca!me tient encore quelques jours, les vivres man-
queront enlièrement, et nous ne sevons ce iiui
poiii ra arnver de I exasperation toujours croissan-
le de ces malheureux emigrants.
Si le soil tombe sur eux, me disait lout a
I heme un matelot, iIs ne se laisseronl pas manger
de bonne grace!
Nous avoris encore un pen d'eau-de-vie dans la
cambuse; ce sera noire dernière ressource
quand le biscuit nous manquera tout a fait, cc
qui va nialbeureusement bientot arrirer.
9 Septembre.
Le broüillard séclaircit pen a peu et commence
a se dissiper, cc qui fait espérer que le vent com
mence ii sélever dans Ies bautes regions de l'air,
et qu il ne lardera pas ii se faire senlir sui la
mer.
Dix heures du matin.
La brisc sc fait du cöté du Sud. L'espoir renait
at at
ggww—i WMBa^aaaggKaaBaBsggg1"1" --t"" m
dans les cccurs ct se traduit par les manifestations
les plus bizai ras.
Un timonier passe au gouvernail; nous meltons
!e plus possible de voiles dehors, bonnettes et
kakaloës.
Nous orientons, vent arrière, en nous dirigeant
vers Halifax.
Enfin, voici Ie vent revenu!...
Nous filons trois noeuds ii l'heure.
10 Septembre.
La tranquillité est lout a fait rélablie a bord.
Sur nos instances, on délivre l'homme qui était
aux fors ct il est convenu qu'on ne lui pariera plus
du passé. Si ceux qui pcuvent faire unegiOce
quelconque a un de leurs semblables savaient le
bonhcui' que cela procure, la vengeance serail
iuconnue sur la terre. Nos ponions sont doublées,
el si peu que ce soil, les hommes qui ont du cccur
partagent ce qu'ils recoivent avec les femmes et
les cnfanls. Je ne sais si eest fe plaisir que p.ro-
cure la conscience qui nóurrit l'estomac, mais le
peu qui nous reste nous suüit quand nous pensons
ii ces donees creatures que nous avons soulagées.
L homme qui, en tonics situations, n'est pas
prêt ii partager ce qu'il pen I avec ses frères eta Ies
soulager malheureux, est un infame égoïste.
1 on te idéé d'insubordination et de violence
s'en va avee la crainte du danger.
Deux heures.
La brise fraichit beaucoup,
Nous lilons six nceuds a l'heure, ce qui est rare-
ment arrivé a la Maria. Le vent est excellent:
S il se maiutient an memo point, nous serons a
Halifax cn peu de jours.
11 Septembre.
Mème temps, mème voilure,
Ou vient de mettre les ancres en Jjossoir, dans
le cas oii, a l'approcbe de la terre, nous serions
obligés de jeter l'aricre sur quelque banc.
Midi.
Nous (ilons toujours vers la terre, le cap au
nord-ouest. La brise s'arrondit de plus en
plus et saute par rafales; nous prenons la precau
tion de serrer des voiles, Ileureux temps!
Nous reudons lous graces a Dieu.
12 Septembre.
Nous courons la poste. Ce serait bien agréable
si cela ne commencait pas a être un pen dange-
reux. Je crains bien. Madame, que nous ne soyons
tombés d un excès dans un autre.
II y a quelques jours le veul était trop faible et
la mer trop unie, aujourd'hui Tun est trop fort et
l'autre trop agitée.
Luc hem e de Taprés-midi.
Deux voiles settlement dehors, misaine el grand
bunier. Le vent toume ii la tempête; le m.ll de
beaupré plie et s'inc.ine; la mer se gonfle; le rou-
lis augmeute et la mer commence ii embarquer.
M. de lloltenierre, qui s'est trés-bien conduit
dans nos malheurs, a plus que jamais le malde
nier.
Deux heures.
Le navire langue horriblement; le ciel s'as-
sonibnt et se couvie d un rideau grisalre.
Nous sommes a la cape courante.
Les cale haubuns se brisent, aind que les ma
noeuvres; la mee dcferlea grand bruit ct rava
ge Ic pont. Avaries sur avaiïes.