■(ó^êJs it 8-35' 1 ij inir-w1-- Düy'ni° ^^»»Mi'7ii/nrJouns,er"jD^^e'6 us 2'ci- 7-,ï!- ïl™ LA CROIX D OR. v ^/")r Mcrcrctli 27 Janvier I875i :-;-?Q"F année. Nos 947. O fe; j «jtó E5 2 o H en SS 3 c/ Le Journal parait le Mercredi el le Samedi. L<3S 'a ',gne' a LeS reclamos' dans _le corps du journal, se paienl 30 centimes la ligne.— (Jn numéro du journal, a'res C0"""'1"lJes 'Pour articles, Réclames ou Annonces, coülenl 20 fr. les 100 exemplaires. pris au Bureau, 15 centimes. perinfhe-H&broSck^Trfa'^IP^J0"^®'^"^8**-08'0-20* - Ypres-PojêeWng/te, 6-80,9 C II JE jfl I l> K F JE W. Po- S^zaetrTórerc/7'9^04 "Vao" K7'a<V2 rl\7'2S LT d'Anv?r8> 8"30' ,2"w. 7-48. - ferneuzen-Gand, 0-00, 10-30,4-40. Ü4' 1'30> 8 3o- (,u Merer. o-l0 in.) Lukeren;6etetie<e, 6-00, 10-28, 4 48. (le Mardi, 9,30.) AVEUX. Faisons qnelqnes coupures dans In confé rence que M. Couvreura donnée Mardi a la Cham lire des rcprésenlanls, sur l'arhilrage deslthé a aplanir les condils inlernalionaux. II y a dans cel te disserlalion parlemen taire des aveux bons a recueillir et qui ne tournent pas précisément a Phonneur du piogiès moderne et des immortels principes de 89. M. Couvreur dóbutcen conslalant ces faits significalifs: L Europe lient en ce moment en armes P us de six millions d'hommes, l'élile de la jeiinesse el de Page viril, dressés a se massa- crer les tins les autres. Ces six millions d'hommes, avec les ac cesspires de l'organisaiion miltaire, coülent par an plus de sept milliards. Depuis un quart de siècle, la dolle de l'Etr rope s'esl accrue de prés de dix-huit mil- hards, dont seize milliards absorbés par la guerre ou par les armcments. II nous sernble que voila des conslalations ollicielles cl des chiffres qui sont de nature a robattre quëlque peu la présomplion des «sprits infalués des splendeurs dc la civilisa tion contemporaine. Nous les recornman- oons aussi aux économisles liberauxel M. Couvreur est du nombre— qui denoncenl saus cessc les empiéternents de la main-mor- te ecclésiaslique et monacale comme le grand peril de nos sociélés acluelles. Ne voil-on pas qu'il exisle, pour la fécondilé de la ri- chesse sociale, un danger bien aulrement réel; et sans contredit plus redoutable, que co fanlóme d un passé évanoui a qui les ré- cenles spoliations libérales en léven t jusqti'a 1'apparence d'un corps? Vons vous récriez sur le patrirnoine enlevé it la circulation pour devenir le douaire de la religion et de la chdiité: mais que faudrait-il dire, si vous éliez logique, du militarisme qui. dans l'Eu- iope enliére, absorbe le plus clair des ['es soinees naiionales et creuse un goul'fre im mense au lond duquel les slaticiens les moins enclins au pessimisme enlrevoient une ban- queroule universellu?% Et quelle esl Porigine de celle situation? Quelle est la cause initiale de eet état social qui nous rapproche de la definition qu'on a donnée de la sauvagerie: öcltum omnium contra 0 tunes/ Ecoulous encore ces avetix de M. Cou vreur. Les attenuations calculées de la forme n enlèvent rien, pour le leoteur perspicace, au fond de la pensee: Cel état de choses, messieurs, qui assi- 'le les peuples civilisés aux tribus sauvaues les plus barbures, semble s'uccroiirc avec les lorces qui devraient le détruire. Le.progrès agit tci en raisun inverse de sa Ioiil n'ar- icte pas la barbaric, tl Cuggruve; il rend la guerre plus sa van te, plus destructive, plus couteuse. Cest en vain que, d'annéeen an- nee, la libené commerciale dévelöppe les cchanges; cest en vain que les cbeinins de er, les posies, les télégraphes deviennent «es institutions univcrselles, régies par des conventions mtenia 1 ionales el, pour mescr- vir de I expression si pitloresquo dc M. Glad stone, servent de navettes peur lisser un lien d an.itié et de concorde enlre les peu ples. II semble qu'a mesure que la civilisa tion progresse d lend a placer lesEtals dans tine plus étruiie iuterdependance, 011 voie atissi augineiiier et leurs inefiances récipro- quésv 91 les charges qui découiént de la nucessiie ou ils sont de garder plus préeieu- sement les biens que leur rapprochemenl leconde. Le pi-ogres materiel, si souvent próné par la presse libérale comme une panacee uni- veiselle, ue sulllt done pas, de l'avis de M. Couvreur lui-métne, pour constituer une civilisation léconde et pacifique. II faul, pour meuor eet te oeuvre a bonne fin, une intluen- ce plus ellicaee, un ressort de i ordre moral. Uice 1 essort nexiste pas. Les peuples, »cest encore M. Couvreur qui le constate, en sont, les uns vis-a-vis des autres, dans la situation ou élaient places jadis les indi- vidus lorsque, a déluul d une loi commune et dejuges pour 1'interpreter, la force in- dividuelle pouvait seule assurer leur exis- lenee et proléger leurs droits. II n'y a done, en réalité, pas de droit des gens paree que les usages plus ou moins dé- finis, désigné sous cetic appellation générale, n'ont aucun caraclére legal, umverselle- ment obligatoire, paree qu'aucune puis- sance n'en reconnait Fantorité, paree que leur souveraineté a loules est ïllimitée, paree qu'aucune n'admet au-dessus d'elle un pouvoir supérieur a celui dont elle dis- pose. II fut un temps oü il n'en élait pasainsi. M. Couvreur reconnait qu'au moyen-age, (dors gr/c rcgnuii Cunuè de foi, les Rapes sont souvent intervenus comme arbilres des nations cbréliennes. C'est qu'alors l'unilé religieuse engendrait l'identilé des doctrines morales et faisait dti Chef de I'E- glise, Ie Chef de la fédération des peuples chrétiens. Aujourd'bui, depuis Eémancipalion de la raison humaine, prévaut, dans la vie pu- blique comme dans la vie privée, ce nouveau principe: Chaeun se lail sa morale a soi- iiième et, naturel lenient aussi, chacun se labrique un petit code approprié a ses inté réts, a son ambition, aux calcuisdesa poli tique. Cest un des progrés que nous devons a la Reforme. Les traités de Westphalie et d Ui- recht ont olilicicllement consacré la destruc tion de la chrélienté pour y subslituer la politique dite de 1'équilibre européen. Eoliti que précaire, arbitraire, sujet te li mille os cillations el, par la rnème, mieux faileau fond pour multiplier les conflils inlernalio naux que pour en larir la source. Les lamentations emphatiques mais sin - ceres et motivées de l'école humanitaire al- tesient assez eombien les expedients dc la diplomatie ont été impuissants a garantir la paix des peuples. Tonics les combinaisons d éqnilibre dont l'Europe moderne s'osl long temps bereée, out, comme on l a dit avec beaucoup dejustesse un défaut capital: clles trouvent un ennemi dans chacun de leurs défenseurs. Le méme sentiment de jalousie qui porie les puissances a réunir leurs forces jtour maintenir l'équilibre, excite cbacune d'elles a le détruire pour son propre conipte. foutcs ensemble clles en proclament l'invio- la bi I i té; mais séparétnenl elles s'efforcenl de l'anéantir. Un écrivain dont M. Couvreur s'est tnain- tes fois approprié les pensées dans son dis cours, M. E. de Laveleye, s'exprime a ce sujet en des termes significalifs: Aujour- d bui, dit-il, Fborizon de l'Europe est plus menacant que jamais; ce ne sont plus des points nons qui y apparaissent, ce sont de sombres nuages couleur de sang qui Ie couvrent. Ce ne sont point les fragiles constructions des équilibristes poliliques qui sauvegarde- ronl la paix du monde. Celle-ci doil étro assise sur une doctiine bien définie et uni- versellement acceptée. Or, celte doctrine, qui la définira, qui la proclamera? Le ratio nalisme liberal?... Mais ce serail demander la fécondilé au néanl, la lumière aux téné- bres, I affirmation doctrinale au scepticisme syslématiquc! lei encore il faul bien en re- vemr a l'Eglisc comme au seul gage possible d unité parmi les hommes et parmi les na tions. Nous savoris bien qu'a l'heure actuelle, celte restauration de la chrélienté peutsem- bler une illusion et une chimère; mais, d'a- près une parole rappelée par M. Couvreur lui-même, I utopie n'est souvent que la véri- lé vue de loin. Que les esprits s'cn rappro- chent et bientót elle pénélrera dans les mceurs, les fails ct les institutions. Dans tous lescas, la chréticnlé es! possible puisqu'elle a exislé; I unité dans le droit nouveau est cc cc O k Z; cc =C! co tb or O co co Q -c OJ S 3 3 "O o> on O O. O) -O X 3 «3 0> i— 3 -G 3 O pc? 'JZ en m zo •H CTJ C/2 —3 S3 d3 -n so >- o 33 CJ« H O O w jH •n &S en "D S3 Ypres-Coïïii"^^^^ Ypres-7Aouroul, 7-13, 12 00 6 20 /lp SimT-rH k «n i ,"2"!SÖ'S"^'J,8 44. Cor^rifis'War' f"20 du,n,,atin d'B Langhcmarck h Ypre's). matln JUsq"'a Lanëh«n|frck}. Tlioiirout-Ypm, 8-40, 1-10, 7-00, néton-Comines 7 2510,80, 4-10 8-408 ^"comiZ^n'10,1812-00, 6-40, Arincntièros-llouplines-Lc Touquel-War- ta«r„.ffT,8.0S,|j.óo, 12^,tlt0nöi%n?W°' 9-,f S"- Warndlon-CimimM 6-30, 960 1 Bruges; Blankenherglie, Hevst, (Eiat) 7-28 n'oi 9'sn 7 w 1' "!'rv-,'~ lin"^-Qour/.rai, 8-28, 12-80, 8-00, 6-42. Bruges, 8-48,»,38 11-28'8-30. <>*,2-80,7-33. - (bassin) 7-31,11-10 2-80,7-41.fexp.) - Beyst, Blankenberghe, Ingelmunster Deynze-Gand 'J-is o l\ o i i ËchS Ansegheni-Ingelmunster7-42, 2-20. 7-48 3-40, 8-00. C mke,ke> 6"3°. «"O». 1-33, 7-88. - Z)i<u%A-e-FUrue8nDixmude et Liclilervelde, 0-48, 11 10 Selzae!e-Eecloo. 9-08, 1-28, 8-28. 1 >-07,12-08,3-87,6 80,8-48,9-80. 10 00, 4-10, 8-28. - Gand-Deynze-Jngelmunster, 6-88, -10, 12 28, 0-18. COHHBSPONDAWCES. COUHTHAIBRUXKUES. Court ra i dép. 6,37 10,83 12,33 3,47 0 38 Bruxelles arr. 8,80 1,33 2,28 6,14 8*,84. COUHTHAI, TOURNAILII.I.E. Courtrai dép. 6.37 10,86 2,84 8,34 8 47 Tourna! arr. 7,28 ||,47 3,48 6,30 911 Lille 7,38 12,08 4,00 6,38 10,00. BRUXËLLBS, COURTRAI. Bruxelles dép. Courtrai arr. 8,22 8,02 8,28 10,46 12,21 2,44 8,38 7,36 6,47. 8,44. COUHTHAI, GAND. Courtrai dép. 6,42 Gand arr. 8,01 9,49 11,08 12,31 1,51 3,44 8,04 6,40. 7,36. Bilie dép. Tournai arr. Courtrai Gand dép. Courtrai arr. LILLE, TOURNAI, COURTRAI. 8,15 8,22 1 1,08 2,22 4,48 8,20 8,00. 5,42 8,80 11,29 2,40 8,30 8,38. 6,42 9.49 12,31 3,44 6,40 9-33. GAND, COUHTHAI. 3,13 6,37 9,38 10,80 1,28 2,84 BRUGES, GAND, UHUXEI.LES. 4,24 8,34 7,21. 8,47. Bruges d. 4 39 exp.6,49exp.7-04,9-39,12.34,3 43,ex.2,52,8-H9exp. 6 43 Gand a. 8 31, 7,34, 9,15.10-84,1.49 4,28, 4-07,6,82 7't>8 Bruxelles 6-28. 8,80. 10-33,12-39,4 00,0,14, 7-35,8,44, 9-3l' URUXELLES, GANDBRUGES. Bruxelles dép. 7-20exp. 8,l4axp 11,06 3,12 5,88. exp. Gand arr. 8,29 9,4! 1,12 4,21 7,17. Bruges 9,23 10,34 2,38 8,11 8,38. D US barluirps coii.Ma X mi Suite. Voir Ie N° précédent. Ilu de Sable. Dans la niaison d'un Amérieain. Quel tcrrrible désastre, grand Dien! quel épou- ventable naufrage! quelle nuit horrible! La mer mugit encore a mon oreille; je vois loujours se dresser devant moi, comme des fanló- mes. les rochers sur lesquels nous venons de nous brisei" Que de cris, que de pleurs! que de malédictions et de prièref!... Complons nos morls maintenant: sacbons quels sont les acteurs qui om survéeu a ce drame effraya.nl. Mais quelle triste chose j'ai lil vous raeonter! Par oü commencerai-je le récil de cel te scène de désolaiion? Comment vous dire la fin de ce voyage, que nous avions tons cotn- mencé si gaiment? Mier au soir, a cinq bcures. les pompes ne fran- chissaicnt plus; l'eau nous gagnail„ons élions sur le point de cbuler. A six bcures, notis aprroömes les rochers qui formenl une ceinture aulour de l'lle de Sable. Les -brisanls nous enlrainaicnt rapidcmenl de ce cólé. La nu it nous surprit dans cclle situation. Le ciel élait gonflé de images; une obscui ilé profonde s'etendit sur l'Océan et nous enveloppa comme d un linceul funèbre! La tempête redoublait de violence. Nos mals brisés tombaient a la fois sur le pont. Le navire, qui ne gouvernait plus depuis longtemps, glissait en lournoyant sur les vagties avec une rapidilé extréme. Nous élions tous pris de vurligcs. Lts allA 11 luns auuvages masses noires des- rochers, qui dessinaient va- gueinent lenrs silbouciies a l'borizon, semblaicnt s agiter el passer rapidrmrnl a eölé de nous. La mort nous venail a la fois par la léte el par le coeur. Le navire bondissait sur les lames et (ilait eoin- ine une fléebe. Ce terrible vers d'une balade de Burger: Les morts vont vile, revenait sans cèsse a ma mé- motre, et m'effrayait comme l'apparition d'un fan lóme. louie I title avec les cléments élait impossible; le navire courail loujours..,, lout a coup, nous Ifuni s tons renversés par une secousse épouvanlable... Le trois-móls venail de donner deux coups de talon conlre les rochers: le choc I avail fracasséel cnlr'ouvert. La lamernlra avec violence el nous couvrit. La cale élan brisée: lom Ie lesl coula au fond dc la mer. Le navire, al!égé, se releva un pen, cl la lame se relira, emportant lout sur son passage. Le navire cour.it encore qiidque lemps; puis une dernière secousse nous renversa encore; il donna un dernier coup dc lalon, et ne bougca plus de ion te la unit. Nuit horrible et lamentable comme I avail élé la joiirnée! Les vagues se rua.cnl sur nous avec fureur el balayaicnt le navire. Nous nous appelions dans l'obscurité; mais Ie bruit de la mer couvrait nos voix. Les nuage» s'ouvrirel un instant; la lune jeta sa póle lumière sur ccllc scène de desolation; nous ne vimes parlout que des montagnes d'eau qui con- latent vers naus; nos yeux se fermèrent avec hor reur, et, quand nous osames les rouvrir, la nuit avail rccouvert l'Océan. Parfois la fureur de la tèmpête semblait dimi- uuer. Alois un concert lamentable de cris, de gé- niissumeiits et de pi ières s'élevait du navire: un st.ppelail dans l ombre, 011 demandail a Dieu et aux bonimes 1111 secuurs qui ne veriait point, el bientót I oiiragan reconunencait avec line nouvelle lage, ellOcéan couvrait de sa grande voix ces pleurs ces priores, ces malédictions insensées. Je 11e sais rien de plus navrant qu'nn pareil spectacle. La mer nous couvrait coiitinuellement; les va gues traversaient le navire, clles s'y mèlaient, s'y brisaient avec bruit, emportant tont sur leur passage. Nons faisions des efforts siirbumains pour nous retenir aux flancs crevassés de la Maria; mais nos forces élaient presque épuisées toulcs, et de lemps en temps le (lot, en sc reliranl, emportait un liomme, une femme, 1111 enfant dans l'ubime. Voila coninieut nous passaines |a nuit. Feu a pun I borizon s'éclaira: les premières lueurs dn jour nous iiionli èreiii la lerre; nous nen etions qua cent cinquante brasses, et notie navire. en courant Ie long des rochers, élait vciiu écbouer sur le sable. Sur Ie rivage, nous apergumes des hommes qui alluniaieut un grand feu et nous faisaient des signaux. Lette vue nous ranima un peu. Le danger n'a- vait cependanl pas di.ninué; la mer déferlait lont jours avec la méme violence; ce qui restail de notie pa 11 vre navire craquait horriblemenl ii chaque coup de la lame. Le lemps élait encore trop mauvais pour que les geus de l ile vinsent nous prendre dans leurs enibarcations, et si la Maria n'avait point encore lenu bon pendant quelques heures, c'en était fait de nous. A midi, Ie vent conimenca a faiblir ct la mer a décroilre: on vint a uous avue des canots. 1 Ce fut alors qu il nous fut permis de regarder un peu auloiiT dc nous et dc complcr 110s morts. Melas! que de douleurs ct de Jannes! Quel vide dans nos rangs! Conibien avaient été engloulis sous nos yeux! Combien ne répondirent pas a noire appel quand novs piimes enfin noils écrier: 1'reces, encore 1111 offert cl nous sommes sauvés! Voyez avec quelle impatience ou nous attend la-bas. Venez, freres; nous ne moiirro.is pas; voici que des hotriines' intrépides nous arra- chent a la fureur de la mer el nous emporlent sanglanls, nieuitris et brisés, dans leurs bras! Venez done, liètons- nous, voici de Fair, du soltil et de la lerre; voici la vie qui nous revient! Lt parmi ces absents que nous plenrons, parmi ces nialheurb'iix qni ont succombé au dernier acte de ee drame funeste, comment vous dire qu it y a ectte femme si jeune, si belle, sf bonne, si noble dont je vous ai parlé quelquefois? Comment vous dire que Madame Tliérèse Jnan n'est plus la el qu elle a disparu dens celte unit falale?... Combien je regretle maiiHcna.it de vous avoir parlé d'elle, puisque aussi bien cetle pauvre fem me devail mourir d'une si affreuse mort, e.npoi lée paries vagues, el ensevelie dans l'Océancomme Ophélia dans le fleuve. Comme tout eela est sombre et lugubre! comme le coeur se serre en y pensant! Oubliez, Madame, oubltcz aussi vile que vous pourrez celte his.'oire de deuil! Llle est niorle! elle est morte! Ses beaux yeux sont eteints pour l'éternilé; son corps élégant sera la pature des habitants des mers. elle est morte!... Adieu, pauvre existence brisée! Tu n'es plus belle et radieuse, tu es anéantie et morie; et lu n auras pas méme une tombe 011 l'étr.angor puisse voir que tu n'avais que viugt ans!.... All! qu ils soul beaux ees vers tfu poète: Combien de patrons morts avee leurs équipages L'ouiagan de leur vie a pris loutes les pages' Lt tl 1111 (lot il a lont dispel'.sur les flotj' Nul ne sail ra leur tin dans l'ahiinc plongée. Chaque vague en passant d un buliri s'est ehargée: L'iuie a saisi I esquif, I autre les matelots! Oh! combien de marrus, combien de capUaines, Qui sont partis joyeiix pour des eoursés loiniaines, 'Luis ee morne bonzon se sout évanouis! Combien out disparu, dure et Iriste fortune! Mans une mer sans fond, par une nuit sans lune, Sous l'aveugle Oeéan a jamais enfouis! Enlre autres infortunés, nous avons encore perdu ce vieux matelot, brave soldat, inlrépide guerrier, qui. dans l ombre, sans renomméeet sans bruit, avail versé pendant si longtemps son sang pour sa patrie. Dans ce grand désaslre, les matelots se sont ad- mirablement bien conduits, lis n'ont pas pensé it eux-mêmes, alors qu'il leur élait si facile d'achcter leur salut par la fuitc. Non, ils sont partis les der- niers, après avoir fail, ainsi que leur capitaine, des efforts déscspérés pour sauver le plus d'in- forliinés possible.... Ces vaillants mail lots soul Francais. Quelle vie que celle du matelot! Chaque heurc a sa lutle et son danger; il joue sans cesse avec la mort, baigné dans i eau salée. la poitrine dëcliirée par les lames el par le ven 1et après soixanle ans du fatigues ei de combats, il meurt comme un chicn, dans la misère, -comme lant d'aulres, ses freres en sou (fi ance et en iiurépidilé. A COAÏ1JMUEK,

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1875 | | pagina 1