1 LA CROIX D'OR. p.GtA Nr Mercredi 10 Février 1875, Ssv2ÖQUE 10me année. Nos 951 vpr..;i.,r., v,"iTb-,m- JEAN-JOSEPH FAICT, 5 3 Le Journal parail le Mercredi et le Samedi. Les insertions content 15 centimes la ligne.— Les réclames, dans le corps du journal, se paient 30 centimes la ligne.— ün numéro du journal, pris au Bureau, 15 centimes. Les numéros supplémentaires commandés pour articles, Réclames ou Annonces, content 20 fr. les 100 excmplaires. CHEMOS me eek. TbZm7^MTS9"M'2-20,8-4°-NieuP-fc.(vil|e)7-'t0.11-88,4-28. Eïèquc lie Bruges^ Nos Très-Chers Frères, Nous saisissons avec bonheur l'occasion, on nc peul plus favorable, de l'approche de la sa in Ie Quarantaine, pour vous annoncer solen nel lemen t legrand Jubilé de l'Année Sainle, dont Notre Saint-Pére le Pape vientde gratifier Ie monde, par son Encyclique du 24 Décembre dernier. Conformément aux usages élablis, ce bienfait insigne, accordé pour l'année présente a la villende Rome sou- lement et aux pèlerins qui la visitersïenlne dcvait nous échoir que l'année prochaine. Mais, s inspirant des maux qui pésent sur Rome et sur l'Eglise presque enliére, et do la nécessilé de plus en plus urgente d'im- plorer Ie secours di vinNotre bien aimé Pére, Pie IX, a daigné prévenir notreattenle ét décréter que Ie Jubilé de l'année Saintc se célébrera, celte année mêrne, lanl a Rome que dans loute la chrélienté. Grace a celle decision souveraipe, l'année 1875 sera done, pour l'univers entier el pour ce cher diocése de Bruges, tine année bénie enlre toutes: une année de pardon et de restauration spiriluelle, une année de bonnes ceuvres el de prières, une année aussi de sou- lagement el, osons l'espérer, de joie pour l'Eglise et la Sociélé. Le mot Jubiléque nous tenons des Hé- breux, éveille en nous l'idée de joie, de déli- vrance, de pardon et de restauration. Et en efïet, Ie Jubilé, sous la loi ancienne, était une année de iniséricorde, de réparation et d'indtilgence. Les families malbeureuses ren- traientdans la possession de leurs hérilages; toules les dettes étaient remises; les esclaves recouvraient la liberie. Vous sanclifierez cetleannée,lisons-nous, au livre du Lévi- tique, «etvousannoncerezla liberie générale a tous les habitants du pays, parce que e'est l'année du Jubilé. Tout hotnme ren- trera dans Ie bienqu'il possédail, el chacun retournera a sa familie d'origine; parce que e'est l'année du Jubilé. Levi!XXV 10. LeJubiléconstiluait done pour lesHe- breuxuneépoqueheureuse,vivementdésirée, impatiemment attendue, de liberlé et de re novation sociale. Et cependant le Jubilé des Juifs n'était que l'ombre, la figure de celui de ia loi Nouvelle, du Jubilé du peuple chrétien. Par une appli cation réelle et surabondanle des satisfactions et des mérites do Jésus-Christ, nous, N. T. C. F., nous voyons lumber les chaines aulre- ment lourdes qui retiennenl, non pas nos corps, mais nos ames captives. Grace aux faveurs du Jubilé chrélien, nous échappons a la tyrannic, non pas d'un mortel impi- toyable, mais du démon lui-inéme; et les noirs cachots, auxquels nous sommes sous- 1 raits, ne sont a,litres queceux de l'enfer,qui «st éternel. BenTliis «a la liberté des enfants de Dieu (liom. VIII, 21.) par la rémission de nos péchés,si nombreux et si graves qu'ils puissent être, nous rentrons par cela méme en possession des biens que nous avions mal- heureusement perdus; et avec l'amitié de noire Dieu nous retrouvons et le mérite de nos bonnes ceuvres antérieures et des forces nou vel les pour combullre le bon combat (II Tim. IV. 7.) et triompher dans les (titles a venir. Bien plus, la faveur du Jubilé chré tien nous restitue a I'ltiuombrable el bril- lante familie des atnesjusles, sur la terre; nous associant a ses consolations, a ses joies, a sa paix qui sur passe tout sentiment (Phil. IV. 7.); en metne temps qu'elle nous rétablit dans tous nos droits a la gloire et aux récom- penses élernelles de noire patrie céleste. Puisqu'il et en est ainsi, N. T. C. F., avec quel enipressement, avec quel transport, ne devez-vous pas aecueillir l'imporlanle nou velle que Nous vous apportons? Ames saintes qui Nous éeoulez, ei qui complez par milliers el milliersau sein de ustre religieuse Flandre, vous serez des premières, Nous le savons, a venir puiser dans les trésors que l'Eglise vous ouvre avec tant de générosité. Puisez-y lar- gement; dejustes, devenez plus justes, el de saints, plus suinls encore (Apoc. XXII. 4); a fin que vos supplications, pour le triomphe de la sainle Eglise el la délivrance' du Saint-Pére, soient d'aulant plus elficaces; et vos prières, pour la conversion des pécheurs et des indifférents, d'aulant plus fructueuses. Et vous, pauvres pécheurs, qui que vous soyez, pardonnez a noire iendresse de vous interpeller, en celte circonstance solennelle. Jusques a quand enfin demanderez-vous au péché un bonheur impossible, an doute el a l'irréligioti une paix, une tranquillité, qu'ils sont impuissants it vous |trocurer? Pauvres etchers pécheurs! Le bonheur et la paix, ces deux grandeschosesque le cceur de l'hoinme recherche toujours et dont il ne saurait se passer entiérernent, sans cesser de vivre, ces deux grandes el saintes choses, vous ne les trouverez que la, ou votrejeuriessechrétienne, voire premiérecommunion, une mére pieuse et leprèlre,confident de votrc enfance, vous les ont monlrëes. Oui, quoi qu'en puissent dire vos passions: la sensualité el Torgueil; quelque sediiisanls que vous apparaissent le vice et le mensonge, s'étalanl devaut vous, dans les livnes, dans les journaux, dans les danses et dans les spectacles; quelque irrésistible que puisseétre I'entraioement de I'exemple; le bonheur et la paix de I'amese trouvent dans la pratique des verlus chrétiennes et dans la possession de la vérité catholique infailIiblc; et ils ne se trouvent point ailleurs. Notre ex perience a tons est la pour lémoigner qu'il en est ainsi; et Dieu, qui a forme nos occurs, le proclame, peul-on dire, a chaque page des livres saints. Veritas Domini manet in externumLa vérité du Seigneur demeure éternellement. (Ps. CXVl. 2.) Reconnaissez done voire erreur, tandis qu'il en est encore temps. Sachez la rocon- naitre utilement aujourd'hui, comme vous la reconnaitrez, peut-èlre au milieu de stériles regrets, a l'heure de la mort. Aprés cela,vou- driez-vous,oseriez-vous repotisser voire Mére, la Sainle Eglise, qui vieot au devant de vous et vous présente' ses trésors-: trésors de lu- miére, de pardon, de force et d'amour? Mais non. Se rappelant leurs deslinées élernelles, nos diocé,sains bieu-aimés s'em-' presseronl a Forivi de répondre a 1'invitalio.n qui leur est faite. Void qua le temps pro- pice s'approcha; void que les jours de salui s'aoancenl. (II Cor. VI. 2.) Tous, Nous l'es- pérons, tous vondront profiler de l'occasion éminemmenl favorable qui se présente; se souvenant que le Jubilé de l'Année Sainte 1875 sera pour Nous, qui vous l'annoncons, et pour un trés-grand nombre d'entre vous, le dernier de noire vie. Afin d'assurer le succes du Jubilé et pour Nous conformer aux vcenx du Saint-Pére, Nous voulons que les saints exercices de la mission aienl lieu, a celte occasion, successi- vement dans toules les paroisses el dans tous les élablissements religieux de notre diocése. Dans les villes toulefois, la mission sera pré- cliée simultanémenl, dans toutes les églises paroissiales qui les composent. L'ouverlure de la Mission sera annoncée aux fidèles, quinze jours d'avance, par la lecture en chaire de la Balie pontificale qui accorde le Jubilé, Nous aurons soin do faire promulguer et afficher a temps les conditions a remplir,d'a- prés les prescriptions du Saint-Pére, pour gagner le Jubilé. Nous vous prions enfin, N. T. C. F., et Nous vous conjurons dans le Seigneur de consacrer le saint temps du Carème, vos jeünes,vos mortifications,vos aumónes et vos prières, a vous préparer d'aulant mieux aux faveurs de l'Année Sainte. Et vous surtout, ames pieuses, redoublez de ferveur, multi- pliez vos supplications et vos bonnes ceuvres afin que le Seigneur, au cours de cetle année memorable, daigne répandre sur ce diocése, cetle portion choisiede son héritage, Cesprit de graces el da prières. (Zac/t. XII. 10.) Suil le disposilif. LE SAINT-PÉRE A LA DEPUTATION BELGE. Voici la traduction dn discours de Sa Sainleté en réponse a l'adresse des calholi- ques beiges, hie par M. le sónatcur de Can- nart de llama! e: Dieu, qui choisit de faibles instruments pour confondre les forts, a voulii confier, en ces jours d'agitation anli-chrétienne, Ie gou vernement de son Eglise aux mains débiles de I horn trie que vous voyez devant vons. L Eglise ressemble bien a cello barque ou so troavait Jèsus-Christ avec les apótres quand éclala tont a coup la lempcto. Le ventsouf- fiait avec furetir, et les apótres épouvantés se jetaienl aux pieds du divin maitre en criant: Domme, salva nos, perimus. Cs3 5^ O 03 -< In O *3 tn cn 0 03 &q Q i> 73 «O zo Ci2 CC -Ö a> -O K 3 iinsffffiiwiiiHiïivffi U3 co O" fc£ "*1 Sö v| 'JC O ra 2! ^3 30 •H 00 m cn ra 00 ra ra oo 25 O c/* *rs O a 53 <oc H O O H ra tr 22 M ra -o cC 5 ra c/3 C/3 ra oo >- 2; Po- °12-80 8-00%' [L'r -7"86, (9"S5, Lichtferv-) Lichterv-TKoüroüt, 4-28 m. miers8-23, Ypres-C0ïrtm% 3iT-49 8v°l' ?V'3? 7'21 Zedelghem-TW* 8-40. 1,08, 8,14, 6,88. Ypres- Thouroul p' t' Courtrai-tyres, 8-08,11-02,2-86,8-40,8-44. (Ie Samedi a 6-20 du matin de La^t.emar "kl'Ypreï)°. L^'hemarck)- Thourout-tyre®, 8-40, 1-10, 7-00, ntW(W%f^ 10'U!' 12"°°' 6"40< Armentières-llouplines Le Touquet-War- Courtrai-llruL 8 oV 11-0.7 m' 7 Co.nmes-VV«r«éto» 8 40, m 9-30 s. - Warnêlon-CWmes 8-30, 9-80, Bruges BlankenberpliP FfpvJ /vi!V i «vA s* (Bichlery.)— Bruges-CWr/na, 8-25,12-50, 5-00, 0-42. Bruges, 8-48,8,38 11-28 8-3(7 b'11 2-80,7-38. (bassin) 7-31,11-10.2-86,7-41 (exp.) Ileyst, Blankenberghe, ftM■ƒ4/fl£ttwï;773|,n1!ö^nSle^"^W;^®, 08 2"Cl" -^nd-Deyrne-Ingelmunéier, 6-88, LicLTr%bltr"nWSe^^eWK? 6"°ö' 12:10' Ai>seghem-/»,<7efoiw»s<er, 7-42, 2-20, 7-48 3-40% 00 UnleS e' Dwnkerke' °-30' 9 08> «-3!». 7-88. £)u~' r I Td Dwnkerke-Furues-Dixmude et Lichtervelde6-43, 11-10, Gand-Termuzen, (station) 8-17, 12-18, 7,28. (porte d'Anvers) 8-30, 12-40. 7-43. - Terneuzen-GMd\ 6 00,10-30, 4-40. Jselzaete-Lokereii, 9-04, 1-30, 8-30. (le Merer. 8-10 m.) Lokereri-Se/zaefe, 6 00,10-28, 4 48. (Ie Mardi, 9,30.) CORHBaFOVSAIIOES. COÜHTKAt, BRUXELLES. Courtrai dép. 6,37 10,33 12,33 3, Bruxelles arr. 8,80 1,38 2,28 6, BRUXELLESCOURTRAI. «,47 6,33. ,28 6,14 8,84. COURTRAITOURNA], LILLE. 10,86 2,84 8,34 8,47. Q /VI li P 4,| 10,' 00. COURTRAI, GANO. Bruxelles dép. Courtrai arr. 8,22 8,02 8,28 10,46 12,21 8,33 2,44 7,86 6,47. 8,44. uvuniivAi) iuuiuui| biLbb. Courtrai dép. 6,37 10,86 2,84 8,34 Tournai arr. 7,28 11,47 3,48 6,39 Lille a 7,38 12,08 4,00 6,33 LILLE, TOURNAI, COURTRAI. Lille dép. 8,18 8,22 11,08 2,22 4,48 8,20 8-,00. Tournai arr. 8,42 8,86 11,29 2,40 8,30 8,38. Courtrai 6,42 9.49 12,31 3,44 6,40 9-33. GAND, COURTRAI. Courtrai dép. 6,42 9,49 Garid arr. S,0l 11,08 12,31 1,31 3,44 6,40. 8,04 7,36. Gand dép. Courtrai arr. 8,13 6,37 9,38 10,86 1,28 2,84 4,24 3,84 7,21. 8,47. BRUGES, GANDBRUXELLES. BRUXELLES, GAND, BRUGES. Bruges d. 4 39 exp.6,49exp.7-04,9-39,12.34,3 43,ex.2,32,8 39exp. 6,43. Bruxelles dép. 7 20exp. 8,14exp 11,06 3,12 8,83. exp. Gand 8 31, 7,34, 9,18.10-84,1,49 4,28, 4-07,6,82 7,88'. Gand arr. 8,29 9,41 1,12 4,217,17. Bruxelles 6-28, 8,80, 10-33,12-39,4 00,6,14, 7-38,8,44, 9-31. Bruges 9,23 10,34 2,38 8,11 8,38. £rc\\£ PAR LA MISÉRICORDE DE DIEÜ ET LA GRACE DU SAINT-SrÉGE APOSTODQUE, PRÉLAT D0MËST1QUE DE S. S. PIE IX ET ÉVÊQUE ASSISTANT AU TRONE PONTIFICAL, au clet gé el a ux fideles de noire diocese salut et benediction. Suite. Voir Ie N' precedent. 15 Seplembre. Je puis bien dire, Madame, que j'ai vu fa mort de prés; je puis dire que j'ai eu la conviction que jail,ais él re englouti pour jamais dans les Hols. J at etc aussi mort qu'on peut l'êlre quand on ne lest pas tout a fait. Un protestant oserait prctendre que voire croix dor ne m a pas porlc bonhenr; tnais nous ponr- rions a not're tour prctendre Ie contraire, puisque, ajanl fait naufrage. jt: suis encore vivant. Cc matin, a noire réveil, nous avons vainement chcrché des yctix la carcasse de noire navire dans le sable oil ellc était engagée. Cc qui reslait de la Maria a aclievé de se briser pendant la nuit, el le l'ivage esl, cn ce moment, parsemé de ses débris. Les compagnons de sir Darby s'empressent de les recneillir; comme iI y a ti-es-pcii de bois dans file, ils ne font du feu qu'avec les planches et les débris que la mer jette a la cole. En parcourant la plage, nous retrouvons aussi une parlie de nos malles, et Georges a le bonheur de harponner adroitement celle qui renferme ses gilets. Sir Darby nous a forces de nous installer chez lui, Ie capitaine Burn, le vieux Juan Alvarès, le comte de Ilollenterre, Georges et mui. On a improvise pour les emigrants une inaison cn planches. La maison de sir Darby est peiile, mais agréable et commode, adosscca tine colline verdoyante, lien charmant que tronblent sehlemenl le ramage des oiseaux el le roulement des vagnes sur la gn're. Plus loin, se Irouve line basse-conr, une grande volière et les élables on se reiirent les clievaux, les boeufs, les vaches et les iriooions. II y a aussi un immense hangar oü sont remi- sées de belles pirogues avec leurs avirons. 'foute celle nature rappelle la France a nos c cours! 10 Seplembre. Aujourd'hui fair est pur et ruisselant dedoucc clarlé; pas un ntiage n altère le bleu dn ciel. Les pingouins, les guillemots, les moueltes et les cormorans jouent a la surface des vagues en chassant aux poissons. La iner s'est eiitièrement calmée. Oil done sunt allées ces grandes masses d'eau qui s'élevaient hier comme des monlagnes? Cetle mer qui a failli nous engloutir, est-ce bien la méme dont les lames expirent mollement sur le sable, comme pour nous engager a lui engager a lui confier encore noire vie? O per fide! perfide! 17 Septembre. T— Nous avons fait aujoutd hui uue parlie de chas se el de pêche sur l'étang Ie plus voisin. Pendant notre absence, le capitaine John Dar by esl venu jeler l'ancre dans les allen',.ges de l'ile. II re par li ra demain pour Halifax, emmenant avec lui lous les naufragés que la goëlélte pourra couienir. 18 Seplembre. On a tiré au sort pour savoir ceux d'eulre nous quidoivent pariir aujourd'hui pour Haul'ax. Le capitaine Born a declare qu il ne quitterait file que le dernier. Le soi l a decide que je reslerais avec lui. Juau Alvarèü et noire aiui Georges soul du nomine des partants. Nous les avons accoinpajjnés jusqu'au rivage; la on s'esl embrassé cordialeinenl eu se souhai- tanl un boil voyage el en scdonnant rendez-vous a Halifax. A deux lieures la goëletle de John Darby a mis a la voile 20 Septembre. lin événement important a signalé la nuit der- nicre. Le vent a soufflé avec (ant de force, qu'il a cn- levé la maison en planches des emigrants; elle est tombée sur !e sable lout d'une pièce-sans blesser personne et sans faire Irop de bruit. Les emigrants ont dortni ainsi, sans autre abri que leur innocence, qui ne les u p;is suliisammenl défendus contre une pluie qui tombuit depuis quelques beu res. En se voyant, le matin, couchés dans leurs lits a quinze pieds de distance de leur maison étendue ii terre, plusieurs se sont persuades que leur logis avail été renversé par le vent, mais qu'ils n'y étaient point cnlrés la veille et s'élaient sculement touchés it cêté Nous éplóuvóns le supplicc du prisonnier! Nous taisons notre possible pour trouver le temps moins long: nous allons souvent it la ehasse, le capitaine el moi; flint nous acconipague. J'ai bonte pour lui d avouer qu'il ne commet guère que des bévues. II arrête scrupiileuseinent toutes les grenouilles qui se trouvent sur son passage; quant aux bécassinus, aux sarcelies et aulres oi seaux de marais qui s'envolenl devant lui, il fait de vains efforts pour les prendre ii la course. Evideminent I education de Trim a été enlière- ment négligée. I! a d'abord rcfusé d'apprendre les tours de for ce que Jès matelots de la Maria voiilaient lui ap- prendre; jusqiie-lii ric'n de blêmable; si Trim refu- sait de cultiver les talerits d'agrément, on pouvait croire qu il se réservait pour les choses sérieuses. Or, la seule chose qui doit paraitre sérieuse a un épagnéul, c'est la ehasse, puisque la nature l'a crée pour cela; malheureusement Trim aime mieux sc rouler sur l'herbe et poursuivre les gre- nou11les et les papillens-. Les geus graves out certainement le droit de lui reprochcr de n'êlre pas assez scrieux et de s'oecuper de futililés. Le soir, nous faisons de la mtisiqiie. Le capitaine Born est dans son élément; il jotie du violon el chante des romances avec miss Darby. tl est a remarquer que chaque hotnme a une fai;ou particulière de manifester son mécontcnte- inent. Les gens qui prennenl du tabac, parexem- ple, en prennenl beaucoup plus quand ils sont soutnis a quelque eontrariété; on petit en dire autant de ccux qui fumenl, des joueurs, etc... Cesl le violon qui regoit la confidence des chagrins du capitaine Born; depuis notre naufrage, il en joue régulièreineiit six heines par jour avec un aeharnement inexprimable. II eu résulte que sir Darby, sa femme, sa fille et loute sa maison se trouvent cond'minés a six heu- res de violon par jour jnsqu'a notre depart. Le capitaine s'occupe aussi de rédiger des notes sur ses voyages; elles léinoignent de sa part une grande science maritime, il v a cependanl un pas sage que je ne puis passer sous silence, et qui commence ainsi: u Nous avons perdu notre mat de beau pèrc. Je pense que c'est beaupré qu'il a voulu metire. A CONTINUE».

HISTORISCHE KRANTEN

Journal d’Ypres (1874-1913) | 1875 | | pagina 1