LA CROIX D'OR. p.aAN^ Mercredi 10 Mars 1875. annee. II >- >- =0 Le Journal parait le Mercredi el le Samedi. Les insertions coülent lt> centimes la ligne.Les réclames, dans le corps du journal, se paient 30 centimes la ligne. Un numéro du journal, pris au But eau, 15 centimes. Les numéros supplémentaires commandés pour articles, Réclames ou Annonces, coülent 20 fr. les 100 exemplaires. C IX EMIXS K V -K IS. Po- LE PARTI LIBERAL EST UlNE SECTE ANTI CATOLIQÜE. Nous ne savons si bien des gens, qui s'oc- cupent de politique, se rendent suffisaminent comple des volulions que le libéralisme mo derne aceomplit sous nos yeux. II nous sem- ble important d'appeler l'altention de nos leclcurs sur une situation qui, chaque jour, s'aceenlue d'une nianière plus nette et se déroule dans une progression plus mena- cante. Pendant une récente discussion, engagée aux Chambres prussiennes sur le temporel du cu lie cal hol iq ue, nous avons saisi, dans le discours d'un des chefs du libéralisme, une assertion qui nous a frappé comme un effrayanl aveu: La jeunesse académique du libéralisme est passée. Si dans sa virilité le libéralisme est moins bien disposé pour les .calholiqiies, e'est qu'il a plus d'expé- rience. II y a desinistres projets qui convent sous ces paroles. Qu'est-cc done que cette jeunesse académique du libéralisme, dont on proclame que les illusions sont dissipées? Qu'est-ce que cede expérience sur laquelle on s'appuie pour enchainer Ie libre mouve ment de l'Eglise catholique? On dit souvent qu'a bon entendeur demi mot suffit. Nous venons d'enlendre ce demi- mol, auquel les applaudissemenls de lout le parli liberal ont donné un sens plus complet, et nous n'enlendons que trop bien tout ce que Ton veut dire. Longtcmps le libéralisme a procédé d'une maniére sournoise; long- temps le masque de liberie sous lequel il cacbail ses plans d'allaque contrc l'Eglise, a trompó desames généreuses, qui croyaient naivement a ses protestalions hypocrites. C'élail le temps de la jeunesse académique. On fraiernisait, comme font de bons cama- rades d'écolc, sans defiance el marcftanl cha- cun dans sa voie. Mais le libéralisme a vieilli et grandi. II sent sa force, il a bèc el ongles, derrière lui marchenl tous les gouverne- ments dont il a fait depuis plus d'un siècle la triste education. G'esl la l'expérience qu'il a acquise. Le libéralisme beige, aujourd'htii, esl a cent mille lieucs de ce qu'il prélendait él re et vouloir, au temps de noire émancipation polilique. II étail jeune alors el ne faisait qu'apprendre sa lecon. II I'a prodigieuse- ment bien apprise. II a eu pour maitres les libéraux qui gou- vernérenl la France pendanl dix-huil ans et qui surent étouffer habileinenl toules les libertés calboliques, jusqu'au moment oü, sous prélexte de réforme. les libertés révo- lulionuaires, moitié coucédées, rnoilié con- tenues, élranglérent la monarchie hybride sortie des barricades de Juillet. L'orgie républicaine de 1848 et le césa- risme liberal, qui en soriil nalurellement, con tin uéren l l'éducation commencée. La I'russe et la Suisse, on I'a dit effronté- ment, donnenl le ton et l'exemple. Tout le libéralisme beige applaudit, sans aucune res triction, sans aucune réserve, aux mesures les plus monslrueuses que prennent conlre le sacerdoce catholique, conlre la libre action do l'Eglise, les despotes rationalises qui veulent tenir sous leur butle loutes les con sciences chrétiennes. Voyez ce qui se passe sous nos yeux. Une tyrannie plus impiloyable que ceile des Cé- sars de la Rome païenne, une sophistique plus astucieuse que cel le des rhéteurs héréli- ques de Bysance, unissent leur action et ac- complissent leurs oeuvre,s d'iniquité. L'amende, la prison, l'exil sanclionncnt des iois oppressives comme les plus mauvais jours de persecution en connure.nl a peine. Le césarisme afliclie sans vergogne sa pré- tention de dommer les itmes comme les corps. L'aborriinable confusion des pouvoirs, abolie par Ie divin Sauveur des hommes et des peuples, est déja coulee dans le moule de la politique ratioimliste; le libéralisme a jeté son masque; il ne s'abrite plus derrière les mots trotnpeurs qui lui permirent de faire tant de dupes; il n'est plus seulement un parti politique s'enfermant dans des ques tions d'éconotnie, de relations internationa- les, d'impöls, d'administration; il est surlout, il esl esseniiellemenl, ce que nous le voyons devenu partout, une seclc unimée d'une haine impiloyable conlre le rèyne de Notre Seigneur Jésus-Christ sur les sociélés hu- main.esconlre faction de l'Egliseconti nuation el application de l'aclion de Jésus- Christ lui-même, sur les families, sur la société. L'auguste gardien des droits de Dieu sur les poft pies a élevé la voix conlre les .violen- ces et les injustices des persécuteurs. Dans un langage admirable de vigueur et de mo deration, il a revendiqué la liberie impres criptible de la conscience catholique el le privilege inalienable de la hiërarchie sacrée. On s'est moqué de sa parole. Pas un seul organe de la presse libérale, ni en Belgique ni ailleurs, n'a plaidé la cause des viclimes, n'a balbutié une settle parole de blame conlre les audaces des oppresseurs. Ce sont les proscrits qui ont lort el les persécuteurs qui sont dans un état de légitime defense. Voila oü en est arrivé, devolutions en évo- lutions, ce libéralisme beige qui avail com- mencé par étre fou de liberie et que nous voyons aujourd'hui griséde despotisme. Avec cela les programmes résonnent lou- jours de mots pompeux et de réclames sono- res, oü l'afliche de liberté universelle fait un prélentieux étalage. Mais les fails se char- gent, haure par hcure, de démenlir les pro grammes. Le libéralisme est une secte anti- catholique; il n'est que cela, et ne peut étre autre chose. Son symbole n'a qu'un seul arti cle, admis par tontes les nuances de la secle, comme la settle doctrine professée par tous; Point de droits pour l'Eglise catholique! II fallait forcémenl en venir la. Nous y sommes. Et devant celte situation nous n'a- vons, pour conclure, qu'un seul mot a dire aux calholiques beiges: Comptez sur Dieu et sur vous-mèmes et que la piperie des grands mots soit finie a jamais! LES AMIS DE LA LIBERTÉ. Ce sont lotijours les mêmes hommes. Ils font de la liberté ce qu'ils font de l'enseigne- ment, de la Constitution et de tant d'autres choses, entourées par eux de soins lellement empresses que i'etreinte ressemble parfois a un essai d'élouffement. Elymologiquement le liberal est l'ami et le champion de la liberlé. Dans la pratique il n'aime d'autre liberté que la sienne, mats celle-la il la veut bien, il la veut en toules choses et d'une maniére lellement absolue que la liberie est, a ses yeux, lo droit de faire lout ce qu'il lui plait,et indifféremment le bien ou le mal. La libre pensée, Ie libre examen, la libre morale, l'indépendance du pouvoir civil, l'Eglise libre dans l'Etal libre, autant de manifestations de ce prélendu droit primordial qui n'est, tel qu'on le présente, qu'un vérilable mensonge. Sous une apparence généreuse se cachent ici des préoccupalions profondément égoïs tes. La libre-pensée ne fut jamais qu'une or- gueilleuse révolte de la créalure conlre son Créa.teur, le libre examen qu'une débauchc de la raison individuelle, qui ne peul se résoudre, malgré ses aberrations et ses chu tes, a subir la loi de l'immuable vérité, la libre morale enfin qu'une negation de loute morale, une audacieuse substitution des con venances, des passions d'un seul, a la régie commune oü s'apprennent les droits du pro- chain, de la sociélé et de Dieu. Nous parlera-t-on de la grande hypocrisie moderne, de l'indépendance du pouvoir ci vil? Partout oü vous entendrez cette formule, aflirmez hardiment qu'une puissance absor- banle est a l'ceuvre, non pour se défendre il n'y a pas d'attaque mais pour asseoir sa propre domination. Et c'esl encore dans le méme ordre d'idées quo la fameuse théorie dc IEglise libre dans CElat libre a prélendu consacrer Ia servitude de l'Eglise el le despo tisme de l'Etal. 11 est impossible de se défendre d'un sen timent de stupéfaction devant la contradic tion permanente qui existe enlre les paroles et les actes de nos fanfarons de liberlé. On fes a vos, pendant de Iongues années de dominalion, sacrifier lout aux exigences de leur suprematie, écorner nos franchises eonstitutionneUes les unes après les autres, et faire en quelque sorle de la Belgique la terre de promïssion de l'exclusivisme. La sévère sentence que le pays leur a infligée ne les a pas rendus plus sages dans le pré sent, et sur le terrain religieux surtout, quoique vaincus, ils ne perdront pas une occasion de montrer le ess que fait un doc trinaire des liberlés des calholiques. Que si l'on veut connaitre feurs aspirations pour l'avenir, qu'on se rappelle les sauvages me naces qui devraieet se réaliser le jour de leur rentree au pouvoir, les plans de celte guerre a mort au cal hol re-isme, dont leurs organcs m ~n 33 3Z *rt O 31 pa H3 -* 33 •H 33 cn c/s —3 !33 rd T3 TJ 33 P** 3£ O C/3 cx O n ro 3t H sC PS C/J "O Poperinglie- Ypres, 3-15,7-25,9-30,10-58,2-15,5-03,9-20 Ypres-Poperincjhe, 6-50,9-07,I2-Q8,3-07,6 80,8-48,0-80. peringlie-1 lazebrouck7 13, 12-25, 4-17, 7-13. Hazebrouck- llopurjrmlitj- S pres, 8-38, 10-00, 410, 8-25. 1KA -Iff) ff);: m I I11 v., Ypi'e.s-Haulers, 7-50, 12-25, (>-48. ltouIers- Ypres, O1?!)} 1-bu, 7-50. lloulei\s-/J»'tt^es, 8-45,11-34, lr 13, (L. 5 50), 7-30, (0-55. Liclitei v.) Cicluerv T"" i.-iiim/r.,, n-'tü,ll-M,l-lö, lij. O 00), V-JU, (U-na. I.ICIUC1 V.) 1-UCI Ul'.IV IIIIH 12-80, 5-00, 5-42. Lichter velde-Couttrai, 5-25 ni. 9 01, 1,30. 5,37 7,21 Zcdclglie.i Prés-Courirai., 5-34,9-49,1 1-18,2-35,5-25. Courtrai- Ypïéf, 8-08,1 1-1)2,2-50,5-40,8 pres- houroiU, 7-13, (2 00, 0 20, (Ié'Samedi 5-50 du muiin jusqu'a Lanylieinarokf: 1at: ii ii o Thnaroul, 4-25 in. Bruges-Holders, 8-25, gliem Tkouro'ul, 8-40. 1,05, 5,14, 0,58. 44. Tliourouij- Ypres, 8-40, 1-10, 7-00, 0-40, Armentières-lIouplines-Lc Touqnul-War- 9-30 s. Wïmiêlon-CWtiiMW 5-30, 9-50, BrUges-CWrtrui, 8-25, 12-50, 5-0u, 6-42. (ie Samedi a 0-20 du maiiïi de Laitgliemarck 3 Ypres), Comines-Waniéion Le Touquei-llotiplines-zirmenhYireS, 0 00, 10,15, 12 00. nêlon-Commas 7 25, 10,50^,4-1.0, 8-40. Comiiics- Warnéloii 8 40, n> C'ourtrai - Urntjes, 8-05, 1 I -00, 12-38, (L. 5-15), 0-55. (9-00's.'(Licliterv.j-r Bruges, Blaiikenberglie, Ilevst, (Elai) 7-25,11 04,2-50,7-35. (bas.sin) 7-31,1 I-10,2-50,7-41 (exp.) Ueysl, Blankenberghe, Binges, 5 45, 8,35 I 1-25, 5-30. ingelmunsier Deyrize Gand, 5-15, 9-412-15. Ingetmunster-Deywse,'0 08 2" cl., 7-18. Gand-Dey me-Ingelmunsier0-58, 11-20, 4-40,7 21. Deynze hpgehnunsler., 7,3'l 1-00. ngeiinun.<(er-dnseghe.m, 0-05, 12-10, 6-15. Aiisegliem-Ingelmunsier., 7-42, 2-20, 7-45. Lic.hiervelde-Dixir, jde-Fumes et Dunkerlcè, 6-30, 9-08, 1-35, 7-55. DttüfórA-e-Kurnös-Dixmude el Lichtervelde, 6-4.8, 11-10, 3-40, 5-00. Dixmude-AYe'tópor/,9-55,2-20,8-40. Nieup-/)ür»»,(ville)7-40.11-55,4-25. 1 hou rout-Oatewrfe, 4-50, 9-18, 1-50, 8-05. Üstende-TVtowrowG 7-88, 10-10, 12 25, 0-18. belzaete Eecloo, 9-05, 1-25, 8-25. Eecloo-Sèföaete, 5-38, 10 15,4-22. (iand TerneuzeHj (station) 8-17, 12-15, 7,25. (porie d'Anvers) 8-30, 12-40. 7-48. lernenzen-(tand, 6-00, 10-30, 4-40. Selzaetë-Lo/tere», 9-04, 1-30, 8-30. (le Merer. 5-10 m.) Lokerè'n-Söfeitète, 0-00,10-25, 4 45. (le Mardt', 9,30.) COBBESPONDAWCES. Courtrai dép Bruxelles arr. COURTRAIBRUXELLES. 10,53 12,33 BRUXELLES, COtJIlTRAI 8,50 1,38 2,25 COURTRAI, TOURNAILUXE. Courtrai dep. Tournai arr. Li lie ii 0,37 7,28 7,38 10,80 11,47 12,08 2,54 3,48 4,00 COURTRAI, CAND. Courtrai dép. Gand arr. 0,42 8,01 9,49 11,05 12,31 1,51 3,47 0,14 5,34 0,39 0,38 3,44 5,04 6,35. §,84. 8,47. 9,41. 10,00. 0,40. 7,30. Bruxelles dep. Courtrai arr. 5,22 8,02 ,8,28 10,46 12,21 2,44 8,35 7,50 0,47. 8,44. Lille dep. Tournai arr. Courtrai Gand dép. Courtrai arr. LILLE, TOURNAI, COURTRAI. 5,15 8,22 11,03 2,22 4,48 5,20 8,00. 5,42 8,80 11,29 2,40 8,30 8,38. 0,42 9.49 12,31 3,44 0,40 9-33. GANDCOURTRAI. 5,15 0,37 9,38 10,50 1,28 2,54 4,24 7,21. 5,34 8,47. BRUGES, GAND, BRUXELLES. BRUXELLES, GAND, BRUGES. Binges d. 4-39 exp.0,49exp.7-04,9-39,12,34,3 43,ex.2,52,8-59exp. 6,43. Gand cl. 8-31, 7,34, 9,13.10-54,1,49 4,28, 4-07,0,52 7,58. Bruxelles 0 28, 8,50, 10-33,12-39,4 00,0,14, 7-33,8,44, 9-31. Bruxelles dep. 7-20exp. 8,1iexp 11,00 3,12 3,55. exp. Gand arr. 8,29 9,41 1,12 4,21 7,17. Bruges 9,23 10,34 2,38 5,11 8,38. it Suite. Voir le N" précédent. J'ai élé aujourd hui a l;t recherche de l'onclé de Georges. II ti'élail plus a la prison pour dettcs; je me suis rendu au domicile qui m'a été adressé, en souriant, je ne sais ponrqnoi, par le geólier qui rempl.il les functions de concieige. C'est dans le quai lier le plus mallieureux de New-York. Ju suis eniré dans une maison d'af- freuse apparence; j'ai mónté quatrè-vingl-donze marches, et suis arrivé a une mansarde dotil f'as- pect m'a serré le ccettr. I.'oncle de Georges m'appariit alors sous la forme d'un gros homnie rouge ii la figure oti- verle et franchë, tnais pauvrement vêlti, el appor- tant dans sou attilude cetle huuiililé que donne la misère, ce plus grand des crimes dans une so- ciélé oü règne l'argent! Le vieillard m'invita a m'asseqir sur une chaise lioileuse, lui-tïièlne en litautant, et nous causa,mes de Georges. Mon habit est vieux, me dit le vieillard en jetant un regard amer sur lui-même; mon cha- peau est miserable, mes bottes sónt lézardées; je suis pauvre... que mon neven me pardonne ce eriine honteux; j'élais beau quand jelais heu- reux!.... Je lui surrai la main avec affection et respect, car vieux et pauvre, il étail doublement vénéra- ble. Je lui lis alors part des dispiisttions de Geor ges a son égard. A cede nouvelle,, le vieillard se redres a de lou- te sa taille, et me saillant au cou: Ce que vous me diles-la, me dit-il, in'en- ehanle et m'enivre. Apprenez que je suis lotijours un des hommes les plus riches des Etals-IJnis. Ma ruse a réussi; en me faisant passer pour pauvre, je voulais épronvér le counr de mon ut vuu, et puis- que ce n'élait pas tout ii fait it 'mes dollars que ce cher enfant venait rendre visite, il sera richel lei le vieillard fit entendre un coup de sifïlet et plusieurs laquais chaniarrés d'or parurent, qui le dépouillèrent de ses haillons sous lesquels il éfait pompeusement vêlu, comme cela se pratique au théalre. Notts descendimes, el ronde de Georges m'em- mena dans son hótel5 j'y ai diné aujoürd'hui en compagnie du capiiaine Beanvais. I.'oncle de Georges est riche el eharilable. 1! I'a-it de sa for- tiine le plus noble usage; il a plusieurs manufac tures dans lesqnelles les ouvriers so 111 très-heu- retix. J'adore ces philanthropes qui demandent l'organisation du travail et disenl, une fois au pouvoir, que lout ce qu'il y a it faire, c'est de batir des prisons pour les pau.vres, L'oncle de Georges n'est pas un philanthrope; c'est un hou catholique. 1G Oelobre. J'ai eie aujonrct'liui, eöuituii pat-l'oncle de Geor ges, visiier le Jardm des Plan tes de New-York, et plus parliculièrement le Palais-des-Singes, qui passait naguèi'c encore pour un des niiettx appro- visionnés do globe. l'lélas! hélas! les singes s'en vont ici. PleuJ'ez, pleurez, citoycns de New-York, car voici qu'ils nietirenl tons, les grands, les petils, les noirs, les blancs, les jaunes, les rouges, sails distinction aucune. La mot t a des rigueurs I) mille autre p,treilles lis out beau la prier, La cruelle qn'elle est se bonche les oreilles Et les laissc crier. On ne sail pas bien au juste de quoi ils ineurent; c'esl pl'ut éi'rè de la grippe 011 du choleradu grand froid ou dn grand chaud; le fait est qu'ils se fanent comme les roses et qu'ils rendent leur dernier sou- pir avec des p|eu):s et des 'griucements de denls. L'iin meurt en lenaul von voisin serré dans ses bras, l'aulre expire en se balanganl par la queue aux grilles de sa prison. Les amis et les parents du. défunt s'empressent a 11 tonr de lui, imitant la cupi'diié humatne, pour rectteillir son héritage, c'est-a-dire un morcéau de sucre et deux pomines que le défunt tenail cacbés sous son traversin. Ilélas! que j'en ai vu mount-! celui-la étail mai- gre et jaune, celui-ei semblait niüclier une co quille de noix, l'aulre pousiait de vilains accords qui n'avaieiitde nom dans aucune langvie. Dn surlout, respectable par son age, son expé rience, ses Inmières, son corps jaune et sa lête bleue, eelui-la, par exemple, on sail de quoi il esl mort, car il criail, dans son délire, le notri du beau pays qui lui donna le jour, el oil, dès son bas-3ge, sa mere I'exergaii it voler des melons. Son père régnail sur les Chimpanze -Troglo- dytesdans line in- eloigner de la nier- du Sud. enlouré de la veneration des singes et guenons de la Iribtt. Nolre jeune Chimpanze recu-l une éducation brillante; 011 lui appril de bonne henre a dérober des patates, a së servïr du baton el a laneer des pierres. Sa familie médilail méme déja ponr lui un magnifique mariage, hirstpi'nn jour, s'étant oublié surlerivagea matiger des huitres, il fut cnlevé par un capitaine anglais. Le Chimpanze mordit le capitaine afin de pro tester conlre cette violation dn droit des gens; mais l'Anglais n'en lint aucun eytnpfe el le céda it un capitaine hojlendais; celni-ci le vendit ii tin né- gociant de New-York, qui le donna it un savant, lequel en fit hommage au Jardin des Plantes, de New-York. Pendant les longucs lieu res de sa ca ptivilé, le Chimpanze s'occupait a réfoemcr les moeuTS de ses compagnons et ii leur iueuhpter tes arts nationHtix dc sa patric. II leur appril la savate et la maniére de se voler récipi otpiemenl les tins les autres et de se ba tl re homictrmeiit en sociélé, sans se faire du 11 réi et sans se disptiter. Ses efforts obtinrenl le plus henretix résullal et lui valurent festime gé nérale. Malgré ses sirceès, il n'élait pas henretix; il ré- vait a soil ile. ii ses parents, it ses amis el con- naissanees; il épronvait le besoin dc grimper après autre chose que des grilles sur des cocotiers, par exemple, el de jouer tlu litUon, et dejelei' des pierres aux passanls. 1.1 avail, en nil mot, le mal tlu pays; c'est ce qui I'a tué. Jelez it pleines mains des (leurs sur sa tombe! Sa veuve inconsolable se reeëommande aux pro- meneurs du Jardin des Plantes de New-York: el le continue de recevoir le sucre, les trognons de pommes, cl gójtéralement tous les comestibles dont 011 voudra bien l'honorer. En qtiiltant le Jardin des Plantes, je suis entré, avec l'oncle dc Georges, dans on temple protes tant. L'oncle tie Georges est ft angais el catholi que; il croil sim èrenient it Dieu, aussi necroit-il a aucune des religions huniaities qui sedispulent le tnonopole de la vérité et de la puissance; il ne recommit le Chef de l'Eglise qu a Home. A CONT1NUER.

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1875 | | pagina 1