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LA CROIX D'OR.
R&.A Nr
Samedi B Avril 1875.
10me année. Nos 9CG.
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Le Journal parail le Mercredi el le Samedi. Les insertions coütent 15 centimes ia ligne.— Les réclames, dans le corps du journal, se paient 30 centimes la ligne.— Un numéro du journal, pris au Bureau, 15 centimes.
Les numéros supplémenlaires co.mmandés pour articles, Réclames ou Annonces, coütent 20 fr. les 100 exemplaires.
M IE M I X lï S5 F F BS.
LET THE EIVC YCLIQUE
NOTRE tres SAINT-PÉRE LE PARE PIE IX
A Nos venérubles frères les évcques el d Nos
chers Fils les prétres el les fidèles de la
Suisse en communion a vee le Stege apos-
lohque.
PIE IX, PAPE.
Vénérables frères el chers Fils, salut et
bénédiclion apostolique,
Les embüches et les efforts sérieux el pro-
Iongés que les nouveaux hérétiques qui
s'appellent vieux cuiholiquesmultiplied
cbaquejour davantageen Suisse pour (rom
per le people fidéle et l'arracher a la foi de
ses ancélres, réclament, selon l'élendue de
Notre charge apostolique, une sollicitude et
des soins parliculiers pour sauvegarder les
intéréts spiriiuels de Nos fils. Nous savons,
vénérables frères, el Nous le déplorons dans
1 amertume deNolre cceur, que ces schisma-
tiques et ces hérétiques, prqfitanl des lois
schismaliques qui liennent op|)rimée publi-
quemenl la liberie religieuse des calboliques
de Rale et dans d'atiires parties de ce pays,
exercent, sous la protection de l'autorité ci
vile, le ministère de leur secle coridamnée,
font occuper violemment par des prêtres
3 Pos la Is les paroisseset les églises, et n'épar-
gnent ni fraudes ni artifices pour enlrainer
misérablement dans le schisme les enfants de
I Eglise caIholiqtie. Mais, comme la ruse el
la fourberie ont toujours été le proprede
F hérésie et du schisme, il fa ut ranger ces
fils de lénébres parmi ceux a qui le prophé
te disait: Malheur aux fils déserteurs qui
metténl leur confiance dans les ténèbres de
Egypte: vous avez repoussé la parole et
mis voire confiance dans la calomnie el Ie
tumulte.
lts n'ont d'aulre souci que delromperet
d'entrainer dans l'erreur par leur hypocrisie
et leur dissimulation ceux qui sonlsans mé-
fiance; et ils disent ouvertement qu'ils sont
loin de rejeter l'Eglise catholique et son
Chef visible; ils aflirment mème qu'ils lien
nent a la pureté de la doctrine catholique;
qu'ils sont, eux, les hériliers de la foi et les
seuls vrais calboliques, tandis que, en réali-
té, ils refusent de reconnaitre toutes les pré-
rogalives divines du Vicaire de Jésus-Christ
sur la terre et d'obéir a ce magistére suprè
me. Nous savons même que, pour répandre
au loin leurs doctrines hérétiques, plusieurs
d'enlre eux se sont chargés d'enseigner la
théologie sacrée dans l'université de Berne,
avec l'espoir de gagner par la quelques jeu-
nes gens catholiques a leur faction coridam
née.
Déja Nous avons réprouvé et condamné
cette secle deplorable qui a tiré de l'arsenal
des vieilles héréries tant d'erreurs conlre les
principaux principes de la foi catholique;
elle attaque les fondemenls mèmes de la reli
gion catholique; elle rejette avecaudace les
défimlions dogmaliques du Conciledu Vati
can, et, par leus moyens, elle travaille a la
rtiitie des aines.
Par Nos lettres du 21 Novembre 1873,
Nous avons publié et déclaré hauternent que
ces misérables seclaires, ainsi que leurs par
tisans et leurs fauteurs, sont séparés de la
communion de l'Eglise et doivent être regar-
dés comme schismaliques.
Nous renotivelons puhliquement en ce
jour cette declaration et Nous croyons qu'il
est de Notre devoir, Vénérables frères, de
vous engager a employer tout voire zèle
déja si éprouvé, tout le courage dont vous
avez fait preuve avec tant d'éclat dans vos
luttes pour la cause de Dieu, tons les moy
ens dont vous disposez, pour conserver,
dans les fidèles eonfiés a vos soins, l'unité de
la foi et pour leur rappeler sans cesse qu'ils
doivent s'éloigiier de ces dangereux enrtemis
du troupeau du Christ, et de leurs paturages
empoisonnés. Qu'ils fuient leurs cérémonies
religieuses, leurs instructions, leurs chaires
de pestilence qu'ils ont l'audace de dresser
pour trahir les doctrines sacrées, leurs écrits
ct leur contact. Qu'ils n'aient aucun rapport,
aucune relation avec les prêtres intrus et les
apostals qui osent exereer les fonctions du
ministère ecciésiaslique et qui rnanquent ah-
solument de toute juridiclion et de toute mis
sion légilime. Qu'ils les aient en horreur
comme des étrangers et des voleurs qui ne
viennenl que pour voler, assassiner et [>er-
dre.
Les fils de l'Eglise doivent penser que celle
conduite leur est enjointe pour leur faire
garder le trés-prcei'oux Irésor de la foi, sans
lequel il est impossible de plaire a Dieu, et
paree droit chemin dc la justice arriver un
jour a la fin de la foi, qui est le salut des
bonnes antes.
Nous savons également que dans ces con-
trées l'autorité civile, non contente d'avoir
porté diverses lois contraires a la divine
constitution et a l'autorité de l'Eglise, en a
édicté qui sont opposés aux prescriptions
canoniques concernanl le mariage chrétien
et qui font disparaitre entiéreinent l'autorité
et la juridiclion ecclésiastiques.
C'est pourquoi Nous vous exhortons vive-
ment, Vénérables frères, d'expliquer a vos
fidèles, par des instructions opportunes, la
doctrine catholique touchant le mariage
chrétien etde leur rappeler cequeNousavons
souvent dit de ce sacrement dans Nos lettres
et Nos allocutions apostoliques,én particulier
les 9 et 27 Septembre 1852. De la sorte, ils
comprendront mieux la sainteté et la vertu
de ce sacrement, et en se conformant pieuse,-,
ment aux lois canoniques sur celle maiiére,
ils éviteronl les maux qui tombent sur les
families et sur la sociélé humaine, en suite
du mépris de la sainteté du mariage.
Quant a vous, Nos chers fils, les curés el
les prêtres, qui avez Ia charge non-seule-
rnent de vous sanctifier, ma is de sanclifier el
de sauver les autres, Nous espérons dans
le Seigneur, qu'au milieu des embüches des
impies et des dangers qui vous menacent,
fidèles a la piété et au zèle dont vous avez
donné laut do preuves éclatantes, vous ap-
porterez a vos évèqties de grandes consola
tions el un puissant secours. Sous leur direc
tion, vous travaillerez avec courage el fer-
meté a la cause de Dieu, de l'Eglise et au
salut des aines. Vous soutiendrez le courage
des fidèles, vous relévcrez la faihlesse de
ceux qui chancellent, et vous aecroitrez de
jour eu jour da vantage les mérites que voire
patience, voire Constance sacerdolale, voire
courage vous acqnièrent auprès de Dieu.
l'esant esl Ie fardeau des épreuves que doi
vent porter les minislres du Christ, mais
notre confiance doit être en Celui qui a vain-
cu Ie monde, qui soutienl ceux qui travail-
lent en son nom, el qui, dans Ie Ciel, leur
réserve unccouronne impérissablede gloire.
El vous, Nos chers Fils, les fidèles de toute
la Suisse, Nous vous adressons l'expression
de Notre sollicitude paterneile pour voire
salut. Tons vous savez, quel est le prix de la
foi catholique que Dieu vous a octroyée. Ne
mériagez ni peine ni Iravaux pour garder
fidètement ce don précieux et pour conserver
intacte et enlière la gloire de l'anlique reli
gion que vous avez recue de vos aïeux. C'est
pourquoi Nous vous recommandons inslam-
ment de vous tenir toujours élroilement atta
chés a tos légilimes pasleurs qui ont recu
une mission légilime de ce Siége apostolique
et qui veillenl au salut de vos ümes dont ils
devront compte a Dieu.
Ayez sans cesse devant les yeux ces paro
les de Félernelle Vérité: Celui qui n'est pas
avec moi est contre moi; celui qui ne recueil-
le pas avec moi, disperse. Soyezdociles a
sa doctrine, aimez son jong plein de dou
ceur. Repoussez loin de vous avec horreur
ceux de qui notre Rédempteur a dit: Eloi-
gnez-vous des faux prophètes qui viennenl a
vous sous la peau des hrchis el qui sont des
loups ra vissen rs. Résistcz courageusement
dans la foi a l'anlique ennemi du genre hu-
main jusqu'a ce que la droite du Dieu
toul puissant brise toutes les armes des dé
mons auxquels il est permis d'oser quelque
chose, a cette fin que la vicloire des fidèles
du Christ soit plus éclatante.... paree que la
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1 '7~2®>®t30.'0-08,2-15,8-08",9-29'. Ypros-Poperinghe, 0-30,9-07,12-03,3-37,6 30,8-43,9-30. Ptf-
Ypre B ulers i-8fl 12 M B I 'v ^^ck Popenngi.e-Ypre,, 8-33, 10-00, 4-10, 8-23.
rL| ',£f, o 0 tü- Huulers-^M, 9-23, 1-30, 7-30.
12-30 5-oiw' «bllW-1-3\ !L'J 8t^' 7-30, (9-33. Lichlerv.) Licliterv.- Thottroul, 4-23 in. Bruges-Routers, 8-23,
YPT6S-C<mr^ai*i'/1/a^V^'C<dmt' 8-28 ra- 9 0I' '>30, 3,37 7,21 ZedeTgliëin Thouroul, 8-40. 1,03, 8,14, 0,38.
Ypre^TAdlVm// 7 t'5 nr fCourtrai-Yjpres, 8-08,11-02,2-50,3-40,8 44.
(Ie Sa met li -i avn i i f), i5amet'i a du malin jusqu'a Langhemarck). Thourout- Ypres, 8-40, 1-10, 7-00,
Comines W üu matin de Langliemarck a Ypres).
nêion-ro^?7lo->e.n°«,qu^".Houpl,nes"'llm8w<tóre4' 0 °°- 10-1ïL 12 6-40« Armentières-Houplines Le Touquet-War-
Courtrai Brulll nV2'^' Amines-WWfcw 8 40, m 9-30 s. - Warnêton-Comines 8-80. 9-30,1
Bruges BlankenLr I u t ,r 6-88. (9-00 s. (Licliterv.)—- Bruges-CW/rat, 8-23,12-30, 3-00, 6-42.
Bnigès, S-48-"8^38 71 -28f 8 30 7-2S'1l'04>2-50>7-3s- - (Lassin) 7-31,11-10,2-80,7-41 (exp.) - Heyst, Blankenberghe,
11-20 4.elr!7o7e 'n'^ '1' 9A'Ingelmunster-Deyware, 0 08 2" cl., 7-13. Gand-Dey nia-Ingelmunsler6-88*
Fnoj ,n..:T A DeynzeIngelmumter, 7,31 1-00.
LichterveWe-niv'seg \enh 6"0S' G"l5i- Ansegliem- Ingelmumter, 7-42, 2-20, 7-43.
3-40, 8-00 'r'U <UMles et dunkerke, 0-30, D-08, 1-33, 7-33. Dirn/cer/tö-Furnes-Dixmude el Lichtervelde6-43, 11-10,
tjand-7erwe«je», (station) 8-17, 12-13, 7,23. (porie d'Anvers) 8-30, 12-40. 7-48. Torneuzen-Gand, 0-00, 10-30, 4 40.
Selzaele-Lo&ere», 9 04, 1-30, 8 30. (le Merer. 3-10 m.) Lokeren-Sa/^oele, 0-00, 10-28, 4 43. (Ie Mardi, 9,30.)
t: o n li I - h i' o jv x> /v jv c ei
COURTRAI, BRUXELLES.
BRUXELI.BS, COURTRAI.
Courtrai dép.
Bruxelles arr.
6,37 10,53
8,30 1,35
12,33
2,25
3,47
0,14
0,33.
8,54.
COURTRAI, TOURNAI,
LILLE.
Courtrai dép.
Tournai arr.
Lille
6.37 10,30
7,28 11,47
7.38 12,08
2,54
3,48
4,00
5,34 8,47.
0,39 9,41.
0,35 10,00.
COURTRAI,
GAND.
Courtrai dép.
Gand arr.
6,42 9,49
8,01 11,05
12,31
1,31
3,44
3,04
6,40.
7,30.
Bruxelles dép.
Courtrai arr.
8,22
8,02
8,28
10,40
12,21
2,44
8,38
7,86
6,47.
8,44.
Lille dép.
Tournai arr.
Courirai
Gand dép.
Courtrai arr.
LILLE, TOURNAI, COURTRAI.
8,13 8,22 11,08 2,22 4,48 3,20 8,00.
8,42 8,36 11,29 2,40 3,30 8,38.
6,42 9.49 12,31 3,44 6,40 9-33.
GAND, COURTRAI.
8,13
6,37
9,38
10,56
1,28
2,34
4,24
5,34
7,21.
8,47.
BRUGES, GAND, BRUXELLES.
Bruges d. 4 39 exp.6,49iX|>.7-04,9-39,12,34,3 43,ex.2,82,3-39exp. 0,43.
Gaud a. 5 31, 7,34, 9,113.10-84,1,40 4,28, 4-07,0.82 7,38.
Bruxelles 6 28, 8,30, 10-38,12-39,4 00,6,14, 7-33,8,44, 9-31.
BRUXELLES, GAND, BRUGES.
Bruxelles dép. 7-20exp. 8,!iexp 11,06 3,12 5,58. exp.
Ganl arr. 8,20 9,41 1,12 4,21 7,17.
Bruges 9,23 10,34 2,38 5,11 8,38.
DE
AUX ÉVÈQUES, AU CLERGÉ
ET AUX FIDÈLES DE SUISSE, AYANT GRACE ET
COMMUNION AVEC LE SAINT-SIEGE.
s abslinl, au cas 011 Ie
som mé
Suite. Voir lc N» précédent.
1 7 Oclobre.
La fiancée de George est-elle belle? me de
manded hier sou oncle.
El le est belle de deux cenl mille livres de
rente, lui répondis-jex Et je lui expliquai la silua-
lion de George vis a vis de mistriss Arabella.
II s est empressé d écrire a son neveu, afin qn'il
mariage ne serail pa's con-
a deja envoyé nn expres pour
qn'il ait a aeconrir h New-York.
J espère qn il arrivera avanl mon depart.
Anjourd hm, Madame, il m'e.st arrivé uneaven»
tnre on ne pent plus dramalique. J'avais projelé,
vee le capitaine Beanvais. nnc promenade a che-
Yal aux environs de tloly-House. Vous savez si Ie
cheval est un charmant exercice, s'il est beau de se
sentir porté sur un coursier rapide qu'on do-
mine, au milieu des bois embaumés et sur les
routes verdoyantes. Celte promenade avail pour
moi un double atlrait, car, en même temps qu'elle
me proenrait un ptaisir favori, elle me rapp'elait
Ghanlilly, le bois de Boulogne, le bois de Meudon,
enfin toutes ces chères beautés de la patrie tant de
fois ainsi parcourucs.
II faisail une de ces splendides journées que la
pluine et le pinceau lui-même sout inhabiles a
rendre. Le soleil était ruisselant, le ciel bleu ia
brise douce la nature jetail ses derniers et plus
suaves parfums dans I'air et les tons jaunutres des
feuilles donnaient aux arbres un aspect ravissant.
Comme nous ne savions jusqu'a quel point nous
ne rious enfoncerions pas dans les bois, nous nous
munitnes chacun de nos pistolets de poche el d'un
j bon poignaid. Retenez je vous pi ie, Madame,
celle cii'conslance.
i A pros une man-he de deux henres, tantól au
pas, tantöt au trot ou au galop, selon notre fan-
ta'isie, nous aenvaines a un petit village ou le ca
pitaine Beanvais avail a voir un armatctir quelcon-
que. Après nous être rafraiebisiJ fut convenu
que je continuerais sent la route et qn'il me
rejoindrait au bout de quelques minutes, u'ayanl
que deux mots a échanger avec l'armateur.
II y avail un quart d'lieure que j'avais quitté le
capitaine, eljétais étendu sur l'brrbe, le long
d'un petit bois, ii un arbre diiquel j'avais attaché
mon cheval, lorsqnc.de l'autre cóté dc la route,
je vis tontcoup un gigantesque animal bondir et
s elancer vers moi. Jc n'avais pu distingucr d'abord
de quelle espèce il était, tant sa course avail élé
rapide, ma is je ne tardai pas ii m'apercevoir que
j avais affaire au plus majeslueux lion qu'll soit
possible de voir. De sa formidable gueule sorlail
un rugissement sourd ct prolongé. II s'avauQait
toujours sur moi, comme pour me provoquer au
combat. Je cherchai mon poignard, je ne letrou-
vai pas; je l'avais perdu dans la course. Jc cher
chai mes pistolets, jc n'en trouvai qu'un L'autre
avail eu le sort dc mon poignard.
Comme le lion n'élail plus qu'a une faiblc dis
tance, je pris bravement mon parli, en fuisant cette
reflexion
II est certain que je ne pourrai, avec une
scule balie ct d'aussi petit calibre, me débat-rasser
d'un tel adversairernais jc dois a ma dignité
d homme do no pas me laisser manger sans line
éneigiqne proteslalion.
i Après que j ens lOehó mon coup sin- I'animal
sans I abattre, que (lis jo? sans le toucher, la
capsule ayant rate je vis que j'étais perdu sans
ressource, jc fermai les ycux et me com hai sur le
dos. J'altendis mon terrible enncmi dans celte
position horizontale. II vintme saisit par ma
ceinlure, et il m'emporla cn courant, comrneen
courant un chat emporte line souiis dans sa
gueule. L'haleine ardenle du lion bnilait ma poi-
trine je seniais ses dents sur ma chemise.
Je suis mort, pens.ii-jeje ne suis plus un
homme, je suis un déjeuner; je passe a lelat de
festin; ce lion va me dévorer.
Celte idee pen riante me torturait quoi que jc
I'exprimasse avec raillerie, et elle me paraissait
d'autant plus cpouvanlable que je ne pouvais vrai-
semblablement échapper a mon sort, li moms que
ce lion ne m'épargualcomme autrefois les ani-
maux féroc-cs du cirque épargnaient par liusard les
chréliens voués aux bêtes.
Le lion m'emporla ainsi pendant dix minutes
environ. Arrivé au pied d'un grand arbre, il me
déposa sur l'hrrbe et se mil a danser anlour de
moi d'une fagon Irès-savanteaprès quoi il jugea
a propos de me lecher la figure. Cette caresse,
que pen de personnes peuveat se vanter d'avoir
l-egue, me fut peil agréable, je vous rassure.
II in'ai me me dis-je, c'est évidentmais
comme un Anglais ainie un beefteack.
Et sa langue rude continuait a se promener sur
ma face rendue froide par la peur, je l'avouerai.
J'eus pourlant le courage de contempler mon
ennemi. La vérité me force a dire qu'il n'avait pas
du lout I'air féroce que les naturalistes préien 1 a
ce genre d'animalses yeux jaunes me parurent
rcsptrer la bonhomie.
Ce lion est peut-étre un père de familie, pen-
sai-jt!quel malheur qu'il n'entende pas le fran
cais! je suis certain qu'il se laisserait toucher par
mon eloquence
J'en éiais la de mon monologue lorsque le lion
leva les deux pattes de devant. Je crus bien que,
celte fois, cetail fait de moi; mais an lieu de me
labourer la poitrine avec ses griffes, il saula par
dessus moi, et s'éloigna aver une majestéqui me
parut charmante, pressé sans doule par quelqne
besoin que sa pudeur lui interdisait de salisfaire
devant moi. Je vous prie de croire que jc ne
I'atlendis pas.
A bean mentirqui vient de loin. J'anrais le droit
ds vous dire que les environs de New-York sont
peoples de lions el vous auricz a voire tour le
droit de ne pas me croire; mais eeux qui ont réel-
lement voyagé doivent mépriser ces arlifiees.
Ce lion redoulabie s élail écbappé d'une mena
gerie voisine laquelle apparlenail ii des saliim-
banques. C'était un lion-savant. II devait être
membre de quelque académie.
Nous allaines, le capitaine Beauvais ct moi, au
lieu oil se tenait la lêle. I! y avail la une foule de
barraques, absolument commc aux Champs-Ély-
sées et iwi pare de Saint Cloud. Nous vimes eu-
tr autres un enfant meiiyeilleux, jeune prodige
qui se vantait de posséder a fond les malhéma-
liques malgré la lendressc de son age. II y a un
enfant MERvEiLLEUx qui se moiitrc eliaqucannée
ii l'horizon du monde scienlifique. Get enfant
merveilleux a toujours qiiiuze ansil est pêtre et
s appeile Matiiias on Vico. II arrive tantól de
l'AHemagne, tantöt de la Sardaignetantól de la
Sicileqwelquefois il vient du Piémont ou de
Bayonne, celte superbe patrie dt-s jambons.
L'autre année, il a pani eu France sur les bords
de la Loire. La Touraine, si justemeiit appelée le
jardin de la France paree qu'en fait de jardins on
n'y irouve que des polagers l'a expédié ii Orleans
dans une voiltire de maraicher, au milieu d'une
cargaison de legumes. Celui-ci vient de Londrcs
en ligne droite. II résout les problèmes d'algèbre
ct de geometric les plus conpliqués sans le moindre
effort; chez lui eest du naturel, c'est de l'in-
spiration.
I.'enfant merveilleux donne toujours, dès son
enfance, les plus grandes espérances. II calcule
comme nn géomètre, et il compte comme feu
Barêine.
A dix-hiiit mois il comptait déja trente-denx
dents. A deux ans, il comptait vingt-qnatre mois,
el ii trois ans il en comptait parfuitement trente-
six. II n'y avait pas erreui- d'une semaine.
A six ans, on lui donna un troupeau a con-
duire. Dans un 5ge aussi tendre, il n'avait besoin
de personne pour compter quatre-vingts brebis
dans son troupeau, plus un mouton. II man-
geait la soupe ii six henres du matin il dinail a
midi, el il soupait a sept heures. Cela fait qu'il
comptait trois repas par jour, sans jamais se trom-
per. C'était prodigieux I Chaque matin il comp
tait vingt-qnatre heures dc plus chnque mois
trentejours, chaque année trois cent soixante-cinq
jours; quand il lui arrivait d'en compter trois
cent soixaiite-six c'est qu'on se trouvail dans une
année bissextile. A contineer.