F. du Temple. tandis qu'a l'ombre libérale on fabrique tou- jours des lettres anonymes adressées au Pré sident du tribunal: ['honorable M. Jansscns vient d'cn recevoir une tröisièine, donl les nienaces s'étendënt mème a sa familie. VEloile ne dédaigne pas de mêler sa voix hypocrite a cede de la presse sauvage de Gand et du trottoir bruxellois. Cortes, il est fort déplaisant ponr Ie parti liberal de voir reléguer en la prison ses hom- nies les plus aetifs: un candidal du parti progressislèaux dernières elections continu - nales de Gand, Ie notnmé Victor Cottignics, capltaine de fa garde civique, vient d'etre condamné a vingl-nenfs jours de prison; un candidal des comités de l'Assoeintioo libérale doctrinaire aux elections legislatives de 1874, le nommé Leemans, conseilIer com munal a Ledeberg, aura a subir liuit jours de la rnême peine; un major de la garde civique d'Alost, le nommé Leclerc, doit payer 50 fr. d'amcride, el ainsi de suite; cola vexe nos adversaires, mars esl-ce bien une raison pour vilipender les magistrals qui font leur devoir? En peuvcnl-ils, si le parti liberal:,' par sos provocations aux désor- dres, par ses ex'cës, par leur glorification, les met dans la nécessilé d'appliquer la loi? On se plaint Ia rigueur des jugements du tribunal gantois; maïs vu les horreurs qui ont été commises, nous le trouvons, nous, d'une grande indulgence: voyez la Cour d'appel de Bruxelles: el I e avail devanl cl le des.manifestante libéraux con pa bles d'avoir troublé la procession de St Boniface; ils n'a- vaienl frappé personne ni distribué aucun «coup de soleil, el land is qu'a Gand la peine d'emprisonnemepl prunoncëc ne nion- te que de 8 a 15 jours, a Bruxelles on l'éléve a 2 mois. Que le parti liberal rent re done tin pen, au moins, dsns'lui-mème et ne froisse pas conslarnment le sentiment public: il se dé- considère, il s'avilit, il se degrade: il en appellea la brutaliléet rie pretend pas qu'el lesoit réprimée; c'esl done a Petal sauvage qu'il aspire! Les 'lettres anonymes par les- quelles il veut empèchcr que justice se fasse le prouvent bien. PREVISIONS LIBÉRALES. La Flandre libérale, dans son engouement d'énergumène pour la politique prussienne, se fail le complaisant écho des fanfaronnades de ses congénères de Bei-fin, affecte de croire que toute PAIIemagne catholique sera bientöl aux genoux du proconsul de Varsin et ne craint pas de proposer a Pémulation de nos compalriotes cette honleuse mais chimérique apostasie; Avanl dix ans, dit-elle, on en peut-être assure dés a présent, lous les pays qui par- lent ailemand possèderont un clergé palriole soumis aux lois nationales, el ainsi se sera opérée une nouvelle réforme qui, sans avoir l'imporlanee de la Réforme protestante, aura cependaut une influence decisive sur les destinées politiques el religieuses de l'Europe. La Belgique ne n'associera-l-elle jamais a ces efforts, el aurons-notis la douleur de la voir, comme au XVI siècle., unie de cocur aux Réformateurs allemands, sans profiler de leurs efforts et dè leur couré- geuse initiative? Le journal de M. Laurent prend ses espé- rances pour des réalilés et outrage la Bel- gique dans ses sentiments les plus vivaces comme dans son passé, en I'associanl a.ses aspirations seclaires. Queique insensé que soit ce langage, il con vient d'en prendre role: il met a nu les affinités naturelles du libéralisme el révèle ce qu'il serail capable d'entreprendre en Belgique s'il ressaissisait Je pouvoir, \A mi de COrdre.) NOS LIBÉRAUX PRUSSQPHILES. Un journal hollandais, organe du proles tantisme radical, le Kerkelijke Courant, publiait, il y a quelques jours, une corres- pondance beige., dalée d'An vers, oü l'on Irouve le passage suivanl: En Belgique, beaucoup de libéraux éminents considéreraient l'annexion a la Prusse comme tin grand bienfail pour leur pays, el Ton sail que telle est aussi I'opinion de la Prusse. Nous ne savons ce que peut avoir d'auto- ritéce témoinagede ce correspondanl ano- nyme; mais ce que nous savons, c'esl que si le libéralisme voulait préparer noire future annexion a la Prusse, il ne pourrait se con- duire aulrement qu'il ne lefait aujourd'hui. Que fait en effet la presse libérale? Elie glorifie la politique prussienne; elle identifie Jes intéréts de la cause libérale avec ceux du grand Empire protestant; elle exalte, en toule occasion, Ie protestantisme ef la libre- pensée germanique. En mème temps, elle fail une geurre sans trève et sans merci au ca'tholieicme, c'esl a dire a la base fonda- meniale de la nalionalitc beige; car, sans lui, la Relgique serail aujourd'hui uue province hollandaise, et demain elle deviendrait une annexe de la Prusse. Prolestantiser la Relgique, e'est done en mème temps la gennaiiiser; c'êst préluder par une annexion morale a l'annexion maté- rielle dont nous menace le cor.respondant du Kerkelijke Courunt. Seule, I'Eglise catholique posséde l'univer- salilé; elle n'est ni francaise, ni prussienne, ni espagnole, ni ital-ienne; elle est caiholique, e'est-adire universclle; et c'esl celte univer salis qui lui permet d'embrasser loutes les nations dans son sein, sans se confondrc avec aucune d'ellcs. II n'en est pas de mème' du protestantisme. OEuvre puremenl bumai- ne, if est fatalement bórné par les temps et pir les licux. Or, aujourddiui le protestan tisme est prussien: M. de Bismark est son pape el son Vatican est a Berlin. Les libéraux éminents qui viénnent de passer au protestantisme, seraient-ils de ceux qui conseilleraient l'annexion a la Prusse comme un grand bienfail pour la Belgique?» Le Journal de Lietjc est priè de répondre. (Gaz. de Liége.) LIBERAL1A. Une revue protestante anglaise, la Satur day Review, explique a sa facon les violences commises a Ooslacker. Les libéraux n'au- raient jamais attente a la traöquillilé publi- que s'ils pouvaieiit disposer d'un autre moven de ressaisir Ie pouvoir; mais ils devraienl se résigncr aux consequences dune défaite. Eu se livranl a des méd latious surce sujet, dit la lieowtvles libéraux deviennent irritables et malheuréux, et les moins raiSomiables d'ent-re oux pren- nenl des batons, et des pierros et lombent sur les pèlerms campagnards. La succession des idéés est d'une simplici- lé élémentaire: on inédile, on sort de ses contemplations irnié et malheureux; on saisit des batons cl des pierres et l'on tombe sur les pélerins. Qui pourrait y trouver a red ire? Ce sou l des phenoménes physiologi- ques tout simples, et les Inbunaux qui out condamné les frappeurs au ra lent mieux fait de leur fidmmislrer un calmant, puisqu'il n'élait pas en leut puissance d'appliquer le remède infaillitye, te pouvoir rendu a ces excellents ci'loyens. La brulalilé radicale est incroyable et la logique des amis qui plaident les circonslan- ces ailéuuantes ne lest pas moins. Le comité central de la Fédération libé rale s'est réunie Lundi a I'hotehde-ville de Bruxelles. M. Bara a été élu président; MM. Carton et Mascart vice-présidents; MM. Lippens et Descamps secrétaires et M. Bis- schoffsbeim trésoi ier. LE LIBERAL AU BANQUET. Qui jamais se serail figure M. Rara, l'hom- me-typede la violence politiquéau pouvoir et hors du pouvoir, déclarant au Banquet de.la Gauche parlementaire avec un sérieux imperturbable que I'opinion libérale,est la seule qui puisse ramener la tolerance au sein de la familie beige, la seule qui se, desinteresse. de toute idéé de soc- te et que la force de Pèpioion libè- raie consiste dans Ie respect qu'elle porie a toutes les croyanccs et dans son dévoue- tnent a loutes nos institutions nationales? On eroil rever en entendant de pa'reilles étrangelcs, .et .('.on se domandé si l'orateur qui les dóbite, le verre a la main, parle bien du parti cottnu par la longue tyrannic de la politique nouvelle, par les émeutes de Mai- Novemhre, par .Tach.arneme.nl sect a ire de la libre-pensée el de la gueuserie, par les cra- clials et les coups d'assommoir infligés aux pélerins en signe de tolérance AUX LACHES ET AUX DIFFAMATEURS. il nese passe pas de jour que des fern- mes, des religieux el des religieuses sans défensc ne soient l'objel d'aïlaques aussi odieuses que laches de la part de la libre- pensée contemporaine. Tous l.es moyens sont bons: brochure, pamphet, journal, feuilleton, roman, peinture, sculpture, pho tographic, musique rnême. On diffame en- vers etcontre tous, on diffame surloul dans l'ombre et sous Ie couvert de l'arionyme. M. le Général du Temple, Député d'Ille-et-Vi- laine, leur iuflige une sévère mais juste lecon dans une lettre que voici, adresséea Té/rauws: Un tableau m'a frappé a l'Exposition et la caricature s'en est emparée. Ce n'est pas une vieille gravure caehée derrière une vi trine, e'est un tableau neuf qui s'étale au grand jour, avec l'assentiment du jury el la permission du gouvernement. II représenle un religieux qui se rend cotipable d'une pri- vaulé qui se permettent chaque jour des gens de lous les mondes, mais qui donne aux hhres-penseurs l'occasion de dire qu'il y a beaucoup deLoysons.Ils sont peu nömbreux cependant, on peul fes compter; car les pays voisins les accueillent a bras ouverts. Je voudrais bien savoir si le gouverne ment permettrail .un tableau représentant un général francais en uniforme, se sauvant a toutes jambes, ou unjuge en costume rece- vant un pol-de-vin derrière la porie du tri bunal. Je na rends responsable le gouverne ment que de faiblosse et de maladresse, mais j'estime qu'a notre épöqué, ou tant de religieux et reir'gieuses sont jetés sans pain sur Ie pavé, il y a quelquö chose de lache et d'odieux a les insulter. II est évident que la Prusse n'est encóre pour rien dans de po rei I les exhibitions; ceia vjendra peut être, grace a ringéniosité des amis de eelle puissance. Pour le moment, laissons aux gouver- nements de Prusse,Suisse et d Italië l'a- vantege de pouvoir faire insullèr leurs vic- times. Malgvé nos faiblesses, nous n'en som mes pas la, ei j'espèr'e que noire générosité naturelle toujodrs y répugnera. LES PR;(ACES||t)NS: JUB!LA!RES EN AUTRICIlÉ" LT ÉN RELGIQUE. Ori pmndyjg Vjemu^, ipse les processions du juljitgfi)nt .gomi^engê.(hyisl'arcliidiocèse de Vienue. Les membres-de la familie intpé- rude, présents a Viennc, y assistaienl dans leurs 'jSa roisses Tospéctives. Q i'en dira M. Picrcot? Abomination de la désólatiön, fes mernbres de la familie im périale oh t dooué l'exemple de la provoca tion! El l'ón n'a ni craehé, ni insulté, ni assommé les membres du cortége. Peuple arriéré que ce peuple autrichien, en dépit de la marche que M. de Beusï y a imprimée au char du progrés! Oh! que la Belgique libérale et macomuque lient plus fiérement la bannière dw prdgrès, et eomme elle lui a faitfrancbir en qufyques semaines des distan- ces mcommensuraliJes L'ukase Piercol a acquis cliez nous force de loi; il y a pres cription; el en mèjne temps, en Autriche, les processions du jubilé se font sans entraves, avec la complicité des membres de la familie impériale! L'Autriche e,st ujüre pour Ie despotisme; la Belgique, elle vogue, toutes voiles dé- ployées,. vers les rives oü fleurit la Revolu tion, oü les Communards, a l'ombre de l'ar- bre de la tolérance et de i'arbitraire, fusil- lenten toute sécuritédës étages, et préparen!, pour la generation future, un petit code de persecutions religieuses, calqué sur celui de la Prusse ou cefui tie la fibre Helvétie! Ce donl graces'au Sacrè Cceur et au con cours énërgique de tous les hommes de bon ne volonté el dè tous les bons citoyens, veuille bien nous préserver Ie Ciel INON RATIONS. Les détails recus par les journaux de-Paris sur les inoudalioirs du Midi ne font qu'aggra- ver les premières nouvelles sn,r l'étendue du sinisire. Le n'est pas a 500, e'est a 1,000 que l'on doit majljeureusernent fixer le cfnf- fredes morts a Toulouse. Le total dépassèra 2,000 pour lont je Moli. Et encore ne saura t-on jamais exacleincnt Ie hombre des vicli- rnes, les eaux de ft Garonne entrainant dans leurs flols une qiiuutité énorme de cadavros. On en arepèehé; poriant le costume du pays, a plus de vingl iieues do Toulou se. - Les té.légrammes des environs, dit le correspondent da Figarodonnent des ren- seignemenls opoayamables, A Monlauban, a. Castclsarrazin, a Montecchi, partout on signa Ie des désasjres sans hom. Dans les campagnes les piiysans surpris par l'inon- dntioh ont élé néyés dans leurs maisons. Ceux qui surviveiït mcurénl de faim. l.es dégats .pour Toulouse sen I atlei- gncnt ...cent million.s: il en faut compter au- •ant pour les cawTpagnes. Ljhospice do La Grave est entièrerlieht perdti. La Baslide- Bosplas, -cé.'cbie par' le crime de Jacques La tour, jest5 euttérejp^il détruite. La magni- fique giotte aJil Afsjjd'Azil ëstécroulée; la Rise s'v est ereusé nu litnouveau. Ces evahit ions, 1 si élevées qu'elles soient, soni sans doutc .crtèorö fort aii-dessous de la vérité. On ne coh.nait eneore que la plus minime part ie de la' catastrophe. De la récol- te qui s'annoncait splendide il ne reste abso- lument rien. Le nombre d'usines, de fermes, de maisons, delablissements de toute espèce complétcment rasps par les eaux est incalcu lable. Sur l'Adour, a Ragnères-de-Rigorre il n'y a pas moins de Irois usines emportées. Un grand nombre de routes sont délruites. Et l'on évalue a 2 ou 3 mille les lêtes de bétail englouties. NOUVEAU. RÉGIME POSTAL. A daterdu lr Juillct, les prix d'affranchis- sement des correspondanëes de Belgique, a destination des pays composant l'Union Gé nérale des Postes, (1) sont fixés comme suit: A. pour les lettres, 25 centimes par lil gram mes. B. Pour les journaux, imprimés, échanlil- lons et papiers d'affaires, 5 centimes par 50 grammes. II n'est fail a cette régie que les excep tions suivantes: 1° Les lettres pour les Pays-Bas et le Grand- Duché de Luxembourg continueront a être laxées a raison de 20 centimes; 2° Les lettres éehangées avec ces deux pays et avec PAIIemagne, dans le rayon-fron- tiére de 30 kilometres, ne subiront qu'une laxe de 10 centimes, 3° Les journaux et imprimés sous-bande, échangés avec Ie Grand-Duché de Luxem bourg, seront taxés au taux de 2 centimes par 50 grammes. N. B. Jusqud présent la France ne fait pas partie de (Union. Les correspondances éehangées avec ce pays restenl done Iran- sitoiremeni soumises au régime acluel. En Février 1875 les óhernins de fer de l'Eial ont produit 5,833,704 fr. 07 cent., 140,977 fr. 11 c. de plus qu'en Février 1874. Les postes ont prodnit 077,420 fr. 04 c., soit 33,103 fr. 59 c. de plus. Lns télégraphes 151,244 fr. 32 cent., soit 7,424 fr. 52 c. de plus. La marine 157,017 fr. 03 c., soit 28,170 fr. 13 e. de moins. CHRONIQUÉ JUDICIAIRE. Le tribunal de Gand a prononcé Samed' les jugements snivants dans l'affaire du péle- rinage d'Oostackcr; Le sieur De Muynck est acquit Ié. Le sie'ur Coltignie est condamné; 1° pour le fail d'injures, a 8 jours de prison; 2° pour coups et Iflessures volontaires, a 21 jours de la mème peine. Le sieurs Smolders et Larse sont condam- nés chacun a 14 jours de prison. NECROLOGIE. On lit dans la Dgle de Malines: Notre honorable ancien bonrgmestre M. Ed. Broers, niembre de la Députalion per manente du Conseil provincial, vient d'etre douloureusement éprouvé. Mmc Broers, née Suzanne Louise Marie Vermeulen, est déeé- déo en notre ville Dimanche dernier, a l'age de 65 ans, après une longue maladie chréti- ennement supportée. Par sa piélé, ses bonnes ceuvres et les verlus domestiqnesqu'elle pratiquait en véri- lable mëre de familie, la défunte s'était con- cilié l'estime générale et de nombreuses alïections. Sa mort a causé a juste litre un deuil profond parmi les siens. Le service funèbre a été célébré Mercredi en l'église de Notre-Dame au dela de la Dyle. Une assistance extrêmement nombreu- se est venue y payer son tribui de sympathie et de pieux souvenir. (Dit r o si i<( ne locale. Nous avons établi, a la lumiére de l'expé- rience universelie, que Tant valent ies pa- Irons des Ecoles tant valent les Mailres, et tant valent les mailres tant valent les élé- ves. Cela est inconleslablement vrai, si inconlestablëment vrai' que le Progrès lui-mème reconnait la rigoureuse exactitude de eet aphorisme. Le Progrès reconnait done, et nous lui-en donnons acte, que des patrons notoirement irréligieux, ennemis de I'Eglise, méprisant son enseignemenl et ses préceptes, ne peu- venl former et ne ferment en effet que des écoles irréligieuses; que des écoles irréli- gieuses ennemies de I'Eglise ne formenl que des éléves irréligieux.et ennemis de.I'Eglise; que la conduite notoirement irréguliere des patrons est fatalement, suivie et imitée par les éléves. Tont cela est inconlesté et incon testable; tout cela reluit des clarlés du soleil en plein midi, a Ypres comme partout ail- leurs. Mais cequi est faux, injuste, calomnieux, impie el infame, c'est de prélendre qu'un acte d'immoralilé secrètement commis par un misérable mailre, l'opprobre de sa Con gregation, abominé par ses Supérieurs et ses Frères, fait que todies les Ecoles desservies par les Religieux et par ie Clergé sont des écoles d'immoralilé el de prostitution. Telle est cependant la réplique que nous adresse le Progrès. II nous demande ce qu'en pense le Journal dl Ypres. Mainle- nanl il le sail. LE PÈLERINAGE DE WARNÊTON. Le jubilé buit fois séculaire du Bienheu- reux Jean de Warnèton a été célébré, au lieu desa naissance, Dimanche dernier, avec une splendeur, un éclal, des démonstrations de foi et de piélé qui n'ont guèrede prece dents dans nos annates religieuses. Sa Gran deur l'Evêque de Bruges présidait la grande féte jubilaire. La ville de Warnèlon, par l'élégance et par la fraicheur de ses décors, s'était pour |a circonstanee mise a la hauteur des gran- des villes de Belgique et de France. Warnèton célébrait la rnémoire et les bienfaits du plus glorieux et du plus puissant de ses enfanls. Le Bienheureux Jean, évèque de Térouan- ne, fut en effet une des plus grandes et des plus nobles figures du douzième siècle. Aux qoalilés éminentes de l'esprit et du cceur, il joignit l'ascendant incomparable de la Sain- leté. Successivemenl les Souverains Pontiles, aussi bien que ses fréres dans l'Episcopat, et les plus grands personnages de son temps rhonorèrent de leur confiance et de leur amilié. Le peuple et le clergé fidéleslui voué- rent leur reconnaissance et leur amour. Suc- cesseur des Apötres, il pratiqua loutes leurs vertus. Modéle de l'Episcopat, il se monlra conslarnment Père dévoué et Guide plein de sagesse el de fermeté. II restaura la discipli ne ecclésiastique; il fonda, protégea, réfor- ma grand nombre d'institutions monasli- quos; il fut tin des plus fermes appuis du Saint Siége; un des plus vaillanls défenseurs de la liberie et des droits de i'Egise; un des grands bienfaileurs du peuple, des meilleurs soutiens de l'ordre public. C'était un Evèque accompli, tout animé de l'esprit de Dieu, de eet esprit de fórce el de douceur qui Iriom- phede tous les obstacles. Pendant quatre siècles les religieux habitants de la Morinie visitérenl son tombeau et eurent recours a sa puissanle intercession. Au XVIe siècle, la destruction compléte de la ville de Térouan- ne provoqua le démembremeht de l'antique Evèché de Morinie. Ce fut alors que les évè- chés d'Ypres, de Boulogne et deSt-Omer reprirenl dans leur propre l'ancien office de Térouanne, et le culle du Bienheureux Jean, affaibli parmi les fidèles par le malheur des temps, fut ainsi religieusément gardé par le Clergé. Aprés la Révolution francaise, l'évë- ché d'Arras, auquel furent alors unis ceux de Boulogne el de Sl-Omer, conserva a son lour la féte de Jean de Warnèton. Enfin, en 1852, Ie Souverain Pontife aulorisa d'inscrire dans le propre du diocése de Bruges la féte du Bienheureux. Aujourd'hui, le culle du grand Saint, dont buit siècles rendent un fidéle et constant té- moignage, est redevenu populaire. C'était cerles un des plus beaux et des plus nobles spectacles que ces milliers et ees milliers de fidèles accounts, Dimanche dernier, de tous les points de l'ancien évèché de Morinie pour célébrer, au berceau de notre Saint, sa glo- rieuse rnémoire et pour implorer pleins d'es- pérance sa puissanle intercession! La France comme la Belgique, unies dans un mêmo sentiment de foi, de reconnaissance et de piélé, confondaienl la leurs priéres pour la restauration du régne de Dieu, pour le salut de 1a Société, pour le bien-êlre des peoples. Oui, c'était un spectacle incomparable que cette foule innombrable inclinée. sur la Pla ce du Rivage, sous la main bénissante de I Lvèque, qui venait d'interpréter avec une éloquence, sortie des profondeurs de son ame, les sentiments et les priéres du peuple chrétien. Le temps et l'espace nous manquenl ponr rendre coinpte avec queique détail de ce ma- gnifique collége religieux dont les plus grandes el les plus religieuses cités a bon droit eussenl été fières. Tout y était digne, lout y était gracieux. C'était vraiment com me une image du ciel sur la terre. Les statues de cette multitude de Saints qui ont illustré, édifié, rendu chrétiennes nos Flandres; ces précieuses Reliques d'Apötres, de Martyrs, de Confesseurs, de Vierges; toutes ces riches el fraiches banniéres; tous ces admirables symboles; tous ces éloquents atl.rib.uts; tou tes ces institutions chrétiennes priant et chnn- tant tour a lour; Ie peuple enfin, le Clergé, I Lvèque, tout consliluait le plus magnilique ensemble. Après Ia Procession, il n'y avail qü'une voix partout, comme durant la Procession il n y avail eu qu'un sentiment. Les Doyennés tant francais que flamands de I ancien Evéché de Térouanne, on pour rait presque dire loutes ses principales pa- roisses, avaient rivalisé de zéle el de piété. Comme de raison Ie Doyenné, Ville d'Y pres surlout plus particuliérement héri- tiére des richesses de Térouanne s'étaicnt distingués entre toutes les localilés et par le nombre de leurs pélerins et par l'imporlanee de leurs groupes. (I) L'Union comprend l'Europe, la Russie et la Tuiquie d'Asie, l'Algérie, l'Ëgyple el les ËlaLs- Uriis d'Amérique. M M

HISTORISCHE KRANTEN

Journal d’Ypres (1874-1913) | 1875 | | pagina 2