N" 995.
LA DYNASTIE DES FOÜCHARD.
Mercredi 14 Juillet 1875.
annee.
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Le Journal parait Ie Mercredi et Ie Samedi. Les insertions coiilent 15 centimes la ligne. Les réclames et annonces judiniaires se paient 30 centimes la ligne. On traite d forfait pour les insertions par année.
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Po-
C II K .11 N II E F E 11. 1' Mai.
LE LIBÉRALISME
ET LA LIBERTÉ D ENSEIGNEMENT.
Des débats remarquables ont eu lieu a
I Assemblée nationale de Versailles sur la
liberté de l'enseignement supérieur.
Ce qui mérite d'etre relevé dans ces dé-
bals, eest I attitude dn libéralisme francais.
Dans le Parlement el dans la presse, la
plupart des libéraux se prononcent carré-
ment contre le principe de la loi qui autori-
se la création desfaculiés libres.
Le mobile de cellc hostiIité, c'est la peur
de voir les calholiques profiler du nouveau
régime, comme ils ont profilé déja de la
liberie relative accordée a l'enseignement
moyert par la loi-Falloux de 18S0.
On ne veut pas que l'enseinement calho-
bque peuple les carrières libérales de calho
liques intelligents, convaincus, heureux et
fiers de leur foi, capables de la défendre.
C est ce que la Dépubhque franc ai se avouait,
il y a quelques jours, dans un article plein
de significatives alarmes.
Ces libéraux veulent que l'enseignement
donné aux frais des contribuables soit un
enseignement liberal, et d'autre part ils ne
veulent pas que les calholiques, de leurs
piopres deniers, organisenl un enseigne
ment conforme a leur foi et a leurs aspira
tions religieuses!
Les voilé bien, encore une fois, ces faux
apótres de la liberté en tout et pour tous!
Et n est-il pas évident que les libéraux
beiges partagent complélement sous ce rap
port les idéés de leurs coreligionnaires poli
ties de France? Ne l'ont-ils pas crüment
avoué, et cela a diverses reprises, par leurs
organes les mieux aulorisés?
Et y a-t-il un seul liberal qui oserait pré-
tendre que, si la Constitution beige devait
ètre réviséepar les libéraux, la liberté d'en-
seignement et la liberté d'associalion ne se-
raienl pas biffés de notre pacle foridamental.
Ecoutez les journaux et pamphlets libé
raux: De retour au pouvoir, vousdiront-
ils, nos amis auront l'appui sans réserve de
l'opinion publique quand, pour le salut
de nos institutions (sic) its ne permellronl
plus de laisser enseigner a la jeunesse de nos
écoles les doctrines subversives de la curie
romaine! Lisez les élucubrations des Lau
rent et des Delaveleye; voyez l'< nthousiasme
que provoque chez nos adversaires lout ce
qui se fait en Allemagne et en Suisse contre
la liberlé religieuse des calholiques; et osez
dire, la main sur la conscience, que les libé
raux beiges ne sonl pas les ennemis en fait
de ces liberlés constitutionnelles qu'ils se
vantent si haul d admirer en principe
Voici quelques lignes assez bonnes a mé-
diter pour les dólracteurs de l'Egliseet pour
nos libres-penseurs, grands pröneurs d'en-
seignement obligatoire:
Dimanche, 4 Juillet, a eu lieu a Lyon,
sousla présidenee de M. Jourdain, membre
de I Institut et secrétaire général de M. le
minislre de 1'inslruclion publique, la distri
bution des prix aux éléves de i'école pro-
fessionnelle lyonnaise. M. Jourdain a pro-
noncé un éloquent discours; un des passages
les plus remarqués de ce discours a été celui
ou l'orateur a fait l'éloge de l'éducation reli
gieuse et de ses dispensateurs, qu'il a justi
fies de l'accusalion d'etre les ennemis des
lumières:
Au siècle dernier, le Pape Benoit XIV
décla ra it, du haut de la chaire pontificale,
que l'ignorance est le plus grand des maux,
et il donnail son approbation, avec de grands
éloges, a l'institulion que venait de fonder,
pour l'éducation des enfants pauvres, Jean
de la Salie, ce bienfaiteur de l'humanilé a la
I.
mémoire duquel la ville de Rouen consacrait
il y a peu de jours, une de ses fonlaines pu-
bliques.
Et quand on remonte plus haul dans
Phistoire, jusqu'a ces ages néfasles oü la ci
vilisation semblail étouiïée sous les él rein les
de la barbaric, on voil ceux qui avaient con-
servé le dépot des sciences humaines, c'é-
taient alors les évèques et les moines, fonder
des écoles et y appcler, au nom de la reli
gion, les habitants des campagnes et ceux
des villes.
M. Jourdain a lerminé en ces termes:
L'instruction ne consisle pas unique-
ment dans ces notions élémentaires que nous
devons emporter de I'école primaire. A D eu
ne plaise que je fasse peu de cas do ces pre
mières connaissances que nos enfants vont
demander a l'inslituteur! Un de mes plus
chers vceux serail de les voir universelle-
ment répandues.
Je voudrais que sur Ia terre de France
il n'y eül personne qui ne sul lire et écrire;
personne qui n'eüt quelques notions d'his-
loire et de géographie; personne, enfin, qui
ne possédat son catéchisme, ce petit livre
qui nous apprend noire destinée et nos de
voirs, et pour lequel un des maitres de la
philosophic contemporaine, Théodore Jof-
froy, professait un respect si sincére, une
admiration si raisonnée.
Ces paroles ont été, a plusieurs reprises,
couvertes d'applaudissements.
COMPARAISON.
Les épouvanlables désastres qui viennent
d'alïliger nos malbeureux voisins du Midi
out mis en evidence l'héroïsme que sail in-
spirer l'esprit de sacrifice. L'inondation sé-
vissait encore, que le Conseil municipal de
Toulouse déclarait, dans l'élan de sa recon-
naissance, que la garnison avait bien mérité
de la cité, et la France entière a proclamé
l'incomparable dévouement des ecclésiasli-
ques et des religieux de tout ordre. Et ce-
pendant le libéralisme poursnit le clergé de
ses calomnies et l'accuse mensongérement
de s'abstenir en presence de ce grand mal
heur. Demain le militaire qui ferait son de
voir serail insulté par des communards ano-
nymes. Une question seulcment. A-t-on vu
le franc-macon ou le révolutionnaire lutter
seul dans la nuil contre le torrent dcchainé,
braver cent fois la mort pour sauver le pro-
chain, et mourir victime de son abnégation,
comme ces intrépides soldals, comme ces
humbles moines? Un jour des chevaliers de
la Iruelle ont imagine de faire des parades
bumanilaires sur les mursde Paris assiégé,
et ils n'ont pas tenu longtemps: il y faisait
moins sur que sous la voute diacier de leurs
temples. Insulleurs do la charité et du bien,
souvenez-vons que le public vous regarde
et qu'il connait vos prouesses. II est trop lót
pour vous meltre a la besogne; les fails par-
lent et l'heure propice au dénigremenl n'a
pas encore sonné.
UN INSULTEUR.
L'avocat Adolpbe Dubois a pj-ononcé, a
propos des affaires d'Oosiacker, Jeudi soir,
au tribunal correctionnel de Gand une plai-
doirie a grand orchestre dont la presse libé
rale dit merveille.
Ce qui enchanlG surloul nos adversaires,
c'est le coup do lam tam final, l'apostrophe
lancée d'une voix nasillarde aux membres
du clergé calholique: Vous êtes des im-
posteurs!
Or, s'il est un mot que le sieur Dubois eüt
dó s'abstenir de prononcer, c'est précisé-
ment celui qu'il a donmé pour couronnemenl
a sa plaidoirie.
Personne n'ignore que c'est a la suite
d'une honteuse imposture, constatée devant
le pays enlier, que ledil Dubois a lerminé
par tin suicide sa carrière judiciaire.
Blamé a la Chambre, désavoué par M.
Tesch lui même, il s'est soustrait par une
démission voloniaire, au verdict de l'opinion
qui le déclarait incapable d'occuper encore
un siége dans la magistrature.
Et quelle était l'origine de eet incident
sans précédents, croyons nous, dans les an
nates de la justice? C'était une imposture
commise par Dubois, et révélée ensuite par
son collaborateur Seghers. On se rappelle,
en effet, que ce magistrat, trop épris de la
morale indépendanle, n'avait pas rougi de
fabriquer un faux mandement, effrontément
attribué par lui a S. E. le cardinal Sterckx,
archevèque de Malines.
Lorsqu'un homme qui a donné par de leis
actes la mesure desa moralilè, lance l'injure
a un clergé comme celui de nos Flandres,
on est en droit de dire que ses outrages équi
valent a une éclajante glorification.
(Dien public.)
OU EN EST LE LIBÉRALISME?
Lc cours des événements a confirmé plus
tót que nous ne Is pensions nous-mêmes tou
tes nos previsions au sujet de la tranforma-
lion du libéralisme en despotisme. Cetle
métamorphose, déja accotnplie sur le terrain
légal chcz les Allcmands et les Suisses, s'opé-
re parmi nous avec une precipitation fié-
vreuso dans 1e domaine des theories politi-
ques, el, déja la masse de nos libéraux ne
se conlenlant pas de proclamer que les
exemples donnés par ces peuples sonl bons
a suivre annonce ou desire la suppression
des liberies constitulionnelles favorables an
catholicisme et a toutes les croyances reli-
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Poperinghe-Ypres, 3-15,7-00,9-30,10-35,2-13,3-05,9-20. Ypres-Poperinghe, 0-40,9-07,12-05,3-37,6 50,8-43,9-30.
periMhe-llacebrouck, 7 03, 12-23, 4-17, 7-13. - Hazebrouck-Poperinghe-Ypres, 8-33, 9 30, 4-10, 8-23.
Ypres-Jfow/ers, 7-30, 12-23, 6-43. Routers-Ypres, 9-23, 1-30, 7-30. K
'.'I 44,8-45,11-34,1-13,4 39,7-36,(9-33.Lichterv.)Lichterv.- Tkonrout,i-t2.S m.versOstemle.—Thourout-Li'chler
veiae U-Oivenant d östende.-Brüges-flow^,7 23,8-23,12-30,3-00,6-42.8 45.-Lichierv.-Co«rtr<»»,5-2Um.9 01,1,30,3,377,21
Ynrtl'n M,53_^.9-49,11-13,2-33,3-23,71 bfm'uie 1*el 2"cl.)Courtrai-Ypres,7,Ü0(mixtei«el2'cl.)8-08,11-02,2-36,3-40,8 49.
Hi l0rr0Ui'n/ ',18' 12 °6/ 6, 20> ('e Samerli 3-30 du maiin jusqu'a Langhemarck). Tliouroul- Ypres, 8-40, 1-10, 7-00,
(It samedi a 6-20 du maiin de Langhemmck k Ypres).
TuH!8>^Vï'rnét°-',f,'1,?Uq'1(:UHouf,linBS"4meMtóm, 6 00- 10-10. 12 00> 6-28, Armentières-IIouplines Le Towquet-War-
rnnrir <ommes 7 -23, 10,90, 4-10, 8-40. Comines- Warnêlon 8-49, m. 9-30 s. Warnêlon-Commes 3-30, 9-30,
R I hi TS| n"00' '2-35,4-09, 6-93. 9-00 a. (Liclilerv.)—Bruges-Co«Wr«i, 8-25, 12-50, 5-00, 6-42.
3 °438 25 11-23'^S^O 7"20.11 04,2-50,7-35. - (bassin) 7-31,11-10,2-56,7-41 - Heyst, Btankenberghe, Biuges,
'ngetmunsier Dey"ze Gand 9-00, 9-41, 2-15. Ingelmunster-jDeyiwe, 6-03 2' cl., 7-13. - Gand-Deynze-/w^w«ns(er, 6-38,
11-20, 4-41. IJeynze Ingelmunsler, 1-00. 2" cl. 8-20
Inge munster-Anseghem 6-03, 12-33, 6-13. - \nseghcm-ïnq elm unster7-42, 2-20, 7-43.
3 40J3 00 'r urnes et Ounkerke, 6-30, 9-08, 1-33, 8-00. - DwiAerAe-Furnes-Dixmude et Lichlervelde6-33, 11 10,
Tl.ourmunt?"^'2-20,8-43.—Nieup-/)i.x;m,(bains)7-20,11-30,4 10. (ville) 7 30,12 00,4-20,
c_i_. -Jpstcnde, 4-öG, 9-15, 1-50, 8-05. Qslende-Thourout, 7-55, 10-10, 12 25, 0-15.
X' "v-' o-w,». v/sieiiue- nouroui. i
belzaele-Eecloo, 9 03, 1-23, 8-23. - Eecloo-Selzaele, 3-39, 1013,
Gaml-Terneazen, (station) 8-17, 12-15, 7,23. (porie d'Anvers) 8-30, 12-40. 7 43. Terneiizon-Grind, 6 00, 10-30, 4 40.
Selzaoie-Lukere/i, 9 04, 1-30, 8 30. (Ie Merer. 3-10 m.) - Lokeren-Safraete, 6 00, 10-23, 4 43. (Ie Mardi, 9,30.)
o o n h iu i
OITD AWCKS.
COURTRAI, BRUXStl.ES.
Coiirtrai dép. 6,37 10,33 12,33 3,47 6,33.
Bruxelles arr. 9,20 4,35 2,25 6,14 8,54.
COURTRAI, TOURNA 1LILLE.
Courtrai dép. 6,37 10,36 2,34 3,34 8,47.
Tournai arr. 7,28 11,47 3,48 6,39 9,41.
Lille 7,38 12,08 4,00 6,35 10,00.
BaUXEI.I.BR, COURTRAI.
Bruxelles dép. 3,22 8,28 12,21 5,33 6,47.
Courtrai arr. 8,02 10,46 2,44 7,56 8,44.
Lille dép.
Tournai
Courtrai arr.
LILI.E, TOtJRNAI. COURTRAI.
3,13 8,22 I 1,03 2,22 3,20
5,42 8,30 I1,29 2,40 3,39
6,34 9.47 12,20 3,38 6,33
COURTRVIOAND.
GANOCOURTRAI.
Courtrai dép.
Gand arr.
0,42
8,01
12,31
1,31
3,44
5,04
6,40.
7,36.
Gint dép.
Courtrai arr.
3,13
0,34
9,38
10,31
1,28
2,49
4,24
3,31
7,21.
8,42.
BRUOES, GAS», BRUXELLES.
BRUXELLES, GANO, BRUGES.
4-22.
Bruges d. 6,49exp.12,84,-, 2,32, 3 43,ex. 6,43.
Gand i». 7,34, 1,49 4-07, 4,28, 7,38.
Bruxelles 8,30, 4 00, 6,02, 9-31.
Bruxelles dép.
Gand arr. 0,00
Bruges 7,13
8,14
9,41
10,34
11,53
1,13 3.23
2,38 4.37
3,12 exp.
4,26
3,11
4,39 exp
6 37
7,22
3.33.
7,23.
8,38.
■BB
Lorsqtte, venant de Tours par la route de la
levée, on arrive a lilois, on a devant soi la prin
cipale parlie de la ville pilioresqueinent étagée; a
droite, la Loire; au-dela. une plaine couvertede
riches cultures el qui s'etend jusqu'aox pentes
très-adoucies d'un long coleau orné, ca et la, de
belles maisons blanches; enfin l'horizon est fermé
par un rideau de verdure sombre: c'est la forel
de Russy. traversez blois, snivez la même route,
devenne cel le d Orleans, et vous relrouvez, lou-
joins a droite, la Loire, puis la plaine verdoyante,
et, au deia, un nouveau rideau d'arbres, e'csl la
forêt de Boulogne. A quelques lieues plus loin,
yiennent les bois de Chanibord. du milieu des-
qtiels sélancenl les lours el les cheminées du plus
grand chaleau de France. Ces foréls et ces bois
foi ment la linnle d on pays qui ne répond guère
aux magnificences de l'enlrèe: |a Sologne, ce
nom dit tout, et dit trop même, car il faul étre
jusle, les landes arides, lesétangs, les marécages.
les pauvres champs de blé noir B'apparaissent qu'a
six ou sept lieues de Blois; resle, le long de la
Loire, one profonde lisière de terrains fertiles,
bien balis, bien peuplés et d'un aspect heureux.
Alt centre de cetle lisière, a pen de distance de
I extiémité occidentale de ia forêt de Itussy, se
trouve le village dc Chemelles, mieux raudrait
dire le bourg, car il se tienl un marché a Chemel
les, on y comple Irois cents habitants intra mu-
ros, netif cents en dehors; il y a un nolaire, un
bureau de tabac, douze oti quinze marchands
épiciers, merciers. drapiers; on y voil quatre a
ciutj tnaisons de bonne apparence, a un étage et
avec des persiennes vertes; quelques families bour
geoises, ou demi bourgeoises, out (ixé la leur
■residence; enfin, satif la célébrilé qu'il n'a point
encore acquise, Chemelles possède toul ce qui
qui constitue un gros bourg. Apiès cela, qu'im-
poite la célébrilé? bien des vilies s'en passent,
it plus lories raisons des villages. Pourvu que les
gens Solent contents, qu imporle, encore une fois?
Iht nombre de ceux qui raisonnent ainsi du
moins, étail, a coup sur, un personnage qui, sous
le noindti père Foucbard, florissait a Chemelles,
en 18(57. bils dun paysan déja ricbe avant la fin
du siècle dernier, Jean Foucbard avail amassé
dix on douze mille livres de rentes, dont il jouis-
sait ii en bon pcré de familie, c'est-a dire en se
procurant toutes les aiscs dont il avail idéé: un
bon lil, un foyer bien chand et une lable ofi ie
lard frais apparaissait Irois fois par semaine. En
dehors de cela, il ne dépensait pas un sou.
Depuis soixante-rieuf ans qu'il était au monde,
aucune tualadie n avait eu prise sur sa complex-
ion; toujour» veil, gaillard, droit, alerte, les
aiinées ne lui pesaienl pas. n Ah! dame, disait-il
a ceux qui le compliiuentaient sur sa sanlé. j'ai
le moral solide, h Ce mot nous averlil qu'il est
indispensable de faire ici une courle digression.
Sa chant a peine lire ct giilfonnrr son noin, Ic
père Foucbard s'elTorQait He convrir son ignorance
par l'emploi de tcrmrs recherchés aiixquels il
avait atlribilé tin sens faux, inais pas tonl a fail
arbitraire. Son raisonncmenl revcnail a ceci: «On
oppose le moral an physiqiié: pnisque ce dernier
mol signifit: ce qui parait au dehors, moral vent
dire.ee.qui ne se voit pas; le physique, e'est I'up-
parence, le moral, c'est Ie fond des choses, la
constitution inférieure. Dc même on dit: purler
d'un Ion confidenlielor on ne parle ainsi que de
ce qui est important, done confidenliel el impor-
portaut sonl synonymes. Une valeur imaginaire,
e'est une valeur nnlle, d ob malade imaginaire;
ainsi un fou, un hoirime de rien. c'est un homme
imaginaire. La certitude, géomélrique est absolue,
prétendent les arpenteurs; par conséquent géomé
lrique s entend de ce qui est certain.
Appuyé sur ces déductions plus 0ii moins legi
times, le père F'ouchard disait confidenliel pour
imporlant, imaginaire pour chose on b'omme sans
valeur, géomélrique pour certain, elc. Membre de
l'Académie franchise, il eüt provoijué des rcfor-
mes dans le dictionnaire; simple habitant de Che
melles, il exergait de l'inlluence sur le langage de
la localtlé; plusieurs de ses locutions avaient pris
cours comme nne monnaie de bon aloi. Disait-il
de quelqu un; eest un homme imaginaire, on
tenail le inalheiireux pour eoridamné. Si quelqtie
nouvelle, douleuse au, premier abord, venait a se
répandre dans le village, on attendait que le bon-
boinme 1 ent eonfirmée en ajoulant, sous forme
d appreciation: ie c'est géomélrique ga, les gens
lépélaienl: C'est géomélrique, le père Foucbard
I a dit, et ia nouvelle passait désormais pour
iirdubitable.ii Leculte, disait-il encore, je n'en fais
pas usage, mais je le respecle, c'est confidenliel
pour les naissances, les mariages et les enterre-
ments; s'il n'y avait pas de curé, on serail lont de
même bien einbarrassé faul des cérémonies, ga
c'est d'ancienueté. n
Quoiqtie ne faisant pas usage du eulte, il allait
a la messe le dimanche, pour voir le monde cl
causer sur la place au sorlir de l'église. Ou l'en-
tourait, on l'écontait il avait grand crédit ,i Che
melles non qu'on l'aimat, il n'aimait personne;
mais on le croyait prudent, avisé, heureux
surtout. Le sticcès lui comptait comme un mérite,
cela est de régie.
Heureux cependant? I'était-il autant qu'on vou-
lait bien le supposer? Hélas non le père Fou
cbard avail, comme un autre, son point noir.
Marié trés jeune, sa femme élait nrorte en lui
dormant un fiIs qu'on nomina IJrbain. Naturelle-
ment, Urbain fut baplisé fuut des cérémonies,
mis ensuite en nourrice, élevé dans la rue, potissé
ii I'école vers ncuf ou dix ans, il ne fitlui aussi,
aiicun usage du culte et se dispensa notamment
d'honorer son père. Oirin'est-ce pas, disait-il,
ga fait vivre loriguement de flagorner un vieux
grigoii?ii II demeurait a Cormeray, village situé
a une lieue de Chemelles et vivait séparé de sa
femme, laquelle, a son tour, babitail avec sou fils,
Achille Foucbard, la petite ville de Contres, éga-
lement a une licue de Chemelles, sur la route de
Blois k Saint-Aignan.
Ainsi campés a distance les rins des aulres, le
père, le tils et le petil-fils ne se réunissaient que
lorsqu'un intérét commun l'exigeait. Par un sin
gulier renversernent des choses, le père Fouchard
I rem hl a it devant soil (ils, el, celui-ei devant le sien.
Tous irois aimaient l'argent, l'uu pour le metlre
dans sou colTrel'autre pour le lancer dansles
affaires, le dernier pour le jeter dans les plaisirs.
M. Foucbard de Cormeray c'est ainsi qu'on appe.
lalt Urbain, ayant.dun cotèengagé les quatre-
vingt mille francs qu'il avait eus de sa mère, et,
de I autre perdu I administration des biens de sa
femme, a la suite d un procés en séparalion, pour-
suivait sou père de ses brulales demanded d'argent,
ct cajolait son fils qui le traitait du haut en bas.
A CONTINUER.