UN DRAME
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GROTTE D'AZUR.O
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Samedi 18 Septemb. 1875.
10e année. N° 1^014.
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Le Journal parail le Mercredi et le Samedi. Les insertions coülenl 15 centimes la ligne. Les réclames et annonces jtidiciaires se paient 30 centimes Ia ligne. On traite a forfait pour les insertions par année.
Un numéro du journal, pris au Bureau, 10 centimes. Les numéros supplémenlaires coinmandés pour articles, Réclames ou Annonces, coütent 10 fr. les 100 exemplaires.
C II JE M 1 X S B5 S<: F IS IS. 17 Juillet.
- Po-
'V 1
LE DEVOIR.
Quelle est eet le voix mystériensequiditau
pauvre d'accomplir en silence el sans mur-
murcr son pénible labeur, au riche de s'arra-
cher aux jouissances du luxe pour se saerifier
au prochain, a celui ci d'abandonner sa pa-
trie et sa familie pour aller au loin évangéliser
des sauvages et mourir petil-êire sous leurs
coups pendant que le monde le laxera de
folie a celui-la de se dessécher sur des pro-
blémes scienlifiques, a tel autre d'altendre la
mort au posle qu'il doit garder
La voix du devoir, la voix de l'honneur,
répondra-l-on, et celte solution donnée, les
investigations, pour un grand nombre, ne
seronl pas poussées plus loin. C'est si facile
d avoir toujours a sa disposition quelqtie mol
qui porte la responsabilité et qui dispense
d'un examen que souvent on redoute
Voici un homme voué a Ia tache ingrate
et pénible d'inslruire de pauvres enfants de
village. II n'a ni fortune, ni repos des vieux
jours, ni réputalion a atlendre. Et cependant
vous lui criez courage mon ami, reinplis-
sez votredevoir, obéissez a rhonneur. N'avez-
vous rien de plus a lui dire
Cet ouvrier consume ses jours et ses ntiils
dans un travail opiniatre, et la faim, le froid,
la misère s'installent dans sa mansarde, tan
dis qu'autour de lui la richesse et le vice
multiplient leurs plaisirs et leurs (eolations.
Courage done, songez au devoir el a rhon
neur
Un soldat marche paree que les lois de son
pays lui en imposent l'obligalion rigoureuse.
II a tout quitté: son lieu natal, ses affections,
le travail qui le faisait vivre. El le voiladevanl
la bouche des canons, avec la perspeclive de
quelque horrible mutilalion, de la misère
précoce, de la mort peut-être. En avanlle
devoir, I honneur, la gloire vous appellenl
Mais vous ne voyez done pas que c'est une
horrible dérision et que si vous n'avez que
des mots pour faire battre le coeur, le mal-
heureux nc verra qu'cxploitalion danste monde
et rèvera sa part ou la vengeance L'ouvrier
pétroleur, l'instiluleur sociaIistele soldat
que l'ivresse doitmener a la charge procèdent
direclement de celte froide logomachie.
Non, ce n'est pas avec des phrases qu'on
peut déterminer le sacrifice, sans lequel le
monde ne vit point. II faut quelque chose
d'assez puissant pour itnposcr silence aux
brutales suggestions de l'égoïsme et aux con-
seilsda désespoir, quelque chose qui illumine
rintelligence, salisfasse la raison et entraine
irrésisliblement le cceur, el ce quelque chose,
on oublie trop souvent de le mellre dans la
vie.
La religion est importune a qui veut jouir
sans êlre trouble dans la quietude de l'heure
présente, importune au triple tilre d'accusa-
teur, de témoin et de juge, el comme chacun
vond ra i l bien une sociélé a son image, une
société en harmonie avec ses propres dispo
sitions, on ne Irotive rien de plus simple que
de rayer la religion du code social, au risque
de ce qu'il peut en advenir pour ceux dont
elle est la force et la seule consolation.
Le révolutionnaire, lui, va plus loin. II
abolit résolüment le devoir. Ses programmes
fonl table rase, non-sculement de l'idée reli-
gieuse, mais de tout ce qui peut gêner la
souverainelé du roi de la terre. Dans son sys-
lème l'homme, le peuple n'a plus que des
droits et on en arrive directement a la sup
pression des inégalités sociales et de lout ce
qui représente, dans ce monde, le principe
d'autorité et de respect. Familie, propriété,
lois, force publique, magistral, prêlre et pou-
voirsonl compris dans la commune proscrip
tion. La lulte d'homme a homme el l'etat
sativage seraient le dernier lerme des appli
cations de la théorie démagogique, qui l'a
bien prouvé en ne laissant derrière elle que
du sang et des ruines chaque fois qu'elle est
parvenue a triompliér un instant.
L't nchainemenl de ccs funestes consé-
quences nous inontre tout le danger de l'ceu-
vre libérale, si inoffensive, sigénéreuse mème
en apparence avec ses faux dehors de progrés
et de liberie. Touchez a la pierre angulaire
et l'édifice enlier s'ébranlera, quelque som
que vous puissiez prendre de dissiinuler ou
dedécorer agréablement la bréche. II en est
ainsi du devoir. Si vous niez Dieu, l'ame et
ce qui s'ensuitla vie future, le bien et le
tnal, la recompense et le chatiment, et le
libéralisme logique doit toujours aboutir la
vous enlevez au devoir sa vériiable base
et le bouleversemenl est inévitable. II y aura
encore, certes, des actes d'honneur, des ver-
tus pratiques, mais ce fait mème prouvera
seulement que la vérité chrétienne survit au
fond des tunes, qu'elle peul encore inspirer
quelque bien la mème oüsesnoms sont usur-
pés par Terreur, et qu'elle résiste iuvincible-
ment a la barbarie.
La Palrie de Bruges publie une seconde
leltre de Sainl-Genois, que nous nous em-
pressons de reproduire:
tMonsieur le Rédacleur de la Palrie:
UEcho du Parlement, dans son numé
ro du 30 Aoül, contient quelques mots de
rèponse a la leltre publiée, la semaine der-
nière, dans vos colonnes, au sujet du cimcS
lière de St-Genois. Comme d'habitude le jour
nal baralisle travestit les fails et recourl a
son arme de predilection, au mensonge.
Qu'il me soit permis, dans l'inlérèl de la
vérité, de donner une courte réplique a mon
contradicleur, qui, s'il n'a pas épiuché le
dossier de St-Genois, prouve tout au moins
qu'il a eu jadis ce dossier entre les mains, et
qu'il en a extra it el conservé assez de notes
pour dénalurer, a Toccasion, les circonslan-
ces les mieux élablies et les plus incontesta-
bles.
Je cite textuellement le journal doclri-
naire: Le rapport n'est pas au dossier, done
il n'y a pas eu de rapport. Ainsi conclut le
correspondanl de la Palrie. Aulant de
mols, autant de con Ire-vérités. En effet, ai-
je dit que le rapport n'était pas au dossier?
Et de ce fait ai-je conclu qu'il n'existait pas
de rapport? Ni Tun, ni Tautre. J'ai prétendu
et prouvé par des pieces aulbentiques, dont
l'Echo da Parlement se garde bien de con-
tester Texactitude, qu'au moment oü le
bourgmestre Mullie visail, dans son arrèté
de suppression, les rapporlsde la commis-
sion médicale, conslalant prélendüment
Tinsalubrité du cimeliére ces rapports
n'existaient pas; que la commission nes'é-
lait pas mème rendue sur les lieux pour
faire la dile conslatation, el que si un rap-
port vint au jour plus lard, ce ne fut que
Irois mois aprés que la suppression élail
devenue un fait accompli, malgré les pro-
testations de l'aulorilé ecclésiaslique et du
conseil de fabrique.
Ces paroles ne sont-elles pas clairGs? II faul
croire que non; c'est pourquoi redisons-le
sous une autre Jorme: Tarrèlé de suppres
sion, baséj sur Tinsalubrilé, est du 9 Mai
1868: le rapport de la commission médicale,
rapport fait a la sollicitalion de M. le gouver
neur, pour rencontrer au besoin les con-
lestations au sujet de Tinsalubrité fausse-
ment visée par le|bourgmcslre est du 12
Aoül de la mème année.
EEcho comprend-il que le 9 Mai précède
le 12 Aoül?... Peul êlre bien.
J'ai démontré de plus que M. Bara, alors
minislre de Ia justice, au lieu de faire con-
nailre loyalement ce fail dans la discussion
qui ent lieu a la Cbambreau mois de Décem-
bre suivanl, prèla la main a cel acte inquali-
fiable en affirmant avec l'audacc qui le carac-
lérise, pour ne pas employer, les expressions
moins convenables quoique plus exacles,
qu'au moment oü la suppression avait été
prononcée loul le monde, \j compris la com
mission médicale, élail d'accord pour en
reconnoitre la nécessilé au point de vue de
C hygiëne.
Encore une fois, cela n'est-il pas clair?
Que done VEcho du Parlement se tran-
quillise, ce document intéressant a plus d'un
litre ex iste il continue a figurer au dossier
et il est par conséquent absolument erroné
de croire qu'il se serait égaré ou qu'une
main intéressée, comme le suppose gralui-
temcni le journal doctrinaire, l'aurait fait
disparaitrc du dossier. Grace a Dieu, ce
n'est pas aux catholiques qu'on pourra jamais
reprocber de piller ou de lacérer les dossiers
adminislralils et d'en détruire les lambeaux
par le feu
Mais détail vraiment curieux et qui démon
tré plus que tout Ie resle la loyaulé de M.
Bara je me suis donné la peine de relire Ia
longue et mémorable discussion qui eut lieu
sur 1 affaire de St-Genois au Parlement au
mois dedécembre 1869, et nulie part je n'y
ai trouvé le lexte de ce rapport, qui élait
au dossier a celte époque coinine il y est en
core aujourd'hui et dont il étail certainement
le document le plus importantpuisqu'il
•tranchail le point capital du débat, c'est-a-
dire Tinsalubrilé du eimetiére.
Pendant des heures, M. Bara donna lecture
des piéces les plus insignifianles, exhumant
lour a lour de vioilies correspondances ad-
ministratives, des mandements d'Évèques,
des articles du Juer 30 et du Kalholyke Zon
dag. Seul, le rapport de la commission médi
cale ful laissé dans Toubli I Seul, parmi ces
nombreux doeumenls, il fut jugé indigne
d'uue citation textiielle M. Bara se horna,
comme je l'ai déja dit, a constater sécbement
que la commission médicale avait été d'avis,
elle aussique le déplacemeut du ei
metiére étail nécessaire dans Tintérèl de l'by-
giène.
Pourquoi cet oubli Pourquoi cetle omis
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Poperinghe- Ypres, 5-13,7-00,9-30,10-55,2-13,5-05,9-20. Ypres-Poperinghe, 6-40,9-07,12-03,3-87,6 80,8-48,9-80.
peringhe-IIazobrouck, 7 03, 12-23, 4-17, 7 13. Hazebrouck Poperingbe-Ypres, 8-38, 9 30, 4-10, 8-23.
Ypres-lioulers, 7-80, 12-28, 6-48. Kouiers- Ypres, 9-23, 1-80, 7-80.
Kou Iers-Bruges, 3,44,8-48,11-34,1-13,4 39,7-36, (9-83. Lichter v.) Lichter v. - Thouroul, 4-23 m.vers Ostende. Thouroul-Lichter
velde 12-02venant d'Ostende.—Bruges-Kott/ers,7 28,8-28,12-30,8-00,6-42,8 45.—Licbieiv.-CWr<r<z»,5-25m.9 01,1,30,8,377,21
Ypres-CWr/rai5-34,9-49,11-15,2-38,5-28,713(mixie Pel 2«cl.). Counrai- Ypre.s,7,00(mixtePet2'cl.)8-08,l 1-02,2-86,5-40,8-49.
Ypres-Thouroul, 7-18, 12 06, 6 20, (le Samedi a 8-80 du matin jusqu'a Langbemarck). Thouroul-Ypres, 8-40, 1-10, 7-00,
(Ie Samedi a 6-20 du tnatin de Langbemarck a Ypres).
Comines-Warnêton-Le Touquet-IIouplines-Araentóeres, 6-00, 10,18, 12-00, 6-25,Armenlières-IIouplines Le Touquel-War-
nêlon-Comines 7-25, 10,50, 4-10, 8 -40. Comines -Wamêlon 8-45, m 9-30 s. Warnêton-ComMies 5-30, 9-50,
Courtrai Bruges, 8-03, 11-00, 12-33,4-03, 6-53. 9-00 s. (Lichterv.)— Bruges-Coiirlrai, 8-25, 12-30, 5-00, 6-42.
Bruges, Blankenberghe, Heyst, (Station) 6-50,7-25,9 20,(exp. le Dim. seulem )9 50,11 08,2-25,2-80,5 35,(exp.)8-50,(exp. le Sam.
seul)7-33,(exp )8-85. (bassin)7-00,7-31,9-26,(le Dim. seul) 9 86,1 I 14,2-31,2-86,5 41 (exp.)8-56, (exp. le Sam. seul.) 7 41,
(exp.)9-01Ileyst, BI ankenb, Biuges,5-48,7-lö(exp. le Lundi )8,25,11-28,1 23,2 43(exp.)4 10.5-30,7-23(exp. le Dim.)7 33,8 45
lngelmunsler Deynze-Gand, 5-00, 9-41, 2-15. lngelmunster-De^tize, 6-08 2" cl., 7-18. Gand-L)eynze-/Mje/witusfer, 6-88,
11-20, 4-4l. Deynze Ingelmunster, 1-00. 2' cl. 8 20.
lngelmunster-Anseghem, 6-03, 12-85, 6-13. Anseghem-lngelmunsler7-42, 2-20, 7-45.
Lichtervelde-Dixtrjude-Furnes et Dunkerke, 6-30, 9-08, I-35, 8 00. D/z»A'er/."e-Furnes-Dixmude et Lichlervelde, 6-38, 11 10,
3-40, 8-00.
Dixmude-Nieuport,9-Ü0,2-20,8-45. Nieup-Dt.-rw,(bains)7-20.1 1-50,4-10. (ville) 7-30,12-00,4-20.
Thouroul-Ostende, 4-80, 9-18, 1-80,
Selzaete-Ttedoo, 9-05, 1-25, 8-25.
3-08. Ostende-Thouroul, 7-85, 10-10, 12 25, 0-15.
Eecloo-Se/zizefe, 5-35, 10 13,4-22.
Oand-Terneuzen, (station) 8-17, 12-15, 7,23. (porie d'Anvers) 8-30, 12-40. 7-43. Terneuzen-Gand, 6-00, 10-30, 440.-
Seliaete-Lo/ferezi, 9-04, 1-30, 8 30. (le Merer. 5-10 m.) Lokeren-Se/zaefe, 6 00, 10-28, 4 48. (Ie Mardi, 9,30.)
OOBLH.E:
n»orriJA.iïCEa.
COURTRAI, BRUXELLES.
BRUXELLES, COURTRAI.
Courtrai dép.
Bruxelles arr.
6,37
9,20
10,33
1,35
12,33
2,23
3,47
6,14
6,33.
8,54.
Bruxelles dép.
Courtrai arr.
8,22
8,02
8,28
10,46
12,21
2,44
5,33
7,36
6,47.
8,44.
COURTRAI, TOURNAILILLE.
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Am.
Courtrai dép.
Tournai arr.
Lille
6.37
7,28
7.38
10,56
11,47
12,08
2,54
3,48
4,00
8,34 8,47.
6,39 9,41.
6,33 10,00.
Lille dép.
Tournai
Courtrai arr.
LILLE, TOURNAI. COURTRAI.
3,13 8,22 11,03 2,22 3,20
5,42 8,56 11,29 2,40 5,39
6,34 9.47 12,26 3,38 6,33
COURTRAI, GAND.
QANl)COURTRAI.
Courtrai dép.
Gand arr.
6,42
8,01
12,31
1,51
3,44
5,04
6,40.
7,36.
Gand dép.
Courtrai arr.
8,13
6,34
9,38
10,51
1,28
2,49
4,24
3,31
7,21.
8,42.
BRUGES, OANOBRUXELLES.
Rruges d. 6,49exp.I2.34, 2,52, 3 43,ex. 6,43.
Gand a. 7,34, 1,49 4-07, 4,28, 7,38.
Bruxelles 8,50, 4 00, 6,02, 9-31.
Bruxelles dép.
Gand arr. 6,00
Bruges 7,13
BRUXELLES, GAND, BRUGES.
8,14 11,33 3,12 exp. 4,39 exp. 5,28.
9,41 1 13 3.23 4,26 6 37 7,33.
10,34 2,38 4,37 5,1 1 7,22 8,88.
DANS LA
PAR Al MÉ RICK.
Suite. Voir Ie N° précédent.
XVII.
ELLE BIK REFUSE!
Clicr (Joeleni'quel penscz-votis que pul t-lre
le denouement de ce roman
Vous croyez peut-être que je Tépousai dans les
hnit jours?...
Eb bun! non. mon ami. II n'en fnl pas ainsil...
Celli- femme si sublime el si raisonnable quand il
s cl;ui agides aulres, devinl d'nne désolanle, d'nne
absurde tfélicalcsse, quand il s'agil d'elle-même.
Oh! ce fut encore, sans auctin douIc,la plus
affretise de mes épreuves! L'avoir relrouvée, l'.ii-
Boprodnciion inierdiie. Exirnit du volume
on Amour entre deux cercueils, eie, por Aimé
Kick. in-12, de 238 pages, édilé par G Lebrocquy,
32, Chnnsséc de Wavre, a helles En vente chez
VANDERGItlNSTE - FOSSE, a Ypres.
Prix 2 francs.
mer plus que la viclïdolatrer chaque jour da
vantage, et ne pouvoir l'êpouser paree qu'elle ne
voiJLAiT pas devenir ma femme... Obj'aurais
pensé a Ions les suppliees, mais a celui la jamais
Non, elle ne voui.ait pas tlevenir ma femme, el
cela sous prélexle que mon sort serait trop mal-
bcureux avec une femme boileuse
Comprenez-vous cela, docleur, moi qui l'ido-
lairais, êlre réduit a la voir douler de moi jusqu'a
ce point
J ens beau prier, conjurer, pendant irois mois
duranl, j'eus beau mejetcra ses pieds, menacer
de me laisser périr, élaler dans loule sa réaIi
mon supplice alroce et mes tourmcnls indicibles
mon amour lie put Iriompher de sa délicatesse.
Soyons amis, Maurice, (lil ellemais rien de
plus. lu es jeune encore, lol, a trcnle-cinq ans;
je suis vicille, moi;... lu es beau, je suis fanée;...
lu es illustre, moi je dois me faire oublier... Pour-
quoi l'attacher a une eliaine anssi dure?... Non,
une femme impotente et ridicule n'est pas faile
pour toi... lu in es revenu, lu ui'es reslé depuis
neuf ans fidéle... C'est bien, je le délie de lesser-
mi nts, je l'ordonne de ne plus m'aimer... Soyons
amis, soyons frère et soeur, el lu me béniras
dans deux ans, quand Ion premier feu sera
passé, de l'avoir épargné, pour la vie, l'attaclie
d'nne vieille impottnle!
Ces paroles me rendaient fou.
Jamais, dis-je jamais je ne regarderai mè
me une autre femme! Tu es ina vie, mon trésor,
mon amour, c'est loi tpie j'aime, c'est loi que je
veux... Que me paries-tu de sacrifice et d'altache?..
Je veux les porter avec bonheur, ces ehaines! Ces
liens je les baiserail... Ah! ne me ponsse pas au
désespoir, Ida, par une délicatesse exagéréel...
Tu ne sais pas de quoi je suis capable pour le
posséder I
Et comme elle se montrail inflexible, quoique
résislant avec peine, je lo voyais
II le faul une nouvelle preuvede mon amour,
Ida? Tu ne me crois pas assez constant pour sup
porter loule ma vie Ion inlirmilé? Eh bien! adieu!...
Oil vas-lu? s'écria-t-ellc.
Oh! n'aie pas peur! Je nc me suiciderai
pas I... .Ie vais seulemeul lacher de te donner la
plus grande preuve de mon amour... Dans quinze
jours, lu auras de mes nouvelles.... Adieu, Ida,
adieu
Elle voulul faire courir après moimais je me
cachai je ne relonrnai pas ii m.on logis, el le soir,
avec une forte somme que venail de me verser mon
banquier;... je partais pour Naples, oïi je vous fis
appelerdocleur.
Nous purlimes ensemble pour la grolte d'Azur.
El la oü elle avait tanl soiifiei lje me fis ampuler
la jambe-, pour êlre enfin digne de Tépouser.
XVIII.
UN PIED DE MOINS, UNE MAIN DE PLUS.
Dés que Ia première inflammation ful passée, je
lui ai écrit. Elle voulail venir icije le lui ai dé-
fendu et elle m'a obéi. J'ai des droits sur elle,
maiutcnantet si dans huil jours vous me per-
metlez de parlir, dans dix nous serous mariés...
J'ai sa promesse I...
Quant a mon morceau de jambe ne i-iez pas,
docleur, je suis Anglais! Je ne l'avais si soi-
gneusement mis a part que pour Tenvoyer par le
premier courrier... C'est mon cadeau" de nocel...
Elles'est évanouie en rccevant cc paquet, mais
cllcaaccordé sa main li la vue de mon picd. C'est
ce que je voulais el puis je suis Anglais, il faul
bien qn'en celte qualité je fasse quelque chose
d original...
Et maintenant, cher docleur, comprenez-vous
pourquoi je me suis fait couper la jambe?
Iciconlinua le docleurHnit le récit de
l'Anglais.
Nous desccndimes du roehcril élail tard.
Deux jours apres je le Irouvai en assez bon étal
pour se dirigcr vers Rome, et je i'embarquai moi-
même sur mi excellent bateau ii vapeur qui devait
le conduire au mariage et au bonheur..,
Quelques jours se passèrenlpuis je itcus unc
leltre de faire part.
Du mariage de lord X***.
Avec Mademoiselle la Comtesse Ida Caslio
della Riviera
Et a la main au crayon, joint a une liassc de
billets de banque un peiil mol qui disail
Mon cher docleur, je suis marié I Le bonheur
i> m'accablePriez afin que je ne devienne pas fou.
i> Je savais depuis longleinps que la forlunc élait
borgne je viens d'expériinenler qu'elle est aussi
ii boileuse. Adieu, cl pensez quclquefuis a l'liom-
i> me que vous avez rendu le plus heureux du
i> mondt en lui coupanl la jambe
Maurice.
Voila mon bisloire linie, dil alors le docleur;
comment va la fièvre?...
Disparue depuis longlemps!
Je vous le disais bienRien de lel pour
guérir un malade, qu'une cure hisloricopalhique.
Oh! si lous les médecins étaient de ccllc force-la?
FI N.