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LES LARfflES D'ÜNE MERE.
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Mcrcrcdi 22 Septcmb. 1875
10 année. N° 1,015.
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Le Journal parail le Mercredi el le Sainedi. Les insertions coülenl 15 cenliines la ligne. Les réclames el annonces judininires se paient 30 centimes la ligne. O i traite d forfait pour les insertions par année.
Un numéro du journal, pris au Bureau, 10 een li mes. Les numéros supplémenlaires commandés pour articles, Réclames ou Annonces, coütent 10 fr. les 100 exemplaires.
C II K 1 UT S ED li V SE SC. 17 Juillet.
UNE GRAVE QUESTION.
A quelle université vais je confier mon
fils Grave question que se posent en ce mo
ment, et non sans angoisses, bien des pères
de familie. C'cst qu'en effet, celte question
touche a l'essence mème de la fonction paler
nel le. Car ce n'est pas tout de procréer des
enfanls pour la vie physique, il faul aussi les
enfanter a la vie morale quand ces enfants
existent, il fant veiller a ce qu'ils existent
bons, jusles, charitables, verlueux, heureux.
Voici un futiir avocat, un fulur médecin,
un fulur notaire. Que leur faut-il La science
de la médecine et la science du droit, sans
doule mais avanl de connaitre la science,
its devronl connaitre son auteur ils devront
connailre celui qui est le commencement et
la fin de loute chose. Sans celte notion, ils
ne connaiiront ni la science de la médecine,
ni surlout la science du droit, paree que l'ob-
jet de la science est - la vérité et que Dieu est
la vérité absolue.
Eh bien, nous avons en Belgique quatre
universités. Dans la plus tlorissanle de tou-
tcs, on enseignea connaitre Dieu, a connailre
la science, a se connailre soi-mème non-
setilement on y enrichit l'esprit mais on y
dilate le cceur, on en dirige les aspirations el
Lessor. Les jeu nes gens qui sorlent de l'uni-
versité de Louvain peuvenlentrer dans la vie.
Ils possèdent a un degré éminent les connais-
sances nécessaires a la carrière qu'ils veulent
entreprendre et, cequi n'est pas tnoins indis
pensable, ils savent qu'elle mission leur e.-t
dévolue.
Ils seront savanlsils auront du talent,
paree que la religion donne tout cela, el
bienlöt celte derniére, parachevant son oeu
vre, les élevera aux sommels de l'échelle so-
AD0LPHE FAVRE.
{Reproduction inlerdile.)
I
ciale. A mesure qu'ils avanccront en agc, ils
verront mieux le bul dc la vie, et comme ils
auront la claire notion de la justice, le prin-
cipede Ia charilé el dnsacrifice, leurexislencc
sera paisible, leur fonction deviendra on sa-
cerdocc, ils se fcront bénir par la pratique de
toules les verlus qui sont l'honneur des
hommes et la force des sociélés.
Voila pour l'Universilé dc Louvain qne
voyons-nous aillenrs, a Gand, a Liége, sur-
toul a Bruxelles? Une veritable conjuration
contre la science el conlre Dieu. II y a la des
professeurs panthéistes, ralionalistes, malé-
rialisles, elc. En est-il un, dans cliaque uni-
versité, qui daigne adineltre l'idée de Dien
lelie qu'cllc est écrile au fond de notre na
ture? Pour la plupart, Dieu n'existe pas ils
se sont arrangés des systétnes renouveiés de
tout cc que la philosophie antique avail ima
gine de plus absurde, et si tous ne vont pas
jusqu'a la négalion absolued'un Étresuprème,
les plus tnodérés s'accordcnt pour n'attribuer
a eet Être qu'une existence purement nomi
nale.
De la la libre pensee et la libre morale
de la aussi les libres éludiants, les étudianls
sans foi et sans mceurs que nous savons. Rien
dans l'csprit et rien dans le eoour. Ils nc con-
naisscnl rien dc la vraie science, paree qu'ils
ne savent 011 ils vont, ni d'oti ils viennenl
paree qu'ils ignorent surtonl le principe de
leurs connaissances. Avec l'ardeur présomp-
lueuse qui caractérise leur age, ces messieurs
se font un plaisir d'enchérir sur les idéés de
leurs professeurs et ce qu'ils n'ont appris
encore qu'a l'étal spéculatif, ils s'empressent
de le traduire en fails. II fant remonter aux
plus mauvais jours de la commune pour
trouver un langage pareil a celui dont les
universitaires gantois onl tont récemmenl
épouvanté la Belgique. Ou se rappclle les
scènes de Woluwe-Sl-Lamberton connail
les assommeurs de pélerins et les agressetirs
de processions. Jamais dans les rangs de ia
jeunesse beige, rien d'aussi désolant, d'aussi
lüclic et d'aussi cruel ne s'élait vu.
Je voudrais voir, dit La Bruyère, un
homme sobre, modéré, chaste, courageux,
équitable, prononcer qu'il n'y a pas de
Dieu il parlerait du moins sans iulércl
mais cet homme ne se trouve pas.
N011, cet homme ne se trouve pasil ne
s'est trotivé nulle part et dans aucun temps.
Les païrns eux-mèmes, qui n'onl pas préci-
sément brille par ces vertus, avaient du moins
conservé l'idée dc Dieu el l'avaient associée
a lous les grands actes de leur vie privée et
publiqne. Mais il élait écril dans les décrels
de l'aveugle deslin que même le paga
nisme serail éclipsé par le libéralisme. La
force destructive de la revolution triomphe
des antiques résislances de l ame humaine et
c'est ainsi qu'une part de la soeiélé contem
poraine en est venue a n'avoir plus d'amour
pour aucune palrie, plus de foi pour aucun
drapeau, plus de conviction pouraucun prin
cipe c'est ainsi quo l'autorilé palernelle a
élé foulée aux pieds et que la fidélilé conju
gale a été violée c'est ainsi que nous mar-
chons a la destruction radicale de la familie
cl de la soeiélé.
Avis aux péres de familie.
A PROPOS DU MABIGE CIVIL.
La presse parisienne comple parmi ses
polémistes en vogue un boulevardier, nom-
mé Francisque Sarcey, dont les faeélies vol-
lairiennes, bien qu'assez ranees, trouvenl
loujours bon accueil dans noire presse libé-
rale. II est vrai que les lecleurs de celle-c'
n'ont pas le droit d'ètre difiiciles.
M. Francisque Sarcey est un grand adver-
saire du catholicisme,qu'iI accuse d'abèlir»
l'espéce humaine.
Cet te Ihèse rcvienl lous les jours sous sa
plutne, appuyée dc quelquc argument nou
veau.
Hier, pour démontrer les effels délélères
de l'édticaiion cléricale, il cilail l'exemple
d'un jeune séminarisle qui, dans une dis
cussion sur le mariage, a eu l'audace de lui
citer de mémoire le passage suivant d'un
opuscule de Mgr de Ségur;
Ce qu'on appelle cbez nous le mariage
civil n'est pas du lont le mariage, ce con-
lral divin qui unit l'hommc a la femme.
C'est une formalité arbitraire qu'il faut
subir, el qui est lout a fait insulïïsante
pour les époux devanl Dien. Cependant,
l'acle civil doit èlre aecompli, a cause des
graves inconvénienls qui pourraient résul-
ter de la negligence en celte maliére. Nos
évèques défendent aux prèlres, pour mo-
lifs de condescendence, de marier les per-
sonnes qui n'auraient pas accompli cetle
formalité.
Aprés avoir reproduit cetle citation, le
sieur Sarcey ajoute avec épouvanté:
Notre jeune perroquet (le séminarisle)
nous a récité lout ce morceau qui est le
fond de l'enseignement qu'on lui a donné
sur cel te maliére. Vous pouvez conjcclurer
par la ee que seront les cours de droit
civil dans les Universités cal hol iques!
Nous avons beau nous inlerroger: nous
ne Irotivons d'élonnanl ici que l'élonncmenl
mème de M. Sarcey.
S'imaginait-il peul clre qu'on allail ensei-
gner dans les Universités calholiques que Ie
Code civil a aboli tin des sept sacrements in-
stilués par N. S. Jésus-Cbrist?
Ou bien se flaltail-il secrèlement de con-
vcriir l'Eglise au coucubinal civil, Iaïque et
obligatoire?
La citation dc Mgr dc Ségnr résumé, en
effet, parfailement la doclrine catholique sur
le mariage; nous serions curieux de voir
résumer avec autanl de précison la doctrine
libérale sur le même sujet.
On pourrait ainsi conslaler, une fois de
plus, si le libéralisme est, oui ou non, hostile
a la religion.
A PROPOS DE LA PEINE DE MORT.
(Exlrait de YUnivers).
Un bon point a M. Alphonse Karr, il a
retrouvé sa veine de bon sens des meilleurs
jours, et c'est plaisir de le piller. L'atileur
des Guèpes redresse verlement la moelleépi-
niére au sensible Vacquerie, grand bénisseur
d'assassins, abolitionnisie en tiire de la
peine capilale. L'onctueux prècheurdu Rap
pel allégue que l'échafutid n'ell'raie personne,
a preuve le chiffre des homicides qui conti-
nuent, bon an mal an, d'alteindre une
moyenne bonnèle. Alphonse Karr répond
par une simple question qui clone au mur
I'argument et rargumeniateur: Qu'en sa-
vez-vous? Au fait, ce bon M. Vacquerie
n'en sail exactement rien; il n'a vraisembla-
blemenl pas rccu les épanchemenls des in-
dividus qui préméditaienl un meurlre et a
qui l'exemple ou la notoriélé d'une exéculion
a donné a rélléchir. On ne se vante guére
du ces choses-la. Laissons la parole aux
Cue/ics. Files piquent admirablement juste
aujourd'hui et trouenl Icsophisle d'outreen
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Puperinglie- Y-pres, 8-15,7-00,9-30,10-88,2-15,3-05,9-20. Yprcs-Poperinghe, 6-40,9-07,12-03,3-37,6 50,8-43,9-30. Po-
peringlie-Ilazebrouck, 7 03, 12-25, 4-17, 7 13. Hazebrouck Poperinghc-Ypres, 8-33, 9 50, 4 10, 8-25.
Ypres-Haulers, 7-30, 12-25, 6-45. Kouiers- Ypres, 9-25, 1-50, 7-30.
Roulcrs-ZJri<;/es,S,44,8-4S,l1-34,1-13,4 39,7-36 ,'(9-55. Licluerv.)Licluerv.- Tliourout,1-25 m.versOslende.— Thourout-LicA/er
velde 12-02venanl d'üstende.BrugfiS-/1oii(ers,7 23,8-25,12-50,3-00,6-42,8 43. Licluerv.-Courtrai,S-2'jm.9 01,1,30,5,377,21
Ypres-Courlruio-34,9-49,11-15,2-35,5-25,7l5(mixte 1 "ei 2ccl.).Courlrai Ypres,7,00(mixie1,,ei2'cl.)8-08,11-02,2-56,5-40,8 49.
Ypres-'Tliourout, 7-18, 12 06, 6 20, (Ie Samedi a 3-30 du matin jusqu'a Langhemarck). Tliourout- Ypres, 8-40, 1-10, 7-00,
(le Samedi a 6-20 du mati.n de Langhemarck a Ypres).
Comines-Warnêton-Le Touquet-llouplines-Arae»G'èm, 0-00, 10,15, 12-00, 6-23,Armentières-Houplines-Le Touquel-War-
nêlon-Comines 7-23, 10,50, 4-10, 8 -40. Comines- Warnêlon 8 45, m 9-30 s. VVarnêton-Comines 5-30, 9-50,
Courlrai Bruges, 8-05, 11-00, 12-35,4-05, 6-53. 9-00 s. (Licluerv.)Brugus-Courfrat, 8-25, 12-50, 3-00, 6-42.
Bruges, Blankenberghe, lleysl, (Station) 6-50,7-25,9 20,(exp. le Dim. seulem )9 50,11 08,2-25,2-50,5 33,(exp.)5-30,(exp. Ic Sam
seul)7-35,(exp )8-53. (bassin)7-00,7-31,9-26,(le Dim. seul) 9 36,11-14,2-31,2 36,5 41 (exp.)3 56, (exp. le Sam. soul.) 7 41,
(exp.)9 01lleyst, BI ankenb, Br uges,5-43,7-15(exp. le Lundi )8,23,11-23,1 25,2 45(exp.)4-10.5-30,7-23(exp. le Dim.)7 33,8 43
Ingelmunster Deynze-Gand, 5-00, 9-41, 2-13. Ingelmunster-Deynze, 6 05 2" cl., 7-15. Gand-Deyme-Ingelmunster, 6-58,
11-20, 4-41. Deynze-Ingelmunster1-00. 2' cl. 8 20.
Ingelmunster-'dwse^/tem, 6-05, 12-55, 0-13. \nseghcm-Ingelmunster7-42, 2-20, 7-43.
Liclitervelde-Dixmade-Furnes et Dunkerke, 6 -30, 9-08, 1-33, 8 00. Dtz«/cer/ce-Furnes-Dixmude el Licliterveldc6-33, 11- 10,
3-40, 5-00.
Dixmude-JVieizporl,9-50,2-20,8-45. Nieup-Dum,(bains)7-20,11-50,4-10. (ville) 7-30,12 00,4-20.
Tliourout-Oslende, 4-50, 9-15, 1-50, 8-05. Ostende-Tliourout, 7-53, 10-10, 12 25, 6-15.
Selzaeie-isec/oo, 9-03, 1-25, 8-25. Eec\oo-Selzaele, 5-35, 10 15, 4-22.
(ïand-7'erneuzen, (station) 8-17, 12-15, 7,25 (porie d'Anvers) 8-30, t2-40. 7-43. Terneuzen-Gand, 6-00, 10-30, 440.-
Selzuete-LoAere», 9 04, 1-30, 8 30. (le Merer. 5 10 m.) Lokeren-Se/zaete, 6 00, 10-23, 4 43. (le Mardi, 9,30.)
COÏCHESPONDAWOE!
COURTRAIBRUXELLES.
Courtrai dep. 6,37 10,53 12,33 3,47 6,33.
Bruxelles arr. 9,20 1,33 2,23 6,14 8,34.
COURTRAI, T0URNA1LII.LE.
Courlrai dép. 6.37 10,66 2,54 5,34 8,47.
Tournai arr. 7,28 11,47 3,48 6,39 9,41.
Lille 7,38 12,08 4,00 6,33 10,00.
BRUXELLES, COURTRAI.
Bruxelles dép.
Courlrai arr.
3,22
8,02
8,28
10,46
12,21 5,33
2,44 7,56
6,47.
8,44.
COURTRAI, GAND.
Courtrai dep. 0,42 12,31
Gand arr. 8,01 1,31
BRUGES, GAND, BRUXELLES.
3,44 6,40.
3,04 7,36.
LILLE, TOURNAI, COURTRAI.
5,13 8,22 11,03 2,22 5,20
5,42 8,56 I1,20 2,40 5,30
6,34 9.47 12,26 3,38 6,33
GAND, COURTRAI.
Gand diép. 3,13 9,38 1,28 4,24 7,21.
Courtrai arr. 6,34 10,51 2,49 5,31 8,42.
Lille dép.
Tournai
Courtrai arr.
Binges d. 6,49exp.12,34, 2,52, 3 43,ex. 0,43.
Gand a 7.34, 1,49 4 07, 4,28, 7,38.
Bruxelles 8,50, 4 00, 6,02, 9-31.
Bruxelles dép.
Gand arr. 6,00
Bruges 7,13
BRUXELLES, GAND, BRUGES.
8,14 11,33 3,12 exp.
9,41 I 13 3.23 4,20
10,34 2,38 4,37 5,11
4,39 exp. 3,28.
6 37 7,33.
7,22 8,53.
Les environs de Chalon-sur-Saóneoffrent encore
uu assez grand nombre dc vieux chateaux do fa
milie, flanqués souvent d une ton rel le renaissance,
el enlonrés d'un pare dont les arbres louffus les
dérobenla la vue du voyageur qui traverse la route
voisine.
La se sont conservées les habitudes Iranqiiillcs
de la vie palnareale 5 la vivent de uombreuses l'a-
m lies qui ne quilten! presque jamais leurs toils
le pert* a passé ses jours a surveiller ses fermiers,
s'il ne fait valoir lui même ses lerres, et ses (ils,
a leur tour, n'auront d'autre ambition que de
conserve!- intact Ie domainc qui leur aura élé
légué.
II y a la encore qnelques véritables seigneurs,
reeonnus tels par le village voisin depuis plusieurs
generations, et qui se succéderonl encore pendant
plusieurs atilres.
Non loin de Chalon, enlre la route qui mène
de cetle ville a Louhans et la Saóne, se trouve une
de ces gentilfaommières: c'est le chateau de Cernay,
construction du dix-septième siècle, élevée sur une
petite colline qui doniiue la rivière, et qui lourne
vers l'occident sa facade de pierre noircie par le
temps.
Le chèteau n'a rien de rcmarquable, si ce n'est
sa position il n'est ni vaste ni bien ordonné son
architecture a qiielque chose dc massif, de lourd,
qui exclut la grace e'csl tout simplement une
■liaison a deux étages, lermiuée par deux pignons
avangant en forme de pavilions. Mais la vue magni-
fiq'ie dont 011 yjouit, mais Ie petit hois qu'on tra
verse pour y ari iver, mais surlout son pare, sa
ferme et ses environs charmants en font tine habi
tation des plus agréablcs.
II y a environ vingt-cinq ans que vivait dans et-
chateau de Cernay un excellent vieillard ancien
émigré réintégré, tout iinhn des vieilles traditions,
mie de ces natures calmes, ennemies des aventures
lointaines, qui, se repliant duns Ie cercle de la fa
milie, teouvent le bonhcur sous le toil domesliqile
et vivent tics donees joies de l'inlérieur.
C'est a regret qu'il avail suivi ses parents a l'é-
tranger, lors de la Itévolulion lont jeune encore,
il avail éprouvé 1111 serrement de coeur en quittant
Cernay, et il ne s'élait senli réellement heureux
que qnaud il avail pu revoir la maison oii s'élait
écoulée sou enfance.
La, il avail purtagé son temps entre les soins de
ses propriétéset I education de deux fils, dont l'un
lui élait 11 pendant son temps d'exil, Ie second
avail suivi de quelques annóes le retour du genlil-
liomnie.
M. de Cernay, aide de sa digne épouse, avail
élevé avec amour ses deux enfants, les faconnant
it cclte vie simple, presque rustique, oil il trouvait
lui-même toutesa féiicité.
Mais mus deux n'avaient pas égalemcnt répondu
a ses aspirations.
L'ainé. Georges, gareon de Irenle ans, a l'épo-
que oil s'otivre noire récils'étail diflicilemcnt
courbé sous lejoug sa rial ore semblait anti path i -
que an calme de la province pour lui l'horizon
borné du domainc de Cernay élait Irop élroil. et
son esprit inquiet avail senli le besoiu d'un champ
plus vasle.
Aussi, a vingt quatre ans, Georges s'élait décidé
a signifier respeelueusemenl a son pèrc son inlen-
lion de venir a Paris, de sorlir de I'apalhie dans
'aqiielle il végélail, el de godlcr, comme lanl d'au
ires, de cclle vie active des affaires pour laquelle
il se scnlail né.
Celie délerminalion avail eausé une grande don-
leur an pcre et a la mere mais M. do Cernay s'v
allendait depuis longlemps. D'un caraetère Irop
doux pour résister, il s'élait résigné. el 1111 beau
jour, Georges élait parti pour Paris, non pas
comme 1111 Don Qnicholle, aux hasards des aven-
iures, mais avec de notnbreuses recommanda-
tions el ayanl déjii préparé de longue main ses
relations.
Georges élait un de ces jeunes gens dont l'ado-
lescence ne dure pas: a vingt ans, il élail liomme
fait, raisonnable et raisonneur, pen accessible aux
illusions, et comprenant le cölé 111:1 lériel de la vie
avec une rare et précoce intelligence. Du fond de
son chateau, il s'élait mis au courant des affaires
de la capilale, el n'arrivait pas a Paris comme bon
nontbre de cesétourneaux de province qui viennenl
se henriet- a mille difficullés d'une vie qu'ils ne
connaissent pas.
Deux ans s'élaient a peine écoulés que Georges
s'associait a 1111 industriel qui venail de fonder
une raffinerie de snere il placait la la dot que
sou père lui avail donnée en vendant quelques
bois et une ferine assez éloignée des ierres du
chateau.
Pen de temps après, l'associé ét,int mort, Geor
ges conservait l'affaire a lui scnl el lui donnail une
impulsion nouvelle.
Tout alia bien pendant un an.
Georges venail de temps en temps a Cernav et
vanlait son bonbenr il élait cffectivement et réel
lenient trés heureux sou activilé se déployait a
l'aise, il vivait de celte existence rapide, un pen
fiévreusc, qui 11e laisse ni trève ni repos, mais ou
il n'y a jamais place pour l'ennui.
Cependant, des circoustances imprévues vincent
liientét changer la face des choscs. Ou élait en
1840, au moment oü la crainle d'une guerre qui
pon vail sorlir des évéueinenls d'Crient, ent pour
effet de paralyser le commerce cl de jeter la per
turbation dans les affaires.
Georges avail irop déployé ses ailes. i! s'élait
Irop avenluré quelques failliles .-onsidérables vin-
rent annuier ses premiers succes, et le mirenl mé
me dans une position gênée.
M. de Cernay père a va it loujours eu com a s-
Süiice de la marche des affaires de son Ills; ce fm
lui qui l'aida a franchit- le mauvais pas dans lequel
il se trouvait engagé 011 bypolbéqna le chateau
ut lus doiuaines du Cernay, pour mettre Georges
ii mème de résisler a cede première secousse.
Le jeune homme avail foi en luiil ne vil qu'un
coup du sort dans ce méeompte, el pour en con
jurer le retour, il chercha en dehors de son indus
trie, ii se procurer des ressources nouvelles les
prod nils coloniaux subissaienl de brusques varia
tions de prix qui encourageaient a la spéculalion
Georges specula el devint 1111 des graivds faiseurs
en suere.
La spéculalion, sans Ini élre tout d'abord de'sa-
vanlageuse, ne produisil pas les heureux résullats
qu'il avait espéiés mais elle enlrait lellement
dans ses gouts qu'il n'eut garde d'y renoncer. II
trouva 111 un nouvel élément d'activilé, sans com-
prendre qu'il dévorait son existence et se préparait
tuie vieiliesse prémalurée.
Le second fils de 91. de Cernay se nommait Lu-
cien il avait six ans de moins que Georges, ct
avait ii peine alteinl sa vingtième année, lorsque
son frère quitta Cernay pour venir s'établir a
Paris.
Le vieux genlilbomme, de touttempstourmenté
par les iuquiètes aspirations de son fils ainé, avait
vu le second répondre ii ses voeux avec une facililé
merveilleuse.
Getle vie de familie que Georges trouvait, sans
user I avouer, monotone ct fade, paraissait ii L11-
cien p eine de charme sou ainc tendre s'y eoin-
plaisait, el son intelligence vive avait su v trouver
un aliment.
Aussi, il 11'enviait pas d'aulre horizon que Cer-
nay, et plus ardent, plus impétueux peul étreque
son licit-, il dépensait gaituient sou activilé aux