w> fS 3 m (5^^ Samedi 25 Scptemb. 1875. ïonrf DÈlqjA ■■u ac 10 année. N° 1,016. LES LARIES D'UNE MÉRE. 5 5 - i -sjrtYwmi SMKEÜÜ iBl^T \CiyuC-ei3s» *- 'i>< S S z Le Journal parait le Mercrcdi el le Samedi. Les insertions coutenl 15 centimes la ligne. Les réclames et annonces judiciaires se paient 30 centimes la ligne. On traite a forfait pour les insertions par année. Un numéro du journal, pris au bureau, 10 centimes. Les numéros supplémenlaires cominandés pour articles, Réclames ou Annonces, coütenl 10 fr. les 100 exemplaires. C J51 K Jfl a j* S EJ> K F K BE. 17 Juillet. LES CATHOLIQUES ET LA PRESSE. Silvio Pel I ico a fail un livre admirable, bien que pelit,inlitulé: Des devoirs des hommes. On devrait bien en faire un aulre intitule: Des devoirs des Cut hot it/ties. Je voudrais qu'un chapilre spécial fut eonsacrè a rappeler a nos amis leurs devoirs a l'égard de la presse honnète. Et précisérnent Fun des calboliques francais les plus estimables, M. Bandon, président du conseil général des conférences de Sl-Vincenl de Paul, s'est chargé au Congrés de Poiliers, de rédiger d'avance ce chapilre. Nous en reproduisons ici les principaux endroits et nous lessigna- lons a rullen lion de nos nombreux lectenrs: DEVOIRS DES CATHOLIQUES VIS A VIS DE LA PRESSE. Un point sur lequel heaucoup de cat holi- ques se font une facheuse illusion, c'est leur devoir a l'égard de la presse calholique. Peul élre serous nous amenés a dire des vé- rilés sévéres; mais l'intérèl engagé esl trop grand pour tie pas les dire, paree que les hommes les plus sérieusemenl pieux tombent souvent ici dans des erreurs él ranges. Amsi: lu beaucoup de bons catholiques ne lisent aucun bon journal, el ne leur fournis- sent l'appui ni d'un abonnement ni d'un achal journalier. Je sais ce que disent nos amis, déclarenl- ils avec emphase: je n'ai pas besoin d'étre convaincu; mais je liens a savoirceque disent nos ennemis. Et avec ce beau raisonnement, on en arri ve a un chiffre vraiment énorme d'abonne- menis aux joiirnaux anli-catholiques. II y a la pour beaucoup d'excellenls chré- liens, pour beaucoup de bonnes méres de families, peul ê1 re pour beaucoup de mem bres de comités catholiques, l'objet d'un pieux examen. 2° Beaucoup de catholiques ne se bornent pas a cetle première faute: ils en joignent ADOLPHE FAVRE. (Reproduction inlerdite.) souvent une seconde, cel le d'une sévérilé oulrée pour les dcfauls des joiirnaux catho liques. Qu'ils les souiiciiuent, et ces défauts légers d'ailleurs disparailroni!... Pour peu qu'un bon journal commette un de ces peiils ecarls, qui sont si inéviiables lorsqu'il faul écrire cbaque jour, au courant de la plume, sans avoir le temps de prendre conseil de personue, vite on tombe sur lui, on l'écrase de reproehes, de blames, el on fait par conséquent le vide aulour de lui. II est temps que les calboliques reviennent de cetle disposiiion; elle esl plus facheuse qu'on ne le pense. 3° La masse des catholiques, et e'est un mal immense, ne lil, n'achéie que,des jour- naux indifférents ou incroyants. J'étais récemment en chemin de feravec un de nos calboliques les plus dévoués. Je lui vis acheter deux joiirnaux libéraux. II me les olïrit; je l'en remereiai en lui disanl que si par posilion il élail peut élre forcé de parcourir ces joiirnaux, pour moi je n'y étais pas condainné, el ne m'infligeais pas le désa- grément do lire huil pages de contre-vèrités. Or, ce qui se passail devanl moi, il y a quel- ques jours, comhien de inillicrs de fois cela ne se passe-l-il pas chaquê jour? A quelles sommes ces curiosilés ne inoiilent-elles pas? Si on en faisait le calcul, on arriverait, je l'aflirme, a cetle conclusion que les catholi ques, settlement en se désahonnant aux mau- vais journaux, aux mauvaises Revues, pour- raieut avec ce seul argent subvenlionner largement leur presse, et lui donner les moyens de tnonlcr a la hauteur qu'elle de vrait alieindre pour élre digne de la cause qu'elle déferid. N'y a-t il pas la une pensée qui devrait frapper de remolds la masse des catholiques? 4° La masse des catholiques affaiblit ses croyances en lisant les mauvais journaux. On se fait a ce sujet les illusions los plus inconcevahles. Sans avoir fait d'études his - loriques, philosophiques, théologiipies sé- rieuses, on s'imagine que paree qu'on a fait son caléuhisme, il y a irente ans peui-ètre, on peut iinpunémeiit lire les sophismes les plus captieux, les raisonnernenls les plus faux, les calomnies les plus habiles, sans en éprouver le moindre mauvais enet. On boit chaque jour du poison, et paree qu'on croil avoir un tempérament vigoureux, on se flat- te qu'on n'en subira pas les atleinles, qu'on jugera des questions délicates avec la même sürelé d'esprit qu'auparavant. C'est une élrange erreur. Ne voyons-nous pas chaque jour des gens que nous avons eonnus très-chréliens, dire qu'ils ont perdu la foi?Ou, s'ils ne sont pas tomhés jusque-la, ne senlent-ils pas dans leur inlelligence des doutes, des hésitations, des amoindrissements de vérité qu'ils ne connaissaient pas auparavant? Malheureusc- ment, ces exemples eonl très-communs, el, pour la plupart, ils ont leur origine dans la conlinnité des lectures mauvaises, dans l'ha - bilude d'entendre toujours l'objeclion, la ealoinnie, et jamais la réponse. II n'y a done pas d'illusion a se faire sur ce ehapitre. Nombre de chréiiens s'empoisonnent jour- nellement par ce qu'ils lisent. Attachons-nous a en reslreindre le chiffre et surtout a ne pas lomber nous-mèmes dans legouffre. Les calboliques enlendent done souvent trés-mal leurs devoirs envers la presse. Mais qu'onl-ils a faire pour les mieux remplir? 1° Ne jamais achelerun mauvais journal sans nécessité absolue. S'ils doivenl pour cela se passer un jour de lire une feuiIle quelconque, le mal ne sera pas grand, el Ie mérite sera réel. 2" S'abonner a un journal qui, en con science, ne leur parait contenir aucune mau- vaise doctrine, qui peul élre mis sans ineon- vénienl entre les mains des personnes de la maison. Ce journal serail franchement reli- gieux, ce n'en serail que mieux, el si on est son mnitre, oil chef de familie, on doit sa- voir affieher par la son opinion. 3° Employer a répandre de bons journaux chez des personnes qui ne peuvent s'y abon- ner, l'argent qu'on a dépensé autrefois pour les mauvais. 4° Mettre au nombre de leurs aumónes la diffusion des bons livres. Dans le siècle oü nous sommss, la charité matérielle est trés en honneur: c'est la charité.spiriluelle qui fait défaut. Si on comptait au rang de ses bonnes ceuvres la diffusion des bons jour naux, politiques ou non, on ne ferait que justice, et onarriverait bien vile a des résul- tats vraiment consolarils. Car le bien pro- duirait lui-mèirie le bien, et des enlreprises acluellenient faibles et compromises, se dé- velopperaient assez largement pour vivre par elles-mèines. ENCORE L'OEUVRE POLITIQUE. Nous avons parlé, dans notre précédent article, de l'imporlance de l'ceuvre politique et nous croyons qu'il ne sera pas inopportun d'insisler de nouveau sur ce point. Inlimement liée aux ceuvres inspirées par la foi et recevant d'elles, dans un perpétue' contact, des éléments de force et de vie, l'ceu vre politique, essenliellement militante de sa nature, leur donne en écliange celle protec tion extérieure qu'elles ne peuvent pas lou- jours s'assurer a elles-mèmes et que le chré- tien n'a pas le droit de négliger. L'espril de religion et de sacrifice élève paliemmenl, pierre a pierre en quelque sorle, des institutions qui traversent les siécles en répandant autour d'elles des fruils abondanls de vraie civilisation, de civilisation chrélien- ne. Un jour la Révolution passera,.se monlrant telle qu'elle est ou drapée dans nn inanleau quelconque de progrés ou d'aulorité, et der rière elle la trace de son passage sera mar quee par des ruines. Suivant la puissance du libéralisme, les résistances qu'il renconlrc ou les nccessités que lui impose Ia situation de l'espril public, vous verrez les associations charitables en- travées dans leur développement ou tracas- sées, la religion devenue suspecte et traitéa comme telle, le troupeaudispersé, les pasteurs jelés a la fronliére ou dans ies cachots, l'en- seignement de la docfrine et le recrulement des ininistres dticulle entourésde précautions jalouses et d'impossibililés morales, l'Eglise spoliée de ses biens, les trésors des bibliothè- ques perdus a jamais, les temples livrés a des apostals, les pieux asiles Iransformés en chan celleries, en bureaux de poste, voire en corps de garde pour les piquets de cavalerie. Nous ne parlous pas des dernières fureurs de la démagogie en délire, des incendies et des massacres donl l'horreur fail trembler ceux- la inèmes qui, semant le vent, ont dü s'al- tendrea récolter des lempèles. Et pourquoi done tout cela arrive-t-il, si ce n'esl, le plus souvent, paree que Faction des loges ou d'un pouvoir envahisseur a élé plus puissante que les efforts deployés par les amis de la bonne cause Une tribune, un journal, une association d'hommes qui saveni se dévouer et souffrir pour leurs principes, ont dèjoué bien des projets mauvais et servi de point de départ aux plus salulaires réformes. C'est au prix de lulles incessanles et soutenues pendant de longues années que les conservaleurs francais ont conquis cetle liberlé de I'enseignement supérieur, donl la fondation des universilés catholiques a été l'expression immédiale et qui leur apparait aujourd'hui, après tant de désaslres, comme un veritable élément de rénovation sociale. Mais nous n'avons pas besoin d'aller cher- cher des Iccons au dehors. Notre hisloire contemporaineest véritablemenl, sur la ques- w O ca -< co O co O «I e~i co 2; Q «5 50 rt ft. .-'----- -.u-u-'.w HBW.]m.^<A«i.- hS ~*3 33 »C O P3 2 SS m co •—3 ao m o 'G 38 H O G H m C3 O G tn ~n 53 2 cx O n ra z ssC ra co na p- 53 Foperinghe- Ypres, 5 15,7-00,9-30,10-53,2-13,3-05,9-20. Ypres-Poperinghe, 6-40,9-07,12-03,3-57,6 50,8-43,9-50. Po- peringhe-llazebrouck, 7 03, 12-23, 4-17, 7 13. Hazebrouck Poperinghe-Ypres, 8-33, 9 30, 4-10, 8-25. Y pres-Routcrs, 7-30, 12-25, 6-43. Roulers- Ypres, 9-25, 1-50, 7-30. Kou|ers-/Jnq/es,3,44,8-45,11-34,1-13,4 39,7-30,(9-53.Liclnerv.) Licliterv.- Thourout.i-^li m.versOslende.— Thouroul-jLi'c/tler velde 12-02 vena ill li'Ostende.Bruges-Haulers ,7 23,8-2512-50,3-00,6-42,8 43Liclnerv.-Conrtrai, 5-23 in. 9 011,30,5.377,21 Y p res - Co urtrai3-3 49-4911-13,2-33,5-23,713(mixle 1'et 2eclConrtrai Ypres, 7,00(mixie l,et2'cl.)8-08,11 -02,2-30,5-40,8-49. Ypres-Thourout, 7-1812 06, 6 20, (le Samedi a 3-50 du malin jusqu'a Langliemarck). Tliourout- Ypres, 8-40, I -10, 7-00, (le Samedi a 6-20 du malin de Langliemarck Ypres). Comines-Warnêton Le Touquet-llouplines-Ar»te»<«ères, 6 00, 10,15, 12-00, 6-23, Armentières-Houplines Le Touquel-War neten -Comines 7 -25, 10,30, 4-10, 8 -40. Cumines- Warnélon 8 45, m 9-30 s. Warnêlov-Comines 5-30, 9-50, Courlrai Bruges, 8-03, 11-00, 12-33,4-03, 6-53. 9-00 s. (Liclnerv.)Bruges-CWrtmi, 8-25, 12-50, 3-00, 6-42. Bruges, Blankenberglie, Heyst, (Station) 6-50,7-23,9 20,(exp. le Dim. seulem )9 50,1 1 08,2-25,2-50,5 35,(exp.)5-50,(exp. le Sam. seul)7-33,(exp )8 55. (bassin) 7-00,7-31,9-26,(le Dim. seul) 9 36,11 -14,2-31,2 56,5 41 (exp )3 56, (exp. le Sam. seal.) 7 41, (exp.)9 01Ileyst, BI ankenb, Biuges,3-45,7-15(exp. le Lundi )8,25,11-25,1 -25,2 45(exp.)4-10.5-30,7-2S(exp. le Dim,)7 33,8 45 Ingelinunster Deynze-Grwd, 5-00, 9-412-13. Ingelmunster-ZIej/ftze, 6-05 2" cl7-13. Gand-Deyiize-/»0e(»itMW(er6-58, 11-20, 4-41. Deynze Ingel,munster, 1-00. 2* cl. 8 20. Ingelmunster-Anseghem, 6-03, 12-35, 6-13. Ansegliein-Ingelmunsler7-42, 2-20, 7-43. Liclitervelde-Dixirjude-Furnes et Dunkerke, 6-30, 9-08, 1-33, 8 00. Dankerke-Furnes-Dixmude et LiclUervelde, 6-33, 11 10, 3-40, 5-00. Dixmude-Ari0M/>or!,9-SO,2-2O,8-45. Nieup-Di'.rw.,(bains)7-20,11-50,4-10. (ville) 7-30,1 '2 00,4-20. Tliourdut-0.s<e»ide, 4-50, 9-15, 1-50, 8-03. Oslende-77t<mrowJ, 7-33, 10-10, 12 23, 6-15. Se I zaete-if ec/oo, 9-05, 1-25, 8-25. Eecloo-Se/saete, 5-33, 10 15, 4-22. Gand Terneuzen, (station) 8-17, 12 15. 7,23 (porle d'Anvers) 8-30, 12-40. 7-43. Terneiizen-Crrtttd, 6-00, 10-30, 440.- Selzaele-Lokeren, 9 04, 1-30, 8 30. (le Merer. 5 10 in.) Lokeren-Sa/zoele, 6 00, 10-23, 4 43. (le Mardi, 9,30.) COR.B.EISI'ON'DArrOBS. COURTRAI, BRUXSLIES. BRUXELLES, COURTRAI. 10,53 12,33 3,47 6,33. Bruxelles dép. 3,22 8,28 1-2,21 5,33 6,47. 1,35 2,25 6,14 8,34. Courlrai arr. 8,0-2 10,46 -2,44 7,36 8,44. Bruxelles arr. 9,20 COURTRAI, TOURNAI, LILLE. Courlrai dep. 6.37 10,36 2,54 5,34 8,47. Tournai arr. 7,28 11,47 3,48 6,39 9,41. Lille 7,38 12,08 4,00 0,35 10,00. COURTRAI, GAND. Lille dep. Tournai Courlrai arr. LILLE, TOURNAI, COURTRAI. 5,13 8,22 11,03 2,22 3,20 3.42 8,36 11,29 2,40 3,39 6,34 9.47 12,26 3,38 6,33 GANn, COURTRAI. Courlrai dép. Gand arr. 6,42 8,01 12,31 1,51 3,44 5,04 6,40. 7,36. Gand dép. Courlrai arr. 3,13 6,34 9,38 10,51 1,23 2,49 4,24 5,31 7,21. 8,42. BRUGES, GAND, BRUXELLES. Binges d. 6,49exp. 12.34, 2,52, 3 43,ex. 0,43. Gand a. 7.34, 1,49 4-07, 4,28, 7,38. Bruxelles 8,50, 4 00, 6,02, 9-31. Bruxelles dép. Gaud arr. 6,00 Bri iruges 7,13 8,14 9,41 10,34 BRUXELLES, UAND, BRUGES. I I ,53 1 13 3.25 2,38 4.37 exp. 4,59 exp. 5,28 4,20 87 7 93 3,12 4,20 5,11 6 37 7,22 7,33. 8,55. PAR Suite. Voir le numéro précédent. Les parents élonffèrent leur chagrin, el Lucien s'engagea dans les chasseurs it cheval. Le chateau de Cernay aurait élé bien trisle et bien froid si une personue donl nous n'avons point encore parlé n'y avail relenu par sa presence, un pen de cetle gut-lé que la jeu nesse porie partout avec el le conime un don de Dien. Het the de Grétnilly, nièce de madame de Cer nay, élail orpheline de père el de mi re M. de Cernay élail son lutein-, et administrait, a ce litre la fortune de la jeune fille. Depuis l'Age de dix ans, a la morl de son père, Berlhe élait considérée comme l'enfaut de la inai- son el le avail élé élevée avec les jeiines gens, et pouvail passer pour leur samr, si l'on s'en rappor- tail ii l'affection qu'elle avail pour eiix. Lorsque la mère de Berthe vivait, elle avail formé, avec madame de Cernay, un de ces projets maternels qu on caresse avec complaisance, el qui sont la consolation de ceux qui quitienl le monde avant de les avoir vus réalisés Berlhe el Georges devaient élre unis. Ce projet réunissait toutes les conditions possi bles de succèsl'ège et la posilion mêuie étaient en rapporl chez les deux protnis el jusqu'ati mo- tnenl du depart de Georges, cetle alliance élail reslée, implicilemenl lont au moins, comme previ sion dans l'espril de chacun, Mais le jeune de Cernay élait revenu plusieurs fois au chateau et n'avait plus parlé de mariage one fois. ponrtant, il en paria, mais ce fut pour faire entendre assez nellemrnt que cetle union lui souriait peu, el qu'il ne se crovait nullement lié. Lucieo elait déjii en Algélie a eelte époque, et une déceplion nouvelle, après cel le qui élait venue aftliger M. et madame de Cernay, aurait mis le eomble a leur inforiiiue, si Berlhe ne leur élail demeurée. La jeune fille ne parui pas comprendrc Uinjure qui lui élail faile elle conscrva sou caraclcre en- joué et sembla prendre ii lache de faire onblier aux deux vieillards les mécoinples qu'ils avaient subis, ou, au moins, de les en consoler. M. de Cernay sentait bien que cetle posilion He pouvail durcr toujonrs. Berthe venait d'avoir vingt-et-un ans, el le tu- teur parlail de se décharger de sa lache mais la jeune lille I avait lellemenl prié de n'en rien faire encore cl de lui continuer ses soins, que M. de Cernay avail du céder, se promettant de (aire son possible pour trouver un mari a Berthe, et de pro filer du mariage pour remetlre aux mains de lepoux la forlune de sa nièce. II C'était par une belle malinée d'élé. Berthe faisait au jardin sa promenade habituelle, etcueillait les plus belles fleurs fraic.hemenl écloses, pour en faire de gros bouquets destines a parfumer la salie ii manger et la rhambre a coucher de ma dame de Cernay pendant toute la journée. Vétusd'une robe légere et la léte couverte d'un chapeau de paille, dont les rubans roses flollaient au gré du vent, la jeune fille ressemblaitde loin, a une fée, tant la finesse de sa taille donnait d elé- gance et de légèrelé it toute sa personue. Berlhe élait une fort jolie brune aux traits bien aecenlués, aux yeux noirs, vifs et profonds elle élail grande el peul-être un pen mince, mais ad- mirablemenl gracieuse il y avait en elle je ne sais quel cachet d'exlréme distinction marié a un air de gaielé expansive, indict; certain d'un heiireux caraclère. En lotirnant une plate-bande pour passer de l'autre cóté du parterre, elte rencontra le jardinier qui émondait quelques arbustes. Mademoiselle s'est ievée de bonne heure ce matin, dil le brave hoinme en saluant. Un peu plutól que d'habilude, c'est vrai, père Anselme, répondit Berlhe. El inoi un peu plus tard, a cause du deran gement de celte nuit. Quel dérangement? Mademoiselle n'a pas entendn Quoi done Monsieur Georges est arrivé a une heure du mt tin. Berlhe regarda le jardinier avec surprise. Vraiment fit-elle. Très-vrai. II avait pris la poste, ct il a quitté la voiture a Chalon... Et puis pourne pas coucher a l'hótelil a loué un cheval el nous est arrivé sur les une heure, au moment on nous dormions tons... II aurait pu frapper longtemps. II n'a pas sonné pour ne point réveiller monsieur et madame. Mais les ehiens ont hurlé, et ga nous a mis sur pied. Alors, il n'a pas vu monsieur de Cernay Non plus que madame... Monsieur Georges est monté dans sa chambre et a dil qu'il descendrait avant le déjeuner. Nous tie l'altendions pas si lót, dit Berlhe, comme se parlanl ii elle-même. Anselme, ajouta- l-elle, dites a Marianne iju'elle prétienne madame, si elle la voil avant moi. Et la jeune lille revinl avec ses fleurs vers le chekteau. Comme elle approchail du perron, elle vit Ma rianne accoiiiir one ie Ure a la main. En quelques pas elle l'eut rejoinle. Voila une lellre que Ie piéton vienl de me donner, dit la femme on dirait I'écriture de mon sieur Lucien, ajouta-t-elle. Voyons, lil Berlhe avec vivacité. El'e lui prit la lellre. Ooi, c'esl de lui, dit-elle avec un sourire merci, Marianne. Va, je douuerai celte lellre a monsieur de Cernay. Berthe retourna vers le perron et rentra. Tandis qu'elle arrangeait une partie de ses fleurs dans une jardinière placée prés de la porie du pa vilion qui servait de salie a manger pendant l'été, ses yeux restafpnt curicuscmeiil fixes sur la lellre qu'elle avail posée sur un meuble prés d'elle. M. de Cernay enlra pendant qu'elle élait encore la. Bonjour, mon oncle, dit-elle, en courant l'embrasser. Et sans lui donner le temps de répondre elle ajouta J'ai deux bonnes nouvelles a vous donner. Voulez-vous deviner sur quel sujet J'en sais aussi long "que toi, répondit M. de Cernay Georges esl arrivé celte nuit. En voila une... mais l'autre? L'autre? Tenez, je ne veux pas vous faire attendre le plaisir voila une lellre de Lucien. üe Lucien Donne, dil vivement le vieillard. II ouvrit cetle lellre avec precipitation, el la dévora plniót qu'il ne la lut. Berthe suivait des yeux les monvements de sa physionomie, cotnme pour y lire a l'avance ce qu'elle allail apprendie. II est a Marseille... et il va venir... Aujour d'hui. il sera ici... un congé desix niois... arlicula M. de Cernay ii mesure qu'il lisait. Aujourd'hui s'écria Berlhe. Aujourd'hui. Quel bonheur Toute la familie réunie Je cours annoncer la nouvelle il la tante. Vicns avec moi. Bientöl toute la maison sutl'heureuxévénement. (a continuer).

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1875 | | pagina 1