LES LARMES D'ÜNE HERE. 'p.aANc Mercredi 29 Septemb. 1875 10' année Le Journal paral l le Mercredi el le' SamediLes insertions coülenl 15 een li mes la iigne. Les réclames el annonces judiciuires se paieot 30 centimes la Iigne. O.i 'ra e d forfait pon r 'es io.,erl'ons par année. Un numéro du journal, pris au Bureau, 10 centimes. Les numeros supplémenlaires commandés pour articles, Réclames ou Annonces, content 10 IV. les 100 exemplaires. LIBÉRALISME. Depuis que le libéralisme tient le haul du pavé en Europe, il nous présenieun spectacle des plus élranges. II s'ensevelit sous son proprc triomphe. Sa faillite franduleuse est un fait accompli. En efTet qu'est-il acTvenu des promesses qu'il a faites et des beaux principes qu'il a prönés a son aurore? Voyez la secie libérale a l'ceuvreen Europe, voyez-la a Tceuvredans notre Belgique, et dites ce qu'elle nous prépare. Avant qu'elle fut au pouvoir. elle criait A bas les privileges el les privilégiés! Vive légalité! Et a peine est-elle au pouvoir, qu'elle s'empare de tous les emplois en répé- tant la parole de Louis XIVl'Etat, c'est moi; qu'elle traite ses adversaires de parias et qu'elle considére comme une duperie de se montrer juste envers les calholiques. S'il reste quelque chose de l'égalité, ce sont les semences de socialisme jelées dans les mas ses, ces appétits du bien des riches, excités dans le cceur des pauvressources fécorides de crimes el de révolutions. Le libéralisme s'est loujours appelé aussi le parli du progrès II y a plusieurs es- péces de progrés: il v a le progrès matériel, moral, intellectuel, social. Le libéralismeaime la maliére; mais il n'a pas fail pour le progrès matériel ce qu'ont fait pour lui les monies du moyen age, ce que font ces artisles chrétiens, ces braves ouvriers de la campagne. II aime la matiére, mais c'est pour en jouir. Libéralisme c'est égoïsme et jouissance: et ces passions font ADOLPHE FAVRE. (Reproduction interdite rétrograder l'homme au lieu de constituer un progrès. Le progrés mora! cönsisle a nméliorer son cceur, a dompter ses passions: voila l'cenvre du chrislianisme; le libéralisme n'a d'autre frein que la loi civile, conlre les passions perverses qui tendent a entrainer le cceur de l'homme a tous les ages de la vie. D'ail- leurs le libéralisme flalte les passions au lieu de les combaltre. Le progrès intellectuel c'est la marche de l'esprit vers la vérilé. Le libéralisme ne marche pas versla vérité: c'est un parli parement négatifdit le journal de M. Lau rent, professeur de l'Universiléde Gand, nu hommequi représenie le libéralisme a tous les litres. Ce parli se borne au fond a nier et a combattre Ie catholicisme: il confond le bien avec le mal, la vérilé avec Terreur; dés lors quel progrès intellectuel sérieux et solide voulez-vous lui demander? Quantau progrès social, il est la résultante des progrès matériels, intellectuels et mo- raux réunis: le libéralisme rie donne pas les causes, ne lui demandez pas l'elïet. Aussi n'avons-nous pas a nous louer de l'état so cial actuel. Parlez-moi de progrès quand nous voyons l'Europe presque entiére sous les armes, le désordre et Tinquiétude régner dans les Etats, l'incertitude et le doute s'em- parer des esprits Le libéralisme s'inlitule aussi pompeuse- menl le parti des lumiéresce qui n'em- pêche pas que beaucotip de ses chefs en ont trés-peu, ce qui n'empéche pas non plus que les libéraux sont grands amis des pelits co mités oü Ton bacle les affaires hors des yeux du profane vulgaire. Amis des lumiéres, qi.i chassenl, en I'russe, les religienx donnant Tenseignement et laissent ainsi des milliers d'enfants dans Tignorance. Amis des lumié res, qui eulévent au clergé italien le droit d'enseigner, qui crienl comme des personnes qu'on ècorche paree que les calholiques fon dent a leurs Irais des universiiés libres en France. Amis des lumiéres, oui, pourvu que ce soient des lumiéres libérales et qu'elles soient données aux frais des aulres, avec les beaux deniers des contribuables Enfin le libéralisme s'appelle le parli de la liberté. II nous sera facile de lui arracher cette dernière gloire, disons mieux, ce der nier masque. Nous réservons cela pour une fois prochaine. II nous seinble que nous ne pouvons assez découvrir ce qu'il y a de dangereux dans le libéralisme, la grande hérésie moderne. II revêt des apparences plus ou moins modérées d'après les lieux et circonstances c'est un protee qui change sans cesse de formes selon les besoins de la cause; au fond, il est par- tout le mèine, il conduit fatalement au mème butarracher les ames a TÉglise comme dit la Flandre libérale. Le libéralisme est la fibre pensée ou il n'est rien, dil le Journal de Gand. Le programme du libéralisme est la guerre contre TÉglise, dit I'Echo du Parlement. Voila bien le libéralisme démasqué par lui- mème. Soutenir un pareil parti, c'est poser un acte de mauvais chrétien, c'est nécessaire- ment travailler a la rume de l'Église. PENSÉES D'UN VIEUX MAITRE D'ÉCOLE. Us sont done allés s'amuser a Bruxelles, mes chers et vénérés collégues'de Tenseigne ment plus ou moins primaire On les a fètés de loutes les facons el encensés de toutes les vapeurs. Les braves gens en perdronl la lète. Mais que diable vont-ils faire dans cette galère II y a longiemps que je m'effraye, a par' moi, des tendances qui se révèlent dans le vénérable corps auquel j'apparliens depuis plus de quaranle ans. On veut nous faire sortir de notre sphére, on veut s'emparer de nous, pour que nous devenions des instruments et que par nous d'autres fassent des choses que nous tie vou- lons point, que nous ne pouvons point vou- loir. Quand je dis ON je m'abstiens a dessein de désigner autrement que par ceserviable pro- noin ceux qui sont les meneurs et les inspi- rateurs de loute cette mise en scène. lis ont eu soin, du reste, de se produire eux-mèmes, el les discours qui ont été sabiés a Bruxelles n'ont que trop clairement indiqué le but que TON veut alteindre. Chers confrères, avez-vous entendu !es voix qui sortaienl de derrière ces rideaux Beaueoup d'enire vous ont dii se réveiller a ce son. Mais pourquoi vous laisser endormir? Cerles, les fonctions de maitre d'école, comme cela se disait jadis. sont de nobles fonctions. Notre vieux nom de maitre était beau a porter et TON a eu tori de lecbanger: il disait lant de choses el il sonnail si beau Mais enfin, si nous voulons faire le bien, nous ne le pourrons qu'a la condition essentielle de resler modestes dans nos ceuvres, dans nos mceurs, dans nos aspirations, dans nos goüts. ON veut changer tont cela. C'est de la fan fare qui se joue, un peu comme a la foire, pour atlirer dans la baraque el tromper les badauds. Je n'aurais jamais cru mes collègues capa- bles de se laisser prendre a ce truc. C'est la jeunesse, évidemment, qui mène le chceur. Mais pourquoi les vieux ne protestent-ils point Pourquoi laissent-ils les conscrits de notre noble et vaillante arinée, s'ampuracher ainsi de vamlé et courir aprés des mensoriges? Vaniteux, nous le sommes malheureuse- ment par étal. ONexploite cps travers et nous ne nous en doutons point, Quedecoups d'en- censoir les badauds de classe, réunis a Bru xelles, auront recus en pleine figure, quand ils posaient la coinme des fetiches, et que a parte ON se moquail d'eux. Monvoisin lenotaire, me communique une feuille libérale qu'on lui donne a lire sans frais, elj'y lis des choses incroyables. ON veut faire de nous, parail-il, des espè- ces de curés séculiers, destinés a répandre je ne sais quelles lumiéres pélroleuses et a pren dre rang au moins a cóié du desservant, en attendant que nous soyons devenus je ne sais quelle espèce de pontifes. C'est tout simplement fou et lel n'est point notre métier. II y a longiemps que ces theories couvaient sous la cendre. Des revues, des conférences, des réclames, des asluces de loute sorte, aux- quelies des personnages officiels mèlaient leur influence morbide avaient préparé lout cela. jtÜjSSÏÏTi Poperinghe- Ypres, 5-15,7-00,9-30,16-55,2-15,5-05,9-20 Ypves-Poperinghe. 6-40,9-07.12-05,3-57,6-80,8-48,9-80. Po- peringhe-llazebrouck, 7 03, 12-23, 4-17, 7 13. ilazebrouck Poperinghe-Vpres, 8-35, 9 50, 4-10, 8-25. Ypres-Houlers, 7-50, 12-25, 6-43. Roulers- Ypres, 9-23, 1-50, 7-50. Kou Iers-Ziertjes, 3,44,8-43,11-34,1-13,4 39,7-36,(9-55. Lichierv.) Lichterv.- Thotirotit,i-'2o m.vers Ostende. Thouroiil-Lj'cAler velde 12-02venant d'Ostende.Bruges-Haulers.7 23,8-23,12-50,5-00,6-42.8 45. Lichierv.-Coitrtmj,5-25m.9 01,1,30,5.377,21 V pres-CWrtrat5-34,9-49,11-15,2-33,5-23,715(mixte l'et 2ecl.)Courtrai-Yy) res,700 (m i xte lvt2'el.)8-08,11-02,2-56,5-40,8-49. Ypfes-Thouroul, 7-18, 12 06, 6 20, (le Samedi a 3-50 du maiin jusqu'a Langhemarek). Tiiouroul- Ypres, 8-40, 1-10, 7-00, (Ie Samedi a 6-20 du matin de Langhemarek a Ypres). Comines-WarnètorpLe Touquet-Houplines-ArSienZid/'es, 6-00, 10,15, 12-00, 6-24,Armentières-Ihmplines Le Touquet-War- nèton-CWtines 7-25, 10,30, 4-10, 8-40. Comiues- XVarnêlon 8-43, m. 9-30 s. Warnêion-Comines 5-30, 9-50, Courtrai-Bruges, 8-05, 11-00, 12-33,4-03, 6-53. 9-00 s. (Lichierv.)— Bruges-Cour.Lrai. 8-25, 12-50, 3-00, 6-42. Bruges, Blankenberghe, Heyst, (Slaiion) 6-30,7-23,9 20,(exp. le Dim. seulem.)9-50,1 I 08.2-25.2-50,5 35,(exp.)b-50,(exp. Ie Sam. seul)7-35,(exp )8-53. (bassin) 7-00,7-31,9-26,(le Dim. seul) 9 56,11 -14.2-31,2 36,5 41 (exp )5 56, (exp. Ie Sam. seul.) 7 41, (exp.)9-01Heyst, BI an ken b, Bruges,8-45,7-15 (exp. le Lundi )8,25,11-28,1 25,2 45(exp.)4-10.5-30,7-23(exp. le Dim. )7 35,8 43 Ingelmurister Deynze Gand, 5-00, 9-41, 2-15. Ingelmunstei'-Dej/nze, 6-05 2* cl., 7-13. Gsnd-üeyme-Ingelmunster, 6-58, 11-20,4-41. Deynze Inge/munster, 1-00. 2'cl. 8 20. Ingelmunster-Ansep/iem, 6-05, 12-55, 6-13. kvisa^hem-lngelmnnster, 7-42, 2-20, 7-45. Lichtervelde-Dixinude-Furnes et Dunkerke, 6-30, 9-08, 1-33, 8-00. DtzztA'erAe-Furnes-Dixmude et Lichlervelde, 6-35, 11-10, 3-40, 3-00. Dixmude-ATewport,9-50,2-20,8-43.— Nieup-öi.crm,(bains)7-20.11-50,4-10. (ville) 7-30,12-00,4-20. Thouroul-Ostende, 4-50, 9-15, 1-50, 8-05. Ostende-Thouroul, 7-53, 10-10, 12 25, 6-15. Selzaeie Eecloo, 9-05, 1-23, 8-25. Eecloo-Selzaete, 5-35, 10 18, 4-22. (Innd-Terneuzen, (station) 8-17, 12-13. 7.2.4 (porte d'Anvers) 8-30, 12-40. 7-43. Terneuzen-Gand, 6-00, 10-30, 440.- Selzaete-LoA"ere«, 9 04, 1-30, 8 30. (le Merer. 3 10 in.) Lokei'eu-Se/zaeZe, 6 00, 10-23, 4 43. (le Mardi, 9,30.) C O TX. Ft ES l t- o :v n /v iv c 3-: s COURTRAI, BRUXELLES. Courtrai dep. Bruxelles arr. 6,37 9,20 COURTRAI, TOURNA1, LII.LE. COURTRAI, GAND. Courtrai dép. 6,42 12,31 Gand arr. 8,01 1,51 BRUGES, OAND, BRUXELLES. BRUXELLES, COURTRAI. Lille dép. Tournai Courtrai arr. LILLE, TOURNAI. COURTRAI. 3,13 8,22 11,03 2,22 3,20 5,42 8,56 I 1,29 2,40 3,39 6,34 9.47 12,26 3,38 6,33 GAND, COURTRAI. BRUXELLES, GAND, BRUGES. Bruges d. 6,49exp.12.34, 2,32, 3 43,ex. 6,43. Gand a. 7,34, 1,49 4 07, 4,28, 7,58. Bruxelles 8,30, 4 00, 6,02, 9-31. Bruxelles dép. Gand arr. 6,00 Bruges 7,13 3,12 exp. 4,39 exp. 5,28. 4,26 6 37 7,33. 3,11 7,22 8,55. PAR Suite. Voir le numéro précédent. Madame de Cernay failiit se trouver mal de joieelle allail pouvoir embrasser ses deux Gis le fnéme jour Iaudis qu'on se réjouissait dans la chambre de la dignc mère, Georges en tra gaieinent en saillant au cou de tout le inoude. Hem une faineuse surprise que je vous (ais dit il après un moment. Nous allons le la rendre. dit madame de' Cernay Lucien sera ici aujourd nui mêuie. Bah! vraimeutQuelle fèle! Nous allons nous revoir tons! Laltendez-vous ce matin, on seulemenl dans la journée? demand a Berlhe. Vois, dit M. de Cernay; il écritJe serai demain dans vos bras. Sil arrivait pour déjeuner, (it Georges, comme il accomplirait nos désirs! Espéronsdil madame de Cernay. Ah mes chers enfanls, il y a deux ans que nous ne nous sommes trouvés tous ensemble a table! Tiens! c'est vrai... voila deux ans que je n'ai vu Lucien, fit Georges. Comme le trmps passé Et six mois que tu n'es venu nous voir. -Six moisVous croyez Comment, tu ne le rappelle pas, dit le père, que lu n'es venu qu'une fois cette année? Voyons... Eh! vous avez raison... au mois de janvier... Parbleu, il faisait un IVoid de loop, surtout dans notre bon chateau qui est onvei l a tous les vents... Vous devez vous ennuyer beau- coup ici, pendant Thiver. lu sais, dit madame de Cernay, que nous n'avons pas tes goüls. Moi, j'uime beaueoup la campagne, mais iété... lenez. je suis allé, ces jours-ci, chez un de mes amis, prés de Fontainebleau... une propriélé charmante... pas tont ii fait aussi grande que celle-ci, mais c'est aiilremént gai... Après tont, c'est moins viiux qu'ici... car il est vénërable le chateau de Cernay. Berlhe était sortie. A quelle heure déjeiinez-vous demanda Georges. Toujours a dix heuresrépondit son père. A dix heures... II n'en est que buit; nous avons le temps de causer un pen de nos affaires, mes chers parents... car vous vous doutez bien que je suis venu si vile... Georges sarrêta; il al la it faire entendre que les affaires étaient le seul motif de son voyage il eut le bon sens de comprendre que c'cüt été un compliment plus que singulier. M. et madame de Cernay étaient assis et Georges, appuyé a la cheminée, les mains der rière le dos, coinmemja ainsi C'est une famense affaire que celle dont j'ai a vous parlervous savez.cher père, que mon sieur Dutilloy a olilenu jugement? Oui, inais ainsi que lu me l'as écrit, dit le père, tu as demandé et obtenu sans doute un nouveau délai J'ai réfléchi... et je n'ai pas demandé de délai. Comment!... Nous sommes encore menacés de voir vendre notre inaisonfit madame de Cernay avec émotion. Ma chère mère, ne vous inquiétez pas, et écoutez-moi bien; c'est moi qui vous ai mis dans la position oil vous ëles,ou plutót vous vous y êtes mis pour m'obliger, je ne l'oublierai pas. Fais lout ce que lu voudras, pourvu qu'on ne veilde pas Cernay. Vous ne parlerez pas ainsi quand vous m'aurez entendu. Tu auiais le projet de laisser vendre la pro- priété dit M. de Cernay. Ecoulez-moi done!... Qu'est-ce que vaut le chateau avec ses dépendances? deux cent mille francspas un sou de pluse'est vieux c'est assez mal bati; les murs soul crevassés c'est frocd... le pare n'est pas mal, mais les bois sont lom jeunes... la ferme ne vous rapporle pas grand'- chose... enfindeux cent mille francs, c'est au moins très-bien payé. Après? fit M. de Cernay. M. Dutilloy y tient, a cette propriété, con- tinua Georges c'est une idéé (ixe chez lui il veul tout renverser et reconstruire a sa manière pour les terres, il a je ne sais quels projets superbes qui aboutiront ii lm faire manger quelques centaines de mille francs... Enfin, monsieur Dutilloy, j'en suis certain, poussera a la vente jusqu'a deux cent cinquante mille francs. Madame de Cernay ailait parler, mais sou mari, posanl une main sur la sienne la lui pressa dou- cement pour I'engager an silence. Voila done ce vieux chêteaii vendu au moins cinquante mille francs'de plus qu'il ne vaut. con tinu a Georges Thypolhèque soldée, il reste cent quatre-vingl-dix millefrancs de disponibles... Vous in'aviez parlé, mon père. de grever la proprié'é d'one nouvelle hypothèque pour obtenir les cin quante mille francs que vous voulez bien encore me prêter... Au lieu de cinquante, vous m'en lais- serez quaranle sur leseentquatre-vingt-dix, cela ine süffira il reste doinc cent cinquante mille francs... Georges s'interrompit il venait de voir une larine perier dans les yeux de sa mère. Chère mère, reprit-il bientöt en se promenant dans la chambre, vous n'êtes pas raisonnable, vous vous lamentez avant de connaitre en entier mon plan. Croyez-voiis que je vais vous abandonner ainsi, et pensez-vous que Targent que mon père m'a prété coure quelque danger sérieux Je suis gêné cn ce moment, sans contredit... mais vous connaissez les causes de ma gêne, et vous savez qu'elles ne dureront pas. C'est vrai, chère ainie, dit 11. de Cernay, il ne faul pas vons désoler sitöt. Ecoutons Georges. Avec cent cinquante millefrancs, poursuivit celui-ci. je vous trouve une maison, un chateau plus moderne qne le notre, dans quelque belle contrée, plus rapprochée de Pifriil: j'ai déjii votre affaire... La, vous aurez toutes les conimodités de la vie, tout le luxe qui manque ici... C'est auss1 gai que Cernay est triste le pare, ma'foi, est pour le moins aussi bean, et il y a one ferme de soixante hectares qui est louée trois mille deux cents francs j'ai vu le bail... Avcc cc rcvcuu et Tiulérët que je vous sers, vous vivrez quatre fois mieux qu'ici... Accusez-inoi done d'égoismeel d'in^alitiide M. de Cernay conuaissait le cceur de Georges illesavait fomuèremenl bon, et il y avait dans la voix du jeune homme tant de conviction, il grou- pait ses cbiffres avec taut de franchise, qu'on fic pouvait lui eontester les meilleuies intentions. Dun autre cólé, M. de Cernay avait toujours eu peu de propeusion ii manifester devant son lils ainé le euile ardent qu'il professait pour la maison de la familie, avec tons ses souvenirs devant Georges, ce culle lui semblail puéril, et il eüt été embarrassé de le défeudre. Georges avait parlé financièrement, son plan était bon. Que lui répondre Si son cceur eüt pu s epancher, M. de Cernay se serait écrié Quoi nous allons nous séparer des lieux oil s'est écoulée notre vie nous ab'andonnerons cette maison oil toni parlea notre cceur! nous ne verrons pins ce pare oü chaque arbre est un souvenir Mais Cernay, c'est plus que notre deineure, c'est notre patrie, c'est notre foyer II y a enlre nous et ces lieux charmants une communion iiitime et tendre ici, c'est le nid domesliqiie oil tout est beau, oü tout est bon; aiileurs, ce sera la demeure élrangère oü tout est froid el inconnu. Nous en recauseruus, dit Georges mais réfléebissez-y, et vous ne verrez plus rien de si ter rible dansce projet. Surtout, plus de pleurs, bonne mère, plus de pleurs Mainlenant, si vous Ie p.-nnettez, ajouta-t-il, je vais écrire deux lettres pour Paris, et je vous retrouverai a la salie a manger. (a contiixuer).

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1875 | | pagina 1