2° Questions de sainte Ciiantae a saint
Francois de Sales et Réponses de ce dernier.
La Sainte adressa ces Questions par écrit a son
celeste directeur, qui lui répondit par la méme
voie. 1016. C'est uu dialogue sublitne entre deux
atnes d'élite.
ON croit ponvoirparler plus haut maintenant
et s'énoncer sans plus d'équivoque.
Pauvre loi de 1842! Que va-t elle devenir?
Elle élait notre gloire, noire espérance, notre
avenir. Unis de eceur el d'arne avec Ie clergé
de nos paroisses, avec nos inspecieurs ecclé-
siasliques, nos meilleurs amis, nos plus jusles
appréciateurs, nous faisions modeslemenl la
somme de bien que Dieu nous permetlait de
faire; avec eux et par eux nous obtenions
lentement mais süicrnent la fréquentalion
chaque iour plus noinbreuse de nos classes
dans une entente commune et une action effi-
cace, nous profitions ensemble de l'époque
précieuse de la première communion, pour
saisir a ce passage oblige, des enfants qui
échappaient de partout, nous les tenions a
l'école, nous obtenions tout ce qui élait pos
sible, nous faisions de Pinstruction obliga
toire, sans ancune mesure coercitive, par la
seule voie de la persuasion, par les seuls
moyens moraux dont nous disposions de
concertce germe de progrès déposé dans la
loi organique, se développait, poussait, floris-
sait, promettait des produits excellents, et
voila quetoul-a-coup, une poignéedefaiseurs
et de farceurs vont détruire toute celte belle
germination et semer a neuf sur un terrain
qui sera loin d'ètre fertile. Que Dieu nous
préserve du travail de ces expérimenlateurs
Un méchant penseur a dit un jouril y a
del'argent au fond de tout. II yen asurement
au fond el a la surface de tout ce sac d'iniri-
gues oè TON puisea foison pour duper ces
naïfs pédadogues.
C'est par la que tout a commencé et c'est
par la qu'ON espère finir, et finir trés-mal.
ONveutfaire de nousdes espécesde seigneurs
de village ON nous donne des habitudes de
luxe qui ju rent avec tout noire passé ON
vent nous loger mieux que nos bourgmestres
et noscurés, nous habilier comme des mar
quis, nous charger de breloques comme des
dandys et que sais-je encore? J'étais de visite
un jour chez un jeune collégue, mon voisin,
passablement engagé dans les idéés qui onl
cours a Bruxelles, et combien je fus stupéfié,
quand on m'iytrodiiisil dans Ie salon du
jeune couple qui nichait dans cette splendide
demeure.
Quel luxe de lapis, de rideaux, de pendu
les, de vases, de solas et de choses encore
dont je ne saurais dire Ie nom Et mon
éblouissant confrère se plaignail amérement
du maigre traitement qui lui élait alloué et
des modestes ressources qu'il trouvait sous
ses mains avides
Oui, cela finira mal. Du train dont On y
va, il se produira certainerrienl une réaclion
dont le personnel scolaire sera la dupe. ON
mais un autre cette fois-ci se fatiguera
de nos exigences el Dieu sail ce qui arrivera.
Mais que sera-ce, quand les plans élaborés
dans la capitale auront élé visés pour exécu-
lion Je vois d'ici s'organiser contre les éco-
les primaires menacées d'infeclion, une ligue
de renseignement libre, qui fera des écoles
palronées par les curés que nous auronsvoulu
exclure des nötres, et ces écoles rivales fleu-
riront a nos dépenset a moins de nous met-
tre plus que jamais comme c'est notre
devoir au service de l'éducation chrétien-
ne, nous serous tous condamnés a mourir
d'anémie.
Est-ce la ce que veut le congres de Bruxel
les C'est du moins ce que certainement il
prépare. De toulecette manifestation, qui aux
yeux des hommes sérieux ne peul èlre que
ridicule, il sorlira nécessairement l'une ou
l'autre de ces deux conséquencesou bien
les institutenrs s'apercevront du piégequ'on
leur tend el ils se retireront avant d'y êlre
prisou bieri ils se laisseront duper par les
habiles qui les exploitent depuis trop long-
temps. Dans la première alternative, rensei
gnement primaire sera sauvé enseraltachanl
plus vigoureusement aux principes de la loi
organique, dans la seconde, cette loi est
condarnnéeparceux-la mèmesdont elle devait
garantir la position et nous verrons s'engager
des luttes formidables ou le sort de la patrie
peut êlre joué. Franc de Bruges.)
LES MISÉRABLES.
[Dédié au Piïogrès.)
A chaque instant, on trouve, dans lesjour-
naux du progrès des entrefilets portam inva-
riablemenl l'éliquette Encore un
Sous ce litre, ces journaux publient tons
les fails, vrais ou faux, mis a la charge du
clergé, qui peuvent porter attei rite a l'honneur
religieux.
Y a-t-il quelque part un prêlre. oubliant
lecaractère auguste dont il est revètu et fou-
lant aux pieds Ia loi de Dieu dont il est l'in-
digne ministre, qui commette un délit ou un
crime blessant la justice sociale, aussitót les
journaux du progrès clouent son nom au pi-
lori de leurs colonnes et l'exposent avec nne
joie féroce qu'ils ne chercheot mème pas a
dissimuler, aux mépris et aux hnées de la
foule.
Est-ce l'amour de la vertu, est-ce l'horreur
du vice, qui les poussenl a agir ainsi? Helas!
c'est la haine de la Religion qui les lourmen-
te en signalant les rares brehis galeuses qui
se trouvent dans l'innombrable Iroupeau,
corifié a la vigilance du Vicaire de Jesus-
Christ, ilsnecherchent qu'a blesser l'honneur
de l'Eglise el a montrer que la vertu chré-
tienne n'esl qu'hypocrisie et lacheté.
S'il n'en était pas ainsi, ces misérables
journaux étendraient Ia sphèrede leur action
el chargeraient tous les crirninels, saus ac-
ceplion de parti ni de personne, de leur in
dignation de contrebande. Or, l'on sait ce
qui en estilsont des excuses pour leurs
amis qui tombent, et ils gratifient de leur
silence les déshonorés qui font profession de
ne point croire en Dieu.
A défaut de justice, un peu d'honnêleté et
de bon sensdevrail les invitera reconnaitre,
du moins, le bien qui se trouve a cöté du
mal. Pourquoi ne parient ils jamais de ces
milliers de religieux et de religieuses qui,
renoncanl a tout ce que leur off-fail la société,
consacrent leur vie au soulagemenl des mi
sères humaines Pourquoi ne voient-ils dans
la Petite-Sceur des pauvres qu'une intrigante
qui, drapée dans le manlcau de la charité,
vit grassemen t d'aumónes? Pourquoi ne con-
sidérent-iIs la Sceur de charité que comme
une malheureusequi sebatit un nid moëlleux
au milieu des souffrances des ma'ades? Pour
quoi traitent-ils de paresseux et de faineant
le religieux qui passe ses heures du jour et
de la nuil a prier, a étudier, a prècher, a
confesser, et dont tous les instants sont con-
sacrés au bien-ètre moral de ses semblables
Pourquoi accusent-iIs les membres du clergé
séculier de n'être que des fanatiques igno
rants, travaillant a étouffer l'intelligence des
ouailles confiées a leurs soinsdes parasites
dangereux, vivant au détriment de la société;
des instruments inconscients, du despotisme
romain
II suffit de parcourir ces journaux pour se
convaincre que c'est la haine de la Religion
qui les inspire. II dénie aux ministres de Jé-
sus-Christ, en dépit de l'évidence, toute in
telligence, toute science, toute vertu, toute
honnèteté. A leurs yeux, le prètre est l'as-
semblage de tous les vices el le fléau de la
société moderne.
Dieu nous garde de prétendre qu'il n'y a
point de tache dans le diamant du clergé.
L'homme, né de lg femme, est rempli de
beaucoup de misères et, parfois, lorsqu'il
oublie desetenir fermernent accroché a la
foi, il est entrainé par lepoids de sa faiblesse.
Mais, pour un prètre qui tombe, que de mil
liers qui résistent courageusemenl et qui peu
vent regarder du haul de leur vertu leurs
infatnes calomniateurs
II y a plusieurs manières de mentir, el les
plumilifs du libéralisme les cormaissent et les
emploienl loutes ils mentent contre l'Eglise
en disant ce qu'ils savenl n'ètre pasils men
tent, en ne disant pas ce qu'ils savenl èlre en
sa faveur; ils mentent, en exagérant le mal
a plaisir el en faisant nai're, dans l'espritdes
simples et des naïfs, des doules injurieuxet
attentatoires a l'honneur de la Religion.
Si, tout en restant dans les hornes de Ia
vérilé, nous voulions user du syslème de nos
adversaires, nos colonnes ne suffiraient point
a enregistrer tous les crimes, tous les délits,
tous les actes honteux, que nous pourrions
mettre, chaque jour, a charge du libéralisme.
Car, si les quelques déshonorés de la religion
nous appartiennent, la grande masse des cri
rninels, qui font profession de triépriser Dieu,
sorvt a la libre-pensée.
Qu'arriverait-il, si nous agissions ainsi
C'est que, au bout de quelque temps, l'esprit
des lecteurs du Journal d'Y/tressans cesse
plongé dans un bain de honleux détails, se
fausserait enlièremenl. Aux yeux de bon
nombre de nos abonnés, la société ne serait
plus qu'un ramassis d'escrocs. de faussaires,
de voleurs, de suborneurs de filles, d'adullè-
res, d'assasins et de coquins de toute taille de
lout age et de tout rang.
Dieu nous garde de remplir ce róle de vi-
dangeur social! Cen'est pas en nous plongeant
dans la boue que nous élèverions nos sembla
bles, et ce n'est pasen leur montrantlecrime
que nous leur inspirerions l'amour de la
vertu. Nous abandonnons ce procédé a nos
adversaires et nous les plaignonssincérement,
lorsque notis les voyons fouiller de leur
groin les malpropretés dans lesquelles ils se
vautrent
DE L'OPPOSITION QUAND MÊME.
On se rappelle l'opposition acharnée faite
par la plupart des organes libéraux a la con
vention relative au canal de Gand-Terneu-
zeri.
Le prétexte de cette opposition était que
Particle 11 de la susdite convention saerifiail
complétement les intéréts du portd'Anvers
aceux du commerce néerlandais.
II parait que des négociations sont actuel-
lemenl engagées pour obtenir des modifica
tions a eet article.
Gageons que les pïres adversaires de ces
modifications vont ètre précisément les libé
raux qui dénoncaiènl, il y a quelques mois,
Partiele 11 comme inacceplable pour la Bel-
gique.
A PROPOS D'ANNEXtON.
L'Echo du Parlement attend avec impa
tience» ce que dira lapresse ullramontaine
des théories annexionïstes, récemment déve-
loppées par deux écri vains francais, M. V'Ctor
Hugo, dans une leltre amphigourique au
Congres de la Paixet M. de Girardin, dans
une série d'articles, insérésdans La France.
La presse ullramontaine n'a pas besoin de
prolester contre ces aspirations libérales et
contre ces velléités d'appliquer le droit nou
veau a la Belgique.
Eile leur oppose purement et simplement
les maximes du droit chrélien, rappeléesdans
l'Encyclique et le Syllabus.
II ya longtemps que nous sommes habitués
a défendre l'indépendance des faibles contre
l'audace et la cupidité des forts.
Ce n'est pas nous qui proclamons que la
force prime le droit.
Ce n'est pas nous qui acceplons le dogme
de la légitimité des faits accomplis.
Ce n'est pas nous qui avons applaudi aux
annexions violentes, perpétrées a Rome et
ailleurs, et qui avons ainsi d'avance ralifié
les tentative» analogues qui pourraient se
produire contre la Belgique.
MM. Victor Hugo et E. de Girardin sont
deux publicisles libéraux qui, en prêchant
l'annexion de la Belgique et ('extension de la
France jusqu'au Rhin, préconisent une idéé
libérale.
C'est assez dire que nous les combattons,
non-seulemenl par occasion et pour les besoins
de la cause, mais absolument et en principe.
Et voila ce qui fait notre force et notre su-
périorité sur la presse libérale Nos adver
saires répudient les theories de MM. Hugo et
Girardin uniquernenl paree qu'elles menacent
la Belgique nous les flétrissons en outre
paree qu'elles violent la justice.
UNE VISITE A LOUISE LATEAU.
Un écrivain francais, bienconnu, M. Victor
Fournelvoyageant en Belgique il ya quelque
temps, est allé visiter Louise Lateau. II a pti-
blié un récit de sa visite. C'est le téinoignage
d'unesprit avisé, très-sincérement catholique,
mais habitué a user de toute la liberté que
i'Église aulorise dans les jugements particu-
liers. Le récit de M. Victor Fournel a done
pour cette raison un caraciére spécialement
intéressant nous lè reproduisons, certains
qu'il frappera nos lecteurs
Sceptiques et croyants se battent a grand
fracas autour de la pauvre pavsanne. Mais la
ba taille n'est pas seulement'd'é sceptique a
croyanlelle est en ti e les incrédules eux-
mèmes. Ils ne sauraient parveniras'accorder.
Miracle ou supercherie, du le docle M.
Wirchow, il n'y a pas de milieu or, la
science ayant snpprimé le miracle, qui n'est
plus adnns que par des mais avec lesquels on
ne compie pas, il reste une supercherie pure
et simple, Louise Lateau n'élant pas unesiig-
matisée, ni une extatique, vérilé a priori
qui n'a pas besoin d'ètre démontrée, ne
peut èlre qu'une fourbe qui se moque des
badauds. Non, répliqne Ie doctenr V/ar-
loinoni, Louise Lateau n est pas une fourbe,
c'est une mnlade, purement et simplement.
Nons n'admetlrqns point le dilemme, trop
absolu (et fort dangereux) de M. Wirchow.
Ce n'est pas une supercherie, c'est un cas pa-
ihologique trés-curieux, trés complexe, trés-
rare, mais scienlifiquemenl explicable.
Halte-la. intervient M. Boens. plein d'nne
ardenr fougueuseet brêlarite de faire sa par-
tie dans le concert oü on ne l'avail passulfi-
samment entendu jusqu'alors. Vous avez tons
deux raison el lort tous deux. II y a maladie,
c'est vrai, mais if y a supercherie aussi si
ce n'esl de la part de la malade, c'est de la
part des personnes qui l'eutourent et qui
i'exploitent.
Voila, sauf erreur, et en négligeant les
nuances, l'élat de la question, autanl que je
l'ai pu comprendre a travers des discussions
quelque peu embrouillées. Ces trois frères
ennemis se réunissent contre le docteur Le-
febvre, tenant de Louise Lateau, qui plaide,
lui, avec une abondance de preuves et un
appareilscientifiqueassezembarrassanls pour
ses adversaires (a médecin médecin et demi),
non pas qu'il y a miracle, ce n'est point a
la Faculté de decider ces choses-la, mais
que les phénomènes existent, qu'ils sont sin-
céreset que la science a élé jusqu'a présent,
malgré tons ses efforts.' impuissante a les
expitquer.Non-seulemenl il plaideceltelhèse,
mais il semblera a bien des lecteurs impar-
tiaux qu'il a ['impertinence de la prouver.
Ses adversaires sont trois contre lui, sans
parlerdela légion qui lesentoure, mais aussi
divisés que les trois Curiaces, et, dès lors,
c'est comme s'ils n'étaient qu'un. II faudrait
qu'ils commencassent par se mettre d'accord,
afin de pouvoir l'accabler.
Louise Lateau n'a pas seulement inspiré
d s dissertations scienlifiques et philosophi
ques, elle a inspiré aussi des fantaisies et des
romans. Aprés avoir soutenu que c'était une
trompeuse, que c'était une malade, on a pris
le parti d'avancer qu'elle n'est mème pas ou
qu'elle n'est plus malade. On a dit qu'il ne se
passe plus rien du tout a Bois-d'Haine, que
c'est fini, que la malade maintenant boit et
mange comme tont le monde, qu'elle ne sai-
gne plus levendredi, que lesextasesontcessé.
C'est la un point de fait d'une vérification
facile, a la portée de tout le monde. Bref,
j'ai voulu en avoir le cceur riet. Pendant un
voyage de quelques jours que je viens de faire
en Belgique, j'ai poussé une pointe jusqu'a
ce village perdu qui a conquis, depuis quel
ques années, une célébrité si retentissante, et
je vais tout simplement raconter au lecteur
ce que j'ai vu, rien de plus, rien de moins.
Nous n'avons pas la prétention, qui siérait
mal a une humble chronique d'inlervenir
dans un si haut débat nous nous renferme-
rons stricternent dans notre róle et nos attri
butions de chroniqueur, en nous bornant a
dire, avec une exactitude scrupuleuse, ce
dont nous avons éte témoin, et en laissant a
nos lecteurs le soin de conclure comme ils
1'entendi'ont.
Je suppose qu'ils sont tousau courant des
faits prèliminaires. Rappelons-les en quelques
hgnes.
En 18G8. le bruit se répandit qu'une jeune
paysanne d'un village du Hainaut perdail du
sang tous les vendredis par Ie cóté gauche
de la poitrine, par les pieds et les mains. Ce
phénomène se renouvela régulièrement le
mème jour, en s'étendant encore, et il s'y
joignit bienlöt des extases, loujours le ven-
dredi. Voilii sept ans que cel état de choses
dure, avec quelques variations accidenlelles,
mais sans aucune interruption. Ce résumé
sommaire suffit pour Ie récit que j'ai a faire.
On trouvera les détails, si l'on y tient, dans
le livredu docleur Lefebvre. Quant a moi,
je ne parlerai plus maintenant que de ce que
j'ai vu.
Le vendredi 3 septembre, j'ai pris a Bru
xelles le train de Manage a 9 h. 3 m. Arrivé
a Manage a 10 h. moms quelques minutes,
j'ai faitun frugal déjeuner a Hotel des Ètr an
gers: du beurre, une forte et excellente ome
lette, des pèches, de la bière, du café el un
petit verre de cognac, le tout pour 1 fr. 75.
Je recommande VHotel des Elrangers aux
louristes qui aiment les omelettes et les notes
modérées.
J'inierroge ensuite l'hólesse. qui me parait
n'avoir pas suffisamment lu M. Boëns, et je
m'achemtue a travers champs, par de petits
chemins dèlicieux que longent des haies,
traversant des prairies, enjainbant des fossés
et poussant une pointe sous bois, vers le vil
lage de Louise Lateau, qu'une demi-heure a
peine sépare de Manage.
A peine arrivé, je me suis présenté a M. le
curé de Bois-d'Haine, pour lui demander Ia
faveur d'ètre admis au prés de la sligmalisée:
je l'ai obtenue, nonsans peine. Pendant long
temps, l'accés de la chautniére a élé pour
ainsi dire ouvert a tout le monde. On en "a
usé et abusé. La curiosité la plus indiscréle,
parfois la plus maligne et la plus indélicale,
s'est ruée sur Louise Lateau. On l'a fatiguée,
obsédée, elle ne s'appartenait plus. Latnère
et lessoeurs de lastigmatiséeonl fait entendre
des plamtes legitimes, el il a bien fallu a viser.
On ne pénètre plus maintenant chez Louise
que le vendredi, dans l'aprés-midi, lorsque
l'extase est commencée, et l'on n'y pénètre
point pour un motif de curiosité futile et
vulgaire.
Le rendez-vous était pour deux heures au
presbytére. J'ai rempli l'intervalle en visitant
i'eglise, qui n'esl pas sans inlèrèt, ni mème
sans quelque valeur ariistïque, et en parcou-
rant le village et ses alontours. Bois-tl'Haine
est un endroit lout a fait champètre et char
mant, oü les poules picorent dans la rue uni
que, ou il fa ut prendre garde a ne pas écraser,
ca et la, quelque enfant couché en travers du
chcmin; ou les vaches vous regardent passer
eu allongeant leurs muffles par dessus les
haies en fleurs. ou les maisons, dédaigneuses
de l'équerre et du cordeati, aiment a s'isoler
sous les arbres. Cependant la civilisation a
pénétré a Bois-d'Haine: j'y ai complé jus
qu'a cinq eslaminets, et le village est borné
d'un cöté par un canal, de l'autre par l'em-
branchement de Manage a Mons.
Les habitants, tous ceux que j'ai rencon
trés du moms, out conserve l'habitude de
saluer l'étranger qui passe. Tous aussi m ont
indiqne avec po 1 itesse, sans ernpressement
ni obsequiosité, la demeure de Louise Laleau,
autour de laquelle je voulais pousser une
reconnaissance. Par le chemin que j'avais
pris, elle n'élait pas facile a trouver, car
elle s'éléve dans un endroit écarté, assez loin
du presbytére et de I'eglise, a trenle pas du
chemin de fer.
Ce qui frappe tout d'abord dans cetle mai
sonnette, c'esl son extréme petitcsse et son
extréme propreté. Une porte entre deux fe-
nèlres aux conlrevents verts, voila la facade.
Immédiatement au-dessus de la porte, une
lucarne qui éclatre Ie grenier. Au cóté gau
che, une espèce de hangar trés bas, qui
semble avoir élé ajoulè aprés coup au bail
ment. Le toil est couvert de littles rouges;
un seul luyau de cheminée sjéléve a drone;
les murs sont badigeonnés de blanc; les vi-
tres étincellent au soleil. Un petit jardin flan-
que la maison. Nul myslère; rien qui sente
la tntse en scène; cela ressemble a loutes les
maisonnettes connues. et il semble que de
la route on pourratl entendre et voir ce qui
se passe a ['intérieur.
[La suite au prochain N°)
I5ihIiogi*a|»9iie.
Les Ouvrages menlionnés ci-dessous sont
en vente chez Vanderghinsle- Fossé, rue au
Beurre 66, Ypres, au mème prix que chez
les éditeurs.
Commandé par clouzaine en une fois, on
recoit le 13c exemplaire gratis.
On les expédte par la Posle, aussitót com-
mandés.
Sainte Jeanne-Francoise Frémyot de Chantal,
sa vie et ses OEUVRES, éililiou a i j t h en I iq tie,
publiée par ins sums des religieuses du premier
monastère de la Visitation Sainie-Mane d'Anne-
cy. OEuvres diverges Petit Livrei Ques
tions desainte Chanlal Répouse de saint Fran
cois de Sales Papiers intimes Exhorta
tions Entretiens Instructions.(I)
Le nom de sainte Jeanne-Frangoise Frémyot de
Chantal n eveille pas l'idée d'une femme auteur,
d une religieuse quia l'exemple de sainte Thérèse,
aurait composédes ouvrages destines a la pubiicite.
La fondatrice de la Visitation, en effet, n'a pas écrit
une seule page en vue de l'impression. Mère de
son Ordre, elle n'ignorail pas qu'elle devait le pain
de l'ame a ses filles, et elle leur distribunit seule
ment sous loutes les formes la nourriture forlifiante
de la parole. Pendant les réoréations et les reunions
prescrites par la règle, au moment (néme et sur
place, les Sceurs fixaienl sur le papier ce qui les
avait le plus frappées des entretiens de leur Fonda
trice, et c'est ainsi que, recueillies par les unes et
par les autres. mises en ordre plus tard, ces notes,
aprés êlre demenrées de longues années dans-le
demi-jour du cloitre, sont livrées maintenant au
grand jour pour I edification de tous.
Tel est l'objet du livre que nons annoncons au-
jourd hui et qui ne regarde pas si spécialement les.
Religieuses, qu'il ne puisse profiler beaucoup a
tout genre.de lecteurs. On peut dire méme qu'il
n'est pas une page d'oii les personnes du monde
ne puissent tirer un enseignement utile, une salu-
taire influence. Cette considération n'a pas élé la
tnoindrede celles qui ont fail prendre a la Supé
rieure et aux Religieuses du monastère d'Annecy
la détermination de livrer au public les OEuvres je
leur Mère, répondant ainsi au voeu de saint Fran
cois de Sales Je voudrais que lout le bien qui
est dans la Visitation fut eonnu et su de chacnn.
Dans ce but, el les se sont enlourées demanuscrits
que renferment leurs archives d'Annecy et de ceux
qu'elles ont pu tirer d'ailleurs elles out examine
et collatiouné avec soin les différents textes, resli-
luantscrupuleusement a leur sainte Mère la langue
qu'elle a parlée, et, grJce aux plus actives recher
ches, enrichissant cette edition d'un nombre con
siderable d'Exhortations, Instructions et Entretiens
inédits.
Les OEuvres diverses comprennent d'abord
1* Le Petit Livret, recueil d'avis que sainte
Chantal avait regus de saint Frangois de Sales,
verbalement ou par écrit. A la suite du Petit Li
vret, sont placées les Résolutions et Pensées, fruit
de deux retraites failes par la Sainte.
3° Les Papiers Intimes renferment une série
de résolutions, d'élans vers Dieu, d actes d'amour
et d abandon. Ces trois opuscules nous font con-
naitre 'a fond cette ame héroïque.
4° Les Exhortations ont élé failes par la Sainte
au chapitre de la Communauté. ce qui leur donne
un earaclère plus grave qu'aux Entretiens.
Les Entretiens reproduisent les conversa
tions que la Mère de Chantal avail avec ses Soeurs,
soit pendant les récréations journalières soit aux
conférences mensuelles. Ces entretiens sont, comme
la.raison, d'ttn langage simple etfamilier simpli-
cité, fainiliaritécharmante qui respirent la candeur
et I innocence de la colombe.
6° Les Instructions aux Novices, le titre le
dit assez, élaient adressées a celles qui faisaient
l'apprentissage de la vie religieuse. Rien de plus
édifiant. de plus sauve que ces diverses peuvres.
Nous ne saitrions trop les recommander aux cotn-
m una it lés religieuses el anx ftmes pienses qui, bien
que vivant dans le monde, out a cceur d'avancer
dans la voie de la perfection. Elles y trouveront un
aliment substaniiel et un grand profit pour leur
ayanccmeiit dans la piété el un guide stir pour la
direction des times.
(1) Les OEuvres diverses forment un trés beau
volume in 8° cavalier, orné d'un portrait de sainte
Chantal, gravé en tnilie-douce par Darodes, d'après
l'original qui est conserve au monastère de la Visi
tation de Turin.
Prix 8 francs franco. E. Pion el Cie, 10, rua
Garaneière, it Paris.