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10 annee.
0^^* Mercredi 0 Octobre 1873.
N° 1,010.
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Le Journal parait le Mercredi el le Samedi. Les Insertions coülenl 15 centimes la ligne. Les réclames el annonces judieiaires se paient 30 centimes la ligne. On traite a forfait pour les insertions par année.
ün numéro du journal, pris au Bureau, 10 centimes. Les numéros supplémentaires cómmandés pour articles, Réclames ou Annonces, coütent 10 fr. les 100 exemplaires.
C II M 11 I»E E E BS.
1 OCTOBRE.
LE FOND DU LIBERALISME.
II y a dans le libéralisme deux fractions
qni semblent Irés-différenles au premier as
pect, cl qui dans la réalité, avec quelques.
nuances d'uniformc, ne sont que des bandes
du méme corps d'armée.
Les uns déclarent ouverlement la guerre
a TÉglise; 011 les enlond mugir dans la Flan-
dre libérale et dans Wrgane ile Mans. Les
a litres, el il s'en rencontre beaucoup de celle
trempe, témoin notre Progrès ne
portent presque jamais de coups sans pro
lester d'tin grand respect pour la religion
de leurs pères.Ces derniers out ia mission
de donner Ie change a ox badauds.
Au fond, la haine est la méme, el généra-
lemenl trés-intense. El le a cela de particulier
que e'est toujours a la religion calholique
qu'elle s'adresse el que les autres culies ob-
liennent le bénéfice, sinon d'une grande
sympathie, au moins d'une compléte indiffé-
rence. Jamais les journaux de la secle ne
mettront en cause le protestantisme le culte
jmf ou les seclaleurs du Coran, par exemple;
et la raison en est fort simple: il est au moins
inutile de se créer des adversaires ou de
s'aliéner des amis parmi ses alliés naturels.
Or la glorification de la raison rebel le a la
foi, le sensualisme proclamé bicn suprème
dans cette vie et dans l'auire, l'hommc con-
stilué juge de sa propre morale, le déisme
qui se fait une divinité honoraire, indifféren
te aux affaires bumaines, le panlbéisme qui
divinise lont el légilime tons les aclcs, le
positivisme, culte brutal de la matiére el du
ADOLPHE FAVRE.
Reproduction inlerdiie.)
néant, tout cela qu'est-ce autre chose que du
libéralisme pratique, que l'erreur revendi-
quant ses priviléges et établissant le régne
des passions'?
Ce journal doctrinaire qui affirmait un
jour que le vrai libéralisme peut vivre en
paix avec loules les croyanccs religieuses,
ne faisait done, en ce qui concerne les reli
gions fausses, que constater des affinités in-
times, on, pour miettx dire, une veritable
identité de nature.
L'Eglise catholique seule ne paclise jamais
avec Terreur; elle la reconnail partout et
sous toules les formes, la combat et la con-
damne, et reste sourdo aux avances de cette
voix insidieuse qui lui conseille de se récon-
cilier avec le siècle. N'est-ce point assez pour
lui valoir de mortelles inimitiés?
L'existence de cette incompalibilité abso-
lue et cette double tendance qui caractérise
le libéralisme, sou boslilité a Tégard de TE
glise et son hospitalilé pour lout ce qui n'est
pas elle, ne sauraient élre longtemps niées.
Nous en avons recueilli naguére un aveu si-
gnificatif dans quelques lignes d'un recueil
qui obéil a des inspirations maconniqoes. Le
témoignage des cléricaux pourrail êipe sus
pect; celui dos fréres el amisdoit faire au
torité. Voici comment s'exprimait un des ré
dacteurs de la Revue de Bdgique
Nous croyons salulaire de crier sans re-
lacbe a ces nombreux calboliques que seule
la force de Thabitude relient sous le jong
de Rome, comme a ces libéraux impré-
voyants, plus nombreux encore, qui livrent
si allègremenl a Tennemi les avenues de leur
foyer domeslique: Sogez lulhériens, scyez
culvinislessogez uniluirtens, sogez vieux
cutholiques, sogez israélites, sogez rationa
lislcs, sogez bicn autre chose encore: vous
pourrez t ester de bons cilogensd'excel-
lents libéraux, de sincères progressisles.
Mais sachez que, logiquement, nul ne peul
élre d la fois liberal en politique el catholi
que romain en religion pas plus que Ie
méme ciloyen ne peut appartenir a deux
Elals, pas plus que deux corps ne peuvenl
occuper le même espace. Comme Ta dil
Pie IX, en donnant a sa citation le méme sens
que nous: Nemo potest duobus dominis ser
vice. II est grand temps de choisir lequel des
deux maitres vous voulez servir!
Allié des libéraux, eime.mi de TEglise, il
n'y a pas de milieu.
Cette vérilé peut élre plus ou moins em-
barrassanle pour ceux qui voudraient, tout
a la fois, garder leur petit pied dans la com-
munaulé des fidéles, et resler, en la belle
compagnie que Ton sail, bons cilogensex
cellents libéraux, sincères progressisles.
Mais le temps des compromis, des capitula
tions de conscience est passé. II importe que
chacun soit vu lel qu'il est, et que Ton sache
bien a quoi engage cette qualification de
libéral, souvent si légérement aeceplée el
portee avec tan I d'inepie gloriole. En tout
temps lesclairespositions sont les meilleures.
A NOS AMIS.
Nous nous associons aux réflexions sui-
vanles de la Gazelle de Liége.
Renouvelant un avertissemenl déja ré-
pété tant de fois, Pie IX a signalé aux mem
bres du Congrés catholique de Florence les
trés-funestes embüches du calholicisme libé
ral. En présence de cette insistance du Chef
de TÉglise, on serail mal venu a prétendre
encore que le catholiscismelibéral n'esl qu'un
fanlóme el qu'il ne consliluepas pour TÉglise
un danger trés-réel.
La grande erreur de notre époque, c'est
le libéralisme qui n'est autre chose que la
libre-pensée transportée sur le terrain politi
que et social. Or, la première source de Ter
reur des calholiques-libéraux est de ne pas
vouloir reconnailre la vérilable nature du
libéralismeils le considérenl comme une
doctrine purement politique qui vent établir
paruul la lolérance et la liberté. Toute autre
ccpendanl est la tendance du libéralisme:
pour lui la liberté et la tolérance nesont que
des moyens qu'il s'empressera de rejeler du
moment oü Toppression et le despotisme le
conduironl plus sürement au but qu'il veut
atteindre. Et ce but, c'esl Tathéisme social,
le rationalisme d'Étal qui vise a chasser le
christianisme des ames, des lois el des insti
tutions.
Le libéralisme n'est done pas un parti po
litique, c'est une secle anlireligieuse, c'esl la
grande hérésie de notre époque, plus hostile
encore au catholicisme que ne l'a été jadis le
protestantisme qui, du moins, conservail en
core quelques lambeaux de la vieille foiDe
même done qu'au XVF siècle on se fül efforcé
en vain de concilier ensemble TÉglise et la
nouvelle hérésie, de méme aujourd hui c'est
tenter une oeuvre impossible que de vouloir
concilier le catholicisme avec Thérésie libé
rale.
Avec un adversaire qui vous a jure une
guerre a mort, il n'y a point d'entente possi
ble tous les ménagements qu'on peut avoir
pour lui ne servent qu'a augmenter son au-
dace. Le seul parti a prendre a son égard, si
Ton ne veut pas élre condamné a une défaile
certaine, c'est de le combaltre en tout et par-
tout el d'arriver ainsi a le réduire a I'impuis-
sance.
Mais pour obtenir ce résultat, la première
condition, c'est ici l'union intime des catho-
liques qui centuplera leurs forces en les con-
centrant dans une même action. Or, le calho-
licisme-libéral rend celte union impossible
il tend a parlager l'armée catholique en deux
camps dislincts, sinon opposés. Si le catho-
lique-libéral fait aussi la guerre aux libéraux,
il ne Ie fait qu'en hésilant el avec tous les
ménagements que Ton apporte envers des
adversaires dont on voudrait reconquérir
Tamilié. Trop souvent méme, c'est contre ses
fréres de I'autre camp que se portent ses
efforts et c'est a eux surtout qu'il réserve ses
plaintes et ses récriminations, prétendant que
settles leurs violences et leurs exagérations
font échouer tous ses beaux plans de conci
liation universclle.
Le grand obstacle qui s'oppose aujonrd'hui
a Taction catholique, c'est done le calholicis-
me-libéral. C'est lui qui, en France, a empêché
Ie rétablissemenl dela monarchie chrélienne;
c'est lüi qui, en Espagne, sacrifie aux idéés
modernesTunitécatholique de ce noble pays.
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Poperinghe-Fjores, 8-15,7-00,9-30,10-08,2-13,3-08,9-20. Ypres-Poperinghe, G-40,9-07,12-03,3-57,6 50,8-43,9-80.
peringlie-llazebrouck, 7 03, 12-28, 4-17, 7-13. Ilazcbrouck Poperinghe-Ypres, 8-38, 9 50, 4 10, 8-23.
Ypres-/forz/ers, 7-50, 12-23, 6-45. Roulers- Ypres, 9-28, 1-50, 7-50.
Roulers-ZJ/'tfpes, 8-43, 11-34, 1-13, 3,18, 7-36, (9-83. Lichierv.) Liehterv.-Tliourout, 4-23 m. vers Osiende. Bruges-Kou-
7 23, 8-25, 12-50, 3-00, 6-42. Lidilorv .-Courtrai, 5-25 m. 9 01, 1,30, 5,37 7,21.
Ypres-Courtrai 8-34, 9-49, 11-15, 2-33, 8-23, Courtrai-Ypres, 8-08, 11-02, 2-56, 3-40, 8-49.
Ypres-Tliourout, 7-18, 12 06, 6 20, (le Samedi a 8.-84) du matin jusqna Langhemarck). Tliourout-Ypres, 9 00, 1-28, 7-43,
(le Satncdi a 0-20 du malin de Langbenig rek 4 Ypi»s)".
Comines-Warnèton-Le Touquei-lIouplines-Amertlteces, 0-00, 10,18, 12-00, 6-25,Armentièros-Mouplinos Le louquel-YVar-
nèion-Comines 7 -28, 10,140, 4-10, 8-40. Comines- Wamêton 8,-45, m 9-30 s. Warnèton-Comines 3-30, 9-80,
CourtraiBruges, 8-0'8, 11-00, 12-35,4-40, 6-35. 9-00 s. (Licluerv.)—Bruges-Cottrlroi, 8-25, 12-80, .8-00, 6-42.
Bruges, Blankenberghe, Heyst, (Station) 7-23, 11-08, 2-80, 7-33, (bassin) 7-31, 11-14, 2-36, 7 41. 1 ieyst, Blankenb,Bruges,
5 45,8,25,11-23,5-30. fi K„
Ingelniunster Deynze Gand, 5-00, 9-41, 2-18. lngelmunster-Der/reze, 6 10 2" cl., 7- U>. Gand Ucyuie-lngelmunslet0 38,
11-20, 4-41. Deynze Ingelniunster, 1-00. 2' cl. 8 20.
Ingelmansler-Anseghem, 6-03, 12-55, 6-13. knsaghem-Ingelmunsler, 7-42, 2-20, 7-43.
Lichtervelde-Dixmade-Furnes et Dunkerke6 30, 9-08, 1-38, 8-00. Dtzn/ter/ce-Furnes-Dixmude et Lichtervelde0-33, 11 10,
3-40, 5-00.
Dixmude-ATewpor/,9-50,2-20,8-43.Nieup-Z)r>»:-, (bains) 10-43, 4-10. (ville) 7-30,12 00,4-20.
Thourout-Ostewdc, 4-50, 9-15, 1-30, 8-08. Osiende-Ttiouroul, 7-35, 10-10, 12 25, 6-15.
Selzaete Eecloo, 9-05, 1-25, 8-23. Eecloo-SeOtaele, 5-38, 10 15,4-22.
lGand-Terneuzen, (station) 8-17, 12 23, 7,30 (porte d'Aavers) 3-30, 12-40. 7-43. Terneuzan Gand, 6-00, 10-30, 440.-
Selzaete-LoAere/i, 9 04, 1-30, 8 30. (le Merer. 8-10 m.) Lokeren-So/sacte, 6 00, 10-23, 4 43. (le Mardi, 9,30.)
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COURTRAI, BRUXELLES.
BRUXELI.ES, COUnTRAI.
Courtrai dép. 6,37 10,53
Bruxelles arr. 9,20 1,33
12,33 3,47 6,33.
2,23 0,14 8,84.
Bruxelles dép.
Courtrai arr.
5,22
8,02
8,28
10,46
12,21
2,44
8,33
7,56
6,47.
8,44.
COURTRAI, T0URSA!L1LLE.
Courtrai dép. 6,37 10,56 2,84 5,34 8,47.
Tournai arr. 7,28 11,47 3,48 6,39 9,41.
Lille 7,38 12,08 4,00 6,38 10,00.
COURTRAI, GAND.
Courtrai dép. 6,42 12,31 3,44 6,40.
Gand arr. 8,01 1,51 5,04 7,36.
LILLE, TOURNAI, COURTRAI.
Lille dép. 8,13 8,22 11,08 2,22 8,20
Tournai 5,42 8,50 11,29 2,40 5,39
Courtrai arr. 6,34 9.47 12,26 3,38 6,33
Gand dep. 5,15
Courtrai arr. 6,34
BRUGES, GANDBRUXELLES.
Bruges d. 6,49exp.12,34, 2,52, 3 43,ex. 6,43.
Gand a. 7,34, 1,49 4-07, 4,28, 7,38.
Bruxelles 8,50, 4 00, 6,02, 9-31.
Bruxelles dep. 8,14
Gand arr. 6,00 9,41
Bruges 7,13 10,34
GAND, COURTRAI.
9,38 1,28 4,24 7,21.
10,81 2,49 5,31 8,42.
BRUXELLES, OAND, BRUGES.
11,53 3,12 exp. 4,89 exp.
1 13 3,23 4,26 6.37
2,38 4.37 8,11 7,22
3,28.
7,33.
8,83.
PAR
Suite. Voir le numéro précédent.
M. et madame de Cernay élaienl arrivés au
bruit, et ils oubliaient un moment leurs preoccu
pations pour embrasser tour a tour leurs enfants.
Berlhe avail aussi sa pari des caresses n'élait-
elle pas de la familie
Quel charmant déjeuner nons allons faire
s'écria Lucien en voyant ia (able mise. Vite, Ma
rianne, 1111 couvert de plus.
O11 s assit, et la conversation s'engagea eonver-
sation hachée, décousue, impossible, ou i'on paf-
lail lous a la fois, et oil I'on s etendait ccpendan'
très-bien.
Dep 11 is deux ans, Lucien n'avait pas vu ses
parents il revenait sous-lieutenant de chasseurs,
el avail bien des choses a raconter. Mais il fallut
d abord qu'on lui raconlat a lui-méme comment
ces deux années s'étaient passées au chütrau, si
lont le monde avail élé en bonne santé, si Georges
était venu souvent, et comme, sur ce point, la ré-
ponse ne lui parut pas tout a fait satisfaisante
Comment fil-il avec surprise, en regardant
son frère, il y a six mois que lu n'étais venu
Que veux-tü, mon clier, les affaires... com-
menca Georges
N'importe, quand on est si prés... quatre-
vingls lieues a peine... Allsi je me trouvais dans
la méme position
II netenait qu'a toi detre encore a une moins
grande dislance, de ne pas même l'éloigner du
lout, dil Georges avec une cerlaine aigreur.
Lucien ne voulut rien répondre, et un léger
nuage passa sur son front, dependant il sc remit
bicutöl.
Mais aussi, comme Tabandon double Ie bon-
heurdu retour, reprit-il, alorscommeon embrasse
avec joie père, mère, frère et cousine comme
tout le monde vous parait meilleur, et toules les
choses plus belles Ah notre vieillc maison, jc
ne l'ai jamais vue si radieuse et si gaie Comme
notre pare est beau comme les arbres sont veris
Vous ne savez pas avec quelle émolion je me suis
approché de Cernay En l'apercevunt, du bas
de la colline, au délour de la route, j ai senii mon
coeur s'oppresser et mes veux se sont mouillés
de larmes... U11 officier pleurer, n'est-ce pas sin
gulier
El Lucien, en disant ces mots, avait peine il
releiiir de nouvelles larmes.
Cher enfant dit madame de Cernay, quel
cceur lendre quelle 3me délicate
C'esl un esprit un peu poè'le, ajonta le père
il dore son logis, i! embellit lont ce qu'il voit, et
rien ne lui parait plus beau que ce qu'il aime.
Georges se sentait géné, il avait quelque peine
a se mêlera cette conversation toule sentimentale.
Heurensement, Berlhe, placée prés de lui, s'élait
apergue de son embarras, et elle causait avec Ie
clier cousin pour le mettre un peu plus a l'aise.
Pour combien de temps le voila avec nous
dematida M. de Cernay a Lucien.
Pour six moiscent quatre-vingts jours de
bonheur comme celui-ei.
Et toi, Georges
M01
Oui.
Pour quelques jours settlement... Vous savez,
les affaires... Je complais méme partir demain,
mais puisque Lucien est lil...
A la bonne hem e, dit la mère, nous pourrons
encore nous mettre ainsi lous ii la table, comme
autrefois, quand vous n'éliez pas des hommes,
méehants enfants
Puis elle ajonta avec émolion, en tendant la
main a Berthè
II n'y a que ma pauvre nièce qui nous soit
lout a fait fidele... All celle-la n'a pas demandé a
s'en aller.
Lt elle ne le demandera jamais, dit la jeune
fille.
Jamais, jamais... e'est bien long, observa
M. de Cernay.
Jusqu'a ee qu'elle se marie, dil Georges.
Personne ne lépondit il semblail (pie chacun
se rappelait, a cel instant, les anciens projets que
Georges paraissait avoir oubliés.
Le déjeuner se prolongea quand il fut achevé,
on avait tout a fait renoué au présent la chaine
du passé, et madame de Cernay paraissait méme
déja e.roire que ses enfanls ne l'avaient jamais
qtiilléc.
U11 se leva de table vers midi.
Oh oh I dit Lucien, en jetant les yeux
autour de lui, c'est toujours la même tapisserie
d'autrefois... il faudra la renouveler... J'ai, d'ail-
leurs, des plans que je vous communiquerai, mon
père. Jc veux transformer Cernay en un séjour
superbe, pourpresque pas d'argent... Vous verrez.
Ces pensées réveillèreut en ce moment mille
regrets cbez les parents de Lucien; madamede
Cernay se retourna pour ne pas pleurer, et sou
mari essaya de répondre quelques mots sans
signification.
Nous allons faire un tour de jardin, dit-il en
prenant le bras de sa femme vous nous rejoin-
drez, mes enfants... Viens tu Berthe?
La jeune fille compril qu'on voulait laisser
Georges et Lucien ensemble elle suivit son oncle
et sa tante.
IV
Fumes-tu demanda le jeune sous-lieutenant,
en présentant des cigares a son frère.
Volonliers... Lt, tout en fumant, nous cau-
serons, dit Georges.
Tu ne viens pas au jardin
Non restons ici... J'ai a te parler.
De quoi done
D'un projet que j'ai... ou plulót d'un événe
ment conlre lequel je ne peux rien...
Mais encore...
Mon Dieu il s'agit du chateau.
Quel chateau
Celui-éi, parbleu
Eh bien
II va élre vendu.
Lucien jela sur son frère un regard surpris,
Pour Tacquil de 111a detle, tu sais... continua
Georges.
Je ne te comprerids pas tu n'as pu payer
au terme les soixanle mille francs empruntés sur
le chateau
Mon Dieu, non
Lt tu vas le laisser vendre
II le faut bien... mon préleur a obtenu juge-
ment...
Le jeune officier senlit le sang lui monter a la
lêle.
Et voila tout ce que lu trouves... Vendre le
chateau oü nous sommes nés I...
Voyons, causons raisonnablement, si c'est
possible, (lit Georges ne te figures-tu pas que
j'ai agi légérement et compromis en quoi que ce
soil la fortune de notre père...
Je l'espère bien.
Tont au contraire, il sortira pour eux de eet
événement, en apparence malheureux, une amélio-
ration de position, une somme de bien-ëlre supé
rieure a celle dont ils jouissent.
Lucien sourit.
C'est au micux Pourtant je ne comprends
rien a ce beau langage.
Tu vas être edifié.
Lt Georges exposa a son frère le plan qu'il avait
concu, et que la vente du chateau devait lui per-
mettre de réaliser.
Lucien écouta assez tranqnillement et sans in-
terrompre. Mais quand Georges eut fini, son visage
s'anima.
Et til te crois le droit, dil il avec line cer
laine énergie, de disposer ainsi d'un bien qui ne
t'appartient pas
Je ne dispose de rien. II s'agit, après tont,
d'un échange d'immeuble et pas d'aulre chose
échange qui nous procure un avantage... C'est une
affaire, et une excellente affaire.
Une affaire I... Tu t'imagines done que nous
allons abandonner notre vieille maison, la laisser
passer entre des mains éirangères, pour courir la
chance d'etre un peu mieux logés... Les affaires
que tu combines ne sont pas assez heureuses pour
que nous tendons celles ci.
Georges se sentit piqué au vif.
(a coxtinuer).