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Samedi 0 Octobre 1875.
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10 année. N° 1,020.
LES LARMES D'ÜHS MERE.
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Le Journal parail le Mercredi el le Samedi. Les insertions coütent 15 centimes la ligne. Les réclames et annonces judieiaires se paient 30 centimes la ligne. Ou traite a forfait pour les insertions par année.
Un numéro du journal, pris au Bureau, 10 centimes. Les numéros supplémentaires commandés pour articles, Réclames ou Annonces, coütent 10 fr. les 100 exemplaires.
C II 15 M S TX 8 II 15 V 15 15. 1 OCTOBRE.
ADRESSE DES CATHOLIQUES BELGES
AU SAINT-PËRE.
Nous nous empressons de publier le texte
integral de l'Adresse qu'a lue, au nom des
pélerins beiges, leur président, M. L. Henry,
a I'audience solennelle du Dimanche 3 cou
rant:
Très-Sainl-Père,
Aticurie expression ne saurait rondre la
jo ie et le bonheur que nous éprouvons en
nous trouvant en presence de Voire Sainlelé
pour lui ofï'rir nos hommages et nos senti
ments de vénéralion profonde el d'attache-
ment filial.
Chargé de porter la parole au nom des
pélerins, mes chers compalrioles ici présenls,
je sens que l'émolion étoufferait ma voix, si
je n'élais rassuré par la double pensee que le
Saint-Père aime les Beiges el qu'il est en
nièine temps convaincu d'etre immensément
aimé en Beigique.
Oui, Trés Saint-Père, Votre Saintetéaime
les Beiges: el le a daigné le dire, en maintes
circonstances, a plusieurs de nos compalrio
les ventis isolément on par groupes se pros-
terner aux pieds de son Irönesacré, et ces
paroles out reten ti dans les cceurs de tons les
catholiques beiges et onl été accueillies parmi
nous comme la plus douce des consolations.
Elle l'a monlré encore par l'aimablè et bicn-
vei I la ti t accueil qu'clle a fail.en toni lemps
aux deputations que la Beigique a envoyées
au Vicaire de Jésus-Christ pour lui trans-
mellre Tex press ion de son dévouement sans
hornes au Saint-Siégc. Enfin, c'esl dans l'af-
feclion que Votre Sainlelé porie a noire pays
q ui I fan! chercher la raison desgrandes
faveurs dont elle a élé prodigue en vers un
nombre considerable de ses enfanls. Le poste
d'bonneur confié au regrctlé Mgr de Mérodc,
a cöié du représentant de Dieu sur la lerre,
la pourpre romaine décernée a notre bien-
aimé archevêque de Malines, la récente pro-
ADOLPHE FAVRE.
(Reproduction interdile.)
molion de Mgr de Neckere a Pépiscopat,
enfin les dignilés et les distinctions conferees
a d'aulres ecclésiastiques el laïques donl il
serail Irop long de faire ici l'énutnéralion,
font connaitre d'tine facon éclatante au mon
de catholique la place de choix que noire
cbére Beigique ocoupe dans le coeur de Votre
Sainlelé.
Mais si le Pape aime les Beiges, les Beiges
ont tenu en tout lemps a lui rendre amour
pour amour; et Voire Sainlelé connait mieux
que lout autre les preuves multiples qti'ils
out données de leur dévouemeni a Voire per-
sonne sacrée et de leur altachemenl a ce
Siége aposlolique.
Aucune nation, nous le conslalons avec
une noble fierté, ne sedislingue plus que la
Beigique par sa puretéde doctrine, parson
enliére et parfaile soumission aux enseigne-
rnenls el aux decisions qui émaiient de cetle
Chaire de vérité. Nous nous faisons one gloi-
re de penser el de croire comme Rome, et
de vivre pour aiusi dire de la vie du Sainl-
Siége. Nos regards sont suns cesse tournés
vers le Vicaire de Jésus Christ, comme vers
lepharequi illumine le monde de sa clarlé.
La publication du Sgllubus,coup meurtrier
poriéconire la plus monslrueuse deserreurs
modernes, et la definition du dogme de ITin-
maculée-Conceplion audacieux défi lancé
conire le matérialisme du haul de la Chaire
de Pierre, out été recues par nous avec une
joieqni s'est Iradyite par des bénédiclions el
des remerciemenls au Vicaire de Jésus-Christ.
De mème, la proclamation du dogme de i'ln-
faillibililé doclrinale du Souverain-Ponlife,
puissante barrière opposée a l'espril d'indo-
cilitê et d'orgueil qui est le fléau de notre
epoque, a été non-seulemenl accueilli avec
soumission, mais encore chnleureusement
acclamée dans notre pays, ou d'ailleurs ceile
vérilé avail déja en quelque sorle force de
loi et faisait partie de l'enseignement cbré-
lien dans les écoles, les colléges el les sémi-
naires, comme au sein des families; et l'une
denos gloires les plus enviables, c'esl que
l'histoire ail a enregislrer le nom du Cardi-
nal-Arclievèque de Malines a la lèle des sa
vants et zélés défenseurs de ce dogme au
sciti du Conciledu Vatican.
C'est en Beigique qu'out pris naissance
l'oeuvre aujourd htii si répandue du Denier
de Saint-Pierre et celle des Elrennes au Vi
caire de Jésus Christ, et ces deux OEuvres
s'y développeul cbaque jour davantage.
C'est encore la Beigique qui a fourni les
premiers zouaves porïlificaux, et c'est a la
suile d'uue conversation avec Son Eminence
le Cardinal Dechamps et l'illuslre autanl que
regretté général Lamoriciére, qu'a élé concu
el exéctilé le projet, en apparence irréaUsa
ble, de la formation de l'armée donl la pre
sence a lenu pendabt dix ans en échec l'au-
dace de la Bevolution enivrée de ses Irioin-
phes sur lous les points de la Péninsule.
Nous nous plaisons, Trés-Sainl Pére, a
rappeler toules ces circonstances paree
qn'elles constituent une de nos gloires na-
tionales.
Sur l'ordre de Voire Sainlelé, donl le
cceur lendre et généreux a horreur de 1'eiTu-
sion du sang, les zouaves out cédé, mais
bien a conlre-coeur, devarit la violence sou
tenue par la supériorité écrasante du nom
bre. Mais si la Bevolution a pu leur arracher
les armes matérielies, il est une arme qu'on
ne parviendra jamais a enievcr aux catholi
ques beiges: c'est l'arme de la priére. Nous
prions sans cesse dans nos families el dans
nos églises. Nous nous transportons en péle
rins, tnalgré les obstacles que cherchent a
nous susciter les ennemis de la religion,
non-seulemcnt dans les sanctuaires les plus
célébres de la Beigique, mais encore dans
ceux que l'on vénére en dehors des limites
de notre patrie.
Aprés avoir implore la miséricorde divine
dans lous ces sanctuaires, nous inaugurons
aujourd'hui le premier pélerinage a Rome,
persuades que nos prières scront plus agréa-
bles a Dieu sur cette lerre arrosée par Ie
sang des ntarlyrs, et que le Seigneur exau-
cera plus promptement nos vccux dans celle
Ville saiule qui est comme le cceur du monde
chrélien cl qui abrite dans ses murs le Chef
augusle de la grande familie catholique.
Nous sommes ici en petit nombre, Très-
Sainl-Père. mais tous nos frères dans la foi,
tous les vrais catholiques beiges dignes de
ce nom sont unis a nous d'espnt el de cceur,
ou plulót ne forment avec nous qu'un coeur
et qu'une ame: Cor unum et anima una
caret) Beigique, plus que partout ailleurs,
on comprend la valeur de ces paroles qui
forment notre devise nationale: Vunion foil
la force. Nous prions avec d'aulant plus de
fervour que Ie résullat a obtenir esl grand et
important, el avec d'autant plus de confiance
et de certitude d'ètre exaucés, que uous
nous rappelons la promesse infaillible de no
tre divin Sauveur, promesse que nous avons
trouvée écrite en lettres d or aulour de la
coupole de Saint Pierre: Tu es Petrus el
super have petram ccdificaho Ecc/esiam
rneam, el portee infer is non prwoalebunt ad-
versus earn.
Très-Saint-Pére, nous terminons en ex-
primant un voeu, objcl el but des prières qui,
depuis tant d'années, s'eiévent vers Dieu
non-seulement en Beigique, mais sur loute
la surface du globe. Que ie Dieu de bonté et
de clémence, qui a daigné accorder a Voire
Sainlelé la grace de depasser les années de
Pierre, comjiléie rceuvre de sa miséricorde
en faisanl luire bienlól le jour du triomphe
de la sainte Eglise, el en réscrvanl a l'au-
gusle Prisonnier du Vatican, comme recom
pense de l'éitergie et de l'héroïque persévé-
rance qu'il a depioyées dans la lutte conire
les puissances des léifèbres, le bonheur d'as-
sister de son vivanl a ce triomphe tant désiré.
Tel est le veeu le plus cher de la grande
familie catholique, et les pélerins beiges sont
heureuxde pouvoir 1'exprimer a Votre Sain-
leté, en la prionl de répandre ses précieuscs
bénédiclions sur leur cbére patrie, sur la fa
milie royale de Beigique, sur nos vénérables
prélats. sur tous les catholiques beiges, el tout
spécialement sur ceux qui ont. le bonheur de
se trouveren ce moment en presence de Votre
Sainlelé, et qui se disent avec les sentiments
de la plus profonde veneration les trés-hum
bles el trés dévoués fils de la sainte Église et
de son auguste Chef.
LE CONGRES DES INSTITUTEURS.
Les instituteurs communaux qui ont assisté
au derniercongrésde Bruxellesreconnaissent
de loutes parts que leur bonne foi a été indi -
gnement trompéc par les faiseurs de la Ligue
de l'enseignement et a litres progressisles
libéraux, dont ils avaient d'abord trop bé-
névolement emboilé le pas. La Voix du Lu
xembourg nous apporle un témoignage non
moins préeieux, marqué au coin du bon sens
et de l'honnêteté. Nous le reprodtiisons per
suades qu'il refléle fidèlement l'opinion dc
l'immense majorité de nos instituteurs com
munaux.
Nous avons eu, dit notre confrère, une
longue conversation avec un instituteur,
homme fort intelligent et sérieux, a l'occasion
du fameux congres de Bruxelles.
II résulle des renseignemenls qu'il nous a
donnés, que ce congres n'a étéqu'nne machine
de gtierre, inventée par la Libre-Pensée au
profil de la L-igue de l'enseignement. Voici,
a peu prés, en quels termes s'est exprimé ce
digne instituteur
Comme la généralité de mes confrères,
nous a-t-il dit, je me suis rendu au congrés,
dans l'espoir d'y puiser de saines lumiéres,
de sages conseils et de défendre nos droits
méconnus.
Quelle n'a pas été la surprise de la plu-
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Pöperinghe- Ypres, 3-15,7-00,9-30,10-35,2-13,3-05,9-20. Ypres-Poperinghe, 6-40,9-07,12-03,3-157,6 30,8-43,9-30.
pei'in^lie-IIazehrouck, 7 03, 12-23, 4-17. 7-13. Hazebrouck Poperinghe-Ypres, 8-33, 9 30, 4-10, 8-23.
Ypres-Kouters, 7-30, 12-23, 6-43. Roulers- Ypres, 9-23, 1-30, 7-30.
Koulers-Zy/'Mf/es, 8-43, 11-34, 1-13, 3,13, 7-36, (9-33. Lichierv.) Lichterv.- Thouroul, 4-23 m. vers Oslende. Brugos-i?oi<-
7 23, 8-23, 12-30, 3-00, 6-42. Lichierv.-CoKrlroi, 3-23 m. 9 01, 1,30, 3,37 7,21
Ypies-CWèrai 3-34, 9-49, 11-13, 2-33, 3-23, Courtrai-Ypres, 8-08, 1 1-02, 2-36, 3-40, 8-49.
pres-Thourout, 7-18, 12 06, 6 20, (le Samedi a 3-30 du maiin jusqu'a Langhcmarck). Thourout- Ypres, 9 00, 1-23, 7-43,
(Ie Samedi a 6-20 du matin de Langhemarck a Ypres).
Comines-Warnêton -Le Touquel-llouplines-.Ar»ieitlières, 6-00, 10,13, 12-00, 6-23,Armentières-llouplines Le Tonquel-War-
nêton-Comines 7 -23, 10,30, 4-10, 8-40. Comines- Warnêton 8 48, m 9-30 s. Warnêlon-Comines 3-30, 9-30,
Courtrai Bruges, 8-03, 11-00, 12-33,4-40, 6-33. 9-00 s. (Lichierv.)Bruges-Courtrai, 8-23, 12-30, 3-00, 0-42.
Bruges, Blankeiiberghe, Heyst, (Station) 7-23, 11 08, 2-30, 7-33, (bassin) 7-31, 11 -14, 2-86, 7 41lleyst, Blankenb,Buiges,
3-48, 8,23, 11-23, 8-30.
Ingelmunsier Duynzc Gand, 3-00, 9-41, 2-13. Ingelmunster-.Deyra.ze, 6 10 2' cl., 7-13. Gand Deynze-Ingelmunsier6
1 1-20, 4-41. IJeynze Ingelmunsier, 1-00. 2* cl. 8 20.
Ingelmunsier-Anseghem, 6-03, 12-33, 6-13. Anseghem-Ingelmunsier, 7-42, 2-20, 7-43.
Lichtervelde-Dixirijde-Funnes et üankerke, 6-30, 9-08, 1-33, 8-00. DraraAerAe-Furnes-Dixmude et Lichlervelde, 6-33, 11
3-40, 8-00.
Dixmude-AT»e«/)or/,9 30,2-20,8-43. Nieup-Dmra, (bains) 10-43, 4-10. (ville) 7-30,12-00,4-20.
Thourout-Oslende, 4-50, 9-13, 1-30, 8-03. Oslende-Thourout, 7-35, 10-10, 12 28, 6-13.
Selzaete Eecloo, 9-03, 1-25, 8-23. Eec\oo-Selzaete, 5-35, 10-15, 4-22.
-58,
10,
Guaé-Terneuzen, (station) 8-17, 12 23, 7,31 (porte d'Anvers) 8-30, 12-40. 7-43. Terneuzcn-Gand, 6-00, 10-30, 440.-
Selzaete-LoAerera, 9 04, 1-30, 8 30. (le Merer. 5-10 in.) Lokeren-Se/zraefe, 6 00, 10-23, 4 43. (le Mardi, 9,30.)
com 11 ESPONO ANCEa.
COURTRAI, BRUXKLLES.
BRUXELLES, COURTRAI.
Courtrai dép.
Bruxelles arr.
6,37
9,20
10,53
1,35
12,33
2,25
COURTRAI, T0URNA1LILLE.
Courtrai dap.
Tournai arr.
Lille
6.37
7,28
7.38
10,36
11,47
12,08
2,34
3,48
4,00
3,47
6,14
3.34
6,39
6.35
6,33.
8,-84.
8,47.
9,41.
10,00.
Bruxelles dep.
Courtrai arr.
3,22
8,02
8,28
10,40
12,21 3,33
2,44 7,36
6,47.
8,44.
LILLE, TOURNAI. COURTRAI.
Lille dép. 3,13 8,22 11,03 2,22 3,20
Tournai 3,42 8,36 11,29 2,40 5,30
Courtrai arr. 6,34 9.47 12/26 3,38 6,33
C0URTR il«AND.
BAND, COURTRAI.
Courtrai dep. 6,42 12,31
Gaud arr. 8,01 1,31
BRUGES, «AMD, BRUXELLES.
3,44
3,04
6,40.
7,36.
Gand dép.
Courtrai arr.
3,13
6,34
9,38
10,31
1,28
2,49
4,24
3,31
7,21.
8,42.
BRUXELLES, GAND, BRUGES.
Bruges d. 6,49exp.12,34, 2,32, 3 43,ex. 6,43.
Gand a. 7,34, 1,49 4-07, 4,28, 7,38.
Bruxelles 8,50, 4 00, 6,02, 9-31.
Bruxelles dép.
Gand arr6,00
Bruges 7,13
8,14
9,41
10,34
11,53
1 13 3,23
2,38 4,37
3,12 exp
4/20
5,11
4,59 cxp
6,37
7,22
3,28.
7,33.
8,53.
PAR
Suite. Voir le numéro précédent.
Tiles ne sont pus hcurenses, c'est vrai mais
mon manqne de réussite tient k des circons unces
dont je ne suis pas le niaitre; si je ne rencontre
pas la fortune, au moins je la poursuis, et je ne
nie condarune pas a une existence fatalement inu
tile a ma familie
Qu'esl-ce a dire? N'avais-je pas le droit dc
clioisir la carrière qui me plaisail le mieux?
Tu l'avais, morbleu je ne le le conteste
pas mais tu n as pas celui de venir me dire dc
du res paroles, quand je Ir parle d'uue affaire que
tu trouverais excellente si tu avais le moindre
sentiment des cboses de erttr nature.
Soit, je n'ai point l'rnlendement de ces belles
combinaisons mais j'accorde un moment que ton
affaire soit avanlugeuse.
Eh bien
Eh bien je me demande comment tu laisse-
rais sacriGer pour qnelqiies ecus noire vieux cha
teau de familie est-ce que le coeur ne le saigne
pas a l'idée qu'un jour viend ra it oü tu ne serais
plus ici chez toi? oil tu passerais drvant la grille
comme un élranger?... Ah! pour ma part je ne
pourrais me faire a cetle idée... el je gagrrais que
noire panvre mere, surtoutn'y pourrail pas sur-
vivre.
Quelle exagération Mais comment done
êles-vous Galis, vuns Ions, que vons voiis allacliiez
a tont, hoimis a la fortune, au bien être, a l'ai-
sance!... Que me fait Cernay si j'ai ailleurs lont
ce que j'y trouvais d'agréable de bon... et fran-
cliemenl, je ne vois rien de si regrettable ici. Et
cependanl, en songeant a ma mère... oui, ce
malin, elle ni'avail lont ému.
En cc moment, licrlhé rentrait au bras de M.
de Cernay.
Georges t'a parlé de notre affaire, je vois
ccladit le vieillard a Lurien, de la venle du
chateau.
Et vons souffririczcommenca le jeune
hom me.
II parail que l'affaire sera avantageuse, ré-
pondit M. de Cernay.
Dlais quitter cetle maison sera done facile?
Ce sera peul-être un pen dur pour commen
ce!'; on s'y hahiluera... Ainsi, ce matin la chose
m'avail cause un certain effrt... et inaintenant...
Mais parions d autre chose; liens, vims avec moi,
je veux te monteer la belle carte d'Afrique sur
laquetle je suivais vos marches et vos combats...
Viens cela nous dislraira.
Lucien tont surpi is de la Iranquillilé de son
pcre, se laissa enlrainer sans répondre.
Quand ils furent partis, Georges fit un geste
de triomphe.
Vous voyez bien qu'il n'y pense pasdit-il
a Berlhe qui élait reslée et qui arrosait des flours.
Elle posa son arrosoir et jota sur son cousin un
regard pénétrant.
Pauvre aveugle fit elle, qui ne voil pas que
cette resignation est feinle, et qu'une immense
douleur se cache sous cetle apparenle sérénilé.
Pourqtioi mon père feindrait-il
Pourqtioi?... Mais paree qu'il pousse 1'amour
paternel jusqu'a craindre de vous causer quelque
chagrin paree qu'il aime mieux souffrir en silence
que de Iroubier votre quietude.
C'esl inadmissible mon père et ma mère
ont compris les avantages de mon opération, et
ils 11e s'en inquiètent plus.
Vous le eroyez
J'en suis sur.
Et si jc vous désabusais
C'esl impossible.
Voila ma tante qui vient... entrez dans ce
cabinetlaissez la porie ouverte... Je vats faire
lombcr la tapisserie vous entendrez tont.
Elle le poussa dans le cabinet, oü il entra pres-
que malgré lui.
Vousêtes une jeune folie, dil-il encore.
La portière retombait quand madame de Cernav
entra.
Georges et Lucien ne sont pas done ici
dit-ellc.
Je crois qu'ils sont avec monsieur de Cernay,
répondit Berlhe.
Puis, après un moment de silence, elle reprit
Quelle heureuse journée pour vous, pour
mon oncle, pour nous tous
Bien heureuse... si elle n'était Iroubléc par
cette pensée qu'il va falloir quitter notre chère
demeure.
Des lui mes roulaienl sur les joues de madame
de Cernay.
Sais-lu si Georges cn a parlé a Lucien
Je le crois, ma taille.
Paurre Lucien! comment a-t-il appris cela?...
Ab ma chère Berlhe, mon enfant, j'ai hesoin de
lout mon courage pour résisler a un coup pareil...
En aurai-je seulement la force Voir vendre ma
maison, la terre de mes ancêlres... quitter Cernay!
Pourquoi Georges ne nous a-t-il pas demandé autre
chose
Peut-être, s'il savail la peine qu'il vous fait,
découvrirait-il 1111 moyen...
Non., il n'y en a aucun... Comment trouver
soixanle mille francs d'ici buit jours?... C'est
impossible... Aussi, lui cacherai-je ma douleur...
lui cacherai-je mes tonrments...
Madame de Cernay fondait en larmes, ct les
sanglols étouffaient sa voix.
Voyons, 111a bonne tante, ne pleurez pas
ainsi plus de courage.
Du courage va, j'en anrai, je sanrai me
résigner... au moins momentanément... Plus tard,
si je ne puis vivre ailleurs... eb bien, je mourrai...
je mourrai car Dieu, dans nos sotiffrances, sait
toujours nous bénir en nous rappelant a lui
Madame de Cernay, dévorant ses pleurs, avait
sur les lêvres 1111 pieux et triste sourire on sen-
lait combien sa pauvre ame était sainte et navrée.
Berlhe jugea l'éprcuve suffisante.
Ne perdez pas tout espoir, ma tante, dit-
elle nous vous aimons trop tous les trois pour
vouloir vous causer tant du chagrin.
La jeune fille embrassa madame de Cernay, lui
pril doucemcnt le bras, et l'enlraina dehors dans
unc profonde (ristesse.
En moment s'écoula puis la portière se sou
leva, et Georges repai nt.
II était pale.
II s'assit sur un siége prés de la fenètre, et s'ap-
puya la tête dans ses mains.
La, il songea.
II songea a cette immense douleur, a cette douce
resignation et a ces larmes, et il se deniarida s'il
était devenu mauvais fils, el si l'instinct de l'amour
filial étail éleint en lui, et si la vie de Paris élait la
cause d'un pareil élat.
Alors il réfléchit a cede vie il passa en revue
les six années qu'il avait passées dans les affaires,
au milieu de ce tourbillon commercial dans lequcl
il s'étail jeté avec tant d'ardeur.
El alors, pour la première fois, il lui sembla
que les mécomptes avaient été plus nombrcux que
les réussites que celles-ci mème ne lui avaient
jamais donné une satisfaction veritable, compléte
ct, au travers de ces six années, il re vil un moment
celles passées au chateau de Cernay, enlouré de
son père de sa mère, de sou frère et de sa cou-
sine soudain, les cboses qui étaient autour do
lui prirent une teinte nouvelle il leva les yeux
et apergut au bout du jardin SON chataignier, et
senlit une émotion alors jusque-la inconnue sou
lever sa poitrine pour lui, ce chktaignier repré-
sentait les années de jeunesse et d insouciance, le
temps oü aucune preoccupation péniblc ne venait
allérer la sérénilé de son existence.
Non s'écria-l-il tout a coup, Cernay ne sera
pas vendu Les larmes d'une mère... oh ga fait
irop souffrir Je les sécherai, je les rachèterai
L.