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LE PRESBYTERS Dü HAMEAU.
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N° 1,029.
10" annee.
Mereredi 10 Novembre 1875
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Le Journal parail Ie Mercredi et Ie Samedi.Les insertions coütent 13 centimes la ligne. Les réclame* et annonces judiciaires se paient 30 centimes la ligne. Ou traite a foi fait pour les insertions par année.
Un numéro du journal, pris au Bureau, 10 centimes. Les numéros supplémentaires commandés pour articles, Réclames ou Annonces, coütent 10 fr. les 100 exemplaiies.
1 OCTOBRE.
CHEIIIIIVS 1)E F E
DECADENCE.
La presse libérale s'est donné des peines
infinies pour fabriquer un bulletin de victoi-
re avec les données électorales du 26 Oelo-
bre. Le succés véreux d'Anvers lui fait voir
toules choses couleur de gueux et ne lui
permei plusguérede comprendre le langage
des foils et de Ia froide statislique. Celle-ci
lui afifirme pourlant que sur trente villes qui
ont lutlé, vingt-deux ont donné l'avantage
aux calholiques et htiit seulement a leurs
adversaires; que les premiers ont vicloricu-
semenl maintenu leurs positions les plus
importanles, et qu'ils ont enlevé aux libé-
raux, de haute lulle, celles d'Audenarde, de
Bruges, de Malines el deTongres. Si l'on
passé des détails a l'ensemble, les résultats
généraux, lout compensé, ne sont pas moins
satisfaisants.
Laissons doncce prétendus vainqueurs a
la joie de leur triomphe et considérons nn
instant le prix que la preponderance acquise
en quelques endroits leur a déja coüté et
leur coütera encore.
Nous sommes loin du temps oü le faux
libéralisme, avec ses allures magistralcs, ses
pretentions au monopole du progrés et son
apparenle modération, sa va it encore gard er
uncertain décorum. Aujourd'hui il s'appelle
gueuserie, et il est forcé par les siens de s'en
glorifier lout haul. Pour se préparer les voies
il lui faut la haine conlre la foi catholique,
la violence brulale et l'orgie populaire; lè
blaspheme et le sacrilége sont au nombre
des hontes qu'il doil subir, et sou cbanl de
guerre est un ignoble appel a la colère con
lre le prêlre. Par une amére ironie, dans
cetle fange oü il marche, ses chefs les plus
liuppés sont obliges de patauger cóle a cöte
COMTF.SSF DF HASSAN VILLE.
(Reproduction interdile.)
avec la populace qu'ils exploilent el parfois,
quelque repugnance qu'ils en éprouverit, de
se monlrer a sa tèle.
El la ne doil pas se borner leur chatiment.
Dans un parti oü les appetits remplacent les
convictions, les habiles se font porler au pi-
naule par les exallés, tont en se plaignant
parfois, bien bas, des exigences de ce qu'ils
nomment la queue. A leur lour les instru
ments se faiiguenl de leur róle; ilsnecon-
senlent pas longiemps a dépenser leur zéle
au profit de l'ambition des meneurs et a
remplir humblement le róle de marche-pied,
Le développement des idéés radicales aidant,
les auxiliaires de lantót se croient tenus
d'honneur a faire prévaloir ce qu'ils déco
rent du nom de leurs principeset, a leur
point de vue personnel, ils aspirenl aprés la
récompense de leurs iruvaux. Nos hommes
ne Iravaillent pas pour rien, a dit un des con
ducteurs de la libéralerie anversoise et celui-
la connaissait son monde.
De la il advient qu'au bout d'un certain
temps les burgraves du parti se Irouvent
dans la dure nécessilé d'ouvrir leurs rangs,
en maugréant de plus belle, a cette basse
gueuserie dont ils voulaient bien les services,
mais dont les représentanls neseront jamais
a leurs yeux que des intrus, dés I'mstanl
qu'il s'agit de siéger avec eux.
Pendant ce temps on sape en commun,
avec une fureur croissanle, l'édifice de reli
gion et de bonnes niccurs qui seul protégé
encore ses imprudenls démolisseurs, et ces
insenséson rougil de le direhurlent
l'outrage aprés le prètre et demandent a èire
délivrésde la vertnine des papisles!
Mais pendant ce temps aussi le radicalis
me a fail son chemin et s'est rendu compte
de sa puissance. Bienlól il ne se conlentera
plus d'un partage de ce pouvoir qu'il a con-
quis par ses efforts; e'est le lout qu'il lui fau-
dra; el il n'est pas de ceux qui se feront
scrupule de balayer leurs anciens maitres
avec tout l'atlirail des oripeaux doel ri na ires.
Si nous élions deslinés, pour noire mal
heur, a descendre jusqu'au bout la pente de
la démagogie, plus d'un parmi les conlemp-
leurs de préires, ouvrirait les yeux quand
ce ne seratenl plus sculetnenl la liberie, et
l'éducation, et les mceurs el la familie qui
seraient menacées d'un commun naufrage,
mais que la propriélé libérale elle mème
n'inspirerait plus de respect aux logiciens de
la doctrine des gueux. II s'agirail de se sau-
ver alors; il y faudrait une autorité, des ver
tos, un enseignemenl, une morale, el l'on
serail trop heureux peut èlre de se réfugier
sous le palronagede celte religion tartl dé-
teslée autrefois, de tendre la main a ce pa
piste si odieusement chansonné.
Nous n'en sommes pas la, Dieu merci.
Mais l'accomplissement du devoir detriande
de la constance, du travail, de l'organisation
et l'expérience a prouvé qu'avec ces éléments
on peut obtenir la victoire. L'organisation
surlout exalte les courages, affermit les es
prits el triple les forces en les coordonnanl,
en les dirigeant sürement vers leur véritable
but. Remeltons-nous a l'ceuvre, payons la
dette du dévouement généreusement el avec
une confiance illimilée en Gelui qui nous a
fail une obligation de la lulle chrèlienne, el
Ie faux libéralisme n'aura jamais raison de
nous.
LES GUEUX A ANYERS.
Commentons le fameux chanl gueux, celte
rapsodie révolulionnaire et commuttarde en
qnatre couplets?
Le parli gueux, le parli de la liberté (lïsez
de la tj ranrtie) y prodigue l'insulte a I Eglise
et a la Ruyauté
Quand done, sur ce triste monde, se
lèvera l'auroredece beau jour, oü chacun
sera a lui-mème et son Papeet son Roi!...
En avant, fréres, de celle vermine de la
prètraille, déltvrez notre patrie
II nous en coüte de citer ces lignes, mais
nos lecleurs dironl avec nous qu'il est bon de
dissiper les derniéres illusions sur les ten
dances du libéralisme. Ces qualre couplets
renferment en résumé tout le programme
des gueux Al kost hel goud en bloed
C'est-a dire Que nous imporlenl le pillage
el Ie sang qui doit couler a flots Ce sera
le triomphe de la plus basse démagogie les
gueux de la Commune renailront
Dans dix ans, les meneurs libéraux assis-
lerontavec effroi aux calaclysmes mévitables
auxquels conduit leur sysléme. Ce ne sera
plus dans un cabaret que s'installeront les
meneurs démocralesils tróneront a l'hötel
de ville.
Un journal gueux d'Anvers dit que M.
Wouters a occupé pendant dix ans les fonc-
tions de subslilul dans cetle ville tl aurait
done été nommé a cetle place élevée avant
d'avoir lerminé son stage?... II aurait été
l'objct d'un favorilisme plus criant que nous
ne le supposions Mais non: la feuille
gueuse exagère M. Wouters a été nommé,
tout jeune avocat qu'il füt, le 14 oclobre
1867. C'esl ce qu'alteste le Moniteur.
Nous lisons dans le Journal d'Anvers
UNE STATUE A L'INFAMIE.
Les journanx gueux annoncent qu'une
statue va èlre élevée a Marnix sur une des
places publiques d'Anvers. lis ajoulent que
dés aujourd'hui des quèteurs circuleront en
ville afin de recueillir les dons destinés ad
hoe.
Nous croyons qu'il sera inulile de prému-
nir longuement les calholiques anversois
conlre cetle audacieuse manifestation qui
conslitue la plusgrossiéreinjurequi aitjamais
été lancée conlre leur foi et contre leur pa-
triolisme.
Beaueoup de nos lecleurs se rappelleronl
que lorsqu'il fut question d'ériger a Paris une
statue a Volta're, 1'illustre évêque d'Orléans
Mgr Dupanloup stigmatisa, au Congrès de
Malines, la statue qu'on proposait d'élever au
palriarcbe de Forney, de statue élevée a
l'infamie.
Ce que Mgr Dupanloup disait de Voltaire,
nous pouvons le dire a bien plus juste litre
de la statue que les gueux d'Anvers veulent
dresser a Marnix.
En eflet, Marnix est l'homme qui, d'après
son biographe Edgard Quinel, se proposait
non-seulement de réfuter le papisme, mais
de l'extirper, non-seulement de l'exlirper,
mais de le déshonorcr, non-seulement de le
déshonorer, mais, comme levou la it l'ancienne
Germanie conlre Taduilóre, deréloufier dans
la boue.
Marnix est égalemenl l'homme qni maqui-
gnonna rindépendanee de la Belgique auprés
des eottrs de France et d'Anglelerre
Qui défendit les iconoclasles, ces vandales
deslrncleurs des richesses artistiques de la
calhédrale d'Anvers
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40,9-07.12-03,3-87,6 80,8-43,9-30. Po-
ï-35, 9 30, 4 10, 8-28.
Poperinghe- Ypres, 8-18,7-00,9-30,10-33,2-13,8-05,9-20. Ypres-Poperinghe
peringhe-Hazebrouck, 7 03, 12-23, 4-17, 7 13. Hazebrouck Poperinghe-Ypri
Ypres-Roulers, 7-80, 12-25, 6-43. Uoulers- Ypres, 9-25, 1-50, 7-50.
Koulers-Zy/v^es, 8-45, 11-34, 1-13, 5,lo, 7-3G, (9-55. Lichierv.) Lichierv.-Thourout, 4-25 in. vers Ostende. Bruges-/ïoa-
7 23, 8-25, 12-50, 5-00, 6-42. Lichierv.-Courlrai, 5-23 m9 01, 1,30, 8,37 7,21
Ypres-CWtrat 5-34, 9-49, 11-15, 2-33, 5-28, Courlrai-Ypres, 8-08, 11-02, 2-56, 5-40, 8 49.
Ypres-7hourout, 7-18, 12 06, 6 20, (le Samedi a 5-50 tlu matin jusqu'a Langhemarck)Tiiourout- Ypres, 9 00, 1-23, 7-43,
(le Samedi a 6-20 du malin de Langhemarck 4 Ypres).
Comines-AVarnèton-Le Touquet-Houplines-/lr»ie»<»eres, 6 00, 10,15, 12-00, 6-25,Armentières-Houplines Le Touquet-War-
nêlon-Comines 7 -28, 10,30, 4-10, 8-40. Comities- Warncton 8 43, m 9-30 s. Warnêton-CWiines 5-30, 9 30,
Courlrai Bruges, 8-05, 11-00, 12-33,4-40, 6-53. 9-00 s. (Lichierv.)— Bru ges-CWtrni, 8-23, 12-50, 3-00, 6-42.
Bruges, Blankeiiberghe, lleyst, (Slalion) 7-23, 11 08, 2-30, 7-33, (bassin) 7-31, 11-14, 2 56, 7 41lleyst, Blankenb,Bruges,
3-43, 8,25, 11-23, 3-30.
Ingelmunsier Ueynze Gand, 5-00, 9-41, 2-13. lnge!inunsler-Z)ep»ze, 6-10 2" cl., 7-13. Gand-Deyiue-lngelmunster, 6-38,
11-20, 4-41. Deynze Ingelmunsier, 1-00. 2" cl. 8 20.
lngelmunsler-,4/isep/ieiu, 6-03, 12-33, 6-13. Ansegliem-Ingelmunsier, 7-42, 2-20, 7-43.
Lichtervelde-Üixiriade-Furnes et Dankerke, 6 30, 9-08, 1-33, 8-00. DrruAerAe-Kurues-Dixmude et Lielitervelde, 6-33, 11- 10,
3-40, 5-00.
Dixmude-Aü'eupor'L9-00,2-20,8-43. Nieup-Dw-zn, (bains) 10 45, 4-10. (ville) 7-30,12 00,4-20.
Thourout-Oslende, 4-30, 9-15, 1-50, 8-03. Oslcnde-Thourout, 7-33, 10-10, 12 23, 6-15.
Selzaete-Eecloo, 9-05, 1-25, 8-25. Eecloo-S'e/zaele, 3-33, 10 13, 4-22.
Gand-Terneuzen, (slation) 8-17, 12-25. 7.3) (porie d'Anvers) 8-30, 12-40. 7-43. - Terneuzen-Gand, 6-00, 10-30, 440.-
Selzaele-LoAere/t, 9 04, 1-30, 8-30. (le Merer. 3 10 m.) Lokeren-Se/Jaeie, 6 00, 10-23, 4 43. (le Mardi, 0,30.)
CORmasPOWDAWCHI
COURTRAlBRUXELLES.
BRUXEI.LBS, COURTRAl.
Courlrai dep.
Bruxelles urr.
6,37
9,20
10,33
1,33
12,33
2.23
3,47
6,14
6.33.
8.34.
Bruxelles dép.
Courlrai urr.
3,22
8,02
8,28
10,46
12,21
2,44
3,33
7,36
6,47.
8,44.
COURTRAl, TOURNAI, LILLE.
Courlrai dép. 6,37 10,36 2,54 3,34 8,47.
Tournai urr. 7,28 11,47 3,48 6,39 9,41.
Lille 7,38 12,08 4,00 6,35 10,00.
LILLE, TOURNAI, COURTRAl.
Lille dép. 5,15 8,22 11,03 2,22 3,20
Tournai 5,42 8,56 11,29 2,40 5,39
Courlrai urr. 6,34 9.47 12,26 3,38 6,33
COURTRAl, GAND.
GAND, COURTRAl.
Courtrai dép.
Gand urr.
6,42
8,01
12,31
1,31
3,44
5,04
6,40.
7,36.
Gand dép.
Courlrai urr.
3,13
6,34
9,38
10,31
1,28
2,49
4,24
3,31
7,21.
8,42.
BRUGES, GAND, BRUXELLES.
Bruges d. 6,49exp.12,34, 2,32, 3 43.ex. 6,43.
Gand o 7.34, 1,49 4-07, 4.28, 7.38.
Bruxelles 8,30, 4-00, 6,02, 9 31.
Bruxelles dép.
Gan l urr. 6,00
Bruges 7,15
BRUXELLES, GAND, BRUGES.
8,14 11,33 3,12 exp. 4,39 exp.
9,41 1.13 3,23 4,20 6.37
10,34 2,38 4,37 3,11 7,22
3,28.
7,33.
8,33.
I'AR LA
Suile. -- Voir Ie numéro précédent.
ii J'aurais dü me troiiver parfaitemenl heurense;
mais hélas un brsoin insatiable de parure el de
luxe me dévorail.
Dans la maison de raon beau père le conforl
régnnit sans ostentation lont y élail hien. car
tout y élail réglé avec ordre et sagrsse mais,
chez beaiiroup de nos amis plaeés dans la haute
industrie comme nous, lout éiait mieux, ele'était
ee mieux-la que j'enviais, car ce mieux s'appelail
le luxe.
a Je commengai alors des attaques indirectes
contre la siinplicité de la maison. Mon beau-père
me compril ou me devina, car il y riposla avec
mestire, mais avec fermelé. Je lui fis alors plus
violcmment la guerre, et, comme mon mari élail
faible et rempli de tendresse pour moi, je l'enrölai
sous mon drapeau.
a Cela ne se fit pas lout d'un coup, commc vous
devez le croire, car Maurice était lendremenl atta
ché a son père, et avail en lui une confiance sans
borne mais, de mérne que goutte a goulle l'eau
finit par crcuser le rocher, de même pen a pen je
finis par désunir ces cücurs si bien fails pour s'en-
tendre.
D'abord il v ent des discussions entrc eux, car
j'avais été trop adroile pour me poser en face de
celui quejevoulais vainere, puis le mol separation
ful prononcé. C'étail le bul de mes désirs, je fis
done accepter cette separation par le faible Matt
rice el, peu de jours après cette dernière alter
cation. nous habitions une autre maison que celle
oü j'avais été accueiliie en enfant aintée.
Une froideur glaciale s'établil alors entre le
père el le fiis. M... élail justement blessé de la
conduite de Maurice, el celui ci niéconlcnt de lui-
mêine rejetail sa mauvaise humeur sur celui qu'il
avail offense. Fu cel état de choses on sc voyail
peu et. loin de rhercher a rapprocher ces deux
élres si élroitement uiiis par les liens du sang, je
travaillai, au contraire, a Irs désunir encore da-
vantage.
i> Moi settle j'étais ravie de ce deplorable succés,
car je ine voyais enlin dame et mailresse sans cun
tröle. Peu liabituée a administrer une maison de
cetle importance, et trop orgueilleiise pour de-
mander des conseils 'a personne, je tombai alors
dans les plus ridicules extravagances. Itien n'était
trop beau ni trop riclie pour moi l'or, le velours,
la soie, I hermine. Je me sentais enviée a mon
tour, et je redoublais alors de prodigalités, pen
sant ainsi augmenler mon bonhcur.
a Le bon Maurice, loin de m'arrêter sur cette
pente fatale, m encourageait encore par sa tendresse
avcugle.
a Rien n est trop beau pour ma Laureché-
lie, me disait-il, quand je lui racontais les folies
que j'avais faites. Fatale faiblesse malheureuse
bonté I...
Depuis la séparation de Maurice d'avec son
père, mon mari était bien changé ce n'était plus
I'liouime laborieux, uniqiiement occupé dc ses
affaires, que j'arai» connu jadis, mais un homnie
léger, futile, insatiable des plaisirs du monde,
dont les units appartenaient au jeu, les jotiruèes
aux courses, un véritable élégant, eimol.
Belas lout cela était encore inon ouvrage.
Mécoulent de lui méme, Maurice se fuyaü pour
élourdir sa conscience importune l'enivreuient
du monde, les éaiotions dn jeu, l'étourdissaicnl
un moment, el, pource moment, il donnail sa vie.
Ainsi conduite, notre fortune ne tarda pas a
se déranger. Une resolution sage pouvail nous
sauver encore Maurice en cut la petisée, me la
cominttuiqua, el, comme l ange du inal, loin de le
soulenir dans le bien, je l'enlrainai vers sa perte.
Eeonte, ma bonne Laure, me dil-tl un
matin, nous sommes deux enfauls et nous ne savons
pas nous conduire. Je t'ainie trop, tu abuses de
ton pouvoir, il nous faut un guide... J'ai envie
d'écrire a raon père, qu'en dis tu?... II est bon,
il nous aime, et, ajoiita-t il en souriant pour cacher
son embarras, il lueia deux veaux gras, car ce
sera véritablement le retour de deux enfants pro-
digues.
Maurice appuya sur ce dernier mot, et je me
sentis profondéinent blessée,car ma conscience me
disait que j'étais coupable aussi je lui répondis
avcc humeur
Tarlez pour vous, je vous prie, «ar vous
perdez des sommes fullrs au jeu, tandis que toules
mes dépenses ont puur bul les besoms de la mai
son. Mais, ajoulai-je en le regardant fixement, je
vous déclare que, si vous relournez avec voire
père, je rentrerai chez mes parents ear je n'ac-
ceplerai jamais la vie dure et cruelle qnecemé-
cbant homnie ine fatsait endurer prés de lui.
Un profond soupir, qui malgré lui s'échappa de
la poilrine de i'abbé Henri, vint iuteriompre sa
narration
ic Vous me trouvez bien coupable, n'est ce pas,
et je vous fais horreur exclaina la mallteiireuse
en laissanl couler ses larmes. Belas volts ne savez
pas lout encore
li Conlinticz, mun enfant, a murmura le minis-
tre de Dieit.cn caehant sa tèle eutre ses mains,sans
doule puur dissimuler son.émotion.
Ft la malheureuse abaudonnée cunlinua son
réeit en ces tenues
i> Maurice céda a la crainte de nic perdre, et
nous reprimes de plus belle notre extravagante
existence. Qui pouvail y racttre un frein d'ailleurs?
Scparéc de mon beau-père, je l'étais de ma familie
aussi, je possédais done la plus terrible des liberies,
celle qui nail de la rupture de nos liens les plus
chers.
Voici comment j'avais cltassé, hélas mes
paitvres parents de chez moi.
Fblouie par le riche mariage que je venais de
coritracler, je pris en mépris la position modeste
de mes parents, et je ie leur fis sentir, d'abord pat-
mes inoqueries, puis par nta froideur et enfin par
mon abandon.
Quand ma mère et mes soeurs, qui longtemps
restèrent aveuglées sur moi, quittaient eet humble
village pour Tenir me voir it Paris, je les reeevais
avec humeur, leur raise élail trop simple pour mcs
riches atours, et je les rtnvoyais le plus tot que je
pouvais, car leur présence me pesait comme un
fardeau.
ii L'amour materne! est souvent si avengle, que
durant longtemps ma mère ne voulut pas compren
dre mon odieuse conduite main, quand ses yeux
s'onvrirent enfin, elle fut blessée au coeur, et, sans
se plaindre, elle se renferma dans sa sainte dignilé
de mère.
ii Quand tu seras malheureuse, tunousre-
trouveras, Laure, nte dit-elle un jour en me quit-
tant, puisses-lii ne nous revoir jamais
i* Hélas je ne I'ai jamais revue, et bien des
douleurs sonl venues m'atteindre pourtant mais
elle était mortc, ma pauvre mère, la mort settle
pouvait ('eloigner de mes adversilés
ii Au lieu de la retenir et de la ramener it moi,
lorsqu'elle m'adressait ces paroles qui devaient étre
cruelleinent prophétiqiies, je pris de I'htimeur et
je boudai comme un enfant mécontent de son pe
dagogue. Sans doute on s'attendait a une autre
conduite de ma part, car, a daler de ce jour, ni
mon père ni mes frères on soeurs ne me donnèrent
plus le moindre signe d'exislence. J'étais done déjit
abandonnée de tons, et cela sans avoir le droit de
me plaindre, car ce n'était que par ma faute.
(a contixueb).