1 wr r^^im m Samedi 20 Novembre 1875. 10" année. N° 1^,032. ISmmM V O 0 r° »-l -a Le Journal parait le Mercredi et le Samedi. Les insertions coütent 15 centimes la ligne. Les réclames et annonces judiniiiires se paient 30 centimes la ligue. O i traite d forfait pour les insertions par année. Un numéro du journal, pris au Bureau, 10 centimes. Les numéro's supplémenlaires commandés pour articles, Réclames ou Annonces, coütent 10 fr. les 100 exemplaires. CHE jflISTS 15 E FE 16. I OCTOBRE. LA PAROLE DE PIE IX. Le Saint-Pére a daigné faire la réponse suivanle a Padres.se envoyée par le président de ('Association calholique centrale alle mande A Nos chers filsfilluslrv baron Félix de Loef présidentet d lous les membres de Association culholtque centrale alleman de, qui siéye a Magence. PIE IX, PAPE. Chers fils, salut et bénédiction apostolique, Le combat qui, autrefois, a été vidé au ciel, s'est rallumé de nouveau sur la terre. On ne combat plus seul et en cachelle, mais ouverlement avec des forces réunies. Comme autrefois, les deux partis out arboré leur mème bannière. L'un a la bannière sur la- quelle on lit la mémorable inscription: Qui est égal a Dieu C'est le parti qui, meltanl de cöté tous les intéréts d'ici-bas, combat pour sa foi, pour I'Eglise et ses droits sacrés. L'autre parti a la bannière sur laquelle un orgueil frénétique a écrit J erigerai mon tróne au dessus des étoiles du ciel, je veux ètre égal a Dieu c'est le parti qui est l'en- nemi juré de notre religion. Le mème combat prendra la mème fin. Comme autrefois l'orgueil des rebelles les a précipités, jetés jusqu'aux enfers, ainsi suc- comberon! cenx qui veulent acluellement se mettre a la place de Dieu el anéantir son royaume sur la terre. Nous vous félicitons de vons voir placés sur le rocher dressé parJósus-Christ, de vous voir convaincus que Dieu est avec vous et que les portes de l'enfer ne prévandront pas contre la cause que vous défendez. Nous vous félicitons de±volre courageuse persévérance dans cette lutte si ardenle. COMTESSE DE HASSAN VILLE. (Reproduction inlerdile.) En vérité, Nous sommes remplis de joie en voyant voire fermeté dans Ta foisoulenue par des succès inconleslables. Vos assemblees, vos conseils, vosefforls dirigéscontre le dan ger menacant, ne sonl-ils pas la cause du réveil de l'espril religienx, qui se fortifie larit parmi les fidèles Les applaudissements uni- versels de tous les bons ne vous sonl-ils pas tin gage de la grace divine? Cherehez de nouvelles forces, tin nouveau courage, pour aller combattre, et rappelez-vous, comme si el les élaient adressées a vous. les paroles de Mathalhias mourant, au peuple d'Israël Nunc conforlata est superbiael c.asiigu- tio, et tempus eversionisct ira indignaUonis. Nunc ergo, o filii, cemulalores es/ole legis el dale animus veslras pro testamenlo pa trum neslrorum, el mementole operum pa trum, quie fecerunt in generutionibus suis: el\ accipielis gloriam magnarn el nomen ceternum (1). En vérité, le vieux Mathalhias el ses fils ont agi ainsi, et ils out acquis ce qui a été promis. Nous vous souhaitons de tont Nolre coeur la mème chose, unie a la plenitude des gra ces divines. Nous vous donnons comme gage de Nolre amour Notre bénédiction apostoli que, etc. Donné a Rome, prés de Saint-Pierre, le 11 octobre 1875, la trentiéme année de Nolre Pontifical. PIE IX, PAPE. JUSTE REFLEXION. On ne peut se dóf ndre d'un sentiment pénible, lorsque l'on voit dans un pays chré- tien comme la Belgiqne, les sessions parle- mentaires s'ouvrir sans aucune cérémon e rebgietise. Les populations des Etals Unis ne sont assurément pas plus piettses que les nótres, et ccpcndanl jamais tine session du Congres ne s'ouvre a Wasinghton sans qu'tin mimstre du culle n'ait appelé les bénédic- tions de Dien sur les travaux de la Legisla ture. Pourquoi faut-il qu'il n'en soit pas ainsi en Belgiqne et pourquoi devons-nous, com me petqde, subir la loi de l'alhéisme, alors que la Constitution, dans son article 14, nous astreinl seulement a laisser aux mécréants le droit de s'abslemr! La France, sous ce rapport, nous donne un meilleur exemple. En verlu d'un vole de l'Assemblée nationale, une tnesse est célébrée dans la chapelledu palais de Versailles, au début de cbaque session. Cette cérémonie s'est accomplie cette an née en présence d'un grand nombre de dé- putés. Nous aimous a citer, a ce propos, les remarquables paroles qn'on va lire; nous les extrayons de l'allocution adressée aux assis tants par l'Evèque de Versailles: «11 y a deux maximes célèbres qui .ont égaré beaueoup d'esprits, deux maximes donl cependanl la revoltante crudilé saute aux yeux: La lui est athée; te gouvernement étant luique ne dêpend daucune loi supé rieure. Croyez-le bien, messieurs, je ne cite pas ces maximes pour les fletrir; el les se réfutent surlout par ies consequences èpouvaiitables dont el les sont grosses. Je les cite pour avoir l'occasion d'affirmer hantement que vous, mus par nn senlimcnt de foi et sous ('empire tie convictions profon- des, vous avez essayé de rendre a l'idée reii- gicuse l'importance et la place qu'elle doit avoir dans tout edifice social. Vous ne l'ignorez pas, écrire une Constitu tion sans Dieu ou contre Dieu, c'est tracer sur un sable mouvant des caraclères que le Hot qui va revenir effacera a lout jamais. UN RON EXEMPLE. Le parti couservaleur de Bruges a tcnu a couronrier dignement le triompbe qu'il a noblemenl remporté lors des demières élec- tions. Bien souvent les triomphes de nos adver- saires se changent en débauche et liberti- nage. Qui sail ce qui nous attendait cette fois-ci, si le bon sens de notre population n'avait mis un lenne a la domination libé rale? Les catboliques agissent tout aulrement. lis connaissent le pauvre et ses notnbreux besoins. Au lieu de faire hurler jour et nuit une troupe avinée, au lieu de sales fétes populaires, ils versent leur aumöue au sein de nos families indigentes. Aux diverses pa- roisses des générosilés avaienl déja eu beu. Le quartier populeux de la Madeleine a re cti d'un noble bienfaiteur,nouveau conseiller communal, une distribution de 900 pains par l'enlremise de MM. les inaitres des pau- yres. Vendredi une messe d'aclions de gra ces a été célebrée en l'église paroissiale. La stagnation des affaires coinmerciales et la fermeture des diverses fabriques font dés a présent endurer de rudes privations aux ouvners de ce populeux quartier. Pour eux surtoul l'hiver s'annonce sous de bien trisles auspices. Q ti aurail le coeur de tr liter rude- ment le pauvre et d'avoir pour (ui les mena ces a la bouche A qui ce triste honneur? II en est qui ont versé stir le people les (lots de leur eloquence dans des meetings et qui, le 'endemain, sont toujours« pingres. Les catboliques 1'entendent aulrement. A eux l'éternelle reconnaissance de leurs freres in digents. (Patrie). OKIGINALITÉ. Les journaux ont publié le texte d'une pétition en demande d'annulalion contre felection communale de Mabnes, adressée aux présidents et membres de la Deputation permanente d'Anvers. Nous ne connaissons rien de plus original. Les pétilionnaires par tem de cc fait que la lisle libérale devait né- cessairement 1'emporter. Elle le devait 1° paree qu'il n'a manqué a l'un de sescandidats que 82 voix pour atteindre la mnjorité abso- lue; 2° paree que, de temps immémorial, les libéraux Font emporté a Malines3° paree que l'admmislration renversée n'a jamais fait mal parlor d'elle. Done... Nous cilons Lors du lcr scrulin, le nombre des suf frages valables étail de 2,493. de sorle que la majorité absolue était de 1.250 voix. II est a remarquer qu'il n'a inariquéa M. De Keers- maecker que 82 voix pour avoir la majorité absolue ce qui tie représeute qu'un déplace- menlde4i voix. II résnIle des éleetions anlérietires que l'opmion libérale l'a toojours emporté depuis 18ans dans les éleetions comtnunales. Lors des dernières éleetions, cel te opi nion était en droit de compter encore sur les suffrages des élecleurs; en effot, les me mbres sortants du conseil communal avaienl depuis longtemps conquis la sympathie de leurs coneitoyens, et auctin grief sérieux n'avait été soulevé contre leur gestion des affaires comtnunales. Cs3 O CQ -< CO O Co Co O CO U3 O O C3 2 -5 X "s -c 3 cfi *T! w o n -o >- so -3 rn CO ^3 rq ^3 S3 O CO OS O r* ro CO s^ 2 pi CO o a H O a «o G GO >- S3 P»- Poperinghe-Ypres, 5-13,7-00,9-30,10-55,2-13,3-05,9-20. Ypres-Poperinghe, 6-40,9-07,1 -2-0:1,3-57,6 50,8-4:3,9-30. Po peringhe-Hazebrouck, 7 03, 12-23, 4-17, 713. flazebrouck Poperinghe-Ypres, 8-33, 9 -3 J, 4 10, 8-23. Ypres-Iioulers, 7-30, 12-23, 0-43. Kou Iers- Ypres, 9-23, 1-30, 7-30. Roulers-/Jnzjes, 8-43, 11-34, 1-13,3,13,7-36,(9-33. Lichterv.)Lichterv.-Thourout, 4-23 m. vers Ostende.Bruges-Roit- 7 23, 8-23, 12-50, 3-00, 0-42. Lichterv.-CWlrai, 5-23 m. 9 01, 1,30, 3.37 7,21 Ypres-Courtrai 3-34, 9-49, 1 t-13, 2-33, 3-23, Courtrai- Ypres, 8-08, 11-0-2, -2-36, 3-40, 8-49. Ypres-Ttiouroul, 7-18, 12 00, 0 20, (le Samedi a 3-30 du muiin jusqu'a Langhemarck). Thourout- Ypres, 9-00, 1-23, 7-43, (Ie Samedi a 6-20 du matin de Langhemarck a Ypres). Comiries-YVarriêion-Le Touquet-Houplines-Amezin'èrea, 6-00, 10,13, 12-00, 6-23,Armentières-IIouplines Le Touquel-War- nêlon-Cowiues 7-23, 10,30, 4-10, 8-40. - Cuinines- Warnêlon 8 43, m 9-30 s. Warnêlon-Comities 5-30, 9-30, Courtrai lirages, 8-03, 11-00, 12-33,4-40, 6-33. 9-00 s. (Lichterv.)— Bruges-CWirtzi, 8-23, 12-30, 3-00, 6-42. Bruges, Blankenberghe, Heyst, (Slation) 7-23, 11 08, 2-30, 7-33, - (bassin) 7-31, 11-14, 2-30, 7 41. Ileyst, Blankenb,Binges, 5-43, 8,25, 11-23, 5-30. Ingelniunster Deynze Gand, 5-00, 9-41, 2-13. Ingelmunster-Deyiice, 6-10 2" cl., 7-13. Gand-Deq me-Ingelmunster6-38, 11-20, 4-41. Deynze Ingelmunster, 1-00. 2' cl. 8 20. Ingelniunster-^nseghem, 6-03, 12-33, 6-13. Ansegliem-Ingelmunster, 7-42, 2-20, 7-45. Lichtervelde-Dixinade Furnes et Dankerke, 6 30, 9-08, 1-33, 8-00. DizwAer&e-Furnes-Dixmude et Lichteroeldc6-33, 11-10, 3-40, 3-00. Dixmude-Aü'dte»or<,9-30,2-20,8-45.Nieup-Dm», (bains) 10-43, 4-10. (ville) 7-30,12 00,4-20. Thourout-Osierade, 4-30, 9-13, 1-30, 8-05. (humde-Thourout, 7-33, 10-10, 12 23, 6-13. Selzaete-isec/oo, 9-03, 1-23, 8-23. Eecloo-Seïzaete, 5-33, 10 15,4-22. Gand-Terneuzen, (station) 8-17, 12 23, 7.39 (pnrte d'Anvers) 8-30, 12-40. 7 43. Terneuzen-Gand, 6-00, 10-30,440.- Selzaete-LoAere/i, 9 04, 1 30, 8 30. (le Merer. 5-10 m.) .Lokeren-Ss/raste, 6 00, 10-23, 4 43. (Ie Mardi, 9,30.) C O R B. E IPOIÏDANOE COURTRAIBRUXtLl.eS. BRUTELLBS, COURTRAI. Courtrai dep. 6,37 10,53 12,33 3,47 6,33. I Bruxelles dép. Öfuxelles arr. 9,20 1,33 2,23 6,14 8,34. Courtrai arr. COURTRAI, T0UR.NA1, LILLE. Courtrai dép. 6.37 10,36 2,34 3,34 8,47. Lille dép. Tournai arr. 7,28 11,47 3,48 6,39 9,41. Tournai Lille 7,38 12,08 4,00 6,33 10,00. Courtrai arr. COURTRM, GAND. Courtrai dép. 6,42 12,31 3,44 6,40. I Gand dép. 3,13 Gand arr. 8,01 1,31 5,04 7,36. Courtrai arr. 6,34 5,22 8,02 8,28 10,40 12,21 2,44 3,33 7,36 6,47. 8,44. LILLE, TOURNAI. COURTRAI. 3,13 8,22 11,03 2,22 3,20 5,42 8,56 11,29 2,40 5,39 6,34 9.47 12,26 3,38 0,33 CAND, COURTRAI. BRUGES, GAND, BRUXELLES. Binges d. 6,49exp.12,34, 2,32, 3 43,ex. 6,43. Gand 7,34, 1,49 4-07, 4.28, 7.38. Bruxelles 8,30, 4-00, 0,02, 9-31. Suite. Voir lc numéro précédent. >i On prépara les tables de jeu. ü'aboid jo me contentai de regarder jouer, et c'ctait uniquement par complaisance mais pen a pen je pris ii la par- lie uil intérét plus vi(cel or qui étincdail sur la (able, ces billets qui repréïéniaienl des soiirfties considérables, qu'une carte pon vail faire passer dans ma main, la contagion des passions qui ré- gnaient autour de moi, lout con I r ibua it a jrler en nioi nn trouble iiicoiinii. I.a cupidité, la soif des émotions fiér re uses que donlie le jeu, enlrèrent dans mon ame, et je me senlis prise d'un désir extréme d'interroger la chance et de tenir les carles mon tour. li J'étais placée a cöté d'un homilie a chcveux blancs. a figure respectable, liéias j'ignorais que les joueurs se servenl (le tons les uioyens pour allirer les dupes dans leurs filets. Celui-ci devina bien vile mes mauvaisés pensées, car je n'étais pas sans doute sa première viclime mais il dissimula sa joie avec l'adresse d'un pêcheur qui vienl de prendre un poisson et qui ramène doucement sa ligne au rivage. Le n'était que par complaisance, 1 il, el celapour un moment settlement, qu il me (1) Mainlenant l'orgueil s'est affermi et c'est un temps de chAunierit et de ruine, et de colère et d'in- dignalion. Mainlenant done, mes fils soyez les zélaleurs de la loi et donnez vos aines pour l'alliance de vos pères. Et souvencz vous des ceuvres de vos pères qu'ils ont faitesdans leurs générations, el vous rece- vrez une grande gloire et un nom éternel. cédait les cartes. Le misérable, il connaissait bien l'altrail terrible du jeu. n Jo commencai done a jouer, aidée de ses conseils, et bientöl l'or ruissela devant moi. Je gagnais ii tout coup oil admira mon adresse, on ine félicita sur mon bonheur I... J'étais ivre dc joie, et, quaiid vinl le jour, je rentrai cbez moi le cqeur gonflé de bonhenr, les mains pleines de ricliesses et l'aine enivrée de l'espoir de retrouver le soir mème les emotions poig'nanles <|iii avaienl fad. passer si vile pour moi la unit qui venail de s écouler. .J'avais un vice de plus, j'étais joueuse ii 11 étail six heures du matin quarid je me mis au lil mais j'appelai t-n vain le sommeil. L'agita- Iion fiévreuse que j'avais ëprouvée pendant plu- sieurs beu res durait encore, et je ne pus fermer les yeux. Je me levai dans Pa prés-midi, faliguée, épuiséc, mais loujonrs possédée par la passion du jeu et, avant l'heure (ixée, j'étais déja chez la vi comtesse, assise a la même place oil j'avais eu lant de bonheur il y avail si pen d'heures encore. ii Jlais. hélas les nuils coinuie les jonrnées se suivent et ne se ressemblënt pas Celle-ci, le sort me devint contraire non seulemenl je perdis lout cc que j'avais gagné ia vrille, mais encore line assez forte somme que j'étais allee chercher cliez moi. i> Ici je dois vous faire un aveu, inlerrompit avec embarras la coupable Laure mon mari, avant son départ, m'arait confié deux cent mille francs, qu'il coinptail donbler par les recettes de son voyage et envoyer a son père le jour mème de son retour, pour un payement important donl l'éehéance éluit prochiine ce payement élait une question de vie ou de mort pour notre inaison. n Je ne rentrai encore cliez moi qu'au grand jour cette fois ce ne fut plus le coeur joyeus, les mams pleines, mais l'aine bouieversée de remords el le coeur dévoré d'inquiéludes. J'avais perdu dix mille francs sur le dépot qui m'étail coulié :i Vous serez plus lieureuse ce soir, chère belle, m'avait dit en me quittant la vicomtesse. il lieureuse I il laliait que je le fusse, ou nous élions perdus Avant l'heure dile, je ine présentai chez la vicointesse, toute palpitante d'espoir et en mème temps jileine d'anxiélé. Héias cette truisïème null resseinbla ii fa seconde, et cette malheueeuse veine r dura buit jours. Aussi, la brèche f.iile ii la soumie qui m'avait été cunftée étail-elle énorme, quand je rei;us une lettre de mon mari m'annoncant qu'il relardait de qiielques jours sou retour. ii Je ne suis pas hèiireux, ma pauvre Laure, a m'écrivait-illes rentrees sur lesquelles je comp- ii tuis se irouvent dififérées, quoique je ne puisse n douter do la solvabilité de ceux qui roe doivent. >i Je viens d'en averlir mon père, et je dois attendee ii iei sa réponse pour agir siiivaul s -s instructions. ii Quel bonheur in'écriai-je avec un affreux égoïsme, sans me préoccuper aulrement des in qiiiéindes de mon mari taut la passion du jeu dessèche le coeur I J'aurai le temps de regagner I argent que j'ai perdu, la mauvaise veine n'u qu'un moment, et voila sept jours que la mienne dure par exemple, je le jure, une fois quitte, je ne lien- drai plus ufie carte de ma vie car les angoisses de la perte sul-passent les plaisirs du gain. Les joueurs malheiireux paelent toiijoui-s ainsi mais, une fois sur le bord de l'abiine, rien ne peul les empécher de tomber jiisqu'au fond Ce fut ce qui m'arriva les perles succédèrent aux perles, et la somme considerable que mon mari m'avait conffée étail en grande partie passée d u iis des mains plus lieu reuses ou plus habiles, quand line unit on m'annunga sou retour. ii J'étais, en ce moment encore, occupée a jouer. li Voire mari s'écria en me regardant avec terreur la vicomtesse, qui s'était absentee un mo ment. Je me levai, feoide et glaeée, el je ine disposais a descended pour le recevoir quand l'odieuse femme qui avail piéparc ma ruine, conservant plus de présence d'esprit que moi, arracba les fleurs qui oruaisnl mes eheveux, couvrit ma tête d uii voile, mes épauies d'un manteau, en ine disant. i> Glissez-vous dans voire chainbre sans qu'il vous voie, couchez-voiis vite, et bonsoir n Je sn i vis roachinalemenl ce conseil, car je me senlais tellement troublée, que j'étais incapable de réflécliir, et j'enlrai Sans bruit dans ma chambre pir une porie dérobée dont j'avais la clef. n Maurice s'y trouvaildéja. II marchait a grands pas et paraissait en proie a une vive emotion. ii Laure, me dit-il aussitól qu'il me vit, sans paraitre s'apercevoir de ma toilette ni s'élonner de me trouver encore levée it une heureanssi avancée de la nuit, il faut que je parte sur-le-champ pour 9,38 10,31 1,28 2,49 4,24 3,31 7,21. 8,42. Bruxelles dép. 8,14 Gand arr. 6,00 9,41 Bruges 7,13 10,34 BRUXELLES, GAND, BRUGES. 11,33 3,12 exp. 4,39 oxp. 3,23. 1.13 3,25 4,26 6 37 7,33. 2,38 4,37 3,11 7,22 8,53. la France les mauvaises nouvelles que j'ai dü cn- voyei- ii mon pauvre père ont porté un coup fatal a sa santé déja si affiiiblie; il m'attendavec l'argerit que j ai pu réaliser pour faire face au plus pressé, Remets-moi done la soinme que je t'ai confiée, et adieu Que Dieu nous garde i> Ces paroles de Maurice linlèreiit a mon oreille comme un glas funèbre, et, sans force potir lui répondre, je lombai agenouillée devant lui. a Vite, vite, Laure fit-il sans comprendre la cause de inon désespoir, el croyant que c'élait la douleur dc le quitter qui me brisait ainsi nous n'avons pas le temps de pleurer, mon enfant d'ailleurs. notre separation ne sera pas longue. Tout est préparé, ma chaise de poste, nies paquels, nies pistolets même: je me méfie des voleurs quand ma bourse est trop bien garnie donne-moi done eet argent el prends courage, car, je le sens, le bon Dien sera pour nous. ii Maurice, Maurice, pardonne-moi! m'éeriai- je alors dans un déehiraiit sanglot, je suis une malheureuse I eel argent, je ne I'ai plus ii Que dis-tu s'écria-1-il avec un efifrayant sangfroid et en me serrant le bras comme dans un élau de fer on te I'a done volé ii Non, non, je suis seule coupable répon- dis-je a travers mes larmes. ii El comme il me regardait sans paraitre me comprendre, je lui racontai en pen de mots et ma faiblesse et mon crime. a co.ntixuer).

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1875 | | pagina 1