p.GAIV£ ®ÜQUÜ Mercredi lrDécembre 1875. 10® année. N° 1,035. 3 TRIBUNE RÉSERVÉEO MÊMÊmmili s 2 a: Le Journal parail le Mercredi et le Samedi. Les insertions coiitent 15 centimes la ligne. Les réclames et annoncesjudiciaires se paient 30 centimes la ligne. On trailed forfait pour les insertions par année. Un numéro du journal, pris au Bureau, 10 centimes. Les numéros suppiémentaires commandés pour articles, Réclames ou Annonces, content 10 fr. les 100 exemplaires. CHE M 11 S DE FE IC. 1 OCTOBRE. DECADENCE LIBÉRALE. La presse libérale s'esl donné des peines infinies pour fabriquer un bullelin de victoi- re avec les données électorales du 26 Oclo- bre. Le succés véreux d'Anvers lui fait voir loutes choses couleur de gueux et ne lui per met plus guèie de comprendre Ie langage des fails et de la froide statislique. Celle-ci lui affirme pourtanl que sur trente villes qui ont lutté, vingt-deux ont donné l'avantage aux catholiques el huit seulement a leurs adversaires, que les premiers ont victorieu- sement maintenu leurs positions les plus im- portantcs, el qu iIs ont enlevé aux libéraux, de haule lutle, celles d'Audenarde, de Bru ges, de Malines el de Tongres. Si Ton passé des détails a l'ensemble, les résullals géné- raux, tout compensé, ne sont pas moins salisfaisants. Laissons done les prétendus vainqueurs a la joie de leur triomphe et considérons un instant le prix que la prépondérance acquise en quelques endroils leur a deja coüté et leur coütera encore. Nous sommes loin du temps oü le libéra lisme avec ses allures magistrales, sos pré- lentions au monopoledu progrés et son ap parente modération, savait encore garder un certain décorum. Atijourd'hui il s'appelle gueuserie, el il est forcé par les siens de s'en glorifier tout haul. Pour se preparer les voies, il lui faut la haine contre la foi calho- lique, la violence brutale et l'orgie populai- LA re; le blasphéme et le sacrilege sont au nom- bre des honles qu'il doit stibir, et son chant de guerre est un ignoble appel a la colère contre le prètre. Par une amére ironie, dans cette fange oü il marche, ses chefs les plus huppés sont obligés de palauger cóte a cóle avec la populace qu'ils exploitent, et parfois, quelque repugnance qu'ils en éprouvent, de se monlrer a sa léte. Et la ne doit pas se borner leur chatiment. Dans un parti oü les appélits remplacent les convictions, les habiles se font porter au pinacle par les exaltés, tout en se plaignant parfois, bien 6as, des exigences de ce qu'ils nomment la queue. A leur tour les instru ments se faiiguent de leur róle; ils ne con sentent pas longlemps a dépenser leur zéle au profil del'ambition des meneurs et a remplir humblemenl le róle de marche-pied. Le dé- veloppement des idéés radicales aidant, les auxiliaires de tantót se croienl tenus d'hon- neur a faire prévaloir ce qu'ils décorent du nom de teürsprincipes, ot a leur point de vue personnel, ils aspirent aprés la récom- pense de leurs travaux. Nos hommes ne tra- vaillent pas pour rien, a dit un des conduc teurs de la liberalerie anversoise, et celui Ia connaissait son monde. De la il advient qu'an bout d'un certain temps les burgraves du parti se trouvent dans la dure nécessilé d'ouvrir leurs rangs, en maugréant de plus belle, a cetle basse gueuserie dont ils voulaient bien les services, mais dont les représenlants ne seront jamais a leurs yeux que des intrus, dés l'instant qu'il s'agit de siéger avec eux. Pendant ce temps on sape en commun, avec une ftireur croissante, l'édifice de reli gion el de bonnes mceurs qui seul protégé encore ses imprudents démolisseurs, et ces insensés on rougit de le dire hurlent l'ontrage aprés le prètre et demandent a ètre délivrèsde Ia vermine des papistes! Mais pendant ce temps aussi le radicalisme a fait son chemin et s'est rendu comptede sa puissance. Bientót il ne se contentera plus d'un partage de ce pouvoir qu'il a conquis parses efforts; c'est le lout qu'il lui faudra, et il ri'esl pas deceux qui se feront un scru pule de balayer leurs anciens maitres avec tout l'altirail desoripeaux doctrinaires. Si nous étions destinés, pour notre mal heur, a descendre jusqu'au bout de la pente de la démagogie, plus d'un parmi les con- templeurs de prétres, ouvrirait les yeux quand ce neseraient plus seulement la liher- téet l'éducation, et les moeurs de la familie qui seraient menacées d'un commun naufra- ge, mais que la propriété libérale elle-mème n'inspirerait plus de respect aux logiciens de la doctrine des gueux. II s'agirait de se sau- ver alors; il faudrail une autorité, des vertos, un enseignement, une morale, et l'on serail trop heureux peut-èlre de se réfugier sous le patronage de cette religion tant déteslée LE CAS PIERCOT. Nous n'hésilons pas a le dire, la mestire nouvelle prise par le bourgmestre de Liége esl un audaeieux défi porté a la Constitution au Gouvernement et a la magistrature elle- mème. autrefois, de tendre la main ace papisme si odieusement chansonné. Nous n'en sommes pas la, Dieu merci. La journée du 26 Oclobre a montré au contraire d'une manière éclatante, qu'il ne manque pas de bras pour tenir vaillamment le drapeau catholique, el que les hommes de bonne vo- lonté sont de taille a infliger mainte défaite encore au funeste parti qui trop souvent a con fond u l'audace avec la force. Mais l'ac- complissement du devoir demande de la conslance, du travail, de l'organisation, el l'expérience a prouvé qu'avec ces eléments on peul toujours espérer la viclo re. L'organisaiion suriout exalte les cou rages, affermit les esprits el triple les for ces en les coordonnanten les dirigeant sürement vers leur vérilable but. Victorieux done ou vamcus, remettons-nous a l'oeuvre le lendemain de la balaille; payons la delle du dévoueineni généreusement et avec une con- fiance illimitée en Celui qui nous a fait une obligation de la lutte chrélienne, et le libéra lisme n'aura jamais raison de nous. (Franc de Bruges). Le tribunal de Liége, en effet, venait de fixer, sur le principe en cause, la doatrine canstilution nelle. II dèclarail nettement que le Congrés national, en volant l'article 14 de la Con- slitution, a positivement entendu que la liberie des cultes et celle de leur exercice public 11e pourraient jamais être reslrein- les, méme par une disposition legislative.» et non plus, a plus forte raison, en vertu d'un arrêléd'un bourgmestre. II conslatail ensuite que la procession de St Denis d plus forte raison celle da Chapitre organisée en vertu des pres- criptions dn Pape et de l'évêque de Liége, formait une des conditions nécessaires pour pouvoir profiler d'une faveur accordée par le chef de l'Eglise catholique; que Felait done ld un acte de piélé qui constiluait Cexercice d'un cultequ'il importe pen que cette cérémonie füt consacrée par la tradition ou une innovation; que Carticle 14 de la Constitution donne évidemment aux ministres d'un culte le droit d'en ré- gier f'exercice et que les adherents noi- VENT ÉGALEMENT POUVOIR, EN TOUTE L1BERTÉ, SE LIVRER AUX ACTES QUI LEUR SONT PRESCRITS OU SEULEMENT RECOMMANDÉS. D'aulre part MM. Bara et Laurent pour ne citer que les noms les plus accentués du parti liberal ont netlemenl déclaré et M.Laurent faisait méme cette declaration a regret que l'exercice du culte e/z dehors M Z Z O 22 n Sn z O -=0 s a; 2 CO CO u as Id S as ®MKt« K -*3 SO y« o rn so H CTJ C/2 •H SO pa T3 O a 53 HI O G H W CO O G G 2! O w c* O r» rt sC m c/a -o so P°nar!nf!le"»;preu' ^j'V-OO,9-30,10-35,2-15,3-03,9-20. Ypres-Poperinghe, 6-40,9-07,12-05,3-87,6-30,8-43,9-80. Po- Yn^ Hg! MJ'™UC 7 °3' 12'2S' 4"17' 7 13- - Hazebrouclt Poperinghe-Ypres, 8-33, 9-30, 4-10, 8-23. ïpies Mouleis, ,-30, 12-23, 6-48. Kou Iers-Fpres, 9-28, 1-30, 7-30. °7 o»-5 a OK^e/j. 3 '~34, 1-13, 3,13, 7-36, (9-83. Licliierv.) Lichterv.- Thouroul, 4-23 in. vers Ostende. Bruges-üou- 7 2b, 8-2b, 12-30, 3-00, 6-42. - Lichterv.-CWfrat, 8-23 m. 9 01, 1,30, 3,37 7,21. r pres-Courtrai 8-34, 9-49, 11-13, 2-33, 3-23, Courirai-Ypres, 8-08, 11-02, 2-86, 8-40, 8-49. pres-j nourqul. 7-18, 12 06, 6 20, (ie Samedi a 3-30 du malin jusqu'a Langhemarck). -- Thouroul- Ypres, 9-00, 1-23, 7-43, p ('eSamed' a 6-20 du matin de Langhemarck Ypres). n '".n®'ül' Le louquet-Houplines-ArwerUières, 6-00, 10,13, 12-00, 6-23, Armentières-Houplines Le Touquet-War- P„n°m>nes 7 28, 10,30, 4-10, 8 -40. Cornines- Warnêton 8 43, in 9-30 s. Warnêton-C'onimes 8-30, 9-30, R uirufes! 80-8, 11-00, 12-38,4-40, 6-33. 9-00 s. (Lichlerv.)Bruges-Courirnt, 8-23, 12-80, 8-00, 6-42. u As' Ti'«ï Heysl' (Slalion) 7-23. 11-08, 2-80, 7-38, - (bassin) 7-31, 11-14, 2-36, 7 41- Ileyst, Blankenb,Bruges, o-4-o, o,/o, 11-25, 5-30. Ingelmunster Deyrize Gand3-00, 9-41, 2-18. Ingelmunsier-Deunze, 6-10 2" cl., 7-18. Gand-Deyrne-Ingelmunster, 6-88, li-zo, 4-41. Deynze Ingelmunsler, 1-00. 2* cl. 8 20. Inge munster-Anseghem_, 6-05, 12-38, 6-13. Anseghem-Ingelmunsler, 7-42, 2-20, 7-43. 'c0\L'vl lx,rjJ(le l'urnes et Dunkerke, 6 30, 9-08, 1-33, 8-00. Diin/teri'e-Fur nes-Dix milde et Liehtervelde, 6-33, 11-10, 3-40, b-00. Dixmude-Arieiipor/,9-80,2-20,8-48. Nieup-Zfem, (bains) 10-43, 4-10. (ville) 7-30,12 00,4-20. 1 houroul-Ostende4-30, 9-13, 1-30, 8-03. - Ostende-Thouroul, 7-55, 10-10, 12 23, 6-13. oelzaete-Eecloo, 9-03, 1-28, 8-28. Eecloo-6'e/zaete, 5-38, 10 15, 4-22. Gand-Ternei/ze», (station) 8-17, 12-23, 7,3) (porie d'Anvers) 8-30, 12-40. 7-43. Terneuzen-Gand, 6-00, 10-30,440.- Selïaete-LoAere», 9-04, 1-30, 8-30. (le Merer. 3 10 m.) Lokeren-S«/zaefe, 6 00, 10-23, 4 45. (le Mardi, 9,30.) COB.RK: IPODTDAWOIBI COUriTRAIBRUXELLES. BRUXELLBS, COURTRAI. Courtrai dép. 6,37 10,83 12,33 3,47 6,33. Bruxelles arr. 9,20 1,35 2,23 0,14 8,84. COURTRAI, TOURNAILI1.LE. Courtrai dép. 6,37 10,36 2,54 3,34 8,47. Tournai arr. 7,28 11,47 3,48 6,39 9.41. Lille 7,38 12,08 4,00 6,33 10,00. Bruxellcs dép. Courtrai arr. 5,22 8,02 8,28 10,46 12,21 2,44 3,33 7,36 6,47. 8,44. LILLE, TOURNAI. COURTRAI. Lille dép. 3,15 8,22 11,03 2,22 8,20 Tournai 5,42 8,50 11,29 2,40 3,39 Courtrai arr. 6,34 9.47 12,26 3,38 6,33 COURTRAI, GAND. GAND, COURTRAI. Courtrai dép. Gand arr. 0,42 8,01 12,31 1,81 3,44 3,04 6,40. 7,36. Gand dép. Courtrai arr. BRUGSS, GANDBRUXELLES. Bruges d. 6,49exp.12,34, 2,32, 3 43,ex. 6,43. Gand a 7,34, 1,49 4-07, 4,28, 7,38. Bruxelles 8,30, 4-00, 6,02, 9-31. Bruxelles dép. Gand arr. 6,00 Bruges 7,13 (roman'de MOEURS) par GUILL. LEBROCQUY. I COMPTOIIl MOKT ET ENTERRÉ. Vraiment, madame, ce bonnet vons coiffe a ravir le crêpe est d'une remarquable fraicheur la garniture, a la dernièré mode. Est-co Louise, la modiste du Marché, qui l'a cotifeclionné Pardon, madame de Van huisvous savcz bien que, depuis irois ans, je ne me founds plus qu'a Bruxelles. C'est plus clier, beaucoup plus cher mais on a premier choix, et toujuurs du meilleur gout et a la dernière mode. I'ourvu que je sois bien, mon mari ne veut pas que je legarde a la dépense. La peisonne qui venait de s'exprimer ainsi étail madame Comptoir, une dame d'une quarantaine d'annóes, noire, nerveuse el d'une remarquable affectation dans tout son extérieur. Madame do Vaubois, l'inlerlociitriceélait épouse du bourgmestre de l'endroit, de Bonneterre, une commune qui ne se trouve indiquée nulle part sul les carles de la Belgique, mais qui existe cependant, el que nous désiguons sous ce nom, afin d'éviter toute personnalité. Mme Comptoir étail en grand deuil, et elle se montrait pour la première fois dans eet appareil funèbre, funèbre pour la couleur seulement altendu que Mme Comptoir avait si bien su tirer parli de la coupe,si liabilement su marier lesétoffes, que son deuil aurait pu passer pour une toilette Reproduction inlerdile. Un volume in-12, de 138 pages, édilé par Ch. Lelong, rue du Com merce, 25, a Bruxelles. En venle cliez Vander- ghinste Fussé, a Ypres. Prix 1 frapc. d'apparat. II représentait cerlainement, en écus son- nants, une somine assez rondeleltc. C'est dans lu salie a manger de Mme Comptoir que se lenail cette intéressante conversation. Mais ces dames n'y élaienl pas seules.On y voyait encore Mile Ludovica Comptoir, qui pouvait avoir dix buit priniemps, dans une figure d'un ovale a ravir, des yeux bruns, cheveux idem et un teint d'une écla tante fraicheur puis Mile Zénubie de Vaubois, la belle-sceur de Mme de Vaubois, qui portait trés - vaillamment un age déja fort respectable, quelque chose comme douze lustres puis Mme Dusabre, fille de Mme de Vaubois puis Mme Delaille, une plantureuse ménagèie.qui faisait songer aux vierges flamandes de Rubens, grossics a leur maximum de densité puis enfin, la fille de cette dernière, Mlie Pétrunille, quelque chose de vaporeux et de trans parent, mobile comme du mercure, blonde et minco, élourdie comme une pensionnaire, en dépil de'vingt- deux priniemps liien sonnés. Ces dl verses personncs se trouvent réunies la, sous prelexte de lenir société a Mme Comptoir, pendant la lugubre cérémonie de l'enterrement du vieux Comptoir, le père a M. Comptoir. A Bonne terre il n'éiait ni du mode, ui de bon ton, pour les dames, d'assister aux enterrements. La douleurétait loujours censée les suffoquer chez cl les et c'est pour cela que les amies se róunissaienl chez les pa rentes du mort, afin de célébrer ensemble ses ver lus, de prier pour lui et de pleurer sur son trépas, ce qui signifie, en bon francais, pour voir les toilettes des dames en deuil, pour les analyser a loisir et pour les critiquei a qui mieux mieux. La douleur de Mme Comptoir étail inlonse, a en juger par les fréquenls coups d'ceil a la dérobée qu'elle accordail a la glacé placée par hasard précisément devant elle. L'examen paraissait satis- faisant car, après cliaque coup d'ceil, un sourire imperceptible de satisfaction venait errer sur ses lèvres; quelque chose qui pouvait se traduire ainsi Ma foi, je ne me trouve pas trop mal, et je erois que de longlemps on ne verra plus a Bonneterre tine toilette de deuil en état de rivaliser avec la mienne A ses cótés se tenait sa fille Ludovica. Cel ie c' n'éiait pas moins richement en deuil que sa mère mais elle paraissait atlacher beaucoup moins d'im- portance a ses nouveaux vêtements. Elle les portait avee aisance, sans la moindre affectation, et sans se soucier de demander au miroir ce qu'il en pensait. Elle subiasait les caprices de la mode, sans en être l'esclave. Les yeux baissés, elle ne parlait guère a peine se conlentail-elle de répondre poliment aux questions qui lui élaient adressées son deuil était réel.mais il occupail le fond de soncceur. Elle aimait son grand père, en dépit de la sévérité et de la ru- desse avec laqucllo celui-ci traitnit tout le monde. Et puis, elle suivail do loin l'Office des morts, les cérémonies de I'enierremenl. Son ame priait pour lui, avec les prêlres sou corps seul était présent. II étail visible que, si elle avait élé libre, en dépit de la mode el du préjugé, elle aurait piéféré accom- pagner son père au cimelière. Une autre croix lui élait réservée. Tandis que Mme el Mile de Vaubois achevaienl l'analyse de la toilette de Mme Comptoir, la blonde Pélronille avait pris parlieceite pauvre Ludovica, et l'entretenait, a lort et a travers, des objets les plus disparates. A brüle pourpoint Ma chère Ludovica, que penses-tu des Misö- rables de Victor Hugo Mui Je n'en pense rien. Comment cela N'aurois-lu pas lu 7... Mais, non, fit ingénümenl Ludovica. Est-ce possible Un lel livre Un monu ment! Mais tont le monde a lu cela. Tu es vraiment arriérée. Est-ce ton grand père qui te l'adéfendu?... Mon grarid-père me Inissait, sous ce rapport, pnrfaiiement tranquille, attendu que je n'ai pas mê- rae eu l'envie de lire les Misërables. Mais alors,décidémenl tu veux l'enterrer vive, te séparer du monde qui pense, qui raiionne...,, Tiens, mais... je n'avais pas encore vu... Ion chi gnon Eh bien, Pélronille, qu'y a-t-il Comme il est mince. On dirail que tu ne mets plus de bourrelets de erin. Je n'eri ai jamais mis. Tu neme le feras jamais accroire tout le monde en porte. II me semble que j'ai bien assez de cheveux sans cela. Oui, des naturels til en as même plutót trop; mais ce n'est pas une raison comme cela, lu en as toujours moins quo toules les aulres. Tu trouves Oui si tu veux m'en croire, je le montrerai une coiffure qui t'ira a ravir, avec le noir. Sais-lu que le noir te va très-bien Tes-lu jamais coiffée en cliien- fuu 1 Pélronille, interrompit Mme Victoire Delaille, sa puissanle méro, je crois qu'il sera temps de partir. Maman, n'uilenduns-nous pas le retour du cor tege 7 Tions, je n'y pensais pas. Cioyez-vous quo nous en ayons encore pour longlemps, mademoiselle Lu-loviea 7 Je ne pense pas, madame, fit tristement Ludo vica. Si tu noiis jouais un air de piano, dit étourdi- meul Pélronille. -■ Mais oü est ta tête7 répondit sa more, en lui poussant rudement le bras. En ce moment, la conversation fut interrumpue par les sanglois de Mme Comptoir. Naturelletuent, on avail parIé du pauvre cher défunt on avait énu- méré tous ses merites, loutes ses qualilés, tous ses litres aux regrets des survivants. Cela n'avait pu se faire sans éveiller la sensibililó de Mme Comptoir, qui na l'aimait guère, pourlant, el qui, au fond, mais bien au fond, a son insu même, se réjouissait de n'avoir plus a subir la présence et les caprices de ce vieillard raido, entier, sabtcur, positif comme 3,13 6,34 9,38 10,31 1,28 2,49 4,24 3,31 7,21. 8,42. BRUXELLES, flAND, BRUGES 8,14 11,33 3 9,41 10,34 - ,12 exp 1,13 3.23 4,23 2,38 4,37 3,11 4,89 exp. 8,28. 6 37 7,33. 7,22 8,88. un vieux républicain de Sparle. L'émoiion la domina bientót a tel point, qu'elle ne put plus se contend- tous les yeux se porlèrent sur elle Mme Detaille déboucha uu fiacon de sels Ludovica se précipita aupi-ès de sa mère. De l'air, dit celle ci, il me faut de l'air Ces dames me pardonneront pour un instantac- cómpagne-moi, Ludovica j'irai un moment a ma chambre Mesdames, veuillez m'excuser. El les sorlirent. L'émotion de Mme Comptoir ne fut pas siaffisante pour dissimuler les contours gra- cieux de la taille et les cercles richement arrondis de la crinoline de la dame éploree. Sun émotion était réelle, il faut bien lesupposcr: car comment admettre le contraire 7 Nous devons dire pourtant quo ce n'était pas précisément de l'air que voulait Vlme Comptoir. Ses seenrs et autres pa rentes n'avaienl pas encore fait leur apparition en bas leuis toilettes de deuil n'avaienl élé achevées que fort tard ces dames s'habillaienl. MmeComp- loir brólait d'envie de voir l'cffet qu'elles faisaient. A peisonne elle n'aurait céilé le benefice de les voir avant elle. Elle avait besoin d'air, c'est certain et c'est précisément pour cela qu'elle se rendit direc- temi-nt avec Ludovica a la chambre oü s'habillaienl cos dames. El les sorties, les langues, en bas, fonctionnèrent de plus belle. Les reticences, trop longlemps com- primées, vinrent au jour. Avez vous vu sa robe? Les volants sont mal taillés. Elle se coiffe, que c'est absurde Ludovica élait mieux, mais quelle tenue I Et puis, pas de chignon 1 II valail bien la peine de faire venir ce bonnet de Bru xelles. Cela doit leur coiner assez bel argent. J'étais mieux que cela a la mort de mon oncle. Elle se croil ponilant fort bien Quand j'aurai a me meltre en deuil, je m'airangerai autrement que cela. Tous ces propos volaient de droite, de gauche, sans premeditation, sans méchanceté. Nature prise sur le vif. {A continuer)

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1875 | | pagina 1