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Samedi 18 Dccembre 1875.
10 armee.
N° 1,040.
TRIBUNE RÉSERVÉE O
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Le Journal parait le Mercredi el le Samedi. Les insertions coütent lb centimes la ligne. Les réclames el annonces judiniaires se paient 30 centimes la ligne. On traite d forfait pour les insertions par
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Un numéro du journal, pris au Bureau, 10 centimes. Les numéros supplémentaires commandés pour articles, Réclames ou Annonces, content 10 fr. les 100 exemplaires.
C ES E M I 8 Mi E W E 15. 1 OCTOBRE,
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parvenir le montant, Ie recevront
gratis jusqu'a la nouvelle année, a
commencer du jour 011 Ia demande
et le montant nous parviendront.
UN CARACTËRE DISTINCTIF DU
LIBERALISME.
Observez le libéralisme dans lous les pays
du monde, son caraclère dislinclif est la
Iiaine tie la religion. Dppuis l'homme a
compromis qui se dit calholique et tend
)a main aux oppressetirs de PEglise. jusqu'a
1 al hóe qui blaspheme et qui nie effronlémpnt
la divinité du Christ; depuis le libre-penseur
a phrases qui declare qu'il ne (toil pas y
avoir place pour le prèlre dons la vie
humatnejusqu'a I'ignoble gueux qui hnrle
dans les rues des refrains conlre le Pape;
depuis le blason qui s'esl fait mépriser el qui
a soif de basse popularité, jusqu'a la chemise
rouge qui respire le pillage el le sang; de
puis la cohue des manifeslanls, des glorienx
vainqueurs de processions et des rongeurs
de pèlerins, jusqu'aux cyniqiies qui leur onl
appris le cri de guerre: Ecrasons I'infa-
rne! el qui veulen! étouffer la calhoticisme
dons la boue\ leus precedent de la méme
negation et doiveni porter la responsabilité
des violences du méme esprit de perséculion.
Nous savons ce quits révenl aujourd'hiii;
I un deux nous ia dit assez clairemenl:
La prison, les amendes ei le bannissement
sorit des armes legates; pourquoi ne pas
s'en servir?
La lutte conlre le
ibéralisme, quelque
LA
norri qu'il emprunte est done one veritable
lutte de conservation sociale, dont ('impor
tance sauie aux yeux, pour pen que l'on
fasse attention a l'état de degradation pro-
fonde el de dissolution méme oü peuvent
Lomber, en peu de lemps, les pays qui la is -
sent s'obscurcir dans leur sein la vérité
religieuse et qui ne savenl pas asseoir l'auto-
rilé susses véritables bases.
Dans ce combat, devenu universe!, le
moindre poste mérite d'etre gardé avec one
vigilance infaiigable; l'échcc du jour doit
étre la raison des efforts du lendemain, le
succes un encouragement a preparer de
notiveaux triomplies. La période des cinq
derniéres années de noire vie politique a élé
féconde pour nous en enseignertients de tout
genre.Nous avons conquis nnc belle position;
que noire ardeur a la défendre el it l'affermir
soit digne de noire cause. Le libéralisme est
fatal. Chassé en 1870, paree qu'il élail dc-
nlasqué, el depuis lors plus infeclé encore
de la gueuserie, plus mauvais s'il est possi
ble, ii ne doit pas avoir la preiention de
reparailre. Le pays ne le reprendra.il pas, ii
le connait trop bien, el il a trop souiïert de
lui.
LE LIBÉRALISME DÉMASQUÉ.
Le libéralisme n'ert est plus a déguiser sa
haine conlre I Eglisc calholique et il nous
épargne la peine de le démasquer.
Qu'y a-t-il de plus clair. en effet, et de
plus convaincanl que ces aveux de la Flun-
dre libérale
C'est conlre le Valican, c'esl conlre Ie
i> sysléme papal, c'esl conlre l'uliramonla-
nisme, c'esl contre le cut/iolicismc qui s'csl
idenlifié avec rullramonlanisme que doi-
vént désormais porlcr nos coups. La force
des choses, le courant irrésistible de I bis-
toire, le développemenl logique des prm
cipes de liberie nous a conduits au point
ou ctaient parvenus nos ancèlres du XVb'
siècle. La nécessilé d'une transformation
religieu.se ne se fait passenlir moins vive-
ment qu'alors, Pceuvre des Gueux esi d
reprendre et d achever. x
Et ailleurs:
Nous souhailons a la Belgique de se lenir
a la lèle des nations civilisées. Pour con-
quérir ce rang honorable, il faul qu'elle
reprenne les traditions de son glorieux
passé et qu'elle secoue le joug d'une reli-
f/ion qui n'est plus qu'uu inslrumenl de
domination poliliijtie.
Les comineniaires son! superflus.
LE BANQUET PIERCOT.
Les Gueux qui out résolu de faire beau-
coup de bruit jusqu'aux elect ions prochai-
nes, pour effrayer les tins et pour allirer les
aulres, vont renouveler a Liége leurs bac-
chanales de Gand.
Si les pélerinnges et les processions cDtho-
liquesont élé supprimés dans qnelques-unes
de nos grandes villes, ici par l'atilorilé du
gourdin, la par la lyrannie d'un sairape
doctrinaire, les pélerinages gastronomiques
et bacchiques des Gueux vont leur train.
Les paisibles citoyens n'entendront plus
chanler le MagnificatIe Miserere et les
litanies de la Sainle-Vierge el dés Sainls dans
les rues de Liége. mais iis enlendronl hurler
des blasphemes el retenlir des chants infa.
mes.
Les Gueux veulenl que PEglise se cache
comine an temps des catacombes; lessuc-
cesseurs de Marnix prétendent que la voie
publique leur apparlient et qu'ils peuvenls'y
livrer en mailres a leurs honleuses saturna-
le.s.
Voiia oil nous en sommes, sous le régue
de Péineule qui est devenue le plus grand
pouvoir de noire pays.
Dans la ville méme ou a été commis le
violent attentat anIi-constilulionnei qui n'a
pas encore élé répriiné, les Gueux vont pou.
voir procesioriner a leur aise, puis se rcunir
dans un banquet politique pour fèter i'auda-
cieux magistral qui en est Uauletir.
Une procession de prélres qu'il élait rai.
sonnablemenl impossible de considérer au-
iremenl que comine une cérémonie religieu-
se, a été refoulée par la police dans l'mlérieur
du temple dont elle se disposait a sorlir.
Et cela, paree qu'il a plu aux Gueux de la
qualifier de provocation, de manifestation
politique!
II va êlre permis a ces mèmes Gueux de
provoquer les cailioliques en pleine rue, d'y
faire une procession dont la signification
politique ne sa u ra 11 ét re déniée méme par un
Bara, de chanler a tue-lète dans les rues
conlre lu vermine des prélres ou de récla-
mer la pendaison de M. Malou, el si quelques
calholiques, irrités de ces brulaliié's, s'avi-
sent de faire entendre quelques coups de
silfiet, la méme police qui avait recudeM.
Piercol l'ordre de laisser les anti pèlerinards
sifller et huer librement les processions jubi-
laires. se ruera sur eux, les empoignera et
les colïrera.
Un lel contrasle ne doil-il pas frapper tons
les lionnètes gens?
O justice! égaIié. liberté gueuse!
UNE IDÉE.
GUEUX ET GUEUSES.
Le Courrier de CEscaut dit, a propos de
la transformation denos libéraux en gueux
et gueuses:
Ce nesont plus anjourd'hni des libéraux
qoe nous avons poor adversaires mais dc
véritables gueux, des gueux qoi se font
honneur de cel ignoble nom rmprunlé aux
Vandales qui ont commis tant d'horreurs au
XVIe siècle; des gueux qui, selon les précep-
tes de l'infame Marnix pe Sle-Aldegonde,
dont ils ont fait leur héros, ónt juré d'élouf-
fer l'Eglise dans la boue; des gueux quiyse
sont adjoint des gueuses pour arriver plus
facilement a leur but infame.
Des gueuses! qui aurait cru que des da
mes, que des femmesjjehrétiennes auraient
accepté cette rebulanle qualification?|Mais le
fait existe el nulla de celles qui onl assisté
aux bacchanales de Gand n'a fait entendre
le moindre murmure de^prolestalion lors-
que le chef tie la gueuserie anversoise, Ie
irop eélèbre Van der Taelen.Jes a ainsi
baplisées.
Les femm.es beiges qui ont reen pour la
plupart une éducation chrélienne, se distin-
guaient jusqu'ici par leur modeslie, par leur
réserve, par leurs verlus. C'étaient les senti
ments reiigieux qui donnaienl a leur ame
cette inestimable parure.
A bas la femme chrélienne! sesonlécriés
les gueux, II nous fa ut des compagnes dignes
de nous, Iravaillanl avec nous a I'exlirpation
de la lépre cléricaie; il nous faut des gueuses.
II est passé lo temps oü l'on disail que la
religion était bonne pour les femmes et pour
les enfants. Le progrés a marché; il n'en faut
plus pour les enfants ni pour les femmes.
Et les gueux se sont mis a l'ceuvre. Ils ont
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Poperinglie- Ypres, 3-15,^00,9-30,10-55,2-18,3-05,9-20. Ypres-Poperinghe, Ö-4 >.9-07,1 -2-0:;3-57,6 50,8-43^9-30. Po-
peringhe-llazebrouck, 7 03, 12-23, 4-17, 7 13. Hazebrouck Poporinghe Ypres, 8-33, 9 30, -410, 8-23.
Ypres-Holders, 7-30, 12-23, 6-43. Roulers- Ypres, 9-23, 1-30, 7-30.
Ronlers-ürtójes, 8-43, 11-34, 1-13,3,13,7-30,(9-33. Lichlerv.)Lichlerv.-Thoaroul, 4-23 in. vers Ostende. Bruges-Itou-
7 23, 8-25, 12-30, 5-00, 6-42. Lichlerv.-Courtrai, 5-25 in. 9 01, 1,30, 5,37 7,21.
Ypres-Courlrai 5-34, 9-49, 11-15, 2-35, 5-25, Connrai- Ypres, 8-08, 11-02. 2-30, 5-40, 8 49.
pres-Thouroul, 7-18, 12 06, 6 20, (le Samedi ii 5-50 du maiin jusqu'a Langhemarck). Tnourout- Ypres, 9 00, 1-25, 7-45,
(Ie Samedi a 0-20 du malin de Langhemarck 4 Ypres).
Comines-Warnêton-Le Touquet-IIouplines-Annettitères, 0 00, 10,15, 12-00, 0-25,Armentières-Houplines Le Totiquel-War-
nèlon-Comines 7 -25, 10,50, 4-10, 8-40. Comines- Warnéton 8 43, m 9-30 s. Warnêton-Conunes 5-30, 9-30,
Courtrai Bruges, 8-05, 1 1-00, 12-33,4-40, 6-55. 9-00 s. (Lichlerv.Brnges-CWimi
Bruges, Blankenberghc, Heyst, (Slalion) 7-23, 11 08, 2-50, 7-33, (bassin) 7-31, 11-14
5-43, 8,25, 11-25, 5-30.
ingelmuhsler Deynze Gand5-00, 9-41, 2-15. Ingelmunsler-£)ei/?tze, 6 10 2" cl., 7-13.
I 1-20, 4-41. De.ynze Inge/munster, 1-00. 2' cl. 8 20.
Ingelmunsler-dnseghem, 6-05, 12-33, 6-13. Ausegliem-Ingelmunsler, 7-42, 2-20, 7-43.
Liclilervelde-Dixmjde-Furnes et Uankerke0 30, 9 08, 1-33, 8-00. Dwi^erAe-Furnes-Dixmude et Lichlervelde, 6-33, 11-10,
3 40, 3-00.
Dixmude-i\tc»po»<,9-80,2-20,8-48.Nieup-/)tem, (bains) 10 43. 4-10. (ville) 7-80.12-00,4-20.
Tliourout-Osle«(ie; 4-30, 9-13, 1-30, 8-05. Ostende- Thouroul, 7-55, 10-10, 12 25, 6-15.
Selzaete Eectou, 9 05, 1-25, 8-25. Eecloo-Se/zcre/e, 5-35, 10 15,4-22.
8 -25, 12-50, 5-00, 6-42.
2-36, 7 41. lleyst, Blankenb,Biuges,
Gand-Deynze-Ingelmunsler, 6-38,
Gand-Terneazen, (station) 8-17, 12 25. 7,39 (parte d'Anvers) 8-30, 12-40. 7 45. Tarneuzen-Goud, 6-00, 10
Selzaete-Lokeren, 9 04, 1-30, 8 30. (le Merer. 3 10 in.) Lokeren Selzaete, 6 00, 10-2-3, 4 43. (Ie Mardi, 9,30.
10-30, 440.-
com ai espowdahtcbs.
COURTRAI, BRUXELLES.
BRUXEI.LES, COURTRAI.
Courtrai drip. 6.37 10,33
Bruxellcs arr. 9,20 1,33
12,33 3,47 6,33.
2,23 6,14 8,34.
Bruxëïïes dép.
Courtrai arr.
5,22
8,02
8,28
10,46
1-2,-21
2,44
5,33
7,36
6.47.
8,44.
COURTRAI, TOURNAI, LILLE.
Courtrai dép. 6.37 10,56 "2,54 3,34 8,47.
Tournai arr. 7.28 11,47 3,48 6,39 9,41.
Lille 7,38 12,03 4,00 6,35 10,00.
Lille
dép.
lie
Tournai
Courtrai arr.
LILI.E, TOURNAI, COURTRAI.
3,13 8,22 11,03 2,22 3,20
5,42 8,56 1 1,29 -2,40 5,39
6,34 9.47 12/26 3,38 0,33
COURTRAI, GANO.
Courtrai
Gand
dép
arr.
6,42
8,01
12.31
1,31
3,44
3,04
6,40.
7,50.
BRUGES, GAND, RRUXELLES.
Binges d. 0,49exp.12.34, 2,3*2, 3 43,ex. 6,43.
Gand a. 7,34, 1,49 4-07, 4/28, 7,38.
Bruxelles 8,50, 4-00, 6,02, 9-31.
Bruxellcs dép.
Gand arr. 6,00
Bruges >i 7,13
(roman de sioeurs)
par GUILL. LEBItOCQUY.
Suite. Voir le numéro précédent.
II.
POM ME DE DISCGRDE.
Pendant que. Gaspar- 1 nuoii son idéé, que Pélro-
nille admire Gespard et que D.-iaïllp rebourie sa
pipe, disons en deux mois la raison de l'animosilé
de madame Detoille conlre les de Vaubois et les
Comploir.
II y avail de cela pen de mois. Alexandre de
Vanbois, jeune célibataire de 33 ans, sans grands
préliminaires, se mit a faire la ennr a Pélronille. 1|
faul ajonler que les Detaille passaient pour riches,
lis l'claient, c'est vrai, mais de loin pas aulanl que
cs Comploir lis s'élaient fail de bolles rentes dans
Ie commerce des épiros, en vendant du snere el de
la caneile. lis avaient, en oulre, hérilé d'un oncle,
q ui avait eu le bon esprit de mnurir sans enfanls.
La rumour publique disait que M. Alexandre de
Vaubois visait a posséder une riche hérilière, e'
Reproduction inlerdite. Un volume in 12,
de 138 pages, en venle cIipz G Lebroequy, libraiie,
Place de Louvain 5, a Bruxelles, et cliez Vander-
ghinsle Fossé, a Ypres. Prix 1 franc.
que P t r o n i 11 e lui avail semblé digne de ses atten
tions, pour le bon motif qu'elle élail fille unique.
Quoi qu'il en soit, les Deluille avnient pris les
aviincos de M. Alexandie au sérieux. Lu perspec
tive de-ceite alliance les flattail énormément: unir
le sang des de Vaubois ou song roturicr des Detail le
c'éiait d'un seul coup réha bi liter loule la race.
Non que les Détaille avaient nnn médiocre idéé
de leur valeur intrinsèque, madame Victoire sur-
lout! Hisséesur ses rentes, elle se croyait au moins
l'égale des plus huppées de Bonnelerre. Et, depuis
que Detaille avail élé promn, par le suffrage du
corps electoral, a la dignité d'échevin de la com
mune, son ambition ne connaissait |iius de hornes.
Elle révail déja pour lo gras Detaille une échaipe
de botirgmesire. Quelle écliarpe il aurail fallu! Deux
écliarpes attachées bout a bout, eussent a j>cine
suffi, mois la n'élait pas la question.
On éVait aux pelils soins avec Ie bel Alexandre,
on le flattuil; on ne connaissail pas pour lui, d'al-
leniions assez délicates. Detaille lui réservail son
medleur Bourgogne; mais Alexandre n'aimait pas
le vin. Pétronilie lui brodail des panloufles, des
gilets, des cravales; Madame Victoire Peilt volon-
ti-'i-s embrassé a chaqne visite, sur les deux joues;
mus il ne tenail guérc plus a ces demonstrations
par trop expausives qu'au Bourgogne du mari.
Bref, on ètait aux anges, on lëvail des jours lissus
d'or el de soie.
Ilelas! pourquoi faul il qu'en ce bas monde le
bonhcur soit si fragile, si fugitif, si inconstant' Un
beau jour, Alexandre partit pour Bruxelles, sous
prélexte d'affaires imporianles. II y resta trots
mois, laissa sons réponsc les lettres parfumées et
éplorées de Pétronilie, ct, tentré a Bonneletre, il ne
CONTRASTTE.
remit plus les pieds cliez les Detaille. On n'a jamais
su pourquoi.
Mais, a portir de son retour, il avait reporléloii-
tes ses assidtiilés cliez Comploir; il cbercliait a se
rendre aimable aupiès de la paisible Ludovica,
l'accablait de ses importunilés: si bien que lo brui;
courail dans tout Bonneterro qu'il lui faisait la cour,
et que le manage ne pouvail plus se faire atlendre
loogtemps.
Il fuut convenir, les apparences élaient toules en
faveur de la rumour publique. Ou soit bien vile
lout, daus une pelile ville: lout ce qui existe, et,
trop souvent anssi, tout ce qui n'exisle pas. Ce
n'élait pas le cas ici. Alexandre avait sérieusemenl
jelé les yeux sur Ludovica; il n'altendaïl que le
moment favorable pour lui faire sa declaration en
bonne et due forme.
Cettc volte-face, ceite traliison avail révolté l'ame
de madame Detaille. Faire inenlir ainsi ses plus
chères espérances; c'étail d'uue uoire du pl ici té
Aller porter cliez les Comploir un litre, un nom
doul les Detaille seuls étaient dignes, c'esl ce qu'une
clirétienne de la force de madame Victoire ne pou
vail pardonner.
Quant a Pétronilie, elle en avait bien vite pris
son parti. Son imagination vagabonde n'avail vu la
qu'nn de ces chevaleresques incidents, si fréquents
dans la vie des jonnes fides belles, aimanlcs, a
nature poétique. Elle ne désespérait pas de trouver
ailleurs un plus noble, un plus digne chevalier de
ses pensees.
Tour Detaille, il avait bu depuis ce jour un pen
peu plus de Bourgogne, sons prétexle de noyer son
chagrin; nu fond, parce qu'il n'y voyoil que du feu,
qu'il était trop materiel pour avoir une volonté fer
me, ou seuiemenl une omliition énérgique Sr fem
me se chargeait de former toutes ses convictions
politiques; elle lui tin (ja it son programme; et Ic plus
souvent, pour avoir au moins la paix du ménage
pour jouir du droit de Immer paisiblement l'après
midi ses deux bouleillcs de Bourgogne, il obéissail
servilement, perinde ac cadaver il regimbait bien
un peu, dans In forme, pour sauver les apparences,
mais, en réalilé, il était de notoriété publique a
Bonneterro que c'étnit nou pas lui, mais sa puissante
moitié qui poriait le vèlement indiipensablo que les
Anglais ne nomment pas: lui seul avait eu la bon.
bijmie ou Ie bon sens de ne s'en étre jamais apercu.
Done, l'excellente madame Detaille en vouluii
aux Comploir, loc. au moins aulanl qu'aux de Vau
bois. Elle accusait ces derniers de lui avoir ravi un
bien qui ne devait apparlcnir qu'a sa fille. Elle
chercbait par lous les moyens possibles une pontine
dëdiscorde entre les de Vaubois et les Comploir.
La question de la Tribune réservée, si gauchemen;
évoquée Ie malin par sa fille, avait élé pour elle un
trait tie lumièr'e. Ei le avail saisi, avec une rare
intuition, tout le parti qn'on en pouvail tirer II
s'agissait s.eulemenl de manoeuvre!' habiiemenl, afin
d'atteindre plus sürement le but, sans sn compro-
mettre. De la son impatience febrile, quand Gaspard
avait dit. J'ai une idéé!
III.
L'idée était suflisamment murie, Gaspard vida
un nouveau verre de Bourgogne, prit une pose
pleine dc dignité, un ton soiennel, ei dit:
GANDCOURTRAI.
Gand dép.
Courtrai arr.
5,13
6,34
9,38
10,51
1.28
2,49
4.24
3,31
7,21.
8,42.
BRUXELLES, GAND, BRUGES.
8, I 4
9,41
10,34
11,33
113 3,23
2,38 4.37
3,12 exp. 4,39 exp. 3,28.
4/26 6 37 7,33.
3,11 7,22 8,55.
Monsieur Detaille est ëchevin de la commune,
t'ien ne l'empêche d'user de son initiative et de faire
une proposition tondant a ce que la Tribune soit
inise en adjudication publique, en location annuelle,
si on vent, au profit du plus offrant.
Monsieur Detaille sonant de sa lorpeur:
Impossible! dit-il d'une voix caverneuse.
Impossible, César, et pourquoi, s'il vous piait?
Prcférez-vous vous laisser écraser par les de
Vaubois? Avez-vous done oublié déja l'aff'ront que
M.Alexandre a fait a'noire fille? Voulez vous que
nous devenions la risée de Bonneterre? Ainsi dit
madame Detaille, se redressant sur ses deux colon
nes torses, l'oeil injeclé, Ie poing menacant.
Maman, ne te factie pas, dit la suave Pétro
nilie; tu sais bien que papa est raisonnabie: il fera
tout ce que tu voudras.
Eli bien alors, ma fille, qu'il ne dise pas que
c'est impossible.
Je déclare, fil César, se redressant a son tour
ct vidant son verre, que je préfère ma tranquillilé a
toutes vos rivalilés dont je n'ai que faire; je ne vcux
pas me comprnmellre au Conseil, et jo n'ai nulle
envie de perdre le procés que j'ai pendant devan
la commune.
Papa, ce sont la des considéralions matérielles
et secondaires, hasarda la poétique Pétronilie.
Secondares! inon repos, ma tranquillité dans
mes vieux jours, apiès avoir travaillé comme je l'ai
fait pendant tant d'années! Secondaire! un procés
qui represents cinquanle mille francs! Vous n'y
penscz pas, ma fille; vous raisounez commc un
enfant.
(A continuer.)