m i m '^ËÉzi/tJSk mm* N° 1,042. 10e année. Venclredi 24 Decembre 1875. TRIBUNE RÉSERVÉEO K lÉÈÊÊÉmÈmi Le Journal parait le Mercredi et le Samedi. Les insertions coülent 15 centimes la ligne. Les réclames et annonces judieiaires se paient 30 centimes la lignc. On traite d forfait pour ies insertions par année. Un numéro du journal, pris au Bureau, 10 centimes. Les numéros supplémentaires commandés pour articles, Réclames ou Annonces, coülent 10 fr. les 100 exemplaires. CHEMISTS BE EE 16. 1 OCTOBRE. DOCTRINARISME ET SOCIALISME. Le doctrinarisme semble parfois répudier la Revolution; mais ce ne sont la que de vaines paroles, et i! n'en demeure pas moins loujours fonciérement révolntionna iro. El comment en serait-il autrement? L'essence de la Révolution c'est la haine du calholicis- me; et celte haine n'est-elle pas aussi le principe fondamental du doctrinarisme Aussi voyons-nous loujours, du moment oü il s'agit de combaltre l'Eglise, doctrinaires et radicaux, libéraux conservateurs el démo- lisseurs socialistes, marcher la main dans la main contre l'ennemi commun dont ils onl juré la perte. L'jEcho du Parlementeet organe patenté du doctrinarisme gouvernemental, sait au besoin emprunler le langage et le program me des partisans de la liquidation sociale. C'est ce qu'il vient de faire derniérement encore en rendant compte, par l'organe de son correspondant parisien, d'un pamphlet révolutionnaire intilulé: Les Classes diri- geanleset écrit par M. Charles Bigot, qu'il appelle l'un des collaborateurs les plus distingués de la Revue politique el lité raire. Voici l'un des passages qu'il cite en leur donnant sa plus enliére approbation La Jutte est engagée entre le siècle el le catholicisme; c'est Ie catholisme qui l'a voulti. Les idees nouvelles, les aspirations des classes longtemps opprimées, irouvenl aujourd'hui dans le catholicisme leur plus vigoureux adversaire. II ne peut plus ètre la religion d'une sociélé oü la démocratie coule a pleins bords. En s'alliant au fort contre le faible, au riche contre le pauvre, a celui qui veut conserver pour lui seul les hens de la lerre contre ceux qui demandent a en avoir leur part, en parlant saus cesse aux pelits de leurs devoirs el jamais de letirs droits, em prêchant lunidement aux foils la charité el jamais la justicele catholicisme na pas seulemeul meuti a sa sublime origi ne, il s'est suicidé. LA Reprocher au catholicisme de s'alher a celui qui veut conserver pour lui seul les biens de la lerre contre ceux qui demandent d en avoir leur part, n'est-ce pas pari er comme le fait le socialisme partageur? Vott- loir remplacer la charité par la justice, n'est ce pas réclamer un nouvel ordre social et une nouvelle organisation de la propriélé? Le livre de M. Bigot, renferme, dit I'Echo, plus de sagesse en trois cents pages que beaucoup de gros volumes. Nous ne savons cependant si tous les amis de I'Echo nes'effraieront pas quelque peu des conseils que donne celte sagesse radicale. Les doctrinaires, en effet, méritent a bien plus juste tit re que les calholiques les repro- ches que M. Bigot fait a ces derniers. II est vrai, le calholicisme enseigne aux petils la résignation el le respect des lois sociales; mais en mème temps il prêche, non pas timidemenl. mais énergiquement la charité aux riches, et sa parole ne reste pas stérile comme les pompeuses declamations de la philanthropic libérale el le multiplie les dé- vouements, el le fonde des oeuvres innombra- bles, el l'on peut dire qu'il n'est pas une douleur au prés de laquelle ellc n'ait placé une main consolatrice. II n'en est pas ainsi du doctrinarisme. II aflirme prendre a cceur les intéréts du peu- ple; mais lous ce qu'il fait pour lui, c'est de lui eniever les consolations de la foi el de l'abandonner ainsi aux perfides suggestions de ia propagande révolutionnaire. El quand, inslruit a l'école du publiciste de lbEcho, il viendra proclamer son droit et réclamer, au nom de la justicesa part dans les biens de la lerrele doctrinarisme devenu subitemenl conservateur, lui répondra a coups de fusii et se réfugiera sous Ia protection du gen darme. Et alors les petils apprendront ce qu'ils ont gagné en échangeant la charité catho- lique contre la justice doctrinaire. Comme complément anx lignes qui pré cédent nous croyons devoir meltre sous les yeux de nos lecteurs quelques extrails d'un journal socialiste et révolutionnaire qui a l'audace de s'intituler l'AMI du Peuple Nous devons menlionner que la ville de Gand croil encore a l'utilité du tribunal des Prud hommes; la Section Ganlotse de l'Inler- nationale a mesuré ses forces et a oblenu une grande vicloire- Voici ce qu'on nous écrit de cetto ville: Gra.nd triomphe de CInternalionnale a Gand. Voici le résultat vraiment splendide des élections pour le conseil des Prud'liom- mes, qui ont eu lieu a Gand, le 12 Septembre dernier. Tons les candidats proposés par la Section Gantoise ont obtenu les trois quarts des voix, Nous conslatons avec plaisir que Internationale gagne du terrain parlout. Voila ce qui prouve que l'lnternationale n'est pas morle, el qu'elle devient mème plus audacieuse que jamais. Et c'est ce moment que le libéralisme choisit pour battre tn brèche la religion calholique el pour fournir aux socialistes desarmes pour la combaltre! Ne faul-il pas êlre frappé da verlige pour se conduire de la sorte? LA FRANC-MACONNERIE. Au moment oü se cons trui i, en nol re ville, rue Juste-Lipse une nouvelle loge maconnique, ie Libéral a send le besoin de battre la grosse caisse en faveur des sociéiés secrèles. Le voyage du prince de Galles dans l'Inde anglaise lm en a fourni l'occasion. 11 se plait a rappeler que, depuis un an, ce prince est grand-maitre de la maconne- rie du Royautne-Uid il recueille comme un oracle quelques paroles élogieuses pour cette ténébreuse association, que l'héritier présomptif de la couronne d'Anglelerre vient de prononcer a Bombay; et il ajoute: La franc-maconnerie est si souvent représentée par les journaux cléricaux comme le fléau des peuples et la terreur des rois que nous avons jugé bon de rapporier ce qu'en pense le futur roi de la vieille et conservatrice Angleterre. II ne nous sera done pas difficile de mon- trer que le litre de grand-maitre conférè au prince de Galles et les éloges décerués par ce prince a la franc-maconnerie ne prouvent absolument rien en faveur de celte secle. Si des princes ont accepté le tilre de grand-maitre et de protecteur de l'ordre maconnique, cela prouve simplement qu'ils ont cru devoir user de ménagetnenls envers une sociélé qu'ils redoulent. Mais ils se Irompent élrangemeut s'ils prennent leur tilre au sérieux et s'ils se croienl parfaitement ronseignés sur ce qui se passé dans les temples mystérieux de l'ordre. Draeske, une des sommités de la maconnerie allemande nous l'apprend: On peul n'ètre qti'un profane, quand mème on serail décoré de tous les insignes et assis a l'Orient. Les loges directrices de l'Allemagne adres- sèrent de leur cóié a leurs sceurs une circu laire oü on lit: li sera permis a une ou plusieurs loges de se choisir un protecteur, mème étranger d la condition toutefois que celui-ei ne leur donne jamais d'ordre et ne s'ultribue aucune espèce de direction Weissbaupt, le réformateur de la macon nerie, comprenait tellement l'imporlance d'écarler les souveraius, qu'il avail expressé- ment défendu de les inilier au-dela du grade d'llluminalus major. On Irompe done les princes en leur laissant ignorer Fexistence, les rites el la tendance des grades supé rieurs. La maconnerie allemande, après le con gres maconnique de Wilhelmsbade, adressa aux loges une circulaire oü se trouve le passage suivanl: On a attiré des princes dans le sein des loges et une grande multitude a suivi ces fantörnes... Ils ne sont pas capables de donner une expli- cation claire et satisfaisanle des hiéro- glyphos maconniques^M't/A'ne connaissenl pas eux-mëmes. On lit encore au 3e grade chapilral du système des Trois Globes Ia recommandation suivantc: Gardez-vous de révéler a qui que ce soit, voire mème au grand-maitre de loutes les logesla moindre chose de ce que vous apprendrez lei. Et le récipiendaire, d'aulre part, prète le serment suivant: «Jo jure de ne jamais dévoiler les secrets a personne, pas mème au grand-maitre de lout l'ordredés que je ne Ie verrais pas reconnti par les autres loges écossaises, ou que les chefs de ces loges ne me I'aient pas fait rccon- nail re comme tel. Enfin Venturini, dans son hisloire de la franc-maconnerie, s'exprime comme suil c L'entrée des souverains dans l'ordre est de trés-bon augure, quo!qu'ils ne puissenl conlribucr d la construction du r> temple maconniqueqtioiqu'il nous faille x subir le spectacle des brillants insignes attachés a leur boulonnière, ils sont trés* précieux pour l'ordre, soit a cause de leurs richessessoit d cause de leur im- mense influence... Puissent nos augustes bötes êlre loujours dispensés de travailler d la sueur de leurs fronts el conlinuer d rester mucts et inaclifs comme la poupée de Martin. Leur présence produit d'assez heureux elïets, sur ceux-la surtoul a qui il en coüte déja beaucoup de faire quel- que chose d'utite dans l'ombre et le si- lence. Oü ils disparaissent, l'édifice est menacé comme une nrche sans reine. Poperinghe- Ypres, 5-18,7-00,9-30,10-55,2-15,5-05,9-20. Ypres-Poperinghe, 6-40,9-07,12 03,3-87,6 50,8-45,9-50. Po- peringlie-Hazebrouck, 7 03, 12-23, 4-17, 7 13. Hazebrouck Poperinghe-Ypres, 8-38, 9-30, 4-10, 8-23. Ypres-zfoiifers, 7-30, 12-23, 6-43. RouIers- Ypres, 9-28, 1-80, 7-80. Routers-/frizzes, 8-43, 11 -34, 1-13, 8,15, 7-36, (9-35. Lichterv.) Lichterv.- Thouroul, 4-23 m. vers Ostende. Bruges-Rou- 7 23, 8-25, 12-50, 3-00, 6-42. Lichterv.-Courtrai, 5-25 m. 9 01, 1,30, 5,37 7,21. Ypres-Courtrai 5-34, 9-49, 11-15, 2-35, 5-23, Courtrai- Ypres, 8-08, 11-02, 2-56, 5-40, 8-49. Ypres- Thouroul, 7-18, t2 06, 0 20, (le Samedi a 5-30 du matin jusqu'a Langhemarck)Thouroul-Ypres, 9-00, 1-25, 7-43, (Ie Samedi a 6-20 du maiin de Langhemarck a Ypres). Comines-Warnêton-Le Touquel-llouplines-Araentóères, 6-00, 10,15, 12-00, 6-23,Armentières-Houplines-Le Touquet-War- neton-Comines 7 -25, 10,80, 4-10, 8 -40. Comines- Warnêton 8-45, m 9-30 s. Warnêton-ComMtes 8-30, 9 30, Courtrai-Bruges, 8-05, 11-00, 12-33,4-40, 6-53. 9-00 s. ^Lichterv.)Bruges-Courtrai, 8-23. 12-50, 5-00, 6-42. Bruges, Blankenberghe, Heyst, (Slation) 7-25, 11 08, 2-50, 7-33, (bassin) 7-31, 11-14, 2-86/7 41. Heyst, Blankenb,Bruges, 5-45,8,25,11-25, 3-30. Ingelmonster Deynze-Gand, 5-00, 9-41, 2-15. Ingelmunster-_Det/rc.se, 6-10 2" cl., 7-15. Gand-Deyme-Ingelmunsler, 6-88, 11-20, 4-41. Deynze Ingelmunsler, 1-00. 2' cl. 8 20. Ingelinunster-dzïsey/iew, 6-05, 12-55, 6-13. Knseghem-Ingelmunster, 7-42, 2-20, 7-45. Lichiervelde-Dixiriade-Furnes el üunkerke, 6 30, 9-08, 1-33, 8-00. DuM/cer/ce-Furnes-Dixmude et Lichtervelde, 6-35, 11-10, 3-40, 5-00. Dixmude-Me«port,9-50,2-20,8-45-. Nieup-ZKaiz», (bains) 10-45, 4-10. (ville) 7-30,12 00,4-20. rhouroui-Ostende, 4-50, 9-13, 1-80, 8-03. Ostende-Thouroul, 7-55, 10-10, 12 23, 6-15. Selzaete Eecloo, 9-05, 1-28, 8-23. Eecloo-Selzaete, 5-35, 10 15, 4-22. Gand-Terneuten, (station) 8-17, 12-25. 7,30 (porto d'Anvers) 8-30, 12-40. 7-45. Terneuzen-Gand, 6-00, 10-30, 440.- Selzaele-Lo/iere», 9 04, 1-30, 8-30. (le Merer. 5-10 m.) Lokeren-Se/zaêf«, 6-00, 10-25, 4 48. (Ie Mardi, 9,30.) COKB.E COURTRAI, BRUXELLES. Courtrai dép. Bruxelles arr. 6,37 9,20 10,33 1,33 12,33 2,23 3,47 0,14 6,35. 8,34, BRUXELLES, COURTRAI. Bruxelles dép. 8,22 8,28 12,21 8,38 Courtrai arr. 8,02 10,40 2,44 7,36 6,47. 8,44. COURTRAI, T0URNA1, LILLE. Courtrai dép. 0,37 10,86 2,54 5,34 8,47. Tournai arr. 7,28 11,47 3,48 6,39 9,41. Lille 7,38 12,08 4,00 6,33 10,00. COURTRAI, GAND. Courtrai dép. Gand arr. 6,42 8,01 12,31 1,31 3,44 5,04 BRUGES, GAND, BRUXELLES. Bruges d. C,49exp.12,34, 2,52, 3 43,ex. 6,43. Gand a. 7,34, 1,49 4-07, 4,28, 7,58. Bruxelles 8,50, 4-00, 6,02, 9-31. LILLE, TOURNAI, COURTRAI. Lille dép. 8,15 8,22 11,03 2,22 8,20 Tournai 5,42 8,56 11,29 2,40 5,39 Courtrai arr. 6,34 9.47 12,26 3,38 0,33 GAND, COURTRAI. 6,40. I Gand dép. 5,15 9,38 1,28 4,24 7,21. 7,50. I Courtrai arr. 6,34 10,51 2,49 5,31 8,42. BRUXELLES, GAND, PRUGES. 8,14 11,83 3,12 exp 9,41 1,13 3,23 4,26 10,34 2,38 4,37 5,11 Bruxelles dép. Gand arr. 6,00 Bruges 7,13 4,59 exp. 8,28. 6 37 7,33. 7,-22 8,55. (roman de moeurs) par GUILL. LEBROCQUY. Suite. Voir le numéro précédent. V. EFFET DE CHAMPAGNE. Detaille revint arec deux bouteilles de Cham pagi e mousseux. 11 est enfoncé, soulïla Vicloire, a l'oreille de PétroniIIea eet aspect. Enfoncé 1dit Pét ronkt le avec extase. Enfoncé répéla Gaspard, a mi-voix, mais avec conviction. La première bouteille de Champagne fut déhou- chée avac fracas les verres se vidèrenl comme par enchatitement M"" Vicloire observait Detaille Reproduction interdite. Unvolume in-12, de 158 pages, en vente chez G Lebrocqu'ylibraiie. Place de Louvain, 5, a Bruxelles, el chez Vander- 1^,»ghinste Fosse, a Ypres. Prix 1 franc. comme pour attendre le moment favorable de la reprise des bostililés Pétronille regardail Gaspard d'un ceil langoureux d'un regard de carpe an délire Gaspard admirait sa propre main, sa main sans défauls, ses ongles d'un briljant de nacre, allonges, arrondis, dépassant les phalanges d'un demi centimetre. II nage dans un océan de poésie, pensail silencieusemenl Pétronille. Les premiers verres de Champagne ingurgités, Detaille seniii insensiblcment se dilater les fibres de sa grosse enveloppe les idees lui vinrenl a tor rents un bien-être inaccoutumé s'empara de sa personne il lui sembla qu'il n'était plus ni gros ni gras el qu'il suivrait bien un lièvre a la couise l'avenir lui apparul tout rose. Des velléiiés d'atnbi- lion, d amour-propre, de préséance s'emparèrent de sa personne en un instant, il eut mesuré loute l'élendue du passé, résumé lout ses griefs contre les do Vaubois et les Comptoir. II se sentail capable de luller contre eux u force egale ses craintes lui semblaienl puérilos. Rien ne prouvail qu'il dut iné- vitnblement perdre son procés et puis, n'étail-il pas independent assez? n'avait il pas assez de di- gnité dans l'ame pour subir une pareiile perte La victoire, I'llumiIiation de ses ennemis serait-elle achetée trop cher, au prix de son repos el d'une partie de sa fortune Touies ces idéés se pressaient lumultueusement dans son imagination. Pour se donrier du cceur, il fitsauter le bouchoa da a seconde bouloille emplit les verres, se leva el dit Je bois a la santé de notre excel'ent ami, M. Gaspard, et j'espère que nous pourrons lui don - ner bientót encore un autre nom'. Petronille fit semblant de rougir et de baisser les yeux; Gaspard élait plus qu'embarrassé Detaille allait réellemeut trop vite e» besogne. M"'c Vicloire, qui n'avait pas entièrement rcnoncó a l'espoir de voir revenir le bel Alexandre une fois la brouille consommée entre les Comptoir et les de Vaubois, ne partagoa pas tout l'enthousiasme de son mari. Elle sauva la situation, en revenant, pour toute réponse, a son idéé fixe El la proposition au conseil communal, done, mon doux lapin, tu n'en pailes plus c'est pourtant ce qu'il y a de plus urgent Elle avail dit mon doux lapinI C'élait le petit nom de leurs premières amours ce nom si tendre ne revenait plus qu'a de ra res intervalles. J'y léfléchirai inurement, mon ange, dit il. Non.César, il ne faul pas y réfléchir Demain, ce serail peut êlre trop tard. Mais c'est une si grave résolulionmon ange, dit il avec tendresse. II élait réellemeut illuminele gros homme Illumines ils l'étaient tous, qui plus, qui moins. Gaspard cl Pélionille faiaaient de la poésie ensem ble, dans un coin. Pélionille ait allée cheicher une jolie bolle bleue ut rose, dans laquelle elle éle- vail, pour ce poétique Deslourbes..., d'affreuscs chenilles, touies velues el repoussantes. C'est que Gaspard avait, entre autres, l'inno- cento manie de colleelionner des papillens. II avait cunslilué Pélionille en succursale, et celle-ci était trop heureuse d'un rölo si honorable. Elle avait fabriqué elle mème la boiie bleu rose, el elle venait triomphalement l'offr r au chevalier de ses pensees. Elle avait compris d'inslinct tont ce qu'il y a de poétique dans la chasse anx p;> pi I lons cel ètre élhéré, qui semble déja ne plus apparlenir a la lerre! cette 11eur vivantc, ce bijou é.iucolant, qui rcflèle au soleil touies les couleurs de l'arc-en-ciel, qui brille de tout l'éclat de l'or du diamant de l'éme- raude du rubis et du saphir. Elle aimait a les sui- vre, en imagination, prenanl leur vol vers la voute sans lond, lulinant dansles nuo's, se pourchassaut dans les espaces immenses de l'air Le papilion, c'élait son vivant emblème. a la né- buleuse Petronille. Elle aussi, elle avail vécu trop longtemps de la vie des chenilles. Grace aux romans francais qu'elle avait absorbés a large dose, elle avait réussi a briser l'écorce de sa chrysalide elle cotnmencait a vivre de la vie de l'esprit, de la vie du cceur, de la vie de la pensee II ne lui manquait plus que des ailes mais grace au feu sacró que Gaspard allumait en elle giacc, en ce moment, au Champagne de son père, cela ne pouvait plus larder. Un ceiiain clialouillement dans la region des épaules somblait lui présager a qu'elle avait quelque chose ld. Souduin la mère Viens, Petronille, viens embrasser ton père, c'est le mciileur des hommes. II fera la motion au conseil communal, il me l'a proinis. Les de Vaubois et les Comptoir vont rire jaune. Pétronille embrassa, sur ses deux grosses joues, sou gros papa celui ci pleuruil a chaudes larmes. 11 élail si sensible.el si éinu A cel aspect, l'émoliun devint générale; Mme Vic loire pleurail aussi Pélionille faillit avoir une attaque de nerfs. Gaspard seui conservait plus de cal me et de dignité il avail le vin froid. II se rójouissail inlérieuremenl du succès de son idee sufiisamment mürie, et il en caiculait les consé- qnences. Voyant que l'émolion ne se calmail pas et qu'on oubliail de servir le café, il prélexta qu'il avail a donner une Iccon, pril sous son hras la boite noire qu'il avait apportéc et la boite bleu rose, serra la main a lous les membres de la familie échangea un regard significalif avec Pétronille et se retira, sans Irop porler exléricurement les signes des rasa- des réiiérees auxquelles il venait de se livrer. II renlra direcleinent chez lui. II avail a réfléchir el a combiner son plan de bataille. (A conlinuer.)

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1875 | | pagina 1