PRIME.
LES BANDITS A1ÈRICAINS.
Mercredi 17 Janvier 1877.
12e année.
rCx A N t
le Journal parait le Mercredi et le Samedi. Les insertions coütent 18 centimes la ligne. Les réclames et annonces judiniaires se paient 30 centimes la ligne. On tralie d forfait pour les insertions par année.
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La Journal de Liége prélend connaitre les
bases de la réforme éleciorale que M. Malou
doil prochamement présenter aux Chambres.
Ces bases, il les résumé dans les termes
suivanls:
1° Réforme de cerlaines lois d'impötset
retraitdu droit de patente comme élément
du eens.
2° Obligation pour l'électeur de faire son
billet lui-même.
Nous admeltons volontiers que la législa-
ture intervienne pour réprimer les declara
tions frauduleuses de pn ten les qui, a Anvers
surtout, out si considérablement vicié la
composition du corps électoral. II peut y
avoir égalernent lieu de prévenir d'autres
abus, nés de la diffieulté de verifier, pour
certains impóts, la réalilé des bases du eens.
Sous ce rapport done, le projet de loi deM.le
ministre des finances doit ètre favorablement
accueilli par tous eeux qui ont a coeur la sin-
cérité du régime repiésentatif.
En revanche, nous ne saurions, a aucun
pomL de vue, accorder notre assenlimenl a
une disposition qui obligerail i'élecleurde
faire lui mème son bulletin.
Celte innovation souléve tout d'abord, au
point de vue constitutionnel, une objection
asstz grave.
D'après l'article 47 de la Constitution, les
membres du Parlement, sont élus direcle-
menl par les ei toy ens payant le eens dé-
lerminé par la loi éleciorale, lequel ne peul
excéder 100 florins d'impöt direct, ni ètre
au-dessous de 20 florins.
Ce serail, croyons nous, aller contre l'in-
tenlion du législaleur conslituant que d'ajou-
ter au eens électoral la condition de savoir
lire ou écrire.
La preuve en est que, pour ètre éligible
au Sénal on a la Chambre des représenlants,
il n'esl pas requis de savoir lire ou écrire.
L'article 50 de la Constitution prend rnètne
lesoin d'ajouter qti'aucune autre condition
d éligibiliténe peut ètre ajoutée a celles
Chaq ue fois quo l'on don nail la cbasse aux
bandits, leur piste se dirigeait vers la parlie sud-
ouest du Missouri; de lè, ils passaient au Texas, ou
iis possédaient des lerres sous des rioms d'emprunt.
On sail aujourd'hui que leur principal repaire était
une maison appartenanl a la mère des James. Cetie
maison est située au milieu des boisdans une clai-
rière de quelques arpents d'élendue. Conslruite
qu'il délermine. Or, au point de vue de la
ca paci té in tel lectuelle, il est absurde d'exiger
du mandant ce qui n'est pas requis du 'man-
dalaire. En d'autres termes, si le sénaleur
et le représentant ne doivent pas savoir lire
et écrire d fortiori cette condition ne doit-
elle pas ètre exigèe des représenlés
Remarquons en outre que Ie projet, attri-
btié par le Journal de Liége a l'honorable
M. Malou, ne pourrail ètre mis a exécution,
ou bien sans porter atteinte a des droits ac
quis, ou bien sans violer, dans la législalion
éleciorale, le principe consliluliouDel de
l'égaliléde lous les Beiges devant la loi.
De deux choses l'une en effel ou l'on
privera de leurs droits civiques des citoyens
qui en ont joui jusqu'iciou on les conser
ves sur les listes electorates, en excluanl,
d'auire part, de ces listes d'autres citoyens,
placés dans les meines conditions de capa-
cilé.
La première hypolhése implique une ap
plication exorbitante du principe déja trés-
exceplionnel de la retroactivité des lois;
la seconde viole gravement les notions les
plus élémentaires de la justice,
Au point de vue pratique enfin, el surtout
avec le scrulin de liste, l'obligalion irnposée
a l'électeur de faire sou bulletin lui-même
devienl une source de difficultés, de retards
et d'erreurs.
A Gand, par exemple, alors qu'il n'y a
que deux partis eu présence, l'électeur peut
ètre appelé, dans une election pour la Cham
bre et pour le Sénal, a choisir entre vingt
noms. Que sera-ce si une scission se déclare,
si la constitilution des pa, lis se modifie, si
des compétilions nou velles se prodnisenl!
Mème en adoplant le sysléme anglais de la
désignation des suffrages par une croix de
Saint André, la confection d'un bulletin élec
toral devienl déja, dans de lelies circonslan-
ces, une oeuvre relalivement difficile el com-
pliquèe.
Ajoutons que, pour élaborer une législa"
tion éleciorale, les poliliciens puis-
que nous avons cette espèce pourquoi ne
pas lui donner son nom américain? ont le
tort de se placer a un point de vue beaucoup
trop personnel. Ils s'imaginent très-erronné-
que la grande masse du corps électoral est.
comme ils le sont eux-mémes, familiarisée
avec les hommes el les choses de la politi
que. Rien n'esl moins exact.
Le nombre des gens qui ne s'occupentpas
habiluellemenl de politique, qui ont mème
de la repugnance a s'en occuper est trés con-
sidérable. Lorsqu'il s'agit de choisir enlre
deux systèmes de gouvernement, ou de se
déclarer par exemple calholique ou gueux,
ils savent trés-raisonnablement et Irès-libre-
ment faire leur choixmais trés-souvent Ie
nom seul des candidals leur dit fori peu de
chose; leur vole est délerminé par la ques
tion de principe. C'esl les embarrasser gra-
tuilement que de les obliger a un triage, qui
peut devemr compliqué et prèter le flanc a
une foule d'éqttivoques el d'erreurs.
Nous savons bien que le sysléme que nous
combattons est empruntè a la législalion bri-
tannique; mais il y fonctionne dans des con
ditions bien différentes du régime électoral
beige. En Angleterre, on le sail, les circon-
scriptions électorales sont réduiies a des li-
mites trés-étroites, et, sauf deux ou trois
colléges, le scrulin est uninominal. Chaque
nom représeote un parli, et le choix de l'é
lecteur, devant porter entre JohnWiga, et
James Toby, est nécessairement Irés-facile.
Dans notre pays, nous l'avons dit, et d'ail-
leurs nos lecteurs le savent, la situation est
tout autre; adapter a cette situation le régi
me anglais, sans modifier la situation elle-
mème, ce serail une faute politique impar-
donuable, un conlre-sens et un conlre-bon
sens.
Aussi sommes-nous disposés a croire que
le Journal de Liége a pris ses vceux pour
des réalilés et qu'il atlribue a M. le ministre
des finances des idéés que celui ci n'a jamais
eues.
Quel duit ètre, en effet, d'après ies libé-
raux eux-mémes qui font réclamée, le hut
essentiel de la réforme éleciorale? C'esl de
fournir a l'électeur le moyen de déposer !i-
bremenl le suffrage qu'il veut émellre.
Or, en supposanl M. Malou réconcilié avec
le couloir qu'il a criblé naguère de ses spiri-
luelles railleries, nous uous demandons si la
fin qu'on se propose n'esl pas pleinement
atleiule dés que l'électeur peut, a l'abri de
tous les regards, prendre le bulletin qu'il lui
plait, lecrire au besoin lui-même, ou eu
choisir un, a l'intérieur du couloir, oü cha
que parli en iuite serail admis a en deposer.
Ajoutons que l'efficacué de celte mesure se
compléte nalureliement par le mélange géné-
ral des bulletins.
Dans ces conditions, l'évidence des fails
le proclame, l'obligalion irnposée a l'électeur
de faire sou bulletin lui-même serail, non
Po-
Poperinghe- Ypres. 3-18 7-00,9-28,11 -00,2-1 3,3-03,9-20. Ypres-Poperinghe6-30,9-07.12-07,3-07,6 50,8-46,9-60.
peringhe-Hazebrouck, 6 63, 12-25,710. Hazebrouck Poperinghe-Ypres, 8-23, 4-10, 3-23.
Ypres-Haulers, 7-50, 12-25, 6-4:'-. Ron Iers-Fpres, 9-23, 1:30, 7-30.
Rooiers-Bruges, 8-45. 11-34, 1-13,3,16, 7-36, (9-35. Licluerv.) Lichterv.-Thourout, 4-25 m. vers Oslende. Bruges-Rou
ters 8-23, 12-43, 5-03, 6-42. Lichterv.-Courlrai, 5-23 m.
Ypres-Courtrai 5-34, 9-46, 11-20, 2-33, 3-23, Courtrai- Ypres, 8-08, 11-03, 2-36, 3-40, 8-49.
Ypres-Thourout, 7-18, t2 06, 6 20, (le Samedi a 5-30 du matin jusqu'a Langhemarck). Tbourout- Ypres, 9 00, 1-23, 7-43,
(le Samedi a 6-20 du matin de Langhemarck a Ypres).
Comines-Warnêton-Le Touquet-Houplines-.-lrwenneres, 6-00, 12-00, 3-33, Armentières-Houplines Le Touquet-Warnêton-
Comines 7 -23, 2,00, 4-43. Comines- Warnéton 8-45, m. 9-30 s. (le Lundi 6-30,) Warnêton-Comtnes 3-30, 11-10, (le
Lundi 6,30.)
CourtraiBruges, 8-05,11-00, 12-35,4-40, (Ingel.) 6-33. 9-00 s. (Lichterv.) Bruges-Courlrai, 8-23, 12-43, 3-03,6-42.
Bruges, Blankenb, Heyst, (Station) 7-25, 11-08, 2-30, 7-35. (bassin) 7-31, 11-14,2-56, 7.41, Heyst, Blankenb, Bruges,
3-45,8,25,11-23,5-30.
ngelmunster Deynze-Crand, 5-00, 9-41, 2-13. Ingelmunsier-Deynze, 6-10 7-13. Gand-Deynze-Ingelmunster, 6-38, 11-20,
4-41,7-21. Deynze Ingelmunster, 1-00.
Ingelmunster-Awseg/iewi, 6-03, 12-85, 6-13. \n$e%hem-l?igelmunster, 7-42, 2-20, 7-45.
Lichtervelde-Dixmade-Furnes et Dunkerke, 6 30, 9-08, 1-33, 8-00. DitttAerAe-Furries-Dixmude el Licht.ervel,de6-35, 11-10,
3-40, 5-00.
Dixmude-Arteuport,9-50,2-20,8-43. Nieup-Dwem, 7-30,12 00,4-20.
Thourout-Oslende, 4-50, 9-15, 1-30, 8-03. Ostende-Thouroul, 7-33, 10-10, 12 23, 6-15.
Selzaete Eecloo, 9-03, 1-23, 8-25. Eecloo-Se/zaete,3-33, 10 15. 4-22.
Gund-Terneazen, (station) 8-17, 12-23. 7,30 (porie d'Arivers) 8-30, 12-40. 7 43. Terneuzen-Gand, 6-00, 10-30, 440.
Selzaete-LoAererc, 9 04, 1-30, 8-30. (le Merer. 5-10 m.) Lokeren-Se/zaete, 6-00, 10-25, 4 43. (le Mardi, 9,30.)
O O FL H S r» O N D A. W C B I
COURTRAI, BRUXELLES.
BRUXELLBS, COURTRAI.
Courlrai dép.
Bruxelles arr.
6,37
8,30
10,33
1,35
12,33
2,23
3,42
6,10
6,33.
8,54.
Bruxelles dép.
Courtrai arr.
5,22
8,00
8,28
10,46
12,21
2,44
3,33
7,56
6,47.
8,44.
Courtrai dép.
Tournai arr
Lille u
COURTRAI,
6.37
7,28
7.38
T0URNAI, LILLE.
10,56
11,47
12,08
2,34
3,48
4,00
3.34 8,47.
6,39 9,41.
6.35 10,00.
Lille dép.
Tourna i
Courlrai arr.
LILLE, TOURNA!, COURTRAI.
5,15 8,22 11,05 2,22 4,45
5,42 8,36 1 1,29 2,40 3,39
6,34 9.47 12,26 3,38 6,33
COURTRAI, QAND.
GAND, COURTRAI.
Courtrai dép.
Gand arr.
6,42
8,01
9,49
11,08
12,31
1,31
3,44
3,04
6,40.
7,36.
Gand dép.
Courtrai arr.
3,13
6,37
9,38
10,56
1,28
2,54
4,24
5,34
7,21.
8,47
BRUGES, GAND, BRUXELLES.
BRUXELLES, GAND, BRUGES.
Bruges d. Ö,49ex.7,04 9,39 12,34, 2-52,ex. 6,43.
Gand a. 7,34 8,19 10,34 1,49 4,<>7, 7,38. 9,31.
Bruxelles 8,50 10,33 12,39 4 00, 7,13, 9-31. 10,40.
Bruxelles dép. 7,20 8,14 11,06 1,33 3,02 ex. 4,39 ex.
Gand arr. 6,00 8,38 9,41 1,23 3,39 4,11 6,29
Bruges 7,13 9,23 10,34 2,38 3,01 7,22
3,38
7,7 8
8.31
On écrii de New-York, au Droit
o Les lecleurs n'ont sans doute pas oublié l'épopée
des bandits américatns qui, en septembre dernier,
attaquèrent de vive force, en plein jour, la Banque
de Norbfield, ville de l'Ouest, et qui, poursuivis a
outrance par toute la population des localités voi-
sines, furenl lués ou fails prisonniers après un com
bat en lègle.
'i Trois de ces bandits, les frères James Robert
et Cole Younger viennent de passer en jugement
devant la cour criminelle de Faribault (Minnesota.)
Leur procés a révélé des fails extraordinaire» qui
montrent que l'Amérique a aussi ses brigands, non
moins redoutables que les plus audacieux malfai-
teurs de la Calabre ou de la Sierra-Morena.
Depuis huit ans, dit l'acte d'accusation, les
frères Younger, de complicilé avec les deux frères
James, qui ont participé a l'attaque contre la Banque
de Northfield, mais ne sont pas encore enlre les
mains de la justice, depuis buit ans; ces hommes
mettaieni au défi les autorités des Etals de l'Ouest.
Leur tactique élail aussi simple qu'audacieuse, el
leurs coups de main n'avaient jamais échoué jusqu'a
I'affaire de Northfield. lis comptaient sur leur par-
faite connaissance dti pays pour échapper aux pour-
suites, et ils tronvaierit un refuge assuré dans une
localité isolée el loutaine du Texas.
A des époques indéterminées, on apprenailque
ceile bande avail arrêlé un train de cbemin de fer
contenam des valeurs imporlanles ou attaqué la
banque d'une petite vide quelconque. Le coup fait,
les bandits montaienl a clteval el se dispersaient en
tie laissanl que des traces fort dtfficiles a suivre On
remarquait qu'ils affectaieni, en cas d'ataque contre
un train de chemin de fer, de respecter la vie des
voyageurs. lis se bornaieni a enlever les fonds
confiés aux agents des Messageries ou au service
des Posies. Leur succès répondait a leur audace.
A Gadshill, a 20 lieues seulernent de la grande
ville de S'-L;)uis, ces cinq hommes arrétaient un
train du Paeifique conlenunt deux cents voyageurs
et enlevaient une somme censidérable avec impu-
nilé. Quelque temps apiès, iis volaieet 150,OUU fr.
ec poudre d'or dans un autre train a quelqucs
lieues de Kansas City. Une autre fois ils arrivaierit
a cheval a la porie de l'Exposilion induslrielle du
Kansas, et, en présence de vingt mille personnes,
il s'emparaienl de la recelte de la journée.
Quant aux attaques contre les banques, leur
plan, a peu prés uniforme, r3ppelait I'affaire de
Northfield. El les avaient lieu en plein jour. Les
bandits se langaienl au galop dans les rues d'une
petite ville en vociférant el en tirant des coups de
feu.
A la faveur de l'émotioion causée par cette con
duite étrange, deux ou trois hommes pénétraient
dans les bureaux de la Banque, se faisaient livrer
les clefs de la caisse, le pistolet au poing, et s'em-
paraient des fonds mis ainsi a leur merci. A trois
reprises, les caissiers des banques altaquées ayant
résisté comme cela est arrivé a Norhfield, ils
avaient élé tués sur place.
ii L'ensembes des vols comrnis depuis 1868 s'éle-
vaila 1,200,000 ou 1,300,000 fr.
entièrement en troncs d'nrbres, el le a l'apparence
d'uri blockhaus. It n'y a pas da fenèlras, mais seule
rnent des meurtriéres étruites par leequelles on peul
lirer sur un assaillant.
ii La description que je trancris ici a élé commu-
niquée a la justice psr un sbérif du Missouri, qui, a
la têle de buit hommes, a lenlé d'ariëier, le 23
novembre, les deux frères James comme complices
des frères Younger dans I'affaire de Northfield
ii Au moment de l'arrivée des constables, un des
frères a tiré suecessivemenl trois coups de feu; puis
tous deux sont montés a cheval pendant qu'un cher-
chait a cerner la maison, et ils ont passé au galop
sur le corps d'un des assaillanls et gagné le large.
En vain le sbérif a-t il demandé le concours d'un
détacbemenl de soldats, il n'a pu mettre la maiu sur
les fugiufs, dent on a perdu les traces.
a L'un des trois accuses traduits devant la Cour
de Faribault le nommé Cole Younger, s'est rendu
trisiement célèbre,_dit encore l'acte d'accusation,
par une horrible tuerie de prisonniers de guerre.
C'étaii pendant la guerre civile du Sud. Younger,
alors fort jeune, faisait parlie d'une guerilla sudisle
qui un jour captura dans le Missouri une quinzaine
de volontaires du Nord. Les guerileros n'avaient pas
encore tdécidé ce qu'ils feraient des prisonniers
fédéraux lorsque Cole s'avisa de vanier les mérites
d'une carabine Enfield, qu'il avail caplurée.
L'un de ses camarades, ayant dit que cette arme
pouvait luer un homme a 1,500 mètres, le guetil
lero s'écria Tiens! mais dans ce cas, une bade
tirée a distance devrait traverser les corps de dix
hommes. Faisons en done l'expérience.
Les quinze prisonniers furenl rnis en ligne les
uns derrière les autres, et Younger alia se placer a
quinze pas, sa carabine la main. II ajusta tranquil-
lemenl le premier des prisonniers a la poitrine el fit
feu. La balie traversa suecessivemenl le corps de
trois des malheureux fédéraux, qui s'affaissèrent sur
le sol. Sans quitter place, Younger rcchargea l'arme
et fit feu de nouveau. Sept fois la carabine fit son
oeuvre de mort les quinze prisonniers ne forrnaient
plus qu'un ainas de cadavies sanglanls.
n Ce fail horrible est malbeureusement autbenli-
que mais, comme il remonte a 1865, il est couvert
par la prescription.
n Devant la Cour de Faribault, les trois accuses,
Cole Younger el ses deux f re res, ont moniré un
sang froid qui ne s'est jamais démenti malgré la
gravité des charges qui pèseul sur eux. Ils ne sont
pas seuiement accuses de vols a main année, mais
aussi d'assassinat sur la personne de M. Halwood,
cuissier de la banque de Northfield. Ils doivent
toutefois bénéficier d'une disposition de la loi du
Minnesota, qui ne. permet pas de condamner a mort
un assassin lorsqu'il plaide coupable c'est-a—
dire qu'il avoue son crime.
n Le jury rend a l'uniraité un verdiet de meur-
tre au premier degré, u autremerit dit assassinat.
ii Les accusés sont alors a me nés devant la Cour
on leur enlève les menoltes, et tous trois resleni
debouten face dujuge. Cole Younger est un homme
d'une trentaine d'années, de trés haute taille, vigou-
reuseinent charpenlé. Sa barbe noire et soyeuse est
peignée avec som, eile ne donne pas a sa pbysiono
mie le caractère farouche qu'on v cbercherait; mais
le regard est dur el il ne doit pas ètre difficile d'y
trouver le reflet de la férocilé naturelle du bandit.
ii Les deux frères de Cole sont un peu moins agés
que lui. Ils sont égalernent de haute taille, et leur
physionomie intelligente ne pel met pas de les con-
fondre avec de vulgaires malfaiteurs. Je n'ai pas
besoin d'ajouter que cette incontestable intelligence
des trois frères était précisément ce que les rendait
si dangereux.
u Autre fait curieux il est élabli que ces trois
hummes sont devenus bandits par vocation, sans y
ètre auiiumeni poussés par le besoin. lis appar-
tienneru a une tainille ricbe du Missouri. Leur père
leur a latssé, du-on, pour plus de 100,000 dollors
de propriétés. Ils ont une soeur, miss Ketlie Youu-
ger, qui a tan sou éducation dans un pensionnat fas-
bioiiahle; elie en est some pour venir assister au
procés. C'esl une jeune fille d'environ dix buil ans,
assez jolie, qui pleure en atieiidanl prononcer la
condamnaiioii de ses frères.
Avez-vous quelque chose a diref avez-vous
quelque raison a donner contre la sentence que je
vais prononcer 7 demarrde le juge.
Les trois frères secouent la têle et répondenl en
mêtne temps
Noll
ii Aucun de vous demande de nouveau I#
juge, en s'adressani a Cole.
Non
a Il est done de mon devoir, reprend le ma
gistral, de prononcer la sentence. La loi vous laisse
la vie, mais la vie sans aucun de ses plaisirs, de
ses espérances, de ses joies. Je vous condamne,
vous, Cole Y'ouger, vous, James Younger, et vous,
Robert Younger, être détenus dans la prison de
I'Elul aux travaux forcés jusqu'a la fin de vos jours.
i> Les trois fières écoulenl leur condemnation
sans manifester aucune émotion, mais leur sceur
éclale en sanglots. Ün l'emmèae pendant que les
gardiens des prisonniers garrotlenl ceux-ci pour Ie»
conduire au pénitencier, el la foule se retire vive-
ment impressionnée.
Un journal du Minnesota offre de parier que les
frères Y'ounger ne resteront pas loriglemps en prison-
et trouveronl I'occasion de s'évader.
II pourrait bien se (aire que ce journal eut
raison. u
FIN.