m ^opil^te^ 12 C oaAA/£* (sfi/S--- Mercredi 28 Mars 1877 annee. s N" 1,173. DEUX TRAITS DE LA VIE DE HAYDN. I rw> Q a O/ 3 >- >- I.e Journal parait le Mercredi et Ie Samedi. Les insertions coütent 15 centimes la ligne. Les réclames et annmces jtidicuitrcs se paient 30 centimes la ligne. On traite d fo/fad pour les insertions par annee Un numéro du journal, pris au Bureau, 10 centimes. Les numéros supplémentaires commandés pour articles, Reclames ou Annonces, coütent 10 fr. les 100 exemp anes. C M E ï?I I X 8 ME K BS. 1 Décembre. ■S- L'ÉGLISE LIBRE DANS L'ÉTAT LIBRE II ne faut point se lasser de meltre soos les yetix du public chrélien la situation de l'E glise. caraclérisée en termes si énergiques et si clairs par la dernière Allocution consisto riale du Souverain-Ponlife. Les fails le proclament assez haatdans cetle Italië qui prétendait réaliser la célébre formule de Cavour, l'Eglise libre dans l'Eiat libre, l'Eglise est opprimée par l'Elal omni potent. De bonne foi, il n'est plus possible aujour- d'hui de méconnaitre eet étal de choses. Un journal liberal, I 'Echo du Parlement lui-mèine, le reconnait aujourdlhui en com- mentanl un article du Times: Spirituelle- ment, le Pape peut êlre Souverain lant qu'il voudra, mals dans les limites de la terre ilalienne, il faut qu'il soit un sujet.» Impossibled'avouer plus ouvertement que, dans les limites de la terre italienne, le gouvernement aspire a opprimer et a bail- lonner l'autorilé suprème de l'Eglise caiho- lique. Ces deux termes: Souverain et sujet sonl, en effel, parfailement contradicloires. Si le Pape est sujet, ïl n'est point souve rain; s'il est souverain, il n'est point sujet. C'est en vain qu'on essaie d'échapper a cette alternative, en ailéguant que la sphére de la souverainelé spiriluelle n'est point cel- le de la souverainelé temporede. N'est-il pas évident aujourd'hui que, si la Revolution a délróné Ie Roi, c'est pour mieux opprimer Ie Pontife N'est-il pas clair que les nouvelles lois édiclées conlre les prétendus abus du clergé, consacrent précisément les usur- palions du pouvoir laïque sur la liberie du ministère sacerdotal C'est parce que le pape est répulé Ie sujet du roi d'ltalie qu'on prélend soumellre ses actes, ses paroles, tout Ie gouvernement de l'Eglise au controle, a la censure el, le eas échéant, a la répression des lois subalpines. Si ces prétentions devaient prévaloir, si elles ne renconlraient point un invincible obstacle dans la fermelé apostolique de Pie IX, il serail vrai de dire que Taction spiri luelle de la Papaulé est complement subor- donnée au bon plaisir de Victor-Emmanuel el de ses conseillers. Ainsi se trouve complélement confirmée la ihèse des défenseurs de la royauté pontifi cale. Ainsi se vérifie, a la leltre, cetle parole célébre de M. Thiers: Pour le Pape, il n'y a d'indépendance que dans la souverainlé. Mais cetle indépendance du Pape se con- fond avec Tindépendance mème de l'Eglise et avec la liberlé religieuse des calboliques du monde entier. C'est pourquoi la question soulevée par la nouvelle législation du royaumé subalpin est une question internationale, une question universelle au premier chef el dans laquelle ont le droit d'inlervenir lous les gouverne- menls ayant des sujets catholiques, en vue de sauvegarder et de protéger la liberté re ligieust de ces inémes sujets. II est vrai qu'il ne faut pas beaucoup comp ter sur Tintervenlion des gouvernoments. La plupart d'eotre eux ont abandonné mème l'ancienne formule de la separation de l'Eglise et de TEtal, pour proclamer le principe véri- lablemenl libéral de la souverainelé absolue du pouvoir civil dans le dofnaine spirituel comme dans ledomaine temporel. De la nait précisément Tanlagonisme si souvent signalé de l'Eglise calholique et de la civilisation moderne. L'Eglise prétend èire et est, en réalilé, une société parfaiie, autonome, souveraine, plei- nemenl indépendanle et souslraite, comme telle, a la domination de TEtat. Le libéralisme, au contraire, pielend su- bordonner l'Eglise a l'Eiat et ne lui recon- naiireque les droits essentiellement révoca- bles el contingents que l'Eiat veut bien lui oclroyer. Aussi longtemps que la question se posera, de part el d'autre, en de semblables lermes, il est évident qu'il n'y a point d'accord, point de conciliation possible. II u'eij demiure pas moins vrai que l'E glise est dans son droit, que ses revendica- tions sonl justes el qu'on ne peut les mécon naitre, sans violer.ee principe que la civi lisation contemporaine afiinme ètre une de ses maximes I'ondamentales la liberlé de conscience. Oui ou non, esl-il clair que les consciences catholiques ne sont point fibres, si celui qui doit les inslruire et les éclairer est lui-mème placé sous la surveillance et sous le controle d'un pouvoir qui n'est rien moins que sym- pathiqueaux intérèls de la catholicilé? Encore une föis, c'est ce que les ennemis de l'Eglise sont eux-mémes obliges de re- connaiire. Voiei comment s'exprime YEcho du Par lement: Dans l'allocution pontificale, le gouver- nement usurpaleur dn royaume d'ltalie est accuse d'avoir foaló atix pieds le droit de Dieu et des hommes. S> le Pape étail réeüement ce i/u'it préteml élre. il n'y au- rail pas de réponse possible <i cette accu salion. S'il est infuilliblc, si, pour gouver- ner le monde calholique, il doit étre sou- verain temporel, si les Eiats de l'Eglise étaient son patrimome inalienable, tl est i) clair que les Ilaliens ont comrnis un cri- me en le détrönanl. Nous n'en demandons pas davantage pour justifier pleinement et dans loutes ses expres sions l'allocution consistoriale, altaquée avec tant de violence par la presse révolution- naire. Et, tout d'abord, tious catholiques, nous savons et nous professons que le Pape est réellemenl ce qu'il prélend êlreleVicaire in fallible de Jésus-Chrisl et le seul souverain legitime des Etats de l'Eglise. D'autre part, nul gouvernement moderne ne peul contredireou méconnaitre ces affir mations, sans excéder les limites qu'il a lui- même traeées a sa competence. S'il est, en effel, religieusement neutre, il n'a nulle qualilé pour declarer ce que Ie Pape est ou n'est pas ce qu'il prélend êlre, pour reconnaitre ou pour méconnaitre l'in- faillibililé pontificale. Son devoir, mème d'après les maximes du droit public moderne, est de respecter les convictions religieuses de ses sujets calboli ques, et par conséquent, l'autorité ponti ficale, dans loutesa plenitude, dans lous ses développernenls, dans loutes les conditions normales de son indépendance. II n'est pas possible de se souslraire a cette consequence sans trahir du mème coup la lo- gique et la justice, et c'est précisément cetle double tra bison que les catholiques sonl Ion (lés a reprocher a tous les gonvernemenis qui .servient lentes de s'en rend re coupables. Aussi est-ce pitié que de voir les miséra bles sophismes auxquels la presse anti-calbo- lique est forcée de reeourir pour essayer de justifier les nouveaux empiétemenls du royaume subalpin Voici encore comment s'exprime I'Echo du Parlement Quand le Pape soutient que l'on devrail reculer devant ses droits imprescriplibles, il se sert d'un langage que les hommes d'Elat modernes ne comprennent pas. Les droits inaliénables d'un souverain spiri- tuel ne peuvent exister que dans un royaume spirituel, et dans ce domaine des ombres. Sa Sainteté est a l'abri de toute attaque. Dire que les hommes d'Elat modernes ne comprennent pas Ie langage du Pape, c'est avouer en d'autres tenues qu'ils ne veulent pas te comprendre. Ce langage est, en effel, suflisamrneut clair, suffisamment précis, suffisammenl énergique pour ètre compris de lous ceux qui ouvrent leurs oreilles et ne ferment point volontaireinenl les yeux a la lumiére. Nous en irouvons la preuvedans les paro les nièuies de I'Echo du Parlement. Si la souverainelé spiriluelle du Pape ne s'élendait, comme il le dit, que sur le do maine des ombres, eertes la législation su balpine ne s'armerait pas de nouvelles ri gueurs pour entraver Texercice de ce pou voir chimérique C'est précisément paree que cette souve rainelé st manie et parce qu'eUe s'adresse SJ Z z O «2 'S) -r. O co co O co 2: zo w *4> "*3 35 T3 03 tJ r*5 H CD -3 33 O- co* as 3 •H r*J C/3 H 33 rr o. G 53 H O G H PB CO ro r~ o O G M 2! cr C* O n rr 2 H rr co 33 2! - Po- Poperinghe- Ypres, 5-18,7-00,9-28,11-00,2-15,8-03,9-20. Y prijs-Poperitighe, 6-30,9-07,12-07,3-37,6 30,8-45,9-50. peringhe-llazebrouek, 6 53, 12-23,7-10. Hazebrouek-Poperinghe-Ypres, 8-23, 4-10, 8-25. Ypres-Heulers, 7-80, 12-25, 6-43. lioulers-Ypm, 9-25, 1-80, 7-30. Roulers-flntges, 8-43, 11-34, 1-13,3,16, 7-36. (9-55. Lichterv.) Licliterv.-Thourout, 4-25m. vers Ostende. Bruges-nou- lers 8-25, 12-45, 5-03, 6-42. Lichterv.-Courtrai, 5-25 m. Ypres-Courtrai 8-34, 9-46, 11-20, 2-38, 5-28, Courtrai- Ypres, 8-08, 11-05, 2-50, 5-40, 8-49. Ypres-Thourout, 7-18, 12 06, 6-20, (le Samedi a 5-30 du matin jusqn'a Langhemarek). Thourout- Yprfcs, 9-00, 1-25, 7-43, (le Samedi a 6-20 du matin de Langhemarek a Ypres)) Comines-Warnêton-Le Touqiiet-Houplines-.-l mentières, 6,00, 12-00, 3-33, ArinenUères-llouplines-Le Touquel-W arneton- Comines 7-25, 2,00, 4-48. Coin i nes- Wfi/nvitm 8-43, m 9-30s. (le Lundi 6-30,) Warnêto a-Co mines 8-30, 11-10, (le Lundi 6,50.) Courtrai-Bruges, 8-03, 11-00, 12-35,4-40, (Ingel.) 6-53. 9-00 s. (Lichterv.) Bruges-Courtrai, 8-25, 12-45, 3-03,6-42. Bruges, Blankenb, Hcyst, (Station) 7-23, II 08,2-50, 7-35. (bassin) 7-31, 11-14,2-56, 7.41, - Beyst, Blankenb, Biuges, 5-43,8,25,11-25,5-30. Ingelmunster-Deynze-Gowd, 8-00, 9-412-15. Irigelmunster-Dey/zze, 6-10 7-15. Gand-Deynzo-Intjelmunster, 6-38, 11-20, 4-41, 7-21. Deyme-Inge/munster, 1-00. Ingelmunster-z4»se(//iem, 6-05, 12-55, 6-13. Anseghem-Ingelmunster, 7-42, 2-20, 7-45. Lichtervelde-Dixmade-Furnes et Dunkerke, 6 30, 9-08, 1-33, 8-00. D««AerA-e-Furnes-Dixmude et Lichte.rvettie, 6-38, II 3-40, 5-00. I)ixmude-Me«porl,9-80,2-20,8-43. Sieup-Dixm, 7-30,12 00,4-20. Thourout-Ostendc, 4-50, 9-18, 1-50, 8-08. QsieudevThourout, 7-85, 10-10, 12 23, 6-15. Selzaele-isec/oo, 9-05, 1-25, 8-25. Eecloo-Se/zae/e,5-38, 10-15. 4-22; G-md-Ternauzm, (station) 8-17, 12-23, 7,30. (porte d'Anvets) 8-30, 12-40. 7 4S-— Iernet.zen--00 10-304.0. Selzaete-LoA-erm, 9-04, 1-30, 8-30. (Ie Merer. 5-10 tn.) Lokeren-.Se^aete, 6-00, 10-2.), 4 43. (Ie Marti, 9,3 OORB.BI COURTRAIBRUXELLES. POMDAHIOÏI8- BRlimi.ES, COURTRAI. Courtrai déf>. Bruxelles arr. 6,37 8,50 10,33 1,35 12,33 2,25 3,42 6,10 6,35. 8,54. Bruxelles dép. Courtrai arr. 8,22 8,00 8,28 10,46 12,21 2,44 8,38 7,30 0,47. 8,44. 10, COURTRAI, TOURNAI, 1.ILLR. Courl ai dep. Tournai arr. Lille Courtrai dép. Gaud arr. 0,37 7,28 7,38 10,56 11,47 12,08 2,54 3,48 4,00 8,34 8,47. 0,39 9,41. 6,33 10,00. LILLE, TOURNAI, COURTRAI. Lille dép. 8,15 8,22 11,03 2,22 4,48 Tournai 3,42 8,36 11,29 2,40 3,39 Courtrai arr. 6,34 9.47 12,26 3,38 6,33 courtrai, üand. 6,42 8,01 9,49 11,08 12,31 1,51 3,44 5,04 6,40. 7,36. Gand dép. Courtrai arr. 3,15 6,37 GAND, COURTRAI. 1 28 2,84 9,38 10,30 4,24 3,34 7,21 8,47 BRUGES, GAND, BRUXELLES. Biuges d. 0,49ex. 7,04 9.39 12,34, 2-32,ex. 6,43. Gand a. 7,34 8,19 10,54 1,49 4.,ti7, 7,58, 9,31. Bruxelles 8,50 10,33 12,39 4 00, 7,15, 9-31. 10,40. Bruxelles dép Gapt arr. Bruges BRUXELLES, GAND, BRUGES. 7,20 8,14 II ,06 1,35 3,02 ex. 4,89 6,00 8,38 9,41 1.23 3,89 4,11 6 29 7,13 9,23 10,34 2,38 8,01 7,22 5 38 7.17 8,83 Quelque temps encore, il continue 5 écrire avec la même expression de bonheur. Pas le moindre bruit ne troublait la tranquillité de sa chambre on n'entendait que la plume courant sur le papier. Tout a coup, un tumulte extraordinaire attire l'attention du musicien c'était chose étrange dans son paisible ménage: sa bonne femme, sa vieille servante Catherine, son chat, plus vieux encore, avaient l'habitude de se tenir tranquille- meiit assis, ou de s'occuper paisiblenient touto la matinée: on savait que c'était le temps choisi par le Maestro pour composer, et que tout bruit dis cordant le contrariait et le dérangeait. En entendant le bruit augmenter de plus en plus et se rapprocher, il dépose la plume d'un air contrariéla porte de sa chambre s'ouvre, et sa femme, pale et hors d'haleine, entre précipitam- ment, suivie de la servante et d'un domestique. Un moment elle reste sans parole; Haydn in- quiet s'écrie Pour l'amour du ciel, dis moi done ce qu'il ya!» O mon clier,dit-elle, en lui prenant la main les frangais arrivent, ils sont bien prés d'ici. Hier et toute la nuit, ils out poursuivi leur mar- che. Conrad, qui rentre, a appris cette nouvelle. Les Viennois serrent, emportent ce qu'ils peu- vent, et s'enfuient. Nous devons fuir aussi. Laissp moi commencer pas rassembler toute ta musique, pendant qu'il en est temps encore ce redoutable Bonaparte s'empare de tout, la oil il entre. A peine la bonne vieille femme eüt-elle achevé ce récit, trop long pour elle, que, tout épuisóe, elle se laisse tomber sur une chaise. Son mari la regarde avec compassion, et, sa main dans la sienne, il lui ditMais, ma cliére femme, sois raisonnable. Ne va done pas croire que si les Frangais entrent dans Vienne (Dien nous épargne ce malheur), ils s'inquièteront de saisir mes misérables papiers, quand ils ont y dans le Trésor impérial tant d'or et de pierres précieuses Ah Monsieur, interrompit le domestique Conrad, voici ce que Madame voulait ajouter nous venons de voir liuit wagons,, chargés du trésor royal, et les j.oyaux de la couronne ils étaient conduits pour plus de süreté, disait-on, a Presbourg. Les i'ues regorgent de monde on n'entend que cris et imprecations devant le palais du ministre Thugut, des rassemblements se foment pour demander la paix avec les Francais et les empêcher d'entrer dans Vienne." Mauvaises nouvellesmauvaises nouvelles s'écrie le vieillard en se promenant dans la chambre. Mais,ajoute-t-il, en s'arrêtant de vant sa femme, que parles-tu de fuir Je ne y quitterai pas ma ville natalq. Nous avons Dieu et l'empereur pour nous protéger que nous faut-il davantage Hélas ne compte plus sur l'empereur, dit la pauvre femme en essuyant une larme, - c'est "Ce qu'il y a de plus triste on dit qu'il a quitté Vienne en secret, cette nuit-ci, avec l'impéra- -•> trice et les enfants. Cette nouvelle fut pour Haydn un coup de foudre. II regarde un moment, comme s'il n'y pouvait croire puis, s'affaissant, il dit avec un geste de désespoirPauvre Vienne Pauvre Autriche Ton empereur t'abandonne done II incline la tète, et de profonds soupirs s'échap- pent de ses lóvres. - Eh bien ne vois-tu pas que j'ai raison de- mande sa femme en se levant, nous n'avonspas y de temps a perdre pour chercber un refuge. Moi fuir s'écrie Haydn en se redressant I avec flerté, jamais Qu'il reste au moins un y homme dans sa ville, dans sa patrie, et qu'il apprenne aux autres k avoir foi en Dieu Lui assurément, II ne nous a pas délaissés 11 n'a- bandonnera pas ceux qui mettent en Lui leur y conliance. Pourquoi le peuple se lamente-t-il y Qu'il emploio sa voix a prier Dieu pour son y empereur: je lui indiquerai comment il doit s'y y prendre. II va vers son clavecin, prélude par quelques accords bien simples, et commence une mélodie chorale qui semblait sortir du plus profond de soname. II la joue et la rejoue plusieurs fois, jusqu'a ce qu'elle lui parut parfaite; ensulte, comme par une inspiration soudaine, des paroles bien appropriées coulent de ses lèvres il chante devant ses auditeurs étonnés, le grand Hymne Autricliien depuis lors inséparablement uni a son nom, cct hymne qui tient, a la fois, de la prière et clu chant de victoire Gott erhalte Franz den Kaiser, Unsern guten Kaiser Franz, etc. Un silence profond régnait dans la chambre, pendant que Haydn chantait. II a fini personne ne bouge; il se retourne, et xroit sa femme et ses deux braves domestiques a genoux, les mains levées au ciel - Venez, chantez tous avec moi, dit-il, c'est très-facile. II recommence la mélo die; puis l'un, puis l'autre se joignent a lui; si bien que leur chant retentit par toute la vieille de- meure et jusque dans la rue, oil il attire un mo ment l'attention des passants. Ah cela va bien s'écrie Haydn, content de son oeuvre. Je m'en vais écrire l'hymneot puis, -Conrad, tu iras vite le porter a mon ami Van Swieten; tu le prieras d'y ajouter une on deux strophes, et de le faire iinprimer au plu- tot. Qu'on le répande parmi les Viennoisqu'on y le chante dans les rues; cela pourra contribuor y un pen réveiller leur patriotisme. J'ai l'inten- y tion de le chanter moi-mème, chaque matiu de ma vie, et de l'ajouter a mes autres prières. Huit années sont passées la paix avec la France a été dócidée, pubs rompue; Haydn, le venerable vieillard, a yécu assez longtemps pour voir son hymne devenir l'hymne nationalle chant de guerre de sou pays. Une fois encore, les Francais sont en Autriche: c'est la veille de la bataille d'Austerlitz, la grande bataille des trois emperours, comme disent les allemands; et tout Vienne est en émoi. Une mème persuasion se retrouve chez tous l'empereur des Francais, le général invincible jusqu'ici, doit tomber, cette fois, devant les armóes réunies de la Russie et de l'Autriche; les Viennois se réjouissent a l'idée qu'ils verront l'humiliation de leur orgueilleux et arrogant oppresseur. Pendant trois jours, le bruit lointain du com bat forme a leurs oreilles un agréable concert c'est le présage de la clmte et de Tabaissement de leur ennemi: ils ne soupqonnent nullement le véritable état des affaires. Un jour se passé pas de nouvelles. Mais ils se résignent a attendre les routes sont mauvai ses, les courriers sont en retard. Quelques grou- pes, avides du moindre renseignement, entourent le ministère des affaires étrangères; d'autres, moins respectueux, stationnent devant l'ambas- sade de France, et, les poings fermés, lancent des invectives pen mesurées contre le prince de Talleyrand et contre son gouvernement. Une multitude iimombrable se répand aussi sur la grand'route de Mohringen; par 1;\ devaient arri- ver les premières nouvelles du combat. Les re gards piongent dans le 'lointain que voient-ilsj? Un point noir a l'horizon, il grossit bientot: ce sont des troupes en marc lie. Oui, ces regiments, c'est leur arme victorieuse qui revieut du champ de bataille lis s'approchent de plus en plus. La foule compacte se précdpite a leur rencontre dans tous les yeux brille l'enthousiasme, et les bouches s'ouvrent déja pour lancer les hourrahs de vicloire. Mais bientot, on &e rapproche et les figures changenton n'y lit plus, que rhorreur ce n'est pqs la Tuniforroe auti'ichien 1... Non?... ce n'est pas mème l'uniforme rnSiSe Ge sont les couleurs déteatées des fi'anoqis, qui frappent leurs regards Et les courriem si lopgtemps attendus lis sont la, se Uatant de.i.Ustribuer leurs nouvelles mais ce ne sont pas des Autri- cliiens: la ceinture tricoloro se voit autour de leurs reins, et en approchant de Vienne, ils orientVictoire Victoirc Vive l'einpereur Napoléon y Le peuple s'ar.rète, niuet d'étonnement et de consternationtandis que l'armée victorieuse passé, et entre dans la ville, aux sons joyeux de la Marseillaise et du chant fameux Maryborough s'en va-t-en guerre. Les spectateurs croient ré- ver; mais non! il n'est que tro.p vraiVoila les prisonniers que les Francais .font servir a leur triomplie ces malheureux, Les-mains liées, les yeux baissés, trainent péjiiblement leurs mem bres fatigues ils portent l'uniforme russe heu- reusement, ce -ne sont pas les couleurs autri- chiennes: le spectacle aurait été trop huraijiant. Ils marclient par les principal es rues de la ville, quand tout a coup l'ordre est donnó de s'ar- rêter et la musique cesso. Un officier s'avance vers le colonel d'un régimentsur un mot de eelui-ci, quatre soldats sortent des rangs .ét se dirigent vers une petite niaison entouré.e d'un jardin et située de Tautre cóté du chemin. Hommes, fennnes, enfants, tous.aVienne, con- naissent cette maison clest -calle de Joseph Haydn. Le peuple s'apercoit de.ee mouvementun-cri de rage.s'éhappe de toutes les poitrines: Joseph Haydn notre père Haydn ils veulent le faire y prisonnier Mais non les soldats, arme au bras, se placent devant la porte, comme uue garde d'honueui'.

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1877 | | pagina 1