i Li LES «LIBÉRÈS FORfATS. x^a.A n r N° 1,188. 12e année. Samedi 19 Mai 1877. '■n 5 S a 5 e Journal parail le Mercredi et lc Samedi. Les insertions content 15 centimes la ligne. Les réclames et annonces judicia ires se patent 30 centimes la ligne. - On traite a forfait pour lbs insertions par antlée. Un numéro du journal, pris au Bureau, JO centimes. Les numéros supplémentaires commandés pbur articles, Réclames ou Annonces, coulont 10 fr. les 100 exemplaires. CHEJIIi\S UK F K 16. 1 Décembre. - Po- Bruxélfe'ie'p. 7,20 8,14 11,06 1,33 3,02 éx-4,59 ex. Gul 1 arr. 6,00 8«2SB 9,41 1.23 3,59 4,11 6 29 Bruges 7,15 9(23 10,34 2,38 3,01 7,22 LES ABUS DU CLERGÉ DEVANT LE SÉNAT DU ROYAUME D 1TAL1E. L'abondance des matières ne nous a point permis de faire ressorlir, avec loute l'insis- lance due a la gravité du sujet, féchec du projel de loi coulre les abus du clergé, devant le Sénat du royaume il'liolic. On trouvera plus loin une correspondance romaine de \-Union qui doune d'mtéressanls détails sur cel incident d'oii a failli sortir une crise ministérielle. II est certain qu'on ne s'explique guére par la situalion des parlis parlemenlaires en Italië, l-'atlitude prise par Ie Sénat en eette circon-slaBce. Jusqtt'ici la Révolution subalpine avail irouvê dans Ia Chambre hauie comme dans la Chambre basse, une fidéle complice de ses spoliations et de ses attentats calculés contre findépendance du Saiul-Siége. Tout étanl révolutiounaire dans le royaume de Victor-Emmanuel, il n'est que Irop évident que le Sénat u'y a point ces tendances con servatrices et u'y prend point ce röle modé- rateur qui, dans d'aulres pays, est l'apanage traditiönnel des assemblees sénatoriales. Le ministère avail coulumed'ailleurs de s'appuy- er égalemenl sur les deux Chambres, et il ne se faisail pas faule de vanier, comme une preuve de sa force, de sa popularilé, de son accord avec le pays, ce concours sympalhi- que el persévérant des grands pouvoirs pu blics. Ilfaul done bien chercber ailleurs que dans la politique inlérieure et dans les oscilla tions régufières de la bascule reprèsenlalive, f origine du vole qui a fail sombrer, en vue du port, le projet de loi du signor Mancini. Or, nous le demandons a tout esprit non Scènes de la Russie méridionale. prévenu, quelle autre explication peut èlre donné'e de ce reviremenl inatiendue que celle qui y voit le conlre-coup des protestations soulevées, dans le monde catholique tout entier, par une mesure visiblement dirigée conlre la liberie du ministère apostolique el de la parole pontificale? Rien n'avait étéépargnée cependant pour délourner le Sénat du parli qu'il vient de prendre. M. Mancini, aprés avoir fait (oules les concessions de forme qui n'enlamaient point l'esprit essenliel de son oeuvre, était allé jusqu'a la menace et avail fait enlrevoir au Sénat li dissolution et inême la suppres sion comme chatiment des vel lei lés de resis tance qui s'élaient fait jour dans le débat pré paraloire au vole du projel de loi. Voici ses propres paroles Le Sénat doit songer a la respousabililé qui pèsesur luile gou- vernemenl a fait son devoir, mais il ne répond plus de l'avenir si la loi est reje- lée, Or, ert dépil de ces paroles comminaloires, Ia loi a élé rejetée. Aussi est-ce avec raison que V'Unfta callo- lica, se souvenant d"e la complaisance habi- luelle des Péres conscrits subalpins, appelle ce vole un veritable prodige. Mais ce prodige a qui done est-il dü, aprés ['intervention de la divine Providence laquelle change a son gré le cceur des hommes"?.... Evidemmenl c'est aux protestations mul- tipliées et publiques des calboliques fidèles de tout l'univers! Les arguments produits conlre le projet de loi sont Pécho exact des pélitions, des adresses el des meetings ou s'est révélé le sentiment de Ia cbrélienté chrélienté menacée dans son Chef. Qu'avions-nous dit Que par Ie projet de loi Maucini l'llalie s'engageait a pleines voiles dans le Kullurkampf et qu'après une lelie oeuvre, il était plus que ridicule, il élait odieux de parlor encore du programme de Cavour: l'Eglise Itbredans l'Etat libre. Eh bien qu'ont répélé les adversaires de la loi Le sénateur Lampertico, un des prin- cipaux organes de l'opposition, a declare neltemenl qu'il fallait laisser a d'aulres pays leurs lois d'oppression religieuse. Celle déclaralion accentue et souligne la signification du vole. Elle démontre en méme teinps, combien nos griefs élaient fondés puisque, de l'aveu d'un sénateur subalpin lut-rnême, la loi éla- borée par ie cabinet du Quirinal était uue loi d'oppression. Aprés cela, nous ne nous faisons nulle illu sion sur l'avenir de la politique subalpine. II y aura un temps d'arrèt dans la guerre déctarée au Saint-Siègevoila lout. Mais cette guerre ètant, par la force mème des ehoses, la raison d'èlre du gouvernement ilulten, elle reprendra bienlöl, en modifiant plus ou moins sa taclique et ses allures. Les maities de Rome ehercheront a réaliser par la voie administrative le but qu'ils n'ont pu atteindre par la voie législative. La situation anormale et monstrueuse créée au Vicaire de Jesus-Christ par l'altenlat du 20 septembre 1870 n'est pas essenliellement modtfiée. En fait, le Pape demeure, comtne il Ie proclame lui-mème, livré a la discretion d'un pouvoir ennemi sub hostdi dominatione consti tutes el la tentative qui vient d'échouer bier, peul avec plus de succes se reproduire demain. II n'en demeure pas moins vrai que les réclamalions des calboliques, bien qu'elles n'aienl pas élé appuyées par les gouverne- rnents, ont eu one portee considérable. Voila qui répond préemptoirement aux tenlations du découragemenl et aux objections de l'in- opporlunisme Que diront maintenant ceux qui qualifiaient nos protestations, nos adres ses, nos interpellations de« coups d'épée dans l'eau L'événcmenl est venu montrer que les calholiques sont une force et une force si puissanle que les pouvoirs babitueilement les plus rebelles a leurs revcndications, sonl obligés d'en tenir comple. Sachons profiler de cette frappante lecon el, selon le conseil de Pie IX, unir plus énergiquemenl que ja mais faction a la prière Aujourd'hui surlout les gotivornemenls ne sonl rien sans le people et nous traversons une époque oü ils peuvent, en cerlaines cir- constances, avoir plus besoin des calholiques que les calholiques n'ont besoin d'eux. Nous avons le droit et le devoir d'exploiter cette situalion au profit de la grande cause donl nous sommes les soldats et qui est, aprés lout, la cause de la sociélé elle mème. La resignation n'esl tint; verlu que lorsqu'ellc se courbe humblcment sous In justice divine; elle devient une faiblesse cl une laehelé lors- qu'elle s'avilit sous l'injuslice des hommes. Inveslis par les institutions dfè notre temps d'une part de la souveraineté publique, nous sommes dans la mesure mème de cette pari, responsables de l'exercice du pouvoir et obli gés d'èlre les tninislres de Dien pour le bien. C'est done trahir nos devoirs que de laisser cette arme, pacifique mais efficace se rouiller entre nos mains. Rois, disait Bossuel, gou- vernez hardinjënfLe conseil' 'peut aujour d'hui s'adresser a tous ceux que la démocra tie moderne a fails les légataires el les héri- liers de ('antique royautè. L'ANNUAIRE STATISTIQUE PüUR 1876. M. Frére et a sa suite la plupart des jóur- naux gueux ont fait récerhmént une sortie plus violente que juste conlrè lè droit electo ral des prèlres. A en croire ces turcos de la moralité politique, ie nombre des prèlres électeurs est beaucoup trtip considérable dans notre pays; Ie clergé porie dans la balahce des partis un vole usurpè el quj souvent est décisif. Or, ces allegations sont le contre-pied de la vérilé. Quant a I'usurpation du droit de Vote par Ie clergé, nous metlons M. Frère au défi de l'établir. Aussi ne l'a-l-il pas mème essayé. II s'est borné a quelques comparaisons boi- leuses qu'il a fièretnent qualifièes de preü- ves mathématiques, iudiscutables. Voici ce qu'il h dit de plus spécieux Dans la Flandre oriëntaleles forcés prmeipales du parli clerical se sont portées sur Aloslet sur Gaud. Dans eè, dernier dis trict, pour une population de 315,669 habi tants, tl y a 217 prèlres électeurs (-je dis bien deux cent dix sepQ, el le plus souvent, la majoritè n'atleint qu'une cenlaine de voix Dans farrondissemetil de Charleroi, il n'y a que 59 prèlres électeurs pour 273,621 habi tants. Proporiionnellemenl, il n'en l'audrail que 68 ii Gaud la difference en plus, qui est de 149, a donné Ia preponderance aux cléricaux. M. Frère prétcndrail-il par hasard limtter ie nombre de prèlres que peul conlentr un arrondissement et prescrire dans quelle pro portion l'aulori.lé ecclesiasttque a a réparlir les prèlres fortunes et qui ne lesoni pas? Sa coinparatson pourrait le faire penser. La derniére reflexion manque lout-a-fait de sérieux. N'aurions-nous pas de notre cölé le droit de soutemr que la preponderance a'ppa'tlienl aux 553 cabaretiers el aux 367 •*5 f-«, V3 t: O r sr M C* 2 •H 5D rn </3 53 O c ZO >H O G -4 T1 3C 5? 73 C* Cs «O Poperinglie- Ypres, 5 -19,7-00,9-28,11 -00,2-13,5-05,9-20. Ypres-Poperinghe, 6-30,9-07,12-07,3-97,0 90,8-43,9-90 peringhe-Uazebrouck6 33, 12-23,7-10. Hazebrouck-P*peringlie-'¥pres, 8-29, 4 10, 8-23. Ypres-Routers, 7-30, 12-23, 6-43. Houlers- Ypres, 9-28, 1-50, 7-80. Houlgrs-firut/es, 8-48, 11-34, 1-13,3,16, 7-36, (9-33. Lichterv.) Lichterv.-Thourout, 4-23 m. vers Oslende. Brugcs-JIott- lers 8-25, 12-43, 8-03, 6-42. Lichterv.-Courtrai, 5-23 m. Ypres-Courtrai 3-34, 9-46, 11-20, 2-33, 3-23, Coiirtrai- Ypres, 8-08, 11-03, 2-56, 9-40, 8-49. Ypres-Thouroul, 7-18, 12 06, 6 -20, (le Samedi a 5-50 du matin jusqu'a Langhemarck). Tliourout- Ypres, 9 00, 1-25, 7-45, (le Samedi 6-20 dn matin de Langhemarck a Ypres). Comines-Wamêton-Le Touquel-llouplines-Tmertlièm, 6-00, 12-00, 3-38, Armentières-lloupli-nes Le Touquel-Warnêlon- Comines 7 -25, 2,00, 4-43. Comities- Warnêlon 8-45, m 9-30 s, (le Lundi 6-30,) Warnêton-CowMiM 3-30, 11-10, (le Lundi 6,80.) Courtrai Bruges, 8-03,11-00, 12-38,4-40, (Ingel.) 6-33. 9-00 s. (Lichterv.) Bru%es-Courtrai, 8-25, 12-43, 5-03,6-42. Bruges, Ulankenb. Heysl, (Station) 7-25, 11-08, 2-50, 7-38. (bassin 7-31, 11-14, 2-56, 7.41, Heyst, Blankenb, Bruges, 3-45, 8,25, 11-23, 9-30. ngelmunster Deyme-Gand, 3-00, 9-412-13. Ingelmunsier-Deynze, 6 10 7-19. Gand-Deynze-lngelmunster, 6-58, 11-20, 4 -41 7-21Deynze Ingelmunster, 1-00. Ingelmunster-Araseghm, 6-03, 12-35, 6-I3. \nse°hem-1 ngelmunster7-42, 2-20, 7-45. Lichtervelde-Dixmnde Furnes et Dunkerlce, 6 30, 9-08, 1-33, 8-00. Dttrtkerke-Furties-DiilhaudM et LiclUereel.de, 6-33, 11-10, 3-40, 8-00, Dixmude-AYe«))or<,9-30,2-20,8-45Nieup-Dèzm, 7-30,12 00,4-20. Tliourout-Ostendc, 4-30, 9-13, 1-50, 8-08. (hlende-Thouroul, 7-53, 10-10, 12 25, 6-13. Selzaele Eecloó, 9-03, 1-25, 8 2a. Eecloo-Selzaete,3-35, 10-15. 4-22. tjind-Temeuzen, (station) 8-17, 12-23, 7,30 (porte d'Anvers) 8-30, 12-40. 7 49. lerneuzen Land, 6-00, 10-30, 44 Sehaeie-Lokeren, 9 04, 1-30, 8 30. (le Merer. 3 10 m.) Lok«rirn-5e/z«e'?, 6 00, 10-23, 4 43. (le Mardi, 9,30.) OOH.RHar>OIVr»AWOB8. COURTRAI, BRUXELLES. BRUXELLBS, COURTRAI. Courtrai dép. Brutelies arr. 6,37 8,50 10,33 1,35 12,33 2,23 3,42 6,10 6,33. 8,54. Bruxelles dep. Coiirtrai arr. 3,22 8,00 8,28 10,46 12,21 2,44 3,33 7,36 6,47. 8,44. COURTRAI, TOUR.NA1LILLE. Courtrai dép. Tournai arr. Lille 0,37 7,28 7,38 10,56 11,47 12,08 2,84 3,48 4,00 5.34 8,47. 6,39 9,41. 6.35 10,00. LILLE, TOURNAI, COURTRAI. Lille dép. 3,13 8,22 11,03 2;22 4,45 Tóurnai 5,42 8,56 11,29 2,40 5,39 Courtrai arr. 6,34 9.47 12,26 3,38 6,33 COURTRAI, GAND. GAND, COURTRAI. Courtrai dep. Gand arr. 6,42 8,01 9,49 11,08 12,31 1,31 3,44 8,04 6,40. 7,36. Gand dép. Courtrai arr 3,18 6,37 9,38 10,56 1 28 2,54 4,24 3,34 7,21. 8,47 BRUGES, GAND, URUXELLES. BRUXELLES, GAND, BRUGES. Binges d. G,49ex. 7,04 9,39 12,34, 2-32,ex. 0;43. Gand a. 7,34 8,19 10,34 1,49 4^7, 7,88. 9,31. Bruxelles 8,50 10,33 12,39 4 00,7,13, 9-31.10,40. 5.35 7,37 8,18 Suite. Voir le numéro précédent. Elle m'aida a me re lever, passn moil bras sous le sien et in'entraina en avant. J'avais le vcrlige; macliinalcnient, je soivis le cortege, qui se réndait en ce moment a l'église. Je ne souffrais plus: I ex ces des emotions violcntcs avail lué en moi toule scnsiliililé ii peine avais je conserve la vague sen sation de la vie. Mais, landis que je marcliais ainsi comme dans un cauchcmar, je senlis une lourde main qui me pcenait au col lel., y- Frère.grogna a mon oreille une voix rude, la grosse me va. Ne veux- lu pas Iroquer avec moi?... La mienne est moins grosse, mais, par coulre, plus jeune. C'était le Baschkire qui marehail derrière moi. Celle qu'il entralnait 'a sa suilé efait une persotine décharnée, luide, aux cheveux noirs, évanouieoii piès de s'évanouir. L'expression dun désespoir sans borne était répandue sur ses trails et les en- laidissail encore. Ce fut ce qui me lenla. La femme qui sail éprouver une doiileur aussi profonde, me disais-je, doit avoir un ccpur, cl qu importe ce qui l a amenée ici, i! est impossible qu elle soil entière- ment perverlie. Je me secouai. c'est concln dis je au Baschkire. No.us élioris juste arrivés au seuil de la chapelle; Ie cortege (il line balie d un instant. lYolis en profiiAnies. La vieille péeheresse ent beau protester: le Baschkire sul proniplement imposer silence a ses croassements, et je renaarquai mèine que, l'ayant considéré de prés. elle parut le trou- ver a son goül. Cependant, celle que moi-même je condiiisais mainlenanl n'avait, dans son décou- rageinenl (A-ofónd, fait aticune allenlion a réchange Nous fi'imes nnis. Ce ne fut que lorsque nóns so ritmes de la chapelle que notre bourreafi s'aper- gul de la substitution. II s'en vengea crueliement b> Pani Walerian grineait des dents, et sa paleue élait devetme livide! «II s'en vengea cruelie ment Jlais il n'était pins le maitre d'y rien chan ger Le pope n'avait-ii pas, sous l'iuvocation de Dien tonl puissant, declare que désonnais la mort seule pourrait nous séparer?... Le Polonais se tut. El qui done était la femme avec laquelle voiis fütes marié d'einandai-je aprés queiqiies instants. 'i Une déportée, grèciée comme moi. C'était une-juive. Elle s'appelait Giltel Bcysmever; ils lui ont donnéj au baptême, le nom de Xénia... Et pourqiiói a Une nouvelle question se pressail sur mes levies,, mais je n'osais pas la faire, «i Quel avail élé Ie crime de ma femme Je penx vous le raconler aussi, el celle histoire n'esl guére moins gaie que la mienne. IV. lleb Niissan avait jiisque-la eco tl té en silence, le front baissé el en proie a une émolion qu'il ne cherchait pas ii dissimuler. Mais dés qu'il fill ques tion de sa cörengiöhriaire, il dréssa la léte et s'a glla violemment sur son escabeau. Giltel était Xénia mainlenanl; mais cela ne l'empêchait pas d'élre Israelite et, comme lelie, M. Groldkafer la regardail comme faisanl par-tie des siens. On voyait qu'il lui était pénible d'rntrendre un chrétien par iet' d'elle, ce chrétien ful-il méme son époux. ti Pani Walerian. lit-il en se graltant l'oreille je concois que vous racontiez des histoires de la Pologue et vos propres aventures. Mais que savez- vous de la Juiverie La Juiverie est une chose a part. Excusez-moi, Pani Walerian, mais compre- nez-vous sculement pourquoi Gittel est tombée dans le malheur II me semble que vous ne pou- vez pas comprendre cela Laissez done,interrompis-jc impatienlé. Je saurai bien voir clair dans le récit de Monsieur» Mais Reb Niissan n'était pas liomme ii se laisser lebuier. «Vous?» demanda-t il d'un air mar- quois. Ëxcusez-moi. mais quel habit portez- vous la L'habit ailetuand, hein Et avez-vous des Ziziss sac'rées a voire veste Excusez-moi, mais vous n'en avez pas. Par conséquent, que pouvez- vous entendre aux affaires d Israël Laissez done, insistai-jc, vous poUrrez parler aprés, tout a voire aisc... Parler aprés Bon En voilurp, n'est-ce pas Pani Walerian, puisse Dien vous faire vivre cent et vingt ans heureux et en bonne santé. Adieu nous devoos portie, Monsieur et moi. C'est ven- dredi, aujourd'liui. Je he pourrais m'arrêter plus loiigtemps cc soir car nous devons être arrivés avant le commencement du Sabbat, et il y a encore buit versies jusqu'a Czapowka... Ce ne fut que lorsqne sou troistème assaut ent élé repoussé avec perte que, Niissan se résignant, Pani Walerian [int rrprendre son récit. - Pcut-être Ic juil a l-il raison, dit-il saus regai'der Niissan, peul-être v a-t-it récllement dans cette deslinée qticlque chose de difficile a saisir pour un liomme d'une autre religion. II n'est guère possible, en effet, que cette jeune et timide créalnre ail puisé dans I'attachement fra- terncl sent le courage d'alTronter tant de dangers et tant de combats. La fot a évidemment sa part dans lout ceci. Mais cette foi est si sombre, si mystérieuse Giltel était la fille d'iin riche inarehand établi dans une ville podolienne, presque exclu- sivemenl habitée par des juifs. ii lielz. Votis aurez certaincment maintes (pis entendu ce nom: c'est la ville satnte, La Mecque des juifs de Podolie et de Volhynié qui, chaque automne, font en foule le pélerinage de sou antique synagogue et vont célé- brer les grandes fetes sous ses toits tulélaires. On assure! que la prière dn Jonikipiir, fète de la re conciliation et du pardon, ditë dans ce saint lieu, lave de tous les pécliés... Que dites-vous la?» interrompit I'ortho- doxe talmudisic. Excusez-moi, mais vous n'y entendez absolument rien. I.a synagogue de'Bélz est cei tes une venerable inaisou, mais cela ri'etn- pêelie qu'elle ne soit,, en sonnne, que piet ies et mortier. Ce n'est pas dn tout pour, eela que nous allons ii iïelz aux jours de grandes fêles; mais bien paree que, dans cette ville, se Irouve un véné- rable Rabbi, un chassid, aprés lout, mais enfin un liomine véritableiiienl saint Les juifs de Relz aussi, coutinua Wale. rian, out uue grande répulati'on de dévotion, et, nulle part, les mille prescriptions du Talmud («et de la Gemarra irilercala Niissan). ne sont suivies avec aulant de rigueur. Le vieMx Naftali, le pèi'e de Giltel, était d'une piélé exëiii. plaire; il passail pour un des plus fervents Israëiil'es de ces contrées, et comme, je viens de le dire, il était ii la tête d'une fortune considérable, il jouis- sail d'une grande considération. Gittel, l'ainée de ses enfants, avail a peine dix ans <jiie déja se- pré- senlait une foule de prétennants. Uevenir le liancé de cette hentière élait l'ambition des plus opulents. Mais Naftali n'était pas pressé. 11 élait veuf el, outre Gittel, il n'avait qii'tin seul enfant, mi fils de six ans moins agé qu'elle. II pouvait done doh- ner a sa lilie une dut respectable et e'est pourqiloi auciin prétchdant ne lui paraissait assez bon. Lors que Giltel ent alleint sa treizième année, nn grand malheur frnppa Naftali il perdit la vue. Mais la céeité u'ébranla ui sa fier Ié ui sa coiifiance en Dien. J'ai encore le droit d'élre content de mon sort, avait-il continue de dire, Naftali Reysmeyer, aveugle ne changerait avec personne au monde. (a continuer).

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1877 | | pagina 1